SORTIR D`EGYPTE COMME A L`EPOQUE Le soir de la fête de

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SORTIR D`EGYPTE COMME A L`EPOQUE Le soir de la fête de
SORTIR D'EGYPTE COMME A L'EPOQUE
Le soir de la fête de Pessah' nous lirons dans le texte de la Haggada que chacun
d'entre nous a le devoir de se sentir, ou de se montrer selon les versions du texte,
comme si nous étions nous-même sortis d'Egypte. C'est la raison pour laquelle, dans
certaines communautés, tant ashkénazes que séfarades, les anciens se mettaient un
baluchon sur l'épaule le soir du Séder et se promenaient dans les quartiers juifs en
clamant "nous nous rendons en Terre d'Israël !"
Il n'y a probablement pas de chose plus difficile que de se mettre à la place de
quelqu'un que l'on n'est pas, a fortiori qu'on ne connait pas et plus encore dont nous
sommes séparés par plus de 3.000 ans ! Pourtant c'est ce que nos Sages expliquent
et exigent de chacun d'entre nous, et bien évidemment cela dépasse le simple fait de
s'imaginer être aux côtés de ceux qui en sont effectivement sortis.
Tout d'abord il faut se demander ce que signifie sortir d'Egypte. Est-ce uniquement
sortir du joug des Egyptiens ou cela épouse-t-il une dimension supplémentaire ? Nos
Sages enseignent qu'à cette époque nul ne pouvait se libérer de sa condition
d'esclave, et que celui qui naissait ainsi le resterait jusqu’à son dernier jour. Et
pourtant D. fit qu'un Peuple entier bouleversa toute la civilisation en l'extirpant de
cet esclavage, envers et contre toute logique, allant jusqu’à défier les lois de la
nature elle-même, que la civilisation égyptienne voulait immuable, au même statut
que celui qui naissait esclave ou homme libre.
Le Rav Kook explique que l'esclavage n'est pas seulement l'assujettissement
physique et corporel d'un homme envers un autre, mais comporte également un
aspect spirituel bien plus important. Tout Juif a été créé à l'image de D., asservir le
Peuple Juif, matériellement ou spirituellement, revient à tenter d'étouffer et
d'annihiler cette étincelle de sainteté qui ne réside qu'en chacun d'entre nous. Tout
ce qui est susceptible, d'une façon ou d'une autre, d'amoindrir cette dimension est
déjà une forme d'esclavage car nous nous éloignons ainsi de notre vocation et de
notre essence profonde.
Il nous faut également jeter un regard sur le but et les implications de la sortie
d'Egypte : initialement D. devait nous conduire directement en Terre d'Israël pour y
recevoir la Torah à Jérusalem. De plus, comme nos Sages l'expliquent, le Peuple
d'Israël, en tant que peuple, est apparu au moment de la sortie d'Egypte. Enfin,
comme nous l'avons vu par le passé, le processus de la sortie d'Egypte passe par
l'anéantissement de la civilisation égyptienne, à savoir de la plus grande puissance
mondiale de l'époque, tant sur le plan économique, culturel que militaire.
A présent résumons tout cela : afin de nous sentir ou de montrer comme si nous
étions sortis d'Egypte il nous faut passer par toutes les étapes précitées, et surtout
réunir toutes les conditions rappelées auparavant. Si déjà on sort d'Egypte, de
Galout, c'est pour se rendre en Terre d'Israël. Passer d'une Galout à l'autre n'a pas de
sens. Bien évidemment recevoir la Torah en tant que mode de vie dans tous les sens
du terme et dans tous les domaines de l'existence en sera une condition sine qua
non. On remarquera que le programme divin originel était de donner la Torah au
Peuple d'Israël à Jérusalem directement, car c'est le seul endroit où la Torah peut
s'exprimer pleinement sans ne souffrir d'aucune influence extérieure de quelque
nature qu'elle soit. Chacune de ces "perturbations", qu'elle soit financière, politique,
culturelle, religieuse ou autre constitue un rempart de plus entre nous et notre
vocation, entre nous et D., nous éloigne de notre essence profonde et ne fait que
repousser l'échéance de la Guéoula ultime. Que D. nous accorde le mérite de nous
voir et de nous montrer comme si nous étions effectivement aux côtés de Moché
Rabbénou lui-même lors de la délivrance de l'esclavage d'Egypte, et be'ezrat Hachem
léchana habaa birouchalaïm habénouya ! Pessah' Cacher véSaméah' à tous !