Agora - 41 - juin 2005
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Union Syndicale Fédérale AGORA Le magazine du Service public européen et international Le refus Le nouveau Statut Le Bureau Fédéral à Thessalonique Whistle-stop Tour II No 41 - Juin 2005 E ditorial Le refus Certes, le projet de traité de constitution concocté à grand peine par la Convention n’était pas un chef d’œuvre du genre et une fois passé au Conseil il est devenu encore moins « lisible », cohérent et compréhensible pour le commun des mortels. C’était un compromis communautaire de plus, certes du plus haut niveau mais un compromis quand même entre plusieurs genres et orientations politiques des Etats membres de l’Union à 25. Pierre BLANCHARD Secrétaire Général US-Bruxelles C ’é t a i t u n m é l a n g e d e s concepts libéral et social sur un fond de « méthodes » communautaires et intergouvernementales! Ajoutez à cela, en 3ème partie un produit technocratique typiquement « bruxellois » et vous avez de quoi satisfaire ou…mécontenter beaucoup de monde, dès que l’on s’adresse à un public peu averti de la complexité des affaires européennes et que des enjeux et des destins politiques nationaux se dessinent. en Europe. Quelles ont été les erreurs commises ? Les textes, les hommes, les questions de politiques internes ? En dépit des multiples analyses (voir article « Les leçons du refus »), chacun, comme d’habitude, en tirera les conclusions qui l’arrangent le plus auprès de son électorat national. Pourtant, il y a quelques mois encore, la plupart des collègues qui s’intéressaient à ce processus historique exceptionnel, voyaient dans cette constitution le moyen de fixer plusieurs traités passés entre Etats durant 60 années de paix et de relations somme toute fructueuses, dans les textes solennels d’une constitution. C’était une sortie définitive et magistrale de l’aprèsguerre, y compris celle dite « froide » Ce n’est ni la décision politique du gouvernement britannique de postposer son propre référendum, portant ainsi le coup de grâce au projet, ni la cacophonie des Etats membres sur la suite des décisions à prendre, ni encore le conflit budgétaire ouvert, notamment entre les trois grands, sur les perspectives budgétaires 20072013 qui va rassurer les citoyens ni convaincre les opinions publiques Sommaire 4 12 14 15 18 La seule chose certaine c’est, in fine, le refus des électeurs français et néerlandais -citoyens de deux pays fondateurs- sans appel, incontournable et pour le moment destructeur. Nouveau Statut Les grades «vides» B*9, A*9, A*13: une affaire exemplaire Nouveau Statut Reconstruire la solidarité Europe Les leçons du refus Cour de Justice Eurojust devant la Cour de Justice Union Syndicale Fédérale Visite du Bureau fédéral à Thessalonique Couverture: Promenade Weizel - Luxembourg Office National du Tourisme Luxembourg 18 20 23 24 qu’il y a un pilote dans l’appareil Europe. Les uns ne pouvant plus continuer sur la bases des grandes lignes du projet de traité refusé et, les autres remettant en question le consensus obtenu, il faut s’attendre à des retombées positives ou négatives mais pour le moment, l’optimiste ne semble pas de rigueur. Ces conséquences toucheront tous les citoyens de l’UNION, y inclus ceux qui ont dit non, ainsi ceux qui frappent à la porte de l’UNION et aussi les fonctionnaires et agents des institutions qui sont en première ligne en cas de crise de cette intensité. L’Union Syndicale ainsi que, espérons le, nos plus hauts responsables p o l i t i q u e s e t a d m i n i s t r a t i f s c o mmunautaires s’étaient préparés aux changements induits par le projet de traité soumis à ratification. .../.. page 24 Outside European Union Whistle-stop Tour II: From Russia (& Ukraine & Turkey) with love... Culture Soirée littéraire à la maison de l’Union Syndicale Culture Une très belle exposition à la Maison de l’US. Editorial suite Editeur responsable: Union Syndicale (Commission) Service Public Européen Bruxelles Pierre Blanchard Av. des Gaulois, 36 - 1040 Bruxelles Tél.: 02 733 98 00 Fax: 02 733 05 33 Secrétaire de Rédaction: Dominique Michaux - Photos et illustrations: D Michaux, CE Edition & Réalisation: JC Lesuisse 93 rue F. Toussaint 1050 Bxl - E-mail: [email protected] Publicité : Agence Européenne de Relations d’Affaires, av. E. Renan 46 - 1030 Bruxelles Tél: 0475 25 19 76 - E-mail: [email protected] Tirage: 40.000 exemplaires - Distribution: Institutions du Service Public Européen www.unionsyndicale.org - Juin 2005 - No 41 Agora Magazine N ouveau Statut Les grades « vides » B*9, A*9, A*13: une affaire exemplaire Le 1er mai 2005 était une fête syndicale importante : la fête du travail et le 1er anniversaire du nouveau statut du personnel du Service public européen. Aucune administration nationale des 25 Etats membres n’a jamais dû affronter des changements statutaires, interinstitutionnels, politiques et administratifs de l’ampleur de notre réforme, ni dans un délai aussi court. Reconnaissons que les P. Blanchard, modalités de transition entre l’ancien statut et le nouveau sont complexes et que Secrétaire Général l’Administration ne fait rien ou presque pour informer et expliquer. US-Bruxelles Dossier réalisé avec la collaboration de Fabrice Andreone, Giovanni Sergio et Sylvie Jacobs, ainsi que de David Taylor de la CONF/SFE C e nouveau statut comporte certes des éléments qui pourraient être considérés défavorables – et qui pour la plupart ont été imposés par le Conseil (prélèvement, pensions, réductions de certaines allocations, etc.) - mais aussi des éléments très positifs tels que la pérennisation de la méthode d’adaptation des rémunérations et des pensions ainsi que le nouveau système de carrière. Pourquoi l’administration, avec l’accord de la Commission, s’ingénie-t-elle à appliquer le nouveau statut défavorablement dès que le texte permet des interprétations ? L’USF avait réussi à éviter des mesures trop négatives lors des négociations avec la Commission. Pourquoi l’Alliance a-t-elle refusé de négocier à ce niveau pour ensuite accepter, au niveau du Conseil, un nouveau statut beaucoup moins avantageux que celui négocié par l’USF et proposé par la Commission ? Pourquoi, après avoir donné son accord au plus haut niveau politique, l’Alliance s’oppose-t-elle vainement à un statut qui fera force de loi au moins pour les 10 ans à venir au lieu de s’engager pleinement à nos côtés pour obtenir la meilleure application possible? Dans ce contexte, « l’affaire » des grades vides (B*9, A*9, A*13) est particulièrement édifiante. Vous trouverez ci-après les explications complètes non seulement pour les B*8, les A*8 et les A*12 qui sont particulièrement concernés, mais aussi pour tous ceux et celles de tout grade qui souhaitent dominer le nouveau système de carrière. L’ADMIN muette sur les carrières et les grades vides En matière de carrières, sujet de loin le plus complexe de la transition, il était impératif de fournir au personnel une information claire et détaillée expliquant notamment que la nouvelle structure avec plus de grades et moins d’échelons, assortie de taux collectifs de promotion garantis par le statut, n’affecterait pas le développement de carrière des fonctionnaires en service et même, dans certains cas, l’améliorerait…considérablement. Manque de moyens, absence de volonté politique, voire simple « discrétion » vis-à-vis du Conseil ? L’ADMIN ne l’a pas fait, alors que le personnel doit pouvoir trouver une information officielle qui lui permette de comprendre les changements qui lui sont imposés. Les « grades vides » au 1er mai 2004 étaient techniquement nécessaires La nouvelle grille est basée sur une construction mathématique rationnelle de 16 grades et 4 échelons -le 4ème étant lui-même scindé en deux- avec une croissance constante de 13,14% entre grade et de 4,2% entre échelons, sauf entre le 4ème et le 5ème avec respectivement 2,78% et 1,38%. Lorsqu’elle a été créée puis acceptée par la Commission, il a fallu imaginer le passage de Agora Magazine l’ancien système complètement irrationnel avec de nombreux chevauchements salariaux, vers le nouveau décrit ci-dessus. La méthode la plus simple pouvait consister à replacer chaque fonctionnaire et agent a à un grade et échelon dont la rémunération était immédiatement inférieure à son ancienne rémunération de base. La hiérarchie des grades et échelons étant bouleversée par cette méthode (exemple: un B3/8 a un salaire de base supérieur à un B2/3), le service juridique a estimé que cette hiérarchie devait être maintenue dans la transition. C’est pourquoi les fonctionnaires et agents ont été renommés par « paquet » de grade à grade en gardant l’échelon acquis précédemment. Outre la neutralité de l’opération et le maintien des droits acquis, une autre condition technique à respecter dans la transition consistait à placer chaque ancien grade dans un des nouveaux grades avec niveau de traitement supérieur, afin de n’obtenir que des facteurs multiplicateurs inférieurs à l’unité. Il n’y avait aucun problème pour la catégorie D et C mais 2 niveaux de salaires correspondant à 3 grades (B*8 et A*8 qui sont identiques du point de vue salarial et A*13), se sont ainsi retrouvés vides. Pour ne pas pénaliser les collègues se trouvant devant ces grades, un système reproduisant les valeurs moyennes des promotions Juin 2005 - No 41 - www.unionsyndicale.org Nouveau Statut dans chaque catégorie et échelon de l’ancien système a été mis en place (voir l’article 7-5 de l’annexe XIII du statut). Ainsi en utilisant les pourcentages calculés (voir à la fin de cet article ou dans le statut) et d’une manière générale, chaque première promotion des fonctionnaires en service avant le 1er mai 2004 correspond à la valeur de celle que chaque fonctionnaire était en droit d’attendre avant le 1er mai 2004. Dans de nombreux cas, les résultats sont d’ailleurs plus favorables (voir les exemples ci-après pour les trois grades concernés qui ne tiennent pas compte des anciennetés d’échelon qui sont bonifiées dans les calculs officiels). Les grades « vides » : à l’origine, une « affaire » montée de toutes pièces par l’Alliance Fin 2004, au sein du comité de promotion A, l’ADMIN accordait des promotions supplémentaires prenant effet rétroactivement avant le 1er mai à quelques ex-A7 (devenus A*8) vers l’ancien grade A6 (devenu A*10). Il n’en fallait pas plus à l’Alliance pour sauter sur l’occasion et transformer publiquement cette mesure maladroite et discriminatoire -les ex LA et les ex B2 ayant été exclus- de l’ADMIN en « concession » accordée en reconnaissance d’un « problème » posé par le grade « vide » A*9. A force de désinformation auprès de milliers de collègues, sans aucune explication rationnelle d’une disposition du nouveau statut qu’elle avait pourtant formellement accepté le 22 mars 2004, l’Alliance a persuadé de nombreux jeunes collègues ex A7, peu versés dans les matières statutaires, à introduire des réclamations en invoquant des griefs pour le moins mal fondés. Inégalité de traitement au sein du groupe de fonction A* L’USF, pour avoir négocié le nouveau système de carrières, savait parfaitement que l’impact réel immédiat des grades vides sur les carrières des fonctionnaires concernés était au pire nul, et qu’il pouvait même se révéler rapidement positif. L’USF savait aussi que les fonctionnaires renommés dans le grade A*10 - et dans une moindre mesure les A*11 et 12 - seraient amplement avantagés tant pour leurs rémunérations que pour leurs carrières. L’USF considère qu’il faut à toute occasion privilégier la négociation, le cas échéant appuyée par la mobilisation du personnel, et ne recourir aux voies juridiques que si la négociation s’avère impossible. Cette stratégie ayant donné des résultats positifs dans le passé sur d’autres dossiers. L’USF avait l’intention de demander des négociations avec l’ADMIN avant le lancement des procédures de promotions 2005. Mais cela s’est avéré impossible: l’introduction de réclamations, puis de recours (soutenus par l’Alliance) a justifié le refus de négociations par la Commission, à qui il suffit d’attendre les résultats des recours en 2006, voire 2007, en refusant toute concession qui pourrait être utilisée contre elle par les requérants. Quant à informer tous les collègues concernés, il n’en est toujours pas question: l’ADMIN s’est contentée de fournir dans sa réponse aux seuls réclamants les explications qu’elle aurait dû donner immédiatement à tous les fonctionnaires ex-A7. L’USF informe les collègues et identifie le vrai motif faisant grief aux ex A7 devenus A*8 L’USF avait informé le personnel avant l’adoption du nouveau statut. Après le 1er mai 2004, elle se voit obligée d’informer elle-même le personnel et notamment les B*8, A*8 et A*12 de l’impact réel des grades vides sur leurs carrières et rémunérations, en mettant en relief les deux principes suivants : Pendant la transition, la première promotion de chaque fonctionnaire vers le premier échelon d’un des nouveaux grades vides équivaut à une promotion vers l’ancien grade supérieur de l’ancien statut, car la valeur en pourcentage de cette première promotion est fixée forfaitairement pour chaque catégorie et pour chaque échelon à l’annexe XIII article 7-5 du statut. Pendant la transition et tant que les salaires de référence de la nouvelle grille seront affectés de facteurs multiplicateurs inférieurs ou supérieurs à l’unité, il n’y a plus de correspondance entre les grade et échelon d’un fonctionnaire et son salaire de base effectivement versé. Etant donné l’impossibilité d’ouvrir une concertation et la nature du motif faisant grief, l’USF a été contrainte d’ouvrir une nouvelle voie juridique en proposant aux intéressés A*7 et A*8 d’introduire une demande au sens de l’Art.90§1, basée sur les véritables moyens juridiques. Au stade de la demande (texte disponible aux secrétariats USF et CONF-SFE), la Commission peut toujours accepter de négocier pour éviter les suites: réclamation et recours. L’affaire des grades « vides » est exemplaire pour juger l’efficacité des syndicats Il ressort de ce dossier qu’un syndicat représentatif digne de ce nom doit: être aussi compétent, voire plus, que son interlocuteur administratif et politique; chercher prioritairement l’unité syndicale pour défendre le personnel ; à toute occasion, privilégier la négociation, le cas échéant appuyée par la mobilisation du personnel, et ne recourir aux voies juridiques que si la négociation s’avère impossible. L’Alliance a fait exactement le contraire. Ses choix syndicaux sont d’autant plus contestables qu’elle a volontairement occulté la vérité, passe encore sur l’avantage des ex A6 devenus A*10 mais surtout sur la neutralité de l’effet des grades vides lors de la promotion, alors qu’elle est censée parfaitement maîtriser le nouveau statut, y inclus la transition qu’elle a accepté le 22 mars 2004 en même temps que l’USF. De ce fait, l’Alliance porte l’entière responsabilité du blocage actuel des négociations et de l’inévitable retard d’une éventuelle compensation destinée à maintenir l’écart normal de carrière et de rémunération existant au 1er mai 2004 entre un fonctionnaire A7 (A*8) et un A6 (A*10). Quant aux ex-B2 et ex-A/LA4, en moyenne, les développements de carrière et les rémunérations seront équivalents, voire supérieurs à ce qu’ils étaient dans l’ancien statut. Il n’y a donc pas matière à revendication (voir ci-après les explications). Conclusions Dans cette affaire où aucune question de principe n’est en jeu, il était possible dès le départ de présenter unitairement une revendication sérieuse et fondée, à savoir: engager une négociation pour contrebalancer par des mesures adéquates -notamment par l’accroissement des taux de promotions des A*7 et A*8- l’avantage structurel salarial et de carrière obtenu par les A*10 dans le groupe de fonctions A*. L’USF invite encore une fois l’Alliance à agir unitairement dans ce sens. L’USF est consciente du fait qu’à la Commission, le personnel lie les hypothétiques effets de la transition du système de carrière avec ceux du REC et des seuils de promotion. Force est de constater, après trois années d’application du système d’évaluation et de promotion à points, qu’il continue à poser des problèmes d’application. La reconstitution de carrière demandée en 2003, qui a été refusée par l’ADMIN et soutenue par les syndicats de l’Alliance, aurait permis de fixer tous les seuils dès le départ et d’éviter leur évolution sur plusieurs années, peu compréhensible et créatrice de distorsions des carrières normales. L’USF tient à souligner qu’il s’agit d’un phénomène indépendant www.unionsyndicale.org - Juin 2005 - No 41 Agora Magazine Nouveau Statut du nouveau statut et qui n’est apparu qu’à la Commission les autres institutions ayant chacune leur propre système de mesure du mérite -à points- conformément à l’article 43 du statut. En dépit des rivalités inévitables existantes à la veille des prochaines élections fin 2005, l’USF recherchera l’unité d’action syndicale pour ouvrir une négociation et proposer ses solutions sur cet important dossier. Nouveau grade B*9 : impact réel sur le salaire et la carrière des ex-B2 devenus B*8 La transition entre l’ancienne grille des rémunérations et la nouvelle n’entraîne aucune pénalisation pour les ex-B2 devenus B*8 le 1er mai 2004. En effet, les B2 ne poursuivaient leur carrière que sur un seul grade, le B1. Or, la promotion d’un B*8 en B*9 équivaut à celle d’un B2 vers B1, les salaires de référence (sans facteur multiplicateur ) du B*9 étant similaires à ceux de l’ex-B1 et ceux du B*10 étant supérieurs. La nouvelle grille présente donc surtout l’avantage de décloisonner l’ex-grade B1 devenu B*10 : les 41 postes B*11 prévus au budget 2005 pour la Commission (y inclus Recherche et Offices) devraient permettre les premières promotions, qui prendront effet au 1er janvier. Quoiqu’en disent les syndicats de l’Alliance qui restent opposés au nouveau statut, il s’agit d’un progrès indéniable: la fin d’un blocage qui se faisait sentir dès le B2 pour la carrière des ex-B devenus B* (AST à partir du 1er janvier 2006). Le taux de promotion augmentera progressivement pour atteindre 20% du nombre des fonctionnaires dans le grade AST 10 à partir de 2010 (5 ans d’attente en moyenne dans le grade). La perspective d’augmentation salariale maximale est de 17% par rapport à l’ex-B1/8. Le grade ‘vide’ B*9 ne crée aucun préjudice pour les ex-B2 devenus B*8, tandis que la nouvelle grille ouvre de nouvelles perspectives de carrière et de progression salariale au-delà de l’ex B1/8 jusqu’en B*/AST11-5 (+ 17%) . Le fait que tous les ex-B2 aient été renommés dans le grade B*8 le 1er mai 2004 (y compris les ex-B3 promus au 1er janvier 2004) ne signifie pas qu’ils perçoivent les salaires de référence du B*8, pas plus que les ex-B1 ne perçoivent ceux du B*10: si les reclassements dans la nouvelle grille respectent la hiérarchie des anciens grades, les salaires de référence des B*8 et B*10 sont, à parité d’échelons, supérieurs à ceux des ex-B2 et B1. C’est pourquoi les salaires de référence des fonctionnaires reclassés dans ces grades sont affectés de facteurs multiplicateurs se situant entre 0,79 et 0,91 (soit de -21% à -9%). Tableau 1 : comparaison des niveaux salariaux : B*8 et ex-B2 ; B*10 et ex-B1 ; B*9 (5 échelons) et ex-B1 (Annexe XIII art. 2 § 2 du statut, salaires adaptés au 1er juillet 2004). Agora Magazine Comparaison de la promotion d’abord d’un ex B2-5 vers B1 dans l’ancien statut avec celle d’un ex B2-5 devenu B*8-5 et prenant sa première promotion vers B*9 en 2005 dans le nouveau statut, puis le même exemple avec un ex B2-8. Ex B2/5 vers B1/4=5796,30€, après la première promotion = 5796,30 + (1 échelon en B1 = 6248,23 - 5940,86) = 6103,67€ de salaire virtuel avec un classement en B1/2 = 5940,86 € (différence salariale compensée par ancienneté d’échelon : art. 46 de l’ancien statut) B*8/5 vers B*9/1 = 5796,30€, après la première promotion = 5796, 30 x 1,048 = 6074,52€ (4,8% selon l’art. 7 § 5 de l’annexe XIII, voir tableau en fin d’article) : le salaire de référence étant de 6288,58€, le facteur multiplicateur devient 0,9659605 qui sera ramené à l’unité avec le passage au 2ème échelon après 2ans avec à la clé une 2ème promotion plus avantageuse que la normale. Ex B2/8 vers B1/4 = 6482,79€, après la première promotion = 6482,79 + (1 échelon en B1 = 6555,61- 6248,23) = 6790,17€ de salaire virtuel avec un classement en B1/4 = 6555,61€ (différence salariale compensée par ancienneté d’échelon : art. 46 de l’ancien statut) B*8/8 vers B*9/1 = 6482,79€, après la première promotion = 6482,79 € x 1,043 = 6761,55€ (4,3% selon l’art. 7 § 5 de l’annexe XIII, voir tableau en fin d’article) : le salaire de référence étant 6288,58€, nouveau facteur multiplicateur de 1,0752109 (+7,5%) qui sera maintenu ultérieurement dans les échelons successifs et pour la pension. Dans l’ancien statut, la référence à un grade et à un échelon donnés correspondait à une rémunération effectivement perçue (hors impôts et allocations), tout retard de carrière pouvant être directement transcrit en une perte de salaire. Dans l’annexe XIII du statut qui réglemente la transition entre l’ancienne grille de carrières et la nouvelle, la référence à l’un des nouveaux grades et échelons ne correspond plus à une rémunération effectivement perçue par les fonctionnaires reclassés au 1er mai 2004, en raison de l’existence de facteurs multiplicateurs individuels le plus souvent inférieurs à 1,00 (art. 2 §2 de l’annexe XIII), affectant le salaire de référence de chaque fonctionnaire. Comme le montrent les chiffres de l’encadré ci-dessus, la première promotion des B*8 (l’échelon 8 étant le cas le moins favorable) se fera vers un niveau salarial effectif supérieur à celui de l’ex-B1. Il est à noter que si la promotion directe de B*8 vers B*10 était statutairement possible, le résultat salarial serait le même que de B*8 vers B*9: en raison de l’application des mesures de transition, le grade d’arrivée du promu n’a pas d’influence sur la valeur salariale de la promotion; les augmentations sont fixées pour chaque échelon de départ dans l’ensemble des grades de la catégorie (art.7 de l’annexe XIII) et seul le facteur multiplicateur du nouveau salaire de référence change. Juin 2005 - No 41 - www.unionsyndicale.org Nouveau Statut L’effet salarial très positif du maintien à l’échelon 1 en cas de promotion. Jusqu’à ce que la progression salariale due à l’ancienneté (échelons) permette d’atteindre les salaires de référence des B*/AST avec un facteur multiplicateur égal à 1.00, il est réparti de façon relativement homogène sur tous les grades et échelons B*/AST. Les fonctionnaires B*8 promus à partir des cinq premiers échelons vers B*/AST9-1 bénéficieront de cet effet positif. Les autres B*/AST8, situés au-delà de l’échelon 5 n’en bénéficieront pas. Cependant, ils ne subiront aucune perte, car ils bénéficieront directement après la première promotion d’un nouveau facteur multiplicateur supérieur à 1,00 dans le grade B*/AST9-1. Ils le conserveront durant toute leur carrière ultérieure vers AST11 et plus haut pour ceux qui changeraient de groupe de fonction, y inclus pour les échelons et la pension. Le fait que tous les ex A/LA6 aient été renommés dans le grade A*10 le 1er mai 2004 (y compris les ex A/LA7 promus en 2004) ne signifie pas qu’ils perçoivent la rémunération du A*10. D’ailleurs, le grade A*8 n’est pas non plus l’équivalent salarial de l’ex A/LA7. La hiérarchie des anciens grades a été dûment respectée, mais les niveaux salariaux des A*8 et A*10 sont bien supérieurs à ceux des ex–A /LA7 et A6. C’est pourquoi les rémunérations nettes de référence sont affectées de facteurs multiplicateurs se situant entre 0,79 et 0,92 (soit de -21% à -8%) pour ces deux grades. Tableau 3 : (Annexe XIII art. 2 § 2 du statut avec les salaires adaptés au 1er juillet 2004) différence entre les salaires respectivement du A*8 et de l’ex-A/LA7, du A*10 et de l’ex-A/LA6 ainsi que ceux du A*9 qui sont supérieurs à ceux de l’ex A/LA6 à tous les échelons. Pas de pénalisation pour la promotion des ex B*8 vers B*9 : le délai moyen et la valeur de la 1ère promotion sont maintenus (ex-B2 vers ex-B1 = B*8 vers B*9) et les suivantes sont plus favorables. Comparaison de la promotion d’un A/LA7-3 et A/LA7-5 dans l’ancien statut avec celles d’un ex-A/LA7 devenu A*8-3 et d’un A*8-5 prenant leur première promotion dans le nouveau statut. En revanche, la deuxième promotion vers AST10 puis la prolongation de carrière vers AST11 constitue un avantage du nouveau statut pour l’ensemble des ex-B devenus B* puis AST. Le taux de promotion vers AST11 -7,5% des promouvables en 2005 correspondant aux 41 postes B*11 prévus au Budget 2005- peut paraître très faible, mais il faut le comparer aux 11% de promotions vers B1 (AST10) en 2004, soit 60 promotions. En outre, il augmentera progressivement pour atteindre 20% du nombre des fonctionnaires dans le grade (25% des promouvables) à partir de 2010. Ex A/LA7/3 vers ex A/LA6-1 = 5331,90€, après la première promotion = 5331,90 + (1 échelon en A6 = 5940, 86 – 5633,48) = 5639,28 € virtuel classé en A6/1 = 5633,48€ avec ancienneté d’échelon proportionnelle à la différence (art. 46 de l’ancien statut). A*8/3 vers A*9/1 = 5331,90€, après la première promotion = 5331,90 x 1,068) = 5694,47 € (pourcentage de 6,8% du tableau de l’art. 7 § 5 de l’annexe XIII du statut, voir tableau en fin d’article), salaire de référence : 6288,58 €, le facteur multiplicateur devient 0,90552557 qui sera ramené à l’unité avec le passage aux échelons successifs chaque 2ans avec à la clé une 2ème promotion plus avantageuse que la normale Tableau 2 : vitesses moyennes de promotion dans le futur groupe de fonction AST en partant de l’ex B5 et B*5 selon la véritable correspondance salariale du B*/AST9 = ex B1 (voir tableau 1). Nouveau grade A*9 : impact réel sur le salaire et la carrière des ex A7/LA7 devenus A*8 Aucun préjudice pour les ex A/LA7 renommés en A*8 mais l’avantage de progression salariale de carrière des ex A/LA6 renommés en A*10 le 1er mai 2004 doit être compensé. Ex A/LA7-5 vers ex A/LA6-2 = 5814,49€, après la première promotion = 5814,49 + (1 échelon en A6 = 6248,23 – 5940,86) = 6121,87 € virtuel classé en A6/2 = 5940,86€ avec ancienneté d’échelon proportionnelle à la différence (art. 46 de l’ancien statut). A*8/5 vers A*9/1 = 5814,49 €, après la première promotion = 5814,49 x 1,055) = 6134,28 € (application du pourcentage de 5,5% du tableau de l’art. 7 § 5 de l’annexe XIII, voir tableau en fin d’article), salaire de référence : 6288,58 €, le facteur multiplicateur devient 0,97546345 qui sera ramené à l’unité avec le passage aux échelons successifs chaque 2ans avec à la clé une 2ème promotion plus avantageuse que la normale. Dans l’ancien statut, la référence à un grade et à un échelon donnés correspondait à une rémunération effectivement perçue, tout retard de carrière pouvant être directement transcrit en une perte de salaire. Dans la transition de l’annexe XIII entre l’ancien et le nouveau statut, la référence à l’un des nouveaux grades et www.unionsyndicale.org - Juin 2005 - No 41 Agora Magazine Nouveau Statut échelons ne correspond plus à une rémunération effectivement perçue, en raison de l’existence de facteurs multiplicateurs individuels le plus souvent inférieurs à 1,00 (art. 2 § 2 de l’annexe XIII), affectant la rémunération de chaque fonctionnaire. Comme le montrent les chiffres de l’encadré ci-dessus, la première promotion des A*8 se fera vers un niveau salarial effectif supérieur à celui de l’ex. A/LA6, avec des facteurs multiplicateurs plus près de 1,00 par rapports aux salaires de référence de la grille et plus favorablement que dans l’ancien statut. A noter que si la promotion directe de A*8 vers A*10 était possible, la rémunération en résultant serait la même et seul le facteur multiplicateur diffèrerait. Le délai moyen de promotion du A*8 vers A*9 étant identique à celui des ex-A/LA7 vers ex-A6, le grade vide ne donne pas lieu à une pénalisation des A*8. Application de l’annexe XIII: les promotions ultérieures des A*8 devenus A*9 seront toujours plus favorables en moyenne dans le nouveau statut. 1) Le passage au facteur multiplicateur égal à l’unité (1,00) se fera directement en A*9: maintien au premier échelon jusqu’à ce que la progression salariale due à l’ancienneté (échelons) permette d’atteindre la pleine rémunération du A*9/1. Le fonctionnaire promu percevra donc rapidement le salaire de référence de la nouvelle grille et le maintien dans le premier échelon lui vaudra une augmentation de salaire plus importante lors de la 2ème promotion. 2) La deuxième promotion se fera vers le A*10/1 (devenu AD10/1 au 1er mai 2006) pour un salaire de 7115,13€ qui est supérieur à l’ex A5/1 et même à l’ex A5/2 (6905,02€). 3) Les anciennetés requises pour la promotion tant en A*9 qu’en A*10, correspondent aux taux de promotion garantis collectivement dans l’annexe IB du statut. Elles sont toujours plus favorables pour les promotions ultérieures que les anciennetés requises avant le 1er mai, même en y incluant les grades vides. 4) La carrière normale des administrateurs hors encadrement se prolonge sur deux grades supplémentaires : A*/AD13 et A*/AD14. Tableau 4 : différences de vitesse de promotion selon les véritables correspondances salariales. Ex A/LA6 devenus A*10 - avantage du nouveau statut Ils bénéficieront d’une ou deux promotions très favorables à 13,14% par l’effet du mécanisme d’augmentation du facteur multiplicateur jusqu’à l’unité (1,00) (art. 7 §7 de l’annexe XIII du statut) qui prévoit que le fonctionnaire reçoit ses échelons automatiques mais reste au 1er échelon tant que le facteur est inférieur à 1,00. Ces promotions plus favorables peuvent représenter une avance de 2 à 4 ans sur les ex-A/LA7 et les ex-A/LA8 du point de vue de la progression salariale. Les ex A/LA6 placés en A*10 qui ont les facteurs multiplicateurs les plus bas de tout le groupe de fonction (entre 0,79 et 0,85) ne percevront pleinement le salaire de référence qu’en arrivant en A*/AD12 huit ans plus tard. Cependant, leur progression salariale sera structurellement supérieure à celle des ex A/LA7 devenus A*8: ces derniers ne bénéficieront presque pas du mécanisme de progression du facteur multiplicateur Agora Magazine vers l’unité (1,00) (voir ci-dessus tableau 1) car leurs facteurs multiplicateurs de départ (entre 0,87 et 0,92) sont bien supérieurs à ceux des ex-A/LA6. L’USF était consciente de cette situation et entendait négocier en 2005 des compensations pour les ex A/LA7 devenus A*8 ; l’initiative prise par l’ADMIN en 2004 pour tenter d’échapper à une mesure collective avec des mesures individuelles limitées en Comité de promotion A n’a rien résolu et a suscité de nombreuses réclamations. Il faut compenser l’avantage des ex A6/LA6, des ex-A7/LA7 promus en 2004 L’USF s’engage à tout faire pour obtenir des points de priorités supplémentaires de transition conjugués avec un abaissement des seuils de promotion pour les A*8 et les A*9 en 2006/2007 afin de compenser, d’une part, ce que l’ADMIN a accordé en 2004 à certains ex-A7 et, d’autre part, l’avantage des ex A/LA6 qui bénéficieront du « bonus » de l’accroissement des facteurs multiplicateurs jusqu’à 1,00 (voir ci-dessus). La Commission a déjà décidé d’harmoniser les taux de promotion nouveaux (annexe I du statut) avec les taux de transition (annexe XIII) (les éléments techniques devant encore être concertés) : pour les promotions de A*8 vers A*9, il faudrait opter dès 2006 pour le passage au taux de 33% (annexe IB, qui correspond à une ancienneté requise de 3 ans) avec un seuil stabilisé dès 2006/2007. Nous demanderons également d’abaisser à 60/68 points au lieu des 85 points prévus, le seuil de promotion des A*/AD9 vers A*/AD10 dès 2007/2008 quand les premiers collègues promus en A*/AD9 seront à nouveau promouvables et ce, pour quelques années. La nouvelle grille est « salariale » L’ancienne grille à quatre catégories avec des chevauchements salariaux entre grades était hiérarchique. La nouvelle grille à deux groupes de fonctions est devenue salariale. La possibilité de nomination comme chef d’unité est acquise dès le grade A*9 à un niveau salarial bien en dessous de celui de l’ex-A/LA5 qui était le grade minimal pour être nommé selon des règles spécifiques en vigueur à la Commission avant le 1er mai 2004. Nouveau grade A*13 : impact réel sur le salaire et la carrière des ex-A/LA4 La transition entre l’ancienne grille de carrière et la nouvelle n’entraîne aucune pénalisation pour les ex-A/LA4 devenus A*12 le 1er mai 2004. En effet, la promotion d’un A*12 en A*13 équivaut à celle d’un A/LA4 vers A/LA3, les salaires de référence (sans facteur multiplicateur ) du A*13 étant similaires à ceux de l’ex-A3 et ceux du A*14 étant supérieurs. La nouvelle grille présente en revanche l’avantage de débloquer vers le haut la carrière des administrateurs Juin 2005 - No 41 - www.unionsyndicale.org Nouveau Statut hors encadrement et d’établir une certaine égalité de traitement entre tous les fonctionnaires AD. Les 132 postes A*13 prévus au budget 2005 pour l’ensemble de la Commission (y compris Recherche et Offices) devraient permettre des promotions qui prendront effet au 1er janvier. Quoiqu’en disent les syndicats de l’Alliance, opposés au nouveau statut, il s’agit d’un progrès indéniable, non seulement par rapport aux maigres promotions « 2ème filière » de l’encadrement intermédiaire, mais pour l’ensemble des A*/AD. Le taux de promotion annuel vers AD13 augmentera progressivement pour atteindre 25% des AD12 dans le grade (4 ans d’attente en moyenne) en 2010 et il sera de 20% (5 ans d’attente en moyenne) vers AD14. La perspective d’augmentation salariale maximale est de 19,8% par rapport à l’ancien A/LA4-8. Le grade ‘vide’ A*13 ne crée aucun préjudice pour les ex A/LA4 de l’encadrement intermédiaire renommés en A*12, et les autres ont de nouvelles perspectives de carrière et de progression salariale jusqu’en A*/AD14. Le fait que tous les ex-A/LA4 aient été renommés dans le grade A*12 le 1er mai 2004 (y compris les ex-A/LA5 promus en 2004) ne signifie pas qu’ils perçoivent les salaires de référence du A*12, pas plus que les ex-A/LA3 ne perçoivent ceux du A*14 : si les reclassements dans la nouvelle grille respectent la hiérarchie des anciens grades, les niveaux salariaux des A*12 et A*14 sont, à parité d’échelons, supérieurs à ceux des ex–A /LA4 et A/LA3. C’est pourquoi les rémunérations nettes de référence des fonctionnaires reclassés dans ces grades sont affectées de facteurs multiplicateurs se situant entre 0,80 et 0,94 (soit de -20% à -6%). Tableau 5 : comparaison des niveaux salariaux : A*12-A*11 et ex-A/LA4; A*14 et ex-A/LA3; A*13 (5 échelons) et ex-A/LA3 (Annexe XIII art. 2 § 2 du statut, salaires adaptés au 1er juillet 2004). Comparaison de la promotion d’un ex-A/LA4-5 dans l’ancien statut avec celle d’un ex-A/LA4-5 devenu A*12-5 et prenant sa première promotion dans le nouveau statut puis idem pour un ex A/LA4-8. Ex A/LA4-5 vers A/LA3-2 = 9679,27€, après la première promotion = 9679,27 + ( 1 échelon en A3/LA3= 10547,37 - 9979,57) = 10247,07 € de salaire virtuel avec classement en A/LA3-2 = 9979,57 € (différence salariale compensée par ancienneté d’échelon : art. 46 de l’ancien statut) A*12-8 vers A*13-1 = 9679,27€, après la première promotion = 9679,27€ x 1,055 = 10211,63€ (5,5% selon l’art. 7 § 5 de l’annexe XIII, voir tableau en fin d’article) : le salaire de référence étant 10305,57€, le facteur multiplicateur devient 0,9908845 qui sera ramené à l’unité par le passage à l’échelon 2, à ce moment le salaire perçu sera le salaire de référence atteint en A*13 devenu AD 13. Ex A/LA4-8 vers A/LA3-4 = 11009,22€, après la première promotion = 11009,22 + (11683,00-11115,18) = 11577,04€ de salaire virtuel avec classement en A/LA3-4 = 11115,18 € (différence salariale compensée par ancienneté d’échelon : art. 46 de l’ancien statut) A*12-8 vers A*13-1 = 11009,22€, après la première promotion = 11009,22€ x 1,049 = 11548,67€ (4,9% selon l’art. 7 § 5 de l’annexe XIII, voir tableau en fin d’article) : le salaire de référence étant 10305,57€, le facteur multiplicateur devient 1,12062408 (+12,06%) qui sera maintenu ultérieurement dans les échelons successifs et pour la pension. Dans l’ancien statut, la référence à un grade et à un échelon donnés correspondait à une rémunération effectivement perçue (hors impôts et allocations), tout retard de carrière pouvant être directement transcrit en une perte de salaire. Dans l’annexe XIII du statut qui réglemente la transition entre l’ancienne grille de carrières et la nouvelle, la référence à l’un des nouveaux grades et échelons ne correspond plus à une rémunération effectivement perçue par les fonctionnaires reclassés au 1er mai 2004, en raison de l’existence de facteurs multiplicateurs individuels le plus souvent inférieurs à 1,00 (art. 2 § 2 de l’annexe XIII) affectant la rémunération de chaque fonctionnaire. Comme le montrent les chiffres de l’encadré ci-dessus, la première promotion des A*12 (l’échelon 8 étant le cas le moins favorable) se fera vers un niveau salarial effectif supérieur ou égal à celui de l’ex. A/LA4. Il est à noter que si la promotion directe de A*12 vers A*14 était statutairement possible, le résultat salarial serait le même que de A*12 vers A*13: en raison de l’application des mesures de transition, le grade d’arrivée du promu n’a pas d’influence sur la valeur salariale de la promotion ; les augmentations sont fixées pour chaque échelon de départ dans l’ensemble des grades de la catégorie (art. 7 de l’annexe XIII) et seul le facteur multiplicateur du nouveau salaire de référence change. L’effet du grade vide A*13 est semblable à celui des grades A*9 et B*9 Les pourcentages (art. 7 §5 annexe XIII) du statut, d’application pour les promotions des A*/AD ayant été recalculés selon les valeurs moyennes des promotions des ex-A/LA pour chaque échelon, la promotion du A*12 vers le A*13 est équivalente, en termes de salaires, à une promotion vers l’ex-A/LA3. Les fonctionnaires promus à partir des cinq premiers échelons du A*12 vers A*/AD13 puis vers A*/AD14 bénéficieront de l’effet positif du maintien à l’échelon 1 du nouveau grade jusqu’à ce que la progression salariale due à l’ancienneté (échelons) permette d’atteindre la pleine rémunération du A*/AD13-1 ou du AD14-1. Les autres A*12 situés au-delà de l’échelon 5 n’en bénéficieront pas. Cependant, ils ne subiront aucune perte car ils bénéficieront d’un facteur multiplicateur supérieur à www.unionsyndicale.org - Juin 2005 - No 41 Agora Magazine Nouveau Statut Perspectives pour l’encadrement intermédiaire L’ancienne grille à quatre catégories avec des chevauchements salariaux entre grades était hiérarchique. La nouvelle grille à deux groupes de fonctions est devenue salariale durant la transition. La possibilité de nomination comme chef d’unité est acquise sur six grades et dès le grade A*9, à un niveau salarial bien en dessous de celui de l’ex-A/LA5 qui était le grade minimal en vigueur à la Commission avant le 1er mai 2004. Les chefs d’unité bénéficieront en outre d’un échelon supplémentaire après la nomination sous réserve de l’issue positive d’un stage de 9 mois (art.44 du statut) pour les nominations après le 1er mai 2004. Fixation et évolution des seuils de promotion Les taux de promotions progressifs fixés à l’art. 9 de l’annexe XIII du statut ne facilitent pas la fixation du seuil de promotion pour la première fois en 2005. Il évoluera donc comme pour les autres grades et sera donc peu compréhensible en créant rapidement des distorsions importantes. L’USF estime que le seuil prévisible de 76 points est déjà trop haut car il crée des surenchères démotivantes dans les directions générales. Il faudra obtenir un ralentissement pour 2006. 1,00 dans le grade A*/AD13-1. Ils le conserveront durant toute leur carrière ultérieure vers AD14 et plus haut pour l’encadrement supérieur, y inclus pour les échelons et la pension. Tableau 7 - Nouveau statut art. 7-5 de l’annexe XIII Pourcentage d’augmentation du traitement mensuel de base selon les échelons dans chaque catégorie pour la première promotion obtenue après le 1er mai 2004. Le grade vide A*13 est un avantage pour les ex A/LA4 devenus A*/AD12 Etant donné que la promotion vers A*13 est équivalente à celle vers ex-A4/LA et qu’il n’y avait pas de délai moyen de promotion des ex A/LA4 vers ex A/LA3 pour l’encadrement intermédiaire et pas de promotion du tout pour les autres, la prolongation de carrière jusqu’à AD14 constitue un avantage du nouveau statut pour l’ensemble des ex-A devenus A* puis AD. Le taux de promotion vers A*13 -7,5% des promouvables en 2005 correspondant à 132 postes au budget 2005- puis AD14 peut paraître très faible, mais il faut le comparer à une situation antérieure de blocage total des A/LA4 hors encadrement et au compte-gouttes des promotions « deuxième filière » de l’encadrement (normalement 5%), bien qu’il semble déjà que les premiers bénéficiaires seront les collègues de l’encadrement intermédiaire. Ce parti pris de la hiérarchie n’a rien de surprenant mais c’est un facteur de démotivation pour les collègues les plus anciens, donc une erreur de management. Cependant, l’augmentation progressive des taux, pour atteindre 20% des fonctionnaires dans chacun des deux grades de départ concernés à partir de 2010 (25% des promouvables), devrait rapidement résoudre le problème, en particulier pour les fonctionnaires ayant moins de 55 ans. Tableau 6 : vitesses moyennes de promotion dans le futur groupe de fonction AD à partir de ex A7 et A*8 selon les véritables correspondances salariales du A*/AD11 et du ex A/LA4. 10 Agora Magazine NB : tous les traitements mensuels de référence sont exacts et correspondent au document officiel. Par contre les traitements effectivement versés et calculés dans cet article peuvent varier de quelques centimes à cause des arrondis. Les durées moyennes de permanence dans chaque grade indiquées pour la première promotion sont issues des statistiques ADMIN entre 2000 et 2004. Les autres durées moyennes employées après le 1er mai 2004 pour la première promotion des nouveau recrutés et pour la seconde des fonctionnaires en service avant cette date, sont calculées en fonction des % indiqués dans l’annexe IB du nouveau statut (exemple 25% = 4 ans). 1 Voir bulletin de rémunération 4ème ligne du tableau des données de base individuelles en haut à gauche 2 Voir bulletin de rémunération 5ème ligne du tableau des données de base individuelles en haut à gauche 3 Voir bulletin de rémunération 4ème ligne du tableau des données de base individuelles en haut à gauche 4 Voir bulletin de rémunération 5ème ligne du tableau des données de base individuelles en haut à gauche Juin 2005 - No 41 - www.unionsyndicale.org Nouveau Statut www.unionsyndicale.org - Juin 2005 - No 41 Agora Magazine 11 Nouveau Statut Reconstruire la solidarité Vassilis SKLIAS US-Luxembourg N La réforme du statut, entrée en vigueur le 1er mai 2004, a donné lieu à des aphorismes, à des critiques formulées sans rapport avec le moment historique dont cette réforme est issue. En réalité, comme toute réforme, elle n’aurait pu que porter l’empreinte de son moment historique, et ce n’est que grâce à la clairvoyance et à la persévérance de l’Union Syndicale Fédérale que notre service public européen non seulement s’en est sorti avec des pertes limitées, mais a également pu obtenir de nombreuses améliorations. otre service public européen a dû subir des adaptations relativement mineures sans pour autant renoncer à ses principes fondamentaux, qui lui confèrent un caractère de compétence, d’indépendance et de permanence. Or, une appréciation du nouveau statut replacé dans l’Europe d’aujourd’hui ne conduit pas aux mêmes conclusions qu’une énumération, plus étroite, des effets de la transition d’un statut vers un autre. Ce qui, replacé dans son environnement politique, devrait être considéré comme un succès, peut, au contraire, être mal perçu et mal supporté par quelqu’un qui subit concrètement un changement et qui a, naturellement, tendance à se comparer à ceux qui ont bénéficié d’un régime antérieur plus favorable. La phase délicate de la transition, celle où les effets négatifs sont directement perceptibles et ressentis, est celle justement où la capacité d’un syndicat de rassembler et de recréer des liens de solidarité sera mise à l’épreuve. Les forces centrifuges de notre service public européen La phase de transition alimente les forces centrifuges. Celles-ci sont multiples. La plus connue est celle des OSP qui, dans la foulée de leur opposition « héroïque » (et gratuite) contre une réforme inévitable, attisent aujourd’hui toutes les doléances imaginables pour monnayer cette opposition et confirmer leur postulat de départ que la réforme était mauvaise ; « ce qu’il fallait démontrer ». S’abstenant de négocier pendant qu’il était temps de le faire, ces OSP -et leurs satellites qui contestent le principe même de la représentation syndicale- ont rompu l’unité du personnel et globalement affaibli sa position de négociation ; en effet, pendant que les délégations nationales au sein du Conseil aiguisaient leurs couteaux pour intervenir sur le paquet de la réforme proposée par la Commission, après négociation avec l’USF, l’Alliance invitait obstinément M. Kinnock à retirer sa proposition ! Évidemment, face à un personnel aussi divisé, les États membres ont eu la tâche facile pour imposer unilatéralement des décisions non négociées avec les OSP. Maintenant, ce sont les mêmes OSP, absentes aux négociations, qui retournent tous les mécontentements –en soi naturels et compréhensibles- contre ceux qui ont assumé leurs responsabilités face au personnel en négociant la réforme. Transition et élargissement Des difficultés inhérentes à la transition d’un régime à l’autre affectent : le personnel en service (réduction des coefficients correcteurs, limitation des possibilités de transfert d’une partie des émolu12 Agora Magazine ments, perte marginale de revenus ou retardement de l’évolution des revenus, insertion de grades « vides » résultant de la nouvelle structure des carrières) ; le personnel recruté sous le nouveau statut (classement en grade plus bas que celui offert avant la réforme), sans parler de l’accumulation plus lente de droits à pension (cette dernière n’étant pas encore la première préoccupation des nouveaux recrutés). Ces clivages sont amplifiés par le fait que la réforme a coïncidé dans le temps avec l’élargissement : un lien de cause à effet a vite été établi ; or, un tel lien a effectivement existé dans l’esprit des États membres, qui, inspirés depuis longtemps par la volonté de réduire le niveau de rémunération des fonctionnaires européens, ont trouvé le bon moment pour mettre leurs intentions en œuvre : cette occasion leur a été fournie par le niveau de revenus globalement plus bas des pays en voie d’adhésion. Jusque là, il n’y a rien d’étonnant dans ce qui serait le réflexe naturel de tout employeur qui cherche à faire des économies sur son coût salarial. En revanche, la question qui devrait nous occuper est la suivante : et les employés, que font-ils de leur côté ? Resteront-ils divisés en deux groupes, pré- et post-élargissement, nouveaux et anciens États membres, nouveau et ancien statut, ou chercheront-ils à construire leur unité, pour maintenir leur capacité de se défendre à l’avenir ? Agents contractuels L’impact négatif le plus visible du changement du statut s’est manifesté par l’introduction du régime des agents contractuels. Sans ce nouveau régime, dans le contexte économique et politique actuel, les emplois qui en sont touchés auraient été carrément externalisés. Notre syndicat a -correctement- partagé le choix de les maintenir à l’intérieur de notre service public européen, et cela malgré les difficultés que cela entraîne. La privatisation, avec laquelle nous sommes obligés de cohabiter au quotidien, a déjà fait trop de ravages : nous nous trouvons trop souvent incapables d’intervenir sur les conditions d’emploi des personnes employées par des firmes privées dans les Juin 2005 - No 41 - www.unionsyndicale.org Nouveau Statut locaux même des institutions ; et pourtant, nous en subissons indirectement les conséquences. La Cour de Justice à Luxembourg a publié dans la presse locale et régionale une annonce de recherche d’agents contractuels pour des tâches manuelles et d’appui administratif (correspondant à l’ancienne catégorie D), vague quant au reste, mais affichant clairement le traitement de base offert : 1630,16 €. Plus de 1700 personnes se sont manifestées pour cet humble salaire, que certains, surtout à Luxembourg, avaient considéré dérisoire … D’ores et déjà, une énorme compétition se dessine pour un nombre limité de jobs, certes modestes, mais ouvrant la perspective d’une stabilité d’emploi. La proportion candidats / nombre prévu de lauréats est pareillement écrasante pour le concours EPSO de secrétaires C*1 de langue française. Dans ce dernier cas, le traitement proposé (pour des emplois de fonctionnaires C*1) est inférieur de 100 € par rapport à celui de l’ancien statut ; par contre, le traitement offert à un agent contractuel (groupe de fonctions I, en début de carrière) est de 700 € inférieur à celui d’un fonctionnaire D3 de l’ancien statut. Un écart salarial accru Force est de constater que l’architecture de notre service public élargi aux agents contractuels est devenue beaucoup plus complexe et plus difficile à gérer, surtout pour les syndicats : en effet, les agents contractuels font partie du personnel de leur institution et sont couverts par la même représentation, syndicale et statutaire. L’éventail des fonctions couvertes par l’ancienne grille des carrières, de 4 catégories et de deux cadres sous l’ancien statut, est maintenant couvert par deux grilles, celle des fonctionnaires / agents temporaires et celle des agents contractuels, qui se chevauchent. Si la première grille a maintenu, voire légèrement réduit, la tension de celle de l’ancien statut, qui était de 1 à 7,34, les deux nouvelles grilles combinées ont entraîné une tension de 1 à 9,94. Cette présentation cumulée de deux grilles différentes correspond à la réalité fonctionnelle, puisque le début inférieur de la gamme (début de carrière d’un huissier ou d’un chauffeur) ne se trouve plus dans la grille de fonctionnaires, mais dans celles des agents contractuels. L’insécurité accrue, liée à l’évolution du marché du travail, alimente les tendances protectionnistes, cherchant à contourner les procédures de recrutement ouvertes au marché en les remplaçant par des procédures internes. Cette insécurité, et la promesse de nouer de nouveaux liens de clientélisme, pousse une partie de la représentation du personnel à déclarer sans détours son but de « régulariser les agents temporaires ». C’est vouloir ignorer que la défense de nos revenus s’appuie sur l’argument que le recrutement au sein de notre service public se fait par voie de procédures exigeantes, sélectives et surtout ouvertes aux citoyens de l’Europe. Or, cela, parait-il, serait l’affaire des syndicats ; par contre le rôle des comités du personnel serait de défendre les intérêts du personnel en place, c’est-à-dire de pratiquer le clientélisme. précarité, il peut être jugé opportun d’organiser un concours interne offrant une chance équitable aux agents temporaires de devenir fonctionnaires. Nous considérons l’organisation d’un concours interne comme un pis-aller, pas comme un cheval de bataille. Une prolifération inconsidérée des concours internes délégitimerait les syndicats dans leur combat pour la défense du niveau de nos rémunérations. Et opposer les intérêts « généraux », défendus par les syndicats, aux intérêts « du personnel de l’institution », défendus par les comités du personnel, serait suicidaire. Notre vocation est de défendre les deux dans la cohérence et nous ne pouvons pas permettre un tel double langage. Sur fond de mondialisation, la pression exercée sur les revenus des salariés va s’intensifier et le service public européen ne saurait échapper à cette réalité. Dans ce contexte, notre syndicat, ayant négocié avec succès la réforme, doit maintenant démontrer qu’il est capable de défendre les intérêts de l’ensemble de ce service public européen élargi ; il faut notamment que ses couches les plus faibles puissent s’y reconnaître, dans l’égalité, dans la solidarité, dans la dignité, et sans céder à la tentation du clientélisme, du « chacun pour soi » et du « sauve qui peut ». Notre efficacité dépendra de notre capacité à renouer nos liens de solidarité en transcendant les clivages entre nationalités, générations, régimes d’emploi, que d’autres cherchent à mettre en exergue. Tension de la grille : le ratio entre le traitement le plus bas et le traitement le plus élevé d’une grille de salaires : sous l’ancienne grille, entre le grade D4/1 et le grade A1/6 ; sous la nouvelle grille, entre le grade AST 1/1 et le grade AD 16/3. Des concours internes ? Des concours internes s’avèrent parfois nécessaires, p.ex., dans des cas où il n’y a plus de liste de réserve, ni une perspective d’organiser un nouveau concours dans un délai raisonnable, ou bien une réticence des candidats de venir à un lieu d’affectation comme Luxembourg ; dans ces cas, pour enrayer la www.unionsyndicale.org - Juin 2005 - No 41 Agora Magazine 13 E urope Les leçons du refus Au stade actuel du spectaculaire refus du projet de traité de constitution européenne l’Union Syndicale prend ses responsabilités de plus grand syndicat du personnel communautaire, de membre de la Confédération européenne des Syndicats (CES) et P. Blanchard, Secrétaire Général US-Bruxelles C entame une réflexion afin de contribuer à dégager des solutions aptes à faire évoluer le processus d’intégration européenne. Si l’UNION s’arrête, elle ne fait pas de surplace, elle recule ! es deux résultats électoraux nous amènent à ces constats parmi tant d’autres. Depuis des décennies, les responsables politiques nationaux, relayés par les médias ont transformé « Bruxelles » en « bouc émissaire » de la plupart de leurs problèmes nationaux. Comment les gouvernements français et néerlandais pouvaient-ils espérer recevoir une réponse positive majoritaire à la question de savoir si les électeurs faisaient confiance à « Bruxelles » omniprésent dans le projet de traité? De plus, immédiatement après la sanction, la diatribe contre « Bruxelles » reprenait de plus belle au plus haut niveau, comme avant... Précisément en ce qui concerne la confiance, lors d’une consultation populaire, lorsqu’il s’agit de répondre par oui ou par non sur un sujet donné, la confiance envers celui ou ceux qui posent la question est aussi importante sinon plus que la substance de la question elle-même. Les citoyens et leurs élus dans ces deux Etats membres ont 14 Agora Magazine longuement et sérieusement débattu et analysé les orientations politiques et le fonctionnement de l’UNION, allant même au delà des textes en question. Ce débat a eu le mérite de faire comprendre le fonctionnement des institutions communautaires et a permis aux citoyens de prendre conscience de certaines réalités de l’évolution politique en cours dans l’UNION. Ils ont compris que l’UNION au lieu de se solidariser pour résister à la globalisation, tel que cela été présenté en tant qu’argument fort pour le oui, est en train de se construire et de s’élargir sur la base de deux conditions inacceptables pour la majorité des salariés: celles du « moins disant social et du moins disant fiscal ». Bien que les travailleurs de plusieurs pays membres s’accommodent de cette tendance, d’autres rejettent cette orientation politique porteuse de conflits difficilement maîtrisables à moyen terme. Tous les aspects de cet échec appellent le monde politique, les partenaires sociaux et la société civile à jouer leurs rôles et à œuvrer pour qu’un nouveau modèle européen acceptable par les citoyens se dégage de ces derniers 60 ans d’efforts communs. Juin 2005 - No 41 - www.unionsyndicale.org C our de Justice Eurojust devant la Cour de Justice La création d‘Eurojust remonte à la mise en œuvre du Traité de Maastricht, dans le cadre de laquelle un réseau judiciaire européen a été mis en place. Annoncé par le Conseil européen de Tampere en 1999, Eurojust a été créé par une décision du Conseil du 28 février 2002. Eurojust, installé à La Haye, a donc entamé sa mission en décembre 2002. Peter Kempen Secrétaire Général USF D epuis le 11 septembre 2001, il ne peut plus y avoir de doute sur la nécessité pour l’Europe de se doter d‘un organe qui s’attaque au problème de la criminalité transfrontalière. Il ne peut pas non plus y avoir de doute sur la nécessité, pour un tel organe, de satisfaire lui-même aux plus hauts critères de transparence et de légalité de ses actes. Rien ne serait pire, pour un nouvel organe au service de l’état de droit, au service de l’Europe, que de manquer de rigueur à ce sujet, surtout dans la phase dans laquelle cet organe doit gagner la confiance du public en plus de démontrer son efficacité. Etant une agence communautaire du troisième pilier, Eurojust est soumis depuis la réforme du statut négociée avec le Commissaire Kinnock aux règlements et procédures statutaires applicables dans les institutions, au même titre que toute autre agence communautaire. Les décisions concernant les agents d’Eurojust peuvent faire l’objet d’un recours devant le TPI. Les dispositions relatives aux procédures formelles et informelles à suivre en cas de dépôt d’une demande d’assistance d’un agent qui se dit victime d’un harcèlement moral de la part de son supérieur hiérarchique ne font pas exception. Les conditions de résiliation des contrats des agents (légalité des motifs, délais de préavis ...) sont également soumises au statut et au contrôle du TPI. A la suite de son licenciement début 2005, faisant lui-même suite à des demandes d’assistance contre son supérieur hiérarchique fondées sur des allégations de conduite abusive à son égard, un agent d’Eurojust a introduit sur base de l’article 90 du statut une réclamation contre les décisions d’Eurojust de ne pas faire procéder à une enquête et de le licencier. Si cette réclamation est rejetée, l’agent en question pourra la déférer devant le TPI. L’USF suit le dossier de très prêt, de même que la constitution et les travaux du comité du personnel d’Eurojust. Il est essentiel qu’il puisse être constitué et jouer son rôle dans les meilleures conditions, autant dans l’intérêt du personnel que dans l’intérêt de ce nouvel organe au service de l’Europe. www.unionsyndicale.org - Juin 2005 - No 41 Agora Magazine 15 U nion Syndicale Fédérale Visite du Bureau fédéral à Thessalonique Le nouveau statut, entré en vigueur le 1er mai 2004, s’applique à l’ensemble du personnel des institutions communautaires ainsi qu’aux agences, par le biais de l’article 1a. La procédure d’adoption de directives générales d’exécution (DGE) applicables dans les agences est clairement définie dans le statut: l’AIPN arrête les DGE après consultation du comité du Peter Kempen Secrétaire Général USF personnel de l’Agence et approbation par la Commission. Cette approche est non ambiguë, semble-t-il, mais le directeur du CEDEFOP demande encore à être convaincu. L e Directeur de l’agence, M.van Rens, estime ainsi, en ce qui concerne l’évaluation (article 43 du Statut) et la promotion (article 45 su Statut), que l’établissement de DGE n’est pas nécessaire pour le Cedefop. Les représentants USF ont déclaré, autant en assemblée du personnel que dans la réunion avec le directeur, que l’absence de telles DGE revient à une négligence des articles 43 et 45 et ouvre la voie de recours selon l’art.90 à tout agent qui s’estime lésé par le rapport de notation. La revendication d’établir des DGE conformément à la procédure prévue est donc évidemment maintenue par l’Union Syndicale. Les discussions au Cedefop ont aussi touché la situation des agents locaux et la transformation de leurs contrats en contrats d’«agents contractuels». L’article 2(3) de l’annexe du RAA sur les mesures transitoires applicables aux agents qui en relèvent prévoit en effet l’adoption d’une DGE pour les agents locaux, et l’Union Syndicale revendique, dans le cadre de cette DGE, la prise en compte de l’expérience professionnelle y compris lors du classement des agents locaux au groupe « fonction I » des agents contractuels. L’administration du Cedefop a procédé au classement des agents locaux sans la participation du Comité du personnel; le personnel concerné est contacté individuellement. La Direction du Centre n’a pas encore admis la contrainte d’adopter une DGE concernant la transformation des contrats des agents locaux en agents contractuels et a simplement imposé une date limite d’acceptation du contrat offert. L’administration du Cedefop n’a pas appliqué non plus l’article 80 du RAA qui stipule que pour classer les agents contractuels, il 16 Agora Magazine unilatéralement rompu en novembre 2002 l’accord cadre entre le Cedefop et l’Union Syndicale, signé avec son prédécesseur le 13 décembre 1998. faut établir une définition des emplois après consultation du Comité du Statut, procédure article 110. Au Cedefop, il n’existe pas non plus de Comité paritaire de reclassement. Ces revendications sont donc maintenues par l’Union Syndicale et le Comité du personnel du Cedefop. Enfin l’Union Syndicale a réitéré sa revendication de remettre en place un accord cadre au Cedefop. Il a été rappelé au directeur qu’un vrai dialogue social est aussi dans l’intérêt de l’agence et que les syndicats présents dans les institutions communautaires ont accès au bureau de l’institution en cas de conflit: bureau du Parlement, collège des Commissaires, Conseil. Il est donc tout à fait normal que l’US-CEDEFOP demande l’accès au Conseil du Cedefop qui est quadripartite (employeurs, syndicats, gouvernements, Commission). Or, l’absence d’une Instance de concertation politique est l’un de deux points de litige (l’autre étant les moyens mis à disposition du Syndicat) qui retardent la conclusion d’un accord cadre entre le Directeur et l’Union Syndicale-Cedefop. Le Directeur a suggéré de transmettre ce dossier à son successeur qui prendra ses fonctions le 1er octobre 2005. Cela fera bientôt 3 ans que le Directeur du Cedefop a Juin 2005 - No 41 - www.unionsyndicale.org O utside European Union Whistle-stop Tour II: From Russia (& Ukraine & Turkey) with love… Just as before the elections in 2002, when a successful visit was made to the then delegations in Prague, Bratislava, Budapest, Zagreb, Sarajevo and Belgrade, a small US team paid a visit ahead of the new June 2005 elections to what are now some of the largest Commission delegations: Moscow, Kiev and Ankara. Our initial ideas to go a bit farther a field this time Dimitrije Stankovic Member of the outgoing Outside the EU section of the Staff Committee and meet colleagues in Africa or Asia did not work out, to our disappointment. So Caty, Brendan and I packed their luggage again and prepared their presentations… T he trip got off to a bad start when I, on my way to the airport in Brussels, had a close encounter with the robbers at the Brussels Central Train Station, leaving me deprived of my passport, visas, plane tickets, bank cards and cash. A bit of bad luck and a moment of inattention meant a sudden nightmare… However, 12 hectic hours later, thanks to the enormous efforts of my wife, colleagues in the delegation in Belgrade, the consulates of Serbia and Montenegro and Russia, I received a new passport and a new entry visa, both on the same day and managed to catch the late night flight to Moscow to join Caty and Brendan who had arrived earlier in the day. Moscow – huge and impressive domes, and lovely paintings inside, then a small military parade organised for tourists within the walls of the fortress, followed by a walk along its walls to see the beautiful panorama of the city and the Kremlin from a near-by bridge, followed by a short walk to Red Square with the colourful Saint Basil’s Church… Everything of large proportions, huge and obviously built to impress by showing the strength of the mighty empire that collapsed in the revolution of the early 20th century. A few souvenirs, coffee in a nice restaurant in the fancy area of the town surrounded by the “nouveaux riches” and then a pleasant atmosphere in the Café Marguerite, with live music and good Russian food. This fortified us for the long walk back to the hotel. When leaving for the airport on Sunday noon to catch the plane for Kiev, we had the impression of being acquainted with the city. Kiev – green and relaxed Victoria, our colleague from the Section, met us at the airport. Her hospitality and knowledge made this an unforgettable part of the mission. The city itself is full of trees. “One tree for one citizen”, Victoria explained, was the policy for many years. There are some beautiful Orthodox churches in Kiev, including an impressive complex located on the banks of the Dnepr river. The city was still full of posters announcing the European Song Contest that had been held just the night before we arrived – no regret on our side that we missed it … The rain that started in late afternoon during our walk could not dampen our spirits, particularly not Caty’s, The rain that fell all day Friday made it an ideal day for a meeting: although the turnout was relatively small, colleagues had many questions and were interested in various issues. As candidates from another trade union were scheduled to hold a meeting with staff immediately after ours, both teams were present at the two presentations, which gave the opportunity to compare our knowledge of the issues. The lunch in the Head of Delegation’s residence that followed improved the overall atmosphere. Even more so, the free evening and the tasty dinner in a Georgian restaurant in the New Arbaty Street. Saturday, the weather was beautiful and we had a chance to see the sights of Moscow. It was lucky that one of us (yours truly) knew the Cyrilic alphabet, particularly useful in the not so userfriendly Moscow metro. First, impressive Kremlin with a set of beautiful Orthodox churches, all with golden onion-shaped 18 Agora Magazine Juin 2005 - No 41 - www.unionsyndicale.org In front of the Delegation Outside European Union who seems to have a knack for collecting umbrellas wherever she goes to add to her collection. We had a delicious Ukrainian dinner on a river boat which added to our good spirits. On Monday, we visited the delegation, located in two buildings not far away the one from the other, and had an excellent meeting with all staff followed by individual meetings. Just for a change, dinner was in an Indian restaurant, followed by an evening walk in the main pedestrian street that ends in the big main square that was recently so much on TV during the “orange revolution”, and finishing with coffee in a small street full of cafés. Ankara – busy and friendly in a residential area of town overlooking the city. The turnout was excellent and we were impressed by how knowledgeable colleagues were. We regretted having to rush to the airport after three hours of fruitful discussion. Our Whistle-stop Tour II only confirmed what we knew already: each delegation is a microcosm, a world in itself which has its own life, and though some problems concern all staff in all delegations there are also some specificities that cannot be understood except in talking to people on the spot. Again, we learned a lot by meeting our colleagues and discussing the issues with them; an experience that cannot be replaced by anything else in the staff representation work. The last leg of our trip started with a very early flight on Tuesday morning from Kiev to the Turkish capital, via Istanbul. It too was eventful, as I had to obtain a new plane ticket in Istanbul Airport to replace the stolen one in less than half an hour, rushing from one terminal to another. The airport in Ankara is small but quite far from the city itself. More than half an hour’s drive in the hills, little villages, and then suddenly and a little bit unexpectedly, a big city, vibrant and noisy. The late afternoon was used to visit the old part of Ankara with its typical Oriental houses and shops. The view from the citadel dominating the city was impressive: a sea of the roofs everywhere, a good opportunity to take more photos. On the way back to the hotel we couldn’t help but to stop for a box of sweet delights and baklava for our families at home. Our meeting with the staff of the delegation was on Wednesday morning. The delegation is located in an impressive building www.unionsyndicale.org - Juin 2005 - No 41 Agora Magazine 19 C ulture Soirée littéraire à la maison de l’Union Syndicale Après les peintres et les photographes, l’Union Syndicale a organisé une première soirée littéraire le 15 mars 2005. Notre collègue Gabriella Nicolini Sassoli nous a charmés par la lecture de ses derniers poèmes. Elle a également présenté “Oasis X”, l’anthologie de poésie et de prose des auteurs du Cercle littéraire des Communautés européennes. Julie Cailliez, licenciée en sciences sociales ULB, a présenté son livre “Schuman – City”. Cet ouvrage dépeint la ville de Bruxelles telle qu’elle est vécue par les fonctionnaires européens de nationalité britannique. Sa présentation a donné lieu à un échange de vue particulièrement intéressant sur l’intégration des fonctionnaires dans leur pays d’accueil. Chantal Evens 20 Agora Magazine Juin 2005 - No 41 - www.unionsyndicale.org Demande d’information/adhésion/membership/information: à renvoyer à / to be returned to : Commission: G. Sergio-J-79 08/225 - Conseil/Council: Sec. US-00.LM.09 CESE/EESC : A. Hick - BEL 3208 - CdR/COR : G. Rucci - MON 122 PE/EP : N.Loukakis - MON 03S020 - Eurocontrol: G.Tsolos Nom/Name: Institution: Adresse adm/Office ad: (ou/or: www.unionsyndicale.org) www.unionsyndicale.org - Juin 2005 - No 41 Agora Magazine 21 Le bon réflexe de navigation... www.unionsyndicale.org C ulture Une très belle exposition à la Maison de l’U.S. Lors du vernissage du jeudi 16 juin, nous avons eu le plaisir de découvrir les peintures, huiles, aquarelles et pastels de notre collègue, Françoise Jean. Son exposition, sur le thème de “la mer”, a donné à tous un avant-goût des vacances et a remporté un grand succès. En même temps nous avons accueilli une jeune artiste italienne, Antonella Corrias. Antonella est depuis toujours fascinée par l’œuvre de Magritte. Ses peintures viennent d’un monde intérieur, à mi-chemin entre rêve et réalité. Elle utilise l’acrylique pour une recherche constante de matériaux et de couleurs. Chantal EVENS www.unionsyndicale.org - Juin 2005 - No 41 Agora Magazine 23 Editorial suite de la page 3 English version on www.unionsyndicale.org Le refus Depuis le fameux refus de cette fin mai 2005, plusieurs responsables politiques parmi les plus importants lancent des « idées » visant à ne pas laisser l’UNION se paralyser. Parmi eux on retrouve nos habituels pourfendeurs des Services publics qui tenteront une fois de plus de confier toutes ces affaires « sérieuses » et budgétairement sonnantes à d’autres que nous… Le nerf de la « guerre » étant budgétaire, il y a de fortes probabilités que les premières conséquences compromettent bon nombre de politiques de l’UNION ainsi que les prochains élargissements, voire réduisent encore plus les crédits de fonctionnement des institutions. Dans ce climat européen délétère et incertain dominé par l’improvisation, avec ou sans « plan B » le nouveau statut, heureusement négocié par deux syndicats responsables et lucides puis adopté en mai 2004 par le Conseil des Ministres, bien avant cet échec historique 24 Agora Magazine programmé, constituera pour au moins 10 ans, si l’unité se crée pour le défendre, un point de repère et d’ancrage assez solide pour résister aux pressions et aux « initiatives » plus ou moins heureuses de sortie de crise. Je suis certain que dans cette nouvelle situation politique très grave, le personnel dans son immense majorité reconnaîtra à l’Union Syndicale et à la CONF-SFE, la perspicacité et le « flair » politique d’avoir négocié à temps et d’avoir obtenu le meilleur résultat possible pour le personnel. S i c e r t a i n s d ’e n t r e vo u s n e s o n t p a s e n c o r e convaincus, qu’ils imaginent seulement un instant que nous soyons contraints de négocier la réforme statutaire maintenant… ! Et pourtant c’est ce que nos concurrents syndicaux préconisaient lorsqu’ils ont décidé en 2002 de ne pas négocier ! Juin 2005 - No 41 - www.unionsyndicale.org