Galand-Pernet (Paulette) : Recueil de poèmes chleuhs

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Galand-Pernet (Paulette) : Recueil de poèmes chleuhs
Salem Chaker
Galand-Pernet (Paulette) : Recueil de poèmes chleuhs
In: Revue de l'Occident musulman et de la Méditerranée, N°17, 1974. pp. 164-165.
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Chaker Salem. Galand-Pernet (Paulette) : Recueil de poèmes chleuhs. In: Revue de l'Occident musulman et de la
Méditerranée, N°17, 1974. pp. 164-165.
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COMPTES RENDUS BIBLIOGRAPHIQUES
important que l'on puisse maintenant disposer de ces études, matières à réflexion
et points de départ de nouvelles recherches.
Robert MANTRAN
Paulette GALAND-PERNET. - Recueil de poèmes chleuhs, I. Chants de trouveurs, Etudes linguistiques, 16, publié avec le concours du C.N.R.S., Paris,
Editions Klincksieck, 1972, 300 p.
Ce recueil de poésies de trouveurs (poètes-chanteurs professionnels) n'est que
le premier élément d'une vaste étude sur la poésie chleuh. Ce volume sera en effet
suivi d'un recueil de poésies villageoises, d'un index général des thèmes, ainsi que
d'une étude des techniques poétiques. Enfin, l'ensemble sera couronné par un
lexique de la langue poétique chleuh constitué par dépouillement de toutes les
œuvres recueillies à ce jour.
Dans une introduction (p. 9-23) dense, mais toujours très claire, l'auteur
présente le pays chleuh et sa langue que ses usagers ressentent en même temps
diverse et une par opposition aux autres groupes linguistiques berbérophones.
L'auteur situe ensuite son travail dans l'ensemble des publications ayant trait à la
poésie chleuh dont la plus ancienne remonte à la première moitié du dix-neuvième
siècle, et définit son corpus qui a été constitué essentiellement à partird'enregistrements sur disque et par un travail d'intense collaboration avec des trouveurs
chleuhs. Cette collecte qui s'est étalée sur une quinzaine d'années a eu pour cadre
tant le Maroc que les milieux de l'émigration chleuh à Paris. Elle revient une
nouvelle fois à la langue pour présenter son système de transcription, cohérent et
clair, et évoquer les problèmes particuliers de la langue poétique, awal amazi,
constituée depuis déjà fort longtemps et qui est une véritable koiné litt
éraire.
Les trente-huit poèmes du Recueil (p. 26-131) sont regroupés par auteur,
sauf trois qui appartiennent à la tradition religieuse semi savante et qui sont placés
en tête. Chaque poème est accompagné en vis-à-vis d'une* traduction vers par vers.
La traduction, sans jamais être du mot à mot, reste très proche de l'original
berbère, et, chaque vers étant numéroté, tant dans le texte berbère que dans la
traduction, la consultation est aisée. Le texte et la typographie en sont particuli
èrementnets, la transcription du berbère très soignée et l'ensemble d'une lecture
agréable.
L'ouvrage se termine sur 166 pages (p. 133-298) de notes serrées et en petits
caractères d'imprimerie. La traduction de chaque poème est ainsi complétée par
des commentaires linguistiques, littéraires et culturels abondants et toujours sûrs
qui facilitent l'accès à des textes souvent difficiles. Toutes ces informations
apportées par les notes font de l'ouvrage de P. Galand-Pernet un travail du plus
haut intérêt, tant pour le linguiste que pour le spécialiste de littérature orale. Ces
notes sont suivies de quelques lignes consacrées à l'agencement général du poèmes
et à son interprétation.
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On regrettera le rejet des notes en fin de volume ; la consultation eut, certes,
été plus facile si chaque poème avait été suivi des notes le concernant. Cet
inconvénient est d'autant plus sensible que ces commentaires sont extrêmement
abondants (166 pages de notes pour 38 poèmes, soit plus de quatre pages de texte
serré par poème). De plus, la densité du texte et la petitesse des caractères n'en
facilitent pas la lecture.
Mais, ces inconvénients, certes indépendants de la volonté de l'auteur,
n'enlèvent aucun des mérites de cet ouvrage qui vient combler une lacune
importante dans notre connaissance de la littérature orale berbère. En effet, si une
région comme la Kabylie, a pu, durant les quinze dernières années, bénéficier de
plusieurs publications de valeur, le monde chleuh restait quelque peu dans l'ombre
et nous ne disposions que d'études déjà anciennes et d'accès difficile. Ce relatif
oubli de la littérature orale chleuh était d'autant plus injuste, qu'il ne semble pas,
contrairement à ce qui s'est produit en Kabylie, que la poésie chleuh ait connu de
rupture brutale entre les créations traditionnelles et les créations intégrées aux
circuits commerciaux et diffusées par la radio. La production poétique chleuh
reste à la fois vivante et originale, même sur le plan musical où elle ne semble pas
avoir subi de fortes influences extérieures au cours des dernières années.
Mme P. Galand-Pernet a su donner à son travail une haute tenue scientifique
et nous fournit ainsi une étude de littérature orale d'une rigueur exemplaire qui
garde à la description du texte et à son analyse la place centrale. Tous les amis du
Maghreb attendront avec impatience la parution de la suite de son travail qui sera,
à n'en pas douter, une des références fondamentales dans les études de littérature
orale berbère.
S. CHAKER
Les Musulmans, Consultation islamo-chré tienne, Collection "Verse et controverse",
Le chrétien en dialogue avec le monde, n° 14, Ed. Beauchesne, Paris 1971,
140 p.; 11,5x22 cm.
Bien qu'il déborde de beaucoup le cadre de l'Occident musulman, ce petit
livre peut intéresser les lecteurs de la R.O.M.M. II s'agit d'un ensemble de sept
témoignages d'intellectuels musulmans, actuellement vivants appartenant à des
pays très différents, sur leur foi religieuse. Ces témoignages ont été sollicités par
un questionnaire dont le rédacteur est Youakim Moubarac, prêtre libanais, né en
1924, professeur à l'Institut catholique de Paris et à l'Université de Louvain. Les
sept Musulmans sont : 1) Mohammad Arkoun (né en 1928) actuellement profes
seurà l'Université de Vincennes ; il a refusé de répondre, mais son refus dûment
motivé constitue une réponse du plus grand intérêt (p. 121-126) ; 2) Hassan
Askari (né en 1932), indien, professeur de sociologie à Hayderabab ;
3) Muhammad Hamidullah (né en 1908), résidant à Paris depuis 1948, C.N.R.S.
en France et Faculté de théologie à Istanbul, bien connu notamment par son livre,
en français, sur Le Prophète, 2 vol. chez Vrin ; 4) Hassan Hanafi (né en 1935),
égyptien, titulaire d'un doctorat d'Etat en France, professeur de philosophie au
Caire ; 5) Muhammad Kamel Hussein (né en 1901) égyptien ; médecin, penseur,