Propos liminaire sur le Knock-out (KO)
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Propos liminaire sur le Knock-out (KO)
Colloque scientifique CNOSF Propos liminaire sur le Knock-out (KO) Docteur Georges PEREZ Président fondateur de l’Association Médecine Boxe Sur le plan technique, dans un combat de boxe, le Knock-out (KO) se traduit par l’impossibilité de reprendre le combat au bout de 10 secondes. Sur le plan médical, le KO associe deux mécanismes : un traumatisme cérébral ; une perturbation des centres assurant le tonus musculaire et l’équilibre. Les coups à l’origine du KO principalement des coups circulaires (crochet, uppercut). Ces coups provoquent une brusque et violente rotation de la tête. Les muscles du cou jouent un rôle majeur, dans la mesure où ils réduisent la fréquence et la gravité des KO. 1. Le traumatisme cérébral Le traumatisme cérébral est un mécanisme indirect qui se caractérise par un déplacement de la masse cérébrale à l’intérieur de la boîte crânienne pour venir buter contre la voûte crânienne. Cette collision entraîne une brève perte de connaissance. Mais le KO se caractérise également par des troubles du tonus musculaire. Lorsque le crochet arrive, il provoque une rotation de la boîte crânienne. Or le cerveau suit ce mouvement de rotation avec retard et vient buter contre la table interne pour s’écraser contre la voûte crânienne. Dans certains cas, le cerveau peut être renvoyé de l’autre côté de la boîte crânienne. Ce sont des phénomènes de coup et de contrecoup. 2. Perte d’équilibre et de tonus postural Pour tenir debout, nous avons besoin d’un système neurologique qui fonctionne bien, c’est-à-dire qui donne les bonnes informations aux muscles pour résister à l’apesanteur. Le système neurologique fonctionne avec trois récepteurs : la rétine, qui enregistre l’image qui défile devant les yeux ; les canaux semi-circulaires de l’oreille interne qui, avec les cristaux et le liquide situé à l’intérieur, renseignent sur la position de la tête dans l’espace ; les fuseaux neuromusculaires des muscles du cou, véritables dynamomètres situés à l’intérieur du cou, qui, suivant le degré d’étirement des muscles du cou, vont également renseigner le cerveau sur la position de la tête dans l’espace. Les centres du cerveau associés à ces récepteurs sont le cervelet et le transcérébral, qui ont des liaisons neurologiques avec la frontale ascendante pour donner les ordres aux muscles de redresser le corps dans un sens ou dans l’autre. Enfin, les muscles sont les effecteurs pour tenir en équilibre. Paris, le 8 février 2012 82 Colloque scientifique CNOSF Lors d’une brusque et violente rotation de la tête, les trois récepteurs précédents sont hyperstimulés. Or chez l’homme, comme chez les animaux, lorsque les systèmes neurologiques sont stimulés très au-delà des conditions physiologiques habituelles, ils répondent, en quelque sorte, comme un disjoncteur qui reçoit une surtension électrique et coupent le courant. Que faire après un KO ? Après un KO cérébral, le repos cérébral est indispensable. Le boxeur ne doit plus prendre de coup pendant au moins une durée d’un mois. C’est pourquoi le règlement de la Fédération Française de Boxe prévoit un repos total de 28 jours. Pendant cette période, le boxeur peut faire du footing ou s’entraîner mais il ne doit pas prendre de coup sur la tête. 3. Prévention des KO La meilleure prévention des coups est d’apprendre, dans les salles d’entraînement, les techniques d’esquive et de blocage. De plus, la préparation technique doit comporter un renforcement des muscles du cou. Les arbitres et les entraîneurs doivent être bien formés et bien recyclés car l’arbitre peut arrêter le combat s’il juge que le boxeur est en danger. Quant à l’homme de coin, il peut jeter l’éponge pour sauver son boxeur s’il le voit en difficulté. 4. Conséquences graves exceptionnelles Les conséquences graves sont exceptionnelles. J’ai personnellement effectué une recherche dans les archives de la Fédération Française de Boxe et je n’ai recensé que 27 décès depuis 1945 pour des dizaines de milliers de combats organisés en France. Le risque de mourir sur un ring est donc très faible. Depuis que j’ai réalisé cette recherche, seuls deux ou trois décès sont intervenus. Le décès du boxeur survient à l’occasion d’une hypertension intracrânienne provoquée par le traumatisme crânien. Le cerveau gonfle à l’intérieur de la boîte crânienne et n’a pas d’endroit où s’échapper hormis par le trou situé à la base du crâne. Lorsque le cerveau s’y engage, toutes les fonctions cérébrales s’arrêtent et l’électroencéphalogramme devient plat. A ce stade, l’équipe médicale arrête la réanimation car elle devient inutile. Docteur Jean-François CHERMANN On peut évoquer le syndrome du second impact pour expliquer certains de ces décès même si les sujets n’avaient pas tous moins de 21 ans lors du décès. On peut en effet penser que soit au cours du combat, soit le jour précédent à l’occasion d’un entrainement, les boxeurs aient contracté une commotion avec une souffrance du cerveau voire un léger hématome passé inaperçu et la survenue d’un nouveau coup sur ce cerveau incomplètement guéri ait été fatal. Docteur Alain CALMAT La commotion cérébrale pose à la fois un problème de diagnostic et un problème de comportement à adopter par l’entourage du sportif. Paris, le 8 février 2012 83