Cycle Marchés de l`Immobilier - Pôle Salons et Congrès du Groupe
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Urbanisme Commercial : où sont les développements de demain ? Conférence animée par Pascal BONNEFILLE, Directeur de la Rédaction - Immoweek Mercredi 3 décembre 2008 Intervenants 1. Eric ANGIBOUST, Directeur du Développement, Membre du Comité de Direction – FNAC 2. Bernard DESLANDES, Directeur Général Délégué Chargé du Développement – SÉGÉCÉ 3. Gérard HAMEL, Député Maire de DREUX et Président de l’Agglomération de Dreux ; Président - ANRU 4. Michel PAZOUMIAN, Délégué Général – PROCOS 5. Cécile RASSELET, Urbaniste et Doctorante en Aménagement et Géographie, AURBA I/ Constat, contexte général. • Michel PAZOUMIAN Le commerce est un produit immobilier mais aussi un produit d’aménagement, la loi Raffarin en 1996 se basait sur les commerces pour relancer les centres ville. On assiste depuis 2001 à une explosion des surfaces des zones commerciales et parcs d’activité commerciale. 2001 : 2Mm² / 2004 : 4Mm² / 2008 : 8Mm². Cette croissance est de loin la plus forte d’Europe et conduit à un étalement urbain. La LME (Loi de Modernisation de l’Economie) sous la conduite du député Charié, a pour but de changer cette dérive. Les pistes pour y parvenir sont : la suppression des CDAC (Comité Départemental d’Aménagement Commercial), la requalification des périmètres de référence SCOT à des « bassins de vie », l’approfondissement de l’intercommunalité. • Gérard HAMEL La commission Charié est la première initiative d’envergure nationale pour traiter le problème de l’équipement commercial des villes et banlieues. Pour l’habitation il existe le PRH, pour les bureaux le PU/PDU mais il n’existe rien qui encadre le commerce, ce vide doit être comblé. La population est toujours demandeuse d’équipements de proximité, mais le problème est de créer une offre cohérente sur un bassin de vie. L’élu est pris en tenaille et doit répondre à la question : « Comment avoir un équipement périphérique qui complète le centre ville sans trop le concurrencer et contribuer à l’évasion urbaine ? ». Les élus doivent avoir une vision plus large que le seul commerce en intégrant d’autres dimensions telles que la culture, le logement… On ne doit plus venir en ville uniquement pour consommer du commerce. Le politique essaie aussi de créer des synergies entre les petits commerçants et les grandes surfaces en périphérie. • Eric ANGIBOUST Il y effectivement eu une anarchie et une fuite en avant ces dernières années, la FNAC y a été confrontée et a du s’installer dans les périphéries dans un souci défensif, contrainte de prendre la place avant que d’autres ne le fassent. Ces nombreuses ZAC ont tout de même eu le mérite de créer de l’emploi et possèdent d’indéniables avantages pour le commerce : un bon schéma d’accessibilité, des possibilités de parking. Le stock immobilier dans ces zones est en mauvais état, on soigne les centres ville mais les entrées font tâche. • Bernard DESLANDES Klepierre a une vision sur la durée dans ses investissements et est donc demandeur de schémas d’urbanisme et de garanties politiques. En effet il faut près de 15 ans pour lancer un grand projet en centre ville, Klepierre a donc besoin de « sentir » une volonté politique présentant constance et clarté. • Cécile RASSELET Il y a toujours besoin d’outils de régulation et d’aménagement, les schémas départementaux existants ne sont pas bons car ils se basent sur de mauvais indices comme la population au m². II/ Comparaison internationale • Michel PAZOUMIAN Il faut toujours prendre ces comparaisons avec distance car les situations sont rarement comparables : pays différents, habitants différents, cultures différentes… L’Allemagne a fait sa révolution avec une volonté politique claire de développer les centres ville. On est dans le cas d’une vision politique. L’Espagne a des tissus urbains denses avec des commerces de centre ville fort. Il y a donc naturellement eu émergence de grands parcs et d’hypers en périphérie. L’Espagne était l’autre pays (avec la France) à avoir glissé vers cette dérive. La tendance générale est à un retour vers les centres, notamment pour des raisons démographiques, la population vieillit et est donc moins disposée à se déplacer. • Gérard HAMEL Après son élection en 1995, il a du lancer une réflexion macro-économique car à l’époque Dreux était une ville industrielle en déclin et avait besoin d’une nouvelle dynamique. Il a donc replacé Dreux dans un contexte plus global, c’est une ville qui est à 1h de Paris, hors IDF. Ceci a eu un impact sur les choix d’aménagement locaux et le développement de commerces de proximité. • Eric ANGIBOUST La FNAC est présente dans 8 pays, et observe des tendances différentes entre l’Europe du Nord où le développement commercial est plus maîtrisé et les pays du Sud où c’est plus anarchique. Concernant l’Espagne, l’offre est certes excessive, mais elle est de qualité ; leurs zones périphériques sont loin de ressembler à nos « boîtes à chaussures ». Le Portugal a confié la gestion de ses centres et de ses périphéries à des promoteurs, ce qui a conduit à une asphyxie des centres ville et au développement de belles périphéries. L’Italie pour des raisons culturelles a choisi de défendre ses centres ville, le commerce y est un secteur très difficile. Le problème commun à tous les pays est la durée de lancement du projet (15 à 20 ans). Qui peut avoir une vision à 20 ans ? Comment rendre cela compatible avec la durée du mandat des élus, généralement de 5 ans. • Bernard DESLANDES Les projets en périphérie sont des projets d’économie mixte alors qu’en périphérie ils peuvent être uniquement privés, ce qui contribue à favoriser le développement en périphérie car il est plus facile. Partout en Europe les centres sont des projets plus compliqués. III/ Les perspectives • Michel PAZOUMIAN La vague environnementale va avoir un impact profond sur l’évolution future de l’offre commerciale. On assistera à un retour de la proximité, donc une baisse de la taille des surfaces commerciales. Les coûts cachés des périphéries vont augmenter, comme le prix du transport pour s’y rendre et donc favoriser les centres ville. Certaines ZAC seront probablement abandonnées. • Gérard HAMEL La commission Charié va donner les grandes lignes pour le développement de l’offre de commerce. Les principales pistes avancées sont : - des outils coercitifs d’aménagement (récupérer des rues entières pour les aménager) - revalorisation du foncier. Pas en terme de prix, déjà élevé, mais en terme de valeur d’usage : enrichir le foncier - Remembrement des périphéries - Relance de l’offre de proximité, aujourd’hui aucun promoteur ne se lance dans une opération <4000m². • Eric ANGIBOUST Aux USA, il n’y a plus dans les « malls » que du textile et de la nourriture, il faut donc rester à l’écoute et aider les consommateurs. Compte rendu rédigé par Thomas Moissard Etudiant de la Chaire Immobilier ESSEC BNP Paribas Immobilier