projet livres - Bailly

LE LIVRE ET L’ENFANT
L’idée de lire des livres aux bébés a été lancée en France, au début des années 80, par la
psychiatre Marie Bonnafé. Avec son équipe elle s’est notamment inspirée de recherches
selon lesquelles bien avant de savoir lire, les enfants savent que l’écrit a un sens. Elle
invite toutes les personnes qui sont en contact avec des enfants d’âge préscolaire et qui
s’intéressent à la littérature d’enfance à découvrir comment les livres permettent de
stimuler chacune des dimensions du développement de l’enfant et ce, dès la naissance.
Le livre est un outil précieux dans notre quotidien à la crèche. Les enfants attendent le
temps de l’histoire avec impatience et ce temps reste le plus calme et génère une attention
et une concentration toute particulière. Les enfants s’intéressent, s’expriment, se
projettent, mais surtout prennent du plaisir.
De nombreux parents nous rapportent que leur enfant leur a expliqué l’histoire écoutée
le jour même ou demandé de repartir à la maison avec un livre apprécié. Ces
informations nous ont données l’envie de partager avec les familles cet intérêt et ce goût
du livre né chez les enfants et nous avons travaillé sur les apports du livre chez l’enfant
afin de proposer un projet adapté.
Notre réflexion de travail s’est axée sur les apports du livre au développement du tout
petit et ainsi sur notre manière de la mener auprès des enfants et de la faire naître,
comprendre ou perdurer auprès des familles.
De nombreux spécialistes ont publié des ouvrages portant sur le développement de
l’enfant. On sait que chaque enfant se développe de façon prévisible, mais à son propre
rythme. L’essence demeure donc la même et l’on reconnaît à l’enfant cinq sphères de
développement :
1/ La dimension socio-affective
2/ La dimension langagière
3/ La dimension créative
4/ La dimension intellectuelle
5/ la dimension sensori-motrice
Ces dimensions sont étroitement liées et le développement de l’une entraîne
invariablement le développement de l’autre. C’est à partir de chacune d’entre elles, de
certains constats et de diverses observations que nous travaillons de manière spécifique.
1/ La dimension socio-affective :
Elle est axée sur les interactions de l’enfant avec les autres et les adultes, sur ses réactions,
ses sentiments et ses émotions. C’est au travers d’activités favorisant son épanouissement
que l’enfant construit son identité personnelle, développe son autonomie et une estime
de soi positive. Sa présence au sein d’un groupe est propice au développement de
l’empathie, de l’expression de soi et de la communication de ses sentiments.
Le contact physique avec une personne significative qui lui raconte une histoire lui
donne une sensation de bien-être et de calme. C’est pourquoi pour nous ainsi que pour
le parent il convient de s’installer confortablement et de laisser l’enfant explorer le livre
et s’exprimer. Il importe aussi de découvrir ses intérêts et de le soutenir dans l’expression
de ses préférences.
Le livre aide l’enfant à faire la connaissance du monde qui l’entoure. Qui n’a pas déjà
observé un bébé regarder une illustration représentant une vache et en imiter le cri, avant
même d’en avoir vu une en chair et en os ? C’est ainsi que l’enfant réussi très tôt à faire le
lien entre l’image d’un objet et la présence de cet objet dans son environnement et cela,
malgré les différences de couleurs ou de formes. Cet exercice lui permet, entre autres, de
reconnaître et d’exprimer des concepts aussi abstraits que les émotions.
Notre meilleure approche demeure la variété. Plus l’enfant sera en contact avec des
modèles ou des réalités de toutes sortes, plus large sera sa vision du monde.
2/ La dimension langagière :
Cela concerne la communication verbale et non verbale. Dès son plus jeune âge, le bébé
s’intéresse aux variations d’intonation et à l’expression du visage. Très rapidement il
tente d’imiter l’adulte. Afin de susciter son désir de communiquer, on peut commenter
ce que l’enfant semble vouloir exprimer à propos des illustrations qu’il observe dans les
livres qu’on lui présente. Lors de la lecture d’une histoire, les enfants sont curieux et ont
souvent mille questions à poser ou commentaires à apporter. Leur laisser le temps de
s’exprimer et répondre à leurs questions, voilà une méthode qui favorise l’intérêt pour la
communication verbale.
Nous le voyons bien, par le récit d’une histoire l’enfant découvre le sens des mots, puis
des idées qui s’accumulent et s’amoncellent comme des trésors dans sa mémoire. Elles lui
permettent d’agrandir son langage, d’enrichir son vocabulaire.
3/ La dimension créative :
Lorsqu’on parle de créativité, on a tendance à penser intuitivement à de la « production
originale ». En effet, il n’est pas simple de définir ce que l’on entend par créativité chez le
jeune enfant, mais on peut d’emblée affirmer qu’il ne s’agit pas uniquement de création
artistique. On parle plutôt d’imagination, de réflexion, autour de l’histoire racontée
comme par exemple l’idée d’inventer, d’imaginer ou de transformer la suite du récit.
4/ La dimension intellectuelle :
Cette sphère concerne plusieurs habiletés comme le raisonnement, la classification, la
compréhension de concepts tels que les chiffres, les lettres, les couleurs, les formes, …
Dès l’âge de 18 mois on peut commencer à présenter des albums illustrant des concepts
plus difficiles à saisir, comme les notions de « dessus-dessous », « dedans-dehors » et
demander à l’enfant de pointer le doigt vers l’objet qui est au dessus … Par ailleurs, les
albums sans texte offrent plusieurs possibilités d’exploitation intéressantes pour amener
le tout-petit à se servir des indices fournis par l’illustration pour comprendre l’histoire.
Vers l’âge de trois ans, il est judicieux d’offrir à l’enfant des livres dans lesquels il peut
reconnaître une ou plusieurs classes d’objets. Les formes géométriques lui permettent
éventuellement de faire le lien entre la forme simple et la complexité des objets de son
environnement : ballon, table, maison …
Enfin, nous utilisons beaucoup le livre en tant que support utile pour expliquer,
désangoisser, rassurer l’enfant sur un évènement ou une période spécifique dans sa vie :
passage à l’école, apprentissage de la propreté, naissance d’un frère ou d’une sœur, un
décès, des soins médicaux…
5/ La dimension sensori-motrice :
Cette sphère est reliée au mouvement. Les mouvements du bébé servent essentiellement
à transmettre des messages à son entourage. Peu à peu, il découvre son corps et prend
conscience qu’il est lui-même une entité. Au fil des ans, il est en mesure de coordonner
des mouvements de plus en plus complexes et de manipuler du matériel qui demande une
dextérité fine. Cette dimension touche également les cinq sens qui servent à l’enfant pour
découvrir et explorer son environnement : la vue, le toucher, l’ouïe, l’odorat et le goût.
Il convient de laisser des livres sécuritaires et résistants à la portée des petits, les livres à
rabats ou à pochettes, dans lesquels se cachent différents objets, sont particulièrement
appréciés des petits explorateurs. Ces ouvrages permettent d’acquérir la permanence de
l’objet.
L’acuité visuelle des enfants se développe rapidement. Les encourager à observer des
illustrations plus complexes et à chercher une erreur qui s’est glissée dans l’image ou un
objet qui n’est pas à sa place stimule ce développement. En outre, ce type d’activité les
invite à participer activement, ce qui permet de prolonger leur période d’attention.
Après ce travail de réflexion et d’analyse on peut se rendre compte que ce n’est pas lire
pour lire mais qu’une histoire, le contexte dans lequel elle est contée et le choix de nos
orientations ne se font pas par hasard et apportent tant aux enfants !
Chaque jour nos temps lecture sont organisés et menés en fonction de toutes ces notions.
Par ailleurs, nous avons alors décidé, dans un esprit d’échange et de relais avec les
familles, d’instaurer un système de prêt d’ouvrages. Chaque enfant peut emprunter un
livre de la crèche pour la semaine et l’échanger ou même, s’il le désire, le reconduire la
semaine suivante. Cette organisation a pris effet en octobre 2009 et connaît un franc
succès. Les enfants sont impatients d’être au lundi suivant pour emprunter un nouveau
livre et s’ils oublient, les parents, désireux également de découvrir un livre avec leur
enfant, leur rappelle.
De même, les enfants de la section des grands ont la possibilité de ramener chaque jour,
et à tour de rôle, un livre de la maison à faire découvrir aux autres enfants. Ces livres
seront lus en matinée avec tout le groupe. Ce système fonctionne également très bien et
les parents se sentent impliqués et volontaires.
Pour le bon déroulement de ce projet et notamment le roulement à effectuer, il faudrait
que nous puissions de temps en temps renouveler le stock de nos ouvrages.
Le livre nourrit l’enfant, physiquement : il peut le toucher, le respirer, vibrer avec lui.
Etes-vous déjà entrés dans une vieille bibliothèque ? L’odeur des livres, le papier qui
chuinte entre les doigts, l’odeur du savoir, le calme … Quel effet cela vous fait-il ?
Quels souvenirs remontent à votre mémoire ?
Le livre est toujours disponible, on le reprend à la page où on l’a laissé, il respecte
notre liberté. Moralement, le livre transmet à l’enfant des valeurs, des messages, qu’il
a le temps d’intégrer. Il lui permet de raconter, de se raconter, mais aussi de se
trouver, de se retrouver dans les personnages, de se connaître … tout simplement !
PROJET
AUTOUR DU LIVRE
A LA CRECHE
Multi-accueil SAPERLIPOPETTE
Janvier 2010