Bien viser son marché Masques de soudage
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Bien viser son marché Masques de soudage
1 | Mars 2013 Le magazine du commerce extérieur Go! Bien viser son marché Masques de soudage: Optrel cible le haut de gamme pour regagner des parts de marché Interview Urs Rickenbacher, CEO de Lantal Textiles, à propos du positionnement de niche et de l’apprentissage 2 | xxxx xxxx Exporter – en toute sécurité. Le risque d’un défaut de paiement existe-t-il chez vos clients à l’étranger? Le pays exportateur présente-t-il des risques politiques ou économiques particuliers? Nous assurons vos opérations d’exportation et vous donnons la garantie que vos livraisons seront payées. Pour le compte de la Confédération, nous couvrons des risques pour lesquels le marché privé n’offre pas de solutions adéquates. De plus, nos assurances et nos garanties facilitent le financement d’exportations et vous aident ainsi à préserver les liquidités de votre entreprise. Exportez en toute sécurité. Contactez-nous. +41 58 551 55 55 [email protected] www.serv-ch.com Sommaire Editorial | 03 04 Ciblage total: le fabricant de composites carbone CONNOVA se concentre avec succès sur 2% du marché mondial. 12 Avec ses solutions logicielles pour le secteur bancaire, Finnova SA se lance à l’assaut du marché asiatique depuis Singapour. 04 | Spécial Nouveaux marchés, nouvelles chances Une diversification ciblée 10 | SIPPO Un accompagnement sur plusieurs années Conseil et marketing foires font leurs preuves 12 | Success Story Finnova Logiciels performants pour banques dynamiques 14 | Interview Urs Rickenbacher, CEO de Lantal Textiles «Nous nous donnons du temps et du champ pour innover» 18 | O pportunités Turquie La Turquie décolle – propulsée par Turkish Airlines 20 | Location Promotion Nourrir le dialogue Promouvoir la Suisse d’une seule voix 22 | S avoir-faire Gestion des liquidités Comment faire fructifier ses liquidités ews & Events 24 | N Les meilleurs exportateurs au Forum du commerce extérieur 25 | G raphique sectoriel Industrie textile Une branche qui se réinvente en permanence 26 | Noir sur blanc Chances pour l’avenir Voir grand: le modèle de la réussite helvétique Impressum Paraît quatre fois l’an en allemand et en français. Editeur: Osec, Stampfenbachstrasse 85, CH-8006 Zurich, tél. +41 44 365 51 51; e-mail: [email protected], Internet: www.osec.ch. Rédaction: Communication Osec, Sibylle Zumstein (rédactrice en chef «Go!»); collaboration rédactionnelle, production et conception graphique: Infel AG – Michael Flückiger (textes) et Franziska Neugebauer (art direction). Traduction française: Valérie Leyvraz (Osec), Florence Ferrer, Corinne Gabriel, François Jamme. Photo de couverture: Nicola Pitaro. Photos: Nicola Pitaro, Bertrand Cottet, Tomas Wüthrich, Martin Guggisberg, Andreas Gerber, Keystone / SPL / Volker Stegel, Keystone / Urs Flueeler, Marco Cristofori / Corbis, Bildagentur-online / Tips-Images, zVg. Lithos: n c ag, 8902 Urdorf. Impression: Schellenberg Druck AG, Schützenhausstrasse 5, 8330 Pfäffikon ZH Daniel Küng CEO de l’Osec S’étendre sur de nouveaux marchés par un ciblage clair Les exportateurs suisses qui réussissent sont ceux qui ciblent parfaitement leurs marchés. La contraction des ventes et l’érosion des marges dans une zone euro déprimée obligent nos PME à élargir leur horizon. Les pays BRIC et émergents, dont la croissance ne se dément pas, aiguisent les appétits. Mais gare à ne pas se disperser: il est capital de décider quel marché aborder et avec quel produit et de s’appuyer sur ses points forts. Pour exporter efficacement, un bon ciblage est de rigueur. CONNOVA, un fabricant de pièces en matériaux composites pour l’industrie aérospatiale et pour le sport automobile, a axé son portefeuille sur seulement 2% du marché. L’entreprise peut ainsi concentrer ses efforts à l’international sur un étroit segment de clientèle. La branche textile doit constamment se réinventer. C’est parfois la façon dont une entreprise se définit qui lui dicte sur quoi se focaliser. C’est le cas de Lantal Textiles, qui opère actuellement sa mue: cette entreprise textile devient un fournisseur de solutions complètes. Son CEO, Urs Rickenbacher, souligne l’importance de la créativité et explique le rôle joué par les collaborateurs. les grandes aspirations de l’économie turque et comment le pays fait le lien, dans les airs et commercialement, entre les grandes puissances industrielles. Vous découvrirez également dans ce numéro Enfin, selon le diagnostic de notre chroniqueur Gerhard la Suisse souffre certes de problèmes liés à sa prospérité, mais elle doit continuer à miser sur son ambition et sur ses valeurs libérales pour assurer la pérennité du Sonderfall Schweiz. Schwarz, 04 | Spécial Nouveaux marchés, nouvelles chances La crème de l’ingénierie suisse: les casques automatiques de soudage Optrel sont aussi prisés que les pièces en carbone de CONNOVA (à dr.). 05 Une diversification ciblée Se concentrer sur certains segments et produits permet de prospecter plus efficacement de nouveaux marchés. CONNOVA, spécialisée dans les matériaux composites, et Optrel, qui fabrique des masques de soudage, ont choisi d’aborder des marchés bien circonscrits avec des solutions réellement novatrices. Par Michael Flückiger 06 | Spécial Nouveaux marchés, nouvelles chances L Daniel Küng, CEO de l’Osec. Mais de préciser que les entreprises performantes à l’exportation sont celles qui se limitent à une palette resserrée de produits et de segments de clientèle à haute valeur ajoutée. Se concentrer avant de se déployer, voilà la recette. Cette façon de faire permet de bien cerner les marchés, de viser des objectifs de ventes concrètes et de mieux approcher les clients. société CONNOVA. Ses nervures, son empennage, ses ailerons, son cockpit et ses entretoises sont en effet réalisés dans ce matériau révolutionnaire. «Nous fabriquons des éléments devant résister aux pires contraintes, ce qui nous oblige à innover. Pour satisfaire aux exigences spécifiques de nos clients, nous devons tout remettre à plat et explorer de nouvelles voies.» En quelques années, Jon Andri Jörg, le CEO de CONNOVA, a fait de l’entreprise, jusqu’alors spécialisée dans les modèles réduits, un acteur high-tech: ses composants équipent désormais les appareils de mesure Leica, des satellites météorologiques, des hélicoptères (Eurocopter), les avions Pilatus ou bravent des conditions extrêmes en tant qu’éléments aérodynamiques des Formule 1 Sauber. Quand Jon Andri Jörg a repris l’entreprise en 2010, celle-ci comptait 26 collaborateurs et un ingénieur. Aujourd’hui, ils sont 40 et six ingénieurs. «Nous sommes plus une société d’ingénierie que de production», glisse Jon Andri Jörg. Pour autant, une visite sur site permet très vite de comprendre que ce travail ne se fait pas seulement sur des planches à dessin ou devant des écrans mais aussi et surtout sur des objets réels. Ici, le fignolage est roi. Sur leurs établis, les collaborateurs de l’entreprise, armés de plans détaillés, coupent, collent, chauffent et estampent feuille de carbone sur feuille de carbone à l’aide de ciseaux, de scalpels, de résines spéciales et de sprays réfrigérants pour revêtir des pièces matricées de couches de fibres de carbone. «A bien des égards, nous sommes un vrai atelier appliquant des processus presque artisanaux», poursuit Jon Andri Jörg non sans une pointe de fierté. Une concentration exemplaire 100 clients cibles dans les high-tech L’entreprise CONNOVA, sise à Villmergen (AG), a procédé à un ciblage exemplaire de sa clientèle. Fabriquant des éléments en composites carbone pour l’industrie aérospatiale, le sport automobile et les techniques médicales, elle se concentre sur des productions très pointues en petite série. L’entreprise estime couvrir 2% d’un marché des composites de carbone en plein essor évalué actuellement à 55 milliards de francs. CONNOVA produit des solutions complètes, ingénierie et fabrication, à haute valeur ajoutée. S’étendre à l’international est donc pour elle non pas une option, mais une obligation. Le marché mondial des composites carbone pèse 55 milliards de francs et croît de 12% par an. Forte d’un chiffre d’affaires proche de 10 millions de francs, CONNOVA couvre un segment représentant 2%. «Nous entendons être les meilleurs.» Un ciblage qui a permis à CONNOVA d’identifier 100 clients prioritaires en 2010. «Nous n’avons pas seulement retenu les clients les plus exigeants et les plus novateurs, mais aussi ceux dont les volumes correspondent à notre taille. Airbus était trop grand, mais pas Eurocopter.» L’entreprise a gagné cinq clients internationaux en 2011, dont trois devraient dès 2013 être les piliers de son chiffre d’affaires. Un départ digne d’une course de Formule 1! Mais se concentrer sur un segment aussi étroit implique nécessairement un développement à l’international. Jon Andri Jörg en est pleinement conscient: «Notre principal capital, c’est la passion de nos collaborateurs. Nous entendons profiter de cette diversité de pensées en misant sur une culture ouverte.» CONNOVA applique donc une politique de recrutement sur le long terme. Elle embauche des ingénieurs en provenance de ses principaux marchés cibles, les forme et les emploie à y créer de nouveaux sites. «Un jeune ingénieur américain vient d’être recruté. Son dynamisme va nous permettre de faire des études sur le marché des Etats-Unis plus parlantes que celles que nous auraient livrées des entreprises de consulting hors de prix.» Et Jon Andri Jörg de préciser que sa jeune a crise de l’euro a laissé des traces: les entreprises suisses, dont les exportations sont encore à 60% dirigées vers l’UE, prennent un tour plus global en diversifiant leurs activités à l’étranger et en essayant de prendre pied sur de nouveaux marchés prometteurs. Nul ne saurait leur en tenir rigueur puisque, d’après Eurostat, le PIB de la zone euro a reculé de 0,5% en 2012. L’expansion en Europe passe donc provisoirement au second plan. Qui plus est, diversifier les devises, les canaux de distribution et les chaînes logistiques sécurise les investissements et réduit le cumul des risques. La variété des opportunités à l’exportation est toutefois porteuse d’un risque, celui de s’éparpiller. «La diversification géographique est indispensable et les entreprises exportatrices suisses doivent gagner en indépendance si elles veulent rester dans la course», explique «Notre capital, c’est la passion de nos collaborateurs et notre focalisation sur les tâches les plus exigeantes.» Jon Andri Jörg, CEO de CONNOVA SA à Villmergen Des éléments d’avenir ultralégers Hyper-légers et très résistants, les matériaux composites peuvent, selon la disposition des fibres et les forces exercées, être rigides ou élastiques sans jamais se dilater sous l’effet de la chaleur. Le carbone permet d’atteindre des caractéristiques très spécifiques, notamment en termes de poids et de résistance. L’alliance résine-fibres autorise par exemple des ailes novatrices, à l’image de celles de «Solar Impulse», l’avion futuriste de Bertrand Piccard, qui est en grande partie réalisé en fibres de carbone. Long de 22 m, d’une envergure de 73 m, le bel oiseau ne pèse pas plus qu’une voiture milieu de gamme et glisse en silence audessus des nuages grâce aux nombreuses trouvailles de la 07 Un travail de précision: les collaborateurs de CONNOVA à Villmergen élèvent l’ingénierie au rang d’art pour le compte de l’industrie aérospatiale, des techniques médicales et du sport automobile. 08 | Spécial Nouveaux marchés, nouvelles chances Les écrans à cristaux liquides à commande électronique sont la pièce maîtresse des casques automatiques de soudage d’Optrel, domiciliée à Wattwil. recrue devrait grandement contribuer à booster le chiffre d’affaires aux Etats-Unis. L’approche de CONNOVA est la même au Portugal, où la société brésilienne Embraer, le quatrième constructeur aéronautique mondial, entend ouvrir un centre de production. Une chance pour CONNOVA, qui transmet à un ingénieur portugais tout son savoir-faire et sa culture d’entreprise pour qu’il mette sur pied une usine sur place destinée à livrer des pièces aéronautiques à Embraer. Pour Jon Andri Jörg, le doute n’est pas permis: «C’est une opportunité pour nous et pour les jeunes ingénieurs, qui peuvent ainsi réussir dans leur propre pays.» Soudeur, un dur labeur L’entreprise Optrel, basée dans le Toggenbourg, produit des masques de soudage dotés d’une protection visuelle s’adaptant automatiquement aux variations de luminosité. Elle aussi a dû réorienter sa cible, car elle était en effet proche du dépôt de bilan en 2010. Mais, trois ans plus tard, elle est de nouveau sur pied et vole de succès en succès en Russie, au Brésil et en Australie. Le soudage dégage des ultraviolets, des étincelles et des gaz et génère des températures de 3200 degrés menaçant gravement la peau, les yeux et les voies respiratoires des soudeurs. Ceux-ci portent donc de plus en plus des casques dotés de filtres automatiques contre l’éblouissement et d’une commande électronique leur permettant de réagir rapidement aux variations de luminosité et de rayonnement ultraviolet. La garantie d’un travail plus sûr et plus efficace. En matière de protection de soudage, la révolution a été initiée en 1985 à Wattwil. «Mon père, Albert Koch, et ses partenaires ont très vite pris pied à l’international. Optrel est devenu synonyme de casques de soudage automatiques», explique Marco Koch, le président du Conseil d’administra- 09 tion. Difficile donc de croire que l’entreprise, qui compte 50 collaborateurs, ait frôlé le pire en 2010. «La vente au géant des protections de travail Sperian en 2000 et la nouvelle appellation Sperian Welding Products (SWP) nous ont fait du mal», poursuit Marco Koch. Les casques, pourtant si complexes à produire, n’étaient plus qu’un élément parmi d’autres dans la gamme des protections de travail, à côté des gants, vestes ou bouchons d’oreilles. La marginalisation était enclenchée, et les chiffres ont rapidement plongé. Il fallait réagir. Bouleversement culturel et regain de fierté Afin de sauvegarder l’emploi et de donner un nouveau souffle à Optrel, les frères René et Marco Koch ont racheté l’entreprise et lui ont rendu ses lettres de noblesse. Marco Koch, qui avait déjà créé puis revendu une entreprise à succès de 130 collaborateurs dans le domaine des capteurs, a alors enclenché un bouleversement culturel. «Il m’a fallu apprendre beaucoup de choses», relève-t-il en préambule, lui qui a dû développer des solutions pour le marché russe sur la base des stocks existants de casques SWP. «Grâce à l’Osec, nous avons pu trouver en United Machinery un partenaire habitué à la Russie et capable de nous fournir une solution de marché complète.» Installée à Moscou, United Machinery a ainsi endossé le rôle d’entreprise générale pour le compte d’Optrel. Elle a repris les stocks et la logistique, embauché un professionnel de la vente et s’est chargée des formalités douanières et fiscales. Depuis, les ventes progressent d’environ 30% par an. L’année prochaine, Optrel devrait même atteindre le million de francs de chiffre d’affaires en Russie. «Nous tirons parti de la mentalité des Russes, qui veulent soit le moins cher, soit le fin du fin. Or, dans les secteurs florissants de l’acier, du pétrole et du gaz, le fin du fin est juste suffisant. Peu importe le prix, seule la qualité compte.» Mais, au-delà de ces secteurs, les techniques de soudage sont également recherchées dans les transports, le bâtiment ou encore les chantiers navals, grands dévoreurs de soudures. Et même le secteur automobile, pourtant industrialisé à l’extrême, ne saurait renoncer au facteur humain tant que les robots soudeurs seront incapables d’effectuer des tâches complexes. Doper la demande par l’innovation Le marché des casques de soudage automatiques s’élève à quelque 250 millions de francs par an. 95% des produits Optrel partent à l’exportation et, le marché étant petit, l’innovation est de mise. «Il nous faut non seulement gagner de nouveaux clients, mais aussi stimuler la demande au travers de nouveaux développements, souligne Marco Koch. Actuellement, notre modèle Optrel e3000, un masque de soudage équipé d’un respirateur, offre une protection, un confort et une efficacité sans équivalents. Et, en septembre, nous présenterons à Essen une autre nouveauté mondiale lors de «Schneiden und Schweissen», le plus grand salon spécialisé.» Autant de produits novateurs qui rencontrent un vif intérêt dans les pays scandinaves, où les législations sanitaires sont très avancées, et qui devraient permettre à Optrel de progresser encore sur le marché des pipelines du nord de l’Europe. Viser plus haut Optrel n’entend pas seulement gagner des marchés grâce à l’innovation. Avec l’appui de conseillers spécialisés en Allemagne, aux Etats-Unis, en France, en Grande-Bretagne et dans les pays scandinaves, Optrel veut mieux informer les distributeurs spécialisés et les importateurs, afin de susciter leur enthousiasme. Des conseillers spécialisés accompagnent déjà les intermédiaires et importateurs chez les clients. Sur Internet, Optrel mise sur le «Si nous arrivons à susciter l’enthousiasme pour nos produits directement auprès de nos clients, alors nous serons au top.» Marco Koch, président du Conseil d’administration d’Optrel dynamisme véhiculé par des images montrant des casques futuristes aux couleurs tendance. Le message est clair: porter un casque Optrel, c’est s’offrir le meilleur de la technologie et de la protection. Marco Koch le dit sans détour: «Si nous arrivons à susciter l’enthousiasme pour nos produits directement auprès de nos clients, alors nous serons au top. Et pas seulement sur le haut de gamme.» Plus d’informations: www.osec.ch 10 | SIPPO Salons non-food Une chance pour les importateurs Conseil, marketing, présence à des salons et intermédiation commerciale: le Swiss Import Promotion Programme (SIPPO) accompagne des PME issues de pays partenaires sur la voie de l’exportation, par exemple lors du salon de la maison et du textile Heimtextil à Francfort ou de la foire de l’ameublement «imm» à Cologne. Par Michael Flückiger E ve Bächtold le dit d’emblée: «Nous ne soutenons que les entreprises qui recèlent un potentiel tangible et dont les produits répondent à une demande réelle.» Depuis 1999, la responsable du programme de promotion des importations SIPPO pour le secteur non-food n’a pas raté une édition du salon Heimtextil de Francfort, qui a la réputation de donner le ton pour toute la branche. La conseillère émérite entretient des contacts avec des importateurs suisses en quête de nouveaux fournisseurs. C’est en fonction de leurs exigences qu’elle sélectionne les participants dans les pays partenaires, où le programme entend promouvoir la libre économie de marché et renforcer la compétitivité de PME triées sur le volet. Et libre n’est pas un vain mot: «En toute logique, nous n’aidons que des entreprises privées, sans lien avec l’Etat», précise Eve Bächtold. La collaboration qui en résulte contribue à «Trois ans suffisent en général pour aider les entreprises à prendre leurs marques.» Eve Bächtold Pays partenaires SIPPO Pays soutenus par le programme SIPPO: Afrique du Sud, Albanie, Bolivie, Bosnie-Herzégovine, Cambodge, Colombie, Egypte, Ghana, Indonésie, Kosovo, Macédoine, Népal, Pérou, Serbie, Tunisie, Ukraine, Vietnam Pays importateurs SIPPO Débouchés visés par le programme SIPPO: Allemagne, Autriche, Belgique, Bulgarie, Chypre, Danemark, Espagne, Estonie, Finlande, France, Grande-Bretagne, Grèce, Hongrie, Islande, Irlande, Italie, Lettonie, Liechtenstein, Lituanie, Luxembourg, Malte, Norvège, Pologne, Pays-Bas, Portugal, République tchèque, Roumanie, Slovaquie, Slovénie, Suède resserrer les liens commerciaux entre les pays partenaires et la Suisse, voire l’UE. Une soie cambodgienne du plus bel effet Lors de Heimtextil en janvier 2013, Eve Bächtold a présenté trois entreprises cambodgiennes et trois indonésiennes. Avec leurs étoffes de soie tissées main, les trois PME de Phnom Penh ont fait fureur auprès des négociants, dont l’œil exercé se trompe rarement. Eve Bächtold, qui a guidé ses poulains dans la sélection et la mise en valeur de leurs produits, s’est vue confortée dans ses choix. Plusieurs sociétés des marchés ciblés (à savoir la Suisse, l’Europe, le Canada et les Etats-Unis) se sont en effet renseignées sur les produits et ont voulu rencontrer les représentants des fabricants. Un écho favorable qui l’incite à l’optimisme pour les deux années à venir (chaque entreprise étant accompagnée sur une période de trois ans). Les entreprises indonésiennes, qui exposaient à Heimtextil pour la deuxième fois, ont quant à elles pu approfondir leurs relations d’affaires. Celia Carpet & Interior vend aujourd’hui ses tapis en fibres naturelles sur plusieurs marchés cibles en Europe, en Amérique et en Australie. De leur côté, les articles de décoration de table conçus par Hape Art et ses 183 collaborateurs ont su séduire des importateurs helvétiques, mais aussi des Scandinaves, connus pour le soin qu’ils accordent à leurs intérieurs. Et, loin de «faire tapisserie», Javatex Internusa Perkasa a mis dans le mille avec son linge de toilette chatoyant, idéal pour égayer les salles de bains. 11 Le programme SIPPO A travers le Swiss Import Promotion Programme (SIPPO), l’Osec aide des PME originaires de pays partenaires à entrer sur de nouveaux marchés et à se ménager des opportunités d’affaires en Suisse et dans l’UE. Il conseille également les entreprises suisses et européennes qui recherchent de nouveaux marchés d’approvisionnement, produits et partenaires commerciaux. «Les excellents contacts noués avec les importateurs confirment que nous satisfaisons un besoin important.» Monika Geissberger Trois ans pour percer Eve Bächtold est éblouie par le dynamisme du secteur, au sein duquel les tendances, sans cesse renouvelées, donnent naissance à des produits d’une esthétique soignée et réalisés dans des matériaux de qualité. Son expérience lui a appris qu’il faut du temps pour s’installer durablement sur un nouveau marché. C’est pourquoi, avant et pendant la foire, les vendeurs des entreprises soutenues bénéficient d’une préparation et d’un suivi intensifs. «Trois ans suffisent en général pour aider les entreprises à prendre leurs marques. Après cela, elles volent de leurs propres ailes et cèdent leur place dans le programme SIPPO à d’autres producteurs innovants.» En réponse aux demandes des fournisseurs potentiels, les importateurs reçoivent des propositions conformes à leurs besoins. Si l’un d’eux recherche des meubles massifs en provenance d’Ukraine, Monika Geissberger se met à l’œuvre, évalue l’offre et sert d’intermédiaire. Les négociations se déroulent ensuite directement entre l’importateur et l’exportateur issu du pays partenaire. Monika Geissberger axe sa recherche sur les desiderata des négociants. «Les excellents contacts noués avec des importateurs lors du salon confirment que nous satisfaisons un besoin important du secteur.» Coup d’essai, coup de maître Le mois de janvier a également vu la tenue d’un autre rendez-vous privilégié, l’imm Cologne, qui se targue d’être le centre névralgique du secteur de l’ameublement. Monika Geissberger, pour qui le secteur n’a plus de secret ou presque, était présente sur le pavillon du SIPPO. Cette année, ce ne sont pas moins de dix entreprises d’Indonésie, de Macédoine, d’Ukraine et du Vietnam que la responsable de projet a fait connaître à un public de professionnels. L’éventail des produits exposés était des plus larges: meubles rembourrés, canapés multifonctions, meubles de salon et de salle à manger en bois massif recyclé, meubles en contreplaqué avec incrustations tendance, buffets modernes (MDF laqué), chaises et meubles en bambou pour l’intérieur et l’extérieur. Conseil SIPPO: non-food Textiles de maison: linge de table, parures de lit, couvertures, coussins et rideaux fabriqués au Cambodge, en Indonésie et au Vietnam. www.sippo.ch/home-textiles Mobilier d’intérieur: tables, canapés, lits et armoires fabriqués en Egypte, Bosnie-Herzégovine, Macédoine, Serbie et Ukraine. www.sippo.ch/indoor-furniture 12 | Success Story Finnova Un bon réseau en Extrême-Orient Finnova, une PME argovienne qui développe des solutions logicielles intégrées pour le secteur bancaire, a ouvert en août 2012 une filiale à Singapour afin de partir à l’assaut du marché asiatique. Un projet d’expansion qui démarre sous les meilleurs auspices. Par Robert Wildi C haque fois que Markus Russ quitte son écran des yeux et fait pivoter son fauteuil légèrement vers la droite, son visage s’illumine. Depuis août 2012, il occupe un bureau au centre de Singapour, au 34e étage d’un gratte-ciel moderne d’où il jouit d’une vue imprenable sur cette métropole de cinq millions d’habitants. «La vue est à couper le souffle mais ne m’empêche pas de travailler», lâche-t-il dans un sourire. Heureusement, car cet Allemand de naissance a du pain sur la planche. L’an dernier, la société d’ingénierie logicielle Finnova SA de Lenzburg, qui est devenue leader incontesté sur le marché suisse grâce à sa solution bancaire globale et modulaire, lui a donné l’opportunité de venir à Singapour. Sa mission? Veiller au bon déroulement du projet d’expansion asiatique de la PME argovienne en tant que directeur «L’origine suisse est un atout: la Suisse, patrie des banques, jouit d’une excellente réputation.» Markus Russ, directeur général de Finnova Asia Pacific général de Finnova (Asia Pacific) Pte. Ltd. et lui assurer une trajectoire optimale. «Une tâche à la fois passionnante et exigeante, à laquelle je me consacre avec enthousiasme», déclare Markus Russ. Proximité et service pour gagner la confiance Il a, en effet, de quoi se montrer optimiste. Finnova a planifié avec minutie son implantation en Asie. Très solide, l’entreprise informatique a mené à bien une première étape d’expansion en Europe en se dotant d’une filiale au Luxembourg. Elle n’a guère souffert de la crise monétaire frappant la zone euro jusqu’ici. Contrairement à certains de ses concurrents, qui ont dû supprimer des postes de travail, son CEO, Charlie Matter, a annoncé un renforcement des effectifs en Suisse avant la fin de l’année ainsi que la poursuite de l’expansion à l’international. Charge donc à Markus Russ d’apporter sa pierre à l’édifice depuis Singapour. Le soutien du siège helvétique lui est tout acquis. Finnova est ainsi en mesure d’agir et de réagir à tout moment, que ce soit en termes de finances ou de personnel. Ces derniers mois, Markus Russ s’est rendu dans plusieurs pays de la dynamique région de l’ASEAN, où il a multiplié les contacts avec des banques et des établissements financiers. Le site de Singapour constitue une base arrière idéale pour opérer dans des pays comme le Vietnam, l’Indonésie ou les Philippines. «Notre présence physique sur place, qui témoigne d’un engagement personnel de la société, fonctionne comme un sésame vis-à-vis des décideurs chez les partenaires potentiels et me paraît essentielle pour réussir en Asie», déclare le directeur de la filiale. Ses récentes expériences l’ont conforté dans cette opinion. Le bilan des discussions menées jusqu’ici est prometteur, et même meilleur que prévu. Il faut dire que pour ses démarches Markus Russ peut s’appuyer sur un collaborateur chevronné, qui plus est fin connaisseur des marchés asiatiques et de leurs coutumes. Originaire de Singapour, il a été recruté sur place. «Il représente un atout de poids lors des négociations nous conduisant dans divers pays. Car l’Asie est loin d’être homogène: les Vietnamiens n’ont pas la même mentalité que les Indonésiens, et les Philippins sont différents des Thaïlandais», explique Markus Russ. Que le courant passe est déjà une bonne chose, mais pour percer commercialement en Asie, Finnova doit également convaincre par la performance et la qualité de son produit. «A cet égard, nous sommes flexibles et nous pouvons ajuster notre logiciel en fonction du marché et des exigences du 13 Markus Russ a rarement le temps de goûter la vue sur les buildings de Singapour. Les affaires n’attendent pas... client», précise Markus Russ. La grande efficacité du système est bien perçue en Asie. «Mais évidemment, on en vient toujours à parler chiffres, comme en Suisse ou en Europe.» Et pour le moment, Finnova y trouve son compte. La confiance témoignée par les marchés et prestataires locaux va croissant. Des déclarations d’intention sont signées, des projets pilote lancés. L’entreprise n’hésite pas à mettre en avant ses racines suisses, un argument de vente qui fait mouche en Asie. «Malgré les différends fiscaux et les débats autour du secret bancaire, la Suisse reste considérée ici comme la patrie des banques et jouit d’une excellente réputation.» Excursions en famille Finnova tisse jour après jour sa toile en Asie. Professionnellement, Markus Russ n’a donc pas à se plaindre. A ses heures perdues, qui sont plutôt rares, il aime partir en excursion avec son épouse et sa fille de deux ans. Il se familiarise ainsi avec la région et son nouveau pays d’adoption. «Singapour réserve de magnifiques paysages, mais aussi quantité de quartiers et de coins à découvrir», s’emballet-il. Nul doute que, pour ce faire, les balades en famille sont plus adaptées que la vue plongeante qu’il a depuis son bureau. Plus d’informations: www.finnova.ch L’Osec sonde le terrain Pour lancer son projet d’expansion en Asie, Finnova a pu bénéficier du réseau élargi de l’Osec. Que ce soit pour réaliser les études préliminaires en Suisse ou pour sonder les potentiels de marché et les partenariats possibles sur place, les spécialistes Osec de l’Asie et les experts du Swiss Business Hub ASEAN ont mis leur riche savoir-faire à la disposition de Finnova. 14 | Interview Urs Rickenbacher «Nous nous donnons du temps et du champ pour innover» Urs Rickenbacher, CEO de Lantal Textiles, s’exprime sur le positionnement de niche, l’envie de créer et l’importance du site de production suisse. Il explique pourquoi l’apprentissage prime sur le savoir. Interview: Sibylle Zumstein Urs Rickenbacher, d’où vous vient votre passion du textile? Le goût du design m’a été transmis par mes parents, qui ont toujours veillé à acheter du beau et du durable. Plus tard, en tant que directeur d’USM, j’ai pu cultiver cette passion. J’aime le textile pour sa variété et son côté vivant: on y travaille une large gamme de couleurs, de textures et de matériaux. Portrait Docteur en économie, Urs Rickenbacher a été chargé de cours en économie d’entreprise à l’Université de St-Gall. Après avoir occupé des postes à responsa bilité dans les branches du voyage, du commerce de détail et du meuble, il a pris la tête de Lantal Textiles SA en 2003. Des coussins d’air en nouveauté mondiale Le système de confort pneumatique PCS est une nouveauté en matière de transport aérien. Les coussins remplis d’air sont plus légers, plus hygiéniques, ils améliorent le confort des passagers et peuvent être achetés avec des housses de protection personnalisées. Depuis 2009, plusieurs compagnies aériennes en ont équipé la première classe de leur flotte long-courrier. Lantal est le numéro un du textile pour avions, bus, trains et paquebots de croisière. Reste-t-il de la place pour la créativité dans un environnement où l’aspect fonctionnel est si important? Avant même de penser créativité, nous devons remplir des exigences spécifiques du point de vue légal, qualitatif et technique pour chaque marché. Les tissus doivent par exemple être ignifugés et ne dégager ni fumée ni substance toxique. Pourtant, c’est par l’intérieur des cabines que les compagnies aériennes se différencient les unes des autres et là il y a de la place pour la créativité. Certains clients nous fixent un cadre très serré, alors que d’autres nous laissent le champ libre et nous demandent de leur soumettre une proposition. Nos collaborateurs doivent alors analyser en détail l’entreprise et sa culture. Qu’est-ce qui est typiquement thaï? Ou turc? De cette réflexion dépendent le design, la conception, les couleurs, les motifs et la création. Vous vous êtes donné pour but de développer une nouveauté mondiale par an et par marché. Comment y parvenez-vous? Grâce à l’inventivité et au savoir-faire de nos collaborateurs. Chacun est invité à apporter ses idées, même si elles sortent de leur domaine d’activité. Et elles sont si nombreuses que nous devons les classer par ordre de prio- 15 rité. Quand nous avons lancé notre système de confort pneumatique, il n’existait même pas de méthodes d’essai adaptées. Nous avons tout conçu de A à Z. Comme vous le voyez, il existe une grande marge de manœuvre pour l’innovation, mais il faut aussi du temps, surtout dans un secteur aussi réglementé et soucieux de la sécurité que celui du transport aérien. comprennent des services d’ingénierie et de design, des textiles prêts à l’emploi et des tests de laboratoire pour tiers. D’où tirez-vous tout ce savoir-faire? De notre stratégie d’ouverture, qui nous amène à collaborer avec d’autres entreprises, des universités ou des spécialistes, bref avec quiconque dispose de connaissances plus pointues que nous. Mais nous développons aussi nous-mêmes. Auparavant, faute d’ingénierie, nous ne pouvions pas nous Pourquoi être passé de fabricant de produits semi-finis à fournisseur de solutions intégrées? Nos clients veulent limiter le nombre de leurs fournisseurs, et nos solutions intégrées leur évitent une masse de travail de coordination. Mais ce n’est pas la seule raison: il y a quelques années, nous ne fabriquions presque «que» des textiles le plus souvent en rouleaux, pour rideaux, housses de sièges, moquettes. Mais les Chinois, les Indiens ou les Turcs nous talonnent. Nous devons donc affiner nos produits, les rendre plus nobles, plus intelligents, et les concevoir de façon à ce qu’ils apportent une plus-value optimale au client: proposer par exemple des revêtements de sièges et des rideaux sur mesure, qui restent comme neufs après une douzaine de nettoyages à sec. A cet égard, le bien-être des passagers passe au premier plan. Parallèlement, nous travaillons de plus en plus sur l’acoustique. Car plus un avion est gros, plus il y a de bruit à l’intérieur. Un bruit que nous pouvons étouffer avec des moquettes, des habillages de parois, des revêtements de sièges ou, à l’avenir, des interventions sur le plafond. Vos solutions intégrées pour l’aménagement intérieur des avions, des bus, des trains, des trams et des paquebots «Je préfère quelqu’un désireux d’innover à un professionnel accompli dans sa discipline. Car, en définitive, tout s’apprend.» charger de la plupart des tests de laboratoire. Mais le recrutement de collaborateurs issus de divers métiers nous a permis d’élargir notre savoir-faire. En la matière, le partage de valeurs communes me paraît essentiel. Je préfère quelqu’un désireux d’innover à un professionnel accompli dans sa discipline. Car, en définitive, tout s’apprend. Vous fabriquez en Suisse et aux Etats-Unis et exportez 95% de vos produits. Avez-vous pensé à délocaliser votre production? En fait, c’est une idée que nous étudions. Pas dans le but d’exporter depuis le pays en question, mais plutôt de mieux servir le marché local et d’être plus réactifs. Il faut savoir qu’en Chine, nos produits équipent près de 80% des avions. Mais le gouvernement chinois exigera dans quelques années que les produits destinés à l’industrie aéronautique soient fabriqués sur place. Si nous ne suivons pas le mouvement, nous allons perdre notre position de force. Or, nous 16 | Interview Urs Rickenbacher Qu’elles soient jeunes ou bien établies, les marques doivent se démener pour sortir du lot. Se reposer sur ses lauriers est le meilleur moyen de péricliter. Les intervalles entre les collections se réduisent, d’où une accélération des cycles. Cela ne va pas sans poser un défi logistique. De nouvelles compétences sont donc requises pour ce qui est de la conduite des processus, du développement et du design. Les marques doivent adapter leur modèle d’affaires si elles entendent rester dans la course. L’Europe, l’Asie et les Etats-Unis sont les principaux débouchés des fabricants suisses de textiles. Y a-t-il d’autres marchés sur lesquels aller chercher la croissance? voulons la consolider avant que les fabricants chinois ne se perfectionnent. En prenant pied en Chine, nous pourrons couvrir par la même occasion le marché asiatique du rééquipement, en forte croissance. Nous réfléchissons actuellement à l’orientation à prendre afin de répondre aux exigences de Pékin. Les exportations de l’industrie du textile et de l’habillement continuent à se contracter. L’association faîtière du textile suisse brosse un tableau sombre de l’avenir. Comment sortir de la crise? Les entreprises qui ont surnagé jusqu’ici vont garder la tête hors de l’eau. Elles ont compris qu’elles pouvaient s’imposer en se ménageant une niche, que ce soit en termes de «Nous sommes en pleine mue: d’une entreprise textile nous sommes devenus un fournisseur de solutions pour le secteur des transports.» design, de matériau ou de coupe. J’ai bon espoir quant à leurs chances de survie. N’oublions pas que les principaux fabricants de machines textiles sont suisses! Nous devrions capitaliser sur nos atouts et maintenir résolument le cap sur l’innovation. Le franc fort et le contexte économique chahuté nous contraignent à être encore plus à l’avant-garde, à entreprendre, à oser les positionnements de niche, à se différencier et à anticiper. Chaque PME doit prendre son avenir en main. Les entreprises textiles comme la nôtre, surtout actives dans les transports, ont la chance d’évoluer sur un marché dynamique. Mais pour nous aussi, l’avenir se dessine dans les pays BRIC. Les prestataires de transports y sont très sollicités. C’est particulièrement visible au Proche-Orient, où le volume de commandes enfle. Nombre d’Etats cherchent à percer en tant que prestataires et entendent donc naturellement briller dans le domaine des transports. Le ProcheOrient mise avant tout sur le transport aérien, mais une croissance soutenue s’observe également dans les chemins de fer en Chine, à Singapour et en Thaïlande. Lantal a fêté ses 125 ans en 2012. Après une décennie à sa tête, comment voyez-vous l’entreprise dans dix ans? Nous voulons nous affirmer en tant que leader mondial de solutions intégrées maximisant le confort des voyageurs. Vu notre dimension internationale et notre forte croissance, nous allons nous déployer de manière décentralisée et étoffer notre équipe afin de pouvoir encore mieux servir notre clientèle en Europe, en Amérique et en Asie. Outre l’orientation client, la qualité et l’innovation restent nos valeurs cardinales. Et nous comptons nous améliorer constamment dans ces domaines. Nous sommes en pleine mue: d’une entreprise textile produisant de splendides tissus, nous nous transformons en un fournisseur de solutions pouvant couvrir toute la branche des transports. Notre ambition n’est pas de devenir le plus grand fabricant, mais le meilleur. Plus d’informations: www.osec.ch Les marques traditionnelles sont-elles à même de suivre la cadence? Voir aussi le graphique sectoriel sur le textile page 25. News & Events | Bureau commercial à Doha (Qatar) Doha, entre tradition et modernité L e 30 janvier 2013, l’Osec a ouvert à Doha (Qatar) un nouveau bureau commercial dont la mission est d’aider les PME suisses et liechtensteinoises à prendre pied au Qatar et d’assurer la promotion de la place suisse. Implanté au sein de l’Ambassade de Suisse, ce relais est rattaché au Swiss Business Hub GCC. Dans la région du Golfe, le Qatar n’est certes que notre troisième marché d’exportation, après les Emirats arabes unis et l’Arabie saoudite, mais son expansion galopante et le pouvoir d’achat élevé de ses habitants promettent des opportunités en or. Le Qatar a en effet dégagé l’an dernier la croissance du PIB la plus forte du monde (20% environ). L’entrée en vigueur prochaine de l’accord de libre-échange entre l’AELE et les pays du Conseil de coopération du Golfe devrait par ailleurs doper les relations commerciales et économiques entre la Suisse et le Qatar. Les exportations helvétiques vers le Qatar se sont établies à quelque 588 millions de francs en 2012, ce qui représente une hausse de 52,4% par rapport à l’année précédente. La Suisse exporte principalement des pierres précieuses, des métaux précieux, des bijoux, des montres, des machines et des produits pharmaceutiques et chimiques. Un beau potentiel s’offre également aux exportateurs suisses dans les secteurs des infra-structures, de la logistique, de l’énergie et des cleantech. A lire Miser sur les idées A la sortie du livre blanc de Deloitte sur l’industrie manufacturière suisse, le CEO de l’Osec, Daniel Küng, a évoqué les tendances et les défis qui concernent l’industrie suisse des machines, des équipements électriques et des métaux (MEM). Il a notamment souligné le risque de voir la Suisse perdre son statut de championne de l’innovation, à moyen ou long terme, dans la mesure où le franc fort dissuade les entreprises d’investir dans la recherche-développement. S’appuyant sur un sondage mené auprès d’entreprises suisses des MEM et sur des entretiens avec des CEO et d’autres experts, le livre blanc s’est penché sur les défis auxquels doit faire face l’industrie suisse des MEM. Il a identifié quatre leviers d’action possibles: amélioration de la productivité, conquête de nouveaux marchés de croissance, mise à profit de potentiels d’innovation non utilisés et meilleure utilisation des ressources. Clé de voûte du secteur manufacturier suisse, l’industrie des MEM se caractérise par son rôle de moteur économique, sa forte orientation à l’exportation, son leadership en matière d’innovation et la qualité de ses produits. Ces dernières années, la crise financière mondiale, la récession et le raffermissement du franc qui s’en est suivi l’ont toutefois soumise à une pression croissante. Le livre blanc sur l’industrie manufacturière suisse (en all. et angl.) est téléchargeable à l’adresse www.deloitte.com/ ch/industries/ manufacturing 17 18 | Opportunités Turquie La Turquie décolle Forte croissance, proximité de l’Europe, population jeune à fort pouvoir d’achat: le surdoué du Bosphore attire les convoitises comme débouché et formidable tremplin pour le Proche-Orient, l’Asie et l’Afrique du Nord. Par Michael Flückiger La seule métropole qui soit à cheval sur deux continents: Istanbul, carrefour du commerce mondial. L a Turquie est en plein boom, et la santé insolente de Turkish Airlines est symptomatique du regain de fierté des Turcs. Semi-privée, la compagnie progresse tous azimuts. Elle a supplanté Lufthansa et Swiss en termes de qualité en 2012 et a acquis une notoriété mondiale en sponsorisant le FC Barcelone. Avec 90 destinations de par le monde, Turkish Airlines est la plus internationale des compagnies aériennes. Du coup, la Turquie devient un hub de première importance. A preuve, le nouvel aéroport d’Istanbul, prévu pour 2016 et taillé pour 150 millions de passagers par an. Un record mondial. Destination nouveaux marchés «Chaque nouvelle destination desservie par Turkish Airlines permet aux hommes d’affaires turcs de nouer de nouveaux contacts», constate Devrim Yetergil, la fondatrice de Yetergil Kiefer Management Consulting. D’origine turque, elle conseille sur mandat de l’Osec des clients ayant des projets complexes, par exemple dans les techniques médicales ou les machines-outils. «Si la Turquie, par bien des aspects sociétaux, demeure empreinte de tradition, elle est très tournée vers l’Occident sur le plan économique. Sa proximité avec l’Europe, son rôle de plaque tournante internationale et ses nombreux marchés porteurs font saliver investisseurs et exportateurs.» En 2012, la Suisse a exporté en Turquie pour 1,83 milliard de francs de pro- duits et services. Aujourd’hui, elle est présente sur place via quelque 600 sociétés. Et le potentiel est loin d’être épuisé. Pour Devrim Yetergil, les chances se situent surtout dans le secteur florissant de la santé, dans la chimie, la pharmacie et les machines-outils. Elle observe également de nouvelles tendances dans l’alimentation, où les changements de style de vie se traduisent par une consommation grandissante de produits surgelés et semi-finis. Les infrastructures et la logistique ont du retard à rattraper, de même que le secteur de l’énergie, toujours très dépendant des combustibles fossiles mais qui entend se moderniser. La Turquie prévoit également d’investir des milliards dans les technologies de l’eau afin de satisfaire aux standards environnementaux de l’UE, des secteurs dans lesquels les entreprises suisses proposent des solutions novatrices. L’emballage offre lui aussi de bonnes opportunités. Et, pour finir, la Turquie est un site de production très prometteur pour l’industrie automobile. Perspectives de croissance durables Alberto Silini, Head of Consultancy Near Markets à l’Osec, est lui aussi convaincu de la croissance durable de ce pays de 75 millions d’habitants: «La Turquie devrait devenir l’une des premières puissances économiques de la planète, car les milieux économiques et politiques tirent à la même corde.» Et Alberto Silini de renvoyer aux importations 19 (180 milliards d’euros), en forte hausse en 2011, et au fait que, malgré la crise de l’euro, le pays a pu réduire son endettement et fortement progresser dans les notations de crédit de l’OCDE. Mais il ne cache pas les points faibles du pays que sont le déficit commercial ou la dépendance aux importations d’énergies fossiles. Le pays reste fortement axé sur la zone euro, sa croissance a ralenti, passant de 8,5% en 2011 à 2,9% en 2012. Reste que la Turquie demeure le meilleur élève d’Europe sur ce point. Survol Ankara Portes ouvertes pour les entreprises high-tech suisses Ces prochaines années, le pays investira massivement dans les infrastructures, les transports, l’énergie et la santé. Mais la Turquie est peu innovante et n’a pas pu développer les techniques pointues dont elle a besoin. C’est là que s’ouvrent des chances pour la Suisse: «Dans les technologies de base ou intermédiaires, la Turquie est en concurrence avec l’Asie. Elle entend donc mettre l’accent sur les technologies haut de gamme, davantage créatrices de richesses.» Avec des salaires moyens de 400-450 euros par mois, la Turquie est un lieu de production à prendre au sérieux. Parallèlement, les entreprises turques tissent leur toile au Proche et Moyen-Orient et jusqu’en Afrique du Nord. La Turquie devient dès lors un carrefour commercial incontournable et le principal point d’accès à l’Orient (et à l’Asie). Les perspectives sont excellentes. Pour autant, Devrim Yetergil appelle à la prudence. «Les entreprises suisses ne doivent pas sous-estimer l’importance des relations personnelles. Elles nécessitent du temps et une présence sur site.» C’est souvent au niveau du prix que les choses coincent. Les Turcs sont durs en affaires. Chaleureux dans les contacts humains, ce sont de fins négociateurs pleins d’aplomb. «La retenue n’est pas de mise: les Suisses doivent apprendre à composer avec des émotions fortes et à montrer eux-mêmes leurs émotions.» Commercial Office à Istanbul En mai 2013, l’Osec ouvrira à Istanbul un nouveau Commercia Office. Il pourra ainsi mieux épauler les PME suisses sur le marché turc, pour leurs recherches de débouchés ou de partenaires de distribution et leurs efforts d’expansion. Une chose est sûre: Turkish Airlines met le Bosphore à deux heures seulement de Zurich. Mais Swiss aussi! Plus d’informations: www.osec.ch/fr/country/Turkey Superficie: 780 580 km2 (env. 19 fois la Suisse) Population: 75,8 millions (2011) (env. 10 fois plus que la Suisse) PIB/habitant: 10 150 CHF (2012) Echanges Suisse-Turquie (2012): 2,96 mia. CHF Exportations (2012): 1,83 mia. CHF Importations (2012): 1,13 mia. CHF Ces dix dernières années, la Turquie, grâce à sa croissance annuelle de plus de 5%, s’est classée parmi les pays les plus performants de la planète. Mais si le pays a progressé de 9,2% en 2010 et de 8,5% en 2011, il a été rattrapé par la crise de l’euro, qui a fait tomber sa croissance en 2012 à 2,9%, même si ce résultat fait de lui le champion européen en la matière. Forte de 75 millions d’habitants, la Turquie est, derrière l’Allemagne, le deuxième pays le plus peuplé du Vieux Continent, même si elle n’est européenne qu’à 3% puisque la majorité de son territoire est situé au-delà du Bosphore, en Asie. Métropole économique et financière du pays, Istanbul abrite près de 16 millions d’habitants. Par ailleurs, le pays accueille actuellement quelque 600 entreprises suisses. Jusqu’ici, la Turquie était surtout choisie par de grands groupes, mais des PME y font leur apparition depuis peu. Elles sont aux deux tiers actives dans les domaines de la chimie/ pharmacie et des machines. Les importations suisses en provenance de la Turquie restent pour 25% constituées de textiles et pour 18% de produits agricoles. Point noir de l’économie turque, le déficit commercial, abyssal, est pourtant contrebalancé par les investissements étrangers. Le secteur bancaire et de l’assurance est en plein essor. Mais la Turquie n’occupe qu’une place de second rang dans le Global Innovation Index. Economie turque 2011 2012 Prévisions 2013 PIB (mia. CHF) 716 783 839 PIB/habitant (CHF) 9636 9724 10 291 Croissance du PIB 8,5% 2,9% 3,5% Chômage 9,7% 9,4% 9,8% Inflation (%) 10,4% 6,4% 5,7% Exportations suisses en Turquie 2011 2012 +/– Total en mio. de CHF 2147 1836 – 14,4% Produits pharmaceutiques 32.1 31.2 – 3,1% Machines 26.3 23.8 – 9,5% 8.5 5.6 – 34,1% Produits chimiques Sources des chiffres: Informations pays, SECO, février 2012 20 | Location Promotion Formation spécialisée Des discussions animées sur fond de paysages magiques au pied du Pilate: les promoteurs économiques réunis à Lucerne. Promouvoir la Suisse d’une seule voix L’Osec Academy, chargée de la formation initiale et continue des spécialistes de l’internationalisation, a organisé mi-janvier 2013 à Lucerne un séminaire destiné aux promoteurs économiques de toute la Suisse. Au menu: fiscalité, vente, immobilier et innovation, le tout agrémenté d’une bonne dose de networking. Par Sibylle Zumstein J usqu’il y a peu, il n’existait pas de formation initiale et continue pour les promoteurs économiques au niveau national. Les formations variaient de tout à rien selon les cantons. Certaines régions assument parfois cette tâche, à l’image de la Greater Geneva Berne area (GGBa), qui organise des formations destinées aux collaborateurs, cantons et représentants à l’étranger. L’Osec, qui chapeaute la promotion économique au niveau national, propose, outre des formations à la promotion des exportations, une formation initiale et continue très complète à destination des promoteurs économiques, des cantons et des régions. Les représentants des Swiss Business Hubs à l’étranger sont aussi tenus de suivre un cours d’une semaine chaque année pour affûter leurs arguments et approfondir leurs connais- sances sur des sujets tels que la fiscalité ou la migration. Il leur est également demandé de rendre visite à des entreprises étrangères déjà implantées en Suisse. Après Zurich et Montreux, la troisième «Location Promotion Academy» s’est tenue en janvier 2013 à Lucerne. Un programme de formation sur mesure La vue sur le lac des Quatre-Cantons invite au farniente, mais le programme est serré: formation à la vente avec des experts, réforme de la fiscalité des entreprises et Lex Koller avec des représentants de PricewaterhouseCoopers et de l’Office fédéral de la justice, le tout illustré par des exemples concrets. Une place de choix est réservée à l’échange d’expériences et de bonnes pratiques, sans oublier le réseau- 21 tage: nombre de promoteurs économiques et d’Investment Officers des Swiss Business Hubs de l’étranger ne se connaissaient que par téléphone. «Pour moi, l’échange avec mes collègues aura été essentiel étant donné que je ne travaille en général qu’avec la Greater Zurich Area, qui fait le lien avec l’Osec», souligne Christian Zehnder, chargé de la promotion économique du canton de Glaris. Unir ses forces Dans son exposé sur les défis qui se posent à la promotion économique cantonale, Monika Ulrich, du canton d’Argovie, met en avant la nécessité d’adopter l’angle de vue des clients, pour lesquels l’Osec, les cinq promoteurs régionaux et les 26 cantons font au final plus ou moins la même chose. «Pour le client, il serait préférable d’avoir à faire à un seul interlocuteur. Lorsque nous allons en Chine, nous n’apprécions pas de devoir négocier avec une dizaine d’intervenants différents.» Ce n’est que lorsque l’investisseur s’est fait une idée plus ou moins précise du lieu où il souhaite s’implanter que la concurrence entre les cantons doit commencer à jouer. Monika Ulrich est très claire à propos de l’échange d’informations: «Lorsque l’Osec me transmet 50 projets potentiels et que mon canton se porte candidat pour 30 d’entre eux, ces informations doivent remonter dans l’intérêt des deux parties.» Peter Koch, de la St.GallenBodenseeArea, abonde dans ce sens: «Pour nous, qui sommes une équipe virtuelle sans représentants à l’étranger, il est très utile que l’Osec fasse cette présélection et évalue les projets avant de nous les transmettre. Nous souhaitons même que l’Osec accompagne les investisseurs plus avant ou même qu’il les relance ultérieurement au cas où ils auraient choisi de ne pas s’implanter en Suisse.» Le pr Dominique Foray de l’EPFL a clos l’atelier par un exposé sur l’innovation et les transferts de technologie en Suisse et sur les raisons qui propulsent la Suisse aux premières places dans les classements de l’innovation. Et Dominique Foray d’expliquer que, dans un pays n’ayant pas de politique d’innovation ou ne subventionnant pas la recherche-développement, le succès repose sur des facteurs tels que la stabilité économique, la flexibilité du marché de l’emploi ou le rôle des institutions. «La coopération entre les hautes écoles et l’industrie, le lien étroit entre la science et la technologie, le nombre élevé de PME, le goût de l’expérimentation et le système de formation favorisent ce climat d’innovation. Un environnement qui permet au «miracle économique suisse» de se perpétuer.» Plus d’informations: www.invest-in-switzerland.com «Une marque de confiance» Pour Jean-Luc Cornaz, directeur de Location Promotion, il est encore possible d’attirer des investisseurs sur le marché suisse. Pourquoi une formation unifiée en matière de promotion économique? Nous faisons tous le même travail: essayer d’attirer des investissements en Suisse pour y créer des emplois. Nous devons donc agir ensemble. Et les responsables des cantons et des regroupements régionaux doivent pouvoir échanger avec leurs collègues des Swiss Business Hubs, car ce sont souvent eux qui nouent les premiers contacts avec les investisseurs désireux de venir en Suisse. «En améliorant la qualité de nos projets, nous pourrons remonter dans la liste de priorités de nos clients.» Que peut-on améliorer? Les cantons reçoivent par divers canaux les informations sur les entreprises susceptibles de s’implanter en Suisse. Parfois, ils sont directement contactés et accordent donc la priorité à ces cas. Mais le contact peut aussi s’établir via un promoteur régional ou lors d’une manifestation. Notre objectif est de remonter dans cette liste de priorités. Pour ce faire, nous devons améliorer nos projets. L’Osec identifie des entreprises étrangères et analyse leur potentiel et leurs projets avant de les adresser aux cantons. Que se passe-t-il ensuite? En principe, l’investisseur a le choix entre 26 cantons. La difficulté tient au fait que nous ne savons pas ce qui se passe ensuite, quels cantons se portent candidat et ce que décide l’investisseur. Il nous faut pourtant connaître leur réaction pour nous améliorer. Nos collègues de la St.GallenBodenseeArea ont déjà répondu à notre demande en nous livrant un feed-back détaillé sur les projets transmis. Une vraie marque de confiance! Jean-Luc Cornaz est directeur de Location Promotion à l’Osec. 22 | Savoir-faire Gestion des liquidités Gestion optimisée des liquidités Une gestion active des liquidités permet aux PME de réaliser des rendements supplémentaires. Les entreprises actives à l’international ayant tendance à répartir leurs moyens financiers sur plusieurs comptes et dans diverses monnaies, il s’agit d’abord de se faire un aperçu de la situation, puis de regrouper les liquidités excédentaires. Par Urs P. Gauch, responsable Clientèle PME Suisse, Credit Suisse SA U ne société doit disposer à tout moment de liquidités suffisantes pour ses affaires courantes. En gérant activement les ressources dont elle n’a pas besoin dans l’immédiat, elle peut tirer profit d’opportunités additionnelles et générer des rendements attrayants. Toutefois, il faut commencer par identifier les moyens excédentaires. Ce sont surtout les PME actives au niveau international qui disposent de comptes auprès de plusieurs établissements financiers. La situation se complique dès lors que des paiements circulent dans les deux sens dans diverses monnaies ou qu’ils doivent être compensés à l’intérieur de structures de holding ou de groupe complexes. Un modèle en trois phases (voir graphique) a fait ses preuves dans la mise en œuvre d’une gestion professionnelle des liquidités. La première phase consiste à obtenir une vue d’ensemble des liquidités disponibles. S’il existe plusieurs comptes, il convient de les consolider à l’aide d’un Cash Pooling virtuel ou physique. Une solution multibanques peut être utile s’il faut intégrer aussi des comptes auprès de tiers ou à l’étranger. Le Fides Account Reporting Service du Credit Suisse, par exemple, recueille des don- nées de soldes ou de transactions dans divers formats électroniques de banques dans le monde entier et permet une gestion centralisée de tous les comptes. Une planification détaillée facilite la prise de décision La deuxième phase a pour objet la planification détaillée des moyens et besoins de liquidité. Une analyse prévisionnelle des mouvements de trésorerie donne à l’entreprise la certitude de pouvoir à tout moment faire face à ses échéances. Cette planification permet en outre d’identifier les liquidités non nécessaires pendant une période donnée. Une telle analyse doit également intégrer des facteurs macroéconomiques tels que l’évolution de la conjoncture, des intérêts ou des devises. Il est alors possible de regrouper les liquidités excédentaires et d’optimiser leurs rendements. Le choix de la solution appropriée dépend essentiellement de la durée du placement à effectuer: à court terme ou plutôt à moyen ou long terme. Si les liquidités excédentaires disponibles sont réparties sur divers comptes, elles peuvent être Les trois phases d’une gestion professionnelle des liquidités Se faire une vue d’ensemble Solutions d’e-banking Solutions multibanques Cash Pooling & Multibank Cash Concentration Analyser et planifier Optimiser les liquidités et les rendements lanifier les moyens P et besoins de liquidité Analyser toutes les tendances économiques ptimiser les rendements O à court terme Conseil en placement Optimiser les rendements à moyen et long terme Cash Pooling & Multibank Cash Concentration 23 regroupées avec un Cash Pooling physique ou – s’il faut intégrer aussi des comptes étrangers – avec une solution multibanques. Optimiser les rendements à court ou long terme Le Compte Cash Invest du Credit Suisse peut être une solution pour les placements à court terme. Le Cashmanager s’assure du transfert automatique à un terme fixe des excédents du compte courant de l’entreprise vers le Compte Cash Invest rémunéré à un taux d’intérêt plus élevé. Simultanément, les liquidités nécessaires restent garanties: si, à la date d’effet, l’avoir sur le compte courant est inférieur au solde cible défini, le montant manquant sera automatiquement reversé. Une autre possibilité consiste à cumuler divers placements à terme fixe. Il s’agit de placements à court terme pour lesquels le taux d’intérêt dépend des conditions du moment sur le marché monétaire. Si les liquidités excédentaires doivent être placées de moyen à long terme, les options possibles vont des obligations aux fonds de placement en passant par les actions et les produits de placement structurés. Avec le dépôt à terme de plus d’un an, le Credit Suisse permet par ailleurs aux entreprises de placer des liquidités excédentaires sur 13, 18 ou 24 mois et de bénéficier d’intérêts attrayants. Comme chaque entreprise se trouve dans une situation différente, la gestion des liquidités est une opération individuelle. En tant que prestataire mondial de services financiers bénéficiant d’une solide expérience, le Credit Suisse possède un savoir-faire étendu et peut proposer des solutions intégrées et sur mesure qui garantissent les liquidités à tout moment et optimisent les rendements de façon durable. Plus d’informations: www.credit-suisse.com/liquidite Commander en ligne gratuitement: La nouvelle brochure «Compte Cash Invest et Cashmanager» http://www.credit-suisse. com/liquidite 24 | News Forum du commerce extérieur Et le meilleur exportateur de Suisse est... Discussions fourmillantes avec des acteurs politiques et économiques sur les activités à l’international, couronnement des meilleurs exportateurs de Suisse et du Liechtenstein: le Forum du commerce extérieur sera une nouvelle fois le point de convergence de l’industrie suisse d’exportation. L ’Export Award décerné par l’Osec, l’organisme suisse de promotion du commerce extérieur, récompense des entreprises suisses et liechtensteinoises qui ont concrétisé leur projet d’expansion sur un marché cible bien défini en appliquant une approche systématique, une démarche claire et des idées innovantes. Le prix sera remis pour la septième fois le 11 avril 2013 à Zurich lors du Forum du commerce extérieur. Dans les deux catégories «Success» et «Step-in», qui comptent chacune trois nominés, une seule PME accédera au Graal. Cette distinction a pour vocation de nourrir le dialogue à propos des stratégies d’exportation qui portent leurs fruits et d’inciter d’autres entreprises à prendre pied à l’étranger. Ruth Metzler, présidente du Conseil d’administration de l’Osec, avec René Fankhauser de V-Zug, lauréat 2012 dans la catégorie «Success». Des performances exemplaires à l’exportation: les six entreprises sélectionnées dans deux catégories: Catégorie «Success» – entreprises ayant mené à bien un projet d’exportation au succès mesurable Catégorie «Step-in» – entreprises s’attaquant à un nouveau marché cible recelant un potentiel avéré et mesurable Bio-Strath AG, Herrliberg Avec ses fortifiants à base de plantes, Bio-Strath vole de succès en succès depuis un demi-siècle. Elle écoule près de 70% de sa production à l’export dans plus de 50 pays. L’Afrique du Sud est devenue son premier débouché en 2007, devançant même la Suisse. Une bonne préparation et un choix méticuleux de ses distributeurs, le tout combiné à un marketing innovant: tels sont les ingrédients de son succès. www.bio-strath.ch webtiser AG, Zurich A contre-courant de la tendance à l’implantation des services informatiques en Asie, webtiser AG a décidé, après une analyse approfondie du marché, de prendre le chemin de l’Espagne. En automne 2011, la PME a ouvert un bureau de développement de logiciels et de services IT à Madrid. Par cette expansion, webtiser a pu préserver des postes de travail en Suisse et continuer à croître sur ses deux sites. Sa part à l’exportation avoisine déjà 25%. www.webtiser.ch SAFEmine AG, Baar Nul n’est prophète en son pays. La jeune PME suisse SAFEmine, qui exporte ses systèmes de sécurité pour véhicules miniers dans onze pays, en est la parfaite illustration. Après un premier contrat en Afrique, SAFEmine dispose aujourd’hui de filiales aux EtatsUnis et en Australie et vient, avec l’aide de l’Osec, de trouver un important partenaire de distribution au Chili. www.safe-mine.com JNJ automation SA, Prez-vers-Siviriez JNJ automation SA conçoit et distribue des emballeuses et des engins de manutention pour le secteur alimentaire, et plus particulièrement les fromageries. Les exportations vers l’Europe génèrent 40% de son chiffre d’affaires. Après une séance d’information de l’Osec sur le Canada, JNJ automation a décidé fin 2011 de faire le grand saut par-delà l’Atlantique. Et les résultats ne se sont pas fait attendre puisqu’elle a déjà vendu deux machines en 2012. www.jnjautomation.ch Thermoplan AG, Weggis Entré dans la cour des grands en 1999 grâce à un contrat d’exclusivité avec le géant du café Starbucks, Thermoplan AG affiche une part à l’exportation de 98% et vend aujourd’hui ses machines à café automatiques pour l’hôtellerie et la restauration dans quelque 63 pays de par le monde. En 2007, Thermoplan a pris une participation de 20% dans son distributeur chinois «Jascaffe». L’entreprise est désormais présente dans dix pays d’Asie. www.thermoplan.ch MetApp AG, Schöftland MetApp AG entend se mettre le marché mondial dans la poche avec ses structures métalliques spéciales. L’entreprise a franchi un premier pas vers le succès en décrochant une grosse commande à Abu Dhabi portant sur la fabrication de profils de fenêtre sur mesure. Cette réussite aux Emirats arabes unis, réputés très exigeants, conforte MetApp dans ses projets d’expansion. www.metapp.ch Graphique sectoriel Textile | Exportations de textiles 1562 25 Exportations habillement 1427 millions de francs (total) millions de francs (total) Fils 223 mio. Sous-vêtements 165 mio. Broderies 57mio. Tissus de soie 7mio. Vêtements 1058 mio. Tricots 59 mio. Tissus de laine Textiles techniques: enduits, non tissés, etc. 40 mio. 584 mio. Tissus en fibres synthétiques 165 mio. Tissus en coton Textiles de maison 195 mio. Accessoires 204 mio. 154 mio. Pionnière du textile noble L’industrie textile suisse est un modèle d’inventivité. Malgré l’érosion des bénéfices et la vigueur persistante du franc, les entreprises triomphent sur les marchés de niche. Grâce à des fibres et à des procédés de valorisation dont elles ont le secret, elles s’ouvrent de nouveaux horizons en créant des tissus techniques pour la médecine, le sport et les transports. Emplois: Total Principaux débouchés: 14800 Allemagne France Graphique: Daniel Karrer Etats-Unis Industrie textile 9400 Exportations vers l’UE, en % du total Autriche Produits textiles Habillement 5400 74,0% Habillement 68,2% Italie Turquie 26 | Noir sur blanc Chances pour l’avenir Voir grand: notre modèle de réussite Par Gerhard Schwarz «Aufruhr im Paradies» («Révolte au paradis»), un ouvrage paru récemment, reflète avec justesse l’état d’esprit des Suisses. Ces derniers jouissent du niveau de vie le plus élevé que la population ait jamais connu dans l’histoire. Pourtant, ils s’agitent du fait que les candidats à un logement dans les centres-villes ne trouvent pas une offre adaptée à leurs moyens, du fait aussi que les pendulaires, aux heures de pointe, doivent subir des conditions qui sont habituelles à Tokyo ou à Los Angeles, que les réfugiés économiques abusent de l’hospitalité qui leur est accordée ou parce que les managers qui touchent des millions (mais ne les «Il faut se garder de tomber dans l’autosatisfaction. La Suisse doit viser toujours plus haut.» méritent pas toujours) ne sont pas à la hauteur des responsabilités qui vont de pair avec leur pouvoir et leur revenu. Bref, des tracas qui feraient de nombreux envieux ailleurs dans le monde. Les problèmes des Suisses – qui ne doivent pas être minimisés – sont le plus souvent liés à la prospérité qu’ils ont construite depuis le milieu du XIXe siècle et au succès qu’ils ont connu depuis une décennie. Les chiffres attestent cette situation confortable. Même pendant les années de crise financière, la Suisse a dégagé de la croissance et des excédents budgétaires. Alors que l’Europe se débat dans la crise de la dette, elle est l’un des seuls pays à remplir les critères de Maastricht. Et elle, dont d’éminents économistes redoutaient il y a encore une vingtaine d’années qu’elle ne passe tout droit du Sonderfall à la faillite, se maintient depuis des années en tête du Global Competitiveness Report établi par le World Economic Forum. Dans un classement publié fin 2012, les analystes du magazine «The Economist» désignaient la Suisse comme étant le pays où il fait bon naître aujourd’hui. Plusieurs facteurs expliquent l’image flatteuse du pays que renvoient ces comparatifs internationaux. Tout d’abord, une politique plus sage, reposant sur le frein à l’endettement, qui impose d’atteindre l’équilibre budgétaire malgré les variations conjoncturelles. Reposant aussi sur la concurrence fiscale, qui contraint les collectivités à la modération, sur une habile répartition des rôles entre pouvoirs publics et entreprises prônée par la politique d’innovation, sur un marché du travail flexible et sur une formation professionnelle duale, qui contribue à maintenir le chômage – en particulier chez les jeunes – à un niveau plancher. Mais devant ces succès, il faut se garder de verser dans l’autosatisfaction. Si la Suisse en est arrivée là, elle le doit à son travail, à sa prudence, à sa sagesse – sinon à sa ruse? – et à une once de chance. En fin de compte, elle fait figure de borgne au royaume des aveugles. Tout n’est pas rose, loin de là. Et il aurait pu en aller tout autrement – et les choses pourraient encore tourner – si la Suisse n’avait pas cultivé et perfectionné son modèle de réussite. Et ce n’est pas en vivant sur ses acquis qu’elle pourra conserver son excellente position, mais en continuant à faire preuve d’ambition: si présomptueux que cela puisse paraître, elle doit s’efforcer de viser toujours plus haut économiquement, et tant pis si cela lui vaut des jalousies et des inimitiés. A cet effet, elle doit inlassablement renforcer son attractivité et se ménager des conditions propices aux échanges avec l’étranger. Eu égard à ses nombreux «désavantages» naturels qui à bien y regarder n’en sont pas forcément, la Suisse a besoin d’une politique de réforme à moyen et long terme qui renforce ses atouts et atténue ses points faibles. Le dernier livre d’Avenir Suisse, «Idées pour la Suisse – 44 chances d’avenir», qui a alimenté les débats ces dernières semaines, est précisément dans cette veine. Toutes les idées qui y sont présentées ont, outre leur caractère libéral, un point commun: elles relèvent largement du champ de compétences de la Suisse; sans être complètement indépendantes de ce qui se passe autour, elles sont bâties de manière à minimiser le besoin d’harmonisation et de coordination. Elles visent à maintenir en ordre la «maison Suisse» et, partant, à la façonner avec prévoyance de manière à lui permettre de conserver ses qualités et sa stabilité dans le plus grand nombre de situations possible. Car pour une petite nation de volonté comme la Suisse, l’ouverture vers l’avenir, la souplesse et la diversification des risques sont d’une importance capitale. Gerhard Schwarz est directeur du think tank Avenir Suisse depuis 2010. Gerhard Schwarz et Urs Meister (éditeurs): «Ideen für die Schweiz – 44 Chancen, die Zukunft zu gewinnen», NZZ Libro, 324 pages, 38 francs. Résumé en français «Idées pour la Suisse – 44 chances d’avenir» sur www.avenir-suisse.ch Jetz t iPad 4 und iPad min i mit Immer und überall. Die «Neue Zürcher Zeitung» und die «NZZ am Sonntag» als Digital-Kombi-Abo für 6 Monate inkl. iPad 4 oder iPad mini zum einzigartigen Spezialpreis. Mit attraktiven Extras wie limitierter NZZ-Schutzmappe (nur iPad 4) und Smart Cover. iPad 4 WiFi 16 GB iPad mini WiFi 16 GB für nur Fr. 559.– statt Fr. 950.– inkl. aller Extras für nur Fr. 379.– statt Fr. 740.– inkl. Extras Diese und weitere attraktive Bundle-Angebote jetzt bestellen unter nzz.ch/ipad. Falls Sie schon ein iPad oder ein iPad mini besitzen: jetzt 10 Wochen lang das NZZ-Digital-Kombi-Abo für Fr. 65.– testen. Bestellung unter abo.nzz.ch. 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