Stratégies d`autoformation pour l`acquisition de compétences
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Stratégies d`autoformation pour l`acquisition de compétences
STRATÉGIES D'AUTOFORMATION POUR L'ACQUISITION DE COMPÉTENCES ESSENTIELLES DANS LE MILIEU DE TRAVAIL Résumé de la recherche La compétence essentielle qui fait l’objet de notre projet de recherche est celle de l’apprentissage continu (DRHC, 2002). Cette compétence implique celle d’apprendre à apprendre en utilisant des stratégies d’apprentissage adaptées et efficaces et de le faire souvent par soi-même, par autoformation. Dans le contexte moderne d’explosion des connaissances et des technologies, les organisations utilisent des savoir-faire complexes en évolution constante. Cette situation exige de la part des employés une maîtrise rapide de compétences professionnelles complexes mais rapidement obsolètes et donc exige un apprentissage continu. La formation formelle initiale ou continue, quoique indispensable, s’avère déficiente, ne répondant que partiellement aux besoins des travailleurs et des organisations pour leur permettre d’innover, de s’adapter aux changements et de rester compétitifs. Par contre, l’autoformation s’illustre comme une approche complémentaire, incontournable pour le développement et le maintien de compétences dans le travail. En effet, elle présente une souplesse et une spécificité inégalables lorsque les tâches et les compétences sont complexes et en constante évolution. Mais tous les employés maîtrisent-ils les stratégies d’apprentissage indispensables pour acquérir ces compétences au travail? Cela semble vrai pour certains, mais, ce n’est point le cas pour d’autres moins habiles. Certains apprenants connaissent des difficultés à apprendre car ils n’activent pas des stratégies efficaces pour créer, adapter et appliquer les savoirs disséminés dans une multitude de ressources humaines et matérielles autour d’eux. Ces employés évitent alors les situations d’apprentissage dans lesquelles leurs difficultés peuvent être mises à jour. Ils se privent et privent ainsi leur organisation d’un potentiel de développement inexploité. D’autres travailleurs-apprenants qu’on peut qualifier d’apprenants habiles font preuve de curiosité, d’initiative et n’ont point peur de s’engager dans de nouvelles tâches, effectuer de nouveaux apprentissages. Ils font appel à de stratégies efficaces pour l’apprentissage et l’acquisition de compétences. Pour ces raisons, mieux connaître les stratégies d’autoformation utilisées avec efficience par les travailleurs apprenants compétents aiderait à les inculquer à leurs collègues moins habiles. La maîtrise et l’activation de stratégies efficaces, transférables et adaptables pourrait faciliter l'acquisition de compétences de tous les travailleurs qui seraient ainsi en mesure de s'appuyer sur un répertoire de stratégies éprouvées, sorte de guide de ressources méthodologiques, qui les aiderait dans les tâches de recherche et de traitement de l'information reliées au travail. Or, il n'existe pas à notre connaissance de répertoire méthodologique de stratégies efficaces en autoformation et cette absence fait cruellement défaut à ceux et à celles qui désirent ou sont dans la nécessité de poursuivre des activités d'autoformation pour développer leurs compétences mais rencontrent des difficultés qui les ralentissent et les découragent. L’objectif de ce projet est l’étude des stratégies d’autoformation utilisées pour le développement de compétences dans le milieu de travail en vue d’élaborer un tel outil. Notre programme de recherche, qui s'appuie sur un cadre conceptuel inspiré des modèles théoriques de l’autoformation et des stratégies d'apprentissage, vise à combler les lacunes identifiées dans ce domaine et répond à un besoin urgent : le besoin de savoir apprendre en contexte d’autoformation. Il se situe en continuité directe avec notre recherche antérieure qui a fait ressortir l'importance des stratégies d’apprentissage pour le développement et le maintien des compétences professionnelles. STRATÉGIES D'AUTOFORMATION POUR L'ACQUISITION DE COMPÉTENCES ESSENTIELLES DANS LE MILIEU DE TRAVAIL 1. Problématique : Exigences de l’environnement de travail et besoins d’autoformation Les organisations modernes, surtout dans les secteurs de pointe sont devenues également des milieux éducatifs et de formation (Chastaigner et Therry, 1987; Field, 2000; Marsick et Watkins, 1996). Ces organisations participent à ce que l’on nomme économie du savoir, économie qui devient de plus en plus importante aujourd’hui (Field, 2000). Ce sont celles où les “travailleurs-apprenants” doivent maîtriser des compétences essentielles ou génériques qui ont trait au domaine de la création et de l’application de connaissances. Dans l’exercice de leur travail, ils doivent continuellement développer de nouvelles compétences et trouver, créer, traiter, analyser, évaluer, appliquer et gérer de grandes quantités de connaissances en changement constant. L’évolution technologique accélérée et la mobilité dans l’emploi exigent d’eux la pratique effective de l’apprentissage continu et du juste à temps et nécessitent de leur part une maîtrise rapide de compétences professionnelles et d’apprentissage, dont celle de savoir apprendre (Jasmin et Norbert, 1992). C’est justement sur cette compétence essentielle que porte notre projet de recherche. Savoir-apprendre est considéré comme une forme particulière de pensée ou de fonctionnement cognitif au même titre que la résolution de problème, la prise de décision, etc. 1.1 Apprentissage continu et développement des compétences Dans le contexte actuel d'évolution rapide des savoirs, la formation fait l’objet d’un consensus global impliquant des acteurs, et non les moindres (UNESCO, OCDE, CEE, etc.) et devient un véritable programme du futur (Field, 2000). La formation continue des travailleurs est primordiale au succès des organisations, mais elle n’est point suffisante car ne permettant point de résoudre les problèmes qui se posent au travailleur d’aujourd’hui (Marsick et Watkins, 1996). L’autoformation semble alors une solution de choix, mais elle nécessite sur le plan méthodologique de savoir-apprendre et d’utiliser de stratégies souvent peu maîtrisées par les employés. Un large consensus se dégage des écrits récents à l’effet que dans la société moderne, il n’est plus possible d’acquérir lors de la formation initiale tous les apprentissages théoriques et pratiques dont les travailleurs ont besoin (CEC, 1994). Ceux-ci doivent compter sur leurs propres stratégies pour apprendre de nouvelles connaissances et développer de nouvelles compétences et ainsi de compléter eux-mêmes leurs savoirs afin de comprendre et d'effectuer des tâches complexes, constamment renouvelées. 1.2 L’autoformation dans le milieu de travail L’autoformation se définie comme un mode d'apprentissage et un savoir-faire acquis sans l'intervention structurante et contrôlante d'un agent éducatif. C’est un apprentissage qui s’effectue par expérience, essai et erreur, « sur le tas » et constitue un processus de formation de soi par soi qui exige l'autonomie, l’autoréférence et l'auto-évaluation (Pineau, 2000, 1994). Elle s’apparente à l’apprentissage informel ou self-directed learning (Marsik et Watkins, 2001). Dans ce contexte, la démarche de l'apprenant demeure essentiellement indépendante, même s'il recherche parfois une aide extérieure ponctuelle qu’il est en mesure d’évaluer et de contrôler. L’autoformation, renvoie aux concepts d'autodidaxie, d'auto-apprentissage (self-directed learning) ou encore d'apprentissage informel (Marsik et Watkins, 2001, Tremblay, 2000). L'étude de l'autoformation constitue un changement de paradigme de la perspective pédagogicodidactique classique, fondée sur la transmission, vers une perspective d'apprentissage auto-dirigé dans laquelle l'apprenant s'approprie des connaissances en utilisant les ressources de son milieu. Brièvement, le modèle considère que les activités métacognitives influencent le développement, la sélection, le choix, déploiement et la régulation des stratégies d’apprentissage. Celles-ci à leur tour influencent l’implication de l’apprenant dans des activités d’autoformation et le succès dans cette démarche. L’autoformation peut sembler paradoxale puisqu'elle postule qu’apparemment le formé se forme lui-même dans ce qu'il ne sait pas à priori et assume des fonctions attribuées normalement au formateur. Elle est, cependant, fort répandue (Tough, 1991). Comme d’autres modes d’apprentissage, elle se fait par le biais de stratégies personnelles variées, plus ou moins conscientes et plus ou moins complexes que les individus développent au fil de leurs interactions les autres individus, avec les contenus à apprendre, les tâches à réaliser et les compétences à acquérir. Les recherches systématiques sur les projets d’apprentissage auto-planifiés et sur le niveau d’autodirection dans l’apprentissage ont permis l’identification des caractéristiques psychologiques et sociales des individus engagés dans des activités d’autoformation (Pineau, 2000). Elles ont aussi permis de décrire un certain nombre de compétences génériques et d’attitudes que doit posséder pour pouvoir apprendre efficacement par soi-même (Tremblay, 2000). Les études sur l’effet de l’autoformation sur le plan financier (Carnevale, Gainer, et Meltzer, 1992) montrent que celle-ci réduit le temps de formation, diminue le roulement du personnel et améliore le moral et la motivation des employés. Même si l’autoformation est omniprésente dans la vie quotidienne comme au travail, sa place demeure négligée par les gouvernements et les entreprises. En effet, les politiques et les programmes gouvernementaux ou d’entreprises sont presque exclusivement axés sur la formation formelle structurée au détriment de l’autoformation (Field, 2000). Cependant, le soutien à l’autoformation est plus économique et permet d’atteindre des résultats plus satisfaisants en plus d'être particulièrement efficace et souple (Foucher, 2000). Heureusement, depuis quelques années, l'on constate une introduction timide de l’aide à l’autoformation. Ainsi, certaines organisations utilisent des groupes de travail autonomes pour la production ou pour la gestion, ce qui améliore l’acquisition de compétences et se traduit par productivité et satisfaction. Le soutien de la direction émerge comme le principal facteur qui facilite l’autoformation et les réseaux de communication revêtent une importance particulière pour son développement (Foucher, 2000). L’autoformation peut combler les lacunes de la formation formelle initiale et le fait déjà dans de nombreux secteurs. Le recours à l’autoformation s’avère utile à plusieurs égards (Carré, 1992; Carré, Moisan, et Poisson, 1997; Cseh, Marsick et Watkins, 2000; Hrimech, 2001, 2000, 1996; Marsick et Watkins, 1990). Elle représente une voie prometteuse pour répondre aux exigences complexes et aux besoins des organisations d'aujourd'hui (Carré et Pearn, 1992; Hrimech, 2000). Il y a donc une obligation de plus en plus incontournable d’apprendre par soi-même de manière continue et une nécessité de trouver soi-même des moyens pour le faire (Foucher, 2000; Enau, 2003). Justement, les ressources humaines et les outils matériels pour l’autoformation et l’apprentissage informel ne manquent pas dans la société moderne : textes écrits, vidéos et plus récemment l’ordinateur et Internet. Ainsi, certaines organisations encouragent leurs employés à tirer profit de dispositifs, comme les centres de ressources qu'elles mettent à leur disposition. Mais ces dispositifs sont-ils bien exploités et les stratégies utilisées dans les situations d'apprentissage par autoformation sont-elles efficientes pour l’acquisition de compétences? 1.3 Les stratégies d’apprentissage. Les stratégies d’apprentissage sont des opérations cognitives, métacognitives, affectives, sociales ou mixtes, impulsées et contrôlées par l'apprenant et utilisées dans le but d'acquérir ou d’intégrer des connaissances ou des compétences (Ruph, 1999, Hrimech, 2001). Ces opérations portent sur la recherche, le repérage, la transformation, la classification et la conceptualisation des informations à traiter, des contenus à apprendre ou des problèmes à résoudre. Elles impliquent des interactions directes (sur le contenu) ou indirectes (sur l’environnement ou l’individu) en interaction avec des agents sociaux afin de faciliter l'atteinte de buts d'apprentissage, de résolution de problèmes. Dans le monde scolaire, on parle à leur sujet de compétences transversales ou métacognitives car elles gouvernent l’acquisition d’autres compétences pratiques ou professionnelles. Les stratégies d’apprentissage sont nécessaires pour l'autorégulation et le contrôle efficaces des processus cognitifs, comme l'apprentissage et déterminent, partiellement, les résultats d'une activité d'apprentissage (Boulet, Savoie-Zajc et Chevrier, 1996; Ruph, 1999). Elles font appel à la régulation métacognitive ou la capacité de réflexion sur soimême comme agent cognitif et sur les connaissances générées par cette réflexion et la régulation consciente et intentionnelle des processus cognitifs dont l’acquisition de compétences. Contrairement au monde scolaire, les stratégies spontanées et efficientes que les employés utilisent dans leur travail demeurent peu connues et encore moins évaluées. Une connaissance approfondie de ces stratégies serait un atout majeur pour les travailleurs qui désirent s’outiller afin de "s’autoformer". Sur le plan pratique, cette connaissance revêt un intérêt certain pour les organisations qui voudraient, créer les conditions favorables et encourager l’autoformation de leurs employés. De plus, sur le plan théorique, elle permettrait de mieux comprendre le phénomène répandu de l'autoformation et de l’acquisition de compétences en général (Hrimech, 2001, 2000a, Tremblay, 2000). En résumé, la recherche demeure quasi muette sur les stratégies utilisées de façon concrète par les employés-apprenants en situation d'autoformation au travail et par conséquent, nos connaissances sont peu développées et systématisées sur ce sujet. Lorsqu’il s’agit d’identifier les moyens et les pratiques organisationnels susceptibles de développer ces stratégies ou d’en favoriser l’émergence chez les individus qui ne les appliquent pas de façon optimale, là encore, la recherche ne fournit point de réponse satisfaisante. Pour ces raisons, l’étude des stratégies d'apprentissage spontanées, basée sur le cadre intégrateur proposé, est à notre avis une avenue fort indiquée pour la compréhension et par la suite la facilitation du soutien à l'acquisition de compétences au travail. 2 Cadre conceptuel La projet s'appuie sur un cadre conceptuel tridimensionnel partiellement éprouvé (hrimech, 2000, 2002; Tremblay, 2000, 2003), issu des recherches sur les stratégies d'apprentissage (Hrimech, 2000; Ruph, 1999) et l’autoformation (Carré, 2000; Foucher et Tremblay, 1992; Tremblay 2000, 2003) et l’acquisition de compétences (Bjornvâld (2001, DRHC, 2002). Sur le plan théorique, le modèle, de fondement théorique et de base pratique pour l’élaboration des outils de cueillette et d’analyse des données de la recherche. En plus des trois dimensions le cadre intègre les exigences et les contraintes du milieu de travail en amont et celle du développement de compétences en aval. Nous pouvons représenter brièvement ce modèle de manière fort schématique et un peu linéaire comme suit : Contexte socio-économique →Exigences et contraintes de l’environnement de travail → Besoins d’apprentissage continu informel et d’autoformation → Motivation / conditions favorables → Mise en œuvre de stratégies d’autoformation → Activités d’autoformation → Développement de compétences essentielles au travail → Transfert et généralisation des compétences acquises. Tout d’abord, le modèle considère que le contexte socioéconomique (mondialisation, développement technologique) impose des exigences et des contraintes sur les employés en ce qui a trait aux besoins d’apprentissage continu et à la nécessité de s’acquitter des tâches renouvelées liées au travail. Comme la formation informelle s’avère insuffisante, l’autoformation devient fort indiquée et la motivation se trouve favorisé si les conditions de travail sont favorables, comme le soutien et la reconnaissance de la direction. Cette motivation amène les employés à s’impliquer dans des activités d’apprentissage par autoformation, ce qui débouche sur l’acquisition de compétences et leur transfert dans la pratique. 3. Objectifs Le but général de notre projet est d’étudier la compétence essentielle nommée par DRHC comme étant l’apprentissage continu. Il constitue la suite et l’approfondissement des résultats obtenus dans nos recherches antérieures sur les stratégies d’apprentissage et l’autoformation (Hrimech, 2000, 2002) et vise à répondre à la question générale : Quelles sont les stratégies d’apprentissage par autoformation utilisés par des travailleurs en vue d’acquérir des compétences dans leur milieu de travail? La préoccupation centrale est de décrire, de comprendre et d’évaluer les stratégies d’autoformation en en vue d’acquérir des compétences nécessaires d’un groupe de travailleurs. De manière spécifique nos objectifs de recherche sont: 1) identifier et décrire les stratégies utilisées spontanément par des employés impliqués dans des activités d’autoformation reliés à leur travail; 2) classer les stratégies identifiées selon la grille développée de manière heuristique à cette fin; 3) décrire les contextes et les tâches qui impulsent l’adoption ou la création de ces stratégies; 4) spécifier les apprentissages que chaque stratégie permet de réaliser et les compétences qu’elle permet d’atteindre selon le modèle autodidactique, 5) évaluer le degré d’efficacité perçu de chaque stratégie ainsi que les difficultés rencontrées dans sa mise en application, 6) décrire le phénomène de l’apprentissage continu par autoformation dans le milieu de travail, 7) suggérer des pistes d’intervention pour les employeurs afin de favoriser, de soutenir et de faciliter l’apprentissage continu par autoformation dans leur entreprise.. 4. Méthodologie 4.1- Échantillon: La sélection des sujets se fera en fonction d’une procédure rigoureuse qui s’appuie sur notre cadre de référence. Les sujets proviendront de cinq organisations dans des secteurs de pointe et déjà impliquées et prêts à participer dans le programme de recherche de notre équipe (Banque Nationale, Bombardier, Ciment St-Laurent, Hydro- Québec, IBM Canada). L’échantillon sera composé d’employés cadres moyens ou intermédiaires. Ces employés doivent avoir une formation post-secondaire. Le choix de cette catégorie d’employés a été dicté par des considérations d’ordre méthodologique. Ce type d’employés exerce des fonctions qui nécessitent d’acquérir constamment de nouvelles compétences, par conséquent, ils sont censés être souvent impliqués dans des activités d’autoformation liées au travail. En deuxième lieu, ce type d’employés devrait avoir une certaine facilité d’expression lorsqu’il est invité à décrire des processus cognitifs internes complexes comme les stratégies d’apprentissage (Kyllonen et Shute, 1989; Hrimech, 1994). Aussi pour cette première sélection, nous utiliserons les critères suivants 1) détenir un diplôme d’études post-secondaire: 2) avoir été à l’emploi de l’entreprise pendant plus de quatre ans et donc bien connaître l’organisation; 3) occuper un poste de cadre moyen ou intermédiaire, 4) consentir et s’engager à participer à la recherche. 4.2- Cueillette des données Nous prévoyons sélectionner au hasard 500 sujets des deux sexes. Ces participants rempliront deux questionnaires préliminaires développés à l’université de Washington par l’équipe de G. et S. Confessore (2000a et b). Le premier, Inventaire de l’initiative de l’apprenant est un outil de 44 items mesurant l’initiative de l’apprenant adulte, son implication dans les activités d’apprentissage. Le second, Inventaire des ressources internes de l’apprenant, mesure les ressources internes que l’individu mobilise pour apprendre ainsi que ses attitudes par rapport à l’apprentissage continu et à l’autoformation. Ces outils validés se présentent sous format électronique à remplir à l’écran et dont la correction est informatisée. Les résultats de ces questionnaires permettront l’identification des sujets qui montrent le plus d’initiative et de ressources internes pour apprendre et qui rapportent le plus de projets ou de pratiques d’autoformation. Les 75 sujets (15 dans chaque organisation) ayant les scores les plus élevés seront invités à poursuivre la recherche par entrevue semi-dirigée en profondeur. Cette entrevue sera constituée de questions approfondissant cinq dimensions principales. La première dimension comportera un ensemble d’entrées factuelles prédéterminées sur les aspects organisationnels; comme le secteur d’activité économique de l’entreprise, la fonction exercée, le type de produit ou de service, le type de travail exercé, la nature des tâches réalisées, leur importance et leur complexité, les rôles et les responsabilités du sujet, etc. La seconde dimension portera sur nature des pratiques et des projets d'autoformation et l’accès aux ressources informatives. La troisième dimension comportera des entrées qui seront consacrées à la description des projets et des activités d’autoformation, des apprentissages réalisés et des compétences développées. La quatrième dimension, la plus importante, portera sur les stratégies utilisées et qui seront investiguées de manière exhaustive. Ainsi, l’entrevue sondera le contexte de travail et les conditions sociales dans lesquels chaque stratégie est utilisée. Elle s’attardera sur la description des stratégies utilisées par chaque sujet ainsi que la syntaxe de chaque stratégie, c’est-à-dire son articulation, ses composantes, et les étapes de son déploiement. Cette dimension traitera de l’origine de la stratégie et de son processus de développement ainsi que l’évaluation de son efficacité par les sujets (conditions d’efficacité, résultats obtenus, matériels ou ressources utilisées, temps consacrée, aide extérieure demandée et aide reçue, encouragement des superviseurs et des pairs, difficultés rencontrées, moyens mis en œuvre pour contre ces difficultés, etc.). La dernière dimension scrutera et les compétences professionnelles nouvellement acquises ou maintenues, leurs rôles dans l’exercice du travail et les types d’apprentissages réalisés. Aussi, selon les principe de la théorie ancrée de Glaser et Strauss, les données recueillies pourront être complétées par l'ajout d'autres questions si les réponses des sujets les rendent nécessaires pour la compréhension des stratégies et les compétences reliées. 4. 3- Traitement et analyse des données Les données quantitatives seront traitées par les outils informatiques et statistiques que les auteurs (Confessore et al.) ont mis sur pied sur leur site Internet et auquel nous avons accès. Nous effectuerons aussi des analyses statistiques de base (moyennes, écart type, corrélation, etc.). Les données qualitatives recueillies par entrevue (qui constituent l’essentiel de la recherche) seront enregistrées, transcrites et analysées à l'aide d’une grille d'analyse élaborée selon l’approche de réduction des données préconisée par Huberman et Miles (1991) et en utilisant le logiciel de traitement de données qualitatives N’vivo. Cette grille sera élaborée en prenant appui sur les dimensions du cadre théorique ainsi que les cinq dimensions du questionnaire d’entrevue. Elle sera complétée par des dimensions des grilles développées par Tremblay et Foucher (1992) et Hrimech (2000) et finalement de manière empirique par de nouvelles dimensions dictées par les données fournies par les sujets. Ainsi, la grille finale sera constituée par l’intégration d’apports multiples provenant de différentes sources théoriques. L’ensemble sera enrichi inductivement en fonction des données empiriques recueillies auprès des sujets de cette recherche, comme nous l’avons fait dans les recherches antérieures. Une fois les stratégies identifiées et les compétences développées sont décrites, elles seront classées selon les éléments de la grille finale, comme par exemple, leur généralité/spécificité, leur degré d’efficacité, leur difficulté d'utilisation et leur « transférabilité » d’une tâche à l’autre, etc. Les stratégies seront spécifiées et évaluées en regard de plusieurs critères dont les compétences qu’elles permettent de maîtriser. 1.2 Liste des citations Aubrun, S. et Orofiamma, R. (1990). Les compétences de troisième dimension, ouverture professionnelle?, CNAM/C2 F. (Bjornvâld, J. (2001,). Assurer la transparence des compétences : identification, évaluation et reconnaissance de l’apprentissage non formel en Europe. Luxembourg : Office des publications officielles des Communautés européennes. Boulet, A., Savoie-Zajc, L. et Chevrier, J. (1996). Les stratégies d’apprentissage à l’université. Ste-Foy. Presses de l’université du Québec. Carnevale, P.A., Gainer, L. J. et Meltzer, A. S. 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