La mort n`est rien, seule compte la vie

Transcription

La mort n`est rien, seule compte la vie
CONFÉRENCE PHILOSOPHIQUE
“Plus l’être humain sera éclairé, plus il sera libre.”
Voltaire
LA MORT N’EST RIEN
Seule compte la vie
CONFÉRENCE PAR ÉRIC LOWEN
Association ALDÉRAN Toulouse
pour la promotion de la Philosophie
MAISON DE LA PHILOSOPHIE
29 rue de la digue, 31300 Toulouse
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conférence N°1503-013
LA MORT N’EST RIEN, SEULE COMPTE LA VIE
On n’est pas mort, on a vécu
conférence d’Éric Lowen donnée le 20/06/2015
à la Maison de la philosophie à Toulouse
Pour finir cette série de conférences sur la thanatosophia, il est intéressant de revenir à
l’essentiel : la vie. La thanatosophia n’est pas une rumination morbide, son objectif est la
vie, l’amour, le plaisir, la joie, l’enthousiasme, l’aventure... le bonheur. La thanatosophia
n’est pas une philosophie de mort, mais une philosophie de vie. La thanatosophia
n’aborde la mort que pour mieux se recentrer sur la vie, permettant ainsi de poser les
véritables questions intéressantes : Que ferons-nous de notre existence ? Vivrons-nous
avant de mourir ? La mort n’est rien, c’est la vie qui est tout.
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LA MORT N’EST RIEN, SEULE COMPTE LA VIE
On n’est pas mort, on a vécu
Un homme libre ne pense à aucune chose moins qu'à la mort;
et sa sagesse est une méditation non de la mort mais de la vie.
Spinoza (1632 - 1677)
Éthique, 1677 (posth.)
I
PRÉSENTATION
1 - Une conclusion étonnante pour ce cycle consacré à la Thanatosophia : la vie
2 - La thanatosophie, une philosophie de la vie et non de la mort
3 - La thanatosophia ne s’intéresse pas à la mort en tant que telle, puisqu’elle n’est rien
4 - Elle chercher à régler les troubles que la conscience de la mort suscite en nous pour mieux
revenir à la vie
II
LA THANATOSOPHIE, UNE CONSCIENCE DE LA VIE PLUS QUE DE LA MORT
1 - En premier, la thanatosophia est une conscience de la vie plus qu’une conscience de la mort
2 - Repenser thanatosophiquement le sens de la mort, c’est repenser le sens de la vie et réaffirmer
la valeur de la vie
3 - Car penser juste la mort revient à penser juste la vie, donc à bien vivre la vie
4 - La thanatosophia met en valeur l’essentiel dans et de l’existence humaine
5 - Des valeurs de la vie à la vie comme première valeur
III
LA THANATOSOPHIA EST AU SERVICE DE LA VIE
1 - En second lieu, la thanatosophia est au service de la vie
2 - La thanatosophia est une inversion des valeurs traditionnelles des «philosophies de la mort»
3 - Le but de la thanatosophia est la vie, ni les morts ni la mort
4 - Se libérer de la peur de la mort et des erreurs thanatologiques pour mieux vivre
5 - La vie recherchée par la thanatosophia est La vie heureuse, la vie épanouie, la vie joyeuse
IV
LA MORT THANATOSOPHIQUE, UNE VICTOIRE DE LA VIE
1 - Troisièmement, la thanatosophia est une victoire de la vie
2 - Une victoire de la vie sur l’angoisse, la peur et les regrets - une victoire sur les cultures de la
morbidité
3 - Être acteur de sa mort, et non plus la subir, revient à en faire un projet de vie
4 - Une transformation de la mort en une victoire pour la vie
5 - Une manière d'assurer la continuité de la Vie par-delà notre mort individuelle
V
TRANSCENDER LA MORT PAR UNE PARTICIPATION RENOUVELÉE AU CYCLE DE LA VIE
1 - Quatrièmement, la thanatosophia permet une participation renouvelée au cycle de la Vie
2 - Notre mort n’est pas la mort, la vie continuera
3 - Faire de notre mort un service de la Vie, du cycle des générations
4 - Une transcendance par le cycle des générations et de la vie, par la continuité de la vie
5 - Comment puis-je servir les vivants par ma mort ?
6 - L’importance des testaments philosophiques, de convictions et d’actions
7 - La réhabilitation du mécénat et de l’évergétisme philosophique et progressiste
VI
CONCLUSION
1 - La mort est le terme de toute vie, non sa finalité
2 - La mort n’est rien, c’est la Vie qui est tout
ORA ET LABORA
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Document 1 : La thanatosophia est une philosophie de vie et non une philosophie de la mort. Elle ne paraît
philosophie de la mort que parce que la mort fait partie de la vie.
... prie pour que tes jours soient longs avant la mort,
Et clairs et royaux. Car en la mort
Il n 'est point de consolation et point de prolongement,
Et l'on ne peut rien regarder, et l'on ne voit pas le jour naître,
Ni briller sur le pays où l'on va,
Vis et prends ton plein de jours, puis meurs
Le jour venu, mais n'attache pas d'importance à la mort,
Sinon tes jours en seront empoisonnés.
Arthur Koestler (1905-1983)
Un testament espagnol, 1937
Maintenant habitue-toi à la pensée que la mort n'est rien pour nous, puisqu'il n'y a de bien et
de mal que dans la sensation et la mort est absence de sensation. Par conséquent, si l'on
considère avec justesse que la mort n'est rien pour nous, l'on pourra jouir de sa vie mortelle.
On cessera de l'augmenter d'un temps infini et l'on supprimera le regret de n'être pas éternel.
Car il ne reste plus rien d'affreux dans la vie quand on a parfaitement compris qu'il n'y a pas
d'affres après cette vie. Il faut donc être sot pour dire avoir peur de la mort, non pas parce
qu'elle serait un événement pénible, mais parce qu'on tremble en l'attendant. De fait, cette
douleur, qui n'existe pas quand on meurt, est crainte lors de cette inutile attente !
Ainsi le mal qui effraie le plus, la mort, n'est rien pour nous, puisque lorsque nous existons la
mort n'est pas là et lorsque la mort est là nous n'existons pas. Donc la mort n'est rien pour
ceux qui sont en vie, puisqu'elle n'a pas d'existence pour eux, et elle n'est rien pour les morts,
puisqu'ils n'existent plus.
Mais la plupart des gens tantôt fuient la mort comme le pire des maux et tantôt l'appellent
comme la fin des maux.
Le philosophe ne craint pas l'inexistence, car l'existence n'a rien à voir avec l'inexistence, et
puis l'inexistence n'est pas un méfait.
Épicure (vers -341, -271)
Lettre à Ménécée
Document 2 : La thanatosophia ne se réduit pas à se libérer intérieurement de la peur de la mort et des
espérances post-mortem illusoires, elle invite aussi à s’approprier notre mort à travers le choix de notre rite
funéraire, et à faire en sorte, dans la mesure de notre possible, de notre mort une victoire de la vie. Dans la
thanatosophia, la mort se met au service de la vie, qui est le seul horizon de l’Etre. Un exemple de cela nous
est donné par la manière dont la mort des étoiles massives, les supernovae, contribuent à la
complexification de l’univers et à la préparation de nouvelles générations d’étoiles.
Le système solaire s’est formé, il y a environ 4,6 milliards d'années, dans une galaxie parmi les
centaines de milliards que compte l'univers observable, appelée Voie lactée. À sa périphérie,
vers les deux tiers de son rayon en allant vers le bord, à quelque 30 000 années-lumière du
centre galactique, une étoile massive est au bout du rouleau: elle n'a plus de matière-carburant
pour générer de l'énergie et briller. La gravité prend le dessus et le cœur de l'étoile agonisante
s'effondre en même temps que se produit une déflagration fulgurante qui projette dans l'espace
les couches supérieures de cette étoile à des milliers de kilomètres par seconde. La mort de
l'étoile massive est ainsi saluée par une super-nova qui atteint la brillance de milliards de
soleils. Près de la super-nova se trouve un nuage gazeux composé presque entièrement des
deux éléments chimiques fabriqués dans le big-bang au cours des trois premières minutes de
l'univers: les trois quarts de sa masse (2 milliards de milliards de milliards de tonnes) sont fait
d'hydrogène, tandis que l'hélium en compose 23 %. Quant aux 2 % restants, ils sont faits
d'éléments plus lourds que l'hélium (les plus abondants sont le carbone, l'azote et l'oxygène)
qui ont vu le jour grâce à l'alchimie nucléaire au cœur des étoiles des générations précédentes.
Celles-ci ont ensuite ensemencé l'espace interstellaire dans leur agonie explosive. Touché de
plein fouet par l'onde de choc provoquée par la supernova voisine, le nuage s'effondre sous
l'effet de sa gravité. Le cœur du nuage devient de plus en plus dense. Du vide initial presque
parfait (10 000 milliards de milliards de fois moins dense que l'eau), la densité atteint 2, puis
10, puis 100 fois celle de l'eau. Les atomes lancés les uns contre les autres dans un espace de
plus en plus restreint s'entrechoquent et échauffent le gaz. Le froid frigorifique du début
(environ - 263° C) fait place à une chaleur de plus en plus torride. Cent millions d'années se
sont écoulés depuis l'effondrement du nuage. La densité au cœur est maintenant 160 fois celle
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de l'eau. Le cap des 10 millions de degrés vient d'être passé. Les atomes d'hydrogène et
d'hélium au cœur du nuage se heurtent furieusement en libérant électrons, noyaux
d'hydrogène (ou protons) et d'hélium. La chaleur et la densité, extrêmes, déclenchent des
réactions nucléaires. Les protons s'unissent 4 par 4 pour former les noyaux d'hélium. Ces
unions libèrent de l'énergie qui se manifeste sous forme de rayonnement. La boule gazeuse
s'allume. L'étoile Soleil est née. La mort de l'étoile massive a accouché de notre astre de vie.
Trinh Xuan Thuan
Le chaos et l’harmonie
Document 3 : Exemples de testaments philosophiques, testaments de convictions et testaments d’actions.
Testament philosophique de Georges Lapierre (1886-1945), mort à Dachau
Il s'agit de notes que Lapierre a fait parvenir dans une lettre à sa femme sortie clandestinement
dans une lettre datée du 18 février 1944. Ce militant anti-fasciste, instituteur puis directeur
d'école primaire à Paris, a été un responsable du Syndicat national des instituteurs pour lequel
il a créé l’hebdomadaire historique L'École libératrice avant de devenir secrétaire général du
Syndicat clandestin pendant l’Occupation où il appartient également au réseau LibérationNord. arrêté par la Gestapo le 2 mars 1943, il sera déporté en septembre 1943. Bien que le
document soit sans titre, il est connu traditionnellement sous le nom de Testament
philosophique de Georges Lapierre, parce que ce fut son dernier texte et qu’il résume les
principes philosophiques qui animèrent ses engagements militants. Il fut écrit à l'intention de
ses amis de lutte comme il le dit lui-même «un jour prochain, vous pouvez avoir à prendre des
initiatives et des responsabilités en vue de renouer les relations internationales des
instituteurs» :
Je vous soumets quelques réflexions ou conclusions, que les nécessités matérielles
m'obligent malheureusement à traduire en formules absolues et lapidaires comme des
apophtegmes. Je les jette sur le papier sans ordre, telles qu'elles me viennent à
l'esprit, en vous demandant d'y penser à votre tour, en disant qu'un jour prochain,
vous pouvez avoir à prendre des initiatives et des responsabilités en vue de renouer
les relations internationales des instituteurs.
- La faillite des efforts de vingt années pour mettre fin aux conflits internationaux et
réaliser enfin la concorde internationale ne saurait ébranler nos convictions et
décourager nos efforts.
- L'erreur humaine réside dans son impatience et dans la croyance à l’efficacité
immédiate de tout effort. Le progrès humain n’est pas à la mesure d'une génération.
Il est à l’échelle de l'Histoire.
- La paix universelle, aspiration séculaire des peuples, est l'aboutissement logique des
constructions de la raison qui reste, en dépit de ses défaillances, notre suprême
recours et notre espoir suprême.
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- Nous restons donc résolument internationalistes. Mais pour être internationaliste, il
faut d'abord avec une patrie.
- Une paix romaine, basée sur l’assujettissement des peuples à une nation des
maîtres, n'est plus possible. Elle se heurte à notre conception moderne de la dignité
humaine et de la justice internationale. Il n'y a de collaboration que dans la liberté et
dans l'égalité des droits.
- Les Tchèques assujettis ont défendu pendant trois siècles leur génie national et l’ont
défendu victorieusement. Les Polonais ont tenu cent cinquante ans. Les Français ne
peuvent faire moins.
- À l'heure présente plus qu'en toute autre, l’éducateur a l'obligation de faire corps
avec la nation, de rester devant l'opinion un porteur de flambeau, un serviteur
d'idéal. Son autorité en sera grandie demain.
- L'idée de patrie nous paraissait si bien ancrée dans le cœur des peuples, que nous
la reléguions volontiers dans le subconscient et que, dans notre hâte à vouloir
réaliser la paix et la justice internationale, nous négligions la base de l'édifice, la
nation.
- C'est cependant en prenant solidement appui sur le sol résistant des traditions et des
aspirations nationales qu'on peut élever les jeunes générations à la compréhension
des solidarités et à la pratique des collaborations internationales.
- Sous peine de faillite, l'éducateur a le devoir de devancer son temps et de se mettre
au niveau de la génération qui suit. Mais de l’une à l'autre génération, il a le devoir
d'établir une continuité, sous peine de désaccord avec la nation dont il est le
mandataire.
Testament philosophique de René Barjavel
24 janvier 1985 ; je suis entré ce matin dans ma soixante quinzième année. Ca commence à
faire beaucoup. J’aime la vie, chaque seconde de ma vie. Je n’ai jamais été indifférent, j’ai
regardé, écouté, goûté, touché, respiré, aimé. Aimé toute chose et toutes choses, belles et
laides, émerveillé par les miracles qui m’entourent et dont je suis fait. Je suis un univers de
miracles. Je le sais. Bonheur de sentir le stylo entre mes doigts, et la fraîcheur du papier sous
ma main, et de voir le petit serpent noir de l’écriture dessiner son chemin comme je l’ai voulu
et comme il le veut. Bonheur de me savoir vivant et de savoir autour de moi l’univers en
marche, en rond puisque j’en suis le centre comme chaque vivant et chaque parcelle non
vivante. Essayer de comprendre ? Impossible. Démesure. Mais s’émerveiller de la grandeur
infinie, si bien finie en chaque poussière de poussière. Et de l’ingéniosité de chaque détail, la
main, l’oeil, l’oreille, le monde organisé de chaque cellule, les tourbillons vides de l’atome, le
vide infranchissable du bois de mon bureau. Vide, tout est vide, disait l’Ecclésiaste. Et ce vide
est si méticuleusement et grandiosement ordonné qu’il emplit et construit et anime le vivant et
la brique, la brique est vivante, la brique grouille et tourbillonne, la brique est vide, je suis vide,
je contiens l’univers. A quoi bon écrire tout cela, à quoi bon écrire, puisque cela est et que rien
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ne peut empêcher d’être ce qui est, et de voir ceux qui regardent, et d’entendre ceux qui
écoutent. Je n’ai pas envie de mourir, mais je crois que j’ai assez vécu. Chaque instant est
l’éternité. Je sais que ceux qui m’attendent ne m’apporteront rien de plus, je sais peu de
choses, je ne saurai rien de plus, j’ai atteint mes limites, je les ai bien emplies, je me suis bien
nourri d’être autant que je pouvais, à ma dimension, et de petit savoir, et de grande, grande
joie émerveillée. Et maintenant je voudrais faire comme mon chat après son repas :
m’endormir. Si je continue, si je dure encore, je ferai mon métier aussi longtemps que je
pourrai, avec application comme je l’ai toujours fait. Bien faire ce qu’on fait, quel que soit le
métier.
René Barjavel (1911-1985)
Testament philosophique de René Barjavel écrit un an avant sa mort
Testament philosophique d’Alfred Nobel
Tout le reste de la fortune réalisable que je laisserai en mourant sera employée de la manière
suivante : le capital placé en valeurs mobilières sûres par mes exécuteurs testamentaires,
constituera un fonds dont les revenus seront distribués chaque année à titre de récompense
aux personnes qui, au cours de l'année écoulée, auront rendu à l'humanité les plus grands
services. Ces revenus seront divisés en cinq parties égales. La première sera attribuée à
l’auteur de la découverte ou de l'invention la plus importante dans le domaine de la physique;
la seconde à l'auteur de la découverte ou de l'invention la plus importante en chimie: la
troisième à l'auteur de la découverte la plus importante en physiologie ou en médecine; la
quatrième à l'auteur de l'ouvrage littéraire le plus remarquable d'inspiration idéaliste; la
cinquième à la personnalité qui aura le plus ou mieux contribué au rapprochement des
peuples, à la suppression ou la réduction des armées permanentes, à la réunion et à la
propagation des congrès pacifistes. Je désire expressément que les prix soient attribués aux
plus dignes, scandinaves ou non.
Alfred Nobel (1833-1896)
Testament en date du 27 novembre 1895
Ce testament rédigé au club suédo-norvégien de Paris, ne prévoit aucun
legs à ses héritiers directs, mais demande que soit créée une institution qui
se chargera de récompenser chaque année des personnes qui ont rendu de
grands services à l'humanité, permettant une amélioration ou un progrès
considérable dans le domaine des savoirs et de la culture dans cinq
disciplines différentes : paix ou diplomatie, littérature, chimie, physiologie ou
médecine et physique. La Fondation Nobel voit le jour le 29 juin 1900
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Document 4 : Autre exemple de service de la vie par sa mort, le sacrifice volontaire pour sauver la vie
d’autres personnes. Dans ce cas, il ne s’agit plus de suicide mais de sacrifice librement consenti, on fait le
don de sa vie, non pour en finir avec la vie, mais pour sauver ou aider d’autres personnes : le résistant qui
se «suicide» pour ne pas parler, le soldat qui se jette sur une grenade pour l’empécher de tuer ses
camarades, le capitaine qui décide de rester jusqu’au bout aux commandes de son avion pour que son
équipage puisse sauter en parachute.... Pour illustrer cela, prenons le cas du « sacrifice» de Léonidas aux
Thermopyles raconté par Hérodote :
On dit que Léonidas les renvoya de son propre mouvement, afin de ne pas les exposer à une
mort certaine, et qu'il pensa qu'il n'était ni, de son honneur ni de celui des Spartiates présents
d'abandonner le poste qu'ils étaient venus garder. Je suis bien plus porté à croire que
Léonidas, ayant remarqué le découragement des alliés et combien ils étaient peu disposés à
courir le même danger que les Spartiates, leur ordonna de se retirer; et que, pour lui, il crut
qu'il ne serait pas beau (kalôs) de s'en aller, et qu'en restant il acquerrait une gloire (kleos)
immortelle, et assurerait à Sparte un bonheur inaltérable : car la Pythie avait répondu aux
Spartiates, qui l'avaient consultée dès le commencement de cette guerre, qu'il fallait que
Lacédémone fût détruite par les Barbares, ou que leur roi pérît. Sa réponse était conçue en
vers hexamètres : « Citoyens de la spacieuse Sparte, ou votre ville célèbre sera détruite par
les descendants de Persée, ou le pays de Lacédémone pleurera la mort d'un roi issu du sang
d'Héraklès. Ni la force des taureaux ni celle des lions ne pourront soutenir le choc impétueux
du Perse; il a la puissance de Zeus. Non, rien ne pourra lui résister qu'il n'ait eu pour sa part
l'un des deux rois. ( ... )
Léonidas fut tué dans cette action après s'être comporté comme un homme d'excellence (anèr
aristos). Il y périt aussi d'autres Spartiates d'un mérite distingué. Je me suis informé de leurs
noms, et même de ceux des trois cents. ( ... )
Ils furent tous enterrés au même endroit où ils avaient été tués, et l'on voit sur leur tombeau
cette inscription, ainsi que sur le monument de ceux qui avaient péri avant que Léonidas eût
renvoyé les alliés : « Quatre mille Péloponnésiens combattirent autrefois dans ce lieu contre
trois millions d'hommes. » Cette inscription regarde tous ceux qui eurent part à l'action des
Thermopyles; mais celle-ci est pour les Spartiates en particulier : « Passant, va dire aux
Lacédémoniens que nous reposons ici pour avoir obéi à leurs lois.» ( ... ) Les amphictyons
firent graver ces inscriptions sur des colonnes, afin d'honorer la mémoire de ces braves gens.
Hérodote
VII, 220, 224 et 228
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Livres et revues
- A-t-on encore besoin d'une religion ?, André Comte-Sponville, Alain Rémond, Bernard Feillet, Éditions de
l’Atelier, 2003
- Du bon usage de la lenteur, Pierre Sansot, Éditions Rivages poche/petite bibliothèque, 2000
- Petit traité des grandes vertus, André Comte-Sponville, PUF, 1995
- Poussières d'étoiles, Hubert Reeves, Seuil, 1994
- L’extase matérielle, Le Clézio, Gallimard, 1992
- Pilote de guerre, Antoine de Saint-Exupéry (1942), Gallimard, 1991
- Essai d’une philosophie de la solidarité, Léon Bourgeois, 1902
- Walden ou la vie dans les bois, Henry David Thoreau (1854), L’âge de l’homme, 1990
- Epicure et les épicuriens (1961), Presses Universitaires de France, 1991
- Essai sur le don, Marcel Mauss (1925), PUF, 2007
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