Bulletin d`information des activités du CICR en Guinée Conakry

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Bulletin d`information des activités du CICR en Guinée Conakry
AVRIL 2010
SOMMAIRE
l EDITORIAL
1
Médical et l’islam et DIH
l PROTECTION
EDITORIAL
2
Protection et détention
l EAU & HABITAT
3
l MEDICAL
4
Préparation à l’urgence
l COOPERATION
5
Coopération avec la
Croix-Rouge Guinéenne
l PREVENTION
6
Promotion du DIH aux porteurs d’armes et universités
l ISLAM ET DIH
7
Point de vue
l ACTUALITES DU CICR
EN GUINEE
CONTACT
COMITE INTERNATIONAL DE LA
CROIX-ROUGE
Délégation de Conakry
Coléah Abattoir, Corniche sud
Rue MA 002 X MA 255
Commune de Matam
BP 3204 CONAKRY
République de Guinée
Tel: (224) 63 35 13 61 ou 68 40 80 53
Email: [email protected]
Web:www.cicr.org
Sous délégation de N’zérékoré
Quartier Ossud
N’zérékoré
Tel : (224) 64 37 42 85
Bureau de Freetown (Sierra Leone)
10 Ahmed Drive,
Off Sir Samuel Lewis Road
Tel : (232) 76 621 591 / 33 99 955
Email: [email protected]
8
Le Comité International de la Croix-Rouge
(CICR) compte maintenant 20 ans de présence
en Guinée, dont neuf de façon permanente.
La délégation de Conakry dispose également
d’une sous délégation à N’zérékoré et
supervise une antenne à Freetown en Sierra
Leone, depuis la fermeture de la délégation
dans ce pays.
L’année 2009 a été le théâtre de
bouleversements politiques qui ont marqué
les Guinéens et fait la une des médias
nationaux et internationaux. Les accords
de Ouagadougou de janvier 2010 ont posé
les jalons d’une transition politique vers des
élections libres et un nouveau départ pour la
Guinée. La formation d’un gouvernement de
transition, l’établissement du CNT et le projet
de restructuration de l’armée sont autant de
signaux positifs à mettre à l’actif de la Guinée.
L’espoir et l’enthousiasme sont de nouveau
de mise et l’occasion est belle de faire de
la Guinée le pays démocratique dont tout
citoyen rêve.
Depuis la parution de son dernier
bulletin d’information (août 2009), le
CICR a continué de développer ses
activités dans ses habituels domaines
d’expertise : protection, assistance en
eau et réhabilitation, assistance médicale,
communication et coopération. L’Institution
a également contribué, avec la Croix-Rouge
Guinéenne et d’autres acteurs humanitaires,
à la réponse humanitaire aux événements
tragiques du 28 septembre 2009.
Vous trouverez dans ce bulletin les différentes
activités qui ont été mises en œuvre au
cours de cette période entre août 2009
et avril 2010 :
• Programme d’appui nutritionnel d’urgence et
campagne d’assainissement et de lutte antivectorielle dans les prisons guinéennes.
• Ouvrages de traitement de l’eau pour l’accès
à l’eau potable à Kankan, Forécariah, Mali
et Koundara.
• Sensibilisation et formation des forces
armées et des forces de sécurité aux règles
de base du Droit International Humanitaire
(DIH) et au respect des Droits de l’Homme
dans le cadre des opérations de maintien de
l’ordre.
• Préparation au concours national de DIH
pour 6 universités guinéennes.
• Formation à l’urgence dans les infrastructures
médicales guinéennes afin de faciliter la
prise en charge d’un afflux de blessés.
• Coopération
avec
la
Croix-Rouge
Guinéenne (CRG) afin de renforcer ses
capacités organisationnelles notamment
dans le domaine de la préparation à
l’urgence, de la communication et du
rétablissement des liens familiaux.
• Assistance médicale d’urgence et soutien à
l’évacuation des blessés du 28 septembre
vers les structures hospitalières, donation
de matériel chirurgical et recherche sur les
disparus à la demande de leurs familles.
Un rapport confidentiel a également été
remis aux autorités sur les événements,
leurs conséquences humanitaires et les
recommandations pertinentes.
Les changements intervenus et à venir en
Guinée durant cette année 2010 offriront
certainement de nouvelles opportunités pour
renforcer certains programmes humanitaires
du CICR, mais également pour encourager
le pays à prendre progressivement en main
la formation de ses forces armées et de
sécurité, la situation nutritionnelle et médicale
de sa population carcérale, un meilleur accès
à l’eau potable à l’intérieur du pays et pour
préparer au mieux le personnel médical
à répondre efficacement aux urgences.
Dans cet effort, le CICR souhaite continuer
d’apporter sa contribution pour offrir aux
Guinéens la Guinée qu’ils méritent.
Nous vous souhaitons une bonne lecture,
Perrine Louart
Chef de délégation du CICR
www.cicr.org
AVRIL 2010 Le Bulletin d’Information CICR • 1
PROTECTION
PROTECTION ET DETENTION
Le Comité International de la Croix-Rouge
(CICR) est actif en Guinée depuis 1991 et
de façon permanente depuis 2001. Les
activités CICR de protection des personnes
sont principalement de trois types:
• Les visites aux personnes privées de
liberté (Détention);
• La protection de la population civile
(PPC);
• Le rétablissement du lien familial (RLF) et
la recherche des personnes disparues.
de façon confidentielle leurs observations
et leurs recommandations avec les
autorités compétentes. Les visites du CICR
visent en outre à renforcer, d’entente avec
les autorités pénitentiaires et sanitaires,
un système de veille humanitaire dans les
lieux de détention, qui permet une réaction
rapide en cas de crise humanitaire. Si
nécessaire, le CICR soutient les autorités
détentrices dans leurs efforts pour assurer
des conditions de détention conformes
avec les normes et les standards nationaux
et internationaux.
Détention
Le CICR a signé un Accord de visite en
1999 avec le gouvernement guinéen, qui
lui permet d’entreprendre des actions
humanitaires en faveur de toutes les
personnes privées de liberté.
Les visites du CICR aux personnes
privées de liberté ont un but strictement
humanitaire. Les délégués évaluent
soigneusement les conditions de détention
et le traitement des détenus, puis partagent
En 2009, le CICR a effectué 238 visites dans
les maisons centrales et les prisons civiles
sous l’autorité du Ministère de la Justice,
dans l’objectif premier de contribuer au
système de veille humanitaire.
En soutien aux autorités pénitentiaires, le
CICR a mis en œuvre au premier semestre
2009 un programme d’appui nutritionnel
de trois mois en faveur de 950 détenus
vulnérables dans 24 maisons centrales
et prisons civiles. En septembre et
octobre, le CICR a renouvelé son soutien
nutritionnel en faveur de 490 personnes
vulnérables dans dix lieux de détention.
L’impact humanitaire de ces programmes
a été largement positif, mais la malnutrition
étant véritablement “endémique” dans les
prisons guinéennes, le CICR reprendra un
programme de soutien (BP100) au premier
semestre 2010.
En outre, le CICR a œuvré tout au long de
l’année à améliorer le système de soins de
santé en milieu carcéral, en dialogue direct
avec les autorités détentrices et sanitaires.
Dans 23 établissements pénitentiaires, les
détenus ont bénéficié de donations du
CICR en médicaments essentiels.
En matière d’hygiène, le CICR a mené
notamment une campagne de lutte antivectorielle doublée d’une campagne contre
la gale et les mycoses (cf. encadré). Dans
les lieux de détention visités, il a distribué
régulièrement du matériel individuel et
collectif d’hygiène, ainsi que de stockage
d’eau.
CAMPAGNE DE DÉSINSECTISATION DANS LES MAISONS CENTRALES ET LES PRISONS CIVILES
Le CICR a assisté la Direction Nationale de l’Administration
Pénitentiaire (DNAP) du Ministère de la Justice et le Ministère
de la Santé dans la mise en œuvre d’une vaste campagne de
désinsectisation (lutte anti-vectorielle) dans les maisons centrales
et les prisons civiles.
La campagne a commencé fin juin 2009 dans les établissements
pénitentiaires de la Moyenne Guinée et s’est poursuivie dans les
maisons centrales de Conakry (août 09) et de Kindia (septembre
09). Elle s’est poursuivie dans les régions de Kankan, de N’zérékoré
et de Boké. Cette campagne a concerné 2619 détenus dans 31
Dans le domaine de la réhabilitation
d’infrastructures pénitentiaires et de
l’accès à l’eau, le CICR a effectué divers
travaux dans 15 maisons centrales et
prisons civiles :
• Réparation d’éléments de toiture;
• Amélioration de la ventilation de cellules;
• Réhabilitation de cellules désaffectées;
• Amélioration des réseaux d’adduction,
de distribution et d’évacuation d’eau.
Dans les lieux transitoires de détention, le
CICR a notamment effectué en 2009 et début
2010 à Conakry des visites aux personnes
détenues par le Bureau d’investigations
judiciaires (BIJ, communément appelé
camp PM3) et au BSIP dépendant de l’étatmajor de la Gendarmerie nationale.
Protection de la population civile (PPC)
Suite aux évènements du 28 septembre, le
AVRIL 2010 Le Bulletin d’Information CICR • 2
lieux de détention, dont 119 femmes et 231 mineurs.
L’activité a impliqué les régisseurs et les agents de santé concernés,
l’objectif final étant la prise en charge future et régulière de la lutte
anti-vectorielle en milieu carcéral par les autorités guinéennes.
En parallèle, le CICR a organisé un programme de lutte anti-gale et
anti-mycoses pour les prisons où était observée une forte
prévalence des infections cutanées. 987 détenus ont été traités
contre la gale, parmi lesquels 192 contre les mycoses. Il a
également procédé à la distribution aux détenus de matériel de
couchage, de nettoyage d’hygiène.
CICR a rédigé un rapport confidentiel qu’il
a remis aux autorités guinéennes, ouvrant
le dialogue avec ces mêmes autorités
et faisant part de ses observations et
recommandations en matière de maintien
de l’ordre public, de protection de la
population civile, de respect de l’intégrité
physique et morale des personnes, ainsi
que du travail de premier secours des
équipes Croix-Rouge.
Le CICR met tout en œuvre pour
rechercher et réunir les personnes
disparues ou séparées en lien avec des
violences armées ou d’autres situations
de crise. Il entreprend des démarches
auprès des autorités afin d’éclaircir le
sort des personnes recherchées, dans
le but d’informer les familles, en portant
une attention particulière aux enfants non
accompagnés.
Rétablissement des liens familiaux (RLF)
et recherche de personnes disparues
Les sociétés nationales Croix-Rouge/
Croissant Rouge, par leur connaissance du
terrain et leur proximité, apportent une aide
précieuse dans la recherche.
Le rétablissement des liens familiaux, dont
la recherche des personnes disparues,
déplacées ou séparées est l’une des
activités traditionnelles du CICR.
Préserver l’unité familiale est un principe
universel, garanti par le Droit, comme
celui de connaître le sort d’un proche
disparu.
Le CICR a recueilli des demandes de
recherche émises par des proches de
personnes disparues en lien direct avec les
évènements du 28 septembre 2009. Depuis
lors, il a clos de façon positive 26 dossiers
de demandes de recherche déposées par
des familles.
EAU & HABITAT
Soutien à la CRG
Sur le terrain, la Croix-Rouge Guinéenne
doit être prête à répondre aux attentes
des populations et il est important pour
elle de pouvoir disposer d’infrastructures.
C’est pourquoi le CICR s’efforce de
la soutenir en la dotant de sièges
préfectoraux.
Fin 2009 et début 2010, ce sont les Comités
Préfectoraux de la Croix-Rouge de Fria et
de Kankan qui ont vu le jour.
Dans le but de mieux se préparer à
donner de l’eau potable aux populations
en situation d’urgence (troubles internes,
catastrophes naturelles, conflits…), une
journée d’échanges et de pratique a
été organisée à la délégation du CICR
avec la participation de la Croix-Rouge
Guinéenne (CRG). L’objectif de cette
journée était double : impliquer d’une part
la CRG en formant une équipe mixte CRG/
CICR mobilisable en cas de besoin et,
d’autre part, connaître la composition du
matériel disponible et s’assurer de son bon
fonctionnement.
Réhabilitation de la station SEG à Foréacariah
Appui à la SEG
Le CICR a maintenu son appui à la
Société des Eaux de Guinée (SEG) pour
l’amélioration de l’accès à l’eau potable
dans les villes de l’intérieur du pays.
Cette garantie d’accès permet d’améliorer
les conditions d’hygiène et de protéger
l’environnement.
Ce
programme
a
concerné, pour cette période, les villes de
Forécariah, Koundara et Mali.
A Forécariah, l’appui du CICR a permis
de passer de 960 m3 d’eau par mois à
13’725 m3/mois. Actuellement, la ration
d’approvisionnement en eau potable de
la SEG à Forécariah est de 42 litres par
personne et par jour.
d’amélioration de l’approvisionnement en
eau potable est prévue en 2010
Soutien aux infrastructures médicales
Toujours pour répondre aux besoins
dans les situations d’urgence, le CICR
a continué son programme d’appui aux
hôpitaux pour une meilleure prise en charge
des blessés. Le pavillon chirurgical de
l’Hôpital régional de Kindia (105 lits) a été
réhabilité, ainsi que le bloc opératoire de
l’hôpital préfectoral de Guéckédou (100 lits).
A l’hôpital régional de Mamou, une salle de
pansement a été aménagée.
A côté des présentations théoriques
données par le département “eau et
habitat”, des exercices pratiques de
montage et d’utilisation du matériel ont
permis aux participants non seulement
de se familiariser avec les outils mis à
leur disposition, mais aussi de prendre
conscience des lacunes qui restent encore
à combler pour être plus opérationnels.
Il est prévu, entre autre, de répéter
annuellement cette pratique sous forme
d’exercice de simulation et d’établir un
protocole d’accord avec la SEG afin de
bénéficier d’un approvisionnement en eau
potable en cas d’urgence.
Dans la commune urbaine de Koundara,
l’extension du réseau d’adduction d’eau
potable sur une longueur de 6’650m
a permis de raccorder les quartiers de
Hamdallaye, Boussoura et Dar El Salam
regroupant ensemble 17’000 bénéficiaires.
Dans la ville de Mali, la première phase
de l’appui du CICR à la SEG a permis de
rendre opérationnelles les infrastructures
existantes, non fonctionnelles depuis plus
de 3 ans. Ainsi, depuis janvier 2010, l’eau
potable coule dans les robinets et bornes
fontaines pour 3’000 bénéficiaires habitant
cette commune urbaine. Une 2ème phase
Test du matériel d’urgence
AVRIL 2010 Le Bulletin d’Information CICR •3
MEDICAL
PREPARATION A L’URGENCE
Les évènements du 28 septembre ont
montré combien les programmes de
préparation à l’urgence du personnel
médical hospitalier étaient importants.
Les formations ont concerné plus de
350 personnes parmi lesquelles des
chirurgiens, des infirmiers, des aidessoignants, du personnel paramédical et
des brancardiers. Elles ont porté sur la
chirurgie des plaies par balle, les soins
opératoires et les premiers soins, les
techniques de triage des blessés, l’hygiène
et la stérilisation. Plusieurs hôpitaux ont
bénéficié de ce programme: le CHU Donka,
le CHU d’Ignace Deen, l’hôpital militaire et
les hôpitaux régionaux de Kindia, Mamou
et N’zérékoré. Des formations de base ont
également été dispensées au personnel
de centres de santé et centres médicocommunaux de la capitale.
Parallèlement, un protocole d’accord a
été signé avec l’hôpital de Donka et le
Ministère de la Santé, détaillant ainsi le
plan d’urgence à suivre et à appliquer en
cas d’afflux massif de blessés.
Ces formations semblent avoir porté
leurs fruits: la bonne prise en charge des
nombreux blessés suite aux évènements
du 28 septembre 2009, leur transport
vers les centres médico-communaux et le
principal hôpital le démontrent.
Cependant,
pour
pallier
certains
dysfonctionnements observés lors de
cette journée et afin de répondre de
manière plus efficace aux besoins, le
plan d’urgence de Donka a été révisé
et l’assistance matérielle augmentée.
Tout en continuant la formation, le CICR
a également complété ses stocks afin
d’assister l’hôpital en cas de besoin.
L’institution dispose aussi de 3 kits de
matériel pour soigner plusieurs centaines
blessés et de 3 kits de premiers secours
et triage, deux pour la capitale et un pour
N’zérékoré.
Afin de pérenniser le programme de
soutien aux hôpitaux guinéens et dans
la droite ligne des formations sur la
chirurgie de guerre organisées en
2007, 2008 et 2009 le CICR a obtenu
l’accord du Ministère de l’enseignement
supérieur et de la recherche scientifique
et des responsables du département
de chirurgie générale de l’Université
nationale pour dispenser dès 2010 aux
étudiants en chirurgie un module sur le
traitement chirurgical des blessés par
balle et de guerre en général.
Le cours commencera le 12 avril et
traitera de sujets comme la balistique
lésionnelle, le pré-triage et le transport
des blessés, la réanimation ainsi que la
prise en charge des différents types de
lésions. Cette formation se fera au Centre
Regional de la Fondation à la Prévention
des Cancers Gynécologiques au CHU
Donka. Elle s’inscrira dans le cadre du
diplôme d’études spécialisées de chirurgie
générale et de chirurgie viscérale.
Formation à l’hôpital de Donka
AVRIL 2010 Le Bulletin d’Information CICR • 4
COOPERATION
COOPERATION AVEC LA CROIX-ROUGE GUINEENNE (CRG)
Volontaires de la CRG assistant des blessés le 28 septembre 2009
Le CICR continue son soutien
au développement des capacités
organisationnelles de la CroixRouge Guinéenne, notamment dans
les domaines de la communication,
de la préparation à l’urgence et du
développement institutionnel.
Une des forces de la CRG est son
réseau de volontaires bénévoles
secouristes, qui permet une
mobilisation de 2000 personnes au
niveau national en cas d’urgence
et une assistance en premiers
secours. Des formations régulières
et des compétitions régionales
et nationales permettent non
seulement de maintenir, mais
également d’améliorer le niveau de
prestation.
En 2009, quatre compétitions ont eu
lieu, auxquelles 640 secouristes des
33 CPCR (comités préfectoraux de
la Croix-Rouge) ont participé.
Quatre ateliers sur la gestion de
catastrophes et le rétablissement
des liens familiaux ont regroupé
plus
de
500
participants.
25
membres
de
la
CRG
ont également participé à un atelier
technique sur “l’évaluation des
besoins”, organisé par le CICR.
L’amélioration des compétences
a permis à la CRG, en tant
qu’auxiliaire des pouvoirs publics,
de répondre rapidement aux
besoins de la population lors
des tragiques évènements des
28 et 29 septembre.
Soutenue par le CICR, qui a mis à
disposition véhicules, chauffeurs et
matériel de premier secours, la CRG
de la capitale a mobilisé 220
volontaires, qui ont assisté et
transporté 360 blessés vers les
centres
médico-communaux
et l’hôpital de Donka.
Rappelons que les principes d’action de la CRG sont également
ceux de toutes les composantes du Mouvement International de
la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge (le CICR, La Fédération
Internationale des Sociétés Croix-Rouge et Croissant-Rouge et
les 186 Sociétés Nationales Croix-Rouge et Croissant-Rouge).
Ils sont : humanité, impartialité, neutralité, indépendance, volontariat,
unité, universalité.
La restructuration et le renforcement du département
communication de la CRG sont également
importants pour la Société Nationale, car elle ne
peut se développer que par l’incorporation de
nouveaux volontaires issus de la population.
Elle doit, pour cela, promouvoir le Mouvement
Croix-Rouge et Croissant-Rouge auquel elle
appartient, ses principes d’action, mais également
se faire connaître pour consolider et diversifier ses
programmes et ses sources de financement au
bénéfice des populations vulnérables.
Un premier atelier de formation en techniques de
communication, organisé par le CICR, a regroupé
15 diffuseurs en provenance de différents CPCR de
la CRG. Cet atelier doit se répéter en 2010 pour les
diffuseurs des CPCR restants.
Les séances de diffusion organisées par le CICR, à
Conakry et sur le terrain, incluent régulièrement le
diffuseur du CPCR concerné.
Ce volontaire présente alors la CRG, son histoire et
ses activités et le CPCR. Indépendamment de ces
présentations conjointes, les communicateurs de la
CRG organisent aussi des séances de sensibilisation.
En 2009, la CRG a présenté une vingtaine de
séances de diffusion à des publics variés comme
des collégiens et des étudiants ou des autorités
locales (plus de 3500 personnes).
AVRIL 2010 Le Bulletin d’Information CICR •5
PREVENTION
Diffusion aux porteurs
d’armes
Dans des situations de violence ou de troubles internes, ce sont
les forces de police et de sécurité qui sont appelées à intervenir.
Quand les forces armées sont déployées dans ce genre de situation,
elles apportent en général leur soutien aux forces déjà sur place et
sont soumises aux décisions des autorités civiles. Quelle que soit
l’ampleur de la mobilisation (seulement les forces de police/sécurité
ou ces dernières accompagnées des forces militaires), elles doivent
respecter, lors des opérations de maintien de l’ordre, les principes
suivants :
• éviter un usage excessif de la force;
• s’assurer que les individus blessés reçoivent les soins appropriés
et que les personnes décédées soient identifiées et leur corps
remis aux familles;
Centre d’instruction de Kissidougou: diffusion avec les forces armées,
• s’assurer que les personnes arrêtées ou détenues soient traitées exercices de simulation
avec humanité.
Le CICR a mis à profit le dernier semestre 2009 et les premiers
Ce sont essentiellement les règles fondamentales de la Déclaration mois de 2010 pour multiplier les séances de sensibilisation
Universelle des droits de l’Homme qui s’appliquent et qui doivent avec les forces de police, la gendarmerie et les forces armées à
Conakry comme à l’intérieur du pays.
être connues des intervenants.
Les opérations de sécurité intérieure, appelées souvent opérations Pour la seule année 2009 et le premier trimestre 2010, 1500 militaires,
de maintien de l’ordre, sont une tâche complexe qui demande 600 policiers et gendarmes et plus de 1000 nouvelles recrues ont
été sensibilisés aux règles de base des droits de l’Homme et sur
formation et préparation.
la conduite à tenir dans les opérations de maintien de l’ordre.
Les forces de police et de sécurité doivent proprement être informées,
entraînées et équipées pour répondre à la situation. Quant à Ces séances ont été menées conjointement par le CICR, un
l’intervention des forces armées dans le maintien de l’ordre, elle doit diffuseur de la Croix-Rouge Guinéenne et les instructeurs du
être exceptionnelle. Il est impératif de former les militaires à ce genre Bureau du Droit International Humanitaire de l’Etat major général
d’opération. Dans les situations de violence ou de troubles internes, des armées pour les militaires et de l’instructeur du Bureau du
ils n’auront pas à faire face à des ennemis, mais seront confrontés à Droit International Humanitaire et des droits de l’Homme du
Ministère de la sécurité pour les forces de police.
leurs concitoyens et leur comportement doit être adapté.
PROMOTION DU DIH DANS LES UNIVERSITES, AUPRES DES MEDIAS, DANS LES MILIEUX RELIGIEUX
Programme universités
Le nombre d’ universités guinéennes
enseignant le Droit International Humanitaire
(DIH) à leurs étudiants est maintenant
de 6 à Conakry. Ce sont les universités
de Sonfonia, Koffi Annan, Nongo, Cheik
Amadou Diara, Unic et La source.
L’université de Kankan, qui n’a pas de
faculté de droit, enseigne les bases du DIH
aux étudiants en sciences humaines et en
économie.
Afin de parachever la formation des
professeurs commencée en 2008, le
cours sur le DIH de deuxième niveau a été
organisé par le CICR en novembre 2009.
Il a compté 19 participants, parmi lesquels
des professeurs, bien sûr, mais également
des représentants de la CRG, du SENAH
et un instructeur militaire des écoles de
Manéah.
A la différence de la première session de
2008, ce cours a demandé une participation
plus active des personnes présentes et
nombreux ont été les intervenants (les
professeurs notamment) qui ont fait des
AVRIL 2010 Le Bulletin d’Information CICR • 6
exposés sur certains des thèmes prévus
au programme.
Le cours a été animé essentiellement
par le juriste régional de la délégation
du CICR à Dakar, un professeur de
l’université de Sonfonia et l’assistant
juriste du département communication de
la délégation du CICR à Conakry.
Au terme de ces 3 jours de cours, un
programme a été élaboré afin d’harmoniser
l’enseignement du DIH dans les universités
concernées et de mieux préparer les
étudiants à la compétition nationale prévue
en 2010.
Le CICR et les médias
Suite au déjeuner de presse qui a eu lieu
à Conakry en juin 2009, le CICR a envoyé
trois journalistes guinéens à Dakar pour
participer à un séminaire régional destiné
aux journalistes radio de divers pays
francophones. Ces 3 jours de formation
ont permis aux participants de s’informer,
de débattre et d’échanger des idées sur
le rôle des médias dans les situations
de conflit. Ce séminaire était animé par
la directrice du Centre d’études des
sciences et techniques de l’information
(CESTI) de l’université
de Dakar et par des
CICR spécialisés dans
et les relations avec
médias.
Cheick Anta Diop
représentants du
la communication
la presse et les
Islam et DIH
Le CICR a souhaité étendre son réseau
d’interlocuteurs et renforcer le dialogue
avec les milieux religieux.
Une mission a eu lieu en août 2009 avec
le soutien de la délégation CICR régionale
de Dakar. Elle a permis notamment de
rencontrer des représentants du Secrétariat
aux Affaires religieuses, de l’Association des
Elèves et Etudiants Musulmans de Guinée
(AEEMG), de l’Institut d’enseignement
islamique de l’université Nelson Mandela
et de l’épiscopat de Guinée.
Devant le vif intérêt montré par les
personnes rencontrées, le CICR veut
poursuivre le dialogue. Les interlocuteurs
ont également souhaité l’appui du CICR
pour mieux “intégrer” l’humanitaire dans
leur message. Le CICR prévoit d’organiser
des conférences sur le thème Islam et DIH
en 2010.
POINT DE VUE
L’islam et le DIH : La conduite des opérations militaires et le
traitement des prisonniers de guerre
Le droit international humanitaire (DIH) est un droit appelé à régir
les situations extrêmes dans lesquelles le dialogue, la raison, l’ordre
et l’intelligence humaine semblent céder la place à la confusion, à
l’instinct et au chaos. Il est un droit d’humanité et de bon sens,
qui a pour objet de réduire les souffrances humaines en accordant
une protection juridique à ceux qui ne participent pas ou plus aux
hostilités et en imposant des restrictions aux moyens et méthodes
de la guerre.
Le DIH est un droit universellement reconnu et accepté.
Les principes et valeurs qu’il prône existent dans toutes
les sociétés humaines et ont de tout temps existé dans les
cultures et civilisations les plus anciennes. Ceci justifie le
fait que, de nos jours, les 4 Conventions de Genève et leurs
2 protocoles additionnels soient ratifiés par la totalité des États du
monde.
Il faut noter que la religion musulmane, tout comme les autres
religions, ne se résume pas uniquement en un ensemble de rites
et incantations, il est aussi un système juridique cohérent appelé
“la Charia”, qui régit les relations internes de la communauté
ainsi que les rapports de celle-ci avec le monde extérieur
(non-musulman), aussi bien en temps de paix qu’en temps de
guerre. Cet article examine brièvement l’enseignement de la Charia
à l’aune du droit international humanitaire contemporain en rapport
avec la conduite des opérations militaires (I) et le traitement des
prisonniers de guerre (II).
“La dignité d’une personne , c’est celle de chaque personne”
Aux moyens et méthodes du combat, la charia impose également
des restrictions. Elle interdit aux combattants de causer des
souffrances excessives et des dégâts inutiles pour atteindre le
but de la guerre, qui consiste à affaiblir la capacité de l’ennemi
afin de lui imposer sa volonté, et non de détruire la nation et le
groupe auxquels il appartient. C’est la signification des principes
de limitation et de proportionnalité.
II. L’islam et le traitement des prisonniers de guerre
I. L’islam et la conduite des opérations militaires
Ayant pour but de “limiter autant que possible les souffrances
causées par la guerre”, le DIH repose sur trois principes
fondamentaux en ce qui concerne la conduite des opérations
militaires, à savoir le principe de distinction, le principe de limitation
et le principe de proportionnalité.
A l’instar du droit international général, le droit musulman
réglemente non seulement les conditions du recours à la force,
mais aussi le comportement des combattants sur le champ
de bataille. Le Coran, les hadiths du Prophète Mahomet et les
commandements de ses califes imposent une restriction claire
et rigoureuse à la fois au droit de faire la guerre et à la manière
de conduire les hostilités : “Combattez dans le sentier de Dieu
ceux qui vous combattent, mais ne transgressez pas, car Dieu
n’aime pas les transgresseurs” (Sourate 2, verset 190).
De ce verset, il ressort deux restrictions fondamentales.
Tout d’abord, le droit de faire la guerre est soumis aux conditions
de la légitime défense (individuelle ou collective). Ensuite, seuls
ceux qui combattent peuvent être combattus.
Le traitement des prisonniers occupe une place de choix
dans le droit musulman relatif à la guerre. Le Coran incite à la
bienfaisance à leur égard. En décrivant les caractéristiques des
pieux et en leur rendant hommage, on peut lire dans la sourate 76,
verset 8 : “Ils nourrissent [par les nourritures qu’eux-mêmes
préfèrent] les indigents, les orphelins et les captifs”.
Et le Prophète impose le respect vis-à-vis d’eux. La jurisprudence
islamique interprète le mot respect dû aux prisonniers de guerre
par l’interdiction de leur soumission aux actes de torture, de
traitement inhumain et dégradant, à l’humiliation et à l’exposition.
Le respect des prisonniers de guerre implique également la
protection de leur dignité, le pourvoi à leur besoin d’alimentation,
de soins médicaux…
Le droit international humanitaire, en particulier la Troisième
Convention de Genève du 12 août 1949, codifie l’ensemble de
ces normes et érige leur violation au rang d’infractions graves
aux Conventions de Genève, autrement dit, au rang de crimes de
guerre.
C’est la signification de l’interdiction : “et ne transgressez
pas”.
Cette
interdiction
de
transgresser
est
l’un
des
fondements
de
tous
les
systèmes
juridiques.
Elle suppose une définition préalable des actes et comportements
licites et illicites.
En conclusion, nous pouvons noter que le DIH et la charia diffèrent
de par leurs sources, le premier étant laïque (abstraction faite de
son inspiration judéo-chrétienne), et la seconde étant d’origine
religieuse. Ces deux disciplines ont cependant des points de
convergence indéniables quant à la limitation des souffrances
humaines consécutives aux conflits armés.
En DIH, tout comme dans la charia, l’interdiction de transgresser
signifie qu’au cours d’un conflit armé, il existe des cibles légitimes
que constituent les combattants et les objectifs militaires. Mais
elle signifie surtout que seules ces cibles peuvent faire l’objet
d’une attaque. Sont donc épargnés, les civils, les blessés et les
malades, ainsi que les biens à caractère civil et culturel. C’est le
principe de distinction.
Les restrictions légales à la conduite des hostilités, la
distinction entre combattants et non-combattants, ainsi que
la protection et le respect des personnes civiles et des biens
à caractère civil ou culturel font l’objet d’une réglementation
rigoureuse de contenu similaire dans les deux droits.
Et rien en DIH, de l’avis général des oulémas, ne s’oppose à la
charia.
AVRIL 2010 Le Bulletin d’Information CICR •7
ACTUALITES DU CICR EN GUINEE
Exposition sur la Croix-Rouge:
150 ans d’histoire au Centre
Franco-guinéen du 17 au 22 mai 2010
Cela fait 150 ans que la Croix-Rouge existe.
Créée sous l’initiative d’un seul homme, Henri Dunant, et avec le soutien des dix premiers
États signataires de la première Convention de Genève de 1864, cette organisation
humanitaire est actuellement la plus grande du monde : le Mouvement International de
la Croix-Rouge et du Croissant Rouge compte près de 100 millions d’employés et de
volontaires sur la planète.
Née sur un champ de bataille en 1859 à Solférino en Italie, cette vaste organisation agit sur
différents fronts où la souffrance est présente : celui des catastrophes naturelles comme
les tremblements de terre, les inondations….celui des conflits, des guerres, des violences
internes….celui de la misère.
Elle s’efforce d’alléger les souffrances des victimes quel que soit l’endroit, sans faire de
distinction entre les races, les religions, les sexes, les opinions, les appartenances politiques et
va là où les besoins sont les plus aigus, en toute impartialité. Elle ne prend pas partie quand elle
a à intervenir dans des conflits ou des violences internes. Elle assiste ceux qui en ont besoin.
C’est l’un des 7 principes qui guide son action : la neutralité. Elle est universelle quel que
soit son nom : Croix-Rouge ou Croissant Rouge.
Cette
exposition
survole
l’histoire
conflictuelle des XX et XXI siècles, raconte
brièvement le rôle et l’histoire du CICR
depuis sa création et celui du Mouvement
International de la Croix-Rouge et du
Croissant-Rouge.
Elle tente aussi de montrer les élans
personnels de courage, de dignité et
d’espoir dans la souffrance et le chaos.
“ Lorsque les gens souffrent, cela ne veut
pas dire qu’ils aient perdu leur dignité.
Lorsqu’ils ont peur, cela ne veut pas dire
qu’ils manquent de courage.
Lorsqu’ils ont mal, cela ne veut pas dire
qu’ils n’aient pas d’espoir. Quoi que l’on
puisse voir en regardant une photo qui
montre la souffrance humaine, quoi que
l’on puisse ressentir –indignation, tristesse,
incrédulité- ce qu’il me parait essentiel d’en
retirer est un sentiment de compassion.”
James Nachtwey ( photographe)
C’est l’historique de son action dans le monde contemporain que cherche à retracer
l’exposition intitulée : “La Croix-Rouge, cent cinquante ans d’histoire”. L’exposition qui se
tiendra au Centre culturel franco-guinéen du 17 au 22 mai 2010.
PRÉVUS DANS LES 3 PROCHAINS MOIS
Avril
* Table ronde avec les chefs d’état-major des armées sur le renforcement de
l’enseignement du DIH au sein des Forces Armées Guinéennes.
* Enseignement du nouveau module universitaire de chirurgie des blessés de
guerre au CHU de Donka
Mai
* Dans le cadre de la préparation à l’urgence, exercice de simulation à
N’zérékoré.
* Conférence auprès des parlementaires pour la mise en œuvre du DIH à
Freetown.
* Conférences sur le DIH et l’Islam à Conakry.
* Exposition au centre franco guinéen.
* Deux compétitions régionales sur les Premiers Secours avec la CRG.
* Concours interuniversitaire de plaidoirie en DIH.
Une photo parmi celles de l’exposition
LE 8 MAI : JOURNÉE MONDIALE DE LA CROIX-ROUGE ET DU CROISSANT ROUGE
En 1922, au lendemain de la première guerre mondiale les peuples aspirent à la paix. La Croix-Rouge tchécoslovaque propose le
respect d’une trêve de 3 jours, connue sous le nom de trêve de la Croix-Rouge. Bien que cette initiative connaisse un vif succès auprès
du public, il faudra attendre la deuxième guerre mondiale pour mettre en pratique cette proposition.
C’est en 1948 que la journée du 8 mai est choisie en hommage à son fondateur Henri Dunant né le 8 mai 1828) et devient la journée
de la Croix Rouge. En 1984, elle prendra officiellement le nom de Journée mondiale de la Croix-Rouge et du Croissant Rouge.
Cette journée est conçue comme une chance pour les différents partenaires du Mouvement - la Fédération internationale des Sociétés
de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge, le Comité International de la Croix-Rouge (CICR) et les 186 Sociétés nationales - d’exprimer
les idéaux humanitaires de protection de la dignité humaine et d’assistance impartiale aux populations dans le besoin.
AVRIL 2010 Le Bulletin d’Information CICR • 8