Synopsis :

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Synopsis :
Synopsis :
Nous avons eu un véritable coup de cœur pour ce documentaire resté inédit en
Belgique. Voici enfin l’occasion de le découvrir ! Il nous replonge dans les années 70,
en pleine prise de pouvoir de l’usine LIP par ses ouvriers, une affaire qui prendra
rapidement une ampleur internationale, symbole des luttes ouvrières à venir.
Engagé mais nuancé, LIP, l’imagination au pouvoir retrace le combat pour sauver
de la faillite l’usine de fabrication de montres LIP, depuis la prise d’otage des
administrateurs et l’assaut des CRS jusqu’au sabordage de l’entreprise par
l’entremise de Giscard. Entre les deux, une expérience autogestionnaire fructueuse,
et un slogan qui fait date : « C’est possible : on fabrique, on vend, on se paie ! »
Le film parvient non seulement à retracer de manière haletante l’histoire des LIP (ce
qui, pour un documentaire composé majoritairement d’entretiens, est un coup de
maître), mais à nous replonger dans ce combat en totale empathie avec les
protagonistes de l’époque.
On ne peut que constater les résonances actuelles de leur combat. Car là, à
Besançon, une fois les patrons et les CRS partis, se sont jouées – outre la mise en
œuvre de l’autogestion – les bases des avancées des droits ouvriers futurs : la
répartition des salaires (« à travail égal salaire égal ») et le rôle des femmes dans la
gestion de l’usine.
« Au départ, en avril 1973, quand Lip annonce aux quelque 1 300 salariés que des
licenciements vont intervenir dans l’entreprise d’horlogerie, le syndicaliste ouvrier
Charles Piaget se montre hostile à la grève. Il préfère que ses camarades freinent le
rythme des machines et celui des mains. Ils arrêtèrent de travailler dix minutes par
heure. Ainsi commença la longue aventure des Lip qui, comme souvent dans
l’histoire des mouvements ouvriers, partit de revendications très « raisonnables » (ne
pas perdre son travail à une époque où le chômage reste modeste) et, chemin
faisant, découvre que (presque) tout est possible.
(…) Alors, (une fois les CRS et les administrateurs partis) parmi les ouvriers, il y en a un
qui a dit : « et si on prenait les montres ? » Soit, mais que faire de toutes ces montres ?
On décide de les vendre et de remettre en route l’usine pour en produire de
nouvelles, cette fois sans patron. La vente est un énorme succès. En six semaines, le
chiffre d’affaires ainsi réalisé correspond à 50 % du total d’une année ordinaire. Il y
avait des caches pour les montres, il y en aura d’autres pour l’argent. Chargements
clandestins sur les routes, déguisements, perruques : la folie des jeunes ouvriers
rencontre la sagesse des anciens. « Le plus grand moment d’exaltation, se rappelle
une ouvrière, ça a été notre paie sauvage. On a touché du doigt le fait que c’était
possible. » » Serge Halimi
De Christian ROUAUD, France, 2007, 1h58’. Avec Charles Piaget, Roland Vittot,
Fatima Demougeot, et Raymond Burgy.