Au terme des délibérations du jury, composé du

Transcription

Au terme des délibérations du jury, composé du
RAPPORT SUR LE CONCOURS DE RECRUTEMENT DES
PENSIONNAIRES
À L’ACADÉMIE DE FRANCE À ROME – VILLA MÉDICIS
POUR L’ANNÉE 2014
Le Ministre de la Culture et de la Communication a nommé, par un arrêté du 19 mai 2014, les
pensionnaires de l’Académie de France à Rome au titre de l’année 2014-2015. La Villa Médicis
accueillera donc à partir de septembre 2014, pour une durée d’un an ou d’un an et demi, une nouvelle
promotion qui sera composée de 17 pensionnaires, représentant 15 projets, âgés de 28 à 43 ans.
Pour la première fois, le déroulement du concours, à partir du dépôt des dossiers de
candidatures et jusqu’aux auditions a été géré directement par l’Académie de France à Rome.
La sélection s’est déroulée en trois phases prévues par les textes réglementaires : dépôt des
dossiers par les candidats et examen de ceux-ci par les rapporteurs désignés pour chaque discipline,
présélection par le jury à l’issue d’une discussion avec les rapporteurs par discipline, audition des
candidats présélectionnés et sélection finale par le jury.
Le jury est composé de 3 membres de droit (le directeur de l’Académie de France à Rome, le
président du conseil d’administration de l’Académie de France à Rome, le directeur chargé des arts
plastiques à la Direction générale de la Création du Ministère de la Culture et de la Communication) et
4 personnalités qualifiées, nommées par le Ministre de la Culture et de la Communication. Cette année
il était donc composé de :
Membres de droit :
- Éric de Chassey, président du jury,
- Thierry Tuot,
- Pierre Oudart.
Personnalités qualifiées :
- Emmanuèle Bernheim, romancière et scénariste,
- Marie-Agnès Gillot, danseuse étoile et chorégraphe, vice-présidente,
- Anne-Marie Jugnet-Clairet, artiste plasticienne,
- Lucia Ronchetti, compositrice.
1. DÉPÔT DES DOSSIERS DE CANDIDATURE
Cette année, 528 dossiers de candidatures recevables (contre 385 l’année précédente) ont été
déposés auprès de l’Académie de France à Rome, selon une procédure pour la première fois largement
dématérialisée (dépôt d’un dossier électronique sur un site dédié, compléments éventuels de dossier
1
déposés à une adresse-relais parisienne). Le rapport de la Commission de réflexion sur la réforme des
résidences à l’Académie de France à Rome, soumis à la Ministre de la Culture et de la Communication
en 2013 et dont les conclusions ont été approuvées par celle-ci préconisait de limiter à 15, afin d’être
certain que chaque pensionnaire puisse bénéficier de conditions de travail et de vie adéquates et
équivalentes. Des candidatures provenant d’Inde, du Vietnam ou du Cameroun sont venues compléter
cette année celles émanant des États-Unis, de Tunisie, d’Argentine, du Canada, et de quasiment tous les
pays européens, notamment la France et l’Italie. 135 candidatures provenaient de l’étranger, soit
25,61%, dont 106 de l’Union Européenne (soit 20,11%) et 29 hors Union Européenne (soit 5,5%).
Parmi les candidats qui ont postulé, 280 sont des hommes (soit 53,13%) et 248 sont des femmes
(46,87%).
La répartition par discipline est la suivante :
Architecture :
Arts plastiques :
Composition musicale :
Design et métiers d’art :
Écriture de scénario cinématographique :
Histoire et théorie des arts :
Littérature :
Mise en scène, scénographie, chorégraphie :
Photographie :
Restauration des œuvres d’art ou des monuments :
34
131
62
29
62
60
56
34
49
11
Le niveau des dossiers est très hétérogène. Le jury rappelle que « la sélection ne s'adresse pas à
des étudiants mais à des personnes déjà engagées dans la vie professionnelle, qui cherchent à Rome un
complément d'expérience ou de formation, ou à poursuivre leurs recherches dans le cadre d'un dialogue
franco-italien. » Les déclarations d’intention figurant dans le dossier sont essentielles pour que les
candidatures soient retenues. Celles-ci ne doivent pas artificiellement comporter un lien à l’Italie (ce que
pourrait laisser penser l’expression usuelle de « projet romain »), mais montrer comment le candidat
envisage de passer une année ou plus dans ce lieu particulier qu’est la Villa Médicis, avec son histoire,
ses particularités géographiques et sa communauté de résidents, en suspendant pendant cette durée ses
activités habituelles ou en les transformant.
Le jury a été heureux de voir que des candidatures en restauration des œuvres d’art ou des
monuments ont été déposées cette année, contrairement à l’année précédente.
La nécessité de maîtriser la langue française est également rappelée. Elle n’a pas empêché qu’un
quart environ des candidatures émanent de candidats étrangers, même si beaucoup de ceux-ci sont
résidents en France ou l’ont été. La possibilité d’être pensionnaire sans posséder la nationalité française
ni résider en France est donc mieux connue.
2
Il n’existe aucun quota par discipline – suivant les années et la qualité des dossiers une discipline
peut ne pas être représentée pour les auditions ou dans la sélection finale, ou avoir un poids plus ou
moins important.
Les dossiers dématérialisés, ainsi que les suppléments éventuels nécessaires dans certaines
disciplines, ont été examinés par les rapporteurs nommés pour chaque discipline. Ceux-ci, qui peuvent
susciter des candidatures et demander des compléments d’information aux candidats, ont été nommés
le 15 janvier 2014. Les membres du jury qui le souhaitaient ont également pu consulter tout ou partie
des dossiers, à tous les stades de la procédure, sans pour autant intervenir d’aucune façon dans les
propositions des rapporteurs.
Certains dossiers sont accompagnés de lettres de recommandation : celles-ci n’influencent guère
les rapporteurs en général, sauf à émaner d’un vrai spécialiste du domaine concerné et à engager
véritablement celui-ci. Leur absence n’est en aucun cas un handicap.
Les rapporteurs sont nommés par arrêté du Ministre de la Culture et de la Communication, sur
proposition conjointe du directeur de l’Académie de France à Rome et du directeur, chargé des Arts
Plastiques, à la Direction générale de la Création Artistique du Ministère de la Culture et de la
Communication. La moitié d’entre eux environ est composée de personnalités qui avaient assuré cette
tâche l’année précédente, afin de pouvoir assurer un suivi et transmettre les informations aux nouveaux
rapporteurs. Il s’agissait de :
Architecture :
- Djamel Klouche, architecte, associé gérant de l’AUC architectes urbanistes, professeur associé à
l’École d’architecture Versailles
- Elias Guenoun, architecte, ancien pensionnaire
Arts plastiques :
- Dove Allouche, artiste, ancien pensionnaire
- Guitemie Maldonado, critique d’art
- Emmanuel Van der Meulen, artiste, ancien pensionnaire
Composition musicale :
- Malik Mezzadri, dit Magic Malik, compositeur, ancien pensionnaire
- Francesco Filidei, compositeur, ancien pensionnaire
- Vincent Anglade, programmateur jazz et musiques actuelles de la Cité de la musique et de la
Salle Pleyel
Design et métiers d’art :
- Matali Crasset, designer
- Fanette Mellier, graphiste, ancienne pensionnaire
Écriture de scénario :
- Francesca Bolognesi, programmatrice
- Caroline Deruas, scénariste et cinéaste, ancienne pensionnaire
- Juliette Sales, scénariste et cinéaste
Histoire et théorie des arts :
- Frédéric Cousinié, professeur en histoire et théorie de l’art moderne et de l’architecture à
l’Université de Rouen
- Eric Pagliano, conservateur du patrimoine (Centre de recherche et de restauration des Musées
de France), ancien pensionnaire
3
Littérature :
- Philippe Artières, écrivain, ancien pensionnaire
- Céline Minard, écrivaine, ancienne pensionnaire
- Bertrand Schefer, écrivain, ancien pensionnaire
Photographie :
- Diane Dufour, directrice et co-fondatrice du Bal
- Véronique Ellena, photographe, ancienne pensionnaire
Restauration des œuvres d’art ou des monuments :
- Xavier Bonnet, restaurateur tapissier, ancien pensionnaire
- Cinzia Pasquali, restauratrice de peintures de chevalet et de grands décors
Scénographie, mise en scène et chorégraphie :
- Frédéric Fisbach, metteur en scène
- Bernard Michel, scénographe
2. PRÉSÉLECTION DES CANDIDATS POUR AUDITION
Les 14 et 15 avril 2014, à Paris, au ministère de la Culture et de la Communication, les membres
du jury ont écouté les rapports présentés discipline par discipline, qui ont conduit chaque section des
rapporteurs à proposer une liste de candidats, en nombre plus important que ceux finalement retenus
pour audition (le jury considère en effet le niveau général des candidatures et non pas celui interne à
chaque discipline). Les rapporteurs, qui s’étaient préalablement réunis par discipline pour confronter
leurs points de vue, ont proposé de retenir pour audition des candidats évalués à partir de 1/la qualité
du projet traditionnellement dit « romain » (mais ne concernant pas nécessairement l’Italie), 2/ la qualité
du parcours artistique ou de recherche, 3/ la nature des motivations des candidats. Une partie des
dossiers retenus émanent de candidats qui avaient déjà proposé des projets les années précédentes, soit
qu’ils manifestent une maturation plus grande soit qu’ils fassent l’objet d’un point de vue différent
puisque les rapporteurs ont été largement renouvelés.
Pour l’architecture, les rapporteurs indiquent qu’il y a quelques bons dossiers mais que la
majorité n’est pas au niveau de ce que l’on peut attendre. Ils ont retenu 3 dossiers solides, en
architecture proprement dite et en urbanisme, prenant particulièrement en compte la continuité entre
les parcours antérieurs et les projets, qui permettent de penser que ceux-ci pourront être menés à bien,
ainsi que la pertinence de ceux-ci pour l’ensemble du milieu de l’architecture, y compris du point de vue
théorique. Un seul des dossiers présélectionné envisageait un travail sur Rome : il est rappelé que ce
n’est pas une nécessité. Un dossier supplémentaire a été ressorti par le jury, qui portait justement sur
Rome, présentant des réalisations convaincantes : les rapporteurs ont approuvé le principe de son
audition.
Pour les arts plastiques, les rapporteurs se déclarent collectivement surpris par le fait que plus
de la moitié des dossiers étaient d’un niveau très faible, émanant de candidats soit inexpérimentés soit
peu ou pas au fait des enjeux dominants en matière d’art contemporain (ce qui ne veut pas dire qu’une
4
insertion dans le système de l’art contemporain soit requise). Par rapport aux années antérieures, on
note un accroissement quantitatif des dossiers émanant de candidats qui ont eu un solide parcours
d’expositions dans des institutions importantes. Ils ont par ailleurs constaté un grand nombre de
dossiers de circonstance, Rome n’étant citée que comme prétexte, ainsi que des projets en binôme
artificiels car il n’y a pas de rapprochement réel entre deux projets. La question de la forme est peu
présente dans les dossiers, les candidats arrivant mal à nommer leur pratique, et cela se reflète dans les
dossiers de documentation photographique des œuvres, qui sont souvent mal réalisés. Les rapporteurs
ont croisé leurs impressions pour se mettre d’accord sur une dizaine de noms à présenter au jury, d’âges
et de niveau de reconnaissance très différenciés (avec beaucoup de « belles découvertes » selon les
rapporteurs), relevant de pratiques très diverses, parfois croisées dans un même dossier : installations,
performance, travail photographique, vidéo, dessin, sculpture, édition sonore, roman graphique. Des
dossiers ont été ressortis par des membres du jury, qui les avaient trouvés intéressants, pour discussion
avec les rapporteurs : il a été décidé d’en auditionner un, à cause des potentiels que l’on pouvait y
trouver. Enfin un dossier d’une très grande qualité n’a pu être retenu car le candidat ne parlait pas du
tout français : le texte en avait été intégralement traduit et les rapporteurs avaient vérifié la non-maîtrise
de la langue en prenant contact avec le candidat. En revanche, plusieurs dossiers d’artistes étrangers ont
été retenus, quoique l’expression écrite en français des candidats ait été quelque peu éloignée du
bilinguisme : il est essentiel que les pensionnaires puissent converser couramment entre eux et avec les
invités de la Villa Médicis.
Pour la composition musicale, les rapporteurs ont indiqué avoir été frappés du niveau des
dossiers mais également de leur manque d’originalité. Cependant la grande diversité des genres et des
esthétiques a rendu difficile un accord entre eux sur une liste importante de noms : seuls deux
candidats, tous deux en musique contemporaine écrite, ont retenu l’attention des trois rapporteurs à la
fois, qui ont donc décidé de présenter séparément un petit nombre de dossiers chacun. Les
propositions de candidats pour l’audition ont privilégié l’équilibre entre la qualité du profil du candidat
et le projet en lui-même. Ils notent que le concours reste encore prisonnier d’une image pesante et d’un
préjugé en faveur de la musique écrite par rapport à une musique de tradition plus orale, même si,
curieusement, peu de dossiers encore présentaient des partitions. Les projets spécifiques à un séjour à la
Villa Médicis sont peu nombreux, souvent remplacés par une liste de commandes déjà existantes et par
l’affirmation quelque peu convenue d’un lien avec d’autres pratiques artistiques. Les projets en
musiques actuelles sont souvent mal formulés et, de façon significative, les deux dossiers dans ce
champ proposés par les rapporteurs émanaient de compositeurs qui avaient déjà eu l’occasion de
travailler à la Villa Médicis. Les membres du jury ont demandé à écouter des extraits des pièces
musicales incluses dans les dossiers avant de se prononcer. Un dossier n’avait pas été présenté par les
rapporteurs parce que le candidat leur semblait déjà trop distingué et ne pas « avoir besoin » de la Villa
Médicis : au vu de la qualité de son dossier, il a finalement été retenu pour audition. Un autre dossier a
5
également frappé les membres du jury, que les rapporteurs jugeaient, malgré sa qualité, moins solide du
point de vue du parcours ; son audition a été approuvée par les rapporteurs.
Pour le design et les métiers d’art, les rapporteurs soulignent que la plupart des dossiers sont
de qualité moyenne, voire très faible (certaines candidatures semblent se situer en amont de l’entrée
dans une école d’art). Quelques dossiers présentent un projet manifestement lié à Rome ; d’autres sont
déplacés parce que ne prenant pas en compte la faisabilité du projet à la Villa Médicis. Un seul dossier
de métiers d’art a été retenu par les rapporteurs ; les autres ne semblaient présenter aucune ouverture
possible sur les divers champs de la création présents au concours ni manifester de véritable ambition
en matière de recherche. Celui proposé péchait cependant par le manque d’articulation entre le parcours
du candidat et son « projet romain », qui semblait par conséquent un peu artificiel. Aucun dossier en
mode n’a semblé cette année au niveau. Ils ont présenté au jury 4 dossiers : 2 en graphisme, 1 en design
d’objet (émanant d’un très jeune candidat, qui venait relever le niveau finalement assez faible des
ambitions des projets proposés dans ce domaine, même si son parcours manquait encore de solidité) et
1 en métiers d’art.
Pour l’écriture de scénario, les rapporteurs se réjouissent du très grand nombre de dossiers
intéressants et de qualité. Ils regrettent à nouveau que les candidatures soient presque toutes axées sur la
réalisation de films plus que sur le scénario à proprement parler et qu’il n’y ait presque pas de
candidatures émanant de purs scénaristes. Les projets retenus vont au-delà d’une simple note
d’intention, pour s’appuyer sur des précédents (courts-métrages, souvent primés, ou premier longmétrage) et proposer parfois un calendrier de travail envisagé pour le temps de la résidence. Ils
appartiennent à tous les genres du cinéma d’aujourd’hui, de la fiction grand public au documentaire, en
passant par l’animation et les pratiques expérimentales du cinéma. Les rapporteurs ont proposé un
grand nombre de dossiers (12), dont plusieurs à l’unanimité, au jury, qui a retenu la possibilité
d’auditionner ces derniers, émanant de scénaristes plus ou moins confirmés mais déjà tous reconnus par
des festivals.
Pour l’histoire et la théorie des arts, les candidatures étaient de niveau très variable, avec des
sujets assez hétérogènes, tant pour la période (de la Renaissance aux années 1970) que pour l’objet de la
recherche (histoire de l’art, de la musique, du cinéma, esthétique). Elles émanaient principalement de
chercheurs italiens ou français, sans internationalisation au-delà. Une bonne vingtaine de dossiers
étaient solides, 6 sortaient véritablement du lot, présentant souvent un ancrage explicite en Italie ou à
Rome ainsi qu’une méthodologie très classique : les rapporteurs ont déploré que la recherche en histoire
des arts présentée au concours ne laisse que peu de place aux questions théoriques ou
méthodologiques. Quelques projets en apparence solides manifestaient en réalité un défaut
d’information sur la bibliographie, ce qui en montre le caractère quelque peu artificiel. Presque aucun
ne semble s’ouvrir d’emblée à des relations avec des artistes vivants, ce qui est évidemment
préjudiciable pour une résidence telle que la Villa Médicis : beaucoup de candidats disent leur souci
6
d’ouverture, mais de façon purement rhétorique, sans marquer d’intérêt concret pour la création
actuelle. Tout en se félicitant que les candidats aient déjà soutenus leur doctorat plutôt que de risquer
d’utiliser leur résidence comme une année de préparation de thèse, on peut regretter que trop peu de
candidatures émanent de conservateurs du patrimoine ou des personnes travaillant au sein d’un musée
ou d’une institution culturelle, voire de manière indépendante.
Pour la littérature, les rapporteurs ont souligné que la qualité des dossiers était inférieure à celle
de l’an passé même si, au final, plus de dossiers ont retenu leur attention, relevant du roman, de la
poésie et de l’autobiographie (les projets de roman graphique proposés n’ont pas convaincu). Plusieurs
projets universitaires étaient présentés, dont certains auraient plutôt eu leur place en théorie des arts : ils
ont été jugés très moyens. L’idée de rapprocher le projet de Rome est mal appréhendé par les candidats
qui s’obligent à artificiellement adapter leur projet en conséquence, y compris en présentant des
dossiers comportant une dimension pluridisciplinaire ou des références par trop convenues (Pasolini et
Cinecittà faisant lieux communs). Les rapporteurs ont opéré une sélection de 6 dossiers, en s’appuyant
sur ce qu’ils pouvaient apprécier de leurs auteurs à travers leurs publications antérieures et en prenant
en compte l’originalité du projet spécifique. Ils ont été sensibles particulièrement à ce qui semblait
indiquer un renouvellement de l’écriture. Un dossier plus atypique, ne relevant peut-être pas pleinement
de la littérature, a été évoqué par le jury : après discussion avec les rapporteurs, il a été décidé de
l’auditionner. Les rapporteurs ont proposé d’envoyer l’appel à candidature aux éditeurs contemporains
afin de mieux cibler les candidats potentiels.
Pour la photographie, discipline qu’il est parfois difficile de distinguer des arts plastiques, ce
qui conduit des artistes pratiquant la photographie à concourir dans une autre discipline, beaucoup de
dossiers étaient trop peu construits et sans projet spécifique. La dématérialisation complète n’est pas
souhaitable pour cette discipline car elle a tendance à niveler les projets ; il est donc vivement conseillé
aux candidats de déposer un complément de dossier. 12 ont particulièrement retenu l’attention des
rapporteurs, qui se sont accordés pour en retenir 4, alliant qualité du parcours et pertinence du projet
dans le cadre de la Villa Médicis. 2 dossiers supplémentaires ont été mis en valeur, émanant d’artistes
très jeunes mais qui présentaient des projets prometteurs. Le jury a souhaité auditionner l’une des
propositions d’artistes reconnus et l’une des propositions moins matures, afin de se donner la
possibilité d’un équilibre final d’expériences diversifiées au sein de la promotion sélectionnée.
Pour la restauration des œuvres d’art ou des monuments, les rapporteurs ont présenté des
dossiers pourvus d’une échelle de valeur relative reposant sur 4 critères : 1) l’intérêt du projet ; 2) la
qualité du parcours antérieur ; 3) la nature des motivations du candidat ; 4) la qualité globale du dossier.
Ils ont distingué 2 dossiers et signalé l’intérêt de 3 autres, dont les projets cependant ne semblaient pas
bien correspondre à un séjour à la Villa Médicis. Ces dossiers émanaient aussi bien de restaurateurs
exerçant en libéral que dans des institutions. Il est signalé que les projets relevant strictement de la
période antique ont plus vocation à être présentés à l’École Française de Rome.
7
Pour la scénographie, mise en scène et chorégraphie, les rapporteurs ont mis en valeur les
dossiers des candidats ayant entamé un parcours professionnel et proposé un projet cohérent avec le
parcours, nécessitant du temps pour aboutir. Beaucoup de dossiers ne donnent pas de raison pour la
candidature autre que de pouvoir séjourner à la Villa Médicis, un lieu prestigieux et tranquille : ce n’est
évidemment pas le propos. Aucun dossier émanant de chorégraphes n’a été jugé assez solide. Deux
dossiers ont dominé la présentation, se caractérisant par leur approche pluridisciplinaire et leur
originalité, ainsi que par leur venue dans le cours d’un parcours bien affirmé. Les membres du jury font
ressortir plusieurs dossiers et proposent en plus l’audition de l’un d’entre eux au vu du parcours du
candidat.
À l’issue de l’audition des rapporteurs et d’un vote du jury, prenant notamment en compte les
possibilités d’insertion des candidatures dans la dimension collective qui caractérise la vie de la Villa
Médicis, 31 candidats ont été présélectionnés pour être auditionnés par le jury. Cela représente une
proportion d’environ 5% des candidatures proposées dans chaque discipline (avec des pics relatifs à 3,5
et 8% et une exception pour scénographie, mise en scène, et chorégraphie, où très peu de dossiers
étaient présentés, et où ce taux atteint donc 27%). Ce chiffre indique une plus forte sélectivité que par le
passé mais aussi une certaine homogénéisation des disciplines – l’an passé ce taux d’auditions par
rapport aux dossiers présentés allait de 0% à 15% suivant les disciplines. Il faut noter une véritable
diversification des origines géographiques des candidats auditionnés, notamment pour ce qui concerne
la France, avec une forte proportion de dossiers émanant de candidats installés et/ou exerçant leur
activité hors de Paris et de la région parisienne : cette diversité géographique est aussi un gage de
diversité sociale.
Une dizaine de dossiers qui n’avaient pas spécialement retenu l’attention des rapporteurs avaient
été réexaminés à la demande des membres du jury, dont 6 ont finalement été retenus pour audition,
après discussion avec les rapporteurs.
La répartition par discipline de l’ensemble des candidats auditionnés est la suivante :
-
Architecture : 2
Arts plastiques : 6
Composition musicale : 5
Design et métiers d’art : 1
Écriture de scénario : 4
Histoire et théorie des arts : 3
Littérature : 3
Photographie : 2
Restauration des œuvres d’art ou des monuments : 2
Scénographie, mise en scène et chorégraphie: 3
3. AUDITION DES CANDIDATS PAR LE JURY
8
Les 13 et 14 mai 2014, au Palais de Tokyo, à Paris, les candidats ont été entendus par le jury
pour des entretiens individuels de 25 mn, consistant en une brève présentation de leur parcours et de
leur projet (15 mn environ) et une discussion ouverte (10 mn environ). Les compositeurs, écrivains,
scénaristes, scénographes, metteurs en scènes et chorégraphes, avaient fait parvenir un exemplaire
d’une ou moins de leurs réalisations à chacun des membres du jury, soit sur support physique soit sur
support dématérialisé ; les plasticiens et photographes présentaient une sélection de leurs travaux dans
la mezzanine du Palais de Tokyo. Les rapporteurs assistaient aux auditions et, à l’issue des auditions
pour chacune des disciplines, étaient invités par le président du jury à donner leur point de vue, afin de
recueillir un avis spécialisé supplémentaire.
La forme des présentations individuelles peut varier fortement d’un candidat à l’autre et d’une
discipline à l’autre : elle va de l’exposé structuré en plusieurs parties à l’entretien informel (l’un et l’autre
ayant tendance à mal disposer le jury, qui attend plus d’ouverture et/ou plus d’engagement visible) ; elle
comprend ou non des éléments annexes (extraits de film, d’enregistrements, présentation d’œuvres
originales). Pour la première fois depuis l’origine de ce concours, un entretien a eu lieu par visioconférence, afin de ne pas obliger un candidat résidant loin de France de faire des dépenses importantes
pour concourir. Dans la mesure du possible, il est cependant recommandé aux candidats étrangers de
trouver un moyen pour être présent physiquement à l’audition (ce qui a été le cas pour tous les autres).
L’existence d’un CV et d’un projet écrits rend inutile de répéter ceux-ci : il s’agit plutôt de proposer au
jury une mise en perspective et une synthèse, intégrant éventuellement les ajustements survenus entre
l’envoi du dossier et l’audition. La partie de questions-réponses qui suit revêt une importance
fondamentale pour la sélection finale : elle permet en effet de mesurer les motivations des candidats, le
caractère de nécessité de leur projet romain, leur compréhension des enjeux de la résidence, la faisabilité
de leur projet ou de leur pratique à la Villa Médicis, la capacité à s’insérer dans une communauté vivante
et pluridisciplinaire. Elle a eu cependant moins d’importance cette année, car beaucoup de ces
discussions avaient eu lieu au moment de la pré-sélection, les dispositions des candidats étant alors
résumés par les rapporteurs. Il faut que le jury sente que, pour le candidat, être pensionnaire à
l’Académie de France à Rome, à ce moment précis de leur parcours, relève d’une véritable nécessité.
Les candidatures sélectionnées par le jury représentent de 1/3 à 100 % des dossiers retenus pour
audition, selon les disciplines, qui sont toutes représentées.
Les candidats en architecture représentaient des approches très différentes, très théorique dans
un cas, très tournée vers la réalisation dans l’autre (et plus convenue d’un point de vue théorique),
quoiqu’à chaque fois ancrées dans des problématiques vivantes et internationales. La forte tradition qui
consiste à prendre Rome comme terrain d’application et d’exploration de la recherche architecturale,
tradition toujours forte et partagée, explique que les dossiers prennent pour objet explicite la ville de
Rome, son bâti ou son urbanisme au sens large, même si cela ne constitue aucunement une obligation.
Les deux dossiers présentés, avec l’aide d’une projection powerpoint, étaient bien construits et
9
s’ouvraient par le résumé de recherches ou de travaux préliminaires avant de s’ouvrir sur un projet
spécifique. Le jury a été sensible aux propositions théoriques d’un des projets mais en a estimé, en l’état,
le lien à Rome trop artificiel. Il a privilégié un projet présenté par les deux créateurs d’une agence très
active en régions, reconnus pour des réalisations socialement très impliquées, et qui semblent, non sans
prise de risques pour leur activité professionnelle, pouvoir trouver à Rome l’occasion de nourrir de
nouvelles réalisations, dans le cadre d’une résidence longue qui les sortira de l’enchaînement des
concours et des commandes.
Les candidats en arts plastiques ont présenté leur travail selon deux modalités : soit comme
une discussion accompagnée d’images, soit comme une visite d’atelier (présentant des œuvres réelles et
non leur reproduction, malgré le fait qu’il était impossible d’accrocher des objets sur les cimaises). Il
n’est pas nécessaire de présenter de très nombreux travaux pour convaincre le jury mais de montrer
comment ce qui est exposé rend compte d’une démarche complexe et permet d’envisager un projet
ambitieux pour la Villa Médicis, qui permette effectivement de nourrir un séjour dans la longue durée.
Beaucoup de candidats ont déjà bénéficié d’autres résidences : il importait alors de bien faire ressortir la
spécificité de celle envisagée à la Villa Médicis. La connaissance des conditions concrètes du séjour et
l’ouverture à la présence d’autres résidents sont de toute évidence un atout ; des candidats dont le
parcours témoigne de la grande qualité n’ont pas été retenus parce qu’ils ne semblaient pas s’en
préoccuper voire en être au courant. À l’inverse, certaines candidatures ont été jugées encore trop
immatures. Certains candidats fondent l’explication de leur travail sur des arguments biographiques :
ceux-ci ne peuvent cependant suffire à définir un projet même s’ils ont leur importance. La définition
d’un projet spécifique, qui peut tout à fait relever d’une pratique pluridisciplinaire, pour une résidence à
la Villa Médicis (même sans rapport explicite avec la situation géographique de cette dernière), est
essentielle. Les candidatures finalement retenues cette année relèvent de partis esthétiques très larges.
Les candidats en composition musicale voient trop souvent dans le séjour à la Villa Médicis
une résidence de plus, quoique constituant le sommet provisoire d’une suite de résidences, comme une
sorte de récompense. Les compositeurs de musique contemporaine écrite semblent les seuls candidats
pour lesquels cette résidence apparait encore comme un Prix de Rome qui n’en aurait plus le nom : cela
ne semblait pas être le cas pour les deux candidats retenus. Il faut noter une certaine difficulté des
candidats émanant des musiques dites actuelles de formuler une position argumentée : le caractère
récent de l’ouverture de la Villa Médicis à tous les types de composition en rend sans doute moins clairs
les enjeux. La discussion a largement porté sur les spécificités de leur positionnement artistique, sur son
originalité, et sur la réalité de leur ouverture sur les autres arts, souvent perceptible comme un prétexte.
Les candidats retenus ont manifesté la possibilité d’une telle ouverture, tout en envisageant le séjour
comme un moment de concentration et d’immersion dans un travail continu. Ils envisagent également
un rapport dynamique à la ville et au lieu de la résidence.
10
Le projet soumis en design et métiers d’art relevait du graphisme et était proposé par deux
candidats habitués à travailler ensemble et souhaitant renforcer leurs recherches communes, d’une
manière très bien articulée et ambitieuse, fondée sur une bonne identification des ressources propres à
Rome et sur la mise en valeur d’un apport possible en termes prospectifs. Le séjour est envisagé à la
fois comme un temps de recherche et un temps de réalisation, tandis que le parcours antérieur
manifeste une très grande ouverture à de nombreux autres champs de la création.
Les candidats en écriture de scénario auditionnés manifestaient des degrés de maturité très
différents et l’inscription dans des genres cinématographiques variés : proche des arts plastiques, à la
lisière du documentaire expérimental et de la fiction, ou encore dans le cinéma de fiction destiné aux
circuits commerciaux. Ils envisageaient leur séjour comme un moment de concentration sur l’écriture,
sans s’interdire dans les deux dossiers retenus une part de réalisation ou d’ouverture à d’autres pratiques
artistiques. Tous les candidats ont fait état d’un parcours qui a permis à leurs réalisations de se voir
primés dans des festivals. Alors qu’un candidat présentait un projet qui avait fortement retenu
l’attention du jury l’année précédente, celui-ci a paradoxalement paru moins solide, n’ayant pu être
développé depuis. L’apport d’une résidence a semblé moins relever d’un besoin que d’une opportunité,
ce qui n’était pas suffisant au vu de la qualité et de la maturation des autres projets présentés. Le projet
plus expérimental, a semblé quelque peu fermé sur la répétition de procédés déjà éprouvés, malgré la
disposition évidente du candidat à des croisements avec d’autres disciplines. Un des projets retenus
s’inscrit concrètement dans la ville de Rome, l’autre trouve sa source et sa finalisation très loin de
l’Italie : ces deux options sont également éligibles pour un séjour. Ces deux projets arrivent à un
moment charnière dans le parcours des deux candidats, qui semble le moment opportun pour une
résidence à la Villa Médicis.
Les trois candidats auditionnés en histoire et théorie des arts présentaient des projets
précisément inscrits en Italie, avec une forte dimension franco-italienne, nécessitant des recherches sur
place dans les fonds d’archives et les bibliothèques ou des entretiens avec des témoins, avec un plan de
travail et un état de l’art précis, ainsi que des perspectives évidentes de publication. Ils avaient à leur
actif une thèse soutenue (même si le passage par les critères universitaires n’est pas une nécessité) ou/et
des livres et articles bien repérés, leur projet devant ouvrir des perspectives nouvelles plutôt que
simplement approfondir un point négligé. La candidature retenue ouvre ses recherches à des objets
originaux et ne relevant pas traditionnellement de l’histoire de l’art, dans un projet d’une grande
ambition, déjà structuré. Les deux autres projets, quoique de qualité, ont été jugés moins originaux : le
nombre limité des places ouvertes au concours et la grande qualité des propositions dans les autres
disciplines expliquent qu’ils n’aient pas été retenus. La possibilité de dialoguer de façon riche avec les
artistes des disciplines prises comme objet de recherche est indéniablement un point positif pour une
candidature, que celle-ci porte sur des périodes anciennes ou sur le contemporain. La possibilité de
11
séjours de recherche à la Villa Médicis de niveau post-doctoral, dans le cadre de la bourse André
Chastel mise en place avec l’INHA depuis trois ans, est rappelée.
Les candidats auditionnés en littérature sont deux romanciers et un écrivain dont le travail
relève d’un projet de nature hybride. Leur oral a été très différent, marqué ici par une grande maîtrise, là
par une difficulté à s’exprimer autrement que par le livre, sans que cela ait en rien gêné le jury. Le projet
hybride a retenu l’attention du jury mais la Villa Médicis n’a pas semblé le lieu juste pour le mener à
bien. Les deux projets retenus surviennent à un tournant dans les parcours des candidats, déjà reconnus
pour leurs livres antérieurs, mais qui témoignent de positionnements nouveaux et inédits. Ils affirment
un ancrage italien, sinon romain, qui n’est pas un prétexte et qui permet d’envisager un séjour à Rome
comme un apport fondamental : les romans qu’ils souhaitent écrire à la Villa Médicis ne pourraient
l’être ailleurs et semblent répondre à une nécessité quasi-vitale. Ils affirment aussi la nécessité d’une
concentration, d’une immersion dans le travail, dans une certaine durée.
Les candidats en photographie ont présenté une petite sélection de leur travail, l’un, d’une
manière chronologique sur une dizaine d’années, l’autre en montrant essentiellement des travaux de
nature hybride, qui intègrent des images photographiques dans des projets relevant du dessin.
L’originalité des images présentées, la réflexion précise sur leur mode de monstration, l’ouverture à des
développements inattendus que pourrait susciter une résidence à la Villa Médicis (et spécifiquement là)
ont constitué les principaux critères de sélection, mettant en valeur un projet reposant sur des
collaborations à Rome, en même temps très ouvertes. Le projet non retenu n’est pas encore
suffisamment mûr ne laissant pas penser qu’une résidence longue soit nécessaire pour le mener à bien.
Les candidats en restauration des œuvres d’art et des monuments ont présenté des projets
très différents. Il est rapidement apparu que, pour l’un d’entre eux, les démarches préliminaires
nécessaires pour le mener à bien n’avaient pas été faites, en rendant illusoire la faisabilité au cours d’une
résidence commençant en septembre 2014. Le projet retenu a frappé le jury par sa solidité (maturité du
propos, avancement des recherches préliminaires, prises de contact avec des partenaires scientifiques
nécessaires) et par la personnalité ouverte de la candidate, condition nécessaire pour qu’un pensionnaire
restaurateur puisse s’intégrer à une communauté d’artistes.
De même les projets auditionnés en scénographie, mise en scène et chorégraphie frappentils par leur extrême diversité, tant du point de vue de la personnalité des candidats que des objectifs et
des domaines envisagés. Deux des candidats semblent ne pas avoir connaissance de ce que sont les
activités et la vie de la Villa Médicis : les projets qu’ils développent y seraient en réalité mal adaptés,
malgré leur qualité. Le projet retenu repose à la fois sur une longue pratique, qui a déjà donné des
résultats remarquables, et sur une véritable originalité, notamment en terme de nouveaux media : il
manifeste une bonne prise en compte des spécificités de la résidence et l’envie d’un travail de recherche
qui ne peut être mené dans le cadre des activités professionnelles quotidiennes d’un scénographe.
12
4. SÉLECTION DES CANDIDATS PAR LE JURY
Le jury a particulièrement apprécié le niveau très élevé des candidatures, l’intérêt certain de la
très grande majorité des projets et des discussions qui ont eu lieu tout au long des journées d’audition.
Ses membres ont longuement débattu des mérites respectifs des différentes propositions, cherchant à
dégager de véritables critères d’excellence, applicables à l’ensemble des disciplines. Ils ont procédé à un
vote à bulletin secret pour dégager une liste de candidats à retenir. Après débat, ils se sont mis d’accord
sur une sélection de 15 projets, avec deux projets portés par des binômes (soit 17 pensionnaires pour
15 bourses).
Il est rappelé qu’il n’existe pas de quota par discipline, ni d’aucune autre sorte. Les seuls critères
de sélection sont la qualité des candidatures, la capacité des candidats à s’intégrer à la dimension
collective de la résidence, et l’appréciation du fait qu’il semble que les candidats se trouvent au moment
optimal de leur parcours pour bénéficier pleinement de la qualité de pensionnaires à l’Académie de
France à Rome. Ce moment peut varier selon les disciplines et les personnalités ; il n’exclut aucunement
la possibilité que celui-ci se trouve dans un moment de formation, ce qui explique que des candidats de
moins de 30 ans puissent être retenus, quoiqu’ils ne soient pas la majorité. L’existence à partir de 20142015 d’une nouvelle catégorie de résidents, les lauréats, issus des formations d’enseignement supérieur
dépendant du Ministère de la Culture et de la Communication permettra par ailleurs de donner toute
leur place à des artistes ou chercheurs plus jeunes. La diversité des âges présents dans chaque
promotion est un gage pour des partages d’expérience plus riches : la maturité des projets compte plus
que l’âge stricto sensu. Finalement, ce sont les personnalités d’artiste ou de chercheur affirmées qui font la
différence.
Cette promotion est véritablement internationale, avec des candidats artistes et chercheurs de
différentes nationalités (française, mais aussi américaine, chinoise, iranienne, italienne, luxembourgeoise,
tchèque), résidant en France (à Paris et dans le reste du pays) ou à l’étranger et représentant 10
disciplines. Ce sont huit femmes et neuf hommes. Ce choix souligne la volonté de l’Académie de
France à Rome de représenter un point de référence pour la création artistique contemporaine à
l’échelle internationale. Cette promotion comporte également plusieurs artistes français exerçant en
dehors de Paris et de la région parisienne, ce qui doit être souligné dans le contexte de forte
centralisation culturelle qui reste celui de la France. C’est un premier pas vers une plus grande diversité
sociale du recrutement, qui pourrait être renforcée, sans recours dommageable à des quotas, par une
méthode de travail des rapporteurs insistant sur la prise en compte des dossiers émanant de candidats
installés sur l’ensemble du territoire.
Les membres du jury ont également, pour la première fois, proposé une liste de 3 noms par
ordre de préférence à la Ministre de la Culture et de la Communication, Aurélie Filippetti, pour que
celle-ci y choisisse le premier Nouveau Prix de Rome. Comme proposé par le jury, c’est le philosophe
13
italien Giorgio Agamben qui recevra cette distinction prestigieuse pour l’année 2014-2015 et qui
accompagnera la nouvelle promotion de pensionnaires.
Par arrêté du 19 mai 2014 de la Ministre de la Culture et de la Communication, Aurélie
Filippetti, sont donc admis à l’Académie de France à Rome en qualité de pensionnaires pour l’année
2014/2015 :
À compter du 1er septembre 2014
Pour l’architecture
Mme Stéphanie FABRE et M. Eric GILLET, pour 12 mois
Pour les arts plastiques
Mme Su-Mei TSE, pour 12 mois
Mme Joséphine HALVORSON, pour 12 mois
M. Assan SMATI, pour 18 mois
Pour la composition musicale
M. Ondřej ADÁMEK, pour 12 mois
M. Raffaele GRIMALDI, pour 12 mois
Pour le design et les métiers d’art
Mme Coline SUNIER et M. Charles MAZÉ, pour 12 mois
Pour l’écriture de scénario
Mme Mitra FARAHANI, pour 12 mois
M. HU Wei, pour 12 mois
Pour l’histoire et la théorie des arts
Mme Francesca ALBERTI, pour 12 mois
Pour la littérature
M. Philippe VASSET, pour 12 mois
Mme Gaëlle OBIEGLY, pour 12 mois
Pour la photographie
M. Raphaël DALLAPORTA, pour 12 mois
Pour la restauration des œuvres d’art et des monuments
Mme Eleonora GIOVENTÙ, pour 12 mois
Pour la scénographie, la mise en scène et la chorégraphie
M. Pierre NOUVEL, pour 12 mois
Ondřej Adámek (composition musicale, de nationalité tchèque) est né à Prague en 1979. Il a
reçu de nombreuses commandes (œuvres vocales, pour orchestre, chœur, ensemble, ou instruments et
14
électronique) de prestigieux ensembles et festivals de musique contemporaine en Europe : Ensemble
Intercontemporain, Klangforum Wien, Lucerne Festival Academy Orchestra, festival Agora, parmi
d’autres. Il est diplômé du département de composition de l'Académie de Musique à Prague (2004) et
du Conservatoire National Supérieur de Paris (2007) et a reçu de nombreux prix internationaux, dont le
Prix Métamorphoses (Bruxelles, 2002 et 2004), le Prix de La Biennale de Brandebourg (2006), Le Prix
Hervé Dugardin - SACEM (2009), le Prix Georges Enesco (2011). Son travail s’articule autour de la
recherche de techniques spécifiques de jeu pour les instruments classiques, la création de nouveaux
instruments originaux et le développement de systèmes inédits combinant vidéo, son électroacoustique
et ensembles instrumentaux. Grâce à une connaissance approfondie des nouvelles possibilités
instrumentales, il obtient une couleur sonore spécifique qui, alliée à une rythmique puissante et une
solide architecture formelle, crée une musique personnelle avec un aspect dramatique fort.
Pendant son séjour à la Villa Médicis, Ondřej Adámek travaillera à l’écriture de son premier
opéra, Seven Stones. Commande du Festival d'Aix-en-Provence et de son directeur Bernard Foccroulle,
ce projet est conçu pour quatre chanteurs solistes et douze chanteurs choristes, qui seront également
amenés à danser et à jouer de divers instruments de musique et d’objets. L'élaboration et le
développement de chaque composante de la pièce (livret, partition, mise en scène, scénographie,
chorégraphie, lumière) seront menés simultanément en étroite collaboration avec les différents artistes.
Le décor aura non seulement son rôle conventionnel dans l'esthétique de la pièce mais servira
également en tant qu’instrument de musique inhabituel et surprenant.
Francesca Alberti (histoire et théorie des arts, de nationalité franco-italienne), née en 1982, vit
et travaille à Paris. Elle est docteure en histoire de l’art auprès de l’Université Paris I PanthéonSorbonne ; sa thèse s’intitule Le rire, le comique et le ridicule dans la peinture Italienne de la Renaissance. Des
facéties de Corrège aux fables burlesques de Tintoret. Spécialiste de la Renaissance, elle a enseigné à l’Université
Paris I et à l’Université catholique de l’Ouest-Angers. Elle a publié plusieurs articles dans des revues
spécialisées et dans des ouvrages collectifs (Cuckoldry and Impotence in Early Modern Europe, Extravagances
amoureuses : l’amour au-delà de la norme à la Renaissance). Elle est coéditrice des volumes Penser l’étrangeté.
L’histoire de l’art de la Renaissance italienne entre bizarrerie, extravagance et singularité (Rennes, P.U.R., 2012) et
Rire en images à la Renaissance (à paraître chez Brepols en 2014). Son travail de recherche a bénéficié de
bourses d’études, du Centro Olandese di Storia dell’Arte (Florence), du Deutsches Forum für
Kunstgeschichte (Paris) et de l’Université Paris I. Ses recherches portent sur la culture du rire et son
impact sur la tradition figurative, sur la parodie, le folklore et les traditions populaires à la Renaissance.
Coéditrice de la revue purpose.fr depuis 2007, elle est directrice de purpose éditions depuis 2013. Elle a
assuré la conception de l’ouvrage Jean-Jaurès du photographe Gilles Raynaldy (octobre 2014).
Durant son séjour à Villa Médicis, Francesca Alberti se consacrera à un projet de recherche
intitulé « À l’origine du gribouillage moderne, gribouiller et griffonner à la Renaissance », qui entend
15
étudier la perception et la pratique du gribouillage à la Renaissance, selon une perspective à la fois
artistique, historique et anthropologique. Il vise à montrer l’apport considérable de cette époque à la
construction d’une conception moderne du gribouillis constituant une ressource expressive pour les
artistes. Depuis le début de l’époque moderne, la perception du gribouillage ne cesse d’évoluer. Les
artistes ont trouvé dans ces formes graphiques, à la charnière avec la production populaire, un réservoir
inépuisable de formes et de significations pour le langage artistique.
Raphaël Dallaporta (photographe, de nationalité française) est né en 1980. Il est lauréat de
l'ICP Infinity Award 2010 à New York et du Paul Huf Award 2011 du Foam à Amsterdam. Ses
expositions individuelles comprennent Raphaël Dallaporta, Observations, itinérante depuis 2011, ou
Antipersonnel, sélectionnée par Martin Parr aux Rencontres d'Arles de 2004. Son travail est présent dans
les collections du Musée de l’Élysée (Lausanne), du Fonds National d’Art Contemporain (FNAC)
(Paris), de la Maison Européenne de la Photographie (Paris), du Musée Nicéphore Niépce (Châlonssur-Saône) ou de la New York Public Library. Il a développé ces dix dernières années une démarche
photographique remarquée pour la rigueur de ses protocoles de prises de vue et sa conviction
documentaire. Ses projets à long terme couvrent un large champ des préoccupations humaines. Il a
travaillé en étroite collaboration avec des démineurs (Antipersonnel), des juristes (Esclavage domestique), des
médecins légistes (Fragile) et plus récemment des archéologues (Ruins). Il fonde sa démarche sur une
approche scientifique afin d'interroger d'abord l'empathie qu'engendrent des sujets de société et de
jouer avec les statuts souvent variées d'une image photographique. Son œuvre vise à extraire la
photographie de sa condition documentaire pour dégager une vision symbolique.
À la Villa Médicis, Raphaël Dallaporta se consacrera au projet Secrets qui explore, sous forme de
récit photographique, les manifestations de l’obsession de l’Homme pour l’Espace. Initié en 2012 en
lien étroit avec l'Observatoire de l'Espace du CNES, le projet se propose d’interroger notre relation au
progrès et à la mémoire. Dans la continuité de ses démarches précédentes, le photographe établira des
collaborations avec des chercheurs, notamment des archéologues de l’École française de Rome, en
s’appuyant sur de récentes découvertes relatives à la Domus aurea. À partir de l’observation des fouilles
menées à la Vigna Barberini, il envisage d’élaborer une œuvre contemplative qui, dans son élaboration,
imiterait les mouvements du monde. Il y confortera ses convictions documentaires tout en repoussant
les limites de la photographie vers une dimension narrative voire romanesque.
Stéphanie Fabre et Eric Gillet (architecture, de nationalité française) forment un couple dans
la vie et dans leur travail d’architectes. Après des études à Saint-Etienne et Séville, ils ouvrent leur
agence de l’errance à la trace à Paris en 2001. Ce nom reflète à la fois un programme et une posture : « de
l’errance à la trace, c’est une attitude que l’on imagine comme un déséquilibre qui consiste à garder sur
le monde qui nous entoure un regard étonné. Garder une certaine utopie du décentrement. Pouvoir
16
nous écarter de notre point d’équilibre pour changer de point de vue. Devenir, en quelque sorte,
étrangers à l’architecture pour en avoir une vision objective ».
Dans le cadre de la résidence à la Villa Médicis, Stéphanie Fabre et Eric Gillet imaginent
d’aborder la question de la liberté et/ou de l’oppression à différentes échelles, notamment lorsque
l’espace urbain est considéré comme un système panoptique. Cette paranoïa critique devient un système
de lecture urbain, une plongée au cœur de l’univers de Piranèse et de sa retranscription contemporaine
dans la lignée de Foucault. Est-il possible d’imaginer positivement un système aussi terrifiant ? Peut-on
le transformer en énergie positive ? L’architecture peut-elle devenir une arme contre ces conditions ?
Peut-on finalement dans ce contexte replacer l’humain, l’individu au centre des préoccupations ?
Mitra Farahani (écriture de scénario, de nationalité iranienne) est née en 1975. Elle vit et
travaille entre Paris et Téhéran. Après des études à l’université de Téhéran et à l’École des Arts
décoratifs de Paris, elle réalise un premier film documentaire sur une transsexuelle prostituée de
Téhéran (Juste une femme, 2001) qui remporte le prix spécial du jury au Festival international du film de
Berlin en 2002, puis Tabous (Zohre et Manouchehr), sorti en 2004, documentaire poétique sur les relations
amoureuses et sexuelles dans la société iranienne. En 2006 sort Behdjat Sadr : le temps suspendu,
documentaire sur une grande peintre iranienne de la période « moderne ». Son dernier film en date, Fifi
hurle de joie (2013), est sélectionné au Festival de Berlin, ainsi qu’au Cinéma du réel à Paris où il remporte
le prix Scam. En 2014 son court-métrage David et Goliath n°45 (tourné à la Villa Borghèse) ainsi que sa
série de dessins Prends ma tête et arrête de me prendre la tête sont exposés dans le cadre de l’exposition
Unedited History au Musée d’Art moderne de la ville de Paris et au MAXXI de Rome.
À la Villa Médicis, Mitra Farahani développera un projet d’écriture pour un film documentaire.
« Le sacrifice d’Isaac par Abraham fut empêché par un miracle. Mais dans la même situation, ce miracle
pourrait-il exister aujourd’hui ? Et aujourd’hui, cette situation pourrait-elle avoir lieu ? C’est ici que
commence le récit de l’ignorance et de l’innocence, tiré de faits réels, mais à travers une relecture
critique et ouverte des archives et de textes sacrés et profanes. Ces derniers touchent à l’histoire des
saints et martyres contemporains, issus d’une génération sans cause, aux prises avec la violence d’État et
le pouvoir à la divinité épuisée. »
Eleonora Gioventù (restauration des œuvres d’art et des monuments, de nationalité italienne)
est née à Gênes en 1986. Elle est diplômée depuis 2009 en restauration et conservation du patrimoine
culturel à l’École Supérieure de l’Opificio delle Pietre Dure de Florence. Elle s’est spécialisée en
restauration et conservation de la sculpture en pierre, en particulier par la méthode de la biorestauration. Ella a participé à différents congrès, parmi lesquels le 12th International Congress on the
Détérioration and Conservation of Stone (New York, 2012). Elle enseigne dans des laboratoires de
restauration et conservation du patrimoine à l’université, ainsi que dans le cadre d’un projet
17
international avec le Gouvernement cambodgien. Parmi ses principaux travaux de restauration, se
trouvent les sculptures de la Porta Magna et des portes latérales de la Basilica di San Petronio à Bologne
de Jacopo della Quercia (1425), les sculptures de Silvio Cosini, élève de Michelangelo, dans les Cappelle
Medicee à Florence, et plusieurs sculptures dans les cimetières monumentaux de Milan, Gênes et
Florence.
À la Villa Médicis, Eleonora Gioventù développe un projet autour du développement et de
l’enrichissement de la recherche sur les méthodes novatrices de bio-nettoyage et de bio-restauration,
avec une attention particulière aux objets en pierre et aux peintures murales. La bio-restauration est une
technique particulièrement respectueuse de l'environnement, qui implique l'utilisation des microorganismes (bactéries) spécialement sélectionnés pour l'élimination sélective de substances indésirables
sur les objets d'art. La recherche est conduite à partir de tests de laboratoire ou directement sur des
œuvres d’art, qui pourront être restaurées dans un second temps grâce à cette technique.
Raffaele Grimaldi (composition musicale, de nationalité italienne) est né en 1980.
Compositeur, pianiste et chef d'orchestre, il est diplômé du conservatoire de musique G. Martucci de
Salerno (piano et composition) et de l'Académie Nationale de Santa Cecilia de Rome (haut
perfectionnement en composition avec la note maximale). Titulaire de nombreux prix lors de
compétitions nationales et internationales, il a notamment suivi les masterclasses de Salvatore Sciarrino,
Brian Ferneyhough, Ivan Fedele, Georges Aperghis, Michael Jarrell, Marco Stroppa, Bruno Mantovani.
Ses compositions ont été jouées en Europe, aux États-Unis, au Japon, en Russie ou en Australie,
diffusées lors d’émissions radiophoniques internationales et interprétées par des orchestres, ensemble et
solistes de réputation mondiale. Il a été sélectionné par l’IRCAM pour le Cursus en “Formations à la
composition et à l'informatique musicale” (2008/09), et a été résident à la Cité Internationale des Arts
de Paris. Il s’intéresse de près à la peinture, la poésie et la philosophie. Il est co-fondateur du blog
www.nuthing.eu où il publie ses écrits sur la musique contemporaine.
À la Villa Médicis, Raffaele Grimaldi développera un projet de théâtre musical où il analysera, à
travers une mise en scène interdisciplinaire, l'influence des observations d’Athanasius Kircher (16011680), prêtre jésuite installé à Rome à partir de 1635, de ses visions sacrées et profanes, de ses
spéculations astronomiques et musicales connectés à Rome et à son séjour. Parallèlement, il réunira les
impressions, témoignages et écrits d’anciens résidents de la Villa Médicis ayant séjourné à Rome à
différentes époques. Les informations recueillies constitueront un libretto à plusieurs voix en forme de
dialogue sur la ville, avec une attention spéciale à la co-présence continuelle du "sacré" et du "profane".
Il souhaite également envisager la Villa Médicis comme un observatoire global de la contemporanéité
de la ville, à la fois pour sa position au sein de la ville et pour la présence d’artistes de toutes disciplines
qui cycliquement y séjournent et l’observent et l’étudient.
18
Josephine Halvorson (arts plastiques, de nationalité états-unienne), née en 1981 aux ÉtatsUnis, vit et travaille à New York. Elle est diplômée de The Cooper Union et Columbia University, et
enseigne la peinture à Yale University. Son travail, représentée par Sikkema Jenkins & Co. à New York
et Peter Freeman Inc. à Paris, a été publié dans ArtForum, Frieze, The New York Times, The Brooklyn Rail,
The New Yorker, Art In America, entre autres. Elle écrit sur l’art, notamment l’article « Shame : The One
That Got Away » dans ArtJournal, et participé à la série documentaire New York Close Up produite par
Art21. Elle a reçu les bourses « United States Fulbright » à Vienne et « Harriet Hale Wooley » à la
Fondation des États-Unis à Paris, ainsi que le prix « Tiffany Foundation Award ». Elle a participé à la
résidence Moly Sabata en collaboration avec Angle Art Contemporain, et y expose son travail en
septembre 2014, sous le commissariat de Dorothée Deyries-Henry.
À la Villa Médicis, Josephine Halvorson réalisera un travail de longue durée en lien avec la
spécificité des lieux. La réalisation de sa pratique artistique se déroule directement sur place d’après sa
perception. À travers la peinture, elle représente des objets et des surfaces qui portent les marques des
activités humaines, les processus industriels, et les effets de la nature. C'est à travers l'observation et la
confrontation avec les lieux qu’elle comprend et retranscrit les aspects physiques du monde : les effets
du temps, l’histoire et l'imagination.
Hu Wei (écriture de scénario, de nationalité chinoise), né à Pékin en 1983, vit et travaille entre
Paris et Pékin. Il a suivi diverses formations successivement en Chine puis en France, notamment à
l’École nationale supérieure des Beaux-arts de Paris et au Fresnoy - Studio national des arts
contemporains. Il a réalisé plusieurs courts métrages dont la forme se situe à mi-chemin entre
documentaire et fiction. Ses films ont été présentés et primés dans de nombreux festivals
internationaux, dont le Festival de Cannes, Sundance, AFI, Rotterdam, Chicago, New York, ClermontFerrand, Cinéma du Réel, Melbourne, Los Angeles, Warsaw, Sarajevo, Montréal, Milan, Hong Kong.
Son film La lampe au beurre de yak a remporté le grand prix du Festival international du court métrage de
Clermont-Ferrand en 2014, le Grand Jury Awards du AFI Film Festival, le Firebird Award du Hong
Kong International Film Festival, le Prix du Public du Festival Premiers Plans d'Angers, le Grand Prix
du Internationale Kurzfilmtage Winterthur, le prix du Glasgow Film Festival, le Best Short Film du
Golden Horse Film Festival et le Best Art Film au Go Short International Short Film Festival
Nijmegen.
Dans le cadre de sa résidence à la Villa Médicis, Hu Wei se consacrera à l’écriture de son
premier long métrage de fiction, qui sera tourné à Paris.
Pierre Nouvel (scénographie, mise en scène et chorégraphie, de nationalité française) est
scénographe et vidéaste. Fondateur du collectif transdisciplinaire Factoid, il réalise avec Jean-François
Peyret sa première création théâtrale en tant que vidéaste pour Le Cas de Sophie K, une pièce créée en
19
2005 en Avignon. Cette création initie une série de collaborations avec de nombreux metteurs en scène
(Michel Deutsch, Lars Norén, Arnaud Meunier, François Orsoni, Hubert Colas ...) et oriente sa
réflexion sur les interactions entre espace scénique et image. Cette approche le pousse naturellement à
développer la dimension scénographique de son travail, que ce soit pour le théâtre, la musique
contemporaine ou l’opéra. En 2011 il crée au festival d’Aix-en-Provence, avec Jérôme Combier,
Austerlitz, un opéra contemporain adapté du roman de W.G. Sebald. Son travail se décline aussi sous la
forme d’installations. En 2013, il a présenté au Fresnoy l’exposition Walden Memories, sur une invitation
de Jean-François Peyret, projet dont la version scénique a été créée au Festival d’Avignon 2014.
À la Villa Médicis, Pierre Nouvel a pour projet de concevoir un dispositif scénographique
capable d’interpréter et de réagir de façon autonome aux mouvements des corps, suite à un travail de
recherche sur les matériaux et technologies pouvant intervenir dans l’élaboration d’espaces dits
augmentés. Ce dispositif, interrogeant nos usages et nos relations à l’espace et aux technologies, prendra
dans un premier temps la forme d’une installation, puis d’une performance basée sur le dialogue entre
corps et espace.
Gaëlle Obiégly (littérature, de nationalité française), née à Chartres en 1971, a étudié l’histoire
de l’art à l’Université de Paris IV et entamé des études de russe à l’Inalco. Son expérience littéraire
démarre au début des années 2000 avec un premier roman édité par les Éditions Gallimard qui
témoigne de son intérêt pour la littérature russe, Petite figurine qui tourne dans une boîte à musique. Depuis,
elle a publié sept livres dont Mon Prochain (Éditions verticales), qui a reçu en 2014 le prix Mac Orlan.
Le projet à la Villa Médicis de Gaëlle Obiégly est de raconter l’histoire d’un « individu sans
mémoire. Échoué sur un banc, à la gare de Rome, il cherche à connaître sa propre identité. Mais une
identité nouvelle se construit. On décrit la vie quotidienne d’un personnage effondré et sa quête. Celle
qui a précédé cet état nouveau et l’a peut-être généré, mais aussi sa quête actuelle. Cet individu passe
d’une recherche abstraite à une chasse concrète. C’est une sorte d'épopée, une succession d’actions dans
une Italie que l’on s’approprie. Et en même temps que s’imagine la vie pratique d’un personnage à terre,
s’expose le lieu d’où l’on parle. À savoir une retraite surplombante. »
Assan Smati (arts plastiques, de nationalité française) est né en 1972 à Saint-Chamond. Il vit et
travaille à Montreuil. Il est diplômé du DNSEP ART à St Etienne. Il a exposé à la Galerie B. Ceysson, à
Paris et à Luxembourg, à La Verrière Hermès à Bruxelles et au Centre d’art Nei Liicht à Dudelange
(Luxembourg). Il a également participé à de nombreuses expositions collectives (Collection Bernard
Massini, à la Fondation Maeght ; MAMAC de Nice ; Galleria Pianissimo, Milan ; West Germany,
Berlin). Son travail recourt aussi bien à la peinture qu’à la sculpture ou à la sérigraphie et manifeste une
aspiration à une monumentalité expressive dérangeante.
20
Dans le cadre de sa résidence à la Villa Médicis, Assan Smati réalisera un projet de peinture
qui se développera sur dix-huit mois où les dessins seront l’unité de mesure du temps. Comme dans ses
œuvres précédentes, il abordera la peinture comme une sculpture, à travers une démarche où les deux
disciplines sont indissolublement liées. Dans ce travail à la Villa Médicis « (…) les grandes toiles qui
tracent aujourd’hui les contours de ce projet n’en resteront pas moins perméables à d’autres sujets
demain. En endossant le rôle d’une quantité de matière destinée à une sculpture, elles veulent délimiter
un temps serein dans un lieu propice aux échanges. Un temps généreux pour faire place aussi aux
études et aux souffre-formes des travaux à plus long terme, un temps où l’espace pictural accorde
également un temps commun aux individus. Un temps de partage, de réflexion où l’art est une réponse
à la question de l’infini. »
Coline Sunier et Charles Mazé (design et métiers d’art, de nationalité française) sont designers
graphiques et typographes. Ils vivent et travaillent à Bruxelles et collaborent depuis la fin de leurs
études en 2008. Coline Sunier, née en 1984, a étudié le design graphique à l’École régionale des beauxarts de Valence puis à l’École supérieure des arts décoratifs de Strasbourg. Charles Mazé, né en 1982, a
étudié les arts plastiques à l’Université Rennes 2, le design graphique à l’École supérieure des arts
décoratifs de Strasbourg et le dessin de caractère typographique à la Royal Academy of Art de La Haye.
En 2013-2014 il est intervenu à l’Atelier National de Recherche Typographique, à Nancy.
Durant leur résidence à la Villa Médicis, Coline Sunier et Charles Mazé se proposent d'étudier
une forme d'écriture et de communication spécifique à la ville de Rome, les pasquinades, créée au XVIe
siècle et toujours en usage aujourd'hui. Les pasquinades sont des messages écrits par les romains et
apposés aux six statues parlantes de la ville (Pasquino, Marforio, Madama Lucrezia, Abbot Luigi, Il Babuino et Il
Facchino). Les corps ou les socles de ces sculptures parlantes ont été détournés de leur fonction première
pour en faire des porte-paroles de l'opinion publique, souvent critique envers le pouvoir. Leur travail
sera constitué de recherches dans un ensemble d’archives et d’une enquête dans la ville elle-même.
Su-Mei Tse (arts plastiques, de nationalité luxembourgeoise) est née dans une famille de
musiciens. Elle vit entre Luxembourg et Berlin. La démarche de cette artiste plasticienne explore
différents éléments. Le rythme, le son, la musique, mais aussi des questions liées au langage sont au
centre de sa recherche. Son travail est caractérisé par une mise en suspension, des moments de silence
et une invitation à un certain degré d’introspection. Depuis une dizaine d’années, elle expose dans le
monde entier : à la 50e Biennale de Venise en 2003 où elle remporte le Lion d’or pour la meilleure
participation nationale, à la biennale de Sao Paolo, à The Renaissance Society Chicago, au Casino,
Forum d'Art Contemporain à Luxembourg et à PS1 à New York, puis au Taipei Moca à Taiwan, à la
biennale de Singapore, à la Fondation Miro à Barcelone, au Art Tower Mito au Japon et au Isabella
21
Stewart Gardner Museum à Boston. Elle est représentée par Peter Blum Gallery à New York, la galerie
Tschudi à Zuoz en Suisse, AD Gallery à Athènes et Eslite Gallery à Taipei.
Le projet que Su-Mei Tse développera pendant sa résidence à la Villa Médicis sous le titre
Gewisse Rahmenbedingungen (A Certain Framework) est un jeu de mot sous forme de sculptures. Il se
compose de plusieurs parties et invite « à regarder le monde sous un certain angle, à suspendre son
regard, retenir son souffle, et donner forme à une nouvelle perspective ». L’artiste réalisera des
sculptures en bois formant des compositions rythmiques dans l’espace, grâce à des pleins et des vides
accompagnés de dessins d’études. Une seconde partie constituera un ensemble de miroirs aveugles
présentés comme une série de portraits dont la brillance est en train de disparaître comme une vie en
processus de fanage. Ce projet est une incitation à un nouveau regard, à un regard intérieur.
Philippe Vasset (littérature, de nationalité française) est né en 1972. Il a publié sept livres, tous
chez Fayard, parmi lesquels Un livre Blanc (2007), Journal intime d'un marchand de canons (2010) et La
Conjuration (2013). Il a collaboré avec le compositeur Pierre-Yves Macé (Phonotopies - commande du
Groupe de Recherche Musicales, 2014) et la plasticienne Linda Sanchez (14628.JPG, Adera éditions,
2012). Également journaliste, il a mené des enquêtes pour Vanity Fair et le Nouvel Observateur.
Le projet de recherche de Philippe Vasset à la Villa Médicis porte sur l'exploration d'un genre
littéraire aujourd'hui tombé en désuétude : les vies de saints. Il s'intéressera plus particulièrement aux
codes et protocoles régissant l'hagiographie, ainsi qu'aux méthodes d'enquêtes visant à établir la sainteté
– ou, au contraire, la damnation – d'un individu.
Le président du jury, Éric de Chassey
22

Documents pareils