PSA MULHOUSE Pourquoi une nouvelle plateforme - Haut-Rhin

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PSA MULHOUSE Pourquoi une nouvelle plateforme - Haut-Rhin
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MERCREDI 7 JANVIER 2015
PSA MULHOUSE
Pourquoi une nouvelle plateforme
Au début de l’été, l’une des deux lignes de production du site PSA de Mulhouse sera arrêtée pour adapter l’infrastructure à la nouvelle plateforme EMP2, qui sert désormais
de base aux véhicules moyen et haut de gamme du constructeur. Coup de projecteur sur cet élément qui participe au renouveau du groupe automobile.
lioration continue, notamment
pour la soudure de l’arc, mais pas
de retouches », précisait Jean-Philippe Lamy, aujourd’hui basé à
Sochaux après avoir participé au
lancement ferrage de la 307, à
Mulhouse, de 2001 à 2003. « Le
plus remarquable, c’est le gain de
poids. Sa vocation première, c’est
surtout moins de pièces, moins de
soudures… »
Textes : Laurent Bodin
Baptisée début 2013 avec le nouveau Citroën C4 Picasso fabriqué à
Vigo, en Espagne, la nouvelle plateforme EMP2 (Efficient Modular
Platform 2) fait, depuis un an et
demi, le bonheur de Sochaux où
elle a été conçue puis déployée à
l’occasion de la mise en production des deux versions de la nouvelle Peugeot 308, la berline
d’abord puis la version break SW.
« 80 % d’opérations
bras en l’air en moins
pour les monteurs »
Une plateforme automobile, c’est
un peu le berceau du véhicule.
Représentant environ 60 % du prix
de revient de la voiture, elle regroupe le soubassement, les
liaisons au sol, avec le système de
freinage et la direction assistée, le
moteur, la boîte de vitesses et les
transmissions, ainsi que l’architecture électrique et électronique.
Le client n’est pas le seul à bénéficier de la nouvelle plateforme. « Il
y a une plus grande compacité, un
allégement mais on a aussi travaillé l’employabilité des opérateurs », précise Yves Bouvier.
rapport au modèle précédent »,
abondait Jean-Philippe Lamy, chef
de projet 308 SW, lors du lancement de la voiture l’an passé. Et le
chef de projet de reconnaître que
les 140 kg de moins sont liés, pour
moitié, à la nouvelle plateforme.
Et de détailler : « 16 kg ont été
trouvés sur la caisse ferrée, 8 kg
sur le train roulant, 6 kg sur le
réservoir… »
Celui-ci est soucieux « d’arriver à
les maintenir en poste, efficaces, à
50 et quelques années qui est la
moyenne d’âge des opérateurs à
Sochaux ». « Ainsi, on a 80 %
d’opérations bras en l’air en
moins avec la nouvelle plateforme. Tout ce qui se montait en
dessous se fait aujourd’hui autrement, notamment grâce à la préparation des pièces en zone
mécanique et leur accostage sous
la caisse lors du coiffage. Reconstruire à partir d’une feuille blanche permet de se poser ce genre
de questions, que les concurrents
étrangers, dans des pays où la
main-d’œuvre est beaucoup moins
chère, ne se posent pas. Mais il en
va de notre responsabilité de
veiller à préserver les opérateurs », souligne le directeur de la
plateforme.
Et parce que la recherche du gain
de poids et de taille est permanente, des évolutions ont déjà eu lieu.
« Il y a eu des modifications du
processus dans le cadre de l’amé-
EMP2 a mobilisé 500 ingénieurs
de la recherche et développement, dont la moitié à Sochaux,
40 % à Vélizy et 10 % à La
Garenne-Colombes.
Tous les quinze ans
« Une plateforme, c’est un objet
rare et cher. On en fait une tous
les quinze ans, à l’échelle mondiale, pour une dizaine d’années »,
expliquait, à son lancement, Yves
Bouvier, directeur d’EMP2. « C’est
donc un produit très complexe. De
nombreuses prestations en sont
issues, notamment les prestations
dynamiques. La nouvelle stratégie
de PSA est d’avoir deux plateformes et non plus trois. Pour être au
meilleur niveau de finitions,
d’émissions de CO2... Car on ne
peut pas passer son temps à remettre à jour le produit existant. À
force d’en rajouter, à un moment,
vous n’êtes plus optimal. Et on
s’est préparé pour les voitures des
prochaines années. Une nouvelle
plateforme, c’est l’occasion de repartir d’une feuille blanche et de
se poser toutes les questions : que
veut-on faire ? Comment le faiton, et avec quelle technologie ? »
Yves Bouvier, responsable de la plateforme EMP2 conçue à Sochaux : cette base de véhicule, destinée aux modèles de moyen et haut de gamme, équipera, à
terme, plus de 50 % des véhicules produits par le groupe PSA Peugeot Citroën dans le monde.
DR
EMP2 a été conçue pour les véhicules des segments C et D (moyen
et haut de gamme), ainsi que les
familiales et certains utilitaires
tels Berlingo et Partner. Elle équipera, à terme, 50 % des véhicules
produits par le groupe PSA.
Un allégement
de 70 kg
À 560 kg, la plateforme EMP2
affiche 70 kg de moins que la
précédente. « L’objectif fixé par la
direction générale était de 60 kg,
mais on a gratté partout », reconnaît Yves Bouvier. Le recours à
Pour Mulhouse, le début
de la grande mutation
Le lancement du chantier de la
plateforme EMP2 marque un
tournant dans l’histoire plus que
cinquantenaire du site PSA de
Mulhouse, contraint de s’adapter
sous peine de voir un jour sa pérennité menacée.
Ces menaces sont aujourd’hui dissipées avec un projet de 400 millions d’euros d’investissement du
groupe d’ici à 2020. L’objectif du
constructeur est, ni plus ni moins,
de faire du site haut-rhinois l’un
de ses modèles d’excellence.
Sans parler du projet de vente de
terrains inutilisés à Mulhouse AlsaceAgglomération,lesitePSAde
Mulhouse va, dans les prochains
mois, changer de visage puisque
le chantier d’installation de la
nouvelle plateforme EMP2 va
s’accompagner d’importants travaux de compactage et de rationalisation de l’activité de
production.
L’enjeuestdetaillepuisqu’ils’agit
de transformer une usine du milieu du XXe siècle en site industriel
du XXIe, selon les standards de
l’industrie automobile mondiale
où les sites de production sont
tous compacts et fonctionnels,
notamment d’un point de vue logistique.
Dans le même temps, une fois la
plateforme EMP2 opérationnelle,
la deuxième ligne de production
va progressivement cesser son activité pour faire de Mulhouse une
usine monoflux tournant en trois
équipes minimum. L’objectif est
d’utiliser à plein l’outil de productionetderéduireleschargesfixes.
D’ici quatre ans, le site alsacien
est donc voué à produire des modèles à forte valeur ajoutée, ceux
quiassurentlaplusforterentabilité,pasceuxquisevendentleplus.
L’année 2014, avec près de
250 000 voitures produites, resteradoncunedernièreannéeexceptionnelle en matière de volumes.
Loin du record de 2002 avec
450 000 véhicules. Dorénavant, la
norme sera plutôt 200 000 voitures assemblées par an.
Quant aux effectifs, actuellement
de 7500, difficile de faire des prévisions. Tout dépendra de la réussite de la mutation engagée à
Mulhouse et du succès commercial – ou pas – des modèles qui
seront produits sur cette plateforme EMP2.
l’aluminium, ainsi qu’à des matériaux composites ou à des aciers à
très haute limite élastique a permis ce gain de poids, indispensable pour ensuite faire baisser les
consommations de carburant et
les émissions de CO2.
Allégée, la plateforme EMP2 est
aussi modulaire : à partir d’un
bloc avant unique, elle peut recevoir différents blocs arrière, court
ou long, un poste de conduite bas
ou haut, différents types de train
arrière et enfin plusieurs générations de groupes motopropulseurs. Elle a aussi la possibilité de
recevoir un train arrière hybride.
Meilleure habilité
Produit sur l’ancienne plateforme,
le nouveau Citroën Picasso aurait
été « plus lourd, plus long, plus
pataud et avec une habilité moins
importante » selon Yves Bouvier
qui ajoute : « Il y a des prestations
que l’on a pu intégrer, de l’allégement, des nouvelles normes. On a
compacté ce qu’on a pu. »
« La plateforme EMP2 a permis un
gain de 11 % au niveau de l’habilité de la nouvelle 308 SW par
Une modularité exemplaire
La plateforme EMP2 va permettre
au groupe PSA de produire des
véhicules à partir de seulement
deux plateformes, contre trois jusqu’à présent. La plateforme EMP2
va ainsi remplacer la plateforme 2
sur laquelle, à Mulhouse, sont actuellement produites les DS4 et
Citroën C4. Elle remplacera aussi la
PF3, dédiée aux véhicules haut de
gamme des segments D et E, produits à Rennes et à Wuhan (Chine).
« À partir d’une même plateforme,
PSA Peugeot Citroën est ainsi en
mesure de développer des silhouettes très différentes positionnées sur plusieurs segments et
adaptées aux différents marchés
mondiaux : berline 4 et 5 portes,
breaks, monospaces, SUV, cabriolets ou coupés », indique le groupe
de l’Avenue de la Grande-Armée.
La modularité de la plateforme
permet de fabriquer des véhicules
de quatre largeurs de voie avant,
cinq empattements, deux synthèses de poste de conduite et auvent
et deux architectures de train arrière. A cela s’ajoute ensuite une
variété de modules « unit arrières » permettant différentes versions (courte, longue, cinq ou sept
places, sièges indépendants ou
banquette, véhicule thermique ou
hybride)… Sans compter une flexi-
Berline 4 et 5 portes, breaks, monospaces, SUV, cabriolets ou coupés… La plateforme EMP2 offre une modularité
permettant de construire tous les modèles moyen et haut de gamme du groupe PSA.
DR
bilité industrielle accrue, notamment au niveau du ferrage,
permettant d’engager jusqu’à six
versions d’«unit arrières» sur une
même ligne.
Des salariés de
Mulhouse impliqués
dès le début
Permettant de couvrir 50 % des
volumes monde du groupe, la plateforme EMP2 a été inaugurée à
Vigo, en Espagne, et à Sochaux
IRE04
puis à Wuhan, en Chine, en 2014.
Mulhouse sera le quatrième site
de production de PSA à en être
équipé, sachant que plusieurs usines de mécaniques et bruts ont été
sollicitées depuis le début : le pôle
métallurgique pour la forge des
moyeux et de composants de
transmissions, l’usine mécanique
pour le ferrage de berceaux et
traverses arrière, l’usinage disques de frein, moyeux, pivots, assemblage de l’ensemble des roues
avant ou encore l’emboutissage.
Le groupe PSA ayant abandonné
l’idée de produire en France les
véhicules de segments A et B, sauf
les modèles supérieurs (208 GTI),
la plateforme 1, sur laquelle la
2008 est aujourd’hui assemblée à
Mulhouse, n’a plus d’avenir dans
l’Hexagone. C’est notamment
pour cela qu’au plus tard au milieu
de l’année 2018, lorsque la plateforme EMP2 sera opérationnelle,
tous les véhicules mulhousiens seront fabriqués sur une ligne unique.