Cadet, Lucile, IUFM Nord Pas de Calais, EA 1764 THEODILE

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Cadet, Lucile, IUFM Nord Pas de Calais, EA 1764 THEODILE
Symposium S-10.4 au 21e colloque de l'ADMEE-Europe, p. 1
Symposium S-10.4
au 21e colloque de l’Admee-Europe « Evaluation et développement professionnel »
Louvain-la-Neuve, Université catholique de Louvain, 21-23 janvier 2009
(Le contenu de ce texte est publié sous la seule responsabilité de l’auteur)
REFLEXIVITE ET DEVELOPPEMENT PROFESSIONNEL DANS LE DISPOSITIF
DE FORMATION ET LES PROCEDURES DE VALIDATION DES PROFESSEURSSTAGIAIRES DES ECOLES ET DES COLLEGES-LYCEES
Cadet, Lucile, IUFM Nord Pas de Calais, EA 1764 THEODILE.
Depuis leur création, les IUFM tentent de lier formation disciplinaire et expérience
professionnelle pour favoriser le développement professionnel de leurs stagiaires.
Durant de nombreuses années, la formation professionnelle et professionnalisante des
professeurs des écoles, des professeurs des collèges-lycées et des professeurs des lycées
professionnels (PE, PLC et PLP) s’est donc développée dans le cadre de stages en
responsabilité en établissements, au cours de séances d’analyses dites réflexives en
groupe et à travers l’élaboration d’un mémoire de fin d’études. L’arrêté du 19 décembre
2006, ainsi que le nouveau cahier des charges de la formation des enseignants paru au
JO du 28 décembre 2006, ont introduit un changement important dans le processus de
formation initiale des enseignants du primaire et du secondaire ainsi que dans les
modalités d’évaluation et de certification des professeurs stagiaires. Cette modification
a conduit les IUFM à inscrire la formation des enseignants dans la logique des
« compétences ». Ainsi, depuis la rentrée universitaire 2007-2008, l’IUFM Nord – Pasde-Calais a fait le choix de centrer la formation personnelle et professionnelle des
professeurs stagiaires sur l’écriture d’un portfolio et la constitution d’un dossier de
compétences (dit aussi « dossier de validation »). Ce dossier, comportant non seulement
le portfolio mais aussi divers documents officiels (comme par exemple les rapports de
visites), est à présenter en soutenance en fin de formation. L’ensemble des pièces
réunies dans le dossier doit permettre de valider au moins à un niveau « satisfaisant » les
10 compétences définies dans le Bulletin Officiel de l’Education nationale n°1 du 4
janvier 2007, à savoir :
Compétence 1 : Agir en fonctionnaire de l’État et de façon éthique et responsable ;
Compétence 2 : Maîtriser la langue française pour enseigner et communiquer ;
Compétence 3 : Maîtriser les disciplines et avoir une bonne culture générale ;
Compétence 4 : Concevoir et mettre en œuvre son enseignement ;
Compétence 5 : Organiser le travail de la classe ;
Compétence 6 : Prendre en compte la diversité des élèves ;
Compétence 7 : Évaluer les élèves ;
Compétence 8 : Maîtriser les technologies de l’information et de la communication
P. 17 ;
Compétence 9 : Travailler en équipe et coopérer avec les parents et les partenaires
de l’école ;
Compétence 10 : Se former et innover.
Symposium S-10.4 au 21e colloque de l'ADMEE-Europe, p. 2
C’est à l’ensemble du dispositif qui donne lieu à la constitution du dossier de
validation que nous nous proposons de consacrer notre étude. Plus particulièrement,
notre analyse s’intéressera aux éléments constitutifs de ce dossier que représentent le
portfolio et le « document de synthèse », c’est-à-dire le texte introducteur du dossier.
Défini comme un instrument personnel de formation et de réflexion, chaque portfolio
doit présenter une série de « réalisations » menées au cours de l’année sur les lieux de
stage et susceptibles de constituer des preuves de la construction des 10 compétences
professionnelles définies par le référentiel. Loin de se résumer à de simples descriptions
ou à la présentation de fiches pédagogiques de préparation, chacune des réalisations
proposées doit témoigner d’une analyse réflexive approfondie, s’appuyer sur des
observations de classe, des lectures et témoigner d’une prise de recul face à l’expérience
immédiate. Pour mener cette tâche à bien, chaque professeur stagiaire est aidé au cours
de l’année par un superviseur censé le guider dans ses choix et dans sa réflexion. Le
superviseur n’a cependant pas vocation à valider les éléments du dossier. En effet,
chaque réalisation constitutive du portfolio doit être évaluée par un spécialiste de la
discipline représentée (maths, français, histoire, géographie…) et l’ensemble des
éléments du dossier est de nouveau évalué selon les mêmes compétences lors d’une
soutenance individuelle en présence de trois formateurs. Ainsi présenté, le dispositif
semble clairement cadré. Cependant, il se révèle aussi extrêmement complexe, rigide et
l’ensemble des acteurs participant à son élaboration et à son évaluation a bien des
difficultés à s’approprier un objet pour lequel on ne trouve pas de modèle et comprendre
clairement ce que recouvrent les 10 compétences à atteindre fixées par le référentiel.
Comment aider les stagiaires à construire une posture réflexive qui puisse lier
l’expérience personnelle et la nécessité de construire et de faire la preuve de
l’acquisition des 10 compétences du référentiel ? Quelle est l’influence des critères
d’évaluation et des objectifs fixés sur les « réalisations » présentées et sur la rédaction
du document de synthèse ? Laissent-ils, paradoxalement, une véritable place à la
réflexivité ? Et comment cette notion de réflexivité est-elle comprise par les différents
acteurs du processus de formation ? C’est à ces questions que nous tenterons de
répondre à partir de l’analyse d’un corpus exploratoire constitué de dossiers de
validation réalisés par des professeurs des écoles et des professeurs de collèges-lycées
stagiaires.