LES RENCONTRES DU CLUB-EMPLOI LE COMMISSAIRE

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LES RENCONTRES DU CLUB-EMPLOI LE COMMISSAIRE
LES RENCONTRES DU CLUB-EMPLOI
05 Février 2013
Amphi Michel Ange
LE COMMISSAIRE-PRISEUR
Introduction de la Rencontre :
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Rencontre organisée et introduite par les bénévoles du Club-Emploi de l’Association de
l’Ecole du Louvre afin de faire découvrir aux élèves le métier de Commissaire-priseur, la
formation nécessaire et les perspectives d’emploi.
Des professionnels en activité sont sollicités pour faire part aux élèves de l’organisation de
cette profession, des compétences nécessaires et de leur vécu au quotidien.
Intervention de Mme Catherine CHADELAT :
Conseiller d’Etat, Présidente du Conseil des Ventes volontaires, Mme Chadelat rappelle l’historique
de l’existence de ce métier, ses évolutions au fil des ans et le cadre juridique qui aujourd’hui régit
cette profession :
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Profession très ancienne, régie par un Edit d’Henri II en 1551, rattachée aux Officiers publics
et ministériels. Titulaires d’une charge que l’on achetait et que l’on cédait, les commissairespriseurs détenaient des prérogatives et officiaient sous le sceau de l’Etat (garantie de la
profession). Si dans les boutiques, les ventes se font de gré à gré, dans les ventes publiques,
toute personne peut intervenir pour obtenir un objet, il faut donc un arbitre : le
commissaire-priseur. Deux professions sont alors créées, celle de Commissaire-priseur
chargé des Ventes Volontaires et celle de Commissaire-priseur des Ventes Judiciaires
intervenant sur mandat judiciaire. Il est possible de cumuler les deux activités ce qui est
encore d’actualité.
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Dès 1986, au sein du Ministère de la justice, Mme Chadelat s’est occupée des Commissairespriseurs. Cette profession a fait l’objet de deux lois en 2000 et 2011, destinées à encadrer la
profession avec notamment la création du Conseil des Ventes Volontaires (CVV), organisme
d’autorité de régularisation du marché des ventes aux enchères. Il n’existe pas d’équivalent
dans aucun autre pays au monde.
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La loi de 2000, loi de transition : ouverture de la profession, volonté de transparence et de
compétitivité, liberté dans la fixation des honoraires, mise en place d’un certain contrôle
demandant de justifier de garanties, cautions et comptes internes, donne des lignes
directrices sur l’exercice du métier et la nécessité de se constituer en société.
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Trois grandes catégories de ventes sont répertoriées et régulées par le CVV :
1- les meubles corporels et objets d’art : 52/53% des ventes volontaires
2- les véhicules d’occasion et matériels industriels : 40% des ventes volontaires
3- les chevaux de courses (Basse Normandie) : 5/6% des ventes volontaires.
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En 10 ans, bouleversements considérables avec le phénomène de l’internationalisation :
- installation en France des deux grandes firmes internationales Sotheby’s et Christie’s qui
depuis 2005 sont encore aujourd’hui, les deux plus importantes,
- développement des ventes aux enchères dans d’autres pays avec l’apparition de la Chine
en 2008/2009, est aujourd’hui le premier pays en termes de chiffres d’affaires, plusieurs
centaines de maisons de ventes en Chine continentale et à Hong Kong, marché totalement
fermé, on ne sait pas très bien comment les choses se passent, beaucoup de ventes à des
prix très élevés, cherche à reconstituer son patrimoine, des sociétés de ventes à Toulouse
ont vendu pour plusieurs millions d’euros d’objets à des Chinois.
- Internet a changé la profession, la clientèle elle-même est devenue internationale : il faut
s’ouvrir à l’internationalisation. La profession reste avec des règles plus contraignantes en
France que dans d’autres pays. Nous ne luttons pas à armes égales : plus de taxes (taxe à
l’importation, menace d’inclusion à l’ISF puis retour en arrière), fiscalité pas la même en
fonction des états, par exemple pas de taxe en Chine, par de Droit de suite aux US, La
Directive européenne Bolkestein, directive DAT Service dite « du plombier polonais » qui
permet d’exercer les services dans toute l’Europe sans tenir compte des règles du pays,
marché inexistant en Italie, règles différentes aux USA et en Grande Bretagne.
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La loi de 2011 offre une plus grande souplesse et des possibilités nouvelles :
- nécessaire d’avoir un diplôme en Histoire de l’Art (3 ans) et en Droit (2 ans) avec un stage
de deux ans et un examen de sortie,
- plus obligatoire de se faire agréer par le CVV mais toujours nécessaire de s’y déclarer, les
ventes aux enchères doivent être transparentes vis-à-vis des consommateurs,
- plus grande souplesse du statut : en société commerciale ou à titre individuel, être associé
ou salarié, exercer d’autres activités en même temps à la seule condition qu’elles ne soient
pas en contradiction avec le métier, cumuler les ventes aux enchères et les ventes de gré à
gré en créant des galeries ce qui permet d’avoir une stratégie de vente,
- les professionnels d’aujourd’hui recrutent des diplômés d’ESCP pour tous les aspects
économiques, la comptabilité et la stratégie marketing, peuvent créer des sociétés de
transport et d’édition de catalogues,
- assouplissement dans les opérations : ventes « After sales » possibles
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L’impact des ventes via Internet :
Au côté du marché régulé régit par un Code de Déontologie homologué par le Garde des
Sceaux qui a valeur réglementaire, développement d’un marché « sauvage » par des
entreprises qui vendent sur le NET.
Il ne faut pas confondre les ventes régulées avec toutes les garanties de déontologie avec la
« loi du parti» quand vous êtes hors du marché, mise en place d’une veille au CVV sur ce
marché non régulé qui prend de plus en plus d’ampleur :
- des ventes totalement dématérialisées (marché de ventes des automobiles), virtuelles et
mobiles,
- sans aucune règle pour le courtage en ligne (eBay par exemple), sans garantie pour
l’acheteur, Price a voulu aller beaucoup plus loin, avec des produits plus haut de gamme :
un vendeur et un courtier qui met en ligne sans aucune garantie. Les déconvenues peuvent
être sévères.
- intérêt pour les acheteurs, pas de frais d’intermédiation,
Bien qu’il ne soit plus possible de travailler sans Internet, la confusion faite par le public
représente une forte préoccupation pour la profession. L’avenir des ventes aux enchères est en
jeu.
Le Commissaire-priseur doit rester indépendant dans sa manière de mener les enchères, vérifier
que toutes les conditions d’une vente objective soient réalisées, notamment au niveau des
apporteurs d’affaires et experts auxquels il a recours. Un Commissaire-priseur qui débute doit se
méfier de perdre son indépendance s’il est trop entouré d’experts.
C’est une profession extraordinaire avec la découverte de l’objet, l’inventaire, la prisée et tout
l’historique à faire pour présenter une vente. Il faut avoir une formation juridique, en marketing,
connaître la législation sur les droits d’auteurs, le droit de présenter (on ne peut pas tout vendre
par exemple les espèces protégées). Le Commissaire-priseur engage sa responsabilité.
Vous entrez dans une profession à un moment où les bouleversements ont été profonds depuis
10 ans et vont dans le bon sens.
En 2011, le marché français de l’art s’est élevé à € 2 mn. Dans le monde, il a atteint € 26 md. On a
beaucoup à progresser.
Intervention de Mme Hélène CHARABANI :
Chargée des stages et du cursus associé Droit /Histoire de l’Art à l’Ecole du Louvre, Mme Charabani
présente la formation nécessaire à l’exercice du métier de Commissaire-priseur.
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D’emblée précise qu’il est possible de passer 3 fois l’examen de Commissaire-priseur et que
tous ceux qui le réussissent ont acquis une licence ou un master dans les deux disciplines
Histoire de l’Art et Droit,
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Depuis quelques années, l’Ecole du Louvre a monté un cursus associé Droit et Histoire de
l’Art qui est en cours de reconnaissance. Après une première année en Histoire de l’Art à
l’Ecole qui permet de s’habituer au système, possible de prétendre à rentrer dans un cursus
associé en préparant un Diplôme Universitaire (D.U.) de Droit en partenariat avec l’Université
de Sceaux (la meilleure université en Histoire de l’Art) : DU1, DU2, DU3 soit 4 années à
l’Ecole. Un véritable double cursus serait trop lourd et très difficile, le cursus Droit/ Histoire
de l’Art de l’Ecole du Louvre facilite la vie sans rien manquer des matières principales,
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Ce cursus existe en sens inverse avec une majeure en Droit : première année de Droit avec
un peu d’Histoire de l’Art, L1, L2 puis rentrer à l’Ecole pour obtenir un certificat de l’Histoire
de l’Art (cours du tronc commun),
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Il existe à Paris I la bi licence Droit/Histoire de l’Art : regardez le programme dispensé, il vaut
mieux prendre son temps et avoir toute l’information indispensable à l’exercice du métier
plutôt qu’en 3 ans,
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Existe aussi le double cursus en totalité : 1er cycle à l’Ecole du Louvre et licence en Droit. Il
semble conseillé de finir son 1er cycle et faire tranquillement le Droit après. A noter qu’il est
possible de faire du Droit par correspondance,
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Enfin, avec l’internationalisation, il faut aussi s’y connaître en Marketing et en Commerce,
faire des spécialisations : il faut être curieux, savoir ce que l’on vend, à qui l’on vend et
comment on vend.
Mme Charabani reste à la disposition de chacun, ne pas hésiter à poser des questions aux
professionnels. C’est difficile mais il est toujours possible d’y arriver.
Mme Chadelat indique qu’une réforme est en cours. La Chancellerie travaille à un décret sur la
formation des Commissaires-priseurs et autres professionnels comme les Huissiers de justice qui
peuvent aussi faire des ventes aux enchères. L’idée est
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de rehausser les diplômes pour que les deux diplômes soient tous les deux de 3 ans,
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d’augmenter un peu la part de l’aspect théorique au cours des 2 ans de stage, diversifier les
options en matière de langues étrangères : ne pas se limiter à l’anglais.
Intervention de Maître Alexandre GIQUELLO :
C’est le plus beau métier du monde ! Chaque jour vous plongez dans l’histoire de l’art. Mais d’abord
un conseil : faîtes des stages très tôt. Quand j’étais élève à l’EDL, je travaillais chez des commissaires
priseurs, ce qui m’a beaucoup appris. Car dans ce métier la connaissance théorique ne suffit pas. On
doit de loin reconnaître un objet et savoir s’il est bon ou pas. Et on apprend tous les jours quelque
chose tout en étant en permanence remis en question, même à 70 ans.
Vous serez arbitre entre le vendeur et l’acheteur car il y a des problèmes en permanence : on a peu
de temps pour préparer une vente et il y a notamment des incidents de paiement.
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Personnellement, j’étais opposé à la vente de gré à gré, mais cela a été imposé par les maisons anglosaxonnes.
Sur les 20 commissaires priseurs reçus par an, la moitié seulement va s’installer car il faut des
moyens ou s’associer à des plus âgés.
On est amené à se spécialiser, mais rarement dans ce qu’on aime : le hasard joue un grand rôle.
Autrefois, la profession faisait bourse commune et on pouvait bien vivre sans rien faire. C’est
terminé.
Les acheteurs viennent d’eux-mêmes, mais le rôle des notaires est essentiel car c’est lui qui règle les
successions. Dans ce réseau l’expert est aussi très important. C’est d’ailleurs un débouché en cas
d’échec à l’examen.
En conclusion : sollicitez des stages, passez du temps devant les vitrines, surtout au Louvre, et vous
aurez l’œil pour repérer l’objet principal.
Intervention de Maître Fabien Mirabaud
Il y a 10 ans, j’étais avocat, à New-York et Paris. Mais je suis revenu en France au moment
de la réforme pour exercer ce métier qui est une passion.
L’Ecole du Louvre est la meilleure formation (l’œil !) mais il faut aussi être bon juriste, car il
faut notamment bien conseiller les vendeurs. Et il faut être également bon comédien quand
on est au marteau !
Les outils de communication sont importants : site internet, catalogues (mais attention à la
photo plus belle que l’objet).
Quelques conseils :
-prenez votre temps, aussi bien en droit qu’à l’Ecole du Louvre pour vous faire l’œil dans les
musées et être en confiance ;
- faîtes des stages (j’ai passé 2 ans chez un expert qui m’a fait connaître plusieurs maisons de
ventes) ;
- anticipez les stages car les demandes arrivent en masse en novembre ;
- plusieurs façons d’opérer : chef d’entreprise ou salarié d’une maison de ventes. Mais la clé
de la réussite, c’est la disponibilité, la courtoisie, faire partie d’un réseau (notaires, experts) ;
- Paris est très difficile, alors pensez à la province;
- Il n’y a plus de charge de commissaire-priseur judiciaire à vendre, mais faut-il le regretter ?
En effet, dans cette profession on a moins de temps à consacrer au métier de base. Ma
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chance a été de pouvoir m’associer à un commissaire-priseur judiciaire, car ce binôme
fonctionne parfaitement : l’ancien vous assure la confiance du marché de l’art et il vous
transmet sa clientèle. Aussi, lors des stages, pensez à votre future installation.
Questions posées par les élèves :
1- Conseillez-vous le master de droit de la fiscalité, option marché de l’art (Sorbonne) ?
Maîtres Mirabaud et Giquello : c’est très bien de faire une spécialité, mais le notariat nous semble
mieux adapté.
2- Parmi les CV de demandes de stage que vous recevez chaque année, qu’est-ce qui retient le
plus votre attention ?
Maître Giquello : il n’y a pas de critère, cela fonctionne plutôt au feeling, à l’impression. Il ne faut
jamais lâcher. Inscrit trop tardivement à l’entrée de l’Ecole, je n’ai pu l’intégrer que l’année suivante
et j’en ai profité pour adresser mon CV à 6 commissaires-priseurs ; le dernier était le bon. C’est un
petit milieu consanguin, il faut s’accrocher.
Maître Mirabaud : je ne prends pas de stagiaire tous les ans, seulement en tant que de besoin. Il est
important d’avoir fait des stages, car ceux qui en ont déjà fait, bénéficient d’un avantage : on sait
qu’ils rendront sûrement de meilleurs services.
3- Il y a une grande concentration des affaires dans les grandes maisons de vente : les petites
ont-elles un avenir ?
Maître Mirabaud : je pense qu’il y aura toujours de la place pour les petites maisons, mais elles
doivent fonctionner sur la confiance. Au début, tout le monde allait chez Christie’s et Sotheby’s, mais
ils ont perdu de nombreux clients car les objets moyens (de 1000 euros à 5000 euros) ne les
intéressent guère, alors qu’ une petite société y mettra toute son énergie et le contact humain y est
meilleur.
Madame Chadelat : chaque année, le Conseil des Ventes Volontaires (CVV) remet un rapport
d’activité aux pouvoirs publics. Il en ressort que la France dispose du plus grand maillage territorial
avec ses 396 maisons de vente, dont 67 % en province. Des entreprises familiales se transforment
rapidement (Toulouse, Nantes et les liens avec les notaires permettent un chiffre d’affaires assez
consistant. On constate aussi que les grandes maisons (Christie’s, Sotheby’s et Artcurial) ne tuent pas
le marché, ils peuvent même contribuer à « booster » les affaires. Il y a donc une grande diversité.
Maître Giquello : il ne faut pas oublier qu’avant la réforme, ces grandes entreprises avaient des
bureaux à Paris et que les objets partaient à Londres ! Grâce à leur présence, la place parisienne a
repris le leadership dans certains domaines comme l’art primitif, la photographie et les livres. Leur
position hégémonique est liée à un certain état d’esprit. Quant on est un particulier, on vend
généralement une seule fois dans sa vie en vente publique ; on est donc angoissé, paranoïaque et on
se tournera spontanément vers les plus gros. Mais ces gros ont des conditions. Un objet ou un lot de
50 000 euros ne représente rien pour eux, du coup les gens disent « la prochaine fois, je viendrai
chez vous ». Sauf qu’il n’y a pas de prochaine fois. Il faut donc être plus malin : offrir un service sur
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mesure qu’ils n’auront pas chez Christie’s ou Sotheby’s. Il y a donc un avenir pour les petites
sociétés, à condition notamment de savoir s’entourer. C’est le bon expert qui fait beaucoup. Si vous
n’avez pas la fibre « commissaire priseur », l’expertise est très intéressante. Par exemple, si vous
faites une thèse sur un peintre, vous allez être recherché. Il faut dans ce cas être très spécialisé. En
ce moment, on manque d’experts dans un domaine qui marche très fort : l’archéologie
précolombienne.
4- Vous avez dit que 52 % seulement des ventes concernaient les biens meubles, par
conséquent la formation axée sur l’histoire de l’art est-elle adaptée au marché et parmi
les élus commissaires-priseurs, ceux qui choisissent l’art sont-ils représentatifs ?
Maître Giquello : de toutes façons l’examen est le même pour tous, il exige une bonne connaissance
de l’histoire de l’art. Ceci dit, quand une porte s’entrouvre, il faut mettre le pied dedans. Par
exemple, commissaire priseur judiciaire en province, c’est un autre métier, avec une forte
composante voitures, machines, etc., moins flatteur mais très rentable.
5- Que pensez-vous de la formation en droit par correspondance ?
Maître Giquello : c’est illusoire car il y a un problème de méthodologie. Certes, j’ai plus travaillé à
l’Ecole du Louvre qu’à la Faculté de Droit, mais le droit vous apprend à raisonner, ce qui n’est pas
possible seul dans son coin.
Maître Mirabaud : il y a des passerelles possibles. Des commissaires-priseurs n’ont pas fait de droit
mais Sciences-Pô ou une Ecole de commerce où on enseigne aussi le droit.
6- Peut-on passer l’examen de Commissaire-priseur à l’issue de la 2ème année à l’Ecole du
Louvre ?
Madame Charabani : c’est impossible. Il faut le diplôme de 1er cycle. Mais il est vrai que les deux
premières années de droit (Deug) suffisent.
Maître Giquello : de toute façon, pour un futur commissaire-priseur, l’histoire de l’art enseignée en
3ème année est absolument indispensable.
Maître Mirabaud : pour l’examen, j’ai dû traiter le sujet : la sculpture dans les monuments publics de
la Renaissance à nos jours et j’ai eu une excellente note grâce à l’enseignement de l’Ecole du Louvre
qui donne notamment une vision transversale de l’histoire de l’art.
En outre, Madame Charabani et Maître Giquello font remarquer que l’enseignement de l’Ecole
permet une bien meilleure connaissance des œuvres, grâce à la fréquentation des bibliothèques et
aux très nombreuses visites au Louvre qui sont essentielles pour la formation.
7- L’aspect Marketing de la profession que vous avez évoqué est un peu obscur pour moi…
Maître Giquello : vous devez avoir la connaissance des objets. Tous les ans en province, il sort un
objet extraordinaire. Les greniers en France regorgent de trésors, il faut les saisir. Mais ce n’est pas
suffisant. Pour que les vendeurs viennent à vous, il vous faut soigner votre communication. D’abord
avec un catalogue de très grande qualité. Ensuite avec votre image : longue à fabriquer, rapide à
égratigner. Une seule mauvaise affaire suffit.
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Madame Chadelat : j’ajouterai qu’il faut une stratégie. Pour cela il faut d’abord constituer un réseau
(entreprises, notaires, tribunal de commerce…) et acquérir une bonne connaissance du marché local.
Ensuite faire des choix stratégiques, en profitant par exemple d’une grande exposition ou des
Journées du Patrimoine. Un exemple : la vente annuelle des Yearlings il y a deux ans. Pour cause de
ramadan, la clientèle des Emirats est absente et la prospection s’est déportée, avec de bons
résultats, sur l’Australie. C’est dans des cas de ce genre que le CVV, en plus de son rôle
d’accompagnement juridique peut aider les commissaires priseurs, car il a aussi un rôle
d’observatoire économique.
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