Hôpital Bichat: La DJIN comme postulat de base

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Hôpital Bichat: La DJIN comme postulat de base
Hôpital Bichat
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La DJIN comme
postulat de base
Bichat-Claude Bernard est un des établissements atypiques de
l’AP-HP : il est un des rares à avoir mis en place la DJIN 1 à
l’échelle de tout l’hôpital. Une décision qui remonte à environ
trente ans.
A
u sein de l’AP-HP 2, les hôpitaux qui utilisent la
DJIN de façon généralisée se comptent sur les
doigts d’une main. Alors pourquoi Bichat ? La
réponse est simple : l’hôpital a été conçu ainsi,
avec la DJIN comme postulat de base. Dès le départ, il a
été décidé que chaque étage de la tour de l’hôpital posséderait une antenne de pharmacie, desservant les quatre unités de soins situées à chaque niveau. Comme le souligne le
Pr. Philippe Arnaud, par ailleurs président du SNPHPU 3,
« nous avons des pharmacies déportées au plus près des
services cliniques », afin que l’équipe pharmaceutique soit
proche des équipes médicales et soignantes. La dispensation
des médicaments sous forme de prescription nominative
nécessite un circuit particulier. Au départ, les commandes
sont effectuées tous les jours, par chaque antenne, auprès
de l’AGEPS 4. Comme l’explique Franck Huet, pharmacien
et chef de service de la plate-forme logistique de l’AGEPS,
les livraisons, quotidiennes (Bichat n’a donc que peu de
stock), arrivent à la pharmacie de l’hôpital, étiquetées antenne par antenne. Les médicaments arrivent dans leurs
boîtes, qui sont ouvertes sur place : environ un million
de doses sont reconditionnées chaque année par des préparateurs et pharmaciens ; si une machine « déblistérise »,
son alimentation et le reconditionnement des produits
restent en revanche très manuels. Une tâche qui requiert
des hommes, du temps et des procédures drastiques d’assurance qualité, afin d’éviter toute erreur d’étiquetage. Une
fois reconditionnés, les médicaments sont redistribués par
la pharmacie, dans les antennes. Celles-ci sont organisées
avec des petits bacs, contenant un ou deux médicaments
chacun au maximum. Chaque patient bénéficie d’une dispensation quotidienne, après analyse de l’ordonnance par
des pharmaciens. Dans un souci d’optimisation des coûts
et des risques éventuels, certaines molécules (notamment
les plus coûteuses, « distillées » sous contrôle pharmaceutique renforcé) sont stockées à la pharmacie et délivrées au
service, à chaque prescription.
« LA DJIN EST PLUS SIMPLE À
METTRE EN ŒUVRE DANS UN
SYSTÈME MONOBLOC, COMME
BICHAT, QUE DANS UN SYSTÈME
PAVILLONNAIRE », SOULIGNE
PHILIPPE ARNAUD (SNPHPU).
La DJIN sécurise le circuit
Pour renforcer la sécurité, l’AGEPS privilégie les conditionnements unitaires dans ses appels d’offres. Mais l’offre
n’est pas toujours au rendez-vous. Et puis la DJIN va plus
loin : elle permet en effet de préparer les médicaments au
vu d’une prescription individualisée, validée par les pharmaciens à la pharmacie, pour chaque patient, pendant une
période donnée. La DJIN peut-elle se développer dans tous
les hôpitaux ? Philippe Arnaud se plaît à rappeler que dès
le 2 mai 1988, l’hôpital Robert Debré AP-HP était 100 %
informatisé, 100 % en DJIN… Rien d’impossible ou de
révolutionnaire donc. Pourtant, la DJIN est loin d’être généralisée. Il est vrai que, derrière, apparaissent des choix
de service et une organisation pas toujours facile à mettre
en place, du fait d’un manque de moyens ou de problèmes d’organisation : la DJIN est ainsi plus simple à mettre
en œuvre dans un système monobloc, comme Bichat, que
dans un système pavillonnaire. La volonté de lutter contre
la iatrogénèse médicamenteuse et l’évolution des technologies (les robots de 2ème génération peuvent découper les
blisters et les sur-conditionner) permettront peut-être de
développer une pratique plébiscitée par ses utilisateurs et
qui a su démontrer une sécurisation du circuit des produits
de santé. ■
Valérie Moulle
(1) Dispensation journalière individuelle nominative – DJIN.
(2) Assistance publique - Hôpitaux de Paris – AP-HP.
(3) Philippe Arnaud est pharmacien hospitalier et responsable
de la pharmacie à l’hôpital Bichat-Claude Bernard (AP-HP). Il est
aussi président du Syndicat national des pharmaciens praticiens
hospitaliers et praticiens hospitaliers universitaires (SNPHPU).
(4) Agence générale des équipements et produits de santé –
AGEPS.
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AVRIL 2009 - PHARMACEUTIQUES