Un catamaran à la mode espagnole ! FlashCat 44

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Un catamaran à la mode espagnole ! FlashCat 44
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ESSAI
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FlashCat 44
Un catamaran à la mode
espagnole !
On le sait, maintenant, le catamaran est forcément
l’avenir du bateau à moteur… La preuve avec ce
FlashCat 44.
Texte et photos : François Trégouët
Nous sommes toujours heureux
de voir de nouveaux acteurs
investir le milieu du multicoque.
Le constructeur espagnol Flash
Catamaran développe depuis 3
ans et avec beaucoup de sérieux
des catamarans à moteur. C'est
à l'occasion du Salon nautique
de La Ciotat (France) qu'il a présenté son dernier-né, que nous
avons pu essayer.
Alors qu’un climat printanier
règne sur les côtes méditerranéennes depuis plusieurs
semaines, la grisaille et le plafond bas des fameuses "ent-
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rées maritimes" se sont fait un
plaisir de réduire la luminosité
de notre journée d’essai. Nous
nous efforcerons de ne pas y
voir un symbole du contexte
économique ambiant, mais plutôt l’image d’un marché du multicoque à moteur qui tarde à
décoller. En effet, depuis le
retrait de Lagoon, et en dehors
de Fountaine Pajot qui persévère avec succès, et de Leopard
qui pointe de plus en plus
régulièrement le bout de ses
étraves sud-africaines en Europe
comme aux USA, les chantiers
de grande production sont peu
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nombreux à côtoyer des productions plus exotiques ou plus
proches du super yacht (Bamba,
VG, Alu Marine…). Sans oublier
bien sûr Sunreef et son fameux
70’ qui, en séduisant monsieur
Laurent Bourgnon "himself", a
jeté un sacré pavé dans la mare
des catamarans à voile !
procher du siège social, mieux
maîtriser la production et monter
en gamme. La volonté étant
aussi de satisfaire une clientèle
certes cosmopolite (100 % de
vente à l’export), mais très attirée par le climat méditerranéen
et la proximité de l’archipel des
Baléares.
FLASH CATAMARAN :
NAISSANCE
D'UN CHANTIER
UN 44' MODERNE
ET SÉDUISANT
Une formule aux multiples
attraits, peu d’acteurs, il n’en fallait pas plus pour décider, il y a
trois ans, l’entreprenant Jordi
Molina à se lancer dans le passionnant, mais on le sait aussi ô
combien risqué, projet de créa-
Dernier-né de la série, le Flash
Cat 44, que nous découvrons
aujourd’hui, à deux jours de l’ouverture du Salon de La Ciotat, est
le fruit de ces trois années d’évolution. Dans sa livrée rouge
"Raspberry" (framboise) choisie
par le propriétaire, il est imman-
première touche de chaleur. Les
portillons inox aux armes du
chantier et la magnifique baie
vitrée à trois vantaux, ouvrant largement sur un intérieur a priori
cossu, finissent de rassurer : la
bête sait aussi se montrer civilisée.
Et c’est là la plus grande différence avec son prédécesseur, le
435 : les aménagements sont
bien plus rationnels, l’impression
d’espace sans commune mesure, et les finitions ont sensiblement progressé. Et si chaque
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tion d’un chantier naval. Saluons
ici sa démarche, prudente,
méthodique, rationnelle mais qui
ne manque pas pour autant
d’ambition. Premier bon réflexe,
s’adjoindre pour le premier
modèle les services d’un chantier naval réputé d’Almeria, spécialisé dans les catamarans de
travail (pêche et passagers) : en
sortira un 43’ dédié à la pêcheloisir, le 43 Fishing. Fort du bon
accueil et conscient de la nécessité de toucher une clientèle plus
large, une première évolution,
plus croisière, avec notamment
un flybridge beaucoup plus
grand, est lancé : ce sera le Flash
Cat 435. Le chantier est alors
rapatrié à Valence pour se rap-
quable dans le bassin. Trapu mais
aux formes bien dessinées, les
étraves sont hautes, bien défendues, et un liston de protection
PVC ceinture tout le bateau.
Première impression, on a affaire
à un vrai baroudeur qui n’aura
peur de rien. Et les procédés de
fabrication le confirment : coque
en polyester monolithique, premier parement en vinylester
pour annihiler tout risque d’osmose, varangage sérieux, le tout
bientôt entièrement réalisé sous
le process d’infusion. Mais en y
regardant de plus près, les
lignes, dues aux architectes italiens Mezzera et Gandino, redescendent joliment vers la proue.
La plate-forme arrière, le cockpit
et le pont en teck donnent une
1
: Une ligne moderne, une couleur flashy : avec le Flash Cat 44, on ne
passe pas inaperçu !
2
: A fond, le Flash Cat nous a emmenés à 23 nœuds avec une facilité
très agréable.
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: Si la météo n'a pas été de la partie pour cet essai, nous avons pu
profiter à fond de ce catamaran à moteur qui offre de belles perspectives
de navigation…
4
: Les nouveaux aménagements sont vraiment réussis et l'ambiance à
bord est très agréable…
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4
: Depuis le double poste de barre, on est parfaitement installé pour
naviguer...
ment qui change tout.
La baie vitrée, en gagnant un
vantail, ouvre beaucoup plus largement l’intérieur de plain-pied
sur le cockpit, favorisant communication et convivialité. En s’affranchissant du cabinet de toilette qui envahissait la nacelle de
son prédécesseur, et qui n’était
pourtant pas vraiment indispensable à ce niveau, le 44 a gagné
sur tous les autres tableaux : un
vrai carré, une cuisine digne de
ce nom et un poste de pilotage
intérieur, comment dire… royal !
Le système de pilotage au joystick 360
est tout simplement bluffant…
centimètre gagné entre moule et
contre-moule de coque (les
mêmes que sur le 435) a son
importance, si les 30 cm ajoutés
à la plate-forme arrière n’ont rien
d’anecdotiques, c’est surtout la
modification du plan d’aménage-
5
Centrale, offrant une vision
panoramique aussi agréable pour
profiter du paysage que rassurante pour éviter toute mauvaise
rencontre, sa banquette double
accueillera confortablement pilote
et co-pilote par mauvais temps.
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ESSAI
Premier tour sur le pont avant
l’appareillage. Les passavants
sont larges, et les garde-corps
tubulaires inox affichent l’attention portée à la sécurité. Peu
- un bain de soleil double (135 x
185 cm),
- un carré arrière,
- une cuisine d’extérieur,
- un poste de pilotage central
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La dimension des couchettes, la luminosité offerte par le grand hublot de pont, la
ventilation qui en découle et l’équipement
sont irréprochables.
d’obstacles, des mains courantes additionnelles là où il
faut, le Flash Cat continue de
rassurer. Pour monter au flybridge, l’imposant escalier
polyester du 435 a été avantageusement remplacé par une
échelle inox et teck du plus bel
effet, et beaucoup plus discrète visuellement. Contrepartie d’une protection maximale
du cockpit, l’échancrure dans le
bimini est prévue au plus juste
et il faut donc garder la tête
bien en avant pour ne pas la
heurter. Mais l’inclinaison de
l’ensemble permettra de descendre de face, comme un
véritable escalier. Au niveau
supérieur, la surface est
impressionnante (18 m2) et a
permis de loger :
avec banquette deux places.
Pour quitter le quai, c’est le
poste de commande idéal,
alors que, pour l’accostage,
une caméra arrière se révélera
quasiment indispensable.
EN MER
Amarres larguées, le Flash Cat
zigzague entre lignes de mouillages tendues, pontons et
hauts-fonds avec une facilité
déconcertante. La tradition de
manœuvrabilité des multicoques, aidés par leurs deux
moteurs écartés de l’axe du
bateau, serait-elle la seule raison de cette aisance ? Non,
Flash Catamarans a fait encore
mieux en installant à bord de
notre 44 d’essai le système
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Zeus du motoriste américain
Cummins. Précurseur des systèmes de navigation à pods
dès 2006, Zeus propose un
système de pilotage au joystick
360 tout simplement bluffant
en l’absence de propulseur
d’étrave. Chargé de toutes les
options possibles, dépassant
largement les 13,5 tonnes
lèges données par le chantier,
le propriétaire a opté pour des
400 CV, parfaitement accessibles depuis le cockpit, mais
presque un peu trop puissants,
pour remplacer les 170 CV
d’origine. Ces derniers, de
l’aveu même du chantier,
seront avantageusement relayés par la version 270 CV,
visiblement la plus rationnelle
pour la taille et le déplacement.
Mais il faut bien avouer que
placer cette unité, déjà conséquente, au millimètre est un
vrai plaisir de gosse : rotation
autour de l’axe, déplacement
latéral, tout se fait du bout des
doigts, et d’une seule main. Un
simple début de rotation de la
conséquente molette qui gère
aussi bien la puissance que la
direction corrige miraculeusement tout début de sortie de
l’axe voulu. Avec sa double
commande au flybridge et à
l’intérieur, ainsi que le modèle
sans fil, on est toujours au bon
endroit pour réaliser la manœuvre de son choix : MA.GI.QUE !
En l’absence de safrans, les
deux pods, tournant à 360°,
sont équipés chacun de deux
hélices à sens de rotation
opposés : l’une de quatre pales,
l’autre de cinq. Avantages,
selon le constructeur : 30 % de
consommation en moins et 15
% de vitesse en plus, aussi
bien en régime de croisière
qu’en pointe. Dernier "truc"
confirmant la fin de la navigation traditionnelle, le "Skyhook",
littéralement le "crochet du
ciel". Vous souhaitez rester à un
point fixe sans avoir à mouiller
l’ancre (attente d’un poste à
quai, que la station essence se
libère…) ? Appuyez sur le bouton ad hoc, l’électronique intègre votre position GPS et joue
des gaz comme de l’orientation des pods pour ne plus
vous en faire bouger d’un cheveu. Rassurant.
Mais aujourd’hui, le fond de
l’air reste frais et humide ! Il
est temps de descendre du fly
pour rejoindre le confortable
intérieur. Depuis le double
poste de barre, on sera parfaitement installé pour essayer
les différents régimes moteur.
Manuel, le sympathique skip-
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per du chantier, met les gaz à 2 700
tours et nous sommes tout de suite
à 19,6 nœuds. Ma préférence irait
plutôt pour un bon 15 nœuds à 2 300
tours. Source d’économie puisque
que l’on passe de 60 à 43 l/h par
moteur, et plus conforme au concept qui prime le duo confort/
consommation sur la vitesse. Si toutefois vous êtes pressés, sachez que
nous avons atteint sans souci 23
nœuds.
Depuis la nacelle, quel que soit le
régime moteur choisi par le skipper,
bruit et vibrations sont toujours bien
contenus. Mais c’est dans les
cabines que se juge vraiment ce
point crucial. Celles de l’avant sont
forcément les plus silencieuses.
Cela tombe bien, ce sont aussi les
plus spacieuses. Seul l’accès au lit,
haut perché (110 cm) sous la nacelle
pourra leur être reproché. Mais la
dimension des couchettes (triple à
tribord et 180 x 190 cm à bâbord), la
luminosité offerte par le grand hublot
de pont, la ventilation qui en découle
et l’équipement sont irréprochables.
Les salles d’eau, elles aussi, ne
souffrent d’aucune critique. Si celles
de l’arrière font le minimum syndical
du fait de leur position centrale,
FICHE TECHNIQUE
Architectes : Mezzera et Gandino (Italie)
Constructeur : Flash Catamarans
(Valence – Espagne)
Longueur : 13,50 m
Largeur : 6,10 m
Tirant d’eau : 1,15 m
Déplacement lège : 13,5 t
Capacité des réservoirs de gasoil : 1 450 l
Capacité des réservoirs d’eau : 450 l
Motorisation standard : 2 x 170 CV
Cabines : 4 (3 doubles + 1 triple)
Prix standard : 448 000 euros HT
Principales options :
Motorisation 2 x 270 CV : 24 900 € HT
Motorisation 2 x 425 CV Cummins Zeus :
108 800 € HT
Plate-forme AR, cockpit et fly Tecaflex :
10 900 € HT
Pont Tecaflex : 8 900 € HT
Groupe électrogène 6 kVA : 14 670 € HT
Air conditionné cabines avant et carré :
15 800 € HT
Bimini de fly-rigide : 17 900 € HT
Plate-forme AR hydraulique :
22 650 € HT
celles de l’avant son tout à fait
séduisantes. Notamment celle de la
coque bâbord de notre version d’essai qui dispose d’une douche séparée proposant même un… sauna !
Un vrai casse-tête à intégrer pour le
chantier, mais le genre de défi que
seule une petite structure est à
même de relever, pour permettre à
ses clients toutes les excentricités.
Toutes ne sont d’ailleurs pas à reproduire : ainsi, le ciel étoilé de leds
sous le bimini rigide du fly-bridge est
sûrement magnifique de nuit, mais
de jour, la dispersion aléatoire de la
multitude de micro-trous fait plus
penser à un problème de finition !
Avant de rentrer au port, une petite
démonstration de la plate-forme
arrière hydraulique s’impose. Certes,
le poids est conséquent (800 kg),
mais là encore, quel confort ! Que
ce soit pour l’accès depuis le quai, la
baignade, relever l’annexe ou,
comme prévu ici par le propriétaire,
un jet-ski, c’est l’idéal. Dès que
nous avons regagné notre place à
quai, nous pouvons profiter encore
un peu du carré. Nos hôtes espagnols, Barbara et Sefo, savent recevoir et sortent les tapas. La cuisine
est parfaitement agencée : nombreux rangements, plan de travail en
corian blanc aussi esthétique que
pratique, évier inox double bac et
réfrigérateur comme à la maison,
mais avec la vue en plus. Une
machine à laver, indispensable
quand on veut vraiment vivre à bord,
manque à l’appel ? Que nenni, elle
s’est juste dissimulée à tribord du
poste de pilotage. Avec un chargement vertical, elle est parfaitement
intégrée et pratique.
Le temps maussade ne nous empêchera pas de rêver. On s’imagine
très bien poser son sac à bord et pas
seulement pour 2-3 jours. Vivre sur
le Flash Cat 44 est plus qu’envisageable, c’est tentant ! Des îles
grecques aux fjords nordiques, en
passant par les Baléares, bien sûr,
toute destination semble séduisante. Nous attendons avec impatience le grand frère de 75 pieds qui
est dans les cartons et offrira, nous
l’espérons,
l’autonomie
d’une
transat !
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: Les cabines avant sont agréables et la ventilation
comme la luminosité n'amènent que des éloges.
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9
10
N
N
N
N
Quelques détails de finition
La hauteur des couchettes
N La ventilation des salles d’eau AR
Le confort de vie à bord
L’aspect marin sécurisant
N La motorisation Cummins Zeus
7
: Les salles d’eau, surtout celles de l’avant, sont
tout à fait séduisantes avec même une douche séparée et un… sauna !
8
: Le cockpit bien protégé et avec son pont en teck
sera bien sûr l'un des lieux privilégiés lors des
chaudes navigations estivales.
9 : Pièce maîtresse du Flash Cat 44, le fly est bien
sûr l'incontournable des catas à moteur avec son
poste de pilotage du plus bel effet.
10
: Manœuvrer un cata de 44 pieds avec deux
doigts : c'est vraiment facile. Un vrai plus pour le
Flash Cat.
Les performances/la consommation
Régime (Tours/minute)
Vitesse (Nœuds) :
Conso/moteur (Litres/heure) :
Autonomie (Miles nautiques) :
3050
23
90
179
2700
19,6
60
229
2300
15
43
244
1900
10
28
250
1550
9
16
394
1350
8,5
10,5
567
79