[Le Règne de Buonaparte. Satires en vers français. Par un imitateur

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[Le Règne de Buonaparte. Satires en vers français. Par un imitateur
PROYECTO OLE 11
ARCHIVO ELECTRÓNICO DE FUENTES PRIMARIAS
POESÍA PATRIÓTICA PROESPAÑOLA EN INGLÉS, FRANCÉS, ALEMÁN Y PORTUGUÉS (1808-1814)
TEXTO INDIVIDUAL DE OBRA FRA 153
[ Bertrand Verlac], [Le règne de Buonaparte ... ] Sixième satire, 1810
FRA 153
[Bertrand Verlac]
[Le Règne de Buonaparte. Satires en
vers français. Par un imitateur de
Juvénal.] Sixième Satire
1810
Cítese como: [Verlac, Bertrand]. [Le Règne de Buonaparte. Satires en vers français. Par un
imitateur de Juvénal.] Sixième satire. 1810. Edición Proyecto OLE 11, 2012. Archivo
Electrónico de Fuentes Primarias, Cód. FRA153. http://www.uniovi.es/proyectole11/index.php
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POESÍA PATRIÓTICA PROESPAÑOLA EN INGLÉS, FRANCÉS, ALEMÁN Y PORTUGUÉS (1808-1814)
TEXTO INDIVIDUAL DE OBRA FRA 153
[ Bertrand Verlac], [Le règne de Buonaparte ... ] Sixième satire, 1810
Cependant ce génie ennemi de la France,
Qui trop longtemps des dieux a bravé la puissance,
S’efforce d’arrêter la marche du héros,
Dont l’Univers attend sa gloire et son repos.
Quoi ! l’Espagne est soumise, et l’Europe outragée
Reconnaît que le bras de César l’a vengée ;
Près de la Vera-Cruz hissant ses pavillons,
Notre amiral revient chargé des galions :
Des monuments publics la perspective auguste,
Proclame qu’en césar tout est grand, tout est juste.
Le Louvre restauré, d’une aile s’embellit,
Un bel arc de triomphe à l’Etoile nous luit ;
Et c’est alors qu’on voit l’Autrichien farouche,
Le javelot en main, la menace à la bouche,
Décocher sur César un trait qui cette fois,
Légèrement, dit-on, effleura son carquois.
O foudres ! qu’à Lemnos, Vulcain tient toujours prêtes,
Carreaux qu’il suspendit trop longtemps sur leurs têtes,
Puisqu’ils ont abusé cet ami généreux,
Hâtez-vous de pleuvoir et de fondre sur eux !
Ne leur souvient-il plus que, vainqueur dans Pharsale,
Pouvait raser leurs murs, brûler leur capitale,
Il ne prit pour garant de leur fidélité,
Que l’extrême douceur qu’il mit dans son traité !
Et cependant, ils ont, ils ont osé, en traîtres,
Oubliant sa clémence, insultant à leurs maître,
De l’Espagne en délire, imitant les fureurs,
Vomi [sic] contre César un déluge d’horreurs.
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TEXTO INDIVIDUAL DE OBRA FRA 153
[ Bertrand Verlac], [Le règne de Buonaparte ... ] Sixième satire, 1810
Qu’espèrent-ils ? venger leurs dernières défaites.
Ah ! c’est bien l’enrichir de nouvelles conquêtes ;
C’est bien dire aux Hongrois de profiter du coup
Pour délier leur chaîne et secouer le joug.
Apprendre au Bavarois, s’il est vaillant et sage,
A se débarrasser d’un fâcheux voisinage.
Faire connaître au Czar son auguste allié,
Qu’il est temps que du globe il prenne sa moitié.
D’empêcher que l’Anglais ne fît la contrebande.
D’observer aux Germains que l’aigle impérial
Grands dieux ! Et quelle était sa trop juste demande ?
Ne connaissait plus d’aigle à ses aigles égal ;
Que s’il leur réclamait et Fiume et Trieste,
C’était de leurs états pour conserver le reste,
Espérant qu’un monarque ayant à cœur la paix,
Avare, comme lui, du sang de ses sujets,
Instruit que pour des riens une guerre s’allume,
Cent fois, lui, céderait et Trieste et Fiume,
Plutôt que de pousser le peuple au désespoir.
Mais, que de maux entraîne un abus de pouvoir !
Au lieu de les bénir ces tendres ouvertures,
Cuirassés de pamphlets, et le sac plein d’injures,
On a vu s’avancer leurs bataillons épars,
Fondant comme la neige à l’aspect des Césars.
Admirez, nous dit-on, quelle fut leur sottise,
Lorsque César, campé sur les tours d’une église,
Afin de mieux juger les coups qu’il porterait,
Pour leur lancer, de là, ses ordres comme un trait,
Son panache, animant ses colonnes mobiles,
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[ Bertrand Verlac], [Le règne de Buonaparte ... ] Sixième satire, 1810
Il les vit écraser comme de vils reptiles ;
Sans la nuit qui survint aucun n’eut échappé.
C’est là que l’Archiduc se vit enveloppé,
Quand, voulant se frayer un passage en Bohême,
Il s’y vit devancer par l’Empereur lui-même.
Leur échec est si grand, mande-t-il au sénat,
Que pour trente ans, au moins, il est hors de combat.
Quand, néanmoins, ceux-ci voyant qu’un de ses frères,
Que Jérôme venait s’établir sur ses terres,
Et qu’il leur amenait dix meutes à nourrir,
Lui firent déclarer d’avoir à déguerpir ;
D’avoir à reculer jusques à ces limites,
Que leurs vrais souverains entre eux s’étaient prescrites.
Il avait beau jurer qu’il ne venait chez eux,
Que pour le bien de tous, que pour les rendre heureux ;
Qu’il n’innoverait pas aux vieilles habitudes ;
Que ces mots libertés, franchises, servitudes,
Leur seraient conservés comme ils l’étaient jadis ;
Que du haut trône où César est assis,
Vers eux découleraient ce bonheur, cette aisance,
Dont l’Espagne jouit, qu’il prodigue à la France ;
Que l’unique moyen de s’assurer la paix
Ce serait d’extirper jusqu’au nom d’’anglais.
Vains discours ! On eut dit qu’il parlait à des hommes
Perclus de tous leurs sens… Tel à peu près nous sommes
Puisqu’au lieu d’accourir, vers lui, les bras ouverts,
D’aller mêler leurs voix à ces tendres concerts,
Par leurs dieux, ils juraient de voir plutôt la flamme
Dévorer leurs maisons… et leur fille et leur femme
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[ Bertrand Verlac], [Le règne de Buonaparte ... ] Sixième satire, 1810
Retomber au pouvoir du soldat inhumain,
Avant que de céder un pouce de terrain.
Et voilà comme un peuple indocile et sauvage
Prépare sa ruine et court à l’esclavage ;
Eux qaui se soumettent au grand Napoléon,
Pouvaient du nom français partager le renom,
Et tranquilles, heureux, au sein de leur famille,
Voir les épis dorés tomber sous leur faucille.
S’aller désaltérer au courant du ruisseau,
Dont le tendre murmure égayait leur hameau.
Bien plus sage est ce peuple à qui l’expérience,
Apprit à respecter de César la puissance.
Ses devoirs, ses serments pourraient-ils les trahir,
La foudre vient des cieux… C’est aux dieux à punir.
Cependant la victoire à ses drapeaux fidèle,
Au sein de ses états, soucieux le rappelle.
Les lauriers ont assez reposé sur son front.
Un héritier… Un fils qui porterait son nom,
Qui dans sa cour joindrait à l’éclat de ses charmes,
Le plaisir d’endosser sa cuirasse et ses armes :
Ce sont là les pensers qui tourmentent son cœur.
Bellone ! il eut assez de toi… de ta faveur ;
A de plus grands desseins son âme s’abandonne…
Joséphine qui voit s’ébranler sa couronne,
Pâlit… Ils sont restés pendant dix ans unis,
Et c’est après dix ans qu’il lui demande un fils.
Qu’il lui dit que sa rose à ses yeux est factice,
Si le bouton naissant n’éclipse son calice ;
Qu’il est temps de briser de stériles liens,
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[ Bertrand Verlac], [Le règne de Buonaparte ... ] Sixième satire, 1810
Que jamais on n’eut vu le prince des Troyens
Relever ses remparts au sein de l’Italie,
S’il n’eut donné sa main… sa main à Lavinie.
Que sans délibérer sur son nouvel état,
Il faut qu’elle se rende, et sur l’heure, au sénat ;
Que ce n’est point un rêve, Ixion et la Nue,
Mais la fille des rois, de sa cour descendue,
Des Césars héritière au temps où les Germains
Foulaient triomphateurs la cendre des Romains.
Alors, et sans user du pouvoir de ses charmes,
Sans recourir aux pleurs, à d’impuissantes armes,
Joséphine, taisant ces moments plus heureux,
Qui, sans l’éclat d’un trône avaient serré leurs nœuds,
Détache de son front l’auguste diadème,
De la paix, du bonheur fragile et vain emblème,
Et levant sur César ses yeux demi baignés…
« Vous n’avez point d’enfants et vous vous en plaignez,
»Dirai-je, cependant, qu’à vos yeux, seul contraire,
»Le ciel n’a refusé qu’à vous le nom de père.
»Non, non, vous obéir est ma plus douce loi,
»J’y souscris, et de vous puisse naître un grand roi.
Ce n’est pas que je craigne au cœur d’une rivale,
»Ce poison dangereux qui souvent nous ravale.
»Mais ne voudrait-on point, César, vous enlacer ?
»Mais, puisqu’au sort des miens je dois m’intéresser,
»Que mon fils, vice-roi, tient de vous sa puissance,
»Que vous m’avez montée au trône mon Hortense,
»Que vous nous avez fait des rois pour alliés,
»Souffrez que ma pensée aille jusqu’à vos pieds.
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[ Bertrand Verlac], [Le règne de Buonaparte ... ] Sixième satire, 1810
»Que diront les Français et l’Europe étonnée,
»Alors qu’ils apprendront ce nouvel hyménée ?
»Ce qu’ils diront !... je crois les entendre déjà
»S’écrier … Voilà donc ce farouche Attila,
»Qui n’a porté partout que le fer et la flamme,
»Que pour répudier et prendre une autre femme.
»Qui deux fois fut à Vienne et deux fois en sortit,
»Heureux de transiger sans scandale et sans bruit.
»De lion de Némée il portait la dépouille,
»et maintenant, il prend le fuseau, la quenouille.
»Vous le savez, César… Les hommes sont méchants.
»Et vous me reprochez de n’avoir point d’enfants,
»A moi qui tant de fois reçus le nom de mère.
»De vos sujets, César, n’êtes-vous plus le père ?
»A vos lois, les français [sic] ne sont-ils plus soumis ?
»Ne vous souvient-il plus que Joseph et Louis,
»Que Jérôme et Murat, garants de vos conquêtes
»Sont là pour les payer, s’il le faut, de leurs têtes,
»Que Lucien sourit à ce mot d’Empereur,
»Et que Montebello mourut au champ d’honneur.
»Dieux ! qui nous avez fait un si bel héritage,
»Ah ! plutôt relevez de César le courage,
»Inspirez au vainqueur de plus nobles efforts,
»Et n’allons point danser sur la cendre des morts.
»Confident de mes vœux, et témoins de mes larmes,
»Vous le savez, le sceptre eut pour moi peu de charmes.
»La fille du Soleil brûla pour un taureau,
»Reine, j’ai craint les dieux et le fatal tonneau,
»Et je saurai d’un trône être dépossédée
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TEXTO INDIVIDUAL DE OBRA FRA 153
[ Bertrand Verlac], [Le règne de Buonaparte ... ] Sixième satire, 1810
»Sans dévouer Jason aux fureurs de Médée.»
César, que ce discours plein de candeur blessait,
César, impatient se lève… et disparaît.
Reine, de mes desseins vous allez être instruite ;
Pardonnez, si je vole où la gloire m’invite…
César qui brûlait, donc, d’aller répudier,
Convoque son sénat… Son archichancelier
Prend la parole et dit… Messieurs… « La Pythonisse
»Un jour qu’elle sortait de faire un sacrifice,
»Ecrivit sur le sable en un distique grec,
»Que lassés de se battre et de l’aile et du bec,
»Les milans jureraient aux vautours alliance.
»Plusieurs ont cru voir là ce qui se passe en France.
»Ils ont erré, Messieurs… Car depuis nos beaux jours,
»En France, on ne voit plus ni milans, ni vautours ;
»Ce qu’on y voit, Messieurs… c’est la terre promise ;
»C’est un astre nouveau qui brille, et fertilise,
»C’est l’étoile du Nord… la perle d’Orient
»C’est Marie et Louise… elle arrive… et descend…
»César lui tend la main… Montez princesse au trône,
»Venez pour partager son cœur et sa couronne ;
»L’empire des Césars réclame un rejeton :
»Louise en est l’augure… Il brille sur son front… »
Tel est l’arrêt du sort… Illustre Marianne,
Ce n’est point un Hérode ici qui vous condamne ;
La gloire de l’état a parlé… C’est assez…
Joséphine… Vos vœux… vos vœux sont exaucés.
Aimable douairière ! emportez notre estime,
Jamais l’astre du jour ne dorera la cime,
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[ Bertrand Verlac], [Le règne de Buonaparte ... ] Sixième satire, 1810
Des coteaux où paraîtront vos moutons innocents,
Que vous n’y respiriez l’odeur de notre encens ;
Et soit qu’il vous retrouve au château de Navarre,
Riche don de l’époux qui de vous se sépare,
Soit que de la Malmaison ses rayons satisfaits
Viennent vous ramener le bonheur et la paix,
Toujours, vous entendrez les échos de la Seine,
Répéter aux échos que vous fûtes leur Reine.
Mais cent bouches d’airain qui tonnent dans les airs,
La bombe et la fusée echappées en éclairs,
Et cent feux allumés sur l’autel d’hyménée,
Annoncent à César que Louise est enchaînée.
Les princes ce soir là parurent au balcon.
Au dessus d’eux brilla l’astre Napoléon.
On a dit que Midas, voulant lever la tête,
Fit voir un bout d’oreille à la foule indiscrète.
Louise salua les Français interdite,
Sourit avec noblesse et pleura son pays.
Ainsi dans d’autres temps pour apaiser Bellone,
Quand Marie-Antoinette allait monter au trône,
Au devant de son char, Paris jetait des fleurs,
Paris si renommé depuis pour ses fureurs…
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