LA VAGUE Dennis Gansel, Allemagne (2008)
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LA VAGUE Dennis Gansel, Allemagne (2008)
LA VAGUE Dennis Gansel, Allemagne (2008) A partir de 10 ans Conseillé pour toutes les classes de collégiens Dennis Gansel est un réalisateur, scénariste et acteur allemand né en 1973. Pendant ses études à l’École de film de Munich, il réalise quelques courtsmétrages, dont un qui remporte le Prix Murnau. Ses premiers longs-métrages obtiennent des récompenses en Allemagne mais c’est avec La Vague, inspiré de l’expérience « La troisième vague », qu’il rencontre un franc succès aussi bien en son pays qu’à l’extérieur. PRIX : Prix de bronze dans la catégorie meilleur film et le Prix d’or pour Frederick Lau aux Prix du film allemande en 2008 Prix spécial du jury au Festival du film d’Istanbul en 2008 Prix Holden du meilleur scenario au Festival du film de Turin en 2008 Prix Jupiter du meilleur réalisateur allemand et du meilleur acteur allemand pour Jürgen Vogel en 2009 Copyright © Festival de Cinéma Européen des Arcs – Révélations Culturelles. Toute reproduction interdite sans l’autorisation de l’auteur. FILMOGRAPHIE : 1996 : The Wrong Trip 1998 : Im Auftrag des Herrn 1998 : Living Dead 1999 : Das Phantom 2001 : Mädchen, Mädchen 2004 : Napola – Elite für den Führer 2008 : La Vague 2010 : Nous sommes la nuit 2012 : Le Quatrième Pouvoir 2015 : Grim Night 2016 : Le Flingueur 2 TAGS : autocratie, expérience, jeu de rôle, fascisme, dictature, communauté SYNOPSIS : En Allemagne, aujourd'hui. Dans le cadre d'un atelier, un professeur de lycée propose à ses élèves une expérience visant à leur expliquer le fonctionnement d'un régime totalitaire. Commence alors un jeu de rôle grandeur nature, dont les conséquences vont s'avérer tragiques. EXTRAIT INTERVIEW AVEC LE RÉALISATEUR : Qu’est-ce qui vous a intéressé dans l’expérience de la “Troisième Vague”, au point d’en tirer un film ? Je me rappelle très précisément la première fois que j’ai lu “La Vague” de Todd Strasser. En lisant un tel livre, on ne manque pas de se demander : Qu’aurais-je fait dans une telle situation ? Aurais- je pris part à ce processus ? Bien sûr, on se dit que le contexte est différent, que ces événements ont eu lieu il y a longtemps, dans les années 60 et aux USA. On est tenté de se dire qu’une telle chose ne pourrait se produire dans l’Allemagne d’aujourd’hui. Nous sommes partis de cette idée en situant le film dans l’Allemagne contemporaine, afin de se demander si, justement, une telle chose serait possible. En quoi a consisté la préparation du film ? Quelles recherches avezvous menées ? Nous disposions des notes originales de Ron Jones, et savions donc très précisément comment s’était déroulée l’expérience. Mais dès lors que nous avons choisi de transposer cette histoire dans l’Allemagne d’aujourd’hui, il a fallu l’adapter au contexte qui est le nôtre, un contexte spécifiquement allemand. Peter Thorwarth et moi avons grandi dans des environnements similaires, et sommes repartis de nos souvenirs pour planter le décor du film. Copyright © Festival de Cinéma Européen des Arcs – Révélations Culturelles. Toute reproduction interdite sans l’autorisation de l’auteur. Certains des personnages sont inspirés directement de gens que lui et moi avons connus. Des élèves que nous fréquentions, des professeurs que nous avons eus, ou que nous aurions aimé avoir. Prendre appui sur ces bases réelles nous a été d’un grand secours pour développer l’histoire : nous nous sommes demandés, très naturellement, comment ces personnes auraient réagi dans les situations que nous voulions dépeindre. Qu’est-ce qui vous a intéressé dans l’expérience de la “Troisième Vague”, au point d’en tirer un film ? Je me rappelle très précisément la première fois que j’ai lu “La Vague” de Todd Strasser. En lisant un tel livre, on ne manque pas de se demander : Qu’aurais-je fait dans une telle situation ? Aurais- je pris part à ce processus ? Bien sûr, on se dit que le contexte est différent, que ces événements ont eu lieu il y a longtemps, dans les années 60 et aux USA. On est tenté de se dire qu’une telle chose ne pourrait se produire dans l’Allemagne d’aujourd’hui. Nous sommes partis de cette idée en situant le film dans l’Allemagne contemporaine, afin de se demander si, justement, une telle chose serait possible. En quoi a consisté la préparation du film ? Quelles recherches avezvous menées ? Nous disposions des notes originales de Ron Jones, et savions donc très précisément comment s’était déroulée l’expérience. Mais dès lors que nous avons choisi de transposer cette histoire dans l’Allemagne d’aujourd’hui, il a fallu l’adapter au contexte qui est le nôtre, un contexte spécifiquement allemand. Peter Thorwarth et moi avons grandi dans des environnements similaires, et sommes repartis de nos souvenirs pour planter le décor du film. Certains des personnages sont inspirés directement de gens que lui et moi avons connus. Des élèves que nous fréquentions, des professeurs que nous avons eus, ou que nous aurions aimé avoir. Prendre appui sur ces bases réelles nous a été d’un grand secours pour développer l’histoire : nous nous sommes demandés, très naturellement, comment ces personnes auraient réagi dans les situations que nous voulions dépeindre. (Source – Cinémotions : http://www.cinemotions.com/interview/53161#xygxTTZvGEr8lKof.99) THÉMATIQUES ET INTERPRÉTATIONS La mise en place de La Vague par Mr.Weiner Le film La Vague illustre de manière simplifiée la mise en place et le fonctionnement d’un groupe totalitaire. Rainer Wenger insiste sur le fait que le « pouvoir passe par la discipline ». Les règles sont indispensables pour articuler les comportements humains au sein d’un groupe. Initialement, Rainer est présenté comme un professeur relativement contestataire, comme peut Copyright © Festival de Cinéma Européen des Arcs – Révélations Culturelles. Toute reproduction interdite sans l’autorisation de l’auteur. l’illustrer son arrivée au lycée dans sa voiture, écoutant de la musique punk. Sa pédagogie repose sur la convivialité. Afin de mettre en place son cours sur l’autocratie, Rainer change radicalement sa manière de faire. Il souhaite démontrer la facilité avec laquelle un régime totalitaire peut s’installer. La discipline passe par un environnement ordonné, et un comportement exemplaire dicté par un chef. De par sa hiérarchie au sein du lycée, Rainer Wenger est nommé chef et incite les étudiants à débarrasser leur table scolaire, à se lever pour parler, à l’appeler par son nom de famille Mr. Wenger et à adopter une posture droite. Après la mise en place des règles, Mr. Wenger cherche désormais à inculquer à ses élèves l’esprit communautaire. Les membres d’une communauté agissent de la même manière, suivant tous les entrainements physiques animés par le professeur. Ils se démarquent en identifiant un ennemi commun : la classe qui étudie l’anarchie. Ils développent un système de partage, d’échanges, et de solidarité entre les élèves en plaçant ceux avec des mauvaises notes près de ceux aux notes plus élevées. L’unité permettrait un enrichissement collectif. Un système d’uniforme est mis en place par les élèves après la proposition du professeur. Ce choix parvient à gommer les inégalités et créer un esprit communautaire. A ceci s’ajoute l’adoption d’un nom et d’un logo, ce qui officialise le projet. L’invention d’un salut tend vers la même idée. Un système expérimental se met en place. On remarque d’ailleurs que les méthodes scolaires traditionnelles, comme les devoirs écrits, ne sont plus à l’ordre du jour. Cette méthodologie originale est d’autant plus attrayante. Rainer Wenger attend une mise en pratique instantanée : le pouvoir passe par l’action. Successivement, les élèves sont mis en valeur car les originalités de chacun contribuent au projet d’ensemble. Ils conçoivent badges, signes d’appartenance et défendent les élèves membres victimisés. Ensemble, ils Copyright © Festival de Cinéma Européen des Arcs – Révélations Culturelles. Toute reproduction interdite sans l’autorisation de l’auteur. revendiquent leur communauté à travers des actions coups de poing. Ils vandalisent les rues au nom de La Vague. En recouvrant d’autres graffitis anarchistes, ils s’affirment comme un courant idéologique à la lisière d’un engagement politique. Une expérience qui dégénère En situant l’action du film dans un lycée, les sujets de l’expérience sont potentiellement plus fragiles et malléables. Ces adultes en devenir semblent des cibles particulièrement faciles pour un projet de cet ordre. D’ailleurs, la majorité des élèves se jette dans le projet tête baissée. Une absence d’objectivité, de recul, d’esprit critique et une confiance totale en leur professeur va mener le projet vers un certain débordement. Un manque, une quête de reconnaissance et l’absence d’un soutien familial les entrainent vers une quasi-dévotion. En premier lieu, l’expérience dégénère lorsqu’elle dépasse les limites établies par le lycée et le cadre familial. La liberté de la rue les grise, leur offre un nouveau terrain à coloniser qu’ils exploitent au nom de la Vague. Ils s’approprient les lieux en vandalisant, déposant leur sigle sur tous supports. Le débordement se ressent également dans leurs relations personnelles. Tous les couples sont menacés : à leurs investissements interpersonnels se substituent ceux au profit de La Vague. Les jeunes entrent même dans la confrontation et la violence dès que survient une complication. Ils en viennent à faire couler le sang à trois reprises : Sinan se débat lors du match de waterpolo, Marco blesse Karo et Tim fait usage de son arme sur un camarade et sur lui-même. Copyright © Festival de Cinéma Européen des Arcs – Révélations Culturelles. Toute reproduction interdite sans l’autorisation de l’auteur. Le sport occupe également une grande place dans les activités scolaires. Au lieu d’exploiter le sport comme un exutoire physique et moral, celui-ci sert de tremplin à leur idéologie pour fédérer encore plus d’adeptes. Il s’avère être un terrain plus que propice à des débordements sanglants. A l’image de la croyance hitlérienne en la race supérieure, le sport est un outil démonstratif de la force d’un groupe. Par définition, le match sportif se veut non violent physiquement: « Le sport c’est la guerre, les fusils en moins ». Georges Orwell dixit. Une fois de plus, les élèves dépassent le cadre imposé. L’évolution du personnage de Tim Initialement, présenté comme isolé, mal dans sa peau, dédaigné de ses parents, Tim est le prototype-même d’un personnage favorable à ce genre de communauté. Il est l’unique personnage qui ne s’embarrasse pas avec ses principes et ne fait aucune concession. Sa personnalité fragile le désigne naturellement à s’investir pleinement dans le projet. Il prend les choses tout particulièrement à cœur. Dans la première scène où Tim apparaît à l’écran, il est représenté comme instable et prêt à tout pour obtenir une reconnaissance sociale. En effet, il prend un gros risque en transportant une certaine quantité de drogue sur lui en échange d’une éventuelle amitié. Lorsqu’il est montré au sein de sa famille, Tim est sans existence aux yeux de ses parents. On devine alors une recherche de figure autoritaire adoptive. Rainer se trouve tout désigné pour incarner cette autorité. Dans La Vague, il comble un manque. Il existe car son entourage s’intéresse enfin à lui. Sinan et Bomber viennent secourir Tim une nouvelle fois brimé par les punks anarchistes. Cela ne répond pas suffisamment à ses attentes. Rejeté ouvertement par Kevin lors de leur première sortie tous ensemble, Tim se dépasse. Il pousse encore plus loin la quête de reconnaissance en escaladant une église en travaux afin d’y apposer le sigle et par ce geste impressionner ses camarades. Son investissement s’accentue lors d’une bagarre contre les anarchistes où il n’hésite pas à sortir son arme. Il cherche à affirmer son autorité au sein du groupe. Son rapport avec M. Wenger se complexifie. Tim se propose volontairement comme garde du corps de son professeur mais essuie un refus catégorique. Il s’immisce sans gêne dans la vie privée de M. Wenger. Il ne semble plus différencier vie privée et vie scolaire. La scène finale ne répond plus à ses attentes. M. Wenger démontre les limites de La Vague et critique sa propre initiation. Après être monté si haut, la chute de Tim n’en est que plus fracassante. Il vit le revirement de Mr. Wenger comme un nouvel abandon. Ce choc lui faisant perdre pied le pousse à l’extrémité, la mort. La mort de Tim serait-t-elle sa « solution finale » ? PISTES DE REFLEXION POUR LES ÉLÈVES -‐ -‐ -‐ Pourquoi les élèves choisissent-ils La Vague comme titre ? Comment vient l’idée de créer le mouvement La Vague ? À partir de quand le projet dégénère-t-il et par quelle action? Copyright © Festival de Cinéma Européen des Arcs – Révélations Culturelles. Toute reproduction interdite sans l’autorisation de l’auteur. -‐ -‐ -‐ -‐ -‐ -‐ -‐ -‐ Par quels moyens Rainer Wenger s’impose-t-il en tant que chef ? Utilise-t-il l’autorité ? Entretient-il un culte de la personnalité ? Un des élèves émet la réplique suivante : « Notre génération a besoin d’un truc fédérateur, on est trop nombriliste. » Etes-vous d’accord avec ce postulat ? Aujourd’hui, pour quelle cause ou idéologie seriez-vous prêts à vous solidariser ? Selon vous, quelles seraient les conditions de la renaissance du fascisme ? Quels effets bénéfiques le projet apporte-t-il aux élèves ? En quoi le film contribue-t-il au devoir de mémoire ? Le militantisme est-il un droit ou un devoir selon vous ? Quels parallèles peuvent être fait entre La Vague et d’autres régimes totalitaires ? Qu’auriez vous fait si vous étiez un des élèves de la classe ? POUR ALLER PLUS LOIN L’expérience de Milgram : https://www.youtube.com/watch?v=II-4Bb_s70o Film à thématique proche: Le Cercle des Poètes Disparus de Peter Weir Livre sur la mise en place d’une société par des jeunes : Sa majesté des mouches écrit par William Golding Copyright © Festival de Cinéma Européen des Arcs – Révélations Culturelles. Toute reproduction interdite sans l’autorisation de l’auteur.