Mouvements à Accélération Centrale
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CHAPITRE 8 Mouvements à Accélération Centrale 8.1 PROPRIÉTÉS GÉNÉRALES 8.1.1 Définition Le mouvement du point M est un mouvement à accélération centrale dans le repère (T), si et seulement si, il existe un point O de (T), tel que le vecteur JJJJG position OM du point M soit colinéaire au vecteur accélération du point M : JJJJG G( ) a T ( M , t ) = λ ( M ) OM , (8.1) où λ(M) est un nombre réel dépendant ou indépendant du point M. 8.1.2 Un mouvement à accélération centrale est un mouvement à trajectoire plane Il résulte de la définition précédente qu'un mouvement est à accélération centrale, si et seulement si : JJJJG G ( ) G OM ∧ a T ( M , t ) = 0 . (8.2) Or, nous avons la relation : ( ) JJJJG JJJJG G (T ) G (T ) d T ⎡OM ⎤ ∧ = ∧ a (M, t ) . M t OM ( , ) v ⎦ dt ⎣ (8.3) La comparaison de (8.2) et (8.3) montre donc qu'un mouvement est à accélération centrale si et seulement si : JJJJG G ( ) JG OM ∧ v T ( M , t ) = C , (8.4) JG où C est un vecteur indépendant du temps. 8.1 Propriétés générales 101 JG Si C est différent du vecteur nul, l'expression précédente montre que le point M appartient au plan passant par le point O et de direction orthogonale au JG vecteur C . JG Si C est le vecteur nul, la trajectoire est portée par une droite passant par le point O. 8.1.3 Vitesse aréolaire Le mouvement du point M étant un mouvement plan, il est possible de repérer le point M par ses coordonnées polaires (r, α) dans ce plan (figure 8.1a). Considérons alors (figure 8.1b) deux positions infiniment voisines M(t) et M(t + dt) du point M sur sa trajectoire. Nous avons : JJJJG G OM (t ) = r u (α ) , (8.5) et JJJJJJJJJJJJJJJG G ( ) JJJJG ( )G M (t ) M (t + d t ) = d T OM (t ) = d r u (α ) + r d T u (α ) (8.6) G G = d r u (α ) + r u (α + π ) d α . 2 L'aire balayée par le segment OM est égale à l'aire de la surface dσ du triangle OM(t)M(t + dt). Soit : JJJJG JJJJG dσ = 1 OM (t ) ∧ dOM (t ) = 1 r 2dα . (8.7) 2 2 La grandeur σ représente l'aire balayée entre une date prise comme origine des temps et la date t. Sa dérivée par rapport au temps σ est appelée la vitesse aréolaire du mouvement à la date t : σ = dσ = 1 r 2α . (8.8) dt 2 La vitesse aréolaire représente l'aire balayée par unité de temps. y M(t + dt) M(t) G u (α + π ) 2 r G u (α ) α M x O O (a) (b) FIGURE 8.1. Coordonnées polaires et aire balayée. 102 Chapitre 8 Mouvements à accélération centrale 8.1.4 Loi des aires Dans le cas d'un mouvement plan, le vecteur vitesse du M point s'écrit d'après (6.35) : G( ) G G v T ( M , t ) = r u (α ) + rα u (α + π ) . (8.9) 2 JG Il en résulte que la relation (8.4) conduit à l'expression du vecteur C : JG G G C = r 2α k = C k , (8.10) en posant : C = r 2α . (8.11) JG Le vecteur C étant indépendant du temps, il en résulte que C est également indépendant du temps. Par ailleurs en comparant à l'expression (8.8), nous obtenons : σ = dσ = C . dt (8.12) 2 La constante C est alors appelée constante des aires. Pour un mouvement plan à accélération centrale de centre O, la vitesse aréolaire relative au point O est constante. 8.1.5 Expressions des vecteurs cinématiques Les vecteurs cinématiques (6.29) et (6.33) peuvent être exprimés en introduisant la constante des aires C exprimée en (8.11). Nous avons : r = d r = d r dα = d r α = C2 d r = −C d 1 , d t dα d t dα dα r r dα 2 2 r = d r = d r α = C2 d ⎡−C d 1 ⎤ = − C2 d 2 1 , (8.13) d t dα r dα ⎣⎢ dα r ⎦⎥ r dα r () () rα = C , r D'où : () 2 rα 2 = C2 . r () G( ) G G v T ( M , t ) = −C u (α ) d 1 + C u (α + π ) , dα r r 2 () 2 ⎡ 2 G( ) ⎤G a T ( M , t ) = − C2 ⎢ 1 + d 2 1 ⎥ u (α ) . r ⎣ r dα r ⎦ (8.14) (8.15) 8.1.6 Équation polaire de la trajectoire Dans le cas d'un mouvement à accélération centrale, l'expression (8.1) du vecteur accélération s'écrit : 8.1 Propriétés générales 103 JJJJG G( ) a T ( M , t ) = λ (r, α ) OM , (8.16) où λ est un nombre réel qui dépend à priori de r et de α. Les équations de la dynamique (partie V) permettront de trouver l'expression de λ. En introduisant dans la relation (8.16), les expressions (8.5) du vecteur position et (8.15) du vecteur accélération, nous obtenons l'équation différentielle qui lie les variables r et α : () d2 1 + λ r3 + 1 = 0 . r dα 2 r C 2 (8.17) Cette équation permet de trouver r en fonction de α soit : r = f (α ) , (8.18) lorsque λ est connu. La loi des temps du mouvement sur la trajectoire est ensuite obtenue à partir de (8.11) sous la forme : 2 d t = 1 r 2dα = 1 [ f (α )] dα . C C (8.19) Si α0 est la valeur de α à la date t, l'expression de t s'écrit : t − t0 = 1 C ∫ α α0 [ f (α )]2 dα . (8.20) 8.1.7 Mouvements à accélération centrale pour lesquels JJJJG G(T ) 2 a ( M , t ) = −ω OM Le cas des mouvements rectilignes a été étudié au paragraphe 7.1.4, et nous n'étudions donc dans ce paragraphe que le cas des mouvements curvilignes. Soit (x, y, 0) les coordonnées cartésiennes du point M dans le plan (Oxy). Les coordonnées (x, y) vérifient les relations : x = −ω 2 x et y = −ω 2 y . (8.21) D'où les équations du mouvement : x = A cos ωt + B sin ωt , y = D cos ωt + E sin ωt , (8.22) z = 0. Nous choisissons une échelle des temps telle qu'à la date t = 0, le point M soit en M0 tel que : JJJJG G OM 0 = x0 i , (8.23) avec une vitesse : G G G v0 = x0 i + y0 j . (8.24) 104 Chapitre 8 Mouvements à accélération centrale Les constantes A, B, D et E se calculent en fonction des conditions initiales x0 , x0 et y0 . Il en résulte que les équations de mouvement s'écrivent : x = x0 cos ωt + y= y 0 ω z = 0, x0 ω sin ωt , sin ωt , (8.25) (en supposant ω > 0). La trajectoire est alors une ellipse de centre O et d'équation : ( ) 2 1 ⎛ x − x0 y ⎞ + ω y ⎜ y 0 ⎟⎠ y0 x0 2 ⎝ 2 = 1. (8.26) La trajectoire est un cercle si x0 = 0 et y0 = ±ω x0 . Quelle que soit la trajectoire, le mouvement est périodique, de période : T = 2π . (8.27) C = x0 y 0 . (8.28) ω La constante des aires est : 8.2 MOUVEMENTS À ACCÉLÉRATION CENTRALE JJJJG G (T ) OM POUR LESQUELS a ( M , t ) = − K OM 3 Nous étudions dans ce paragraphe les mouvements à accélération centrale pour lesquels le vecteur accélération peut se mettre sous la forme : JJJJG G( ) (8.29) a T ( M , t ) = − K OM3 , OM où K est un nombre réel indépendant du point M. 8.2.1 Équations des trajectoires L'équation des trajectoires s'obtient à partir de la relation (8.17) qui s'écrit ici : () d2 1 + 1 − K = 0 r C2 dα 2 r (8.30) Cette équation admet comme solution générale : 1 = K + A cos (α − α ) , 0 r C2 (8.31) JJJJG G( ) 8.2 Mouvements à accélération centrale pour lesquels a T ( M , t ) = − K OM3 OM 105 où A et α0 sont des constantes positives ou négatives déterminées par les conditions initiales (conditions à une date donnée). L'équation précédente peut être réécrite sous la forme : 1 = K ⎡1 + AC 2 cos (α − α )⎤ . (8.32) 0 ⎥ ⎦ r C 2 ⎢⎣ K Nous remarquons alors que la forme de cette équation ne change pas, lorsque nous substituons au couple ( A, α 0 ) des constantes, le couple ( − A, α 0 + π ) . Sans 2 restreindre la généralité de l'étude, il est alors possible de choisir la quantité AC K positive. Nous posons : 2 e = AC , K avec e ≥ 0. (8.33) L'équation de la trajectoire s'écrit donc finalement : 1 = K [1 + e cos (α − α )] . 0 r C2 (8.34) La trajectoire d'équation (8.34) s'obtient à partir de la courbe d'équation polaire 1 = K [1 + e cos α ] , r C2 (8.35) en lui faisant subir une rotation de centre O et d'angle α0 .L'équation (8.35) représente en coordonnées polaires une conique d'excentricité e, de paramètre : 2 p=C , K (8.36) JJJG dont l'un des foyers est le point O et d'axe focal Ox . L'équation (8.34) représente JJG donc une conique de foyer O, dont l'axe focal fait un angle α0 avec l'axe Ox . Toutefois la condition r > 0 impose des restrictions suivant le signe de K. 8.2.2 Étude des trajectoires 8.2.2.1 Cas où K > 0 Le paramètre de la conique s'écrit : 2 p=C , K (8.37) et l'équation (8.34) de la trajectoire devient : r= p 1 + e cos ( α − α 0 ) . (8.38) 106 Chapitre 8 Mouvements à accélération centrale asymptote y y p p axe focal O X P axe focal α0 X P O α0 x x (a) e > 1 (b) e = 1 Y y p A axe focal C O X P α0 x (c) 0 < e < 1 FIGURE 8.2. Trajectoires dans le cas où K > 0. 1. Si e > 1 , la trajectoire est la branche d'hyperbole qui tourne sa concavité vers O (figure 8.2a). Le point P de plus petit rayon vecteur est appelé le péricentre : p OP = rp = . (8.39) 1+ e 2. Si e = 1 , la trajectoire est une parabole (figure 8.2b). Le péricentre est alors défini par : p OP = rp = . (8.40) 2 3. Si 0 < e < 1 , la trajectoire est une ellipse (figure 8.2c). Le péricentre est donné par : p OP = rp = . (8.41) 1+ e Le point A le plus éloigné de O est appelé l'apocentre : OA = rA = p . 1− e 4. Si e = 0 , la trajectoire est un cercle de centre O. (8.42) JJJJG G( ) 8.2 Mouvements à accélération centrale pour lesquels a T ( M , t ) = − K OM3 OM 107 asymptote y axe focal X P O α0 x FIGURE 8.3. Trajectoire dans le cas où K < 0. 8.2.2.2 Cas où K < 0 Lorsque K est négatif, le paramètre de la conique est : 2 p = −C , K (8.43) et l'équation (8.34) de la trajectoire se met sous la forme : r= −p . 1 + e cos ( α − α 0 ) (8.44) La condition que r soit positif impose que l'excentricité e soit supérieure à 1. La trajectoire est la branche d'hyperbole (figure 8.3), qui tourne son côté convexe vers O. Le péricentre est défini par : OP = rp = p . e −1 (8.45) 8.2.3 Intensité de la vitesse en un point de la trajectoire G G( ) Nous notons v le vecteur vitesse v T ( M , t ) en un point de la trajectoire. D'après l'expression (8.14), nous avons : () 2 2 G v 2 = C 2 ⎡ d 1 ⎤ + C2 . ⎢⎣ dα r ⎥⎦ r (8.46) Soit en introduisant l'expression (8.34) de 1 : r 2 G v 2 = 2 K + K 2 (e2 − 1) , r C (8.47) 108 Chapitre 8 Mouvements à accélération centrale ou ( ) G v2 = 2 K + E , r (8.48) en posant : 2 (8.49) E = 1 K 2 (e 2 − 1) . 2C G2 Nous trouvons donc que la quantité v − K reste constante au cours du mouver 2 ment, soit : G v2 − K = E . (8.50) r 2 Le signe de E ne dépend (8.49) que de l'excentricité de la conique : — si la trajectoire est elliptique, E < 0 ; — si la trajectoire est une parabole, E = 0 ; — si la trajectoire est une hyperbole, E > 0 . 8.2.4 Mouvement elliptique. Lois de Kepler. 8.2.4.1 Caractéristiques de la trajectoire elliptique Dans le cas d'une trajectoire elliptique, l'équation de la trajectoire est donnée par la relation (8.38), avec 0 ≤ e ≤ 1 . La distance entre le péricentre et l'apocentre est égale au grand axe 2a de l'ellipse. Soit, d'après (8.41) et (8.42) : a= p . 1 − e2 (8.51) La distance c entre le centre C de l'ellipse (figure 8.2c) et le foyer O, appelée distance focale est : pe , (8.52) c = a − OP = 1 − e2 d'où l'expression de l'excentricité : e= c. a (8.53) Dans le système d'axes (CXY) de l'ellipse (figure 8.2c), l'équation (8.35) de l'ellipse s'écrit : 1 p = eX + ( X 2 + Y 2 ) 2 , (8.54) ( X + ae)2 Y 2 + 2 = 1, a2 b (8.55) ou en développant : JJJJG G( ) 8.2 Mouvements à accélération centrale pour lesquels a T ( M , t ) = − K OM3 OM 109 avec b 2 = a 2 (1 − e 2 ) . (8.56) Le paramètre b représente le demi-petit axe de l'ellipse. Enfin, l'expression (8.49) montre que la constante E s'exprime dans le cas d'une trajectoire elliptique sous la forme : E=− K . 2a (8.57) Il en résulte que l'intensité de la vitesse (8.48) s'écrit : ( ) G v2 = K 2 − 1 . r a (8.58) La vitesse est donc maximale au péricentre (point le plus proche du foyer) et minimale à l'apocentre (point le plus éloigné). 8.2.4.2 Période de révolution La vitesse aréolaire étant constante, le mouvement du point M sur la trajectoire elliptique est périodique de période T, égale à la durée mise pour parcourir une fois la trajectoire. Soit, d'après l'expression (8.12) : π ab = 1 C T . 2 (8.59) En tenant compte des relations (8.37), (8.51) et (8.56), la période de révolution s'écrit : T = 2π a3/2 . K (8.60) 8.2.4.3 Lois de Kepler Les lois de Kepler regroupent certains des résultats établis dans ce chapitre et peuvent être énoncées de la manière qui suit . Si dans un repère, un point M a une accélération centrale de centre O fixe dans ce repère et si la trajectoire de M n'a pas de branches infinies, il en résulte que : 1. La trajectoire du point M est une ellipse dont un des foyers est le point O. 2. La vitesse aréolaire de M relativement au point O est constante. 3. Le carré du temps de révolution est proportionnel au cube du grand axe de l'ellipse. Ces lois ont été établies sous des formes équivalentes par Kepler, à partir des observations faites sur le mouvement des planètes. 110 Chapitre 8 Mouvements à accélération centrale COMMENTAIRES Une application particulièrement importante des mouvements à accélération centrale est celle des mouvements des planètes et de la Terre. Ces mouvements dont les trajectoires sont des ellipses sont régies par les lois de Kepler introduites dans ce chapitre. Le lecteur s'intéressera donc plus particulièrement aux résultats établis au paragraphe 8.2.4. Ces résultats seront utilisés au chapitre 19.