Tarbes: Pionnier de la DJIN
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Tarbes: Pionnier de la DJIN
Dossier Hôpital Pionnier de la DJIN DR Tarbes La dispensation journalière individuelle nominative (DJIN) est en place au centre hospitalier de Bigorre, à Tarbes (Hautes-Pyrénées), premier « hôpital Fontenoy » construit sur le modèle d’un hôpital de Boston et entièrement informatisé. «L e concept d’hôpital tout informatique était révolutionnaire à l’époque », se souvient Pierre Salat, alors interne en pharmacie et aujourd’hui pharmacien-chef de cet établissement qui compte près de 1 100 lits, dont une petite moitié en MCO et l’autre en gériatrie et en soins de suite et réadaptation. Dans ce cadre, la pharmacie a instauré dès le départ une distribution journalière individuelle nominative informatisée. Les ordonnances manuscrites étaient saisies dans le logiciel pharmaceutique avant de procéder à l’analyse et la validation. Les doses journalières étaient ensuite placées dans des tiroirs individuels du chariot de distribution, puis administrées par les infirmières dans les unités de soins. La charge de travail de la pharmacie augmente soudain, puisque les doses individuelles étaient auparavant préparées par les infirmières. Le ministère de la Santé promet plus de 20 préparateurs en pharmacie au CH de Bigorre, qu’il n’obtiendra jamais, faute de crédits. Mais le personnel de la pharmacie augmente tout de même avec un pool de 15 à 20 préparateurs. Aujourd’hui, l’équipe pharmaceutique se compose de 4 pharmaciens et 18 préparateurs. « Plusieurs laboratoires proposent désormais des doses unitaires pour leurs médicaments hospitaliers, note Pierre Salat. En principe, tous devraient le faire à partir de 2010 pour obtenir l’agrément auprès des collectivités. Nos syndicats pharmaceutiques se sont battus pour cela car la préparation des doses unitaires est un énorme travail qui constitue un frein à la dispensation nominative. » 500 à 600 ordonnances par jour Logiciels peu performants, bases de données plutôt pauvres, les quatre premiers hôpitaux Fontenoy (Tarbes, Boulognesur-Mer, Rennes et Quimper) fonctionnent avec ces outils, mais la rigueur budgétaire du début des années 80 va donner un coup d’arrêt à l’expérimentation. Les quatre établis- 44 PHARMACEUTIQUES - AVRIL 2009 A TARBES, OÙ TOUT EST INFORMATISÉ, LE MÉDECIN PRESCRIT, LE PHARMACIEN DISPENSE ET L’INFIRMIÈRE ADMINISTRE. sements se regroupent alors en association pour assurer la maintenance et le développement de leur outil informatique. L’association deviendra le Syndicat inter-hospitalier de Bretagne (SIP) et le logiciel initial évolue vers la forme qu’on lui connaît aujourd’hui sous le nom de Genois ou Phedra, en usage dans de nombreux hôpitaux. A Tarbes, l’évolution a consisté à transformer la saisie des ordonnances papiers en une saisie directe par le médecin au lit du malade, sur un ordinateur portable équipé WiFi. Cette étape est franchie depuis quatre ans et concerne pour l’instant tous les lits en médecine. Les prescriptions parviennent à la pharmacie, le logiciel signale d’éventuelles anomalies, et le pharmacien rédige des commentaires que le médecin reçoit sur son ordinateur. En cas d’anomalie importante, un coup de fil s’impose. 500 à 600 ordonnances sont ainsi traitées chaque jour. La préparation des doses s’effectue ensuite manuellement, avec tout de même l’aide d’une machine à « déblistériser » les médicaments qui sont donc « déconditionnés puis reconditionnés en doses unitaires, avec un blister en pvc transparent moulé autour du comprimé ou de la gélule, avant d’être recouvertes d’aluminium et étiquetées avec les informations permettant la traçabilité », précise Pierre Salat. « Un automate n’est pas indiqué car il ne peut pas tout faire, poursuit-il. La machine capable de gérer toutes les formes et présentations n’existe pas à ma connaissance. » Les infirmières disposent d’un accès profilé au logiciel et tiennent à jour le tableau d’administration des médicaments. « Le médecin prescrit, le pharmacien dispense et l’infirmière administre, conclut Pierre Salat. Le tout est informatisé et traçable. » n Jocelin Morisson