Fiche de salle Pichon

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Fiche de salle Pichon
DE TERRE ET D’EAU
Céramiques languedociennes du Musée du Vieux Nîmes
22 octobre 2014 – 25 janvier 2015
La manufacture Pichon d’Uzès
Dans le cadre de l’exposition De terre et d’eau, céramiques languedociennes du Musée du Vieux Nîmes, le
musée Ziem présente des œuvres issues de la manufacture Pichon à Uzès, rare entreprise de poteries fines
à avoir survécu depuis le XIXe siècle. Elle bénéficie du label « Entreprise du patrimoine vivant » décerné par
le Ministère de l’Economie, de l’Industrie et de l’Emploi aux entreprises françaises possédant des savoir-faire
artisanaux et industriels d’excellence.
Le projet municipal et la faïence à Uzès
D’après le cadastre, aucune faïencerie n’existe à Uzès au
début du XIXe siècle. Il faut attendre les années 18061809 pour que soit lancé le projet d’établir une manufacture. L’objectif est double : employer les pensionnaires de l’hôpital et fabriquer de la terre de pipe. Ce
terme n’a rien à voir avec la fabrication de pipes mais
équivaut à celui de faïence fine. Le chimiste Jean-Antoine Chaptal apporte ses précieux conseils, propose
de consulter sa Chimie appliquée aux arts et adresse
Cantines de soyeuses à bandes de terre brune au
au maire un ouvrage intitulé L’art de fabriquer de la
timbre des Pichon, XIXe siècle 10 x 8 cm, Uzès
poterie façon anglaise. Au même moment la municipalité demande à des fabricants marseillais, Guiraud
et Perrin, d’effectuer les premiers essais avec des terres de l’Uzège. Les cuissons expérimentales, réalisées
à Marseille, sont décevantes. Toutefois, le projet perdure et la fabrique Teissier et Compagnie, créée le 2
janvier 1819, est le véritable point de départ de la faïence à Uzès. Deux familles de faïenciers s’y succèdent :
les Vernet (entreprise aujourd’hui disparue) et les Pichon. D’autres tenteront de s’implanter mais sans
succès.
La famille Pichon
A l’origine de cette famille de faïenciers se trouve Jacques Philippe Pichon, père d’une fille et de quatre
garçons, dont trois vont devenir faïenciers et donner naissance à l’atelier encore en activité à Uzès.
Au décès de Jacques Philippe, en 1830, tous les enfants cèdent à leur frère François les droits sur les objets
mobiliers servant à la fabrication de la poterie fine. A son décès, en 1877, la fabrique est reprise par ses trois
fils : Jules, Alphonse et Auguste. De 1892 à 1964, l’entreprise passe de père en fils. Cette année là, Jean-Paul
Pichon crée une seconde fabrique au Pont des Charrettes tandis que son frère, Bernard, continue de diriger
l’entreprise familiale qui fermera ses portes en 2009. Aujourd’hui Christophe Pichon, fils de Jean-Paul, perpétue la tradition familiale et exporte ses productions dans le monde entier.
Les transferts de techniques
L’origine des ouvriers employés dans les fabriques est essentielle à la compréhension des transferts de techniques et de modèles. En effet, quand il n’y a pas de personnel compétent sur place, le recrutement d’artisans extérieurs est incontournable. Ainsi Vital Clocquart est-il recensé en 1831 à Uzès. Fils d’un faïencier,
il a d’abord exercé à Lodève entre 1823 et 1825, ce qui n’est pas sans intérêt compte tenu des similitudes
constatées entre les deux productions. De même, les fameuses terres mêlées de Vallauris peuvent elles être
mises en relation avec l’arrivée de Jean Gerbino qui exerça dans l’atelier Pichon en 1912.
Le savoir-faire Pichon
Dans les années 50, l’atelier Pichon utilise l’argile poreuse et rouge de la région d’Uzès pour fabriquer des
articles destinés à la cuisine et émaillés dans des tons
traditionnels comme le vert olive ou le jaune Provence.
Aujourd’hui, la production est orientée vers les arts de
la table. L’argile locale est délaissée au bénéfice d’une
terre de couleur blanche contenant une forte proportion de kaolin. La plupart des produits sont tournés ou
moulés à la différence des corbeilles, spécialité de
la famille, dont les cordons d’argile sont tressés telle
une vannerie avant d’être décorés de petites fleurs
Paire de cornes d’abondance en terres mêlées à
décor floral rapporté de chez Pichon
en argile. Toutes les pièces sont ensuite séchées, en23 x 7 cm, Uzès
gobées puis subissent une première cuisson à 1100°
C dite cuisson de biscuit. On leur applique ensuite une
couverte à base de plomb et de sable avant de cuire
l’ensemble à 980° C afin de permettre la fusion de la
glaçure qui apportera brillance et couleur aux pièces.
Parmi l’ensemble de la production, la spécialité des Pichon reste sans conteste les terres mêlées dont la date
exacte d’apparition est incertaine. Mélange unique
de terre colorées dans la masse donnant l’effet d’un
marbre aux veines multicolores, les plus anciennes ne
présentent que trois couleurs : le blanc, le rouge et le
noir. Le vert, obtenu grâce à l’adjonction d’oxyde de
cuivre, et le bleu, résultant de l’apport de frite au cobalt, apparaissent au cours du troisième quart du XIXe
siècle. Les décors floraux rapportés suivront.
Vase sur pied en terre mêlée et forme d’amphore de
chez Pichon, 23 x 13 cm, Uzès
Pichon au musée Georges Borias d’Uzès
Deux pièces exceptionnelles en terre mêlée du musée d’Uzès figurent dans l’exposition du musée Ziem.
Celui-là possédait déjà quelques pièces de la famille. Afin de compléter la collection, Jean-Paul et Christophe
Pichon ont accepté de déposer leur collection au musée. Plusieurs dizaines de pièces sont donc exposées
dans une salle, témoignant de l’évolution des formes et des techniques, des origines aux créations récentes :
vaisselle, vases, bonbonnières, unis ou en terres mêlées.
Bibliographie :
Jean-Louis Vayssettes, Céramique à Uzès, de la faïence fine aux terres mêlées, Montpellier, Les petits carnets
de la terre cuite, 1998

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