Cyclone Haiyan - Fondation de France

Transcription

Cyclone Haiyan - Fondation de France
Cyclone Haiyan du 8 novembre 2013
Iles Philippines
Reconstruction de bâtiments
Guide synthétique de bonnes pratiques
à l’usage des organisations non gouvernementales
Introduction
Le 8 novembre 2013 un cyclone d’une violence rarement observée
avec des vents de 315 km/h s’est abattu sur la région centrale des
Philippines et a provoqué un tsunami ayant entraîné 7 500 décès ou
disparitions et a affecté 14 millions de personnes, dont 4 millions sans
toit, détruisant 1,1 million de maisons et de nombreuses
infrastructures publiques (dont écoles, centres de santé…). Cette
catastrophe naturelle, d’une ampleur exceptionnelle, a suscité un élan
de solidarité planétaire. La Fondation de France a pour sa part collecté
environ 2 million d'euros pour venir en aide aux sinistrés.
Capitalisant sur son expérience des inondations au Bangladesh en
1991, du cyclone Mitch en 1997, du séisme en Algérie en 2003, du
Tsunami en Asie du Sud-est fin 2004, puis du séisme en Haïti en 2010,
la Fondation de France attribue une grande importance à la qualité de
la réalisation des projets.
A cette fin, elle met à disposition des ONG et partenaires un ensemble
de recommandations sur des principes de bonnes pratiques, sans pour
autant constituer un cahier des charges exhaustif dont le rôle de
prescripteur est hors du champ de la Fondation de France, mais dont
elles pourront s’inspirer pour concevoir leurs projets ou les compléter.
Document préparé par Bruno LAM QUANG, architecte, consultant pour la
Fondation de France.
Sommaire
Introduction
3. Gestion du projet, mode opératoire
1. Valeurs portées par la Fondation de France
3.1 Maîtrise d’ouvrage, maîtrise d’œuvre
4
3.2 Obligation de moyen
4
3.3 Mode 3
opératoire
4
1.1 Mandat solidaire
2
1.2 Projets durables
2
3.3.1 Auto-construction assistée
5
1.3 Démarche qualitative
2
3.3.2 Travailler avec une entreprise
5
2. Principes d’intervention
2.1 Durabilité de l’action

Intégrer le contexte environnemental

Placer les bénéficiaires au cœur du projet
2.2 Stratégies opérationnelles
4. Recommandations techniques
2
3
4.1 Le contexte réglementaire
6
4.2 Eléments de mise en œuvre
6

La conception spatiale

Les fondations

Se hâter lentement

La structure

Privilégier l’approche intégrée

Les matériaux
(en lien avec d’autres ONG)

Les fluides

Construire mieux qu’avant « Build Back Better »

Prévoir un volet sur la prévention des risques

Préparer la stratégie de désengagement du projet
Fondation de France – Cyclone Haiyan 2013
Reconstruction – Manuel à l’usage des ONG
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1.
Valeurs portées par la Fondation de France
1.1 Mandat solidaire
Reconstruire et aider les communautés à reprendre une vie normale, à
travers des programmes de construction/reconstruction d’équipements
(écoles, santé, centres sociaux, ..) et d’habitat, de relance
économique.
1.2 Projets durables
Inscrire les projets de reconstruction post-urgence dans une démarche
de développement pour les communautés concernées.
Respecter la culture et les coutumes locales, en s’appuyant sur les
solidarités locales et des réseaux pour définir au plus près les
besoins et en travaillant avec les populations.
Construire mieux qu’avant pour faire face à d’autres catastrophes :
élargir le champ des considérations et travailler selon les règles de
l’Art, ou à minima selon de bonnes pratiques.
Opter pour l’approche intégrée du projet à son environnement.
1.3 Démarche qualitative
Elle s’articule sur :
 la dignité d’un environnement quotidien ;
 la longévité attendue des constructions ;
 le mandat moral vis-à-vis des donateurs.
2.
Principes d’intervention
2.1 Durabilité de l’action
Intégrer le contexte environnemental dans sa globalité
La réussite d’un projet sera d’autant plus grande qu’il répondra au plus
près aux multiples questions posées par l’ensemble des éléments
concourant à sa réalisation. Il est donc nécessaire d’entrer dans une
démarche holistique.
Environnement physique : les contraintes physiques du site – climat,
topographie, sismicité et nature des sols, ressources naturelles locales,
voies de communication – sont à cerner par les ONG afin de proposer
des dispositifs adaptés.
Les ONG veilleront à intégrer autant que possible la préservation de
l’environnement dans leur projet, notamment les technologies
alternatives,
- par l’usage de matériaux et techniques locales),
- les énergies renouvelables (énergie solaire, eaux de pluie),
- la lutte contre les effets de serre (matériaux moins polluants
dans leur fabrication et transport,
- les plantations participant au dispositif climatique des
habitations/bâtiments et des espaces extérieurs,
- enfin le recyclage des matériaux/débris consécutifs au cyclone
et à la reconstruction.
Environnement humain : il concerne en premier lieu l’environnement
socio-culturel des populations bénéficiaires du projet, tant dans la
conception spatiale de l’habitat que les modes de mise en œuvre
(technicité et technologie localement disponibles) et d’entretien selon
leurs ressources. L’environnement institutionnel qui, pour sa part, fixe
les limites réglementaires.
Placer les bénéficiaires au cœur du projet
Définir les orientations avec les bénéficiaires en amont.
Les intégrer en phase réalisation.
Le processus de concertation des familles dès la
conception et leur implication dans l’exécution est
essentiel pour la réussite du projet : il assure
l’appropriation et l’entretien des bâtiments
construits/reconstruits, et prévoit les conditions
de l’extension intégrée à la structure à moindre
coût.
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2.2
Stratégies opérationnelles
Se hâter sans courir
En situation de crise, les structures gouvernementales concernées
prises à dépourvu ont généralement besoin d’un temps de plusieurs
semaines -voire mois- pour être opérationnelles : renforcement des
structures existantes ou création de nouvelles, cadre juridique (foncier)
directives environnementales, normes constructives, processus de
validation des projets,….
Ce temps doit constituer pour les ONG une opportunité pour réaliser un
travail de projet argumenté fondé sur un travail de terrain en
profondeur. C’est pourquoi la Fondation de France favorise le soutien
aux ONG déjà opérantes avant la catastrophe. L’expérience montre que
le temps de travail investi initialement permet d’anticiper les problèmes
et gagner du temps par la suite.
L’ONG (et le cas échéant son partenaire local) doivent faire comprendre
aux populations concernées, malgré la situation d’urgence, l’enjeu de
cette démarche qui, in fine, vise à la durabilité du projet.
Pour être viable sur les court et long termes, la
reconstruction d’un quartier ne concerne pas
seulement l’habitation mais plus largement
l’accès aux besoins vitaux de la communauté :
infrastructures physiques, eau, assainissement,
alimentation.
Privilégier l’approche intégrée
Le retour à la vie normale ne peut se faire dans le périmètre exclusif de
l’habitation ou du bâtiment construit/reconstruit, surtout en période de
post-crise. Etendre le rayon des considérations est nécessaire. Il s’agit
notamment du secteur des infrastructures d’accès (routes, transports),
l’eau (alimentation et assainissement), les équipements de première
nécessité (dispensaires, écoles, petits commerces), et les espaces
publics (plantations, gestion des déchets).
Sans avoir la charge de répondre à l’ensemble des besoins, le projet
doit poser les questions pertinentes et apporter à son niveau des
éléments de réponse possible. La mise en réseau avec des ONG
spécialisées dans ce secteur peut être envisagée ou suggérée.
Construire mieux qu’avant « Build Back Better »
La catastrophe a révélé la fragilité des constructions face aux
agressions naturelles. Les Philippines connaissent une vingtaine de
cyclones par an et les habitudes à minima ont été prises en
conséquence. Dans le cas d’un super cyclone comme Haiyan ces
pratiques sont à revoir à la hausse : la probabilité d’une plus grande
occurrence de tels cyclones, si elle n’est pas avérée à ce jour, est
néanmoins posée et nous ne pouvons désormais les ignorer.
Il faut donc améliorer les pratiques vers un plus solide (pas
nécessairement vers un plus sécuritaire du fait des matériaux légers
utilisés qui « ne tuent pas », à l’inverse de la maçonnerie). Le dernier
volet du présent manuel donne des recommandations en ce sens.
L’implantation des constructions est également un élément à cerner,
notamment en bordure de mer, et le débat n’est pas encore tranché à
ce stade. La prudence recommande néanmoins un recul de ces
constructions par rapport au littoral, l’habitat des pêcheurs devant faire
l’objet d’une conception particulière.
Sensibiliser à la prévention des risques
Investir/réinvestir un habitat ou un équipement ne se limite pas à la
fourniture d’une construction/reconstruction, même si sa conception
répond à un construire mieux qu’avant. Les risques majeurs faisant
partie du contexte géographique des îles Philippines, la prévention de
ces risques est à intégrer au projet par le biais d’exercices de
sensibilisation aux usagers en termes de comportement à l’intérieur de
la construction et à son évacuation. Le Local Disaster Risk Reduction
and Management Fund (LDRRMF, défini selon le décret RA 10121 de
2010 sur le National Disaster Risk Reduction and Management),
programme encourageant les autorités locales à investir en la matière à
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Reconstruction – Manuel à l’usage des ONG
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concurrence d’environ 5% de leur budget, n’est pas appliqué partout et
l’ONG pourrait se mettre en rapport pour examiner les modalités de
soutien à ce programme le cas échéant.
Préparer la stratégie de désengagement du projet
Rendre les bénéficiaires autonomes et responsables du projet constitue
un gage de pérennisation de l’action et par conséquent de la réussite du
projet : c’est dans ce contexte que doit s’envisager le départ de l’ONG.
Le désengagement est une phase en soi qu’il convient de prévoir dès la
phase conception, avec un budget si nécessaire pour un
accompagnement des bénéficiaires au cas où il resterait des prestations
à sécuriser au moment du départ (nouveaux repères à asseoir en cas
de relocalisation éloignée du lieu de vie d’avant la catastrophe,
harmonisation sociale, projet économique lié à la construction, etc.).
Cet accompagnement peut prendre plusieurs formes : l’ONG française
ou locale reste pour la durée nécessaire, une autre ONG relai identifiée
pour un accompagnement spécifique, les éventuels self-help groups mis
en place lors du projet prennent eux-mêmes le relai.
3. Gestion du projet, mode opératoire
3.1 Maîtrise d’ouvrage, maîtrise d’œuvre
Dans tout projet de construction, deux fonctions doivent être
clairement définies : la maîtrise d’ouvrage et la maîtrise d’œuvre.
Le maître d’ouvrage est l’entité porteuse du projet de construction, le
commanditaire. Il est responsable de l’expression des besoins
(objectifs, budget, calendrier), mais n’a pas forcément les
compétences techniques pour réaliser l’ouvrage. Il représente les
utilisateurs finaux à qui l’ouvrage est destiné. On peut considérer que
l’ONG et l’association partenaire sont les maîtres d’ouvrage.
Le maître d’œuvre porte la responsabilité conceptuelle, et
opérationnelle s’il suit les travaux de la construction dans des
conditions de délais, de coûts et de qualité définis de façon
contractuelle. Il est responsable de ses choix techniques. A ce titre, la
maîtrise d’œuvre doit être incarnée par un homme de l’art ou une
entité compétente (bureau d’études, architecte, ingénieur).
N’étant pas un maître d’ouvrage au sens classique, l’ONG doit
maîtriser les processus de contractualisation de travaux ; il est donc
impératif de bien poser les définitions des acteurs afin de déterminer
les droits et devoirs de chacun : la règle qui prévaut est que « celui qui
paye commande ». L’ONG est donc l’opérateur du projet et la
personne morale qui contractualise les divers prestataires.
3.2 Obligation de moyen
L’ONG titulaire du financement est responsable de l’ouvrage
financièrement et juridiquement durant la durée du chantier et jusqu’à
sa livraison. Mais elle n’offre pas de garantie post-construction (type
décennale). Elle a donc une obligation de moyen et doit (faire)
respecter les réglementations, codes et normes en vigueur localement,
notamment :
La sécurité des personnes employées sur les chantiers ;
Le respect des procédures administratives ;
La conformité des ouvrages aux normes constructives (y compris
parasismiques et anticycloniques).
3.3 Mode opératoire
La réponse efficiente à cette obligation de moyen est confortée par un
mode opératoire à maîtriser à chaque étape du projet, pour
l’essentiel :
Phase conception

Documentation du projet : sa production est requise avant le
lancement des travaux. Elle comprend, à minima :
- Une note sur la programmation fonctionnelle et spatiale des
espaces à construire ;
- Une notice descriptive et argumentée du principe constructif
(technicité et matériaux) ;
- Une image d’ambiance réaliste du projet (une esquisse lors du
dépôt du dossier de demande de subvention à la Fondation de
France est acceptée : un dossier complet sera remis après
acceptation et avant le lancement des travaux) ;
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
Un budget qui comprend également un volet sur la prévention
des risques.
Le désengagement de l’ONG du projet est à planifier à ce stade.
Phase travaux

Fourniture des matériaux : elle est conditionnée par le
bon/meilleur rapport qualité-coûts, sur la base d’un bordereau de prix
(de type : nature/qualité, quantité, prix unitaire) pour comparer les
différents fournisseurs (bien préciser les modalités de transport) ;

La construction d’un prototype dans le cas d’opération d’habitat
permet aux bénéficiaires de visualiser et valider, et à l’ONG de vérifier
son approche, son design, l’impact dans le site, et aux hommes de
terrain les aspects techniques. Capitaliser pour opérer les ajustements
nécessaires avant de passer à la duplication.

La supervision du chantier visera à la bonne exécution en
conformité aux documents fournis et sur l’avancement. Les équipes
seront dotées de contremaître(s) expérimenté(s). Un comité de
pilotage, assurant également la coordination, sera constitué d’un
représentant de chaque partie (ONG/partenaire local, équipe
d’exécution, les bénéficiaires) et rédigera un compte-rendu
hebdomadaire interne.
La réception des travaux et la remise de l’ouvrage au bénéficiaire
L’ONG doit procéder à la remise formelle de l’ouvrage au bénéficiaire
pour se décharger de toute responsabilité ultérieure. Un engagement
moral de l’ONG peut être demandé en cas de désordres ultérieurs sur
une période d’un an par exemple. Il est aussi possible de transférer la
garantie sur l’entreprise.
Un document type de réception des travaux (procès-verbal) sera
élaboré, et un autre séparé (attestation, certificat,…) pour la remise de
la construction au bénéficiaire.
D’après les projets reçus pour financement, deux types de mode
opératoire se mettent en place, auxquels il convient de préciser les
spécificités.
3.3.1 Auto-construction assistée: contractualisation informelle
L’opérateur organise le chantier par recrutement direct de tâcherons,
sous la supervision d’un chef de projet, en appui aux familles. Il s’agit
de projets d’habitat où, à travers cette gestion opératoire liée à la
bonne exécution de l’ouvrage, l’ONG démontre sa valeur ajoutée vis-àvis d’une entreprise classique.
Le bordereau de prix concernant les projets de plus grande échelle
(au-delà de 30 habitations) fera l’objet d’un document spécifique : les
critères sur la nature et la qualité des matériaux figurant
succinctement sur le bordereau de prix initial seront explicités ainsi
que leur mise en œuvre, sous forme d’un petit cahier des charges afin
de garantir une qualité homogène sur l’ensemble de l’opération, le
bordereau de prix étant alors joint à la fin du document.
Le P.V. de réception et l’attestation de remise de l’habitation seront
signés par les représentants de l’ONG et de chaque famille.
3.3.2 Travailler avec une entreprise: contractualisation formelle
L’opérateur passe des contrats avec une (des) entreprise(s) et des
prestataires affiliés du secteur du bâtiment. La démarche se conforme
alors aux règles des marchés privés en vigueur aux Philippines. Selon le
contrat passé, l’entreprise principale peut prendre la responsabilité de
l’ouvrage à son compte.
Ce mode opératoire s’applique davantage à des programmes plus
complexes (habitat en dur, rénovation d’équipements,…) faisant appel à
une technicité avérée (gros-œuvre, métallerie,..).
En phase conception ;
Un document de marché privé type sera élaboré pour un appel d’offres,
avec une partie décrivant les obligations entre l’entreprise et
l’ONG/partenaire local, une seconde sur la description des ouvrages et
matériaux en référence aux normes locales en vigueur, et le bordereau
de prix.
Une note de calcul sera jointe pour les éléments de structure.
En phase réalisation ;
Des tests de matériaux en cours de chantier seront effectués.
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Le comité de pilotage comprendra un représentant de l’ONG/partenaire
local, de l’entreprise, et du maître d’ouvrage (association locale, public éducation, santé,…, familles s’il s’agit d’un projet d’habitat complexe ou
à grande échelle).
Le P.V. de réception et l’attestation de remise de l’habitation ou de
l’équipement seront signés par les représentants des parties.
4. Recommandations techniques
4.1
Le contexte institutionnel et réglementaire
La mise en œuvre du projet doit être en conformité avec la
réglementation locale, de son implantation à sa livraison. L’ONG devra
donc s’en informer au préalable auprès des instances locales et tenir
une veille informationnelle du fait des évolutions possibles
(modifications, annulations en raison des populations et/ou de la
faisabilité par les associations, ONG,…).
Les institutions gouvernementales concernées par la reconstruction
sont :
 Le National Economic and Development Authority (NEDA), cabinet
responsable du Plan, en charge de la conception. Le NEDA joue un rôle
important dans la gouvernance des conseils de développement
régionaux et locaux. Il agit en tant que vice-président de la task force
en charge de l’urgence et la reconstruction ;
 Le Department of Public Works and Highways (DPWH) en charge
de l’exécution. Il est représenté dans les Visayas à Iloilo, Roxas,
Tacloban, Cebu. Il est le référent pour la réglementation en matière de
construction.
Autres institutions :
 Le National Disaster Risk Reduction and Management Council
(NDRRMC)
est composé de membres du gouvernement et
d’organisations civiles, ONG, ... Il gère les affaires relatives à la
réduction des risques (décret RA 10121 de 2010) et a crée un fonds, le
Local Disaster Risk Reduction and Management Fund.
 Le Department of Social Welfare and Development (DSWD) dépend
du NDRRMC et dirige la planification, la coordination et le monitoring
de toutes les actions de réponse aux catastrophes par le biais de la
Risk Reduction and Management Program Division.
La réglementation obéit à deux logiques :
 L’une créée ad-hoc, avec l’initiative/directive RAY Reconstruction Assistance on Yolanda – qui sera conduite par
l’Office of the Presidential Assistant for Rehabilitation and
Recovery. Le document RAY devrait être diffusé aux autorités
locales (Local Government Units, en théorie jusqu’à l’échelle du
quartier - barangay). La réglementation et les normes
nationales et locales sont consultables auprès des antennes du
PWDH.
 L’autre existante étant le Building Code utilisé pour la
construction des bâtiments.
A noter une démarche parallèle d’informations est réalisée par des
ONG ou plateformes d’ONG (cf par ex. le réseau de la Croix Rouge;
liens en fin du document).
4.2
Eléments de mise en œuvre
Un ensemble de recommandations sur des principes techniques est
donné ici à l’usage des ONG et opérateurs, sans pour autant constituer
un cahier des charges stricto senso, dont elles pourront s’inspirer pour
concevoir leurs projets ou les compléter.
En aucun cas ces recommandations ne font usage de substitution à
l’homme de l’art que l’ONG consultera en conception et chantier.
Ces principes techniques sont également à l’intention des familles qui
coréaliseront leur habitat et acquerront ainsi une meilleure
connaissance de la construction.
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La conception spatiale
Elle s’inscrit dans un processus d’action durable (cf.§ 2.1), en intégrant
l’impact des codes socioculturels sur l’espace commun et domestique,
dont un auvent d’accueil, la « cuisine » qui ne peut être réduite à une
kitchenette, la partie toilettes située en arrière voire séparée, et un
plancher surélevé contre les inondations et l’humidité du sol.
La conception intègrera les contraintes sismiques et cycloniques: une
compacité des volumes sera recherchée pour limiter la prise au vent.
Des dispositifs de ventilations transversale et verticale des pièces
seront prévus, avec des débords de toiture suffisants contre la pluie et
l’ensoleillement, une réduction du bruit de la pluie, des plantations à
proximité pour apporter une régulation thermique accrue, un système
d’occultation permettant luminosité et ventilation en cas de pluie.
Les abords immédiats seront également traités (accès, écoulement des
eaux, stockages/réserves extérieurs éventuels).
Les fondations
Implantation
Site protégé si possible - vents, inondations
Facilement accessible
Orienter selon l’ensoleillement et les vents
Prévoir une distance minimale entre
habitations pour ventilation et extension
future
Espaces domestiques
Traiter la continuité spatiale dehorsdedans en milieu subtropical
Observer la distribution public-privé
Concevoir la cuisine selon les us locaux
Régler la hauteur d’allège des ouvertures
au mode de vie et mobilier de la famille
Anticiper l’espace de l’extension
La qualité du sol détermine le type et la profondeur des fondations. Une
étude à minima est donc à effectuer par un professionnel. Les sols
argileux requièrent une attention particulière. Dans le cas d’un remblai,
il ne faut pas considérer celui-ci dans le calcul, sa stabilisation prenant
jusqu’à une vingtaine d’années.
L’implantation sur un terrain en déclivité est à éviter pour des raisons
de coût. Pour des fondations continues, il faut nécessairement les
stabiliser par un dispositif lourd – gradins, murs de soutènement, etc.
Fondations continues : elles reçoivent des charges linéaires (murs
porteurs) avec une semelle filante en béton armé. Elles ne sont pas
recommandées, de mise en œuvre complexe : assise homogène, drain.
Fondations ponctuelles : elles conviennent à des sols divers et tout type
de programme, dont l’habitat en bois : les poteaux sont fixés sur un
pied, boulonnés aux platines métalliques latérales traitées anticorrosion
scellées dans des plots en béton à un niveau hors d’eau. Ce dispositif
assure une longévité et un remplacement facilité si nécessaire. Ne pas
ancrer les poteaux en bois directement dans le sol !
La structure – parasismique et anticyclonique
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Le contreventement des éléments de structure - poteaux, poutres et
solives – sera réalisé par des triangulations systématiques dans les
trois dimensions - plans verticaux, horizontaux et à la jonction des
deux – également au niveau des ouvertures. Ces éléments seront
convenablement dimensionnés, avec liaisonnement par connecteurs
(ou par moisement selon savoir-faire).
Les ouvrages en maçonnerie seront chaînés horizontalement et
verticalement, avec le coulage des poteaux dans des vides harpés, une
fois les murs montés. Les poteaux sont préférables aux murs porteurs.
La charpente sera contreventée dans les trois dimensions, arrimée à la
structure, avec des lisses en diagonale connectant les fermettes (antiflambement) et des croix de Saint-André pour les efforts longitudinaux.
Tout porte-à-faux, ou débord de toit supérieur à environ 60cm pour
des raisons de protection optimisée au soleil et à la pluie, sera repris
par des fiches qui ajouteront à la rigidité de la structure.
La toiture sera de préférence à 4 pentes pour limiter la prise au vent,
avec une aération haute en croupe. Les pentes seront conformes au
bon usage local, et les gouttières/chéneaux aideront à stocker l’eau.
Les matériaux
La bonne qualité des matériaux et leur assemblage sont gages de
meilleure longévité. Pour le bois, les parties avec aubier seront rejetées.
La toiture en tôle – avec recouvrement satisfaisant des panneaux et
vissage minutieux - sera doublée d’un contreplaqué hydrofuge pour
réduire le bruit de la pluie et la radiation du soleil, à défaut d’un fauxplafond sous fermettes avec passage d’air pour l’évacuation en toiture.
Les cloisons permettront la ventilation: les panneaux tressés
remplaçables par les familles sont recommandés. A défaut, des
contreplaqués hydrofuges avec provision de bouches basses et hautes.
Pour les bâtiments utilisant le béton, des précautions de fabrication et
de mise en œuvre sont à observer : qualité, granulométrie et propreté
du sable et des agrégats, dosage sable-ciment-eau, sections des fers
selon calculs et mise en œuvre selon plans, coffrage, coulage et curage
Qualité des matériaux pour la
construction en maçonnerie
Bonnes pratiques
Granulométrie adéquate des agrégats
Travailler avec des plans de ferraillage
Propreté avant la mise en œuvre
Superviser pour assurer un bon gâchage,
coulage du béton, curage selon les règles
Dosages adéquats selon usage: ex. 350
kg de ciment par m3 de béton hte-résist.
Aciers de qualité et sections correctes
Suivre les principes de construction chaînée
Réunions de chantier régulières avec CR
Opération de réception des travaux.
Parpaings PS 20 cm à nervure centrale.
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Les fluides (eau, assainissement, électricité)
La pollution des sols, et donc des puits en zones rurales, par la mer
pose problème à l’alimentation en eau potable. Dans l’hypothèse importante – d’un retour à la normale pas avant une année, la
question doit être abordée dans les projets ainsi que les dispositions
prévues - unités de traitement (intégré au projet ou à distance avec
moyen de transport), kits individuels de filtration. Un système de
récupération des eaux pluviales à prévoir dans les projets constituera
une réponse – et limitera par ailleurs l’érosion des sols.
Pour l’évacuation des eaux usées (cuisine, lavage), de nombreux
systèmes existent – dont l’oxygénation par les plantes – et l’ONG se
réfèrera aux textes réglementaires.
De même pour l’évacuation des eaux vannes (wc) - fosse septique
classique humide (prévoir alors l’alimentation en eau de l’appareil
sanitaire, fosse sèche, ou éco-latrines à deux fosses alternées avec
récupération pour compost. Le système choisi devra recevoir
l’adhésion des familles qui auront la charge de l’entretien.
Les projets expliciteront leur réponse en termes d’alimentation en eau
potable et d’assainissement. Dans tous les cas, l’ONG se rapprochera
des acteurs gouvernementaux ou ONG spécialisées.
Technologies alternatives
Récupération des eaux de pluie par gouttière
et citerne
Production d’électricité par capteurs solaires
(après étude de faisabilité)
Etudier la possibilité d’éco-latrines par fosses
alternées – acceptabilité et pratiques
Etudier le traitement des eaux usées à
épandage par l’oxygénation par les plantes.
Travailler AVEC les familles, les communautés,
plutôt que travailler pour elles.
Le plus important n’est pas de lui donner le poisson à
manger, mais de lui apprendre à le pêcher – dicton universel.
La production électrique d’avant le cyclone consistait pour beaucoup de
familles défavorisées en un piquage informel sur le réseau municipal.
Sans toutefois parvenir à rompre avec cette pratique à terme, l’ONG
pourra envisager une technologie alternative par des panneaux
solaires, pour fournir l’éclairage. Une étude devra être faîte au
préalable pour les coûts et la maintenance par les familles.
Liens utiles
http://www.rappler.com/move-ph/issues/disasters/recovery/46793-stormresilient-shelters
http://preparecenter.org/topics/preparedness-issues-philippines-typhoonhaiyan-recovery -
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