connecticut / freedom trail - New London Maritime Society

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connecticut / freedom trail - New London Maritime Society
6 VAC A N C E S/ VOYAG E
LA PRESSE MONTRÉAL SAMEDI 3 SEPTEMBRE 2011
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VACANCES/VOYAGE
CONNECTICUT / FREEDOM TRAIL
EN NOIRS
ET BLANCS
En 1839, La Amistad transporte des Africains de la Sierra Leone, enlevés pour être vendus
comme esclaves à Cuba. Une tempête permet aux captifs de se défaire d’une partie de
leurs geôliers… mais le capitaine, survivant, réussit à diriger le bateau vers le Connecticut,
où les négriers comptent récupérer leur «marchandise». Or, grâce à un simple épicier,
l’affaire est entendue à la Cour suprême des États-Unis, prélude à l’abolition de l’esclavage!
La Freedom Trail du Connecticut retrace ce pan fascinant de l’histoire.
TEXTES
MARIE-CHRISTINE
BLAIS
PHOTOS
IVANOH DEMERS
ENVOYÉS SPÉCIAUX
CONNECTICUT
C
réée par une loi en août 1995 et
ouverte officiellement en septembre 1996, la Freedom Trail a
des assises dans 60 des 179 villes du
Connecticut : on y trouve aussi bien
des endroits associés à l’histoire de
La Amistad qu’à l’Undeground Rail (le
réseau qui permettaient aux esclaves
de se réfugier au Canada) ou à une
multitude d’événements liés à la lutte
à la ségrégation et à l’émancipation de
la population afro-américaine.
Ce sont les habitants du Connecticut
eux-mêmes qui posent la candidature
de leur propriété pour qu’elle figure
sur la Freedom Trail. À ce jour, quelques 130 lieux sont répertoriés et
accrédités : « Il faut que l’endroit ou
ses propriétaires aient joué un rôle
important et soutenu dans la marche
vers la liberté des Afro-Américains »
explique Cora Murray, responsable de
la Freedom Trail à l’Office de tourisme
du Connecticut. Une des particularités
de ce « chemin de la liberté », c’est
Connecticut
ÉTATS-UNIS
FARMINGTON
VALLEY
MANCHESTER
Connecticut
NEW LONDON
NEW HAVEN
BRIDGEPORT
qu’il réunit Noirs et Blancs, c’est-àdire les descendants des esclaves et
ceux des abolitionnistes blancs, qui
s’élevaient contre l’esclavage.
« La lutte pour la liberté dans notre
pays est une histoire qui n’est pas
racontée dans nos écoles, explique
Alfred Marder, qui a présidé à la création de la Freedom Trail. Notre mission, c’est justement d’utiliser le passé
pour façonner le présent. »
Tous les sites figurent dans une
brochure extrêmement bien faite et
distribuée par l’Office de tourisme du
Connecticut. Et septembre est le mois
de la Freedom Trail, avec de nombreuses activités au programme.
Ces jours-ci, Alfred Marder se bat
pour qu’on reconnaisse l’apport de
William Lanson, un esclave noir en
fuite qui s’est installé à New Haven vers
1807. Au début du XIXe siècle, alors
que les Afro-Américains sont toujours
considérés comme des biens que les
Blancs se lèguent par testament, Lanson
mène une vie étonnante de grand entrepreneur prospère.Il parvient ainsi en
1812 à concevoir et construire le prolongement du Long Wharf, dans le port
de New Haven, ce qui a donné à la ville
un véritable essor commercial. Lanson
a également creusé le canal qui traverse
New Haven, actuellement transformé en
piste cyclable. En butte à de nombreuses campagnes de dénigrement, à des
arrestations et des emprisonnements
répétés, Lanson est mort sans le sou et
abandonné de tous en 1851.
En suivant la Freedom Trail, on
découvre plein d’histoires du genre. En
voici quelques-unes.
2
1
JOSEPH CINQUE
LES BLACK GOVERNORS
HARRIET BEECHER STOWE
« Il nous a fallu 50 ans pour faire connaître l’histoire de
La Amistad, lance Alfred Marder, président du Amistad
Committee Inc., et nous passerons sans doute les 50
prochaines années à corriger la façon dont cette histoire
a été racontée dans le film de Steven Spielberg, avec des
erreurs de fait ! Enfin, c’est mieux que le silence et l’oubli… »
Chose certaine, dans ce film, le personnage de Cinque est
sans doute celui qui correspond le plus à l’homme de chair
qui l’a inspiré. Joseph Cinque a mené la révolte à bord et
est devenu le meneur des Africains captifs sur le bateau :
ces simples fermiers enlevés au Sierra Leone pour être
vendus comme esclaves. Intelligent, déterminé, courageux,
Cinque en impose à tous, et il incarnera peu à peu, pour les
Américains, le visage de la justice en butte à l’esclavage et
à la ségrégation. C’est d’ailleurs Cinque qui figure sur les
monuments élevés un peu partout au Connecticut pour
rappeler l’aventure humaine et judiciaire de La Amistad.
C’est le seul Africain (et non Afro-Américain) à avoir droit
un tel traitement dans tous les États-Unis. Ainsi, il figure
sur chacun des trois panneaux du magnifique et émouvant
monument sculpté par Ed Hamilton en 1992, devant l’hôtel
de ville de New Haven. Deux statues couvertes d’or représentant Cinque enchaîné, puis libre, figurent sur les grilles
entourant la Old State House de Hartford. Enfin, au musée
de New Haven, l’original du portrait de Cinque, peint par
Nathaniel Jocelyn en 1840, accueille les visiteurs.
En 1995, des élèves de l’école secondaire Hartford’s Fox
Middle School ont fait, par hasard, une découverte étonnante : il y a eu au Connecticut, du XVIIe au XIXe siècle,
des « black governors ». Nommés par leurs pairs, ces « gouverneurs noirs » étaient des esclaves qui représentaient leur
communauté. Jusqu’en 1995, personne n’en avait jamais
entendu parler ! À la fin de leur recherche en 1997, les élèves
avaient retrouvé la trace de cinq d’entre eux et, en 2001, la
Dre Katherine Harris a été nommée par l’État pour pousser
plus loin ces recherches. À ce jour, près d’une trentaine de
« gouverneurs noirs » ont été identifiés : « C’était plus un poste
de confiance que de pouvoir, confirme la Dr Harris, et ils ont
été présents dans l’histoire du Connecticut de 1640 à 1810.
Le plus touchant, c’est de penser que ce sont des enfants qui
ont amassé des fonds pour qu’un monument soit érigé dans
le cimetière de Hartford afin qu’y soient enterrés les restes
des “black governors ”, des esclaves et des affranchis noirs
qui n’avaient pas eu droit à une sépulture décente jusque-là. »
On peut donc aller se recueillir sur la tombe de 300 « Noirs
inconnus » mais non oubliés, au cimetière de Hartford.
L’impact du roman Uncle’s Tom Cabin, écrit par Harriet
Beecher Stowe en 1852, a été tel que le président Abraham
Lincoln a lancé, en rencontrant la romancière la première fois:
«C’est donc cette petite dame qui est responsable de cette
grande guerre qu’a été la guerre de Sécession» ! En décrivant les conditions inhumaines de l’esclavage aux États-Unis,
Harriet Beecher Stowe a en effet bouleversé la vision des
Américains de l’époque sur la question, et son roman a été au
XIXe siècle le livre le plus vendu, tout de suite après la Bible.
Toute la vie de Harriet Beecher Stowe est particulière. On
lui doit notamment la rédaction avec sa soeur Catharine, en
1869, du très populaire livre The American Woman’s Home,
qui servira de guide domestique à des générations de femmes!
À Hartford, on peut visiter sa maison, tout à côté de celle de
Mark Twain, l’un de ses amis. C’est dans cette maison qu’elle
a élevé ses sept enfants, écrit des articles, soigné des malades,
jardiné, milité pour un monde plus juste. Et c’est dans cette
maison qu’on peut consulter l’un des 26 volumes de signatures
qui lui ont été remis en 1853 par les femmes de GrandeBretagne: 563 000 signatures de femmes demandant aux
États-Unis d’abolir l’esclavage, c’est impressionnant… Encore
aujourd’hui, on se réunit dans la maison d’Harriet pour discuter de droits humains. Un exemple? Acheter des t-shirts faits
par des enfants sous-payés dans un pays en développement,
est-ce que ce n’est pas encourager l’esclavage contemporain?
African American Memorial Ancient Burying Ground, 60,
Gold Street, Hartford
Harriet Beecher Stowe Center
77 Forest Street, Hartford, harrietbeecherstowe.org
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