Aux infirmières et infirmiers en soins de première ligne

Transcription

Aux infirmières et infirmiers en soins de première ligne
SYPHILIS INFECTIEUSE AU QUÉBEC
APPEL À LA VIGILANCE
Avril 2013
Aux infirmières et infirmiers en soins de première ligne
La syphilis touche surtout les hommes ayant des relations sexuelles avec d’autres hommes (HARSAH). Toutefois,
de plus en plus de cas surviennent chez des jeunes âgés de 15 à 24 ans et chez des femmes en âge de procréer.
N’oubliez pas d’envisager la syphilis dans vos interventions ayant un rapport avec la lutte contre les ITSS.
Vos interventions cliniques sont essentielles, notamment en ce qui concerne :
 le dépistage de la syphilis chez les personnes présentant des facteurs de risque;
 le dépistage systématique chez les femmes enceintes (à répéter en présence de facteurs de risque);
 l’orientation des personnes dont le résultat de test de dépistage est positif vers les services leur permettant de
déterminer le problème de santé et d’obtenir un traitement précoce et le suivi approprié;
 l’orientation des personnes ayant des symptômes compatibles avec une syphilis vers les services leur permettant
de déterminer le problème de santé et d’obtenir un traitement précoce et le suivi approprié;
 l’intervention préventive auprès des personnes atteintes et auprès de leurs partenaires sexuels.
Situation au Québec
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Le nombre de cas déclarés de syphilis infectieuse a augmenté, étant passé de 3 en 1998 à 671 en 2012.
La syphilis infectieuse touche surtout les HARSAH.
On observe de plus en plus de cas chez les femmes ; on en comptait 8 en 2008 et 28 en 2012. Presque toutes les
femmes infectées sont en âge de procréer. En 2011, un cas de syphilis congénitale a été rapporté ; il concerne un
nouveau-né dont la mère est d’origine québécoise.
Depuis 2010, la syphilis infectieuse augmente chez les jeunes de 15 à 19 ans (50 cas en 2012, contre 9 en 2009)
et chez ceux qui ont de 20 à 24 ans (119 cas en 2012, contre 36 en 2009). Ces jeunes sont surtout des HARSAH
mais aussi des femmes et des hommes hétérosexuels. Parmi les HARSAH, surtout les plus jeunes, plusieurs ont
aussi des partenaires sexuelles féminines, lesquelles peuvent avoir été exposées à la syphilis.
Préoccupations
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Potentiel d’expansion de l’éclosion de syphilis infectieuse chez les femmes en âge de procréer avec le risque de
survenue de cas de syphilis congénitale.
Potentiel d’expansion de l’éclosion de syphilis chez les jeunes, sans égard au sexe des partenaires (l’infection ne
touchant pas que les jeunes HARSAH).
Potentiel d’expansion de l’infection par le VIH chez les jeunes de 15 à 24 ans.
Rappel des indications pour le dépistage de la syphilis
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HARSAH et ses partenaires (masculins et féminins s’il y a lieu);
Travailleur ou travailleuse du sexe et ses partenaires;
Personne ayant des partenaires multiples et ses partenaires;
Personne ayant une relation sexuelle avec un partenaire provenant d’une région où la syphilis est endémique et
ses partenaires;
Personne ayant eu un partenaire sexuel anonyme au cours de la dernière année et ses partenaires;
Jeune de la rue et ses partenaires;
Partenaire des personnes ayant contracté une syphilis selon la période de contagiosité;
Personne ayant contracté une infection gonococcique, une infection par le VIH ou une hépatite B au cours de la
dernière année;
Femme enceinte, dans le cadre d’un bilan prénatal de base ; faire à nouveau la recherche de facteurs de risque
pendant la grossesse et répéter le dépistage au minimum une fois vers la 28e semaine de grossesse et au moment
de l’accouchement, si on note une nouvelle exposition ou la persistance d’un comportement à risque ou si le
partenaire présente un facteur de risque;
Personne demandant un dépistage après un counseling prétest, même en l’absence de facteur de risque avoué.
Tant le contexte épidémiologique local ou régional que les caractéristiques de la personne pourraient justifier un test
de dépistage dans d’autres circonstances. Il est également indiqué de faire la recherche d’autres ITSS selon les
facteurs de risque décelés. NB Toute personne ayant reçu un diagnostic de syphilis devrait se voir offrir un test
de dépistage du VIH
Faites face à l’épidémie silencieuse. Demeurez vigilants par rapport aux ITSS.
Manifestations cliniques les plus fréquentes
Surnommée « la grande imitatrice », la syphilis peut évoluer en trois stades si elle n’est pas traitée : primaire,
secondaire et tertiaire. La syphilis latente est une période asymptomatique située entre les stades secondaire et
tertiaire. Elle est dite « précoce » si l’infection est apparue il y a moins d’un an et « tardive » si elle dure depuis plus
d’un an. Les stades primaire, secondaire et latent depuis moins d’un an sont considérés comme infectieux.
Syphilis infectieuse :
 primaire :
o chancre indolore, localisé au site d’inoculation (région génitale, anorectale ou oropharyngée) et pouvant
passer inaperçu,
o incubation de 3 à 90 jours (en moyenne 21 jours) ;
 secondaire :
o éruption cutanée diffuse, pouvant affecter la paume des mains et la plante des pieds, et syndrome d’allure
grippale,
o incubation de deux à douze semaines, parfois plusieurs mois après la guérison du chancre ;
 latente depuis moins d’un an :
o aucune manifestation clinique,
o diagnostic reposant sur les analyses sérologiques et l’histoire clinique.
Pour en savoir plus sur les autres stades, les modes de transmission, les analyses de laboratoire, le traitement et le
suivi, consultez le Guide sur le traitement pharmacologique ITSS : Syphilis, publié en 2012 par l’Institut national
d’excellence en santé et en services sociaux (INESSS).
La pénicilline G benzathine administrée par voie intramusculaire est l’antibiotique privilégié pour le traitement de la
syphilis infectieuse.
Intervention préventive auprès de la personne atteinte et auprès de ses partenaires (IPPAP)
Votre collaboration est essentielle:
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pour sensibiliser la personne atteinte à l’importance de l’intervention préventive auprès de ses partenaires et la
soutenir dans sa démarche (ex. : lui remettre la brochure «Entre caresses et baisers une ITS s’est faufilée… Il
faut en parler », qui peut être commandée gratuitement en ligne);
selon l’organisation de services dans votre milieu de pratique, pour effectuer l’intervention préventive auprès
des partenaires sexuels ou collaborer avec les professionnels de santé publique qui la feront. Dans ce dernier
cas de figure, informez la personne atteinte qu’un professionnel de santé publique pourrait communiquer avec
elle aux fins de l’intervention préventive;
pour contribuer à l’évaluation clinique et au dépistage des partenaires sexuels de la personne atteinte;
pour orienter vers des services leur permettant d’obtenir un traitement épidémiologique (traitement en
l’absence de résultat d’analyse de laboratoire ou même quand un résultat est négatif), les partenaires sexuels des
90 derniers jours d’un cas de syphilis infectieuse, ou d’un cas de syphilis latente tardive dont le titre est égal ou
supérieur à 1:32, et les partenaires dont le suivi est incertain. Les autres partenaires exposés (en fonction de la
période de contagiosité) seront traités selon l’évaluation clinique et les résultats des tests de dépistage.
Maladie à déclaration obligatoire
La syphilis est une maladie à déclaration obligatoire (MADO).
Votre collaboration peut être requise dans le cadre de l’enquête épidémiologique réalisée à la suite d’une déclaration
de syphilis pour :
 fournir au professionnel de santé publique les informations cliniques concernant le cas index;
 fournir les coordonnées de la personne atteinte afin de permettre au professionnel de santé publique de procéder
à l’enquête épidémiologique et à l’intervention préventive auprès de cette personne et auprès de ses partenaires
sexuels (IPPAP).
Faites face à l’épidémie silencieuse. Demeurez vigilants par rapport aux ITSS.