Lettre de la miniature n° double 34-35 (mars-juin 2016)
Transcription
Lettre de la miniature n° double 34-35 (mars-juin 2016)
La Lettre de la Miniature la N° 34-35 (2). Mars-Juin 2016. Rédaction : ©Nathalie Lemoine-Bouchard. Tous droits réservés. AGENDA Petits mondes, miniatures strasbourgeoises du XVIIe siècle, du Cabinet des Marquis d’AIGREMONT (Lille, 1768 - Lille, 1829). Max marquis de la Maisonfort, enfant en exil à Brunswick, v. 1797 (détail) (cat. Lemoine-Bouchard Fine Arts) Estampes de Strasbourg au Musée de l’œuvre Notre Dame à Strasbourg, du 15 octobre 2016 au 16 janvier 2017. « Combien fécond le plus petit domaine quand on sait bien le cultiver » : cette citation de Goethe mise en exergue donne le ton de l’élégante publication faite d’illustrations pleine page, accompagnant cette exposition. Le texte de quelques feuillets, rédigé par Florian Siffer, donne le contexte de la production de ces miniatures sur vélin au XVIIe siècle, dérivées de l’importante tradition de l’enluminure en Alsace au Moyen-Age et pendant la Renaissance. Ce que l’on peut considérer comme une école de la miniature strasbourgeoise s’incarne alors autour de Frierich Brentel (1580-1651) et de ses élèves, Sébastien Stoskopff (1597-1657) ou Wilhelm Baur (1607-1642). A découvrir aussi les œuvres de Johann Nikolaus Gasner. Musées de la ville de Strasbourg, Coll.« Le Cabinet de l’amateur », 16 pages, 60 ill. env., 24,5 × 36 cm. env. 9 € ISBN : 9782351251355 ISSN 2114-8341 Dans ce numéro double, 6 peintres en miniature nouvellement répertoriés. Ont participé à cette édition : Annie Delatte, Christina Egli, Anne Lajoix, Régine de Plinval de Guillebon, Bernd Pappe, Hélène Richard-Cotteblanche, Irina Safonova, Florian Siffer. La Lettre de la Miniature propose à chaque numéro un gros plan sur quelques artistes, une miniature ou une collection ; l’actualité de Lemoine-Bouchard Fine Arts (Galerie et Expertise) ; l’actualité de la Recherche et des musées. N’hésitez pas à nous communiquer informations ou recherches en cours. Bonne lecture! Sommaire p. 2-3 – Gros plan : Miniatures vues à la Tefaf 2016, Maastricht, dont un portrait d’Elisa Bacchiochi par Marianna Waldenstein. p. 3-15 – Peintres en miniature et peintres sur porcelaine : - Le point sur différents artistes du nom de Liénard : Edouard Liénard ; JeanBaptiste Liénard ; Sophie Liénard ; Justin Liénard. p. 14-15 - Les Liénard et Mme Jaquotot Par Nathalie Lemoine-Bouchard p. 16 – Peintres en miniature nouvellement répertoriés en France : Albrespit (1804) ; la vicomtesse de Lubersac ; J. de la Paix ; Louis-Pierre Legendre ; Simon I Le Juge ; Simon II Le Juge. p. 17 – Actualités de Lemoine-Bouchard Fine Arts : - Galerie : miniatures par Edouard Liénard, 1822 ; Jeanne-Philiberte Ledoux ; Mme Morize de l’Académie de Toulouse ; Max de la Maisonfort par le marquis d’Aigremont. p. 1 Actualités des Musées Exposition : Petits mondes, miniatures strasbourgeoises du XVIIe siècle, du Cabinet des Estampes de Strasbourg Gros plan : les miniatures à la Tefaf, Maastricht, dont un portrait d’Elisa Bonaparte Baciocchi par Mariana Waldenstein. Les miniatures présentées en simples médaillons n’ont fait, cette année encore, qu’une très timide apparition au dernier salon de la Tefaf (The European Fine Art Fair) à Maastricht (11-20 mars 2016) mais elles étaient présentes sous d’autres formes, insérées sur de riches boîtes en or ou bien visibles comme accessoires dans quelques tableaux. Plusieurs galeries présentaient des miniatures sur vélin des XVIe et XVIIe siècles, dont une Sainte famille d’après Raphaël, sur vélin vers 1560, de l’entourage de Giulio Clovio (Grizian, Croatie, 1498-Rome, 1578) (Galerie Les Enluminures). Signalons chez Kugel entre autres une belle boîte ovale en or montée à cage ornée sur toutes ses faces de Vues du port de Brest par Louis Edmé de Lioux de Savignac ; et vendu par la Galerie Alessandra di Castro Antichita, un Portrait d’Eugène de Beauharnais vice-roi d’Italie, en uniforme de lieutenant général des armées françaises et décoré de la Croix de fer, signé par Giambattista Gigola (Brescia, 1769 – Tremezzo, 1841); il s’agissait d’une version en buste vers la droite (ovale, 4,4 x 3,5 cm). La miniature présentée sur fond bleu dans un cadre rectangulaire en métal doré avait la particularité d’être inscrite au verso « Paolina » et provenait, peut-être, de Paolina Bonaparte Borghese (1780-1825). La même galerie présentait aussi une œuvre d’une miniaturiste dont les œuvres sont rares, Mariana Waldenstein, 9e marquise de Santa Cruz (1763-1808), sur laquelle nous allons nous arrêter. Elle représente Elisa Bonaparte Baciocchi, en buste vers la gauche, vers 1801-1802 ; signée à gauche « M. Santa Cruz », ovale, 6,7 x 4,5 cm, elle est placée sur le couvercle d’une tabatière rectangulaire en écaille montée en or, entourée d’un décor à l’or, vermeil et filet d’émail bleu, poinçons illisibles, 7,8 x 5,5 x 1;5 cm (fig. 1). Proposée dans un écrin en maroquin rouge, elle est accompagnée d’un manuscrit indiquant : « Tabatière ayant appartenu à / l’empereur Napoléon Ier à l’empereur/ Napoléon III et au Prince impérial. L’Impératrice Eugénie l’a/ choisie parmi les objets du Prince/impérial, pour la Princesse Gabrielli / Camden Place 20 sept. 1899. N.ch.Dom…( ?) ». Fig.1. ©Alessandra di Castro Antiquita Elisa, sœur de Napoléon Bonaparte, épousa contre le vœu de son frère le capitaine Felice Baciocchi à Marseille en 1797 mais revint immédiatement après vivre à Paris jusqu’en 1805. Napoléon devenu empereur créa pour elle et son mari la principauté de Lucca et Piombino. Le couple vécut dès lors en Italie ; Elisa fut par la suite princesse d’Etrurie et grande duchesse de Toscane. Elle avait rencontré Mariana Waldenstein vers 1801 à Paris. Cette jolie femme pleine de séduction était la fille du comte Emmanuel Philibert de Waldenstein et de Marie-Thérèse de Liechtenstein. Elle avait épousé en 1781 José Joaquin de Sila, marquis de Santa Cruz, de trente ans son aîné et un proche du roi Charles IV d’Espagne. …/… 2 Gros plan : les miniatures à la Tefaf, Maastricht (suite) …/… Mariana Waldenstein eut par la suite une vie sentimentale agitée, avec nombre d’amants, notamment Félix Guillemardet, ambassadeur du Directoire à Madrid. Vers la fin de l’année 1800, elle fit la connaissance de Lucien Bonaparte, avec lequel elle eut une liaison et qui l’introduisit dans l’entourage de Napoléon. Lucien resta à Madrid jusqu’à la fin de 1801, locataire précisément au Palais Santa Cruz tandis que Mariana fit un séjour à Paris début 1801 au cours duquel elle rencontra les peintres Jacques-Louis David, François Gérard et le miniaturiste Jean-Baptiste Isabey. C’est à cette époque qu’elle fit la connaissance de la sœur de son amant, Elisa Baciocchi, qui tomba elle-même sous son charme. Elisa écrivit à son frère Lucien le 20 août 18011 : « La veille de mon départ, la marquise avait été présentée à Bonaparte et à sa femme par son ambassadeur. On la trouve belle, très belle et ceux qui l’ont vue chez moi l’ont trouvée très aimable. Je t’assure qu’il m’en a coûté de me séparer d’elle. Elle a pleuré et moi aussi, elle me contait ses petits chagrins, je la consolais, je prenais ta défense, elle te croit infidèle…Quelle calomnie ! Rassurer-la, je t’en prie. Je lui écris souvent. Elle est vraiment charmante, remplie de talents, de grâce ». Lucien rentra définitivement en France fin 1801, sa liaison avec la belle marquise de Waldestein prit vite fin car il s’éprit en 1802 d’Alexandrine de Bleschamp. Mariana de Waldenstein avait elle-même été portraiturée par le peintre Goya vers 1795 (musée du Louvre) et par Appiani. Les témoins de sa propre production en miniature, peut-être restreints à l’entourage de ses amis, sont très peu nombreux. Marie-Anna dite Elisa Bacciochi se fit peindre à maintes reprises et figure notamment assise dans un parc, avec sa fille tenant un faon apprivoisé, tableau signé par François Gérard en 1811. Signalons en émail, un portrait d’elle et un autre de sa fille Napoléone Elisa en 1813, par Salomon Guillaume Counis (17851859), conservés sur une boîte de l’orfèvre Nitot au Louvre (RF 30872) (fig. 2). Un autre portrait en miniature publié sous le nom d’Elisa Bacciochi dans la collection EPS (Friesen, 2001, n° 235 repr.), est signé vers 1815 par un miniaturiste dont les œuvres sont rares, Alexandre Lestang-Parade. Nous avons répertorié ce portrait dans Les peintres en miniature, 2008, cependant la comparaison avec l’abondante iconographie de la princesse n’est pas entièrement convaincante et l’on remarquera que dans le portrait de Lestang-Parade, la jeune femme porte sur sa robe une broche chiffrée « H », initiale qui invite à écarter l’identification à Elisa. N. L.-B. Fig.2. 3,1 x 2,4 cm (Louvre) 1. Lettre conservée à Rome, Fondazione Primoli, 8354, citée par M. Simonetta, « Lucien Bonaparte ambassadeur en Espagne » in 1775-1840 Lucien Bonaparte un homme libre, catalogue d’exposition édité par M.T. Caracciolo avec la coopération d’Isabelle Mayer-Michalon, Paris, 2010, p. 70. 3 Peintres en miniature et peintres sur porcelaine : le point sur les différents artistes du nom de Liénard Le patronyme « Liénard » fut porté par plusieurs artistes qui ont été confondus. Ceux qui nous intéressent ont peint, les uns en miniature, les autres sur porcelaine, et contrairement à ce qu’affirmait Schidlof en 1964 dans Miniature en Europe, ce n’est pas le miniaturiste Edouard Liénard qui fit un passage à la manufacture de Sèvres. A la demande du musée State Pushkin Museum (Moscou), qui possède une paire de vases en porcelaine signés Liénard, et du musée d’Arenenberg en Suisse qui conserve un portrait sur porcelaine signé J. Liénard, voici le résultat de nos recherches pour démêler les parcours et attribuer ces œuvres. Jean Auguste Edouard Liénard (Paris, 11 janvier 1778 - Lille, 10 février 1848). Le seul Liénard qui fit vraiment carrière comme peintre en miniature et comme portraitiste fut JeanAuguste Edouard Liénard, qui signa Liénard Edouard ensuite Edouard Liénard ou E. Liénard, signature suivie de la date dans les années 1820. Il était le fils de Jean-Baptiste Liénard, un bon graveur d’origine lilloise qui avait été élève de Le Bas, et d’Angélique-Victoire née Boulay (Boulet, Boullay) à Paris. Edouard Lienard fut élève pour la peinture de Jean-Baptiste Regnault, et pour la miniature de Jean-Baptiste Isabey. Nous le trouvons inscrit sur les registres de l’école de l’Académie, le 19 Brumaire an IV (1796) : « âgé de 17 ans, demeurant rue Neuve St Augustin, n° 931, chez Mme sa mère, a justifié de sa carte de citoyen, élève de M. Regnault ». Il eut un frère cadet, Joseph-Victor Liénard, simple soldat qui gravit les échelons, fut lieutenant au 27e régiment de Dragons, fut blessé en 1807 à Friedland et mourut le 26 mars 1809 au combat de Pont-d’Avé (Portugal).1 A son entrée à l’école de l’Académie, il est indiqué qu’Edouard Liénard habitait chez sa mère et non pas chez ses parents. En effet, le ménage Liénard n’avait pas été heureux. L’historien Lucien Lemaire qui avait recueilli des souvenirs sur cette famille, confondit le père et le fils et c’est à Jean-Baptiste, le père graveur, qu’il faut appliquer cette information qui avait été reproduite dans Lemoine-Bouchard, Les peintres en miniature… 2008 : « Liénard avait la passion du jeu. Le notaire Chamonin, l’un de ses élèves, était chargé de récolter l’argent qu’il gagnait ». Selon Lemaire, « sa femme était l’une des berceuses du dauphin » ; elle avait reçu en cadeau de Marie-Antoinette une boîte de peinture et un étui à aiguilles de couture, qui furent rachetés par M. Chamonin ». 2 Au début des années 1780, les Liénard étaient logés rue neuve Saint Augustin, chez l’architecte FrançoisVictor Perrard de Montreuil et son épouse, eux-même mariés depuis 1772. En 1783, Mme de Montreuil obtint la séparation de corps : son mari dilapidait sa fortune et la trompait avec la dite Mme Liénard qui logeait sous le même toit, tandis que Jean-Baptiste Liénard ne parvenait pas à payer le loyer. Selon un acte notarié daté de 1784 : « Lors de la séparation qui s'est effectuée entre les parties …1 avril 1783, il s'est élevé entre elles un grand nombre de contestations …[…] pour éviter l'involution des procédures … [elles] ont convenu de terminer à l'amiable et après avis des avocats … […] « article 10 : la dame de Montreuil avait aussi formé demande contre le dit sieur son mari à ce qu'il soit tenu de lui payer diverses fournitures par elle faites sur sa réquisition à la dame Liénard montant à 311 livres plus 2031 livres 12 sols pour nourriture, pension et logement des dits sieur et dame Liénard pendant le temps qu'ils ont demeuré chez les dits sieur et dame Demontreuil, en outre de lui faire remettre par le dit sieur Liénard 16 estampes appartenant à la dite dame et que le sieur Demontreuil avait prêté au dit sieur Liénard, enfin les frais et dépenses que la dite dame Demontreuil avait été obligée de faire contre les dits sieur et dame Liénard, à quoi le dit sieur Demontreuil répondait que cet objet lui était étranger et que la dite dame Demontreuil n'avait à cet égard d'action que contre les dits sieur et dame Liénard. Sur quoi les sieurs Laudour et Dufey sont convenus que les dites répétitions seraient rejetées sauf à la dite dame Demontreuil à se pourvoir ainsi qu'elle avisera contre les dits sieur et dame Liénard …et à rejeter contre le dit sieur Demontreuil la somme de 721 livres pour le prix du tableau de M. Robert [ndlr : Hubert Robert ?] que le dit Liénard avait donné en déduction de ce qu'il devait, en justifiant par la dite dame Demontreuil que ce tableau avait été vendu par son mari au dit Taffard et que le dit Taffard a payé ou en a tenu compte au dit sieur Demontreuil. »3 Selon Lefèvre d’Amécourt, « Perrard de Montreuil avait une fortune qu’on porte à 5 à 600 000 # (livres) en immeubles : mais il était fort dérangé. La dame de Montreuil avait aussi de son côté assez de fortunes et des protections puissantes qui eussent avancé son mari s’il se fut bien conduit. …/… 4 Peintres en miniature : Les Liénard (suite) …/… Mais il parait que Perrard est en soi un sujet au-dessous du médiocre par l’esprit et par le cœur. Il a fait, depuis son mariage, beaucoup de dettes auxquelles, du moins en partie, il a fait obliger sa femme. Il avait chez lui une concubine pour laquelle il dépensait beaucoup et avait les plus mauvaises façons pour sa femme. Ce qui a obligé celle-ci à se retirer de la maison maritale et de former une demande en séparation de corps ». 4 En l’an IV, c’est certainement l’architecte amoureux qui commanda au peintre Jean-Louis Voille (17441803) un portrait de Marie Victoire Liénard, coiffée d’une toque de linon et d’une aigrette (Palais des Beaux-arts de Lille, acquis en 1873).5 Voille était alors en France entre deux séjours en Russie où il menait une belle carrière comme peintre de la Cour. Il avait du quitter précipitamment Saint-Pétersbourg en raison de l’oukase d’expulsion des Français promulguée le 8 février 1793 par l’impératrice Catherine II, mais il repartit en Russie en 1797. L’année de ce portrait, Perrard de Montreuil put enfin épouser, selon le contrat de mariage du 26 Floréal an IV, Marie Victoire Liénard, venant elle-même de divorcer de son premier époux6. Edouard Liénard vécut donc la plus grande partie de sa jeunesse à Paris, dans l’immeuble de la rue neuve Saint Augustin, n° 931, adresse qu’il donnait encore à son entrée dans l’atelier de Regnault. Son beau-père architecte avait fait déjà deux faillites en 1789. La Révolution acheva de le ruiner. Censeur royal, Perrard de Montreuil était aussi architecte du Grand prieuré de France et responsable de ce fait de tous les travaux dépendants des commanderies de l’ordre de Malte ; fonctions qu’il perdit avec la suppression des ordres religieux et la chute de la royauté. Comme architecte, il est l’auteur, notamment, de la Rotonde du Temple, construite en 1788 dans l’enceinte de l’Enclos du Temple, vaste édifice à fonctions commerciales et d’habitations, dans lequel il avait son cabinet de travail ; le bâtiment fut démoli pour raisons de sécurité lorsque le roi fut emprisonné au Temple en août 1792 ; il construisit aussi un hôtel particulier au n° 44 rue des Petites Ecuries à Paris, et une folie à Pantin bâtie sur des terrains appartenant à la famille de JeanFrançois de Viterne, l’un de ses voisins dans l’immeuble de la rue Neuve St Augustin, n° 931. En l’an XI (1802), Edouard Liénard « peintre » apparut comme témoin devant un juge de paix en faveur de ce même J.-.F. de Viterne et de ses enfants mineurs aux côtés de son beau-père. 7 En 1810, son beau-père Perrard de Montreuil alors architecte rue de Cléry n°12, sollicita en vain de l’Empereur un poste d’inspecteur des Jardins de Bagatelle pour lui-même et pour sa femme soulignant qu’elle venait de perdre son fils cadet mort au combat.8 En 1818, il était inspecteur des travaux effectués pour la prison de Loos, près de Lille. Il demeurait à Paris, rue du Faubourg St Denis n°46, lorsqu’il fut retrouvé mort le 21 avril 1821 à La Frette sur Seine, âgé de 79 ans (on le suppose mort noyé dans la Seine). Sa femme lui survécut fort longtemps puisqu’elle mourut à Lille âgée de 101 ans. Edouard Liénard exposa au Salon de Paris de 1804, n° 916 Plusieurs portraits dont la technique n’est pas précisée et peut-être s’agit-il de tableaux et non de miniatures. Après des débuts parisiens, il poursuivit sa carrière à Lille dont son père était originaire, et il fit partie des personnalités qui comptèrent dans le monde des arts de la ville. Il figure dans les archives de la loge maçonnique La Modeste à L’Orient de Lille dont il était l’un des officiers dignitaires en 1812. Il était peintre et membre du jury académique en 1818, domicilié rue des Prêtres, n° 24. Il exposa au Salon de Lille en 1818, des portraits à l’huile et d’autres en miniature, dont un Portrait d’homme en miniature sous le n° 74 qui lui valut la mention honorable. En 1820, Etienne de Jouy visitant avec lui le salon de Lille, fit éloge de ses portraits « en sa présence, sans blesser son extrême modestie, par la raison qu’il est sourd »9. Il montra quatre grands portraits et quatre miniatures au Salon de Lille de 1822 et signait encore des miniatures en 1833 (Femme à la robe rouge et au col de dentelle, et Dame à la coiffe de dentelle, signées et datées 1833, ovales, H. 11,5 cm (Drouot, étude Kahn-Dumousset, 28 octobre 2011, n° 24 et 25 non repr.). Sa surdité notée par Etienne de Jouy ne l’empêcha pas d’être nommé professeur à l’Ecole des Beaux-Arts de Lille en 1823-1836, en succession du peintre François Watteau, et directeur des écoles académiques de Lille. Il connaissait en particulier le peintre en miniature Henri-Joseph van Blarenberghe, conservateur du musée de Lille, et à la mort de ce dernier en 1826, ce fut l’une des quatre personnalités du monde des arts à tenir le drap mortuaire avec le marquis d’Aigremont, conservateur adjoint du musée et peintre en miniature (voir p. 1 et 17 à notre catalogue son portrait du jeune Max marquis de la Maisonfort), Houzé d’Aulnoit et Cadet de Beaupré aussi membres du jury académique. Le peintre Jean-Baptiste Wicar, ancienne relation de son père J.-B. Liénard, possédait deux miniatures d’Edouard Liénard Un Officier et Une Vieille dame (ancien musée Wicar à Lille). En 1832, Edouard Liénard était allé rendre visite à Wicar en Ombrie.10…/… 5 Peintres en miniature : Les Liénard (suite) Les miniatures sur ivoire signées par Edouard Liénard ne posent pas de problème d’attribution particulier puisque l’artiste a signé avec son prénom, se différenciant ainsi de la production artistique de son père. Pour le moment, les premières miniatures que l’on connaisse sous son pinceau datent de la Restauration, à une époque où il était installé à Lille. Il eut notamment une clientèle de militaires, plusieurs officiers de la Marine anglaise en séjour en France, notamment L’Amiral Searle, en buste de ¾ à gauche en uniforme bleu, revers blancs, épaulettes dorées, signé et daté à droite le long du cadre Liénard Edouard 1817, diam. 7,5 cm (Christie’s Londres, 27 avril 1993, n° 850 repr.). Il lui arriva de peindre le même modèle en grand et en miniature, entre autres M. Richebé en uniforme de commandant des éclaireurs de la Garde (il fut tué à la barrière de Clichy en 1814 à la prise de Paris par les Alliés); il porte une petite moustache, signée, ovale, H. 3,5 cm, L. 2,7 cm (petite miniature vue par Lemaire dans l’ancienne coll. M. Guichard, avocat à Lille). Liénard exposa au Salon de Lille de 1818, n° 71 un portrait en pied à l’huile du même modèle, aide de camp du maréchal de Trévise. Il peignit aussi des femmes et des enfants, sa réputation passant à Lille de bouche à oreille. Selon Hippolyte Verly11, il fit les portraits de Pommereuil, alors préfet du Nord, Févez, d’Hancarderie, de la Mairie, Wacrenier, etc. Signalons de lui un rare dessin d’une jeune femme d’une famille noble lilloise, les Hespel de Guermanez qui étaient en relation avec le peintre Jean-Baptiste Wicar : - Marie-Bonne Flavie de Prud’homme du Roc (1804-après 1824), à mi-corps de ¾ à gauche, robe à décolleté croisé, manches courtes, collier, cheveux coiffés en rouleaux, signé et daté de 1824, dessin à la mine de plomb, avec ses armes (trois tours) à gauche (fille d’Henriette Hespel de Guermanez).12 Edouard Liénard était un bon peintre en miniature dont le dessin fut influencé par son maître Isabey. Les chairs sont peintes en un pointillé assez large, avec des ombres marron ou grises. Les yeux sont en amande et la pupille est soulignée d’un peu de blanc. Les yeux en amande et le pinceau moelleux sont particulièrement notables dans le portrait que nous présentons,daté de 1822 : Fig. 1. Edouard LIENARD (Paris, 1778 - Lille, 1848). - Homme aux yeux en amande, portant bacchantes, 1822 en buste de ¾ à gauche, décoré de la Légion d’honneur et probablement du Lys, signé et daté à droite le long du cadre Edouard Liénard 1822, ovale, H.8,1 cm, L. 6,5 cm (cat. Lemoine-Bouchard Fine Arts, prix sur demande) Les archives municipales de Lille conservent l’acte de décès de cet artiste : « Le 11 février 1848 … sont comparus Charles Lefebvre, chef de bureau à la préfecture, âgé de 31 ans et Valéry Lefebvre, greffier au premier conseil de guerre, âgé de 28 ans, lesquels ont déclaré que Jean Auguste Edouard Liénard, âgé de 70 ans, peintre artiste, né à Paris, célibataire, fils de Jean Baptiste Liénard et d’Angélique Victoire Boulet est décédé hier à onze heures du matin, à son domicile, rue Saint-André n°107 ». Quatre ans plus tard, sa mère mourut à la même adresse, âgée de 101 ans. « Le 4 novembre 1852 (…) sont comparus Narcisse Montaigne cabaretier, âgé de 54 ans, et Henri Dumoulin, rentier, âgé de 52 ans, tout deux domiciliés à Lille, voisins de la défunte, lesquels nous ont déclaré que Angélique Victoire Boullay, rentière âgé de 101 ans, née à Paris (Seine), veuve en premières noces de Jean-Baptiste Liénard, et en deuxièmes noces de … Perrard de Montreuil, fille de feu Nicolas Charles et Marie Anne Mabille de Poncheville (sans autre renseignement) est décédée avant-hier à une heure du soir en son domicile rue Saint-André numéro 107, ainsi que nous nous en sommes assurés, les déclarants ont dit ne savoir écrire ni signer (…) ». …/… 6 Peintres en miniature : les Liénard (suite) …/… Edouard Liénard, contrairement à ce qu’indiquait Schidlof (La miniature en Europe, 1964), n’est pas le Liénard qui travailla un temps à la manufacture de Sèvres, et il semble n’avoir jamais peint sur porcelaine contrairement à Justin Liénard et à Sophie Liénard (voir plus loin) avec lesquels il a été confondu. Il était aussi bien trop jeune pour qu’on puisse lui attribuer les quelques miniatures sur ivoire signées « Liénard » en 1789-1793 : - Homme en costume bleu, en buste de trois-quarts à droite, en perruque, signé et daté Liénard 1789, ovale, H. 3,8 cm (Drouot, EVE, 18 mai 2007, n° 53-119, repr. ci-contre fig. 2). - Portrait présumé du conventionnel Girondin Elie, de face, en habit bleu, S.D.g. Liénard (1793 ?), ovale, H. 6 cm, L.5 cm Fig. 2 (Drouot, 29 octobre 1973, n° 30 non repr.). L’attribution de ces dernières pose problème. Seraient-elles de son père Jean-Baptiste Liénard ? C’est l’hypothèse la plus vraisemblable même si ce dernier n’est jusqu’ici connu que comme dessinateur, illustrateur et graveur, professeur, membre de la Société des Sciences, ami de JB Wicar. Jean-Baptiste Liénard (Lille, 1750- Paris, 1806) Il avait obtenu la médaille dans la classe du modèle à l'Ecole de dessin de Lille en l769, était encore à Lille en l77l où il exposa aux Salons de cette ville. Selon Hyppolite Verly, il fut à l’apogée de sa carrière entre 1770 et 1795 : il collabora à l’illustration de deux ouvrages très emblématiques de cette époque, le Voyage pittoresque de la Grèce de M. Choiseul-Gouffier (1782), et le Voyage pittoresque de Naples et de Sicile par l’abbé de Saint-Non (1782-1786). Il grava d’après divers maîtres, notamment les monuments de Rome d’après Hubert Robert dont on a vu plus haut qu’il possédait un tableau, donné à Perrard de Montreuil en règlement de dettes. On connaît de lui quelques portraits bien dessinés (dont une Femme à mi-corps de ¾ à gauche en robe blanche et châle, daté de l’an VII vu sur le marché de l’art). Il est possible qu’il ait fait quelques miniatures par nécessité financière. Ne serait-ce que pour des raisons de dates, ces miniatures de l’époque révolutionnaire ne peuvent pas être de son homonyme Jean-Baptiste Liénard, peintre dit « Liénard de Reims », né le 19 décembre 1782 à Reims et beaucoup trop jeune au moment de la Révolution, mort le 19 décembre 1857 à Châlons-enChampagne. C’est ce dernier qui fut élève de Louis David et non Jean-Auguste-Edouard Liénard comme l’indique par erreur la notice de Wikipedia (09/06/2016). Parce qu’il se prénommait Jean-Auguste-Edouard Liénard, le miniaturiste Edouard Liénard s’est vu attribuer à tort les portraits sur porcelaine signés « J. Liénard », … même ceux réalisés bien après sa mort. Ces œuvres reviennent en réalité à Justin-Louis Liénard qu’il convient de réhabiliter. Justin-Louis Liénard ( Paris, 5e arrondissement, 30 mars 1809 - Paris, 24 octobre 1878). Cet artiste dont nous publions ici les prénoms et les dates exactes, était cité jusqu’ici comme « J. Liénard », sans renseignement dans quelques dictionnaires. Il a été prénommé « Jacques » par l’expert Olivier Boré (cité in Lemoine-Bouchard Les peintres en miniature, 2008) mais cette information s’avère sans aucun fondement. Justin Liénard n’est autre que l’époux très oublié et pourtant talentueux d’une peintre sur porcelaine réputée, Sophie Liénard. Les œuvres de celle-ci atteignent de nos jours des prix soutenus dans les ventes publiques or maintes œuvres passées sous son prénom ne sont pas signées « S. Liénard » mais bien clairement « J. Liénard ». Ce fut le cas encore dernièrement des deux portraits sur porcelaine vendus chez Me Osenat à Fontainebleau le 6 mars 2016, n° 294 Portrait du prince impérial (fig. 2, ci-contre) et n° 292 Portrait de Napoléon, qui sont tous deux de Justin et non pas de Sophie Liénard. Fig.2. Justin LIENARD (Paris, 1809-1878) Le Prince impérial, peinture sur porcelaine 7 Peintre en miniature : les Liénard (suite) C’est à Justin Liénard qu’il faut rendre le beau portrait sur porcelaine de l’Impératrice Eugénie, des magnolias dans sa chevelure et à son décolleté d’après le portraitiste officiel F.-X. Winterhalter, signé à gauche « J. Liénard », ovale, H. 13 cm, L. 10,5 cm, conservé au musée d’Arenenberg en Suisse, inv. 1102 (acquis en 1978, la signature lue jusqu’ici « S. Liénard », fig. 3 ci-contre). Il en fit au moins une autre version en format réduit : - L’impératrice Eugénie, en buste de ¾ à gauche, en robe blanche et bleue signé à gauche J. Liénard, sur porcelaine, ovale, H. 5,7 cm (Bonhams, Londres, 8 avril 2010, n° 121 repr., vendu par erreur sous le nom de J-A-Edouard Liénard). Fig. 3. Justin LIENARD (Paris, 1809-1878) L’impératrice Eugénie, H. 13 cm ©musée d’Arenenberg, repr. interdite. Justin Liénard figure à plusieurs reprises dans les archives de la manufacture de Sèvres, sous son seul patronyme : son prénom, toujours omis, a fini par être complètement oublié. « Monsieur Liénard » fit à Sèvres des travaux dès 1828 et y entra en 1833 comme « peintre de figures » ; il habitait alors faubourg Montmartre. Fils de Charles-François Liénard et de Marie-Jeanne Durand, il épousa le 7 mai 1831 à Paris 8e arrondissement Sophie-Louise Girard, peintre sur porcelaine et son aînée de huit ans (Archives de Paris, Etat civil reconstitué). Sophie Liénard, dont nous donnons ici les dates inédites, nous a laissé un beau portrait de Justin Liénard, conservé à la manufacture de Sèvres sous le titre « Monsieur Liénard » (fig. 4 ; l’inventaire ignore qu’il s’agit du mari de Sophie Liénard mais mentionne la date de 1845). Fig. 4. Sophie LIENARD, née GIRARD (Versailles, 1801 – Paris, 1875) Portrait de son mari, Justin Liénard (Paris, 1809-1878) Porcelaine dure, signée à droite Sophie Liénard ©Manufacture de Sèvres 8 Peintre en miniature : les Liénard (suite) Parmi les portraits sur porcelaine de Justin Liénard, citons : - Pierrette Edme Mollerat (1799-1871), baronne d'Hennezel « branche de Verlleroy-Attiqueville » en buste de ¾ à droite, signé en bas à droite J. Lienard, ovale, 7 x 5,7 cm (vente à Saumur, 31 mars 2012, n° 37 repr.) et quelques portraits de modèles non identifiés, preuve qu’il eut des commandes d’une clientèle privée ; un portrait commémoratif de Mme Elisabeth, sœur de Louis XVI, de ¾ à gauche en robe bleue avec des fleurs au corsage, signé J. Liénard, ovale, H. 13 cm (Bonhams, Londres, 24 juin 2004, n° 165 repr., vendu sous une attribution erronée à Edouard Liénard) ; un autre de Louis XVI à mi-corps de ¾ à droite, en veste marron, signé, ovale, H. 19 cm (commerce de l’art) ; celui de Louis XIV à mi-corps de ¾ à gauche d’après Rigault, ovale, 17 x 14,5 cm (Drouot, Libert et Castor, 21 février 1992, n° 107B) ; Napoléon Ier en uniforme, de ¾ à gauche, signé J. Lienard, ovale H. 13,3 cm, L. 10,5 cm (Drouot, PBA, 30 juin 2004, n° 110 repr.) ; divers portraits de la famille de Napoléon III précités ; La duchesse d'Orléans née Hélène-LouiseElisabeth de Mecklembourg-Schwerin d’après Winterhalter, signé à droite J. Liénard, ovale sur porcelaine (vu à Drouot, 28 mars 2007, sous un n° 69, repr. ci-dessous fig. 5). Fig. 5 Fig. 6 La duchesse d’Orléans d’après Winterhalter, par Justin Liénard ; la même, par Sophie Liénard Sa femme Sophie peignit le même portrait sur une plaque de porcelaine de la manufacture Rihouet, H. 14,4 cm (Bonhams, Londres, 21 novembre 2013, n°120 ; fig. 6). Comme elle a travaillé ainsi que son mari à des portraits des Orléans et de la famille impériale comme on le verra plus loin, il convient de prêter une attention particulière à la lecture des signatures. J. Liénard forma semble-t-il quelques élèves, notamment Mlle Théa Ranvaud, peintre sur porcelaine qui exposa au Salon à partir de 1874 (Schidlof la croît par erreur élève de J.A.-Edouard Liénard). On le trouve en 1859 prenant fait et cause pour les graveurs dans une pétition contre la photographie qu’il classait au rang des phénomènes de mode… Il accusait les éditeurs d’avoir répandu cette « peste » et d’être responsables de la chute de rentabilité de la gravure, devenue préoccupante : Adolphe Goupil, l’initiateur de la pétition, utilisait lui-même la photographie pour reproduire des œuvres d’art : « Si la photographie était le fléau réel, le fléau destructeur de la gravure, il faudrait alors en accuser MM. les éditeurs qui, les premiers, ont répandu cette peste pour le gain du moment, étalant et vantant outre mesure cette nouvelle invention, manquant ainsi de prévoyance et restant dans les bas-fonds du mercantilisme, tâchant d’arriver à vendre zéro, comme ceux qui expédient des pendules sans mouvement, et des bouteilles d’eau comme vins fins. […]. Il en sera de même de la photographie, dont on fait injustement une rivale de la gravure, quand l’attrait de la nouveauté aura disparu et que l’engouement sera passé.»13 Justin Lienard avait publié quelques mois plus tôt des « Causerie sur la porcelaine » dans L’art du XIXe siècle (Paris, oct. 1858, p. 208-209). Cependant il fut critiqué dans la Revue des Beaux-Arts, Tribune des artistes (29e année, t 10, lecture de Corplet) pour certaines parties concernant la porcelaine tendre et les émaux de Limoges. …/… 9 Peintre en miniature : les Liénard (suite) Des deux époux, seul Justin entra à la manufacture de Sèvres, Sophie travailla longtemps pour Louis Marie François Rihouet, fabriquant de porcelaine. Né en 1791 dans une famille aisée attachée au duc d’Orléans, ce dernier débuta son activité en 1818 et obtint en 1824 le titre de faïencier du Roi. Cette année-là, il installa sa manufacture, 7 rue de la Paix et ne la vendit qu’à sa retraite en 1853. Fille de Jean Alexis Girard et de Rose (ou Rosalie) Adélaïde Saladin (cette dernière née à Versailles le 04.02.1763), Sophie Girard avait comme grand-père maternel un marchand mercier, profession qui vendait notamment des boîtes à miniatures. Elle avait commencé à peindre sur porcelaine avant son mariage et plusieurs œuvres sont de cette époque, en particulier: - Mlle de Fontanges à mi-corps, parée de fleurs, tenant un médaillon (ou un miroir), signée Sophie Girard, diam. 7,5 cm sur porcelaine (Bonhams, Londres, 28 avril 1999, n° 48 ; repr. fig. 7 ). - Portrait de Marie-Victoire Jaquotot ? daté 1826 (Lemoine-Bouchard Fine Arts, repr. fig. 12 p. 13) - Portrait de femme en spencer, dit portrait de Désiré Clary, signé et daté Sophie Girard 1820, diam. 5,6 cm (Drouot, Auctionart Le Fur, 26 mars 2014, n° 364 repr. ci-dessous fig. 8) Fig. 7 Fig. 8 Elle signait alors « Sophie Girard » (voir détails de sa signature). Peut-être une partie de sa production de jeune fille est-elle confondue avec celle de Louise Girard (active en 1824-1850) qui selon Schidlof in Miniature in Europe, était la femme du graveur François Girard. Signalons que plusieurs beaux portraits miniatures sur porcelaine, certains en grisaille, notamment un portrait du roi Louis-Philippe, sont signés simplement « Girard » d’une graphie différente de celle de Sophie Girard ; peut-être y aurait-il lieu d’en étudier l’auteur de plus près, mais ce n’est pas l’objet du présent article. Du couple Liénard, seule « Mme Liénard » s’annonçait comme « peintre sur porcelaine à Paris, Place Royale n° 10 », dans l’Almanach général de la France et de l'étranger pour 1839 contenant 100.000 adresses… Elle fut aussi la seule des deux à exposer à Paris au Salon de 1842 (Vierge à la grappe d’après Mignard) à 1847 (divers portraits). Elle habitait alors 41 rue Meslay. Elle apparaît dans l'Annuaire général du commerce Didot-Bottin de 1853, comme « Mme Liénard peintre-artiste, Meslay 43 », adresse du domicile conjugal. Comme son mari, elle peignit la famille d’Orléans et se fit sous le Second Empire une spécialité des portraits de l’Empereur et de la famille impériale. Elle eut aussi une clientèle étrangère, notamment espagnole et anglaise. Citons à titre d’exemples quelques portraits d’elle une fois mariée, certains localisés au musée du Prado et au musée de St Louis, Missouri : - La duchesse d’Orléans (voir plus haut fig. 6) et Philippe duc d’Orléans d’après le portrait posthume de Winterhalter, H. 14 cm sur des plaques de la manufacture Rihouet (Bonhams, Londres, 21 novembre 2013, n°120 et 121 repr.). - Maria Tomasa Alvarez de Toledo y Palafox, de ¾ à gauche, en robe bleue à col gaufré et foulard orange, les cheveux relevés en tresse circulaire sur la tête, signée à droite Sie Liénard, vers 1835, ovale sur porcelaine, 12,2 x 9,49 cm (musée du Prado, Madrid, inv O00756). - La reine Victoria en robe blanche, dans sa loge au Drury Lane Theater, portrait aux trois-quarts, S.D. 1838, au revers Queen Victoria/ copied by Sophie Lienard, of Paris,/ from the original by E. T. Parris/ London._1838. ovale, H. 17,5 cm (Bonhams, Londres, 28 juin 2012, n° 151 repr.). - Napoléon en uniforme de chasseurs à cheval, S.b.d. Sie Lienard, en pendant de Joséphine impératrice des Français, ovale sur porcelaine, H. 15,2 cm (Bonhams, Londres, 23 novembre 2011, n° 154 repr.). …/… 10 Peintres en miniature : les Liénard (suite) - Caroline Bonaparte portant une robe blanche et une parure bijoux à décors de perles et de malachite, porcelaine signée « Sophie Liénard », 14.2 x 11.2 cm (coll. Murat ; Christie’s 14 avril 2015, n° 295 repr.; peut-être d’après Zéphirin Belliard (1798-1861), gravé notamment par Delpech). - Le roi Louis Philippe en civil de ¾ à droite, peut-être d’après Winterhalter, 12,9 x 10,3 cm ; Ferdinand Philippe duc d’Orléans, de ¾ à droite, en uniforme, 14,2 x 10,9 cm (coll. Mrs Frank Spiekerman ; St Louis Art Museum, Missouri). - María del Carmen Lucía de Acuña y Dewitte (1817-1888), vers 1840, signé à gauche Sophie Liénard, porcelaine ovale, à vue 13,5 x 10,9 cm. (musée du Prado, Madrid, inv O00678) ; le modèle se maria en 1837 à Paris. - Michael Jones Esqr. en buste de face dans sa bibliothèque, signé et daté au revers: Copied by Sophie Lienard of Paris/ from the original painted by/ Wm D. Kennedy in London/ Febr 1840/ Paris Septembre 1840/ S. L. rect. (Bonhams, Londres, 3 février 2004, n° 169 repr.). - Louis-Napoléon prince président en 1852, en uniforme, S.g. Sophie Liénard, sur porcelaine ovale, H. 13,5 cm (Bonhams, 23 mai 2007, n° 166 repr. ; mentionne une signature au cachet). Sophie Liénard mourut en 1875 à l’âge de 74 ans et demi, comme l’indique son acte de décès inédit retrouvé aux Archives de Paris : « Du cinq mai mil huit cent soixante quinze, à deux heures de relevée, acte de décès de Sophie Louise Girard, artiste peintre décédée hier soir à trois heures, au domicile conjugal, rue Meslay 43, âgée de soixante quatorze ans et demi, née à Versailles, Seine et Oise, épouse de Justin Louis Liénard, artiste peintre, âgé de soixante six ans ; fille de Alexis Girard et de Rose Saladin, décédés. Le décès a été constaté par nous, maire, officier de l’état civil, et le présent acte dressé sur la déclaration de l’époux de la défunte et de Léon Brévier, graveur, âgé de trente six ans, passage du Caire 149, qui ont signé avec nous après lecture faite. » 14 Elle avait pris soin de distinguer sa production de portraits de celle de son mari en signant avec mention de son prénom « Sophie », soit en entier, soit en abrégé « Sie ». On ne trouve pas – à notre connaissance – de signature « S Liénard » : c’est un « J » qu’il faut lire si la majuscule du prénom est seule (les lettres S et J sont proches). Et c’est alors la signature de son mari « J. Liénard » qui, lui, -à notre connaissance- n’a jamais signé une porcelaine de son prénom complet « Justin ». On trouvera page suivante des gros plans des signatures respectives de ces deux artistes. Alors, pour répondre à la question posée par le State Pushkin Museum de Moscou, à qui attribuer les deux peintures signées simplement « Liénard » sur vases du XIXe siècle en porcelaine sans marque, conservée dans ce musée, représentant des Enfants jouant près d’une niche ? (fig. 9 ci-contre, détail page suivante). Aucun des deux époux, à priori, ne signait ainsi. Cependant, après comparaison des graphies (voir page suivante), nous en concluons que ces peintures sont très probablement de Sophie Liénard. On ne s’attendait pas à trouver sous son pinceau une production décorative sur une thématique des jeux d’enfants. Ces vases assez tardifs de style, comme nous le souligne Régine de Plinval de Guillebon, montrent en outre qu’elle ne travailla pas uniquement pour la manufacture de Rihouȅt. . Fig. 9. Attribués à Sophie LIENARD (Versailles, 1801 – Paris, 1875) Enfants jouant près d’une niche, peintures sur vases de porcelaine sans marque, signées en bas à droite Liénard.. H. 44,2 х 18,3 х 13,5 cm ; inv. 25919 P 3373 et inv. 25920 P 3374 © State Pushkin Museum, repr. interdite. 11 Peintres en miniature : les Liénard (suite) Signature du vase du musée de Moscou Signatures de Sophie Liénard, née Girard. Signatures de Justin Liénard. Sophie a simplifié au fil du temps la forme du « S » de son prénom et a adopté un « d » final pour Liénard proche mais plus bouclé que celui de son mari, sans la fioriture qu’elle avait à celui de son nom de jeune fille Girard (1826). Son « L » initiale de Liénard est généralement plus bouclé et plus bombé que celui de son mari. La principale différence est la graphie du « r » qu’elle n’a jamais varié (cursive à la française) et qui est inversé par rapport à celui de son mari (« r » à l’anglo-saxonne). 12 Peintres en miniature : les Liénard (suite) Les Liénard et Mme Jaquotot Marie-Victoire Jaquotot (Paris, 1772 – Toulouse, 1855) fit une brillante carrière comme peintre sur porcaline et fut certainement la grande référence en ce domaine pour Sophie et Justin Liénard. Elle travailla pour la manufacture de Sèvre de 1801 à 1842. Même s’ils ne figurent pas sur la liste de ses élèves, comme nous le confirme Anne Lajoix, expert et auteur d’une thèse sur Jaquotot, ils se sont assurément côtoyés ; Justin Liénard fut employé à la manufacture de Sèvres du temps de M-V. Jaquotot. Il eut ainsi l’occasion de travailler sur une œuvre qu’elle avait commencé. On connaît en effet un portrait du Roi Louis Philippe en uniforme en buste de ¾ à gauche inscrit au revers « S. M. Louis Philippe 1er/ Commencé par Mme Victoire Jaquotot./ Terminé par Justin Lienard. », rect. H. 21,6 cm, sur porcelaine (Sotheby’s New York, 5 juin 1997, n° 217 repr.; fig. 10 ci-contre). Justin Liénard possédait en outre un portrait de Mme Jaquotot, une partition à la main (c’était une pianiste remarquable), dessiné à la mine de plomb par Antoine-Claude Pannetier (1772-1859), qu’il offrit à la Manufacture de Sèvres (fig. 11). Les archives de la manufacture ont bien registré cette donation mais sans faire le lien entre le donateur et le Monsieur Liénard qui fut l’un de ses peintres. En 1826, Sophie Girard, future Mme Liénard, exécuta sur porcelaine un portrait de femme brune aux yeux gris, élégante sous une grande capeline noire, vêtue d’une robe bleu à col de fourrure de petit gris, qui pourrait être également le portrait de Mme Jaquotot, âgée alors d’environ 54 ans (fig. 12). Fig. 10 Fig. 11 Fig. 12. Sophie LIENARD née Girard Portrait de Marie-Victoire Jaquotot ? Portrait sur porcelaine signé et daté 1826, 15 x 12 cm Cat. Lemoine-Bouchard Fine Arts, prix sur demande. Fig. 13 13 Peintres en miniature : les Liénard et Mme Jaquotot (suite) A la même époque, Mme Jaquotot figure dans le tableau de François-Joseph Heim (Belfort, 1787 - Paris, 1865) Charles X distribuant des récompenses aux artistes, à la fin du Salon de 1824, exposé au Salon de 1827 (Louvre, inv. 5313) ; il existe une esquisse de son portrait en pied, titrée « Mme Jaquotot », attribuée à Heim conservée au Louvre (détail, fig. 13 page précédente). Si ces portraits de Mme Jaquotot des années 1825 sont assez concordants, il n’en est pas de même du reste de son iconographie. Comme nous l’avons noté en passant en revue pour cet article les différents portraits de M.-V. Jaquotot avec Anne Lajoix, l’iconographie jusqu’ici admise n’est pas cohérente et nous nous contentons ici de le souligner sans entrer dans une étude approfondie : ainsi la voit blonde ou brune, les yeux gris-vert ou marron. Une femme blonde au fin visage et aux yeux clairs dans un portrait en miniature sur ivoire peint par Etienne Charles Le Guay conservée au Louvre (RF 30768) passe depuis 1885 pour être le portrait de son épouse « M-V. Jaquotot » vue aux trois-quarts en robe blanche, la tête recouverte d’un voile, occupée à feuilleter un carton de dessins posés sur une chaise, rect., H. 19 cm, L. 13,5 cm (vte feu comte de La Béraudière, Paris, 18-30 mai 1885, n° 604 ; marquis de Biron ; coll. D. David-Weill) ; il a été reproduit comme tel in Lemoine-Bouchard, Les peintres en miniature, 2008, à la notice Le Guay (fig. 14, détail). Elle ressemble à la jeune femme anonyme peinte aussi par Le Guay de la collection E.P.S. (fig. 15, détail) et mais pas à d’autres portraits qui sont censés la représenter jeune et brune aux yeux marron ou foncés (coll. part.). Le Guay se maria trois fois, d’abord avec Sophie Giguet avec lequel il se représenta en 1792 et qui avait un visage assez large (Louvre, RF1437), puis avec M.-V. Jaquotot qu’il épousa en 1794 et dont il divorça en 1809 pour épouser une autre de ses élèves, Caroline de Courtin. Si la jeune femme blonde du Louvre est bien Mme Leguay, ne s’agirait-il pas alors de la dernière épouse de l’artiste, Caroline de Courtin ? On manque de portraits attestés. Fig. 14 Fig. 15 Enfin le Louvre conserve aussi un dessin dit « autoportrait de Marie-Victoire Jaquotot » (fig. 16) d’une femme élégante aux cheveux bruns bouclés sous un petit chapeau, à la mode vers 1825, qui peut concorder avec les deux portraits reproduits page précédente (fig. 11 et 12). Cependant, ce portrait est dessiné au dos d’un carton publicitaire pour un ouvrage daté de 1841. S’il s’agit d’un autoportrait, ce serait en tout état de cause la copie d’un portrait antérieur ; de plus, il est monogrammé en bas de lettres qu’on peine à lire, s’agit-il réellement des initiales de l’artiste ? Dans les collections publiques françaises, Marie-Victoire Jaquotot ne figure de façon certaine que dans le tableau de Heim, mais au fond en fort petit, et dans le dessin d’elle Fig. 16 en musicienne offert par Liénard à la manufacture de Sèvres. Et si l’on possède un portrait du peintre sur porcelaine Justin Liénard par sa femme, aucun représentant Sophie Girard-Liénard, ne nous est actuellement connu. N. L.-B. [voir notes de l’article page suivante] 14 Peintres en miniature : les Liénard (suite) Notes. Tous les documents concernant l’architecte Perrard de Montreuil nous ont été communiqués par Hélène RichardCotteblanche que nous remercions vivement pour ses recherches. 1. A. Martinien, Tableaux par corps et par batailles, des officiers tués et blessés pendant les guerres de l'Empire (1805-1815), 1899, p. 567. 2. Bibliothèque municipale de Lille, Fonds Lemaire, cité in Lemoine-Bouchard, Les peintres en miniature actifs en France…2008. 3. Archives nationales, MC/ET/XC/501 du 21 juin 1784. 4. B.n.F., NAF 973, Registre de Lefevbre d’Amécourt, folio 108. 5. Palais des Beaux-arts de Lille, salle VII, huile sur toile, 0,67 m x 0,64 m, signé et daté au milieu à droite « Voille an 4 ». Dans le catalogue du musée, 1893 : « Mère du peintre Edouard Liénard, elle était attachée à la cour du roi Louis XVI. L’artiste nous la montre dans le costume de la fin du siècle, les cheveux frisés, légèrement poudrés, et couverts d’une sorte de turban avec une aigrette. Elle parait trente ans. » [Elle avait alors 45 ans]. Communiqué par H. Richard-Coteblanche. Selon Lemaire, Jean-Louis Voille aurait peint Liénard en buste grandeur nature ; il y a peut-être eu confusion car nous n’avons pas trace de ce portrait, contrairement à celui de Mme Liénard. 6. Archives nationales, ET/IV/911 26 floréal an IV. Contrat de Mariage Perrard de Montreuil –Boulay : « …furent présents François Victor Perrard-Montreuil architecte demeurant à Paris rue neuve St Augustin, seconde administration municipale, fils majeur de Nicolas Antoine Perrard et Madeleine Meunier son épouse, tous deux décédés, le dit Perrard époux divorcé sans enfants de Marguerite Fro, avant veuve de Charles Robert de Fierville, suivant l’acte prononcé à la seconde administration municipale le 29 ventôse 4° année, enregistré le 11 floréal suivant. Et Angélique Victoire Boulay, demeurant à Paris rue neuve St Augustin, fille majeure de Nicolas Charles Boulay et de Marie Anne Jeanne Josèphe Mabille ses père et mère décédés, la dite citoyenne Boulay épouse divorcée avec deux enfants mineurs de Jean-Baptiste Liénard (…) Jean-Auguste Liénard et Joseph Victor Liénard. » [Pas de communauté de biens ; le futur époux apporte 2400 livres valeur de 1790 composées de meubles, effets,… la future apporte aussi 2400 livres …]. 7. Archives de la Seine, D2U2/11 (justice de paix, 2° arrondissement ancien) ; parmi les témoins : « le citoyen Edouard Liénard, peintre, demeurant susdite rue St Augustin n° 931, ami ; le citoyen François Victor Perrard Montreuil, architecte, demeurant mêmes rue et numéro, aussi ami ». 8. Lettre à l’intendant des Bâtiments, conservée à la Fondation Custodia à Paris : « Perrard Montreuil, architecte, prenant la liberté de vous soumettre ici une demande qui lui est personnelle, a l’honneur de vous exposer ce qui suit. Né d’un père architecte, il a reçu une éducation analogue à ce même état. Après avoir fait un cours complet d’humanités, il est entré chez les plus habiles maîtres pour y apprendre le dessin, chez M. Vien pour celui de la figure, chez MM. Louis Moreau et Boullée pour celui de l’architecture. […] Il ajoute ici, que, marié à une femme qui a reçu de l’éducation, et qui jouit d’une bonne constitution, elle serait parfaitement en état de le seconder dans une partie de ses fonctions. Mais mère affligée, mère malheureuse, elle demande ici, en son nom, la permission de faire valoir une considération en faveur de laquelle S. M. l’Empereur se détermine souvent pour accorder la préférence dans la répartition de ses bienfaits. Elle avait deux fils, le plus jeune entré au service vers le moment de sa conscription, et peu de temps avant la bataille de Marengo s’y trouva (à cette même affaire) et y reçut trois blessures (dans le 8ème régiment de dragons). Il se trouva également aux batailles d’Iéna et d’Austerlitz, il était alors sous-lieutenant, après avoir passé par tous les grades depuis celui de soldat. Devenu lieutenant ensuite dans le 27ème dragons, il mérita la croix d’honneur quelques jours avant la bataille de Friedland pour une action d’intelligence et d’éclat, commandant une grand-garde en avant du pont de Spanden, où il fut grièvement blessé. Mais passé en Portugal, et chargé de s’emparer d’une position nécessaire pour faire déboucher la 5ème division de dragons qui précédait le corps du maréchal Soult, se retirant sur Opperto [Porto] il y fut tué à cette affaire il y a un an au mois de mars dernier, commandant, comme capitaine la deuxième compagnie de son régiment et emportant avec lui la réputation d’un brave, l’affection de ses soldats, celle de ses camarades et l’amitié et la confiance entière de son colonel (M. L’Allemand) ; il se nommait Victor Liénard. Il avait 29 ans, pourvu des plus heureux dons de la nature, qu’il avait améliorés par une bonne éducation, et une certaine instruction relative à son état. Cette grâce, M. le Baron, serait donc un adoucissement aux peines bien douloureuse d’une tendre mère, indépendamment aux autres convenances bien réelles que vous pourriez être sûr de rencontrer, en l’accordant aux deux personnes qui la sollicitent de votre bonté. […] (signé) Perrard Montreuil/ architecte rue de Cléry n°12 / Ma femme se trouvant en ce moment dans sa famille à Lille, département du Nord, n’a pu signer ce mémoire » 9. Jouy Etienne de, L’Hermite en province ou observations sur les mœurs et usages français, Paris, 1821, p. 161. 10. Margot Gordon, JB Wicar, 1995, p. 31. 11. Hyppolite Verly Essai de biographie lilloise contemporaine, 1800-1869, Lille, Leleu, 1869, p. 148. 12. « Jean-Baptiste Wicar et son temps », Histoire de l’art, Septentrion, Presses universitaires, 2007, p. 167, repr. 13. Justin Liénard, « Réponse au projet de pétition adressée à S.M. l’empereur par MM. les Graveurs et Lithographes », L’art du XIXe siècle , tome IV, 1859, p. 65. Voir l’analyse de ce débat par Erica Wicky, La notion de détail et ses enjeux, Université de Montréal, département Histoire de l’art, Faculté des arts et sciences, thèse, décembre 2010, p. 83, note 202 ; p. 88 note 216 ; p. 98, note 246. 14. Archives de Paris, décès 3e arrondissement, V4E 2734, page numérique 19. Elle n’est donc pas la fille du célibataire JAEdouard Liénard comme l’indique par erreur Carmen Espinosa Martin dans ses notices du musée du Prado. 15 Peintres en miniature, nouvellement répertoriés en France Le dictionnaire Les peintres en miniature actifs en France, éd. de l’Amateur, 2008, fait l’objet de travaux d’amélioration constants. Voici quelques noms que nous y ajoutons. ALBRESPIT (actif en 1804). Auteur d’une miniature datée de 1804 que nous signale Bernd Pappe dans la coll. Tansey. Le patronyme Albrespit est porté à la même époque par plusieurs militaires, dont un Jean-MarieClaude, polytechnicien de la promotion de 1805, et un Bernard, engagé dans la Grande Armée. - Jean-Baptiste Degaffet en tenue de chasseur, signée et datée en bas à droite le long du cadre Albrespit fecit 1804, ovale 6,4 x 5,2 cm (coll. Tansey, Celle, Allemagne, inv. 11459). Elle porte des inscriptions au revers: « Jean/Baptiste/Degaffet/portrait/fait en 1804, et sur une étiquette : Jean-Baptiste/ Degaffet/la remettre a Mlle /Lucienne Brette ou/à Mr et Mme Charles/ P( ?)aulard ou leurs descendants ». Nous trouvons en l'an neuvième de la République française (1800) un Jean-Baptiste Degaffet juge de paix du canton de Prez, arrondissement de Chaumont, département de la Haute-Marne, qui est peut-être l’homme représenté. Source : Archives départementales de Haute-Marne L3348 ; acte du 4 Floréal an IX, relevé d’une déclaration de grossesse faite devant ce juge de paix. En ligne : http://bio52.blogspot.fr/2010/05/la-declaration-de-grossesse.html Claire-Opportune RICHER de BEAUPRÉ , vicomtesse de LUBERSAC “Mme la vicomtesse de Lubersac…peint la miniature très-agréablement” selon le Journal des Sciences et des beaux-arts de 1777. Claire-Opportune Richer de Beaupré épousa en 1770, Jean-Baptiste, vicomte de Lubersac (1737–1819). Elle eut deux enfants morts jeunes et deux fils : Pierre de Lubersac officier et peintre en miniature (voir La Lettre de la miniature n° 30), et Jean-Baptiste Joseph, né le 18 mai , marié à Mlle de Beauvoir décédée sans enfant. Bibl. : Journal des sciences et des beaux-arts, 1777, p. 258. LA PAIX J. de – (actif ou active en 1824) Artiste signalé par une miniature : - Fillette blonde à mi-corps de face sur fond de nuages rosés, S.D.d. J. de la Paix 1824, ovale, H. 5,8 cm (vente à Mâcon, étude Duvillard, 23 juillet 2016, n° 157 repr.) LEGENDRE Louis-Pierre (Paris, 1723 ? – après 1790) Peintre, pastelliste, peintre en miniature. En 1765, il était l’un des quatre peintres au service de CharlesAlexandre de Lorraine, avec Jean-Pierre Sauvage, Chrétien Guillaume Mohrhardt et Ignace Katzl. - Charles-Alexandre de Lorraine à mi-corps de ¾ à droite dans un paysage, vers 1765, ronde sur une tabatière de l’orfèvre Pierre-François Drais (coll. privée ; exposition C.A. de Lorraine, Lunéville, 2012). Bibl. : Calendrier de la cour de son Altesse Royale pour l'année 1765, p. 25. Neil Jeffares, online dictionary, www.pastellists.com LE JUGE Simon (vers 1615 – Paris, 15 décembre 1668). Ce jourd’huy 15e decembre 1668 a été enterré le c. de deffunct Simon LE JUGE, peintre en miniature, décédé le mesme j. auquel enterrement ont assisté Joachim CRESNESTORF, maitre orlogeur à Paris, neveu dud. Et Gédéon GOBILLE, marchand de taile douce à Paris aussy allié, qui ont que ledit d. lors de son décès, était âgé de 53 ans et ont signé GREMSTORF, Gedeon GABRIELLE. Source : Registre du cimetière protestant des St Pères, relevé par Herluison. LE JUGE Simon II (actif en 1684). Peintre en miniature, paroisse Saint-Eustache, rue du petit-Lion. Protestant, il était le fils de défunt Simon Le Coq selon son contrat de mariage avec Marie Ferdinand le 10 décembre 1684. Archives : A.N., m.c., et/XLIV/0087 16 LEMOINE-BOUCHARD FINE ARTS Galerie. Sur rendez-vous ou sur le site www.lemoinebouchard.com. Prix sur demande. Prix et photos sur demande. De haut en bas, rares miniatures signées de : Jeanne-Philiberte LEDOUX, élève de J-B.Greuze, Portrait d’homme, v. 1798-1800, ses initiales en cheveux au dos. Mme MORIZE, de l’Académie de Toulouse, « Portrait d’Auguste Bresson de Cette ». Marquis JACOBS d’AIGREMONT, Maximilien (Max) du Bois des Cours marquis de la Maisonfort (Bonn, 1792 – Paris, 1848), en exil à Brunswick vers 1797. 17