Témoignages d`animateurs : "Vers des colos - Arcades

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Témoignages d`animateurs : "Vers des colos - Arcades
Témoignages d'animateurs : "Vers des colos ghettos ?"
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Témoignages d'animateurs : "Vers
des colos ghettos ?"
Le Monde.fr | 16.07.2013 à 16h15 • Mis à jour le 16.07.2013 à 18h38
En 2013, plus de trois millions d'enfants ne partiront pas en vacances | AFP/MYCHÈLE
DANIAU
D'après un rapport parlementaire, les colonies de vacances sont en mal de
mixité. Le Monde.fr a recueilli le témoignage d'animateurs de séjours.
Morceaux choisis.
Lire : "La fracture sociale jusque dans les colos d'été" (/societe/article
/2013/07/16/la-fracture-sociale-jusque-dans-les-colos-d-ete_3447722_3224.html)
"Vers des colos ghettos ?", par Jocelyne, salariée d'une association
organisatrice de colonies de vacances
J'essaie de mettre en œuvre l'objectif de mixité sociale qui est au cœur de notre
projet éducatif. Dans leur quotidien, les enfants ne fréquentent que d'autres
jeunes issus du même milieu que le leur, dans leurs établissements scolaires,
leurs quartiers ou leurs entourages familiaux ou amicaux. La colo semble donc
être l'une des rares occasions de rencontrer des jeunes d'origines sociales,
géographiques et culturelles différentes et, par la même occasion, de dépasser
leurs préjugés, de s'ouvrir aux autres, et d'élargir leur champ de vision de la
société.
Nous organisons, avant chaque période de vacances, des réunions de
présentation de séjours auprès des familles dont les enfants partent en colonie.
Cette année, lors d'une réunion dans un grand comité d'entreprise parisien, une
maman a souhaité annuler le séjour de sa fille, car la colo accueillait également
un petit groupe inscrit par une ville de Seine-Saint-Denis. Lors d'une autre
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réunion dans une grande ville des Hauts-de-Seine, j'ai vu des parents grimacer
lorsque nous avons annoncé que l'autre moitié du groupe venait d'une ville de
l'Essonne.
La pression existe bel et bien pour que nous évitions cette mixité sociale au
sein des séjours. Le dérive étant de se diriger vers des colos ghettos, pour les
riches d'un côté, et pour les pauvres de l'autre.
"Un marché lucratif", par Vincent P., 26 ans, ancien directeur de colonies
de vacances
Le monde de l'animation n'a plus grand-chose à voir avec les "jolies colonies de
vacances" d'antan. De nombreuses structures, n'ayant d'ailleurs pas toutes un
statut associatif, sont apparues. Celles-ci se partagent aujourd'hui un marché
bien lucratif. Comment parler de mixité sociale quand certains séjours facturent
une semaine de colo à plus de 1 000 euros ?
En tant directeur, j'ai encadré de nombreuses structures différentes : centres
aérés, centres de vacances... Les séjours hébergés sont de loin ceux qui
offrent le moins de mixité sociale. Quand, en août, les foyers ferment, tous ces
jeunes, parfois en difficulté, sont envoyés dans des séjours peu coûteux. On se
retrouve donc avec une population issue parfois à 90 % de foyers.
Face à eux, de jeunes animateurs à peine formés, pour qui l'encadrement n'est
pas un exercice aisé. Heureusement, tout se passe généralement bien, et ces
séjours sont parmi mes plus beaux souvenirs. Car dans ce cadre, le mot animer
, "donner une âme", prend tout son sens. Mais face à la marchandisation du
secteur, qui sait combien de temps encore les "colos" resteront un espace de
socialisation quelque peu alternatif ?
"Je perçois une certaine mixité sociale", par Cléo, 20 ans, animatrice
Je suis animatrice dans une association de scoutisme laïque. Les jeunes que
j'encadre chaque année en août sont majoritairement envoyés par le Secours
populaire. Visiblement, ils sont issus de milieux défavorisés. L'année dernière,
par exemple, deux jeunes filles avaient été inscrites par leur assistante sociale,
afin d'être éloignées quelque temps de leur famille . Les autres enfants viennent,
semble-t-il, de classes moyennes ou aisées, qui côtoient donc des jeunes en
très grande difficulté.
Je perçois donc une certaine mixité sociale lors de ces colonies. Peut-être
est-ce dû au fait que nous sommes une association à but non lucratif, que
certaines familles peuvent encore bénéficier de la CAF et que nous faisons
venir des jeunes via le Secours populaire.
"Ségrégation des offres", par Natacha F., animatrice
Animatrice pour un organisme parisien dont les séjours sont très chers, je n'ai
eu, en cinq ans, qu'un seul enfant issu de foyer, dont le séjour était payé par sa
région d'origine. Tous les autres sont des enfants de cadres, de médecins,
parfois d'enseignants.
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A l'inverse, des collègues travaillant avec la mairie de Paris ou des organismes
moins chers reçoivent très souvent des enfants défavorisés.
"Des prix de plus en plus élevés", par Joséphine R, ancienne animatrice
Il existe de nombreux organismes de colonies de vacances. Et effectivement,
ceux qui marchent le mieux sont clairement adressés à un public aisé. Ils
proposent des séjours thématiques et un très fort encadrement, avec un
animateur pour six enfants, alors que la loi prévoit un animateur pour douze.
Ceci justifie des prix de plus en plus élevés. Mais les animateurs, eux, sont
toujours aussi mal payés.
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