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Saint-Siège
Une fenêtre ouverte sur l’Église
et sur le monde.
Le sens des statistiques
À l’occasion de la présentation de l’Annuaire pontifical de 2011,
le cardinal doyen du Sacré Collège évoque, dans cet article qu’il a écrit
pour nous, différents aspects de la présence de l’Église dans le monde,
du nombre des pasteurs et des fidèles à la tâche de la Curie romaine
par le cardinal Angelo Sodano
«J
e crois en l’Église catholique»: c’est la profession
de foi que le chrétien répète souvent, en reprenant les mots
du Symbole apostolique. Comme
on le sait, le mot “symbole” est un
terme grec qui indique une sorte de
carte d’identité, un signe de reconnaissance. Dans l’Église primitive,
ce document naquit justement
pour résumer le message du Christ
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transmis par les apôtres et offrir
aux chrétiens un carte de reconnaissance de leur identité.
Il est ensuite significatif que cette formule de la foi, dans ses douze
articles, ait été définitivement codifiée dans l’Église de Rome. Dès le
IIIe siècle, l’article 9 affirme explicitement la foi en l’Église, qui est
«une, sainte, catholique et apostolique». La catholicité de l’Église
était donc elle aussi déjà sentie
comme un de ses traits essentiels.
Deux millénaires ont passé depuis que le Seigneur ressuscité a
donné à Son Église le mandat missionnaire universel. Cette Église
s’est diffusée dans le monde entier
– non sans vicissitudes – et est arrivée jusqu’à nous, soutenue par la
force vivifiante de Son Esprit saint.
Aujourd’hui, les laïcistes les plus
L’audience avec les cardinaux et les membres de la Curie
romaine pour la présentation des vœux de Noël,
salle royale du Palais apostolique du Vatican,
le 20 décembre 2010; au centre de la photo,
le cardinal Angelo Sodano, doyen du Sacré Collège,
durant l’hommage au pape Benoît XVI
obstinés eux-mêmes ne peuvent
ignorer l’existence de cette réalité
ecclésiale ni méconnaître son action, laquelle transforme la vie des
peuples. Il suffit de jeter un regard
d’ensemble sur la présence de l’Église dans le monde, sur les personnes et les communautés qui la
composent et sur les institutions
qui en sont nées.
L’Annuaire pontifical
Nous disposons d’un bon outil
pour connaître les différents aspects de la présence de l’Église
dans le monde: il s’agit de l’Annuaire pontifical que le Saint-Siège publie chaque année depuis le
milieu du XIXe siècle.
Le 19 février dernier, le cardinal
Tarcisio Bertone, accompagné de
ses collaborateurs de la Secrétairerie d’État, a présenté au Pape Benoît XVI l’Annuaire pontifical
2011. Ainsi se poursuit cette publication qui remonte à Pie IX (1846
– 1878), même si elle portait à
l’époque un titre plus restrictif: La
L’Annuaire pontifical 2011,
présenté par la Secrétairerie d’État à Benoît XVI,
le 19 février dernier
hiérarchie catholique et la famille pontificale.
On peut encore consulter dans
différentes bibliothèques les volumes qui se sont succédé des origines à nos jours, et cette recherche nous offre toujours un tableau réconfortant de l’histoire de
l’Église et de la diffusion progressive de cette dernière dans le monde
entier.
Nous disposons aussi d’un précieux complément à l’Annuaire
pontifical, le livre également publié chaque année par la Secrétairerie d’État sous le titre d’Annua-
rium statisticum Ecclesiae. Cet
ouvrage présente des données statistiques qui sont plus attentivement examinées et confrontées,
pays par pays, continent par continent, ainsi qu’une étude comparative sur les différentes for mes
d’apostolat existant dans l’Église.
Les catholiques
dans le monde
Selon les plus récentes données
disponibles, le nombre des catholiques baptisés s’élève aujourd’hui
à environ un milliard 181 millions,
sur une population mondiale de ¬
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Saint-Siège
six milliards 698 millions d’habitants.
Les catholiques représentent
donc, sur la base du dernier Annuarium statisticum Ecclesiae, 17,4%
de la population mondiale. C’est
dans les Amériques, où ils constituent 63,1% de la population, que
les catholiques sont le plus nombreux. En Europe, les catholiques
représentent 40% de la population,
mais la présence des chrétiens en
Europe est beaucoup plus importante si l’on prend en compte nos
frères chrétiens des Églises orientales et les différentes communautés issues de la Réforme.
Il y a environ 26,2% de catholiques en Océanie, 17,8% en
Afrique et 3,1% en Asie. Et c’est
justement l’Asie (qui englobe aussi
dans ses frontières le MoyenOrient) qui constitue le grand défi
pour l’œuvre future d’évangélisation de l’Église. En 1998 déjà, le
regretté Souverain Pontife Jean
Paul II nous avait invités à réfléchir
à cette question dans un Synode
qu’il avait convoqué spécialement
à cet effet au Vatican.
J’ai eu, moi aussi, la joie de participer à cette Assemblée synodale, et je garde en mémoire l’engagement commun qu’ont pris les
membres de l’Assemblée pour travailler dans ce sens. Il faut dire que
l’Asie, le continent le plus grand et
le plus peuplé du monde, a été le
berceau du christianisme. C’est là
que l’Évangile du Christ a été annoncé pour la première fois. On
peut donc comprendre l’engagement pour que le levain évangélique continue à imprégner les cultures de ces populations et à les
orienter vers le Christ.
La Gerarchia cattolica e la famiglia pontificia (année 1877, sous le pontificat de Pie IX)
Pasteurs et fidèles
Comme chaque année, l’Annuaire
pontifical 2011 présente des
chiffres concernant les pasteurs appelés à guider de nos jours la Sainte
Église du Christ.
On y trouve évidemment à la
première place le Successeur de
Pierre, le pape Benoît XVI, que le
Saint Esprit a appelé à présider la
communauté catholique dans cette
phase importante de l’histoire, au
début du Troisième Millénaire chrétien. Figure d’abord, autour du Pape, le Collège cardinalice, appelé à
aider l’Évêque de Rome dans sa plus
vaste mission de Pasteur de l’Église
universelle.
Ensuite, une longue liste de tous
les sièges épiscopaux existant dans
le monde nous permet de connaître
la vie concrète de chacune des
Églises particulières disséminées
dans les cinq continents, de celles
qui remontent à l’âge apostolique
Benoît XVI avec
le cardinal Sodano,
le 20 décembre 2010.
Le cardinal Sodano,
qui est au service
du Saint-Siège depuis
50 ans, a été secrétaire
aux plus récentes, qui ont été constituées en 2010.
L’Annuaire pontifical 2011
nous apprend qu’il y a presque
3000 circonscriptions ecclésiastiques (exactement 2956). Le
nombre des évêques est cependant
supérieur, car à côté de l’évêque qui
dirige un diocèse, il y a parfois un
évêque coadjuteur, un évêque auxiliaire ou un ou plusieurs évêques
émérites. Le nombre total des
évêques dans le monde s’élève donc
à 5065. De plus, il y a dans chaque
diocèse un bon nombre de prêtres
qui offrent à leur évêque une collaboration providentielle. Au total, les
prêtres (diocésains ou réguliers)
sont plus de 400 000 (exactement
410 593). Ces chiffres font comprendre l’extrême importance de
leur travail dans tous les domaines
du vaste champ d’action de l’Église,
dans toutes les réalités humaines.
Ce sont souvent les soldats inconnus du Royaume de Dieu.
Outre la liste des diocèses, l’Annuaire pontifical nous donne aussi
celle des différentes Conférences
épiscopales nationales et internationales, et nous présente enfin
l’important organisme du Synode
des évêques, institué par Paul VI
pour favoriser une communion plus
étroite avec le Pontife romain.
d’État du 29 juin 1991
au 2 avril 2005,
avec Jean Paul II,
et du 21 avril 2005
au 15 septembre 2006,
avec Benoît XVI
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La Curie romaine
Un coup d’œil sur l’Annuaire pontifical nous per met aussi de
connaître de plus près l’instrument
opérationnel dont le Pape se sert
ANNUAIRE PONTIFICAL
quotidiennement pour accomplir sa
mission. Je crois devoir souligner
cet aspect particulier de la vie de l’Église de Rome, car j’ai dédié une
grande partie de mon sacerdoce –
cinquante ans – à ce travail dans la
Curie romaine.
En feuilletant l’Annuaire pontifical, on peut passer en revue les différents organismes de la Curie, de la
Secrétairerie d’État aux Congrégations, des Tribunaux aux Conseils
pontificaux, des administrations aux
différents bureaux et commissions.
On voit ainsi se déployer, comme
dans un film, toute la structure de la
Curie romaine, que le regretté pape
Jean Paul II a réorganisée avec la
constitution apostolique Pastor Bonus du 28 juin 1988.
De mon côté, je voudrais rappeler ici l’esprit de service qui anime la grande famille de ces collaborateurs du Saint-Père. J’en ai
été le témoin direct, surtout au
cours des seize années pendant
lesquelles j’ai exercé la charge de
Secrétaire d’État (15 ans
pendant le pontificat de
Jean Paul II et un an au
début du pontificat du
pape Benoît XVI).
Du reste, Paul VI
avait déjà parlé de la
Curie romaine comme
d’«un cénacle permanent», entièrement
consacré au service de
la sainte Église de Dieu.
Les représentations
pontificales
En ce qui concerne les collaborateurs du Pape, je ne veux pas manquer de souligner le grand service
rendu par les représentants pontificaux disséminés à travers le monde. L’Annuaire pontifical nous
apprend qu’ils sont présents dans
la majeure partie des pays du monde. C’est une présence qui a un caractère officiel dans les 178 États
avec lesquels le Saint-Siège entretient des relations diplomatiques
régulières.
Comme on le sait, l’émergence
des États modernes au XVe et au
XVIe siècle a entraîné la création de
missions permanentes entre ces
mêmes États. Les Pontifes romains,
qui s’étaient jusque là limités à envoyer de façon transitoire leurs représentants pour des missions spécifiques, recoururent eux aussi à cet
instrument de dialogue et de collaboration permanente. C’est ainsi
que naquirent les premières nonciatures en Espagne, en
France, en Allemagne,
en Pologne, et aussi
dans la République de
Venise qui, à l’époque,
L’Annuarium statisticum
Ecclesiae 2008,
un précieux complément
de l’Annuaire pontifical
publié chaque année
par la Secrétairerie d’État
gardait d’utiles contacts avec tout le
lointain Orient.
L’histoire nous apprend que la
création de ces nonciatures ne visait pas seulement à entretenir
des rapports officiels avec les
États, mais surtout à garder et à
accroître la communion entre le
Siège apostolique et les Églises locales. L’envoi de nonces apostoliques en Allemagne, au début de
la Réforme, pour faire face à l’expansion du protestantisme dans la
région même où il était né, est un
exemple typique de cette finalité.
À la fin du Concile de Trente, les
représentants pontificaux en Espagne, en France, et dans les différents États de la péninsule italienne, reçurent aussi du pape
saint Pie V, de Grégoire XIII et de
leurs successeurs, la charge de faire accepter les décisions conciliaires. En réalité, l’application en
Europe de la Réforme tridentine
fut aussi due au mérite des nonces
apostoliques.
Au service des peuples
L’Annuaire pontifical nous permet aussi, chaque année, de
connaître d’autres aspects de l’activité de l’Église, en particulier
dans le domaine social. À travers
les statistiques, on voit en effet apparaître l’immense travail accompli par les grandes Familles religieuses, par ceux qui ont adhéré à
l’Évangile et qui se sont mis au service de leur prochain dans les secteurs les plus variés de l’assistance, de la charité et de la promotion
sociale.
L’Annuaire pontifical nous révèle également l’apport de l’Église
à la culture contemporaine avec
ses écoles, ses universités et ses
académies.
En résumé, l’Annuaire pontifical nous ouvre chaque année une
fenêtre sur le monde et permet de
saisir, au moins en partie, l’œuvre
qu’accomplit le Siège apostolique
pour annoncer jusqu’aux limites de
la terre l’Évangile de salut que le
Christ nous a donné.
q
L’Annuaire pontifical pour l’année 1931,
sous le pontificat de Pie XI; c’est l’une
des premières éditions publiées sous ce nom
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