Bilan du symposium GRAF 2015

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Bilan du symposium GRAF 2015
 Une première… qui appelle les suivants Trois maîtres-­‐mots pour qualifier notre symposium de Plougrescant 2015 : l’intensité et la qualité de la production, la convivialité. La convivialité, pour commencer. Sous nos yeux, la marée, jouant des rochers en offrant un paysage sans cesse en mouvement dans cette côte déchiquetée, en complicité avec un ciel variant ses lumières pour le plus grand bonheur des verts, ocres, bleu turquoise, toutes les variétés du gris au vert profond : ce cadre y était pour qu’elle chose. Mais aussi : l’autogestion des repas (pour un coût modique : 6 € par repas), deux belles soirées d’hospitalité des “gens du lieu”, et surtout le plaisir de la rencontre. La production, ensuite. Emergeant de nos tours de paroles, la présentation de chacun des participants venant tour à tour éclairer une facette, entreprendre un angle nouveau d’approche, de ce continent de l’autoformation. Diversité, variété, pluralité : elles tiennent au moment du parcours, entre ceux •
qui se lancent avec audace, fraîcheur, vision nouvelle (Sébastien Baeta et son exploration de ce qui se transforme dans notre relation au monde, par les usages numériques ; Marie-­‐Laure Huemau, et l’étude de la présence au monde et au présent, par le Taïchi et son enseignement ; Céline Carré et l’investigation des portes d’exploration d’anthropo-­‐
formation, comme le vide créateur ; •
qui éprouvent le long travail souterrain, à l’abri des institutions, de consolidation, par le détour parfois de l’opérationnalisation, du chantier ouvert par leur travail de thèse : Eric Beaudout, la relation à l’environnement et le récit de vie environnemental ; dans la même foulée : Odile Descamps, et le type d’intelligence des “faiseurs de copeaux” (les sculpteurs sur bois) ; Bernard Carmora, son exploration de l’accès à la connaissance par les bouddhistes tibétains à travers la délibération et l’usage de la méthodologie d’AT9 (Archétype Terst de Yves Durand) auprès de publics “disqualifiés” à Saint-­‐Brieuc ; Clarisse Fortecoëf, l’initiative individuelle à travers la comparaison des parcours entre la France et le Portugal et son investissement dans des projets européens tout en se donnant le temps de l’émergence des produits de recherche dans le « vide créateur » ; Giusi Lumare, qui retrouve le corps et l’art comme inscription d’une autoformation qui s’était auparavant circonscrite au cérébral, activant des formes émergeantes et autonomes de réseau social solidaire tout en poursuivant le sillon emprunté par sa thèse de la spiritualité dans le champ de l’éducation ; Fatiha Kemat, ré-­‐explore le projet anthropologique du voyage au contact et à l’épreuve des jeunes et moins jeunes qu’elle met en mouvement. Ce travail souterrain -­‐ de taupe aurait dit certains -­‐ témoigne de la poussée d’un nouveau paradigme (propos de Gaston) et en même temps de la résistance des institutions. •
ceux qui, ne se satisfaisant pas d’une carrière institutionnelle achevée ou en voie de l’être, ouvrent des voies nouvelles dans le chemin déjà emprunté : Michèle Duzert, la rencontre fortuite qu’elle a permis à l’ensemble du groupe avec son travail de “sciences cognitives situationnistes” dans le prolongement des apports de F. Varela, sa présence toujours active dans des cercles qui essaient de renouveler des modes de pensées et d’agir, comme … ; Claude Debon et le retour sur son expérience d’agir dans les institutions, en jouant des marges de manœuvre toujours possibles pour promouvoir l’autoformation (comme la VAE, par exemple) ; André Moisan, animé par des mises au travail de l’autoformation, à travers son investissement avec les APP, les chantiers européens sur la médiation sociale et sur les compétences clés européennes (la 5ième, « apprendre à apprendre », étant particulièrement un champ de réinvestissement des apports de l’autoformation), la continuation du chantier désigné comme celui de la spiritualité (ou de la sagesse, question laissée ouverte pour le moment) ; Gaston Pineau, qui après avoir clôt l’exploration de l’autoformation par, avec, à travers les éléments, du fait de la publication du dernier ouvrage : le feu, entreprend l’exploration de la « Hiéroformation » et le sacré par des approches nouvelles, toujours localisées et focalisées sur et à partir de « l’autos » ; Alexandre Lhotellier, en prise directe sur ce moment où se pose cette question : « Comment aider à vivre plus le moment qu’il nous reste à vivre ». Nous avons même bénéficié de la présence et de la participation d’Isabelle, extérieure au monde universitaire, de la recherche, et de l’autoformation, qui nous a fait un retour sur la bienveillance qui présidait à nos travaux, au risque d’estomper des dimensions conflictuelles, qui peuvent aussi être créatives. Cette profusion de matériaux et de construction paradigmatiques mêlés à des parcours de vie personnels et professionnels, trop vite esquissés ici, pose tout naturellement la question du comment le travailler et le valoriser. La réponse est celle de la constitution de la « Somme du symposium de Plougrescant », qui sera ainsi initiée par sa première année : celle de 2015. Cette somme reprendra l’ensemble du contenu des présentations et des échanges (pour cette première année, nous avons raté l’enregistrement audio, les prises de note systématiques par Clarisse et leur correction et amendement par leurs auteurs y suppléeront), et sera éditée sous format numérique et papier comme document de travail à l’ensemble des participants, des membres du Graf non-­‐ participants et à tous les chercheurs et acteurs de l’autoformation. Ce qui s’est initié-­‐là est aussi une réponse à la question qui se voulait être celle du colloque : « où en est l’autoformation et le Graf ? ». Cher lecteur, pour le premier terme de l’interrogation, à vous de tirer les conclusions de cette présentation très restrictive plus haut. Quant à la deuxième, nos travaux sont une réponse en acte : le GRAF apparaît comme un réseau de reconnaissance réciproque, de mutualisation et de mise en visibilité de ce travail de labour entrepris autour de ce mot clé d’« Autoformation » qui concentre un mode de pensée et d’agir dans le creuset d’un nouveau paradigme. L’institution et ses laboratoires de recherche institués se montrent incapables ou limités à accompagner ces émergences. Sans s’y couper, parce que une telle exploration souterraine ne saurait se priver des prises d’air de ce monde institué pour ne pas risquer l’étouffement, ce travail a besoin d’un espace à l’abri des jeux, des concurrences, des règles et des critères de valorisation de la recherche, en cohérence avec le paradigme de l’autoformation. La conclusion découle alors naturellement : le Symposium de Plougrescant 2015 est le premier d’autres symposium, à Plougrescant (les participants de ce premier cru n’en démordent pas), chaque année, à la Pentecôte (pour être fidèle à nos rites) et fera, chaque année, l’objet de l’édition d’une Somme. Il constituera le moment-­‐clé du travail du Graf en rythmant son année et en donnant sens et contenu aux diverses manifestations entreprises par l’A-­‐Graf (comme l’organisation de journées : l’une d’elles a été envisagée sur le thème “Education et Spiritualité”) et par ses membres, individuellement et collectivement, dans leurs projets, leurs actions, leur recherche. André MOISAN Le 27 Mai 2015 

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