Réveillez-vous Nicolas Baverez - Fayard – 21012 Lien - AA

Transcription

Réveillez-vous Nicolas Baverez - Fayard – 21012 Lien - AA
Réveillez-vous
Nicolas Baverez - Fayard – 21012
Lien avec le Prix Vauban : la clé qui permet de lier cet ouvrage à l’esprit de défense se trouve
dans la citation de L’étrange défaite de Marc Bloch placée en ouverture par l’auteur : « Ce n’est pas
seulement sur le terrain militaire que notre défaite a eu ses causes intellectuelles. Pour pouvoir être vainqueurs,
n’avions-nous pas, en tant que nation trop pris l’habitude de nous contenter de connaissances incomplètes et d’idées
insuffisamment lucides ». L’auteur rappelle ainsi que la défense d’un pays commence avant tout sur le
terrain des idées et de la réflexion dont la qualité et l’effectivité sont conditionnées par un travail
de conscience. Lorsque l’on ne veut pas voir la réalité en face, aussi déplaisante qu’elle puisse être
parfois, on ne peut pas prendre les décisions pertinentes, on ne peut pas viser juste.
Le constat : Nicolas Baverez se penche d’abord sur le déni français, une forme de militantisme
contre la réalité du monde tel qu’il se présente. Ainsi, nous préférons demeurer dans l’idée que
nous allons changer les principes régissant le fonctionnement du monde plutôt que d’évoluer
nous-mêmes. Nous tentons de refuser la mondialisation ; comme l’écrit l’auteur, nous congédions
« le réel pou mieux s’enfermer dans l’utopie et dans les mythes du passé ». C’est le déni de réalité français.
Notre pays aurait pris le parti d’un mensonge complaisant. Comme le souligne l’auteur, la France
et les français « se mentent à eux-mêmes sur la mondialisation qu’ils entendent défaire sans
comprendre qu’elle est le principe historique de notre temps et qu’elle repose sur nombre de
valeurs universelles de la Révolution française ». Dilapidons l’héritage des Trente Glorieuses. Ce
mensonge coûtera cher aux générations futures.
Les perspectives : N. Baverez n’est pas un déclinologue car il explique bien que tout n’est pas
perdu ; il est encore temps d’agir face à la « maladie grave » qui touche la France. Il est encore
temps pour qu’elle puisse « encore disposer de son destin ». Son seul choix, si elle ne veut pas
suivre l’exemple de l’Espagne et de l’Italie : résister, adossée à l’Allemagne. Mais la résistance
implique la fin du déni et l’acceptation de la réforme. Notre pays ne pourra résister « que si il réussit
à réformer son modèle économique et social et à former une union politique avec l’Allemagne ».
L’auteur replace avec intelligence sa réflexion à la fois dans une perspective historique et dans une
perspective internationale contemporaine. Ce double repère permet de déterminer avec d’autant
plus de précision la place de la France dans la compétition internationale actuelle. Nous devons
désormais nous concevoir dans un monde où les Etats-Unis constituent désormais une puissance
majeure mais relative et où les BRICS prennent une place croissante. Dans ce contexte, l’Europe,
qui s’est arrêtée à Maastricht selon l’auteur, ne peut plus servir de levier pertinent. En outre, la
grande faiblesse de la classe politique et la règle de la pensée unique constituent des obstacles aux
innovations qui seraient nécessaires pour faire face à la crise économique qui est également une
crise de la société française qui ne se reconnaît plus, pour différentes raisons, dans un destin
commun. Mais en dernier ressort, les choix déterminants reviendront toujours aux Français.