JE SUIS MORT MAIS J`AI DES AMIS

Transcription

JE SUIS MORT MAIS J`AI DES AMIS
Mois ferme – 2013
– Lulu femme nue
Fiche n° 1300
Je suis mort – Belgique/France
sortie 22/07//2015 – 1h36
du 2 au 8 septembre 2015
JE SUIS MORT MAIS J’AI DES AMIS
de Guillaume et Stéphane Malandrin
Quatre rockers barbus, chevelus — et belges —
enterrent le chanteur de leur groupe. Par amitié
et pour se prouver que rien ne peut les arrêter,
ils décident de partir en tournée à Los Angeles
avec ses cendres. La veille du départ, un
militaire moustachu se présente comme l’amant
de leur ami. Leur voyage prend un tour pour le
moins inattendu…
Je suis mort mais j’ai des amis est la deuxième collaboration d’une fratrie de deux réalisateurs
Cette comédie résolument déjantée, à la bande-son très convaincante, fonctionne à
merveille. Elle n’en pose pas moins, comme tout film réussi, des questions profondes :
qu’est-ce qu’être l’ami d’un port (« six pieds sous terre, tu frères encore » disait Brel), qu’est-ce
que se résoudre, comme s’affranchir de l’aveuglement, en l’espèce celui d’Yvan que la mort
du leader du groupe ne détourne pas de l’idée folle d’honorer les concerts prévus. De fait,
comme le précisent les frères Malandrin, le réel se charge de rendre caduques les ambitions
et les espoirs d’Yvan. Il veut aller à Los Angeles, il ira à Schefferville, dans l’Arctique, il veut
prendre l’avion, il se retrouve dans un train, il rêve de cohésion virile et fraternelle mais doit
composer avec le compagnon de Jipé. Pourtant sa force de persuasion est une force de vie
et son désir puéril de tordre la réalité pour qu’elle rencontre ses rêves le rend attachant.
Wim, de son côté, lunaire et tendre, cradingue et approximatif et dont le français mâtiné de
flamand est parfois improbable est, en dépit des apparences, bien plus cadré. Dans tous les
cas, l’un comme l’autre, dépourvus de toute tentation de compromission, pensent à 50 ans
pouvoir vivre comme à 17. Cette innocence claire, ce désir de ne pas transiger, de ne rien
abdiquer, de garder, littéralement auprès de soi, les morts, et intactes les aspirations du
jeune âge, en font des personnages dont on n’est pas près d’oublier la force et la délicatesse
foutraque, qui brillent l’une et l’autre au sein de ce joli film.
Les Fiches du Cinéma
Qu'il s'agisse de polars, de drames ou de comédies, les cinéastes belges ont le chic pour mettre
une dose de folie et d'impertinence dans leurs histoires. C'est le cas des frères Malandrin avec « Je
suis mort mais j'ai des amis », un « rock'n'road movie » entre Liège et Los Angeles, sur les traces
d'une poignée de vieux rockeurs partis en tournée avec les cendres de leur chanteur.
Comme souvent avec le cinéma belge, des personnages déjantés et hors normes se frottent dans un
joyeux bazar aux règles strictes d'un environnement hostile. Le film regorge de situations cocasses -- le
passage des cendres à l'aéroport sous le nez de douaniers qui soupçonnent un trafic de cocaïne -- et
d'improbables rencontres d'où se dégage une épatante poésie du quotidien. Il est porté par la présence
électrique de Bouli Lanners, (un rôle en or pour celui qui, en plus d'être l'un des plus doués des acteurs
belges, possède une vraie gueule de vieux rockeur) et de son acolyte Wim Walleart, qui forment le pilier
d'un rock band tout à fait crédible...
Désirs, illusions et mirages volent en éclats sur la route qui révèle les protagonistes
à eux-mêmes. On serait tenté de qualifier de grolandais leur humour souvent robuste,
mais il y a beaucoup de profondeur et de sincérité chez ces vieux ados touchants,
idéalement incarnés par Bouli Lanners et Wim Willaert. Première
On l’aura compris, Je suis mort, mais j’ai des amis, comédie « road-trip » jouant sur les caricatures
du rock et de la « belgitude », ne fait pas dans le détail.
Sauce corail au coin de la barbe, hygiène sommaire et sens de l’orientation plus qu’approximatif,
ces pieds nickelés ne sont pas près d’arriver à destination et ça tombe bien : ce n’est pas ça qui
compte.
Emmenée par l’acteur belge Bouli Lanners, dont on connaît l’abattage, Serge Riaboukine dans un
registre qui lui est rare, Lyes Salem en amant caché et Wim Willaert – très touchant en bassiste
doux dingue –, cette comédie n’est pas sans charme.
Certes, le scénario est parfois bancal, certains gags ne reculent pas devant le mauvais goût, mais
au bout de leurs excès, ces « potes » de toujours, dont l’amitié est mise à rude épreuve, trouveront
leurs vérités respectives à l’occasion d’un arrêt forcé dans les régions reculées du Québec du Nord.
Derrière la farce, Je suis mort mais j’ai des amis sait tour à tour se rendre âpre ou touchant,
déployant un émouvant propos sur les rêves chimériques et leur perte, toujours douloureuse.
Qui sont les Malandrin ?
Cette nouvelle fratrie cinématographique, les Français et bien-nommé Malandrin. Guillaume a été formé à l’Insas,
l’école de cinéma belge, a réalisé quelques films, intégré comme associé l’excellente maison de production La Parti et,
par ailleurs, épousé l’actrice Cécile de France. Stéphane a, quant à lui, étudié la philosophie et écrit des livres pour la
jeunesse. Ils se sont réunis en 2009 pour réaliser un premier long-métrage intitulé Où est la main de l’homme sans tête
film noir dont l’énigme anatomique sera laissée sans réponse.
Pour les fans de Bouli Lanners (très sélectif et uniquement en tant qu’acteur !)
1990 Toto le héros – 1997 Le Pantalon - 2003 Aaltra – 2004 Quand la mer monte – 2007 Panique
au villa – 2008 Louise Michel, Eldorado – 2010 – Mammuth – 2011 La Grand soir – 2012 De rouille
et d’os – 2013 – Lulu femme nue
A venir : Tous les Chats sont gris – Réparer les vivants
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Et revenez la semaine prochaine, du 9 au 15 septembre pour
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