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Inauguration du Pôle hainuyer – Le 20 octobre 2014 Intervention de Calogero Conti, Co-Président du Pôle hainuyer et Recteur de l’Université de Mons C’est en tant que co-Président du Pôle hainuyer, coprésidence que j’ai le plaisir de partager avec le directeur président de la HELHA, Jean-Luc Vreux, que je suis heureux de vous accueillir aujourd’hui, à l’occasion de cette cérémonie officielle de lancement du Pôle hainuyer décrétal. Permettez-moi d’ores et déjà de remercier les personnalités qui nous ont fait le plaisir d’être des nôtres aujourd’hui en acceptant d’y prendre la parole. Beaux-Arts de Tournai pour avoir, en un temps record et en collaboration avec les nouveaux membres du Pôle hainuyer, réussi à finaliser ce qui sera le nouveau logo du Pôle. Le voici [DIA du logo] Je vous propose d’applaudir Vincent en guise de remerciements. Mesdames et messieurs, chers amis, Le Bourgmestre en titre de la Ville, M. Paul Magnette, nous a fait le plaisir d’y être présent et de nous accueillir. Comme vous le savez, après plusieurs années de gestation, parfois difficiles, parfois polémiques, le décret Paysage a finalement été voté en novembre de l’année dernière. Il a envisagé une restructuration assez nouvelle et inédite de l’enseignement supérieur, en impliquant tous les acteurs concernés, à savoir les universités, les hautes écoles, les institutions de l’enseignement artistique ainsi que les institutions de promotion sociale ; et ce, tous réseaux confondus. Le Ministre-Président de la Fédération Wallonie Bruxelles, M. Rudy Demotte a pu se libérer et a accepté d’y prononcer quelques mots. Comme vous le savez, le décret a mis en place deux niveaux de structures collaboratives, chacun étant adapté aux missions qui lui sont confiées. Le tout nouveau président du Conseil d’Administration de l’ARES, M. Philippe Maystadt, nous a également fait le plaisir d’être des nôtres, lui qui a accepté ce qui s’assimile à un véritable challenge, à savoir celui de présider aux destinées de cette nouvelle structure. Le premier dispositif est constitué par l’Académie de Recherche et d’Enseignement Supérieur. Il a marqué la fin des Académies universitaires qui n’auront finalement duré que 10 ans. Afin de marquer le caractère hainuyer de ce pôle que certains ont parfois erronément qualifié de pôle montois, le Conseil d’Administration a décidé d’organiser cette séance de lancement officiel à Charleroi. Après leurs interventions, nous aurons le plaisir d’entendre M. Georges Fellouzis, professeur à l’Université de Genève. Ce qui fait la spécificité de notre Pôle hainuyer, c’est sa volonté de s’inscrire dans la dynamique de démocratisation de l’enseignement supérieur dans une province qui en a bien besoin. Je souhaite ici aussi remercier M. Fellouzis qui a placé son intervention sous la thématique de la démocratisation de l’enseignement supérieur, un défi pour les institutions. Pour être complet et pour finaliser le programme de cette soirée, je voudrais remercier M. Hans Ryckelinck, du Conservatoire royal de Mons, aujourd’hui intégré dans Arts au carré et qui agrémentera avec brio la partie musicale de cette cérémonie. Il s’agit là d’une belle concrétisation des collaborations qu’entretiennent les membres du Pôle hainuyer. J’aimerais aussi exprimer ma vive reconnaissance envers M. Vincent Taforeau de l’Académie des Le second dispositif a abouti à la mise en place de 5 pôles définis sur une base géographique, dont le Pôle hainuyer qui nous réunit aujourd’hui. L’action de ces pôles concernera plutôt des missions de proximité en relation avec les étudiants du territoire considéré. Se retrouvent donc au sein de ces pôles, toutes les institutions du territoire qui y délivrent des diplômes du supérieur. Concrètement, le nouveau Pôle hainuyer concernera 3 universités (l’UMONS, l’UCL et l’ULB), 3 hautes écoles (la Haute Ecole provinciale de Hainaut-Condorcet, la HE Louvain en Hainaut et la HE de la Communauté française en Hainaut), 3 écoles supérieures des Arts (Arts au carré à Mons, l’Ecole supérieure des Arts, Institut Saint-Luc à Tournai, l’Académie des Beaux Arts de la Ville de Tournai) ainsi qu’une quarantaine d’écoles de promotion sociale. Au total, une trentaine de milliers d’étudiants. Le Pôle hainuyer présente une particularité dans la mesure où un pôle hainuyer historique existait déjà dans notre province avec une partie des acteurs qui le constituent aujourd’hui. En 2002, le RHESU – Réseau hainuyer d’enseignement supérieur et universitaireregroupait déjà plusieurs institutions – universités, hautes écoles et institutions de l’enseignement artistique, provenant principalement du réseau provincial et de celui de la Communauté française. En 2009, le RHESU s’est mué en Pôle hainuyer (que je qualifierai ici de « pôle hainuyer historique » pour le différencier du nouveau pôle actuel décrétal), l’ouverture au pluralisme y a été exprimée avec la volonté d’y accueillir d’autres acteurs régionaux des autres réseaux d’enseignement. Cet élargissement n’a pu se concrétiser durant ces cinq années d’existence du pôle hainuyer historique. L’une des plus-values incontestables apportées par le décret Paysage est d’avoir donné au Pôle hainuyer une assise décrétale étendue prônant l’ouverture et la participation de toutes les institutions concernées au Pôle académique territorial. Quels sont aujourd’hui les objectifs concrets du Pôle hainuyer? Lorsque, dans quelques années, l’action du Pôle hainuyer sera jugée, elle le sera sur la base des éventuelles plus values qu’il aura réussi à apporter à l’enseignement supérieur en Hainaut, et en particulier à plusieurs bénéficiaires potentiels. Premiers bénéficiaires potentiels de l’existence du Pôle hainuyer : les étudiants du secondaire. Le Pôle peut contribuer à proposer une offre d’enseignement supérieur cohérente et la plus complète possible. Il peut leur apporter une information globale structurée et concertée et leur permettre de profiter d’une orientation pertinente en fonction de leur potentiel, un potentiel qu’ils construisent progressivement au cours de leurs études secondaires. Offre cohérente, information et orientation sont donc les trois priorités importantes sur lesquelles le Pôle peut agir. Ces trois priorités apparaissent d’autant plus essentielles dans une province telle que le Hainaut, particulièrement défavorisée sur le plan social et économique. N’oublions pas qu’une bonne orientation est une des clés pour une lutte efficace contre l’échec. Et mettre autour de la table, surtout à l’échelle d’un territoire comme le nôtre, tous les acteurs de l’enseignement supérieur est une condition nécessaire, à défaut d’être suffisante, pour qu’une information complète se rapportant à une offre cohérente et une orientation pertinente puissent être proposées, en étant adaptées au mieux au profil des étudiants de notre région. Peut-être aussi, les pôles ont-ils la bonne taille et constituent-ils le bon angle d’approche pour développer le nécessaire dialogue avec les institutions de l’enseignement secondaire d’un même territoire. Le faire à l’échelle de la province et ce, tous réseaux confondus, peut en tout cas apparaître plus opportun que de le faire à l’échelle trop isolée d’une institution ou à l’échelle impersonnelle de l’ensemble de la Communauté française. Autres bénéficiaires potentiels de l’existence du Pôle hainuyer : les étudiants des institutions qui composent le Pôle. Nos étudiants sont en droit d’attendre un encadrement susceptible de les aider dans leur démarche de réussite. Ils sont aussi en droit d’attendre un accès à des ressources variées, des infrastructures ainsi qu’un environnement culturel dans lequel ils pourront s’épanouir. Les plus-values que peut apporter un pôle académique hainuyer se situent dans plusieurs secteurs : celui de l’aide à la réussite bien sûr, mais aussi celui de la mobilité des étudiants au sein du pôle. Nos institutions partagent sur le territoire du pôle une même population d‘étudiants avec leurs qualités, mais leurs besoins aussi, résultats de leur parcours scolaire et de leur environnement social. La politique d’aide à la réussite de chacune de nos institutions peut s’enrichir grâce au Pôle académique, car celui-ci peut contribuer au partage d’expériences des différentes actions que chacune de nos institutions propose à ses étudiants, telles que le tutorat, les remédiations, les tests en cours d’année ou la simulation d’examen. Le Pôle peut aussi contribuer à la mise en commun de ressources destinées à proposer aux futurs étudiants des cours préparatoires ou propédeutiques. Le Pôle peut aussi contribuer à élargir le spectre des ressources documentaires auxquelles les étudiants peuvent avoir accès. Le Pôle peut aussi favoriser la mobilité au sein des institutions qui le constituent et clarifier les parcours de formation. Une bonne réorientation en cours d’études supérieures est aussi un facteur clé de la démarche de réussite d’un étudiant. Un système de validation de crédits au sein de nos institutions faciliterait sans aucun doute la réorientation des étudiants. Pour autant que le décret soit plus explicite à cet égard, et je m’expliquerai sur cette condition à la fin de mon exposé, le pôle peut faciliter la création de nouveaux programmes d’études ou l’évolution de programmes existants organisés en coorganisation ou codiplomation. Autre bénéficiaire potentiel de l’existence du Pôle hainuyer : l’environnement régional de nos institutions. Nos institutions partagent le souci de contribuer à la valorisation du capital humain à la ferme volonté de mettre leur potentiel culturel et scientifique au service de notre région. Cela peut prendre la forme sur le plan de la recherche appliquée, de collaborations avec des entreprises locales dans des secteurs qui correspondent aux points forts de nos institutions. Cela peut aussi aboutir à une politique culturelle concertée en phase avec les principaux acteurs régionaux. Quel que soit le réseau auquel elles appartiennent, nos institutions sont des institutions de service public subsidiées par la société. A cet égard, le Pôle peut aussi aboutir à terme à une utilisation plus rationnelle des moyens en accentuant les collaborations sur un même territoire et en atténuant certaines formes de concurrence. Où en est le Pôle hainuyer aujourd’hui ? Les statuts de la nouvelle ASBL Pôle hainuyer ont été rédigés et déposés, conduisant par la même à la dissolution de l’ASBL Pôle hainuyer historique, l’assemblée générale et le conseil d’administration du Pôle sont aujourd’hui opérationnels et un plan stratégique a été établi. Il s’agit d‘un plan qui se veut évolutif. Seuls les premiers jalons y ont été définis de façon à ce que les partenaires apprennent à mieux se connaître, et à se faire confiance sur la base de certains objectifs raisonnables et réalistes dont la réalisation a été confiée à 6 commissions. Je vais me permettre de vous les décrire succinctement. Il y a d’abord le centre de didactique supérieur. Il vise notamment à consolider et développer les collaborations dans les domaines liés à la pédagogie. Il concerne concrètement la coorganisation d’activités de préparation aux études supérieures ainsi que le conseil, la formation et l’encadrement des enseignants en charge des étudiants de premier cycle. Sont également concernées les actions d’aide à la réussite ainsi que la veille scientifique et méthodologique portant sur l’évolution des pratiques enseignantes dans le supérieur, Il y a ensuite une Commission Recherche dont l’action vise notamment à encourager les collaborations de recherche entre les différentes institutions membres du pôle. Elle est aussi chargée de mettre en valeur ces activités par l’organisation de journées scientifiques rassemblant les différentes composantes concernées du Pôle hainuyer. Troisième commission mise en place: commission « Information et orientation » la Elle vise à assurer la meilleure lisibilité possible de l’ensemble du système d’enseignement supérieur dont les formations sont disponibles en Hainaut. Elle assurera des actions d’informations spécifiques, tout en assurant la gestion des moyens de transmission de l’information tels que brochures « papier », site web et médias sociaux. Elle mettra également à la disposition des étudiants une information exhaustive et actualisée en matière de mobilité au sein de son espace académique. Quatrième commission : la commission Mobilité internationale Elle vise notamment à assurer un accueil commun des étudiants en mobilité in. Elle peut aussi contribuer à partager des démarches de mobilité internationale au départ d’une mutualisation de partenariats existants. Cinquième commission : la Commission Services collectifs. Elle vise notamment à faciliter l’accès à différents services et infrastructures offerts au sein du pôle. Il peut s’agir par exemple des salles de lecture et des collections physiquement détenues par les bibliothèques des établissements partenaires. Il peut aussi s’agir des conditions de consultation de la documentation scientifique et technique sur support électronique. L’élargissement aux membres du Pôle est également envisagé quand cela est possible, quant aux infrastructures et services collectifs initialement destinés à leurs propres membres. La dernière commission est en réalité la Chambre de l’enseignement inclusif du Pôle. Elle prévoit la coordination de la politique des institutions du pôle à l’intention des étudiants à besoins spécifiques. Mesdames et messieurs, On peut évidemment décrire le Pole hainuyer par ses objectifs, ses missions ou ses structures. On peut aussi le faire au départ des hommes et des femmes qui le composent et qui font qu’au final, une structure fonctionne bien ou moins bien. Une assemblée générale du Pôle hainuyer, c’est cela. [DIA de l’AG] Cela fait du monde, mais le challenge en vaut la peine. Je suis convaincu que dans une structure de proximité comme l’est le pôle, les liens entre les personnes peuvent se créer et se consolider plus facilement que dans d’autres structures parce que leur action s‘adresse à un public commun avec ses besoins et ses attentes, parce que leur action s’adresse à un même environnement avec ses problèmes, mais aussi ses espoirs. L’avenir nous dira quel sera le véritable intérêt de ces nouvelles structures. Les nouveaux et anciens partenaires du Pôle hainuyer devront apprendre à aller au-delà de leurs différences, inhérentes aux différentes formes d’enseignement ou aux différents réseaux, pour viser à ce qui constitue notre objectif essentiel, à savoir l’amélioration de l’offre et de la qualité des formations organisées en Hainaut. C’est à l’aune de ce critère que notre action sera jugée d’ici quelques années. Les débuts en tout cas sont encourageants puisque chaque partenaire apparaît prêt à accentuer les 1. collaborations dans les différents domaines 2. couverts par le décret. Il me semble toutefois qu’après quelques mois de fonctionnement, en tant que coprésident du pôle, je ne peux que regretter la frilosité du décret quant à la responsabilisation académique des 3. pôles. Comment peut-on imaginer un Pôle académique d’enseignement défini sur un territoire et qui n’aurait pas dans ses missions, celle d’être un passage obligé d’informations, de discussions ou de concertations portant sur de nouvelles habilitations, de nouvelles coorganisations ou de nouvelles codiplomations lorsque celles-ci sont prévues au sein même de ce territoire ? L’échange d’informations sur ces sujets peut certes être envisagé, mais seulement sur une base volontariste. Et encore ! Les premières tentatives allant dans ce sens se sont heurtées à des réticences de certaines institutions qui, sur la base de leur interprétation du décret, restent frileuses à l'échange d’informations concernant l’offre d’enseignement supérieur au sein de la nouvelle structure. C’est à mon sens, une lacune sérieuse dans le décret, une lacune qui gagnerait certainement à être corrigée. On est en fait en droit d’attendre que le Pôle hainuyer instruise les besoins en enseignement supérieur dans le Hainaut. On est en droit d’attendre que le Pôle hainuyer fasse des propositions argumentées et motivées allant dans le sens d’une amélioration de la qualité et de l’offre de formation dans le Hainaut. On est en droit d’attendre que le Pôle hainuyer suscite les collaborations académiques et fasse des propositions susceptibles d’optimiser l’offre de formation au sein de son territoire. Et pourtant, cette attente légitime risque d’être déçue non pas parce que le Pôle ne souhaite pas assurer ces responsabilités, mais parce que le décret sous sa forme actuelle n’attend officiellement aucun échange d’informations sur l’évolution de l’offre d’enseignement au sein des pôles. Comprenne qui pourra, mais cela vaut la peine d’être clairement explicité, car un pôle ne pourra être rendu responsable – et c’est une lapalissade - que des responsabilités qui lui auront été confiées. En conclusion, l’avenir du Pôle hainuyer dépendra de ce que les institutions partenaires en feront, mais aussi du cadre légal dans lequel il sera amené à travailler. Plusieurs scénarios sont possibles à cet égard. Le scénario du pire, c’est celui d’une nouvelle structure lourde, consommatrice en temps et sclérosée par la méfiance de certains acteurs y voyant surtout le risque pourtant injustifié d’atteintes à leur autonomie. Le meilleur scénario, c’est celui d’une structure attentive aux besoins des étudiants, des institutions et des régions, attentive à l’évolution de l’offre d’enseignement dans son territoire. Le meilleur scénario, c’est celui d’une structure au sein de laquelle les clivages institutionnels, philosophiques et par type d’enseignement ne constitueront pas l’élément décisionnel déterminant. Le meilleur scénario, c’est celui d’une structure au sein de laquelle avec les nouveaux acteurs du Pôle hainuyer décrétal, règne le même état d’esprit constructif et innovant qui y régnait entre partenaires de l’ancien pôle hainuyer historique, et ce pour le bien de notre province. Au stade actuel, grâce à l’esprit participatif de la plupart des membres du Pôle et je tiens ici à les en remercier, et sans vouloir faire preuve d’un optimisme béat, c’est plutôt ce second scénario qui s’annonce et en tout cas le scénario auquel nous voulons croire. Je vous remercie pour votre attention.