Il a vu les douze finales gagnées par le FC Sion

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Il a vu les douze finales gagnées par le FC Sion
32 La der
24 heures | Mercredi 3 juin 2015
Christophe Voeffray, entrepreneur
Il a vu les douze
finales gagnées
par le FC Sion
Philippe Dubath Texte
Philippe Maeder Photo
M
ais pourquoi Christophe
Voeffray, sur la photo,
est-il habillé en rouge et
blanc? On pourrait mettre cette élégance criarde
sur le compte de son goût affirmé – hérité
de sa maman, Katia, mannequin et artiste
– pour une mode excentrique, mais ce
n’est pas cela, cette fois: s’il porte les
couleurs valaisannes, c’est pour assumer
clairement son soutien au FC Sion avant
la finale de la Coupe de Suisse, qui se
jouera dimanche à Bâle et à laquelle il
assistera, bien sûr.
L’entrepreneur lausannois aime rappeler qu’il est un enfant de Martigny, qu’il
a vu sa première finale en 1965, main
dans la main avec son papa, Michel, au
stade du Wankdorf à Berne. Ce jour-là, il
ne savait pas que Sion jouerait et gagnerait encore onze finales et que, à chaque
fois, il serait présent. «Quand j’étais
gosse, à Martigny, mon père était du comité du club local. On vivait avec le football, et c’est à Sion qu’on allait voir des
grands matches, des grands joueurs. Le
football a changé mais pas les Valaisans:
ils aiment la passion, l’émotion et ce petit
club de Sion qui n’est pas élitaire, ni puissant, qui les représente, les rassemble. Je
n’ai pas raté une finale et je n’en raterai
pas une. Cette fois, j’y serai avec mes
enfants, Sacha et Valentine.»
Passion, émotion, les deux mots résument assez bien Christophe Voeffray, un
homme qui est connu de tout le monde et
qui connaît tout le monde. Par le football,
d’abord, puisqu’il a joué dans pas mal de
clubs où il a cultivé avec plaisir ses trois
qualités qu’il définit lui-même en riant: «Je
vais vite, vite et vite!» Par ses écoles, puisque, dès l’âge de 10 ans, il vécut en internat à Champittet, à Lausanne, où sur fond
de sentiment d’abandon et de réel éloigne-
ment de la famille sont nés des liens durables, au point qu’il est resté pendant des
années président des anciens élèves du
collège. Par le travail, ensuite: tel un footballeur qui goûte à plusieurs postes différents, il a été gérant de fortune junior dans
une banque vaudoise, vendeur de légumes à Bâle, avant de fonder à Lausanne
son entreprise en recrutement, Velcom,
ce qui l’a amené à présider la section vaudoise de l’Association suisse des cadres.
Si Christophe Voeffray reste présent
dans les esprits de ceux qui croisent sa
route, c’est sans doute grâce à son empathie naturelle – «à l’école, j’avais toujours
le prix de camaraderie, pas celui de l’académie» – mais aussi grâce à son humour
parfois irrésistible, salué dans les séances
de travail comme dans les vestiaires de
«Christian Constantin
est un homme
attachant qui a besoin
de reconnaissance»
football. «Je crois que je suis drôle, oui,
j’ai le sens de la repartie et je ne crains pas
l’autodérision. Mais je ne suis jamais méchant. En fait, je manque terriblement de
confiance en moi, alors j’ai besoin de
charmer, de lire sur le visage des autres
un sourire, un regard amical, une complicité, et l’humour est un bon moyen d’y
parvenir.»
Cet homme qui aime la vie, qu’un rien
rend heureux et souriant, mais qu’un
autre petit rien peut laisser malheureux
et dépité, aurait pu quitter ce monde il y
a quinze ans et ne plus jamais offrir à ses
potes, à la fin des entraînements, ses bons
mots mais aussi la mandarine, l’orange,
l’abricot – du Valais bien sûr – qu’il sort
joyeusement de son sac de sport. «Une
nuit, en l’an 2000, je suis tombé de mon
Carte d’identité
Né le 2 août 1960 à Lausanne.
Six dates importantes
1965 Assiste à sa première finale de
Coupe de Suisse, Sion - Young Boys.
1970 Entre en internat au Collège
Champittet à Lausanne.
1988 Fondation de Velcom, recrutement
de personnel. «Hélène Thiébaud est mon
associée depuis 2014.»
1992 «Décès de mon papa, Michel.
Naissance de ma fille, Valentine.
Ils ne se sont pas connus.»
1996 «Naissance de mon fils, Sacha.»
2000 «Je fais un AVC le 14 février.»
lit et j’ai passé six heures paralysé sur le
sol. J’ai réussi à me relever, à sortir, mais
quand j’ai bégayé en commandant mon
café, puis au bureau quand les mots ne
sortaient pas, j’ai compris. AVC (accident
vasculaire cérébral). Je suis resté plusieurs semaines au CHUV où j’ai beaucoup prié. Il semble que le bon Dieu m’a
entendu.» Depuis ce temps-là, il ne prie
plus pour être aidé, mais pour remercier
des bons moments qu’il vit en quête
d’amour durable. Car, s’il est en somme
l’homme de plusieurs familles réparties
entre Vaud et Valais, il n’a jamais réussi à
en fonder une vraie. «Un divorce, un mariage annulé au dernier moment, j’ai vécu
des trucs qui font mal, mais il faut croire
que ma vie c’est ça, la quête permanente
de l’amour! Cela peut me faire passer
pour un macho, pourtant je jure que je ne
suis qu’un gros sentimental, un tendre
avec beaucoup de féminité en moi.»
Revenons-en à dimanche. Au FC Sion.
A la finale à Bâle. Et à l’amitié de Christophe Voeffray pour Christian Constantin,
président du club valaisan: «Je l’aime
comme un grand frère, il me fait du bien.
Avec tout ce que nous avons fait ensemble, je pourrais dire que je le connais
bien, mais personne ne peut prétendre
vraiment bien le connaître. Je sais juste
que Christian est un homme simple et
attachant qui a, comme moi, un immense
besoin de reconnaissance.»
Dimanche, treizième finale du FC
Sion, treizième finale de Christophe Voeffray. Il sera en rouge et blanc. Les couleurs de son cœur aux treize étoiles.
Histoire
Ce jour-là
Tiré de la Feuille d’Avis de
Lausanne du 3 juin 1953
Château-d’Œx Anglais en fête
Les membres de la colonie
anglaise qui habitent la localité
ont fêté le couronnement de leur
reine, mardi. Dès le matin, ils firent
voisiner les couleurs de leur pays
avec celles du nôtre aux façades.
Dans l’après-midi, les enfants se
sont réunis au chalet du Vallon où
M. Kearley, Canadien, leur offrit
un succulent goûter. Parmi eux –
ils n’étaient certes pas les moins
heureux – se trouvaient 35 enfants sinistrés de l’île de Canvey
(ndlr: dans l’estuaire de la Tamise)
et de Tilbury qui se remettent à
Château-d’Œx, grâce à l’œuvre
internationale de secours aux
enfants, des maux que leur
procura l’inondation du début de
février.
Grande-Bretagne Les triplés du
couronnement Des triplés –
deux filles et un garçon – sont
nés, mardi, à Hayes, dans le
Middlesex. «Comme c’est le jour
du couronnement, a déclaré
le père, nous allons les appeler
Elisabeth, Margaret et Philip.»
La mère et les enfants se portent
bien.
VC3
Contrôle qualité
Elle fait l’actualité le 3 juin… 1953
100
millions de livres
sterling. Selon les experts
britanniques, le montant des
dépenses publiques et privées
entraînées, directement ou
indirectement, par le couronnement de la reine Elisabeth.
Lausanne Célébration La colonie
britannique et ses invités se sont
réunis mardi matin à l’église
anglaise en un culte solennel
pour célébrer dignement le
couronnement de S. M. la reine
Elisabeth II. (…) On remarquait
la présence de S. M. la reine
d'Espagne, accompagnée par
Mme la marquise de Galbara,
S. A. R. la princesse Elisabeth du
Danemark, qui est actuellement
en séjour dans un pensionnat
de notre ville, Mme la duchesse
Decazes, Mme la baronne
d’Arnim, Mme la générale Henri
Guisan (…). La Municipalité était
représentée par M. Henri Genet,
directeur des Travaux. (…)
M. Oulevey, président du Conseil
d’Etat, accompagné de madame,
représentait le canton. (…) Après
le culte, un nombreux public
resta à l’église pour écouter le
service de l’abbaye de Westminster, retransmis par radio.
Elisabeth a été couronnée devant le monde entier
Avant de s’adresser à ses
peuples via la radio, la reine
a prêté serment devant
les caméras de la BBC
Ce fut un spectacle «grandiose»,
assure la Feuille d’Avis de Lausanne
du 3 juin 1953. Le jour précédent à
Londres, pour le couronnement
d’Elisabeth II, 27 ans, il y eut tout
d’abord la procession partant du
palais de Buckingham. La foule
massée le long du parcours vit des
limousines, puis des landaus, emmenant «la reine de Tonga, venue
de son île de l’océan Pacifique, les
sultans de Zanzibar, des Etats malais et des territoires britanniques
de la Sonde». D’autres broughams,
comme celui de Winston Churchill, des carrosses, tel celui de la
reine mère, des cavaliers en grand
uniforme, des maréchaux et des
amiraux toutes décorations dehors. Enfin, «les acclamations de la
foule montent lorsque apparaissent les huit chevaux gris du carrosse de la reine Elisabeth. De sa
main, elle salue gracieusement et
lentement ses hôtes. (…) Les ambulanciers emportent maintes
personnes évanouies, soit par ex-
Elisabeth II
lors de la
cérémonie,
le 2 juin
1953,
à l’abbaye
de Westminster,
attendant
l’hommage
des
ecclésiastiques, des
princes de
sang royal
et des
nobles. AFP
cès de fatigue et d’émotion, soit,
plus rarement, parce que bousculées dans la foule ou tombées de
quelque haut lieu, imprudemment choisi.»
Une demi-heure plus tard, «la
reine Elisabeth quitte son carrosse
sous les acclamations d’une foule
délirante pour pénétrer dans l’abbaye de Westminster, où les souverains d’Angleterre sont couronnés
depuis le XIe siècle». 7000 invités
l’y attendent. Première dans l’his-
toire, l’ensemble de la cérémonie
est filmé et diffusé par la BBC. Les
sujets du Royaume-Uni peuvent
ainsi voir leur souveraine au moment crucial. «Madame, dit l’archevêque [de Cantorbéry] d’une
voix grave, votre Majesté est-elle
disposée à prêter serment?» La
reine répond: «Je le suis.» L’archevêque demande alors: «Voulezvous promettre et jurer solennellement de régner sur les peuples du
Royaume-Uni de Grande-Bretagne
et d’Irlande du Nord, du Canada,
de l’Australie, de la NouvelleZélande, de l’Union sud-africaine,
du Pakistan et de Ceylan et de
leurs possessions et autres territoires selon leurs lois et coutumes?
«Je le promets solennellement»,
répond la reine.»
Le soir à 21 h, la reine s’adressera à ses sujets qui, par millions,
dit-elle, «ont suivi les fêtes par la
radio ou la télévision. Pendant
toute cette journée mémorable,
j’ai été inspirée et soutenue par le
fait de savoir que vos pensées et
vos prières m’accompagnaient,
que tous mes peuples, épars dans
chaque continent et dans chaque
océan, étaient unis pour me soutenir dans la tâche à laquelle j’ai
été dédiée avec tant de solennité.»
Elisabeth II était en fonctions
depuis la mort de son père,
George VI, le 6 février 1952. L’étiquette voulait cependant que le
couronnement, jour de fête, soit
éloigné du jour de succession,
jour de deuil. G.SD
Article paru le 3 juin 1953 dans la
Feuille d’Avis de Lausanne.
Archives consultables sur
scriptorium.bcu-lausanne.ch

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