La gestion du territoire requiert un savant équilibre entre les zones
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La gestion du territoire requiert un savant équilibre entre les zones
24 ENVIRONNEMENT La gestion du territoire requiert un savant équilibre entre les zones urbanisées, agricoles et naturelles. Il existe pourtant de nombreux outils, réglementaires ou non, pour préserver le paysage, l’environnement et le foncier agricole. L’intérêt paysager des zones viticoles Chaque mois, Le Vigneron présente une Action de la Charte paysagère environnementale. Une fiche récapitulative est disponible sur le site www.syndicat-cotesdurhone.com (rubrique “Paysages” onglet “Actions”) ) Lucile CHÉDORGE (Syndicat général des Côtes du Rhône, tél. 04 90 27 24 25) A FIN d’affiner la connaissance du patrimoine viticole des communes AOC Côtes du Rhône, le Syndicat général propose aux vignerons, municipalités et intercommunalités de cartographier les zones viticoles au potentiel le plus intéressant. Les cartes présentent un état des lieux des potentialités agronomiques et paysagères des différentes zones proposé par des spécialistes et défini par les vignerons. Une fois identifiés, ces espaces constituent une clé de lecture commune du territoire et de ses enjeux paysagers. Ce procédé a, pour de nombreuses communes des Côtes du Rhône, permis notamment de prendre des décisions éclairées quant à la prise en compte de la viticulture AOC dans le cadre de l’élaboration de leur PLU. et du patrimoine) ou encore d’un Paen (Périmètre de protection et de mise en valeur des espaces agricoles naturels et urbains). La délimitation d’un périmètre en Zap permet de garantir sa destination agricole de manière plus certaine que la délimitation en zone A (agricole) du PLU. En effet, lors de la construction du PLU, l’avis de la Chambre d’agriculture est pris à titre consultatif. Cependant, une fois un périmètre classé en Zap, l’avis de celle-ci doit être conforme. Concrètement, la Zap n’induit Zap, Avap et Paen, des alliés du territoire Des outils juridiques, inscrits dans le document d’urbanisme communal, peuvent constituer des alliés de taille dans la gestion du territoire. On évoque alors la délimitation d’une Zap (Zone agricole protégée), d’une Avap (Aire de valorisation de l’architecture N° 863 | NOVEMBRE 2016 | LE VIGNERON DES CÔTES DU RHÔNE ET DU SUD-EST : À l’initiative du Syndicat général, des zonages agropaysagers ont été réalisés sur une cinquantaine de communes de l’appellation Côtes du Rhône. © C Reffalo _ Territoires & Paysages pas un règlement spécifique et peut donc en ce sens être considérée comme une zone A du PLU. Toutefois, la Zap garantit la pérennité de la zone agricole et limite en ce sens les phénomènes de spéculations foncières qui peuvent exister sur des zones A dont les vignerons savent qu’elles pourraient devenir U lors de la révision du PLU. Le Paen va, quant à lui, plus loin car il induit la mise en place d’un cahier de gestion spécifique au périmètre qu’il délimite. Il est d’ailleurs instauré par le conseil ; Zone de potentialités viticoles agronomiques et paysagères de la commune de Vénéjan. © Adegir & Atelier Territoires et paysages. 25 ENVIRONNEMENT Vincent Boyer a accueilli sur son domaine de La Bastide à Visan, des vignerons intéressés par trois essais de jachères fleuries. Échange d’expériences. Jachère fleurie, l’amie de la vigne L départemental, après accord de la Chambre d’agriculture et des communes concernées. Ainsi, c’est un outil de gestion qui sera utilisé dans des zones de déprises agricoles par exemple. Classement et inscription de sites Le classement et l’inscription de sites, bien que relevant également de la délimitation d’une zone, vont toutefois un peu plus loin par le caractère de protection plus poussé qu’ils confèrent. Ainsi, il n’est plus ici question uniquement de la destination mais bien de l’aspect esthétique d’un lieu. Un site inscrit entraîne l’obligation pour les maîtres d’ouvrage, d’informer l’administration de tous projets de travaux de nature à modifier l’aspect ou l’état du site. Le classement d’un site va encore un peu plus loin car il s’agit d’une protection de niveau national qui impose une autorisation pour toute modification de l’état ou de l’aspect du site. Le classement est ainsi le niveau le plus élevé de protection. Les coteaux viticoles de l’Hermitage constituent un des rares vignobles français à avoir été classé en 2013. Ces outils favorisent notamment une meilleure connaissance sur les paysages viticoles afin de permettre une protection et une gestion concertée du territoire, laissant la place aux projets de chacun. ES jachères fleuries font partie des Zones écologiques réservoir (Zer). Ces dernières sont reconnues au niveau national et prises en compte pour l’obtention de la certification environnementale Haute valeur environnementale (HVE) et dans les calculs des paiements verts de la Pac. Pour Vincent Boyer, vigneron à Visan, “Au-delà d’un rôle esthétique certain, ces jachères présentent également, en fonction des espèces choisies, un intérêt pour la biodiversité et la restructuration des sols. De plus, il est primordial, lorsque cela est possible, de laisser les parcelles au repos entre deux plantations. Et ce pour des raisons de restructuration et de repos du sol ainsi que pour lutter contre certaines maladies, le court-noué par exemple”. Les mélanges proposés, disponibles dans toute la France, présentent un comportement spécifique induit par le climat méditerranéen et la pauvreté des sols. Il est ainsi nécessaire d’augmenter la densité de semis pour obtenir un résultat satisfaisant. Vincent Boyer a rappelé l’importance de la préparation du sol avant semis et l’utilisation d’un semoir performant, le pneumatique, qui permet un semis homogène. Pour un semis en mars, la floraison a lieu de début juin à mi-juillet, avec une reprise possible parfois au mois de septembre. Le fleurissement est souvent spectaculaire, mais uniquement la première année. Il faudra donc veiller à choisir un mélange avec une forte proportion de plantes vivaces (lin bleu, achillée millefeuille, mélilots...) si la jachère doit rester en place plusieurs années. Le point positif est que lors d’une replantation, le semis n’est pas envahissant. ) Lucile CHÉDORGE ) Source : “Vers l’agroécologie, paysage et biodiversité, comment préserver des Zones écologiques réservoir dans le vignoble ?” (Chambre d’agriculture de Vaucluse) ) Plus de renseignements : www.syndicat-cotesdurhone.com (onglet “Paysages”) ) Informations commerciales sur les semences de fleurs auprès d’Éric Alber (Groupe DLF) au 06 07 72 30 75. ; Une jachère fleurie permet le maintien de la biodiversité. www.syndicat-cotesdurhone.com (onglet : “Paysages”) Fiche Action : “Protéger les zones viticoles d’intérêt paysager” LE VIGNERON DES CÔTES DU RHÔNE ET DU SUD-EST | NOVEMBRE 2016 | N° 863