Téléchargez l`intégralité de l`article au format PDF

Transcription

Téléchargez l`intégralité de l`article au format PDF
Bonnes pratiques
Synergie commune - CPAS
Fernelmont - Cécile Demaerschalk,
Secrétaire communale ff et
Christine Van Gaeveren, Responsable synergie
« Plus efficaces avec
moins de moyens »
ALAIN DEPRET SECRÉTAIRE DE RÉDACTION
La commune de Fernelmont est, elle aussi, commune-pilote
en matière de synergie entre l’administration communale et le
CPAS, et ce, en diverses matières : uniformisation du statut des
agents et du règlement général du travail, complémentarité du
staff technique, transports scolaires, organisation des plaines
de jeux, aide aux déplacements avec l’utilisation du minibus
social. Le regroupement en matière de marchés publics y a
aussi permis des économies d’échelle par l’achat commun de
gasoil de chauffage, d’une centrale téléphonique, d’ordinateurs…
Sans compter le partage de l’outil informatique avec un serveur
commun et un réseau unique.
E
T DEPUIS, LE RAPPROCHEMENT
est encore plus étroit vu que les
deux institutions partagent désormais la même implantation grâce à
une extension des bâtiments de l’administration communale. Le point avec Cécile
Demaerschalk, Secrétaire communale
faisant fonction et Christine Van Gaeveren,
Responsable synergie.
Madame Demaerschalk, quel fut le constat
à la base de la synergie à Fernelmont ?
Cécile Demaerschalk : « Tout d’abord,
nous avons fait un état des lieux des synergies existantes, des liens déjà en cours
entre le CPAS et la commune. Nous avons
alors constaté qu’il aurait été intéressant de mettre en place plus de synergies
encore entre les deux institutions. Cela ne
52 MOUVEMENT COMMUNAL N°868 MAI 2012
nous semblait pas insurmontable puisqu’il
s’agit de deux petites structures et que tout
le monde était demandeur. Vous savez,
Fernelmont, c’est une petite commune
rurale de 7 000 habitants et c’est sans doute
plus facile, pour une petite commune, de
mettre en place ce genre de programme ».
Quel fut le tout premier chantier à avoir
été proposé lorsque vous êtes devenue
commune-pilote ?
Christine Van Gaeveren : « La première
synergie qui, elle, résulte du programme
financé par la Région wallonne, fut l’extension de la maison communale pour y
accueillir le CPAS. Il est vrai que le CPAS
était fort décentré par rapport à l’administration communale. Le rapprochement
nous semblait donc une première étape
pour permettre une synergie encore plus
grande. Mais à côté de cela, d’autres synergies ont déjà commencé à se mettre en
place, et notamment des marchés publics
conjoints. Le premier à avoir été mis en
place, et qui a été depuis renouvelé chaque
année, c’est le marché du gasoil de chauffage et du gasoil routier. Ensuite, ce fut
celui de la téléphonie et, maintenant que
le CPAS va bientôt déménager dans ses
nouveaux bâtiments, on met en place un
marché conjoint pour l’achat de serveurs
et d’ordinateurs ».
Cela suppose donc que vous allez dorénavant partager le même matériel
informatique…
« Il s’agit de regrouper tous les serveurs
informatiques en un seul lieu et donc
de rationaliser les coûts informatiques.
Puisqu’il s’agit d’un réseau de 40 à 50 PC,
c’est tout à fait réalisable. Je peux déjà vous
dire que l’économie sera conséquente,
même si, au regard des spécificités des
CPAS, on doit mettre en place une politique
de sécurité informatique plus élevée ».
Cela va sans doute changer vos habitudes
à la commune…
Bonnes pratiques
« En effet. Mais ce n’est pas plus mal finalement. Nous projetons ainsi de rédiger une
charte informatique commune qui sera
considérée comme une annexe au règlement du travail. Il faut dire que, dans la
foulée, nous avons aussi mis en commun,
dans ce règlement de travail, les statuts
administratifs et pécuniaires des deux institutions, tout en respectant les spécificités
de chacune d’elles ».
Ce n’est pas rien. Vous pouvez m’en dire
plus ?
« Ces statuts communs existaient déjà
auparavant, en fait. Mais il est vrai que nous
avons adhéré au pacte pour une fonction
publique solide et solidaire. Et donc, nous
avons travaillé avec le CPAS pour revoir tous
ces statuts et être sûrs qu’il n’y ait absolument aucune différence. Le règlement de
travail a, lui aussi, été rédigé en commun ».
Quelles ont été les autres synergies mises
en place ?
« Nous avons un service interne de prévention pour la sécurité au travail qui est commun. C’est le cas aussi pour les ouvriers communaux qui peuvent assister le CPAS pour
l’entretien des bâtiments. Notre politique du
logement est aussi mise en place en concertation avec le CPAS pour des projets de logements sociaux développés en commun ».
Avez-vous eu des difficultés à bousculer les
habitudes face à tous ces changements ?
Cécile Demaerschalk : « Non, cela a plutôt
été facile parce qu’on avait déjà une bonne
collaboration à la base. Celle-ci n’a été que
renforcée. Le tout permet des échanges
d’expériences et de compétences et une
certaine technicité se met en place. Tout
cela est plutôt encourageant. Les agents
administratifs du CPAS sont peu nombreux et ils savent donc qu’ils peuvent
compter sur les compétences plus juridiques et techniques de certains employés
de la commune. Même chose pour tout ce
qui concerne la politique sociale que l’administration communale devrait prendre
en charge et qui est donc dispatché vers le
CPAS. Il y a un vrai partage de compétences
et je pense que cela améliore franchement
le service au public. J’en suis convaincue et
les agents ont, je pense, accueilli le projet
de manière très positive ».
Vous pensez que c’est parce que Fernelmont est une petite commune ?
« Peut-être. Vous devriez poser la question
à une grande ville. En tout cas, à Fernelmont, il n’y a aucune concurrence entre
compétences des agents, ce qui aurait pour
effet de créer peut-être des tensions. On se
complète donc tous et nous sommes plus
efficaces avec moins de moyens. C’était
une opportunité pour tout le monde et,
finalement, l’officialisation de ce qui existait déjà pour aller plus loin ».
Je suppose que vous n’allez pas en rester
là… Quels sont les projets en cours en
matière de synergie ?
Christine Van Gaeveren : « On peut difficilement faire mieux qu’un rapprochement
géographique. Peut-être d’autres marchés
publics ? On reste en tout cas attentifs à
faire le maximum. Vous savez, il n’y a pas
toujours besoin de formaliser les choses
pour créer de la synergie, le contact régulier fait aussi que l’échange d’information
se fait tous les jours. Ceci dit, on pourrait
très bien imaginer de se focaliser sur des
formations communes. Sinon, la commune développe actuellement une politique locale en matière énergétique qui
pourrait impliquer les deux institutions ».
Quels conseils donneriez-vous aux communes qui voudraient se lancer dans la
synergie commune - CPAS ?
« Je pense que c’est de l’intérêt de chaque
commune de développer ce type de synergie puisque les CPAS se rapprochent de
plus en plus des communes. Je pense que
cela ne peut qu’améliorer le service au
public et, finalement, même si les compétences ne sont pas identiques, on répond
toujours aux besoins des citoyens de sa
propre commune. On gagne donc à faire
en sorte que tout le monde s’entende.
Maintenant, il est difficile de donner des
conseils car chaque commune fonctionne
différemment. Chacun doit voir quel bénéfice il peut en tirer. En matière de synergie,
la commune doit avoir une vision globale
de chacune des deux administrations ».
Cécile Demaerschalk : « Je pense que
l’essentiel est de rassurer tout le monde,
que la commune rassure le CPAS, que le
secrétaire communal rassure les agents
en place en leur faisant bien comprendre
que le but est positif, que le but n’est pas de
s’immiscer dans leurs dossiers, dans leur
manière de fonctionner, ni de remettre en
cause leur manière de travailler. À partir du
moment où tout le monde est rassuré, tout
se passe pour le mieux ».
MAI 2012 N°868 MOUVEMENT COMMUNAL 53