1 N`GOLA N° 5 EDITORIAL S`ASSOCIER ! POUR QUOI FAIRE

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1 N`GOLA N° 5 EDITORIAL S`ASSOCIER ! POUR QUOI FAIRE
N’GOLA N° 5
EDITORIAL
S'ASSOCIER ! POUR QUOI FAIRE ?
Quand on jette un regard autour de nous, il ressort un double sentiment; celui d'appartenir à
une entité bien définie d'une part, et celui de combler un besoin de communication afin
d'éviter l'isolement d'autre part.
Si ce regard se tourne vers les horizons lointains, vers notre pays l'Angola, nous nous rendons
compte de l'ampleur de l'action à entreprendre pour venir en aide à nos frères et soeurs
démunis, déshérités, victimes d'une longue et tragique guerre. Tout le monde sait que vingt
ans d'indépendance de notre pays n'ont pas permis de donner au peuple angolais la paix, la
prospérité et la justice auxquelles tout peuple a droit.
Dans ce monde en perpétuel mouvement, toute action individualiste est souvent marginalisée.
Elle se caractérise d'ailleurs par la naissance des comportements égoïstes; parfois irréfléchis
voire irresponsables. C'est pourquoi, mettre en commun nos énergies et nos aspirations, c'est
donner un caractère multidimensionnel à notre action. La création, à cet effet, d'une structure
ou des structures adéquates est la condition primordiale de l'efficacité dans tout ce que nous
pouvons entreprendre ensemble.
A ce sujet, nul ne peut méconnaître que le "projet focal" de la plupart d'entre nous angolais
de l'étranger est le "retour au pays". Il s'explique d'ailleurs par des "navettes" entre pays
d'accueil et pays d'origine qu'effectuent beaucoup de nos compatriotes ou par l'envoi des
biens de toute nature que font d'autres compatriotes dans le but de participer d'une manière
ou d'une autre au développement du pays. Mais combien de fois tous ces compatriotes sont
déçus parce qu'ils ont été victimes du pillage, du manque d'un cadre juridique pour la défense
de leurs intérêts, des droits de l'homme dans le pays. Bref, ils sont victimes à la fois de la
guerre et de l'incapacité du pouvoir de garantir la sécurité des biens et des hommes.
Partant de ces observations, nous pouvons déduire que l'engagement dans un groupe est un
facteur déterminant et très positif, car il implique une volonté de cheminer vers la naissance
d'une nation prospère, plus juste pour tous. Ne dit-on pas que l'union fait la force ?
Ainsi, l'Association des Angolais de Suisse est par conséquent un cadre authentique de
promotion sociale; par son aspect relationnel entre les angolais, par des rencontres, par ses
actions humanitaires en faveur de la population angolaise victime de la guerre et par tant
d'autres initiatives pour la défense des intérêts tant au niveau du pays d'origine qu'au niveau
du pays d'accueil. Par le biais de sa revue "N'Gola" ainsi que par des conférences et débats,
elle est un instrument de conscientisation, de communication et de promotion culturelle.
Enfin, l'association est également une "école de la vie" par laquelle on apprend à se
connaître, à connaître les autres, à les supporter et à se respecter mutuellement. Dans le
même contexte, elle sert à développer à tout angolais le patriotisme, l'esprit d'abnégation, de
bénévolat, le sens de l'humanisme, de responsabilité, de sacrifice et encore l'apprentissage de
la démocratie. Ces vertus que nous essayons de cultiver avec sérieux et pragmatisme guident
notre action.
Dans sa douzième année d'existence et dans la vingtième année de l'indépendance de notre
pays, l'Association des Angolais de Suisse renforce ses structures en les adaptant aux défis
futurs. L'organisation actuelle est donc appelée à évoluer dans le sens du rationnel. C'est
pourquoi, par la création des Sections, d'une part, nous intégrons la dimension
multicantonale nécessaire à l'équilibre régional et les aspirations spécifiques des adhérents.
Et, d'autre part, par l'institution des commissions spécialisées, à l'exemple du Centre d'Etudes
et de Développement pour l'Angola (CEDA) et de l'Aide pour l'Angola (APA), nous entendons
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mieux cerner les problèmes spécifiques qui se posent dans notre communauté et dans notre
pays. Ainsi, l'aspect développement est intégré dans notre projet central; de même, nous
pouvons envisager de porter une "aide humanitaire d'urgence" à notre peuple avec "àpropos".
A la question "s'associer, pour quoi faire ?", nous devons alors répondre: pour aider,
développer, communiquer, conscientiser et projeter notre avenir, celui de nos enfants et de
notre pays dans un Angola plus juste, paisible et démocratique.
L'association est donc le cadre le mieux indiqué pour regrouper les angolais tout en
respectant la liberté d'appartenir à la mouvance politique de leur choix. S'associer, c'est vivre
sa liberté dans une dynamique communautaire à responsabilités partagées, mettre en priorité
l'identité nationale et inciter les autorités politiques à instaurer une démocratie répondant à
nos valeurs. Pedro Kiangebeni.
ACTIVITES DE L'ASSOCIATION
537 SIGNATURES POUR LA PAIX EN ANGOLA
Les Angolais de Suisse réunis au sein de "l'Association des Angolais de Suisse", et en
collaboration avec l'Action Planalto Angolais, ont manifesté le 25 février dernier devant le
Palais des Nations à Genève.
A l'issue de cette manifestation à caractère pacifique et sans couleur politique, une pétition
réunissant 537 signatures des Angolais de Suisse et Amis de l'Angola a été remise au
représentant du Secrétaire Général des Nations Unies. De par leurs compétences, les Nations
Unies se sont engagées à transmettre ladite pétition aux belligérants (MPLA et UNITA) ainsi
qu'aux gouvernements impliqués dans le processus de pacification de l'Angola. L'objectif était
d'encourager les responsables politiques angolais à respecter l'accord de paix signé le 20
novembre dernier à Lusaka (Zambie), à honorer leurs engagements pour la reconstruction du
pays, d'inviter le Conseil de Sécurité à intensifier les démarches en faisant pression sur les
parties au conflit qui ravage l'Angola et à accélérer le processus afin que l'Angola retrouve
une paix durable.
Dans son mot de circonstance, M. Keto Yama Décant, Président de l'Association, a attiré
l'attention de toute la communauté angolaise répartie à travers le monde en l'invitant à réagir
dans le même sens que les Angolais de Suisse, car "le rétablissement de la paix et la
reconstruction du pays, l'Angola, dépendent surtout de l'apport de tout Angolais".Décant K.
DEUXIEME ANNIVERSAIRE DE LA JOURNEE SANGLANTE A LUANDA
L'Association des Angolais de Suisse a organisé dans toutes les grandes villes de Suisse
romande (Berne, Fribourg, Genève et Lausanne) où nos sections sont déjà fonctionnelles, des
cérémonies religieuses commémorant l'anniversaire de la journée sanglante du 22 janvier
1993 à Luanda où beaucoup de nos compatriotes Bakongo et Ovimbundu ont été massacrés.
Ces cérémonies qui ont eu lieu vers la fin du mois de janvier et au courant du mois de février
dans les villes précitées s'inscrivaient dans le cadre de la solidarité et de la compassion au
peuple angolais martyr. Cependant, à l'issue de ces cérémonies, une pétition a été adressée au
gouvernement ainsi qu'au parlement angolais, leur exigeant le rapport définitif de la
commission parlementaire sur l'enquête qui a été faite à ce sujet, tel que promis par le cabinet
de la présidence de la république dans sa lettre du 16 mars 1993. Décant K.
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ELECTIONS DANS LES SECTIONS
Le mandat de la plupart des Comités des Sections pour l'exercice 1994/1995 est arrivé à
terme. Plusieurs d'entre elles ont recouru aux élections pour pouvoir choisir les nouveaux
dirigeants. A l'exemple de la Section de Fribourg qui a connu l'arrivée de trois membres dans
leur exécutif. La Section de Genève, quant à elle, a connu une crise de candidature au niveau
de l'exécutif. Ainsi, le comité fonctionnant en système collégial est réduit provisoirement à
trois membres pour permettre aux autres de se décider. Actuellement, les dirigeants de la
Section de Genève sont: MM. Dindanda Funumvuadio, Eduardo Lubanzadio et Jean-Robert
Sala Sasumuna.
A Fribourg,, l'équipe dirigeante pour l'année 1995/1996 est composée de M. Lukalakele
Emmanuel (Président), secondé par les entrées de MM. João Mazitu, Fernando Lukau, Simão
Vambala et Patrick Luyindula (ex-Vérificateur des comptes) à l'exécutif de la région.
Messieurs Fernando Mfulutoma (Président sortant) et Nsamu Mia-Kanda (Conseiller sortant)
briguent les postes des Vérificateurs des comptes de la Section de Fribourg.
Quant à la Section de Lucerne créée au mois d'octobre dernier, elle est actuellement au niveau
de l'approbation du Règlement d'Ordre Intérieur. Une commission statutaire, composée de
MM. Mario Pedro Mateus, Levo Alvaro et Mayingi Mavuidi se charge des affaires courantes
de la Section et fixera dans un bref délai la date de l'élection des membres du Comité. Décant
K.
L'ECLOSION DU "CEDA"
Comme nous vous l'avions annoncé dans le précédent numéro, un groupe de réflexion sur
l'avenir de l'Angola a vu le jour à Genève. Une commission ad hoc, après plusieurs séances de
travail a rendu ses conclusions sur l'avant-projet de ce groupe devant une quarantaine
d'Angolais, réunis dans la salle de la "Barque" à Genève.
Après plusieurs débats d'idées, la majorité de participants ont approuvé l'appellation telle que
proposée par ladite commission: "Centre d'Etudes et de Développement de l'Angola"
(CEDA).
La commission a ensuite sollicité la collaboration des membres de l'assemblée pour
l'élaboration du document dans lequel seront tracées les grandes lignes des objectifs à
atteindre. Il a été convenu d'appeler ce document: "La charte pour la reconstruction de
l'Angola, l'unité nationale et le progrès social".
Ainsi, le CEDA étant une commission permanente de l'Association des Angolais de Suisse,
nécessite la participation de tout Angolais indépendamment de son appartenance politique,
religieuse ou associative. Décant K.
APPEL A L'UNION, A LA SOLIDARITE ET A LA PRISE DE RESPONSABILITE
Le Comité Exécutif de l'Association, en date du 11 mars 1995, a réuni autour d'un repas tous
les dirigeants de l'Association, depuis sa création jusqu'à ce jour, accompagnés de leurs
épouses, pour réfléchir ensemble de l'avenir de l'association. Cette rencontre a été marquée
par la distribution des "primes de reconnaissance" à tous ceux qui ont fourni des efforts
considérables et bénévoles pour la bonne marche de l'association.
Dans son mot de circonstance, M. Keto Yama Décant, président de l'association, a rappelé
que "l'association n'est pas et ne peut pas être un endroit où les débats d'idées doivent se
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transformer en règlements des comptes entre individus mais plutôt, un milieu où les idées sont
soumises à la discussion pour faire jaillir la lumière, un milieu qui doit favoriser
l'épanouissement mental de chaque membre, un milieu dans lequel nous devons tous
participer à l'édification de l'association et cela directement ou indirectement au
développement de notre pays Angola". Il a poursuivi en disant que "dans un monde
hétérogène, pluraliste, où côtoient et vivent ensemble des individus de toutes tendances
religieuses, philosophiques ou idéologiques, des individus de tous les niveaux d'instruction,
nous ne pouvons pas créer des ghettos catégoriels. C'est pourquoi la confrontation des
opinions entre nous est une source de tolérance, de compréhension et de l'apprentissage à la
vraie démocratie".
Ensuite, il a souhaité que tous les anciens dirigeants et les membres se rassemblent au sein de
l'association afin de s'unir et de créer des synergies. "Un membre qui quitte l'un des organes
d'une association doit rester membre à part entière de cette association", a-t-il précisé.
Enfin, il a beaucoup insisté sur le rôle combien important que tous les membres ont à jouer:
celui de sortir nos compatriotes d'une attitude passive, d'abandon, de démission qui consiste
simplement à dire à tort ou à raison, que là où il y a des noirs, rien ne peut marcher. Et, celui
de les sortir également d'une attitude de résignation, de fuite de responsabilité vis-à-vis de
notre pays. Car beaucoup d'entre nous ont l'habitude de dire que "de toutes les façons, ce n'est
pas moi, ni vous, qui allons sortir ce pays, l'Angola, de tous les maux dont il souffre." Est-ce
qui alors ?, s'est interrogé Monsieur le président. A méditer !
La Rédaction.
SAVIEZ-VOUS QUE...
Monsieur Kiala Kialuma Djuma de Thörishaus a été hospitalisé pendant 3 mois à l'Hôpital de
l'île de Berne suite à un accident de circulation routière survenue le 28 novembre 1994. Sorti
de l'Hôpital le 22 février 1995, il est interné actuellement dans un centre psychopathologique
à Berne pour y suivre une thérapie.
Mademoiselle Veronica Kuba, 12 ans, fille de Mado et Antonio Kuba de Mendrisio (Tessin),
participe à la redaction du bulletin trimestriel de son école intitulé "TUTTO SU...". Dans le
dernier numéro, sorti avant les fêtes de Noël et de nouvel an, elle a interviewé sa maman sur
la géographie de notre pays l'Angola.
La commission de rédaction encourage cette gamine de persévérer dans ce domaine et
demande à tous les enfants qui veulent diffuser leurs articles de les envoyer à l'adresse de
l'Association.
Mademoiselle Elisabeth Esteves Malonga, 9 ans, fille de Maria et Esteves Ntimunsende, est
sortie deux fois championne (1994 et 1995) de la Jura-Bernoise en Gymnastique Artistique et
une fois en quatrième place dans la même discipline au niveau du canton de Berne.
HOMMAGE A CEUX QUI NOUS QUITTENT...
Il y a dix ans exactement disparaissait une figure marquante de notre communauté. C'est
Emmanuel Fuki. Il est l'un des pères fondateurs de notre association. A ce titre, nous lui
rendons un hommage particulier pour son action dans la volonté d'unir les angolais de suisse.
En nous quittant inopinément en 1985, il laissa un grand vide. Vide que nous essayons de
combler en s'inspirant pleinement de sa pensée, de ses idéaux et de son amour patriotique,
fondement de notre appartenance à ce groupe appelé ASSOCIATION. Pour bon nombre
d'entre nous, Fuki fut à la fois un père, un frère et un ami. Grâce à ses qualités morales et
intellectuelles remarquables, il était apprécié et admiré de tous. La dynamique de son action
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était guidée par des vertus "bantou" que sont: la générosité, la fraternité, la solidarité,
l'hospitalité et la sagesse. C'est ainsi qu'il a accueilli, encadré et guidé sans réserve beaucoup
de jeunes angolais qui arrivaient pour la première fois en Europe. Dix ans après, nous disons
merci M. Emmanuel Fuki. Toute notre profonde gratitude pour ta simplicité et ton amour
envers les autres. Que ton âme et ton esprit reposant paisiblement dans la cité divine continue
à guider notre action. A jamais.
Pedro Kiangebeni.
ACTIVITES INTERASSOCIATIONS
APPEL DE FRIBOURG en faveur de l'unité d'action des associations africaines de
Suisse et de la reconstruction de l'Afrique
En cette période d'incertitudes, de grave crise économique et morale, et de troubles
généralisés sur le continent africain,
Face à la marginalisation quotidienne des communautés africaines en Europe et en Suisse en
particulier,
Et devant la multiplicité croissante en Suisse de structures associatives regroupant Africains et
Africaines (avec, souvent, des Suisses), mais travaillant en ordre dispersée,
Nous, Associations africaines de Suisse, réunies dans le cadre d'assises générales, en pleine
communion avec nos frères et soeurs de la diaspora et sur le continent,
Appelons les communautés africaines en Suisse à jeter les bases de leur unité d'action, afin
d'oeuvrer efficacement:
- pour le renforcement de l'espace africain en Suisse en particulier et en Europe en général;
- pour la promotion de la fraternité, de l'amitié et de la solidarité au sein de la grande famille
des Africains résidant en Suisse;
- pour le réarmement moral des Africains face au devenir du continent et à ses défis;
- pour la dignité, le rayonnement et le renom de l'Afrique.
Recommandons aux communautés africaines en Suisse:
- l'élimination des préjugés raciaux, sociaux, économiques et culturels, aussi bien que celle de
la peur, de la méfiance et de la haine entre Africains, afin de faciliter les échanges et les
rencontres entre les communautés africaines de Suisse;
- le renforcement d'un dialogue utile entre les communautés africaines de Suisse - et entre
celles-ci et les communautés suisses et étrangères -, afin de réaliser de manière effective unité
de la Maison commune africaine en Suisse, dans leur diversité et leur variété;
- la promotion de ce dialogue dans un esprit constructif autant que de tolérance, de respect
mutuel, d'égalité, et de solidarité agissante, afin de mieux participer aux côtés des forces vives
de l'Afrique - et à partir de la Suisse - à la reconstruction et au renouveau de notre continent
dans la paix et la justice;
- la mise en place, dès que possible, d'une ou de structures permanentes échanges, de
rencontres et de collaboration à même de favoriser la coordination de nos activités, le
développement des synergies, ainsi qu'un travail plus efficace dans le sens de ce renouveau et
de cette reconstruction;
- la promotion et la réalisation d'initiatives communes allant également dans ce sens, autant
qu'un soutien mutuel aux initiatives similaires de l'une ou l'autre des associations africaines de
Suisse, afin de renforcer davantage notre cohésion et de garantir de meilleurs résultats et un
plus grand retentissement;
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- le soutien de et la participation à tout effort ou initiatives tendant à instaurer en Afrique de
véritables Etats de droit et des sociétés authentiquement démocratiques et dynamiques, afin de
contribuer à une refondation de l'Afrique, à son renouveau et à sa reprise en main par ses filles
et fils.
Appelons par ailleurs les gouvernements africains à plus de responsabilisation face au devenir
de nos Etats, ainsi que, également, à unité d'action, afin de sortir l'Afrique de la profonde crise
économique, politique et morale dans laquelle elle semble s'enfoncer.
Recommandons aux gouvernements africains:
- de renoncer à la répression militaro-policière, à l'usage de toutes formes de torture, à la
création des divisions et des conflits sur des bases ethniques et/ou religieuses, aux
affrontements entre Etats voisins, afin de favoriser l'instauration d'Etats de droit et à
l'avènement de la paix à l'intérieur et à l'extérieur des Etats africains;
- d'abandonner les politiques de développement dictés souvent par l'extérieur et conçues sans
la participation des populations africaines, afin de permettre la reconstruction de l'Afrique par
l'ensemble des filles et fils;
- d'oeuvrer pour une véritable promotion de la coopération interafricaine, moyen privilégié de
l'intégration résolue de l'Afrique et son unité, afin de permettre à l'Afrique de nos pères de
corriger son destin et d'affirmer sa place dans le concert des peuples et des nations, dans
l'honneur et la dignité retrouvés.
Appelons enfin la communauté internationale et la Suisse en particulier à ne pas entraver et à
soutenir plutôt les efforts des Africains, à l'intérieur comme à l'extérieur du continent, en
faveur du renouveau et de la reconstruction de leurs pays, afin de multiplier les chances de
voir l'Afrique s'affirmer comme un partenaire à part entière.
Recommandons à la communauté internationale et à la Suisse en particulier:
- de créer pour les communautés étrangères, notamment africaines, établies sur leur sol un
climat plus accueillant, de tolérance, afin de ne pas laisser le racisme et la xénophobie
rampants mettre en danger la cohabitation paisible dans le village planétaire ainsi que les liens
qui unissent naturellement le genre humain;
- de soutenir les démocraties (re)naissantes ainsi que les actions des communautés de base
cherchant à s'en sortir d'elles-mêmes, afin de favoriser les conditions de progrès et d'un
développement durable dans nos pays et sur le continent, garantie d'une paix pour l'ensemble
de la planète.
Décidons, en ce jour, la création d'un groupe de travail en vue de la coordination de toutes les
associations africaines de Suisse.
Par le présent Appel, avec ses recommandations, nous, Associations africaines, affirmons
notre présence en Suisse, nos liens avec la mère Afrique et sa place dans le monde.
Ensemble, nous parviendrons à affirmer la personnalité africaine dans son expression, ses
espoirs et son dynamisme, à l'heure de renouveau et de la reconstruction du continent. C'est à
cela que devra servir notre unité d'action.
Concernant la pétition pour la paix en Angola
Le Cercle des Africains du Tessin (Suisse), à travers son comité exécutif, s'associe à cette
pétition pour la paix et au respect des accords de cessez-le-feu signés à Lusaka (Zambie). La
communauté africaine de Tessin est sensiblement en faveur d'une paix durable en Angola.
Avec l'espoir que cette fois-ci la paix sera définitive, veuillez recevoir, Messieurs, nos
encouragements et nos salutations fraternelles.
Le Comité Exécutif de CAT
Ndeko Kanga Afonso, Président.
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DOSSIER
CABINDA : UMA PROBLEMÁTICA DE SOCIOLOGIA POLÍTICA A LUZ DE
TRAçADOS FRONTEIRIçOS EM ÁFRICA
La situation politique créée au lendemain des premières élections générales du mois de
septembre 1992 en Angola a conduit les observateurs à se pencher sur la problématique de
l'enclave de Cabinda. M. Lukombo tente, à travers son travail, de fournir quelques éléments
de réponses aux interrogations que soulève ce problème épineux sur le plan strictement
sociologique. Une façon de contribuer au débat. Il ne s'agit pas d'une étude militante, mais
plutôt d'un travail de recherche qui s'inscrit dans un cadre général de la réalité africaine et
de la région, en particulier. Cette étude a le mérite de poser le concept des frontières dans
leur complexité. Malgré leur caractère artificiel, plusieurs Etats africains ont opté après
l'indépendance de conserver, et plus de défendre le tracé tel qu'il a été délimité par les
colonisateurs. A titre d'information, une bonne partie de cette réflexion a été publiée dans le
"Jornal de Angola" au courant de l'année passée. Nous publions l'intégralité de ce dossier
dans les colonnes de N'Gola en trois parties dont voici la première.
Introdução
A conjuntura política que o país atravessa, caracterizada pela situação de guerra reacesa, após
as primeiras eleições realizadas em Angola nos dias 29 e 30 de setembro, não deixa os
observadores avisados em debruçarem-se sobre a problemática do enclave de Cabinda na
complexidade da sua dimensão.
A priori, não se trata neste pequeno trabalho de defender uma posição que possa ser
interpretada como uma caução à causa protagonizada por uma organização política ou
partidária qualquer. A nossa preocupação fundamenta-se, a partir de bases objectivas, que
consideram a política como um facto social que não deve ser estudado duma forma isolada,
mas sim na sua totalidade e globalidade, em equilíbrio harmonioso com outros factores.
É de conhecimento geral que a pesquisa em ciências sociais e humanas no nosso país,
principalmente em sociologia política, tem pouca tradição e pouco divulgada.
Os estudos realizados neste ramo são escassos, duma forma geral, a discussão sobre o
fenómene "política" é bem alimentada com diferentes tomadas de posições pelo público.
Como formado e estudioso em ciências sociais tentamos abordar este tema tão polémico; com
esperanças de que as nossas opiniões, por mais limitadas que sejam, possam despertar
interrogações e novos questionamentos capazes de melhor enriquecer o debate em torno do
tema.
Evitaremos, por razões de limitações próprias, em entrar em pormenores de ordem políticojurídica, e mesmo históricas, apenas referenciando-nos num quadro geral da realidade africana
e da região.
1. Quadro Geral
Muitos Estados Africanos têm-se preocupado em construir no seio da herança da colonização
optando quase todos em conservar e mesmo defender as fronteiras dentro dos traçados nos
quais ascenderam à independência. Pois, o carâcter artificial destas fronteiras no que toca à
geografia humana foi frequentemente sublinhado antes e depois da independência tanto pelos
africanos como pelos observadores estrangeiros. Assim, será interessante interrogar-se a
propósito dos motivos de defesa deste princípio proclamado por muitos chefes de Estado.
1.1. As fronteiras
As fronteiras dos Estados africanos oferecem igualmente um terreno propício à uma pesquisa
acerca da imagem que os próprios africanos fazem da sua situação política sobre a maneira
como transpõem ou integram certos factores a nível de suas representações colectivas; pois se
as franteiras deram, até este momento, aos diferendos entre Estados de dimensão geralmente
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reduzido, as fronteiras têm, ao contrário, sido ameaçadas do interior em diversas
circunstâncias.
2. Conceito de fronteira
A fronteira, escreve J. Gottman (1), é uma linha de demarcação, que delimita o espaço sobre o
qual se estende uma soberania nacional. Ao longo da fronteira, duas soberanias entram em
contactos e opõem-se: duma parte há uma linha traçada antes num mapa, demarcada depois
no terreno. As autoridades nem as leis são as mesmas; é diferente, portanto, a organização das
sociedades. As características físicas permanecem indeferentes ao traçado da fronteira.
2.1. As fronteiras no tempo colonial
Depois desta definição, antes de se abordar o estudo das suas funções actuais, interrogar-se-á
sobre o seu papel no elas projectavam de si no aspecto da percepção dos problemas políticos
da época.
2.1.1. O que as fronteiras eram para o colonizador
As fronteiras definidas pelo colonizador constituiam os limites juridicamente reconhecidos
das diversas entidades políticas da época. No interior destas, as potências colonizadoras
instauraram um certo tipo de administração; exploraram os recursos naturais e estabeleceram
entre os países industrializados e os territórios administrativos de laços economicos
particulares onde a metrópole jogava um papel mais ou menos desenvolvido. Mas além deste
aspecto, é evidente que uma das funções essenciais das fronteiras estabelecidas em Africa
como noutras partes; na Asia foi de delimitar as esferas de influência respectivas das
potências colonizadoras.
Neste título, as fronteiras dos Estados africanos foram levadas ao mapa com mais ou menos
de precisão e de rapidez, enquanto que a sua demarcação no terreno foi muito mais tardia e
permanecia por muito tempo parcial. Isto resulta principalmente de que a penetração
economica e administrativa nas zonas fronteiriças afastadas da capital foi lenta. De tal
maneira que não se contesta mais hoje o facto de que estas fronteiras tinham sido impostas
arbitràriamente às populações locais pelas potências coloniais.
2.1.2. O que as fronteiras representavam para o colono
A questão de saber o que as fronteiras representavam para o colono não poderia ser abordada
sem ter em conta a situação que reinava em Africa na altura da sua chegada: nomadismo,
semi-nomadismo, agricultura itenerante, etc. Foram algumas características da maioria das
populações locais, enquanto as potências coloniais tinham tendências de ocupação e
exploração destas populações. Conflitos mais ou menos mortíferos opunham-os em muitos
sítios; de forma que, o recorte interno que o colono operava em Africa poderia ser
interpretado como factor de ordem e de estabilidade. Assim parece ter sido a imagem que ele
fez da cartografia política, que estabeleceu no continente africano e tinha imposto às
populações autóctones.
2.1.3. O que as fronteiras eram para os africanos
O exame das reações suscitadas aos africanos pela situação nova, susceptível de ser
interpretado em termos de inovação, de perturbação, de estabilização, supõe que se noção de
território e a de seus limites antes de chegada do colono. Parece que menhuma destas noções
tinham sido ignoradas pelos povos africanos, sejam eles agricultores, pastores ou caçadores,
mesmo entre as sociedades praticando o grande nomadismo; as áreas de itinerância
respectivas eram muitas vezes bem conhecidas e delimitadas; nas áreas sedentárias que
fossem políticamente organizadas na base de simples laços familiares ou camponeses.
A noção de possuir em comum uma área territorial determinada era também implantada e
independente da ocupação ou de aproveitamento sistemático do solo.
Não iremos entrar em pormenores dos estudos feitos sobre os direitos de terras nas culturas e
tradições africans. Assinala-se que parentesco e territorialidade são dois principios essenciais
sobre os quais se funda a organização política destas populações. Existe uma variedade de
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situações neste domínio; isto não significa portando que à chegada do colono todas as
fronteiras internas da Africa tivessem sido consideradas como históricas. Asim seria
excessivo de afirmar que a noção de fronteira seja considerada como uma criação da
colonização, todavia, seria oportuno complentá-la e acrescentar que os limites territoriais
eram ainda, em muitos casos, sujeitos à flutuções.
Nesta circunstância o que a colonização trouxe foi de uma parte, a delimitação geográfica de
novos Estados e por outra parte, indirectamente das antigas tribos. Os princípios de parenteco
e de territorialidade, sendo essenciais são às vezes competitivos, complementares e até
coexistentes. A colonização deste facto englobou dentro de novos Estados, populações
hetéreogeneas umas às outras, por vezes rivais.
De uma outra forma pelo contrário certas unidades políticas encontravam-se deslocadas; mas
acção do colono neste domínio não se limitava apenas a este resultado. Pelo contrário, esta
acção não teve influência na tendência de certas populações em estender-se pelas vias
pacíficas; que se tratasse de movimentos internos dentro de um Estado ou actuando-se entre
uma ou várias fronteiros entre os Estados.
Em diversas circunstâncias o colono organizava ele próprio de uma maneira sistemática as
deslocações de populações no interior de um Estado ou mesmo entre Estados vizinhos. Para
todas essas populações a movimentação permanecia ou tornava-se a regra durante todo este
período e por vezes além disso.
2.1.4 O que as fronteiras representavam para os africanos
As observações formuladas a propósito da noção de fronteira nas sociedades africanas
tradicionais deveriam permitir colocar em melhor conhecimento de causa, o problema de
reacções suscitadas pelas populações pelo facto de novas fronteiroas nascidas da colonização.
É de admitir que para um n·mero de africanos a margem de novas fronteiras não existia. As
fronteiras políticas de toda evidência tinham muito pouco significado para o trabalhador
indígena. Muitas vezes estas fronteiras não tinham para as populações qualquer materialidade.
Com efeito, salvo em algums sítios, elas não foram marcadas no terreno por algum poste ou
signal. Constata-se que as reinvindicações formuladas por certos grupos étnicos
desmantelados pelo facto da colonização e visando reconstituir a sua integridade, foram
muitas vezes uma expressão de nacionalismo a nascer. Estas fronteiras foram denunciadas
todavia na Conferência dos povos africanos reunida em Accra em Dezembro de 1958 tendo
como objecto a divisão dos povos africanos.
A abolição ou o ajustamento destas foi portanto exigida na altura; apesar desta reinvidicação,
seria um exagero pretender que o problema das fronteiras polarizava realmente a atenção dos
líderes nacionalistas africanos e que ela estivesse no centro da sua argumentação a favor da
sua emancipação.
3. As fronteiras logo após a independência
3.1. O princípio de estatu quo
O que se passou na alture em que os Estados africanos se tornaram independentes ? Claro que
hoje, se as fronteiras dentro das quais, os Estados africanos ascenderam à indenpendência
deram lugar a alguns conflitos inter-estatais; convém não descurar as tentativas dentro de um
Estado, a separação ou a secessão. Embora a intangibilidade das fronteiras herdadas da
colonização fosse erguida em princípio "sacro santo" logo em 1960, os novos governos
decidiram retomar ao seu exclusivo uso a posição das ex-potências coloniais. Este princípio
foi reafirmado como tal em diversas ocasiões pela Organização da Unidade Africana
(O.U.A.).
Este princípios foram defendidos por vários chefes de Etados africanos como Modibo Keita,
Abu Bakar Tafawa Balewa, Tshiranana, na conferência de Addis-Abeba em Maio de 1963 e
por Ahmed Sekou Touré em 27 de Julho de 1964. O respeito das fronteiras que existiam antes
da independência foi o único método de se pôr fim aos eventuais conflitos. Além destas
9
tomadas de posições, B. Boutros Ghali, actual Secretário da ONU, fez igualmente estado da
resolução adoptada no Cairo em Julho de 1964, pela primeira Conferência dos chefes de
Estados e de governos. Por outro lado, deveria-se acrescentar que é essencialmente em nome
da paz interior do continente africano que este "estatu quo" foi defendido pela maioria dos
governantes. A análise dos conflitos que surgiram a propósito desta problemática deveria
permitir a apreciação do valor destas resoluções no âmbito da realidade africana e do caso de
Cabinda.
3.2. Surgimento dos conflitos
Apesar destas afirmações de princípios, produziram-se inúmeros confrontos com base nos
problemas fronteiriços.
Alguns deram lugar a conflitos armados, outros suscitaram intervenções militares, outros
ainda manifestaram-se pelos movimentos de guerrilha, alguns ficaram marginais e foram
solucionados pacificamente pela via de negociações bilaterais ou dentro do contexte nacional.
Muitos acalmaram-se pelo facto de acontecimentos políticos sem laços directos com a questão
de limites territoriais. Enfim, outros conflitos permanecem latentes: Diversos observadores
recensearam e analisaram estes conflitos; classificaram-nos consoante certos critérios tendo
em consideração a sua amplitude no plano militar ou ao tipo de solução encontrada. Tentaram
fazer a distinção entre as justificações avançadas e as razões mais profundas das
reivindicações fronteiriças
3.2.1. As ameaças suscitadas do interior
Tratam-se de movimentos separatistas que se manifestaram em algumas regiões de Africa e
de maneira mais espectacular no ex Congo Belga hoje República do Zaire com o caso
Katanga (Shaba), e na Nigeria com o Biafra. Com efeito esta contestação interna constitui
bem uma tentativa evidente que foi levada em Africa com intuito de se chegar a uma
remodelagem das entidades territoriais. O que aparece à luz deste exame, dos conflitos ditos
fronteiriços e tribais, é que o "statu quo" territorial representa bem uma a toprotecção dos
Estados africanos, de tal maneira que as autoridades políticas chegam ao ponto de repudiar,
tanto as tendências regionais centrífugas como também as tendêcias unificadoras
(interestatais).
No plano interior, a garantia que fornece o princípio da integridade territorial contra os riscos
de desintegração devido às tendências secessionistas vem dobrar-se de um outro aspecto.
Trata-se daquilo que acontece muitas vezes a anexação duma fracção de um grupo étnico que
se encontra de uma a outra parte de uma fronteira; isto aumentaria a potência desta étnia no
interior do Estado; da mesma forma poderia perigar o equilíbrio quanto difícil entre
populações de origens diferentes. No plano exterior, a insistência e a perseverância com as
quais os homes de Estados africanos tentaram manter e regulamentar os conflitos num
contexto especificamente africano; referência expressa as "actuações de origem extra
africana" incluída no (preâmbulo) já citado da resolução adotada no Cairo em Julho de 1964;
esses aspectos indicam a preocupação destes estadistas de se prevenir contra as ingerências
exteriores. Seja como for, a preservação das intagas fronteiras herdadas da colonização foi
considerada como um meio de eliminar a influência das ingerencias esternas. As fronteiras
aparecem aos responsáveis africanos como um dos fundamentos e princípios sagrados das
nações em emergência e das culturas que se elaboram. Daí resultam os conflitos ditos
fronteiriços que são muitas vezes, salvo casos menores, rapidamente resolvidas as "fachadas",
escondendo as realidades mais complexas e certos jogos de interesses. O que se encontra
contestado além do diferendo territorial que não aparece mais logo como um catalizador até
um simples pretexto; são políticas, riquezas, redes de alianças, hegemonia geopolítica.
(1) J. Gottmam: La politique des Etats et leur géographie. Libraire Armand Colin, Paris. P.
121, citado par Bouvier R.
O próximo número: A problemática do enclave de Cabinda
10
João Baptista Lukombo Nzatuzola, Luanda (Angola).
LIBRE OPINION
A MA MORT, MON CORPS SERA-T-IL RAPATRIE ?
Cette question commence à interpeller la conscience de beaucoup d'africains vivant en Suisse,
plus particulièrement les ressortissants de l'Angola ou du Zaïre, au moment où les personnes
se désintéressent de participer financièrement au rapatriement des dépouilles mortelles de nos
compatriotes.
Autrefois, quand un compatriote angolais ou zaïrois décédait, toute la communauté africaine
faisait preuve de compassion et de solidarité. Avec le temps, la communauté angolaise ou
zaïroise, toutes deux confondues, s'est agrandie. Mais, la sensibilité n'est plus de la même
vigueur. Nous constatons que les gens sont devenus plus individualistes que solidaires.
Cependant, actuellement, nous assistons à une éclosion des associations. Ce qui est d'ailleurs
normal et très important. Car, si les objectifs de ces associations sont distincts, au moins elles
ont toutes un but commun: regrouper les gens, établir et renforcer des liens entre eux.
Qu'en est-il de l'adhésion des membres ? Nous savons qu'une association ne peut jamais
exister sans membres; c'est-à-dire sans personnes physiques. Par ailleurs, ce qui importe pour
une association, c'est son fonctionnement. Nous pensons qu'une association ne peut bien
fonctionner sans ressources financières. Ces dernières ne peuvent provenir que de la
participation financière des adhérents. Or, malheureusement peu de gens cotisent. D'après
certaines sources, seulement les 1/5 des membres cotisent régulièrement. Ce qui n'est guère
encourageant.
Force est malheureusement de constater que dans cette prolifération des associations, les
personnes ayant manifesté leur indifférence vis-à-vis des associations, n'hésitent pas à y faire
recours lorsqu'elles se trouvent confrontées à un problème social crucial tel que le décès. Si
bien qu'il soit vrai que l'un des buts de la plupart des associations est la solidarité entre tous,
quelles que soient les circonstances.
Avec l'agrandissement de notre communauté, on peut imaginer que si chacun arrivait à cotiser
régulièrement dans les associations, on aurait une certaine somme d'argent en permanence.
Ceci étant, on romprait avec la tradition d'exiger la participation financière aux dépenses
inhérentes au rapatriement des dépouilles mortelles.
Certes, cette hypothèse ne s'avère pas attrayante pour beaucoup, en ce sens que le montant
contribué ne produit pas d'intérêts.
Par contre, l'hypothèse de conclure une assurance-vie serait une autre possibilité. Cette
assurance, beaucoup de nos compatriotes l'ont déjà contractée et il est conseillé à tout le
monde dans le sens qu'elle produit des intérêts. En cas de décès, le corps sera rapatrié
automatiquement au pays du défunt et qu'une rente sera versée aux héritiers. Et, en cas de non
décès et qu'il était temps de rentrer chez soi, c'est-à-dire au pays, on peut retirer la somme
placée avec les intérêts. Ce qui est d'ailleurs très important parce qu'on n'est pas perdant.
Quel que soit le choix, contracter une assurance-vie n'empêche pas l'adhésion à une
association, car celle-ci est à même d'offrir d'autres avantages que l'on ne peut obtenir à titre
individuel K. Décant
11
UNE PENSEE POUR LA DEMOCRATIE
Quelques années après la vague de démocratisation qui s'est manifestée en Afrique, porteuse
d'espoir, nous avons jugé utile de chercher à réunir des éléments susceptibles d'apporter un
éclairage, si peu soit-il, sur le concept démocratie.
Cette réflexion devrait servir de guide nous permettant d'apprécier l'état de la démocratie dans
beaucoup de pays africains à sa juste valeur. Les politiques de coopération au développement
trouvent, en grande partie, leur origine dans le discours resté célèbre du président des EtatsUnis, F.D. Roosevelt à travers deux éléments, à savoir la pauvreté et les droits de l'homme. Il
faut attendre la fin de la seconde guerre mondiale pour assister à la multiplication des traités
multilatéraux allant dans cette direction, entre autres la Déclaration universelle des droits de
l'homme des Nations Unies en 1948 et celle adoptée en 1966 par l'ONU en faveur du droit de
tous les peuples "à disposer d'eux-mêmes (...) et assumer librement leur développement
économique, social et culturel".
C'est sous la présidence de Jimmy Carter, trente-neuvième président des Etats-Unis de 1976 à
1980 qu'il sera plus question de violation des droits de l'homme dans les tiers-monde. Toute
aide ou forme de coopération était subordonnée aux progrès accomplis sur le plan des droits
de l'homme dans les pays de l'hémisphère sud. La coopération Nord-Sud a été imprégnée
essentiellement de cette philosophie pendant plusieurs années.
Aujourd'hui, force est encore de déplorer et de dénoncer la violation systématique des droits
de l'homme par des "gouvernements autoritaires". Il est temps de mettre fin à l'hypocrisie en
cette matière. Plusieurs gouvernements africains se targuent d'avoir institué la démocratie
dans leurs pays. La vérité est que beaucoup l'ont fait sous la pression ou de la rue ou de la
communauté internationale. Dans ce deuxième cas, aucun groupe social n'a été identifié
comme porteur d'un projet démocratique. Nous sommes sans ignorer que dans la quasi-totalité
de ces pays, la démocratie reste façade: on continue hélas d'intimider, de tuer à l'abri de tout
regard...
La démocratie ne peut exister sans la conscience d'appartenir à une collectivité, généralement
à une nation, mais aussi à une commune, à une région. Un régime n'est considéré comme
démocratique que quand un grand nombre de personnes participent d'une façon directe ou
indirecte au processus de prise de décision. Les citoyens d'un pays doivent se sentir
responsables de leur gouvernement. Il va de soi que les dirigeants qui les représentent soient
choisis librement. La démocratie est une politique de reconnaissance de l'autre, a dit Charles
Taylor. Son combat se situe sur deux fronts: il y a un risque qu'elle apparaisse à nouveau
comme une idéologie au service des plus puissants d'une part et de l'autre, le nom de
démocratie peut servir un pouvoir arbitraire et répressif. La lutte contre ces deux dangers
consistera donc à favoriser l'émergence d'un espace politique et la réapparition des
convictions démocratiques. La démocratie ne peut exister que là où il y a un champ politique
dans lequel s'expriment sans réserves les conflits sociaux et où le pouvoir de décision se règle
par un vote. La démocratie doit pénétrer toutes les organisations qui caractérisent une société.
La démocratie n'est ni au service de la société ni des individus, mais des êtres humains. Il est
impératif que la majorité respecte les droits des minorités. Le choix des méthodes doit être
laissé à une minorité de défendre ses intérêts et d'exprimer son point de vue.
Dans une démocratie, la liberté d'opinion, de réunion et un jugement sur des croyances
morales et religieuses. L'esprit démocratique peut à la fois limiter le pouvoir et répondre aux
demandes de la majorité.
Ce qui s'est passé à Luanda en Angola au mois de janvier 1993 avec les massacres des
peuples Bakongo et ovimbundu démontre que la démocratie ne se définit ni par la
participation ni par le consensus mais plutôt par le respect des libertés et de la diversité. Sans
la reconnaissance de la diversité des croyances, des origines, des opinions et des projets, la
12
démocratie est inexistante. Cette dernière ne se fonde pas seulement sur des lois mais surtout
sur une culture démocratique. Elle n'est autre que le régime où le respect des droits de la
minorité par la majorité est fondamental: la majorité d'aujourd'hui peut devenir la minorité de
demain. Depuis qu'elle a été inventée, la démocratie s'est toujours articulée autour de certaines
valeurs à savoir l'auto-gouvernement, l'égalité, la capacité de parole et d'action et le centrage
sur la vie collective.
Un système ouvert en termes politiques ou économiques constitue une condition nécessaire
mais pas suffisante pour parler de la démocratie ou du développement économique. Il n'y a
pas de démocratie là où l'Etat dirige l'économie. L'économie de marché est, donc, une
condition nécessaire de la démocratie, parce qu'elle donne au système politique un rôle de
médiation entre les acteurs sociaux et entre ceux-ci et l'Etat, qui maintient ensemble les
composantes du développement. Il n'est pas la cause, il est la composante de la démocratie.
L'esprit démocratique ne peut pas se réduire à un ensemble de garanties contre le pouvoir
autoritaire. Il ne suffit pas pour favoriser le développement économique.
Références Bibliographiques
MAPPA Sophia: "Le développement par la démocratie ?" in Le Débat, n°83, janv-fév 1995
pp.59 - 82
TAYLOR Charles: "The Politics of Recognition", Princeton University Press, 1992, Emmy
Gutman éd., avec des commentaires de Stephen Rockefeller, Michael Walzer et Susan Woolf.
TOURAINE Alain: "Qu'est-ce que la démocratie ?", Paris, Ed. Fayard, 1994, 297p.
Mingiedi Pody.
JUSTE UN MOT POUR LA MEMOIRE...
Il y a exactement cinquante ans que prenait fin la seconde guerre mondiale. Ainsi a-t-on vu
récemment la célébration du 50è anniversaire du débarquement en Normandie (France) des
forces alliées, qui pour la suite engendra la libération du joug "hitlérien" des pays alors sous
l'occupation allemande. Au courant de cette même année, précisément le 9 mai, Moscou
commémorera la marche sur Berlin par Staline, qui contraignit Hitler au suicide, y compris le
démantèlement du 3è Reich.
Il est évident que les commémorations de ce passage de l'histoire, au fil des ans, sont d'une
importance très illustre et hautement significative, pourvu que les crimes passés commis
contre l'humanité ne se répètent guère; le genre du pamphlet "plus jamais ça".
Mais qu'en est-il au juste évoquant objectivement des crimes commis contre l'Etre humain ?
Pendant que le monde dit "civilisé" célèbre le 50è anniversaire de la libération de l'occupation
nazie, l'Afrique fait mine de bercer la table rase sur son passé, tant pré-colonial, colonial que
post-colonial. Une situation perçue comme ayant déjà été suffisamment révolue et classée
dans les "oubliettes" de l'histoire. Néanmoins, la traite des Noirs, disons-le sans ambages, a
vidé l'Afrique de sa substance. Outre le génocide du peuple juif pendant la 2è guerre
mondiale, dont le souvenir reste à jamais gravé dans les mémoires, celui du peuple noir
d'Afrique ou des Indiens d'Amérique semble plutôt oublié, marginalisé, voire banalisé. Dès
lors, du point de vue humain, serait-ce vraiment tendancieux de poser la question de savoir si
distinction y a-t-il à faire entre Auschwitz et l'île de Gorée ? Que dire de la décimation des
populations indiennes par le tristement redoutable Hernan CORTEZ ?
A noter que dans les méandres de la traite des esclaves (Nègres), tout "bon commerçant
(négrier)" se devait d'embarquer le maximum possible, entassé dans des cales, sachant que
seuls les plus forts résisteront pendant le lugubre périple; par conséquent, plus aptes à
répondre aux sévices qui leur étaient réservés (infligés) à destination. Les plus vulnérables
13
succombèrent généralement de suffocation et furent bonnement jetés à la mer. Seuls les
historiens sont à même d'avancer les chiffres, à proximité près, le nombre de victimes qu'a
occasionné la traite des Nègres. à à à
Certes, notre but n'est pas celui de raviver les rancoeurs, mais bien au contraire celui d'attirer
l'attention sur le fait qu'il serait grotesquement hasardeux et dubitatif de penser que les états
d'âme qui furent à l'origine de ces pratiques odieuses, soient aujourd'hui entièrement bannis
ou anéantis dans les esprits. L'Afrique à l'instar de la communauté juive, devrait elle aussi
mettre à jour son passé, sinon réécrire son histoire. Encore, faudra-t-il éviter d'être simpliste;
l'argument chronologique selon lequel en remontant à l'histoire, évoquer les choses qui se sont
écoulées il y a 4 siècles paraissent plus une réminiscence qu'un souvenir des faits d'il y a 50
ans. Moshood Abiola, l'infortuné vainqueur des élections présidentielles au Nigeria se trouve
aujourd'hui incarcéré pour des raisons assez controversées. Toutefois, le fait d'avoir gagné les
élections au suffrage universel direct, dont la campagne quelque peu "dérangeante", axée
entre autres sur la demande de réparation à l'occident pour le préjudice subi par le monde noir
du fait de l'esclavage ne serait pas insignifiant. Cette revendication, pour le moins légitime, ne
comporte rien d'extraordinaire, dans la mesure où l'Allemagne dédommage l'Etat d'Israël pour
le préjudice causé au peuple juif pendant la 2è guerre mondiale.
Lorsqu'on procéda à l'abolition de l'esclavage en 1865, à l'opposé de l'Etat de Mississipi aux
Etats-Unis(1), survint alors la colonisation. Cette dernière, une forme politique de substitution
à l'esclavage, visant à tenir les Nègres en laisse au lieu des chaînes, n'améliorera point les
conditions de vie du Nègre colonisé. La proclamation universelle des droits de l'homme, issue
de la révolution française en 1789, ratifiée et insérée dans la charte des Nations-Unies en
1948, ne modifia en rien le sort du Nègre. Bien au contraire, au cours de cette même année,
l'Afrique du Sud institutionnalisa l'Apartheid, mettant ainsi au défi, avec un grand mépris,
toute la communauté internationale. Il fallut la détermination propre de l'homme noir pour
revendiquer et conquérir sa dignité d'homme, bref, son indépendance.
Toujours est-il que, face à l'effervescence et l'émancipation des peuples colonisés d'Afrique
qui aboutira, ipso facto aux indépendances, il fut désormais question pour les colons de
trouver une nouvelle formule, de manière à garder la mainmise sur les affaires dont naguère
ils furent "propriétaires". L'hégémonie de l'ex-colonisateur vis-à-vis de l'ex-colonisé n'a
jamais été compromise. D'où le terme de "néo-colonisation", une façon de mettre celui-ci à
genoux, trouve bien sa justification(2). L'ouvrage de M. Jacques FOCCART(3) - "Foccart
parle" est très éloquent en la présente matière; nous le recommanderions vivement pour la
lecture.
Si hier, les Nègres ou Indiens étaient considérés comme des sous-hommes, dépourvus de toute
faculté ou paraissant ainsi, il y a lieu d'observer actuellement le regain latent de cette même
velléité à propension "cortezienne"(4). La théorie du "Quotient Intellectuel - Q.I.", mise au
point par certains chercheurs américains, faisant l'apologie de la supériorité (disons
suprématie) de l'intellect de la race blanche par rapport à la race noire le prouve à suffisance.
Cette même assertion ayant servi de prélude à la doctrine nazie, nous rappelant par voie des
faits le "Fuhrer" avant qu'il n'atteignît son apothéose. Un danger potentiel !
Les théories de cette nature, aussi controversées que curieuses soient-elles, ne pourraient être
prises comme étant "choses futiles". Prudence s'impose. Des manoeuvres malicieuses ne
seraient pas dépourvues de celles-ci, étant donné la dialectique. On a affaire à des éminents
savants suffisamment habiles (last but not least). Cela paraît presqu'un retour à la case de
départ comme autrefois.
Par comble de malheur, le pauvre africain comme s'il incarnait la somme de toutes les
malédictions, se voit aujourd'hui porter le flambeau et battre le record des personnes atteintes
de la maladie du sida, ou en phase de la séropositivité. De ce constat macabre et dans l'allure
actuelle des choses, des calculs prévisionnelles en furent déjà été projetés(5).
14
On ne peut s'empêcher de constater que dans le pays de Martin Luther King, où siègent les
Nations Unies, les multiples contrastes qui ne peuvent que susciter une curiosité pertinente. Si
la condamnation et l'emprisonnement pour viol de Mike Tyson ont été accueillis avec
passivité et sang-froid dans la communauté afro-américaine, en dépit de la similitude au
procès de l'accusé Kennedy Junior, l'affaire Rodney King(6) par contre scandalisera la
communauté
afro-américaine. Celle-ci, ne pouvant contenir sa colère, se soulèvera de façon spontanément
insurrectionnelle. La maison blanche devrait intervenir pour remettre en cause le verdict de
juges en l'encontre des policiers, en saisissant la cour suprême fédérale.
Le 21è siècle est à quelques marches du présent. Il serait donc temps que l'humanité prenne
conscience de soi. Par des relations d'interdépendance, l'homme à tout gagner en s'attribuant
avec équité le respect intrinsèque. Recourir au passé doit servir de leçon afin de mieux
appréhender le futur. L'histoire, même si parfois falsifiée ou sciemment escamotée, ne doit
pas être apprise à l'envers, autrement les générations à venir ne comprendront jamais la
tolérance, sinon la complicité des choses répréhensibles dont nous sommes quelquefois
témoins et acteurs aujourd'hui.
Renvois
(1) "Le Mississipi abolit l'esclavage avec 130 ans de retard". "L'an dernier, un sénateur de
Mississipi a découvert que son Etat n'avait pas ratifié l'amendement constitutionnel qui, en
1865 avait aboli l'esclavage aux Etats-Unis. A l'époque le Mississipi voulait protester contre le
fait qu'il n'avait pas été dédommagé pour les esclaves libérés. Jeudi le 16.03.95, les
législateurs ont réparé l'oubli".
Journal Libération du 18.03.95.
(2) " Sous les vocables mystificateurs tels que "humanitaire" et "apaisement" utilisés par les
gouvernements des pays impérialistes de l'Est ou de l'Ouest, on ne trouve, à y regarder de
près, rien d'autre que déception, hypocrisie, oppression et exploitation" Kwame Khrumah,
Homme politique Ghanéen.
(3) Jacques Foccart: Son ouvrage "Foccart parle", un véritable pamphlet-arnaque, paru aux
Editions Fayard/Jeune Afrique. L'homme, "Monsieur Afrique", confident privilégié du
général de Gaulle, tout puissant et omniprésent dans les sillages de successifs coups d'Etat
dans les ex-colonies françaises.. Un bouquin à lire absolument.
(4) Relatif à "Hernan Cortez", l'homme qui détruisit l'empire aztèque et ses populations en
1521.
(5) "Selon certaines estimations, dans les décennies à venir, il faut s'attendre à la disparition
de quelque 150 millions d'africains, faisant de l'Afrique un continent vide. Une étude
stratégique montre que les gouvernements de plusieurs pays, dont l'Afrique du Sud, les EtatsUnis d'Amérique, la France et l'Inde, seraient même déjà en train d'étudier des scénarios de
remplissage du vide africain que le sida va créer, et l'hypothèse du remplissage de l'Afrique
australe par l'Inde a été sérieusement étudiée..."
Abdoulaye Wade: "Un destin pour l'Afrique". Ed. Karthala. Cfr. "Le Monde" du 11 mai 1988.
(6) Rodney King: Routier afro-américain, tabassé à mort par les policiers lors d'une patrouille.
Scène filmée par un amateur cameraman indiscret. L'acquittement de ceux-ci par les juges
provoquera des émeutes par des Noirs en colère causant des dégâts estimés à des millions de
dollars à Los Angeles - été 1991. Lukuamusu Makasi "Kwamy", Genève.
LU POUR VOUS
Faut-il se dégager de l'Afrique pour lui laisser une ultime chance de trouver elle-même ses
solutions ?
C'est un point de vue certes audacieux que celui du Pr Bernard Lugan sur l'Afrique. Il conteste
la politique de coopération suivie actuellement en Afrique aussi bien que les initiatives
humanitaires. Cette position prête sans doute à controverse. Il nous parait néanmoins
15
intéressant, à l'heure où la tragédie du Rwanda nous a épouvantés et où la plupart des Etats
d'Afrique noire sont en faillite - et font leurs fins de mois avec l'argent des contribuables
français -, de donner le point de vue de cet universitaire de la faculté de Lyon, auteur d'un
livre remarque, "L'Afrique, bilan de la colonisation" (éd. Perrin), et qui a passé onze ans en
Afrique. Loin de conclure à la nécessité de "recoloniser", comme le préconisent nombre
"d'experts", il propose plutôt de laisser l'Afrique suivre son évolution naturelle, même si le
prix en est élevé. Notre collaborateur Philippe de Baleine l'interroge (sans prendre parti) sur
ses positions hostiles à l'interventionnisme dans les affaires africaines et aux excès du droit
d'ingérence humanitaire.
Paris Match. Le dernier chapitre de votre livre est titré "Faut-il recoloniser l'Afrique ?". Ce
titre provocateur a, depuis, été repris par certains journalistes qui n'ont répondu que d'une
façon superficielle. Pouvez-vous aller plus loin ?
Bernard Lugan. La mise sous tutelle internationale de l'Afrique parait, en effet, à première vue
inéluctable. L'Afrique subsaharienne a été précipitée dans les indépendances par des
colonisateurs pressés de se décharger du "fardeau de l'homme blanc". Poussées par l'idéologie
anticolonialiste alors dominante, pressées par les Etats-Unis pour des raisons politiques et
économiques, les puissances ont procédé à des indépendances bâclées. Trente ans plus tard, le
bilan est catastrophique au plan humain, sanitaire, politique et économique. L'Afrique n'arrive
même plus à nourrir une population qui croît de 3% par an, alors que la production agricole
n'augmente, elle, que de 1 à 1,5%. Elle ne peut donc plus compter que sur l'aide alimentaire
pour survivre. Le recul par rapport à la période coloniale est frappant, car n'oublions jamais
qu'en 1960 l'Afrique était non seulement autosuffisante mais encore exportatrice de produits
vivriers!
P.M. Vous parlez dans votre revue, "L'Afrique ruelle", d'une catastrophe à sept branches.
Pouvez-vous les détailler ?
B.L. La catastrophe africaine revêt en effet sept aspects principaux.
1.- L'Afrique a été évincée du commerce mondial. En 1960, le continent représentait 9% du
commerce international; ce pourcentage est tombé à moins de 3% en 1993. Aujourd'hui, le
produit national de l'Afrique noire, moins l'Afrique du Sud, est égal à celui de la Belgique (!)
mais avec plus de 600 millions d'habitants ici et à peine 10 millions là.
2.- La vraie richesse de l'Afrique est son agriculture. En 1970, la plus part de l'ensemble de
l'Afrique dans le total mondial des exportations agricoles était de 7,2%. En 1991, ce chiffre a
frôlé la barre des 3%. Plus grave, l'Afrique est désormais concurrencée et même évincée par
l'Asie ou par l'Amérique du Sud dans des domaines qui, jusque-là, lui procuraient de
véritables rentes de situation: cacao, huile de palme, arachides, etc. Problèmes de rendement
et de qualité...
3.- Un exode rural insensé gonfle des villes artificielles et ingérables, peuplées de
redistributeurs-consommateurs qui ne produisent rien et qui captent ou détournent l'essentiel
de l'aide internationale.
4.- Les équipes médicales coloniales ont disparu et l'Afrique noire est revenue à son état
sanitaire du XIXè siècle. Les grandes endémies ou pandémies presque éradiquées à la veille
des indépendances ont fait leur tragique retour.
5.- La crise est également démographique, car rien ne semble pouvoir freiner l'augmentation
de la population africaine; elle était de 275 millions d'individus en 1960 et le chiffre
hallucinant de 2,3 milliards en l'an 2050 !
6.- Crise de l'enseignement aussi, avec un taux d'analphabétisme de 75%. Et, pourtant, des
cadres sont formés, mais ils choisissent souvent de s'expatrier. C'est ainsi que la C.e.e abrite
plus de 70 000 déserteurs du développement: médecins, vétérinaires, ingénieurs, professeurs,
que nous remplaçons en partie en Afrique par des coopérants.
16
7.- Une crise ethnique enfin, longtemps niée mais qui s'impose chaque jour davantage, tant au
nord qu'au sud, qu'à l'est ou à l'ouest; l'Afrique noire étant divisée en plus de 1500 ethnies qui
ne demandent qu'à s'entre-massacrer, comme avant la période coloniale.
P.M. Certains pays d'Afrique ne s'en tirent-ils pas, cependant ?
B.L. Ce sont des exceptions. Presque tous sont atteints. Les "cas" somalien et rwandais
occultent l'ensemble de la situation africaine: Soudan, Zaïre, Liberia, Angola, Tchad, Algérie,
c'est en effet presque tout le continent, à l'exception du Maroc, et peut-être du Gabon et de la
Cote d'Ivoire, qui est en perdition. Trente ans après la décennie des indépendances, le constat
de faillite est cruel. Quant à la faim en Afrique, c'est une nouveauté postcoloniale. Alors, la
question peut en effet se poser de savoir si ce continent est apte à gérer sa propre destine.
P.M. Pourquoi n'existe-t-il pas d'Etats-nations en Afrique ?
B.L. Il serait en partie inexact de dire qu'il n'existe pas d'Etats-nations en Afrique. Le Maroc
et l'Ethiopie sont des Etats millénaires; quant au Rwanda et à la monarchie Merina de
Madagascar, leur réalité historique est incontestable. Mais, partout ailleurs, la caractéristique
était l'émiettement tribal en plus de 2 000 ethnies ou bien l'existence d'empires prédateurs et
esclavagistes qui ne survivaient généralement pas à leurs fondateurs. La seule exception fut
constituée par les empires arabo-sahéliens, qui, du IXè au XVIè siècles, assurèrent la sécurité
des transactions sur les axes méridionaux du grand commerce transsaharien.
P.M. L'Afrique est-elle capable de faire toute seule les réformes qui lui sont indispensables ?
B.L. L'Afrique n'existe pas. Je préfère parler des Afrique. Ensuite, de quelle réformes s'agit-il
? Quels modèles veut-on plaquer sur ces Afrique ? Le socialisme ? Le tiers-mondisme ? Le
libéralisme ? Mais tous ont lamentablement échoué. L'aide fut gaspillée, détournée, inutile ou
même néfaste. A quoi ont donc servi les 20 milliards de francs d'aide bilatérale annuelle
versés depuis trois décennies par la France ? Depuis trente années, l'aide internationale n'a pas
été mesurée à l'Afrique noire, qui reçoit entre 15 et 20 milliards de dollars d'aides annuelles.
La France fournit pour sa part 20% du total. Aujourd'hui, un constat s'impose: les tentatives
de développement de l'Afrique ont toutes échoué. La faillite des experts de la coopération est
même totale. C'étaient surtout des idéologues inventeurs de formules: "transfert de
technologie", "développement endogène autocentré", "formation des formateurs", "industries
industrialisantes", etc. Toutes ont sombré.
P.M. Alors que faire ? Faut-il adopter le point de vue de certains experts, surtout américains,
qui plaident pour une "recolonisation", c'est-à-dire, en fait une mise sous tutelle internationale
des pays d'Afrique en perdition ?
B.L. Mon avis est qu'il ne faut rien faire de semblable. C'est sur nos esprits occidentaux qu'il
faut agir. Nous devons en effet expliquer à nos concitoyens, en Europe, que nous n'avons pas
de dette morale envers l'Afrique et que notre seule responsabilité est d'avoir décolonisé trop
tôt, sous la pression de la gauche et des Etats-Unis. Nous n'avons pas pillé l'Afrique à l'époque
coloniale et je la démontre dans mes livres. Ensuite, une fois cette idée bien ancrée dans les
esprits, nous devrons faire savoir, toujours aux nantis du Nord, que tout ce qu'ils ont donné,
tout ce qu'ils donnent et tout ce qu'ils donneront est inutile. Et que rien ne sera possible tant
que n'aura pas été réglementée cette "charité business" qui est en passe de bloquer toute
possibilité de réaction des Africains et qui les prépare à devenir, et pour l'éternité, des assistés
et des mendiants internationaux. Ensuite, nous devrons passer de la coopération à la décoopération, afin de tenter de responsabiliser ces mêmes africains. Mais certainement pas de
les mettre sous tutelle, ce qui aurait l'effet inverse. Le but d'une politique intelligente serait de
libérer l'Afrique de nos références philosophiques, qui la tuent à petit feu. L'Afrique n'est en
effet ni le continent des "droits de l'homme", ni celui de la démocratie. Laissons au contraire
les équilibres naturels s'y recréer. Ce sera certes sanglant, mais il s'agit d'une crise de
croissance inévitable. Que serions-nous si des extraterrestres avaient bloqué notre histoire
européenne au Xè siècle ?
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P.M. Donc, vous estimez nuisible d'intervenir en cas d'anarchie ?
B.L. Bien évidemment ! Si nous laissons pourrir la situation, il y aura bien un moment où l'un
des camps finira par l'emporter et, alors, peut-être sera-t-il capable, dans l'avenir, de constituer
le noyau d'un futur Etat-nation. Regardez ce qui se passe en Somalie. Le général Aidid, celui
que l'Onu - dons les Américains - combattait est en passe de gagner. S'il parvient, il va
imposer sa terrible dictature, mais l'anarchie cessera. Il faut choisir entre deux maux puisque
la lamentable opération américano-onusienne a montré ses limites d'efficacité sur le terrain.
Demandez donc aux malheureux civils somaliens si l'ordre dictatorial n'est pas préférable à
l'anarchie et à la famine ? Demandez donc aux malheureux Rwandais si leur sort était pas
meilleur sous l'ancienne monarchie ? Les organisations humanitaires et les braves gens qui les
financent pensent et agissent en Européens et non en Africains. Selon moi, la première chose
à faire - et cela devient de plus en plus urgent - est de retirer les organisations humanitaires les Ong - d'Afrique, car leur action, admirable dans le détail, a globalement des effets
terriblement pervers. Soulageant la misère, elles prolongent d'autant les guerres, car elles
permettent à ceux qui en définitive seront vaincus de résister plus longtemps...
P.M. Vous condamnez donc les incitations à la démocratisation faite par le président
Mitterrand ?
B.L. Encore une fois oui, car le diktat démocratique imposé à l'Afrique lors du sommet de La
Baule par M. Mitterrand a amplifié la catastrophe africaine en multipliant les conflits
ethniques. Il n'existe en effet pas d'expression politique en Afrique autre qu'ethnique et les
partis n'y sont l'habillage "à européenne" des réalités ethniques. Le résultat de idée
démocratique appliquée à l'Afrique, c'est le Rwanda.
P.M. A ce propos, vous qui connaissez bien le Rwanda, où vous avez vécu onze ans et auquel
vous avez consacré deux thèses d'histoire, que pensez-vous du rôle joué par la France dans ce
pays ?
B.L. Au Rwanda, un des rares authentiques Etats-nations d'Afrique, dont l'ancienneté remonte
au XIIè et XIIIè siècles, le problème n'est pas tribal mais racial. Les Tutsis, 20%, et les Hutus,
80%, appartiennent à deux races différentes. Les Hutus sont arrivés dans la région aux
alentours de l'ère chrétienne au terme d'une longue migration, dont le centre était l'actuel
Cameroun; quant aux Tutsis, ce sont des Nilotiques venus du Nord: Le Rwanda est une
création tutsie. Durant des siècles, ces hommes de la vache et de la lance y ont dominé les
Hutus, c'est-à-dire ceux de la houe et de la glèbe. C'est le thème et le titre de ma thèse de
doctorat d'Etat. Dans les années 50, le clergé missionnaire, gagné au modernisme et à la
démocratie, a décidé qu'il était immoral de continuer à soutenir un régime "féodal" et
minoritaire. C'est ainsi que les missions catholiques ont préparé la révolution de 1959 qui a
abouti à la proclamation de la République, à un premier massacre de Tutsis et à l'exode de
centaines de milliers d'autres. C'est donc au nom d'une philosophie européenne, la démocratie,
qu'un des rares Etats africains a été brisé, au seul motif que ses fondements juridiques et
philosophiques étaient en contradiction avec notre idéologie dominante. Trente ans plus tard,
les fils des émigrés tutsis viennent de reconquérir le pouvoir, dans le pays crû par leurs aïeux.
A partir de l'arrivée des socialistes au pouvoir en 1981, la France a concentrée son action de
coopération au Rwanda sur la région clanique du président Habyarimana et de son épouse.
Une région hutue. Je suis, hélas, très bien placé pour le démontrer puisque, en 1983, c'est pour
être très précisément opposé à cette aberrante politique décidée à Paris, par deux ou trois
fonctionnaires inamovibles du ministère de la Coopération, que j'ai été retiré du Rwanda et
congédié de ce même ministère. De fil en aiguille, la France s'est ainsi engagée de plus en
plus concrètement aux côtés de ce clan. Quand le régime fut menacé, en 1991, elle intervint
pour le défendre, puis pour le maintenir en place, puis ensuite pour essayer de le sauver et,
enfin, avec l'hypocrite opération Turquoise pour tenter de maintenir, à l'abri de nos troupes,
un petit "Hutuland" dans l'est du Rwanda. Ceux qui ont ainsi engagé la France dans cette
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impasse portent non seulement leur part de responsabilités dans l'épouvantable massacre de
année dernière, mais également dans la terrible perte de prestige et d'influence subie par notre
pays.
P.M. En face du délabrement de l'économie africaine, on peut se demander s'il n'y a pas dans
la culture africaine quelque chose qui n'est pas compatible avec la société industrielle.
B.L. Nous sommes évidemment face à un problème d'incompatibilité des cultures. C'est
l'ambassadeur Guy Georgy qui disait: "L'homme africain a des structures mentales qui ne sont
pas les nôtres. Il a une vision du temps différente. L'Africain ne se projette pas dans l'avenir.
Cet avenir n'appartient qu'à Dieu. Les Blancs, eux, fabriquent un futur avec leur agenda.
"Tout est dit en quelques mots par ce grand connaisseur de l'Afrique.
Là est la cause de l'échec de la Coopération, qui s'obstine à vouloir transfuser à l'Afrique un
développement qu'elle n'est pas en mesure d'assimiler. Tant que dans les pays du Nord le
consensus interdira de prendre en compte la question de la différence ou de l'incompatibilité
des cultures, nous continuerons à tenter de greffer des prunes sur des palmiers avec les
résultats que l'on observequotidiennement.
P.M. Comment se fait-il que les peuples asiatiques partis en 1950 du même niveau
économique aient pu formidablement réussir, eux ?
B.L. Parce que l'Asie n'est pas l'Afrique... Le continent asiatique est en effet un monde de
vieux Etats où les populations créent, innovent, ne demeurent pas fatalistes et immobiles face
aux événements. Guy Georgy disait encore: "L'Asie est une fourmilière au travail, l'Afrique,
une fourmilière au repos." Résultat: l'Asie nourrit une population trois à quatre fois supérieure
à celle de l'Afrique alors qu'elle dispose de la même superficie cultivable. Résultat encore,
l'aide y a permis le décollage économique et le développement, alors qu'en Afrique elle a été
dilapidée ou détournée.
P.M. Dans un des vos précédents livres, "Afrique, l'histoire à l'endroit" (éd. Perrin 1989), vous
consacrez un chapitre à expliquer qu'aucune invention intéressant le progrès de l'humanité
n'est sortie d'Afrique. Pourquoi ?
B.L. Un des grands mystères de l'histoire africaine au sud du Sahara réside en effet dans cette
constatation qui est que l'Afrique n'a rien crée, rien inventé.
En Afrique noire, c'est la colonisation qui introduisit la traction animale, la roue, la poulie,
etc. Un des handicaps de ce continent tient dans le fait qu'il a toujours été récepteur et non
concepteur. Aujourd'hui, rien n'a changé, car, comme hier, les découvertes permettant le
progrès de l'humanité sont faites ailleurs qu'en Afrique et, quand cette dernière les reçoit, elle
n'en est que l'utilisatrice, à la différence des Asiatiques, encore une fois. Vous me demandez
pourquoi. La réponse n'est pas facile. Je n'en vois qu'une et c'est le maréchal Lyautey qui la
donnait déjà dans les années 30, quand, parlant des peules de l'Empire, il disait: "Ils ne sont
pas inférieurs, ils sont autres."
P.M. Si les pays du Nord ne font rien, comme vous le suggérez, que va-t-il se passer ?
B.L. Mais les pays du Nord vont continuer à aider l'Afrique, car idéologie dominante nous en
fait une obligation morale. Une question doit cependant être posée, qui est celle de savoir si le
monde industriel pourra éternellement le faire. Pourrons-nous en effet toujours porter à bout
de bras un continent qui ne fait rien pour se prendre en charge et dont le poids démographique
dépassera le milliard dans les années à venir ? Durant trente années, l'Afrique a tiré bénéfice
de la confrontation Est-Ouest. Aujourd'hui, comme elle n'est plus un enjeu stratégique, elle a
cessé être courtisée. Cette situation nouvelle est peut-être sa chance historique, car, pour la
première fois, elle va être contrainte de trouver en elle-même les moyens propres d'une
éventuelle réaction. Le seul moyen de l'aider efficacement est alors d'amorcer la décoopération. Dé-coopérer pour responsabiliser enfin.
P.M. En résumé, vous êtes hostile à l'idée de recoloniser l'Afrique, c'est-à-dire la mettre sous
tutelle internationale ?
19
B.L. Ma réponse sera claire: et pour quoi faire ? A supposer que la recolonisation se produise,
elle ne ferait que repousser le problème de quelques décennies. Nous avons déjà donné, sans
résultat. Au moment des indépendances, l'Afrique était sur pied. Elle a dilapidé son héritage.
C'est sa responsabilité et son problème. Plus le nôtre. Aujourd'hui, recoloniser reviendrait à
vouloir à tout prix faire accéder l'Afrique à nos "modèles" civilisationnels. Il faut être
universaliste pour vouloir suivre cette démarche. Si l'on croit en effet à l'universelle identité
humaine, le développement est en effet théoriquement possible. Tout serait alors question de
moyens et d'éducation. Il suffirait de reprendre l'Afrique en charge, de la noyer sous les aides,
d'encadrer, de former ses populations pour les faire accéder au "règne des Lumières". C'est
cette idée qui a sous-tendu le mythe colonial jacobin. C'est sur cette philosophie qu'a reposé la
philosophie coloniale de la IIIè et aussi de la IVè République. L'échec fut total. Selon moi,
nos modèles, produits de notre longue histoire, ne sont pas applicables au sud du Sahara. Pour
que l'Afrique survive, il importe donc que cesse notre arrogant universalisme philosophique,
philanthropique et démocratique.
Interview réalisé par Philippe De Baleine; Document Paris Match du 19 janvier 1995.
NDLR: Ces déclarations méritent réflexions. Nous demandons aux lecteurs de réagir.
POESIE – POESIA
A criança nevoeira
Criança Angolana, criança nevoeira
Criança Africana, criança sem futura
Sonho uma luz que acende no horizonte
Angola verá uma luz, criança prosperá
Sonho uma luz mais a nevoeira me impede
a ver esta luz.
Criança Angolana
Criança com uma futura nevoeira
Porque sofro da injustiçia !
Papa, Mama, ja uma vez pensou na criança !
Vejo no espelho uma luz acende no horizonte
Bonomia ajuda a levar alegria e a sorte da criança
Criança hoje amãnha homen
Sonho uma luz que acende no horizonte
Mais a nevoeira me impede de viver esta luz
Unidade de um povo, uma linguagen
Um pensamento, para iluminar a criança
Pensa no inoncente, no futuro da criança
Sou criança Angolana,
Sou criança Africana
Posso viver nesta luz se tu me acordar.
Bunga João "Jeannot", Lausanne.
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PARA QUANDO ?
Para quando, o batuque que nos fazia dançar
Todas as noites de luar ?
Para quando ?
Para quando, o dia das conversações
Que despertavam as nossas intelligencias
E o espirito do dialogo em toda a tabanca ?
Para quando ?
Para quando a noite alta
Onde todos deviam contar as suas prosas
Para que a juventude tomasse exemplo ?
Para quando ?
Quando vamos esta meia-volta,
Este fingimento
Que nos impede de ir para a fente
E estarmos na mesma ?
Para Quando ?
Até Quando ?
Deveremos ainda interrogar-nos
Sobre o nosso destino,
O que devemos fazer
E engajarmo-nos no combate !
Alfonso Sadi, Genève.
Le rêve d'une petite angolaise
Je me fâche toujours avec mes copines
Mais je ne suis pas jalouse.
Je suis noire, la peau plus foncée
Et, je me sens mieux dans cette peau.
J'ai les cheveux courts
Et, je suis coiffée comme un garçon.
Mes yeux sont noirs et je mesure 1m 50.
J'ai treize ans;
Je viens de l'Angola où l'on parle portugais.
J'aime être avec les autres,
Mais je n'aime pas les racistes.
Turc, français, suisse, espagnol, yougoslave,
Rwandais, burundais, somalien, portugais, etc.
Tous sont mes frères.
J'aime écrire des poèmes, rire, chanter et danser.
J'aime jouer avec des amies
Et aller à des fêtes d'anniversaires.
J'aime toutes sortes de musiques, sauf le classique.
J'aime faire du vélo, du patin à quatre roues.
Mon rêve le plus fort et de toujours:
C'est d'avoir la paix dans le monde;
Que les hommes arrêtent la guerre;
Que tous les hommes se donnent la main.
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Je pleure quand on dit du mal de moi ou des autres.
Je pleure également quand je pense
Que dans certains pays, il y a des enfants sans parents
Il y a des gens qui meurent à cause de la guerre.
Enfin, j'aimerais faire le tour du monde
Pour comprendre comment vivent les autres
Et, pour leur transmettre le message de la paix.
Isabel Olga Buanga, 13 ans, Lausanne.
Le monde est grand et si méchant
Nous rêvons tous d'un monde meilleur
Où devrait régner l'altruisme, le bonheur,.
Or, notre monde est rempli
De souffrance, de misère, de maladie.
A cause des conflits politiques et religieux
Il y a la violence, la guerre partout.
Des hommes politiques parlent
En faveur de leur gouvernement.
Mais, ils finissent par se taire
Car il n'y a plus rien à faire.
Les gens sont devenus machos
Parce qu'ils n'ont pas de boulot.
Il appartient à nous adolescents
De changer les gouvernements.
Il faut tout bouleverser
Pour pouvoir enfin respirer.
Nadine Angelina Kiangebeni, 13 ans, Genève.
Au secours de ces enfants affamés !
Aujourd'hui un enfant est mort de faim.
Et, si nous ne faisons rien
Il y en aura sûrement un autre demain.
Je voudrais lui tendre la main
Mais cet enfant semble être plus loin.
Ce qui me choque dans ce monde,
C'est de voir ces enfants affamés,
Sans assistance et sans avenir.
Ils vivent en toute pauvreté
Que j'aurais peut-être dû affronter.
Comment pouvons nous y remédier ?
Un jour viendra
Où l'égalité régnera
Plus d'injustice
Et, un monde moins triste.
Mais, hélas, à l'heure actuelle
Il y a toujours quelque part au monde
Un enfant qui meurt sans bruit
Comme on voit dans le ciel
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Les étoiles qui s'éteignent dans la nuit.
Nadine Angelina Kiangebeni, 13 ans, Genève.
MUSIQUE
FLORENCE CHITACUMBI (Chanteuse angolaise)
Nous l'avons rencontrée à Lausanne, et, elle a bien voulue nous parler de sa carrière. Elle
vient de sortir un CD bourré de rythmes Funky, Blues et surtout "Uniq" en son genre. Unique
? C'est le titre qu'elle a choisi. Cette jeune angolaise, née en Suisse, fait de la musique depuis
bien longtemps, et pourtant elle est moins connue des Angolais... Enfin de promouvoir la
culture angolaise dans sa pleine dimension, nous ouvrons cette rubrique musicale sur cette
métisse angola-suissesse
Question: Vous venez de sortir un album qui a surpris plus d'un mélomane au niveau de la
qualité tant musicale que du texte. Comment définissez-vous votre musique ?
Florence Chitacumbi: Ma musique a comme origine la musique noire américaine. Avec à la
base, du jazz et funk. C'est cela les racines de ma musique. Un genre de musique que j'écoutai
depuis toujours. Ajouter à cela, ma propre inspiration puisée dans le terroir africain. C'est-àdire, très rythmique, dansante, toujours ce côté jazz. C'est ce qu'on appelle aujourd'hui l'"acidjazz".
Q.: On sent aussi ce désir de se ré-enraciner dans la culture de vos origines angolaise ou
africaine. Désir de prouver ou de revendiquer votre métissage ?
F.C.: J'assume pleinement ce métissage. Je suis née en Europe, plus précisément en Suisse.
Ma musique subit naturellement, et je dirai même foncièrement, une certaine influence "euroblack". Si on écoute bien celle-ci, elle est très typée "funky" ou "funk". Dans la chanson
"Nakupenda", j'ai fait un clin d'oeil à la racine africaine que nous, les enfants nés en Europe,
avons toujours besoin pour s'identifier et s'y repérer. En définitive, je précise que je fais de la
"world-music".
Q.: Quels sont les musiciens que vous appréciez ?
F.C.: Il y en a beaucoup. Surtout les noires américaines. Genre: Whitney Houston, Barbara
Paige, etc.
Q.: Vous êtes non seulement chanteuse mais aussi parolière. Votre musique est beaucoup
"texte". Manifestement, vous avez des choses à dire. Quel message voulez-vous passer ?
F.C.: Le message principal, c'est de pouvoir se communiquer entre nous. Il faut que les gens
apprennent à se parler. Angolais, Européens, tout le monde...
Q.: C'est intéressant ce que vous dites. Alors, je me pose la question de savoir ce que pense
une jeune fille de votre âge. Comment voit-elle le monde ? Quels sont ses rêves ?
F.C.: Je parlerai seulement pour moi puisque je suis encore jeune. Les gens ne s'imaginent pas
qu'une jeune métisse telle que moi puisse avoir des idées, des opinions. On vous juge souvent
sans vous connaître. Le superficiel prend souvent le dessus sur la vraie connaissance de
l'individu. Je suis aussi angolaise. J'ai un regard sur mon pays comme sur le monde. Ce
monde-ci ne peut pas continuer comme ça définitivement avec ses problèmes. Chaque
individu doit y apporter sa contribution. On pollue la terre, provoque des guerres. Ces drames
ne peuvent pas nous laisser indifférents. Quant à l'Afrique, elle doit se réveiller et changer.
Mon rêve, c'est d'y aller un jour, en Angola (en Paix) pour jouer et peut-être y vivre. Je
prépare un troisième album où il y aura une chanson en umbundu (ma région d'origine). Une
façon de m'identifier.
Q.: Ceci nous amène à parler de vous. On ne vous connaît pas dans la communauté angolaise
?
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F.C.: Je suis une artiste. Les angolais devraient découvrir tout d'abord mon oeuvre: J'ai sorti
un premier album, un "maxi single" intitulé "Don't make me wait too long" avec deux
chansons; l'autre étant "Free world". Qui le sait ? Très peu de gens. Je viens de sortir un
deuxième album. Un CD "Uniq" avec neuf chansons.
Q.: Peut-être parce que vous chantez en anglais !
F.C.: La musique est universelle. Il y a des angolais qui chantent en lingala, dialectes
angolais, créoles, portugais. Une musique est belle ou ne l'est pas. A chacun son style. Je fais
de la "World-music". L'anglais me permet de toucher pas mal de gens. Je le constate avec les
concerts que je fais en Suisse ou ailleurs partout en Europe.
Q.: On ne vous connaît toujours pas !
F.C.: Ah oui ! Je me présente: Florence Chitacumbi, née à La Chaux-de-Fonds (Suisse
romande), il y a une vingtaine d'années. D'une mère suissesse et d'un père angolais. Nous
habitons à Neuchâtel. Mon père est mort, et je garde le souvenir d'un homme qui a toujours
voulu se battre pour défendre ses idées. J'ai fait mes études de conservatoire de musique, les
ateliers musicaux, avant de me produire dans des différents groupes afro-antillais. J'ai touché
à tous les styles: soukous, zouk, biguine. Reggae, rap, funk, blues, c'est ces derniers qui me
branchent. (Propos recueillis par Alfonso Sadi)
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