Textauszug - Flaubert - Madame Bovary

Transcription

Textauszug - Flaubert - Madame Bovary
Le présent extrait, tiré du roman Madame Bovary de Gustave Flaubert, est consacré à la présentation de
l’attitude de l’héroïne à l’égard de sa situation en tant que femme d’un médecin de campagne. L’intérêt
du texte tient essentiellement à une double problématique, à savoir la monotonie de la vie en province et
le désespoir existentiel de la protagoniste qui en résulte. Notre examen du texte portera d’abord sur les
procédés littéraires qui traduisent l’idée centrale de l’ennui, notamment le champ lexical correspondant,
le style et la prosodie, l’emploi des temps verbaux et les métaphores. Ensuite nous analyserons la
présentation psychologique qui permet de comprendre la menace existentielle que constitue cette vie
pour l’héroïne.
A. MONOTONIE DE LA VIE EN PROVINCE
1. Expression ‹ directe › de la monotonie au niveau du lexique
1.1 Fréquence des indications de temps : importance de la progression temporelle
(chaque matin, journée [7], coucher du soleil, lendemain [9], printemps [10], commencement de
juillet [12], semaines, mois d’octobre [13], septembre [15], journées [17], le dimanche [33])
1.2 Opposition entre l’espoir d’un événement et l’uniformité des journées
– mot-charnière: mais (7, 15, 21)
– attendait un événement (1), l’espérait pour la journée … s’étonnait qu’il ne vînt pas (7/8),
désirait être au lendemain (9), compta sur ses doigts (12), semaines lui restaient (13), s’écoula
sans lettres ni visites (15), autres existences … la chance d’un événement (19/20)
– l’ennui, vide (16), série des mêmes journées (17), à la file (18), pareilles, innombrables, n’apportant rien (19/20), rien n’arrivait (22), elle restait (32), hébétement, un à un (34), à temps
égaux (37/38), monotone (38)
– clôture de l’extrait, conclusion qui fait écho au début en guise de réponse négative: (a) « attendait un événement » (1) vs. « sonnerie monotone » (38), (b) « le vent qui le [sc. le hasard
susceptible de la sauver] pousserait » vs. « le vent soufflait … de traînées de poussière » (36s.)
2. Rythme syntaxique et prosodie : Égalité des groupes rythmiques, rythme ternaire (7–9, 34–40)
3. Aspect verbal: Opposition Passé simple – Imparfait
3.1 Imparfait : aspect statique ou de répétition (lignes 1 à 9)
3.2 Passé simple : aspect perfectif, suite d’actions (lignes 10 à 17)
Naissance de l’espoir à l’approche de l’automne, frustration et retour au statisme (« recommença », 17)
3.3 Imparfait : répétition et absence d’action (18–39), décomposition de l’action romanesque espérée
en motifs isolés (33 et suiv.)
4. Métaphores
4.1 Métaphore du corridor noir (22/23)
base de la métaphore : corridor = couloir, progression (spatiale > temporelle)
aspects de la comparaison : noir > impossibilité de voir de progrès, porte fermée > impossibilité
d’agir, de choisir son chemin, absurdité du corridor sans issue
4.2 Métaphore navale (1–6)
base de la métaphore : voyage (à travers l’espace > voyage temporel-existentiel qu’est la vie)
aspects de la comparaison : (1) mer calme > monotonie absolue, (2) vent > rôle du hasard, impossibilité de prévoir l’avenir, (3) en détresse > passivité, impossibilité d’initiative, dépendance
d’un événement extérieur
B. PSYCHOLOGIE ET DÉSESPOIR EXISTENTIEL
5. Passivité et manque d’autonomie de la protagoniste (reprendre A 4.2, transition)
5.1 Rêverie, scène d’extase imaginaire : concert de piano (25–28)
– Espérance extrêmement concrète, scène préconçue en détail, impossible à réaliser
– Héroïne dépendante de la reconnaissance d’autrui, toute activité artistique soumise à cette fin
5.2 Focalisation interne à distance narrative réduite : discours indirect libre (18 et suiv.)