Contre l`intervention allemande dans la guerre civile
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Contre l`intervention allemande dans la guerre civile
Document 22 Contre l’intervention allemande dans la guerre civile Photomontage de J. Heartfield, Tchécoslovaquie, 1936 Juillet 1936 : après la victoire électorale du Frente popular puis le coup de force opéré en réaction par un groupe d’officiers emmenés par Franco, l’Espagne est coupée en deux. D’un côté, les « gouvernementaux » : des républicains qui rassemblent de nombreux soldats, la marine et les masses populaires, mais qui n’obtiennent que du bout des lèvres un soutien très mesuré des démocraties européennes. De l’autre, les « nationalistes », au rang desquels on trouve les possédants, la hiérarchie catholique, une grande partie de l’armée et des groupes de choc, dont le plus connu est la Phalange. Ces franquistes sont massivement soutenus par les dictatures fasciste et nazie. C’est dans cette opposition démocraties molles/totalitarismes agressifs que s’internationalise la guerre d’Espagne, un conflit civil qui accélère le rapprochement des puissances totalitaires montantes. Dans ce photomontage paru dans la revue antifasciste en exil à Prague, Die Volks Illustrierte, le 25 novembre 1936, John Heartfield dénonce l’intervention des nazis aux côtés de Franco. Deux condors gigantesques, en contre-plongée pour en accentuer leur caractère oppressif, menacent Madrid. Le calot et l’insigne phalangiste porté par l’un ainsi que la casquette d’officier et la croix gammée de l’autre permettent d’identifier les protagonistes. Quelques jours auparavant, Franco accepte sur son sol la mise en œuvre d’une force allemande échappant à son autorité : la Légion Condor. Formée le 6 novembre, dirigée par le général Von Sperrle, elle se compose, dans un premier temps, d’une centaine d’avions et d’une force expéditionnaire de 6 500 hommes. Avide d’en découdre avec les « bolcheviks de l’Espagne rouge », elle opère à son propre compte. À Guernica, le 26 avril 1937, elle bombarde la petite localité de 7 000 habitants et mitraille la population qui fuit. Le choc visuel du photomontage repose sur le face-à-face entre les deux rapaces, monstres mianimaux, mi-humains (ils sont vêtus), et les trois baïonnettes qui surgissent en contre-bas, au premier plan. « Ils ne passeront pas ! [eux, les nationalistes] Nous passerons ! [nous, les républicains]. » Le slogan, largement repris par les antifascistes, est lancé par la militante communiste Dolores Ibbaruri, dite la Pasionaria, partisane d’une lutte à outrance. Image d’actualité expressive, allégorie véhémente, message sans concession, le photomontage prend la défense du peuple en lutte contre les envahisseurs nazis et contre le fascisme, contre la guerre et pour la liberté. C’est sous ces traits métaphoriques de violence et de barbarie que John Heartfield, communiste allemand en exil en Tchécoslovaquie, dénonce les nazis. © Nathan/Éduscope 2009