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Colloque interdisciplinaire international sur l’islamisme contemporain
Appel à communications pour étudiants et chercheurs
Trois ans après le printemps arabe : L’islam politique à l’heure du
désenchantement?
L’idée de ce colloque international a germé de trois constats: Premièrement, l’islamisme avec ses
transformations et son devenir est d'une importance majeure au plan mondial. L'analyse de cette réalité avec
ses actuels changements constitue un enjeu de connaissance de premier plan. En deuxième lieu, la littérature
existante nous montre qu’il n’y a pas de consensus entre les chercheurs sur les effets de lʼhéritage théorique
et discursif islamiste sur la vision des polités qui se forment actuellement dans les pays du printemps arabe.
En effet, ceux-ci ont des opinions divergentes sur la forme d’État que les islamistes visent à édifier lors de
leur arrivée au pouvoir :
Certains chercheurs qualifient l’islamisme comme ayant une mouvance antimoderniste par nature : ABU
Zeid (1994), Kepel (1984), Zakariya (1991), Yassyn (1996), Fuller (2004), Mayer (1991), Wistrich(2012) et
Lamchichi (1994). Alors que d’autres le décrivent comme un farouche pro-moderniste : Burgat(2002), AbedKotob (1995), Koehler et Warkotsch (2009), Musalam (2005), Calvert (2010) et Khan (2011). En revanche,
une troisième catégorie de chercheurs note que les deux courants, soit moderniste et antimoderniste, se
croisent à l’intérieur de l’organisation : Lynch (2008), Al-nafisy(1998), Tammam (2010), Zollener (2009) et
Besson (2005). Enfin, d’autres chercheurs sont convaincus que les islamistes sont en voie de se convertir
vers la modernité, mais que des défis les attendent avant de pouvoir être qualifiés de démocrates modernistes
: ‘Abd almagid (2010), Amghar (2012), Feldman (2008), Brown, Hamzawy et Ottowy (2006), Ferrié (2008),
Ghalion (1997).
Ainsi, les mouvements islamistes contemporains suscitent un intérêt grandissant auprès des cercles
académiques et des chercheurs en sciences sociales et humaines. Il demeure toutefois que les méthodes et les
outils conceptuels et épistémologiques disponibles semblent souvent inadéquats pour déchiffrer des discours,
des pratiques et des évolutions souvent spécifiques et complexes. Lamchichi (1994) et Arkoun (2002).
De nouvelles recherches sont donc impératives pour enrichir notre compréhension de ces phénomènes
politiques et sociaux, redresser les perspectives, combler les lacunes actuelles en la matière et déconstruire
des préjugés largement répandus. Ce faisant, la nécessité actuelle est de permettre une réflexion inter- et/ou
multidisciplinaire, capable de traiter de l’islamisme selon ses multiples facettes, dans ses particularités ainsi
que plus globalement
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Appel à contributions
L’Observatoire Interdisciplinaire des Mouvements Islamistes (OIMI) s’est donné le mandat de promouvoir
des activités de recherche sur l'islamisme contemporain en valorisant et en s'appuyant sur des recherches
empiriques, appliquées et interdisciplinaires. A cet effet, la Chaire de recherche du Canada Islam, Pluralisme
et Globalisation (CRC-IPG) de l’Université de Montréal a mis sur pied l’OIMI qui organisent un colloque
international annuel pour contribuer aux réflexions et discussions académiques traitant de l’islamisme
contemporain dans une perspective humaniste, dialogique et constructive.
Cet évènement est ouvert à tous les étudiants, les jeunes chercheurs (maîtrise, doctorat et postdoctorat) et les
chercheurs dont les travaux portent sur les thématiques liées aux axes de recherches de l’OIMI :
Axe 1 : Islam politique au pouvoir
Arrivés au pouvoir, les courants islamistes sont forcés de passer de la sphère sociale à la sphère politique, des
slogans faciles et séducteurs (ex : l’Islam est la solution) à l’action gouvernementale relevant de critères
d’efficacité, de crédibilité, de transparence, etc. Ces nouveaux acteurs politiques sont désormais jugés et
évalués, non pas sur la qualité de leurs prêches religieux ou de leurs discours contestataires, mais sur leur
respect des règles démocratiques, leur efficacité économique, leur savoir-faire diplomatique et sur la
transformation sociale de leurs pays. Le premier bilan des islamistes au pouvoir semble décevoir : montée
des tensions entre les classes moyennes sécularisées et les diverses mouvances islamistes; précarité de la
situation sécuritaire; promesses électorales non tenues comme la rédaction de la Constitution à l'unanimité et
non à la majorité, l’amélioration de la situation sociale et la réduction du taux de chômage, etc.
Les islamistes sont-ils incapables de gérer la situation économique et politique des pays du printemps arabe?
Leur popularité est-elle en chute libre? Y a-t-il encore des rebondissements à attendre dans ces pays?
Pourquoi les Frères musulmans ont-ils échoué en Égypte? Qui a échoué en Égypte : la démocratie ou
l’islamisme? La Tunisie, la Libye et la Syrie risquent-elles de connaître le même sort que l’Égypte?
Cet axe de recherche se consacre à l’évaluation de cet exercice du pouvoir, aux évolutions, aux
transformations et aux défis des courants islamistes du Moyen-Orient depuis 2011.
Axe 2 : Discours islamiste dans la modernité avancée
Le monde arabo-musulman, avant et après ce qu’on appelle « le printemps arabe », est entièrement absorbé
par le débat entre deux projets d’États, l’un islamiste, l’autre moderniste. Actuellement au pouvoir, comment
les islamistes qui se présentaient comme une contestation totale à la modernité sociopolitique, se
positionnent-ils face aux valeurs d’une modernité (État de droit, démocratie, sécularisation de l'espace
public, Droits de l'Homme, égalité de tous les citoyens et parité entre les hommes et les femmes) promue de
par le monde arabe post-révoltes populaires de 2011? En bref, quel est l’éthos discursif islamiste par rapport
à la modernité?
Cet axe vise à comprendre le phénomène complexe de l’islamisme dans son rapport avec la modernité, en
cernant les prises de position adoptées par les islamistes contemporains à l'égard des valeurs de la modernité,
dans toutes ses dimensions – religieuse, historique, juridique, sociologique et politique – et en analysant leurs
productions discursives par rapport à la modernité, leurs métamorphoses, leurs généalogies et leurs tendances
émergentes.
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Axe 3 : Discours et pratiques des islamistes dans une perspective comparative
Sous cet axe, l’observatoire vise, à partir de données premières et secondaires, à soutenir la constitution et le
développement d’un savoir comparatif, synthétique et pertinent des discours et pratiques des différents
mouvements islamistes existant dans un même pays ou entre des islamistes de mêmes appartenances
idéologiques existant dans des pays différents.
Le principal objectif de cet axe est de parvenir à une meilleure compréhension du phénomène de l’islamisme
en dégageant les différences et les ressemblances entre les discours des différents mouvements qui ont
accédé au pouvoir pour mieux comprendre leurs trajectoires dans la mise en place de mécanismes de
gouvernance. Ces parcours sont-ils similaires ? Existe-t-il des différences notoires? Ce qui se passe en
Égypte risque-t-il de contaminer la Tunisie? Pourquoi?
Une attention particulière sera attribuée à l’analyse et à la comparaison des transformations au sein des
discours islamistes des deux partis au pouvoir en Tunisie (Mouvement Ennahda) et en Égypte (Parti de la
liberté et de la justice) sur la question de la liberté de religion et de conscience.
Axe 4 : Islamisme dans les relations internationales
Cet axe se consacre au rôle de l’islamisme comme acteur international non étatique dans les relations
internationales post-printemps arabe, avec des questions plus générales : Le printemps arabe bouscule-t-il la
donne sur la scène internationale? Quelles seront les conséquences géopolitiques de l’arrivée des islamistes
au pouvoir au Moyen-Orient? Quelles formes de relations entretiendront- ils avec les États-Unis, l’Europe, la
Turquie, l’Iran, les pays du Golfe arabo-persique et Israël?
Quelles seront les répercussions de la politique étrangère des pays du printemps arabe sous l’ère des
islamistes pour la sécurité régionale? Quels sont les enjeux plus généraux de paix et de sécurité internationale
de ce nouveau Moyen-Orient à coloration islamiste? L’arrivée au pouvoir des islamistes au Moyen-Orient
affaiblit-elle l’islamisme radical et le djihadisme transnational?
La chute de Mohamed Morsi en Égypte marque-t-elle la fin de la prééminence des Frères musulmans dans le
monde arabe? Quelles seront les conséquences géopolitiques de cette chute?
Calendrier
Le colloque se tiendra du 12 au 16 mai 2014 dans le cadre du 82e Congrès de l’Association francophone
pour le savoir (ACFAS) qui aura lieu à l’Université Concordia à Montréal (Canada). Les propositions de
communication
devront
être
soumises
par
courriel
à
M.
Wael
Saleh
([email protected]), au plus tard le 30 septembre 2013.
L’acceptation des propositions de communication sera notifiée aux intervenants le 30 octobre 2013.
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Procédures à suivre
Chaque proposition de communication devra inclure :
1) Le titre de la proposition
2) Le texte de la proposition (maximum500 mots)
3) Les nom, prénom et adresse courriel du conférencier
4) L’université et département d’attache, et pour les étudiants-chercheurs, leur programme d’études
Les actes de colloque seront publiés dans une revue à comité de lecture et les résumés seront présentés sur le
site de l’OIMI au printemps 2014.
Nature du colloque et champ épistémologique
Compte tenu du thème traité, la dimension internationale du colloque devra être valorisée, tant par l’origine
des intervenants que par les pays traités (Égypte, Tunisie, Libye, Yémen, Bahreïn et/ou Syrie).
L’islamisme, comme tout autre phénomène socioreligieux, est en réalité complexe et marqué par
l'interdépendance des éléments qui le construit. Lorsqu’il est l’objet d'une étude, l'interdisciplinarité devient
ipso facto une nécessité et le dialogue entre les disciplines scientifiques indispensable. Les défis liés à
l’islamisme au pouvoir, comme la violence, l’inégalité des sexes ou l'incompatibilité avec la modernité
sociopolitique, appellent ce dialogue et impliquent, afin de les refréner, des communications où chaque
discipline doit offrir son apport. Ainsi, le phénomène de l’islamisme incarne un lieu d’intervention
stratégique, non seulement pour le politologue et l’islamologue, mais aussi pour lʼhistorien, le sociologue, le
psychologue et lʼanthropologue, et ce, chacun à leur façon.
C’est dans cette perspective que le présent colloque vise à:
• encourager les approches scientifiques innovantes;
• et promouvoir l'interdisciplinarité dans l’étude de lʼislamisme contemporain.
Références pertinentes à consulter en préparation de la soumission de communications
http://www.cerum.umontreal.ca/islam/documents/OIMI%20%20References%20pour%20le%20site%20web.pdf
Merci d’avance pour vos propositions.
Patrice Brodeur
Professeur agrégé à l'Université de Montréal
Titulaire de la Chaire de recherche du Canada
Islam, Pluralisme et Globalisation (CRC-IPG)
Wael Saleh
Doctorant en sciences humaines appliquées (UdeM)
et en science politique à l'Université d'Ottawa
Cofondateur et coordonnateur de l’OIMI
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Bibliographie
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comment sera la confrérie? (al-ikhwan al muslmûn bayna al tarikḫ wa al mostaqbal : Kayfa kanat
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