Cahiers techniques
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Cahiers techniques Avril - mai - juin 2000 Trimestriel 1ère année N° 1 30F Sommaire Editorial • Naissance d’un nouveau journal .......... 1 Techniques • Tournage fractionné : pied de lampe........................................ 3 Informations • Liste des revendeurs ............................ 6 • Petites annonces ................................... 6 • Bulletin d’abonnement ......................... 6 Techniques • Assemblage dissociable : les sphères ajourées ............................. 7 Affûtage • La “ronde” des angles : coupe, affûtage, dépouille................... 10 Internet • Quelques adresses ............................... 11 Echos • Manifestations .................................... 12 Finition • L’alchimie des finitions ...................... 12 Détente • Notre sélection ................................... 14 Essence • Le chêne : ce mal aimé du tournage... ............... 15 Le tournage sur bois, cahiers techniques • n°1 Editorial La naissance d’un nouveau journal est toujours un moment d’émotion... Les Cahiers techniques du Tournage sur Bois ne deviendront jamais un grand quotidien, et ce journal restera simplement un fascicule technique de la presse spécialisée. Mais ce journal veut être le reflet du dynamisme qui règne en France (et dans les pays voisins) dans le tournage du bois. CE DOIT ÊTRE UN RENDEZ-VOUS... Tous les trois mois, chacun doit pouvoir rencontrer d’autres passionnés dans l’environnement technique du tournage sur bois. Ce journal est destiné à tous ceux qui s’intéressent, ou qui pratiquent le tournage sur bois, et qui veulent aller plus loin dans leur démarche, grâce à l’échange avec les autres. Il sera question, ici, du tournage sur bois du point de vue technique. Les auteurs des articles sont tous des gens qui pratiquent le tournage, et qui abordent chaque sujet avec une expérience vécue. Notre but est d’éclaircir certaines facettes du tournage sur bois, avec le plus de simplicité possible. Le tournage sur bois est la technique de transformation du bois, la plus rapide. Cette possibilité de transformer le bois si vite, et de faire naître des objets avec une telle facilité, apporte au tournage sur bois une dimension “magique”. OUI, LE TOURNAGE, C’EST MAGIQUE ! Et parfois, il y a quelques notions d’approche ou de travail que nous ne comprenons pas bien. Comment fait-on ceci ou cela ? Ce journal est là pour répondre à ces questions, à ces attentes. Alors n’hésitez pas et contactez nous, pour nous poser des questions, pour nous apporter vos expériences : comment vous faites ceci ou cela ? p. 1 Editorial QUELQUES MOTS SUR L’ÉQUIPE DU JOURNAL : Nous sommes quelques passionnés du tournage sur bois, qui avons décidé de se réunir autour d’un thème : l’échange. Nous sommes bénévoles, et nous voulons montrer de manière concrète combien ce métier est beau. Nous avons décidé de parler à la première personne dans nos articles, afin de bien montrer que tout est le fruit d’une expérience vécue. Nous attendons des lecteurs des conseils, des remarques et des questions. QUI SOMMES-NOUS ? Gérard Bidou : il a écrit plusieurs livres, il donne des cours, participe aux réunions de tourneurs... c’est quelqu’un de référence dans le milieu des tourneurs en France. Philippe Bourgeat : il a écrit des livres, réalisé des cassettes vidéos, il donne des cours, participe aussi aux réunions de tourneurs... c’est quelqu’un de terrain; le tournage est son activité quotidienne depuis 20 ans. Yves Danion : médecin à la retraite, très bon tourneur et passionné de chimie. Il aime les pièces bien faites et bien finies : c’est notre spécialiste en belle finition. Jacques Portal : professeur de l’enseignement technique en retraite, tourneur émérite, il donne des cours, intervient régulièrement dans des manifestations de tourneurs... Il aime les sphères, il aime tourner, il est méticuleux : c’est l’homme-orchestre de notre équipe. Richard Gay : c’est le responsable technique du journal. Il aime le bois, il apprend à tourner à travers nos articles, c’est lui qui fait les dessins à l’ordinateur. Il cherche l’élégance d’une “mise en page” : il harmonise le journal. Citons encore : Yves Flamant, qui a relu des articles, Gilbert Lagresle (M.O.F. 97) et Serges Bordes (Maître-Artisan), qui ont participé à l’article sur le chêne. A L’AVENIR : Dès les prochains numéros, nous attendons de nouveaux articles, envoyés par vousmême : les lecteurs. Nous souhaitons que ces articles soient clairs et simples, et qu’ils ne s’orientent pas en fonction de la promotion de tel outil qu’il faudrait vendre, ou de tel produit dont il faudrait assurer le promotion. Restons simples dans l’approche de chaque p. 2 sujet, et ainsi, nous savons que nous irons loin. Nous attendons de vous des dessins d’enfants, des poèmes, des histoires autour du bois tourné... Nous attendons vos petites annonces de vente de matériel d’occasion, de troc, de recherche de plans... Nous attendons de vous que ce journal vive comme vous le souhaitez... sinon, il vivra comme nous l’imaginons, nous ; mais ce serait mieux qu’il représente le visage du tournage français dans son actualité quotidienne de terrain. Nous voulons faire une place importante au courrier technique des lecteurs. Si les petites annonces ou les publicités grandissent, il est possible que nous imprimions rapidement sur 20 pages (au lieu de 16 actuellement). NOTRE DÉMARCHE : Nous souhaitons que tous les tourneurs qui parlent français, puissent se retrouver autour d’une publication qui les représente. Nos amis Belges, Suisses et Canadiens sont déjà très intéressés par notre journal, et j’espère que tous les pays francophones dans le monde le seront aussi. Nous saurons vous tenir au courant des origines les plus lointaines de nos abonnements... “NOUS SOUHAITONS QUE CHACUN À SON NIVEAU PUISSE PROGRESSER DANS LE TOURNAGE.” Il s’agit d’une technique très ancienne, et déjà au XVIe et XVIIe siècles, les tourneurs produisaient des quenouilles, des jattes, des échelles, ainsi que les fameuses boules de billard en ivoire. Certains s’attelèrent à expliquer au mieux comment les tourneurs s’y prenaient pour réaliser tel ou tel objet, et composèrent de très beaux ouvrages, comme celui de Plumier ou d’Hamelin Bergeron. C’est dans cet esprit de simplicité et de transmission d’un savoir qui appartient à tous, et qui est destiné à chacun, que nous avons voulu ce journal. Nous voudrions que vous obteniez l’objet expliqué dans un article, en suivant pas à pas les conseils prodigués. Vous devez arriver à comprendre l’explication, pouvoir l’appliquer telle quelle, ou vous en servir pour réaliser d’autres objets, plus complexes ou tout simplement plus personnalisés. Quand ces objets seront faits, envoyez nous vos photos et vos remarques. Ainsi tous ensemble, nous arriverons à ce que chacun puisse comprendre les mécanismes de fabrication de tous les objets tournés, des plus simples aux plus élaborés. Nous allons tacher de développer ensemble un esprit logique, constructif... l’esprit du tourneur. Ainsi, si nous lisons ce journal avec la “bonne lecture”, alors nous arriverons à tourner le bois avec la “bonne approche”, tous ensemble et dans un franc climat d’échange. Le tournage sur bois embellit l’objet usuel, en lui donnant harmonie et proportions. Découvrir ces proportions, et savoir percevoir le sens de la beauté des objets qui nous entourent tous les jours, est une belle démarche, qui peut nous tenir en éveil de nombreuses années. Pourquoi cette boite pour mettre le sel dans la cuisine est-elle en buis, pourquoi ce psyché, ou cette coupe, ou ce pot, ou cette toupie sont-ils... ? Pourquoi ? Nous pourrons découvrir que si un objet de la vie quotidienne semble beau, ce n’est pas dû au hasard, mais à une volonté évidente d’associer le Beau à l’Utile, en respectant certaines valeurs et proportions. Avec cette approche, il est logique de se sentir moins désemparé devant les objets tournés contemporains, où la technique s’efface parfois devant les seuls tourments du bois, et laisse l’observateur pantois. En expliquant le quotidien, on peut plus facilement aborder le particulier... et ainsi se sentir plus proche des choses, et non laissé de côté, comme c’est trop souvent le cas devant ce qui nous interpelle et qui reste sans aucune explication... Tous ensemble, essayons de nous faire plaisir en tournant, et en produisant de beaux objets, simples à regarder, simples à concevoir, simples à expliquer... en un mot : simples à partager. Merci à tous de débuter cette aventure avec nous... Ce premier numéro est né en avril 2000, chaque abonné devrait le recevoir avant le 30 du mois. Le N° 2 sera chez vous avant le 30 juillet. Et chaque année, en Avril, Juillet, Octobre, Janvier, guettez autour de votre boîte aux lettres... votre journal arrivera, et ce pour les 1000 prochaines années, nous avons tant à partager... A bientôt. Le tournage sur bois, cahiers techniques • n°1 Techniques Tournage fractionné : pied de lampe TOURNAGE FRACTIONNÉ ? Ce mot barbare cache une réalité toute simple : On tourne une pièce. On la coupe en deux ou davantage de morceaux qu’on utilise tels quels, individuellement, ou qu’on réassocie pour former un volume complètement différent. Ce volume peut intégrer des morceaux issus de plusieurs pièces tournées. Cette technique originale, développée par le canadien Stephen Hoglsi, est encore peu répandue. La lampe, que je vous présente ici, en est un exemple simple. Principe Le corps de la lampe est un volume semicirculaire creux dans lequel on insère un motif mâle (). La partie creuse est constituée de deux demi-cuvettes provenant de deux pièces différentes. La partie mâle est la moitié d’une troisième pièce. Fiche de débit • CUVETTE : 2 disques corroyés épaisseur 70mm chantournés à ø265mm. • MOTIF CENTRAL : 1 disque corroyé épaisseur 60mm chantourné à ø230mm. • ANNEAU : 1 disque corroyé épaisseur 30mm chantourné à ø315mm. Face 1 Face 2 • MATRICE : 1 disque corroyé épaisseur 55mm chantourné à ø250mm. • PIED : au choix du tourneur. Le dessin de la forme est la première opération. Le tournage sur bois, cahiers techniques • n°1 p. 3 Techniques Les cuvettes Les deux cuvettes ont exactement les mêmes dimensions données par le plan ( et ). Le profilage de l’une, en cannelures en V concentriques, est complémentaire de celui de l’autre : au creux de l’une correspond l’arête de l’autre. Calibrez à la cote exacte (260mm) l’ébauche corroyée. Tracez ensuite au crayon le périmètre de la cavité. Dans ce périmètre, défoncez au bédane sur 20mm de profondeur. Tracez ensuite les arêtes des cannelures et exécutez le profilage à la gouge ou au bédane (). Plan d’éxécution de la cuvette 1. Profilage avec une gouge traditionnelle en “U” de 10mm. Rectifiez éventuellement au grain d’orge (ciseau dont le tranchant à la forme d’un V). Contrôlez votre travail à l’aide d’un gabarit triangulaire taillé dans du contre-plaqué de 5mm. Le périmètre de la cuvette N°2 est doté d’une feuillure destinée à recevoir le motif central mâle. Le motif central Un disque de 226mm de diamètre et de 60mm d’épaisseur est monté sur une queue de cochon par sa face N°2 afin d’exécuter les cannelures de la face N°1 (). Elles sont inversées par rapport à celles de la cuvette N°1 mais de mêmes dimensions. Une réglette en carton portant des traits-repères espacés de 30mm, facilite la progression du travail et le centrage des cannelures (). Lorsque vous aurez terminé le profilage de la face N°1, préparez dans une chute une Plan d’éxécution de la cuvette 2. Plan d’éxécution du disque central. Le gabarit en carton donne les limites et le centrage des cannelures. p. 4 empreinte femelle profonde de 40mm, et emmandrinez le disque pour exécuter le profilage de la face N°2. Le trou laissé par la vis de la queue de cochon disparaît pendant le creusage du cône central. Les profilages des deux faces sont asymétriques, à contours parallèles. Le tournage sur bois, cahiers techniques • n°1