Tapoussière et Azouz, enfants de l`entre-deux

Transcription

Tapoussière et Azouz, enfants de l`entre-deux
Tapoussière et Azouz, enfants de
l’entre-deux
Etude de La petite fille du réverbère, de
Calixthe Beyala, et du Gone du Chaâba,
d’Azouz Begag
Claire MARTEL
Filología francesa, curso 4 - Universidad de Alicante
Tapoussière et Azouz, enfants de l’entre-deux: Etude de La petite fille du réverbère, de Calixthe
Beyala, et du Gone du Chaâba, d’Azouz Begag
par Claire MARTEL
Publié 03/02/2006
Table des matières
1. Tapoussière, dans La petite fille du réverbère, et Azouz, dans Le gone du Chaâba, personnages de
« l´entre-deux ».................................................................................................................................1
Introduction ........................................................................................................................................1
L’enfance, quête spontanée d’identité ................................................................................................1
L’école comme vecteur de culture française ......................................................................................3
Ecrire l’entre-deux .............................................................................................................................4
Conclusion .........................................................................................................................................5
2. Bibliographie ..........................................................................................................................................6
Oeuvres romanesques étudiées : ........................................................................................................6
Oeuvres romanesques citées : ............................................................................................................6
Etudes citées :.....................................................................................................................................6
Essais et articles cités :.......................................................................................................................6
3. Exercice imposé......................................................................................................................................7
Section supplémentaire ......................................................................................................................7
Début ........................................................................................................................................7
Milieu .......................................................................................................................................7
Fin.............................................................................................................................................7
iii
Chapitre 1. Tapoussière, dans La petite fille du
réverbère, et Azouz, dans Le gone du Chaâba,
personnages de « l´entre-deux »
Introduction
Les auteurs de La petite fille du réverbère et du Gone du Chaâba sont tous deux des figures reconnues de
ce que l’on appelle la littérature francophone, soit la littérature d’expression française issue d’autres pays
que la France, ou d’auteurs issus de pays autres que la France.
Calixthe Beyala est née au Cameroun, elle y a passé sa jeunesse avant de venir vivre en France à dix-sept
ans. Son écriture, que l’on pourrait qualifier de « brutalement poétique », les thèmes qu’elle aborde,
résolument nouveaux dans le paysage littéraire africain, son engagement en faveur de l’amélioration du
statut de la femme africaine en ont fait une écrivaine primée et controversée. Plusieurs prix lui ont été
décernés dont le Grand Prix du Roman de l’Académie Francaise pour son livre Les honneurs perdus.
Azouz Begag, lui, est né en France et est d’origine algérienne. Spécialiste et chercheur en sciences
sociales, il est engagé dans la vie politique, notamment en tant que ministre français délégué à l’égalité
de la promotion des chances. Ses sujets de prédilection sont la pauvreté, le racisme, le chômage, et
l’immigration, en particulier la vie de ceux que l’on appelle les « beurs », jeunes francais d’origine
maghrébine. Ce personnage important du paysage culturel francais est, entre autres, Chevalier de la
Légion d’Honneur.
Des deux ouvrages étudiés, aucun ne s’affirme d’emblée comme purement autobiographique, mais des
ouvrages publiés par chacun des auteurs, ils sont ceux dont les récits semblent les plus proches de leur
vie. Le protagoniste du Gone du Chaâba se prénome Azouz, comme l’auteur, mais le vrai nom de
Tapoussière, héroïne de Calixthe Beyala, n’est pas Calixthe. Seul son nom de famille est identique. Une
volonté affirmée de lien avec eux-meme est marquée par les deux écrivains. Nous nous trouvons face à
deux textes fortement empreints de la réalité de leurs enfances respectives. Des textes enoncés du point
de vue de l’enfant, et à la première personne du singulier.
Dans La petite fille du réverbère, Tapoussière, jeune camerounaise de onze ans, vit dans la pauvreté avec
sa grand-mère, étant née de père inconnu et sa mère ayant quitté le domicile familial à la recherce d’une
vie meilleure...L’enfant pense sa vie et ses origines, au milieu d’une petite ville du Cameroun qu’elle
connait par coeur. C’est en France qu’Azouz, lui, grandit. Fils d‘immigrés algériens, il habite un
bidonville lyonnais avec sa famille et une communauté majoritaiement maghrébine. Lui a un peu moins
de dix ans et s’il n’a jamais connu le bled, sa vie est fortement teintée de tradition algérienne.
Les deux personnages sont les spectateurs et les acteurs privilégiés de mondes « de l’entre-deux »,
témoins de vies où se mélent les influences culturelles et cultuelles, linguistiques et sociologiques. Entre
la France et l’Algérie jamais vue mais présente au quotidien, dans le cas d’Azouz, et entre le Cameroun
et le « monde des blancs », en ce qui concerne Tapoussière. « L’entre-deux » désigne par concept négatif
un « lieu » fictif où se situeraient ceux dont l’appartenance nationale ou linguistique n’est pas définie, ou
pas unique : Un « lieu » où l’on « est » jamais vraiment parceque l’on ne lui « appartient » pas
exclusivement. Il désigne un métissage, une posture toute particulière parcequ’elle est à la croisée de
chemins, fruit avant tout de la diversité et inspirée par elle.
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Chapitre 1. Tapoussière, dans La petite fille du réverbère, et Azouz, dans Le gone du Chaâba, personnages de
« l´entre-deux »
L’enfance, quête spontanée d’identité
Les personnages d’Azouz Begag et de Calixthe Beyala sont des figures de l’entre-deux, habitants de
lieux et d’histoires où les appartenances nationales se mèlent. Le récit de leurs péripéties et de leurs
réflexions donne à voir les influences perçues ainsi que les problèmes que soulève au quotidien la
position singulière des deux enfants. Mais pourquoi ces témoins sont-ils des enfants ?
Le monde de l’enfance, c’est d’abord celui de la recherche spontanée de l’identité. Des premiers
gazouillements de l’éveil aux questionnements métaphysiques, chacun se cherche -souvent, on le sait,
tout au long de sa vie, mais surtout au début de celle-ci, par besoin de repères nécessaires. La quête de
Tapoussière, recherche désespérée d’un père, correspond exactement à un de ces besoins :
« C’était un jour spécial, un commencement du monde. Je retrouverais mon père et deviendrais une autre.
J’aurais un pédigree défini, qui remonterait aux débuts des humanités. Cette idée me barbouillait et m’expulsait
des vapeurs.» p.54
Le « pédigree défini » dont parle la narratrice, c’est bien l’appartenance à un monde précis, de celles qui
rassurent parcequ’on croit mieux se connaître quand on peut se « ranger dans une case ». Une idée
qu‘Amin Maalouf, dans Les identités meurtrières, trouve trop simple est dangeureuse, tant le mot identité
désigne « ce qui fait que je ne suis identique à aucun autre » : ce qui sous-entend, donc, que chercher à ne
m’identifier qu’à un groupe est vain et illogique : je suis le seul à etre moi et suis le fait d’une multiplicité
d’appartenances propres. Mais Tapoussière, consciente de sa position, « entre-deux », ne vit parfois cette
appartenance multiple que comme une « non-appartenance », traduit sa quête d’identité par celle d’une
appartenance forte.
Le proragoniste du Gone du Chaâba est désorienté lui aussi, ne sachant plus vraiment s’il est arabe ou
français, lorsque ses camarades lui posent la question :
« - C’est normal, c’est pas un Arabe. Les autres acquiescent. Si ! Je suis un Arabe ! Si t’en étais un, tu serais
dernier de la classe comme nous ! fait Moussaoui. Et Nasser reprend : Ouais, ouais, pourquoi t’es pas dernier
avec nous ? Il t’a mis deuxième, toi, avec les Français, c’est bien parceque t’es pas un Arabe mais un Gaouri
comme aux. Non, je suis un Arabe. Je travaille bien, c’est pour ca que j’ai un bon classement. Tout le monde
peut être comme moi. Un troisième larron intervient avec une question rituelle : Eh ben dis pourquoi t’es
toujours avec les Français pendant la récré ? C’est pas vrai que tu marches jamais avec nous ? Les autres
inclinent la tête en signe d’approbation. Que dire ? Tu vois bien que t’as rien à dire ! C’est qu’on a raison. C’est
bien ca, t’es un Français. Ou plutôt, t’as une tete d’Arabe comme nous, mais tu voudrais bien être un
Français. » p.106
Des accusations venant de ses amis Arabes qui laissent Azouz perplexe, mais surtout honteux, tant
souvent le fait de l’appartenance relève d’une solennité, d’un respect extrême, et tant l’enfant, sous
l’effet du regard des autres, se sent avoir trahi, avoir osé passer le mur, celui d’une « case » dans laquelle
il était rangé avec ses amis.
« J’ai terriblement honte des accusations que m’ont portées mes compatriotes parcequ’elles étaient vraies. Je
joue toujours avec les Français pendant la récré. J’ai envie de leur ressembler. » p.107
Azouz parle d’«infidélité » faite à son groupe. Un autre terme fort qui montre à nouveau la puissance de
l’idée d’appartenance.
Etre un enfant dans ce « monde de l’entre-deux » est donc loin d’être facile, à un moment de la vie où on
aspire à appartenir à un groupe : Azouz et Tapoussière se rendent compte très tôt de la complexité du
concept d’identité. L’écrivaine française d’origine marocaine Leila Sebbar, dans son récit introspectif Je
ne parle pas la langue de mon père, parle d’elle et de ses soeurs comme d’« enfants nés corps et langue
divisés » : l’image de la naissance adjointe à celle de la division est forte et dégage une certaine violence
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Chapitre 1. Tapoussière, dans La petite fille du réverbère, et Azouz, dans Le gone du Chaâba, personnages de
« l´entre-deux »
qui donne une idée de la douleur de cette crise identitaire. Le choix d’un protagoniste enfant est, dans le
cas des deux romans que nous étudions, sûrement lié à la naïveté et à la fraîcheur qui lui font aborder la
vie. Un moyen de poser des questions qui semblent simples mais reviennent aux bases de réflexions
complexes. Azouz Begag fait le même choix dans sa nouvelle Les chiens aussi, où un jeune chiot
interroge son père sur le sens de la vie, un récit métaphorique de la « vie de chien » d’un immigré.
« Papa, c’est vrai qu’y a que nos maitres qui peuvent etre créateurs de monde ? (...) Ca semblait magique
d’avoir de l’intelligence sous le poil. J’étais furieux de savoir que ce n’était pas fait pour les chiens. J’aurais
tant aimé être un chien humain. (...) On aurait eu la bella vita. » p.15
L’école comme vecteur de culture française
Les deux personnages des livres de Calixthe Beyala et de Azouz Begag ont, outre cette appartenance
multiple, un autre point commun, qui, au demeurant, n’est pas sans lien avec cette posture de
l’entre-deux mondes. Il s’agit de leur relation au monde de l’école : Tous deux, après avoir, comme les
autres, montrés une indifférence ou une réticence au milieu scolaire, finissent par vivre une histoire
d’affection forte avec lui, (dont on devine la véracité autobiographique, les deux auteurs étant diplomés
de l’Université), lieu privilégié de la transmission de la culture francaise, et non pas, dans la plupart des
cas, francophone, (c’est la célèbre phrase figurant dans les manuels scolaires des territoires
francophones : « nos ancêtres les gaulois »). L’écrivaine Maïssa Bey le déplore implicitement en citant 1la
préface d’un ouvrage destiné à la formation des enseignants du francais en Algérie dans les années 1940 :
« Entendre un petit indigène sorti tout rustique de son gourbi natal, si loin de nous par tant de cotés, si ignorant
tout de notre patrimoine d’histoire, de traditions, de culture, l’entendre articuler les mots de notre langue, et
peu à pau les assembler en phrases courtes, voire avec l’accent fidèlement reproduit de quelque territoire
français, n’est-ce-pas le miracle le plus émouvant de nos écoles franco-musulmanes ? (...) Le bon élève est
assidu, docile, attentif, studieux...il connait l’Algérie, il aime la France ; il s’applique à devenir un homme utile
et honnête. » p.23
Tapoussière, comme Azouz, devient bonne élève un peu par hasard, parcequ’elle a été choisie par le
maître d’école, figure importante dans les deux livres, en tant que personnage et en tant que représentant
officiel de la culture et de la langue francaise. Le maître d’école de Tapoussière s’exclame
« Qu’as-tu fait, peuple noir, pour mériter des abrutis pareils ? »(p.45)
et la choisit parmi une poignée d’autres pour
« représenter notre classe et prouver aux yeux du monde entier que notre belle République est en bonne
santé. Cette année, vous êtes censés réussir votre concours d’entrée en sixième ainsi que votre certificat
d’études primaires élémentaires ! » p.47
Dans le cas d’Azouz, c’est une décision personnelle qui le décide à jouer le jeu de l’école et de ses règles,
parcequ’il a pris conscience d’une différence avec les élèves « francais », lors d’une lecon de morale :
« Je me suis rendu compte aussi qu’il y a des mots que je ne savais dire qu’en arabe : la kaissa par exemple
(gant de toilette). J’ai honte de mon ignorance. Depuis quelques mois, j’ai décidé de changer de peau. Je
n’aime pas être avec les pauvres, les faibles de la classe. Je veux être dans les premières places du classement,
comme les Français. » p.60
Les maîtres d’école des deux enfants les encouragent dans leur progression, et tout particulièrement,
dans Le gone du Chaaba, par la reconnaissance et la mise en valeur de la culture algérienne d’Azouz.
Laquelle culture était jusqu’alors mal vécue car ignorée ou bafouée dans le milieu scolaire. Milieu
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Chapitre 1. Tapoussière, dans La petite fille du réverbère, et Azouz, dans Le gone du Chaâba, personnages de
« l´entre-deux »
scolaire qui équivaut au milieu français, puisque, on l’a vu, l’école est le lieu par excellence de
transmission de la culture française en même temps que de la langue, et donc pour ces enfants, lieu
symbolique de la France. On remarque que, dans le cas du héros d’Azouz Begag comme dans celui de
La petite fille du réverbère, la culture française enseignée à l’école est vécue en contradiction : En
contradiction avec l’avis de sa grand-mère, qui, sans lui interdire l’école, signifie à Tapoussière que « les
livres ne (lui) apprendront rien qu’elle ne sache », ainsi qu’avec l’avis des messieurs qui se moquent
ouvertement d’elle alors qu’elle étudie sous le réverbère, lui affirmant qu’une fille ne peut pas poursuivre
d’études, et, dans le cas d’Azouz, bien que son père l’encourage à « travailler à l’école pour avoir une
meilleure situation que (lui) », c’est en contradiction avec la règle que semblent s’etre imposée ses amis
Arabes qu’il va, non sans sacrifices.
Ecrire l’entre-deux
A présent voyons de quelle façon l’« entre-deux » se manifeste dans l’écriture même de La petite fille du
réverbère et du Gone du Chaâba. Quels sont les choix formels qu’ont fait Calixthe Beyala et Azouz
Begag pour transcrire un peu de ce monde au carrefour de deux ou plusieurs appartenances culturelles .
L’écrivaine camerounaise dote son texte d’une atmosphère fantastique qui évoque d’emblée l’Afrique :
La grand-mère de Tapoussière est accusée d’avoir « volé le sexe » d’un homme, fantasme rendu possible
par les croyances collectives. La narratrice commente l’anecdote en ces termes :
« Plus tard, mes mots batonmanioqués tenteront d’assembler ces instants pour donner un nom à l’absurde
naiveté. Plus tard encore, je comprendrai que combattre l’absurde équivaudrait à tuer l’Afrique, à assasiner ses
magies et ses mystères qui dominent notre civilisation aussi fortement qu‘un fantasme collectif. » p.76
Et puis le récit est ponctué d’un rituel de conte, que la grand-mère commence par la même phrase et
qu’elle énonce pour répondre aux questions de sa petite fille.
« -On disait que... -Que quoi... Il était une fois un homme qui détestait les haricots... » p.144
Cette forme de récit dans le récit est comme une mise en abyme de symboles identitaires, le conte
traditionnel africain dans le récit en francais de la vie d’une Africaine dont le parcours s’inscrit dans la
rupture d’avec la tradition. Dans Le Gone du Chaâba, le narrateur décrit des rituels algériens maintenus
en France par les communautés immigrées. C’est par exemple le récit de la circoncision :
« Quelques jours avant le week-end décisif, les femmes avaient roulé le couscous dans d’énormes cuvettes.
Ma mère avait utilisé celle dont elle ne s’était jamais séparée depuis El-Ouricia. Pendant la fabrication du
couscous, une ambiance des grands jours enveloppait le Chaâba. » p.108
Mais, dans les deux romans, c’est de toute évidence le langage des personnages qui est le plus
représentatif d’un métissage, des influences de plusieurs langues. Azouz Begag y a apporté une attention
particulière, allant jusqu’à joindre à son texte un « guide de la phraséologie bouzidienne », et un « petit
dictionnaire des mots bouzidiens », et « petit dictionnaire des mots azouziens », reprenant les mots du
langage parlé utilisé par les habitants du Chaaba, mots appartenant typiquement à ce qu’on a appelé
l’« entre-deux », puisqu’ils mélent l’arabe, le français et l’argot lyonnais. En voici quelques exemples
signifiants, non dépourvus d’humour, puisque ce vocubulaire prête à rire, notamment lorsqu’il est
transcrit de l’oral à l’écrit, tant il produit un effet burlesque :
« la Boulicia ( la police ), Zaloupri du Monopri ( saloperie du Monoprix ), Hallouf : cochon, Pati n.m.
chiffonnier, clochard. Les chiffons et cartons usagés ramassés par les patis sont destinés au recyclage en pate a
papier, d’où le mot. » pp. 241, 243, 245
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Chapitre 1. Tapoussière, dans La petite fille du réverbère, et Azouz, dans Le gone du Chaâba, personnages de
« l´entre-deux »
On peut préciser que l’arabe dont est issu ce langage n’est plus tout à fait l’arabe parlé en Algérie,
puisqu’il s’agit de l’arabe parlé par la famille Begag en France, dont le narrateur dit qu’il « ferait
certainement rougir de colère un habitant de La Mecque » ! Le français lui non plus n’est pas des plus
académiques, puisqu’il s’agit souvent de la retransmission de la perception à l’oral de la langue.
Dans l’univers de la jeune Tapoussière, le francais est également modifié. Rangira Béatrice Gallimore 2
fait remarquer aue l’écriture de l’écrivaine camerounaise est « une écriture au carrefour des différents
genres littéraires ». Elle cite sa consoeur Alioune Tine, qui affirme que les romans de Calixthe Beyala
sont « caractérisés par une oralité feinte », et définit comme « une caisse de résonnance des différents
types de discours et de langages qui circulent dans la société.» Ainsi apparaissent des mots issus de
dialectes africains, comme « bangala » ( désigne le sexe masculin ), ou « poulassie » ( désigne la
« langue de blancs »), les chaussures « sans-confiance », mais aussi des grossiertés, et surtout des
néologismes propres à l’auteur et qui montrent cette habilité à manipuler la langue française, sans crainte
de la fragiliser ou de la défigurer. Ainsi le maître d’école salue ses « chers compatriotes, chères
compatriotesses » !
Conclusion
La decription de la vie quotidienne, qu’elle soit familiale, citadine, scolaire, grégaire ou religieuse est, à
chaque instant, dans La petite fille du réverbère et dans Le gone du Chaâba, une représentation de
l’« entre-deux », situation identitaire complexe, reflet de sociétés et de mondes bien réels et multiples.
L’école, tout particulièrement, est le lieu et le symbole par excellence de la croisée des cultures, par
l’apprentissage formel de la langue française et de sa culture. La relation singulière qu’entretiennent
Azouz et Tapoussière avec l’institution est loin d’être sans importance. Les deux romans sont, dans leur
forme autant que dans leurs sujets, des écritures de l’« entre-deux », apportant à la langue de Molière des
atouts représentants sa diversité. Diversité qui chaque jour fait et défait le français et la francophonie,
déplacant comme l’explique Jean-Marie Grassin, leurs centres et leurs sujets, et les questionnant sans
cesse, remettant en question toute idée fausse d’ordre établi de l’écriture en langue française.
Notes
1. dans Journal intime, Journal politique, l’Algérie, 40 ans après
2. Dans son étude L’oeuvre romanesque de Calixthe Beyala, Le renouveau de l’écriture féminine en
Afrique francophone sub-saharienn
5
Chapitre 2. Bibliographie
Oeuvres romanesques étudiées :
•
BEYALA, Calixthe,La petite fille du réverbère, Paris, Albin Michel, 1998
•
BEGAG, Azouz, Le gone du Chaâba, Paris, Seuil, 1986
Oeuvres romanesques citées :
•
BEYALA, Calixthe, Les honneurs perdus, Paris, Albin Michel, 1996
•
SEBBAR, Leila, Je ne parle pas la langue de mon père, Julliard, 2003
•
BEGAG, Azouz, Les chiens aussi, Paris, Seuil
Etudes citées :
•
GALLIMORE, Rangira Béatrice, L’oeuvre romanesque de Calixthe Beyala, Le renouveau de
l’écriture féminine en Afrique francophone sub-saharienne
Essais et articles cités :
•
MAALOUF, Amin, Les identités meurtrières, Paris, Grasset, 1998
•
BEY, Maissa, « Faut-il aller chercher des reves ailleurs que dans la nuit », in Journal intime et
politique, Algérie, 40 ans après, ouvrage collectif publié à Paris par Littera 05 et les Editions de
l’Aube, en 2003
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Chapitre 3. Exercice imposé
Section supplémentaire
Début
Ces pages ont pour origine un cours destiné aux étudiants de 2ème année du Master Pro Métiers de la
Rédaction de l’université Lille III-Charles de Gaulle, à Villeneuve d’Ascq, depuis l’année universitaire
2005-2006 :
•
Le but principal de cet enseignement est de sensibiliser des étudiants 1 à la nécessité et l’utilité de la
séparation données-traitement (c’est-à-dire texte-présentation, ou encore sens-apparence) dans la
création d’un texte, surtout quand celui-ci est destiné à être manipulé par plusieurs personnes aux
fonctions complémentaires.
•
Il est en effet important, par exemple, que celui qui écrit le texte ne se préoccupe pas de la façon dont
il sera présenté dans sa version finale, mais aussi que celui qui en fait une version papier n’ait pas à
modifier le texte original, pas plus que celui qui l’utilisera pour produire un site web.
•
Dans cette optique il est important de choisir une méthode de représentation des données 2 qui
permette cette séparation, et même qui y oblige. XML est une solution, et DocBook en est une
application particulière.
Milieu
C’est pour sa valeur d’exemple représentatif que cette solution a été choisie dans cet enseignement. Mais
il faut bien garder à l’esprit que d’autres solutions existent (d’autres solutions XML, l’utilisation de
systèmes de gestion de bases de données, etc.). Le point commun de ces solutions sera la séparation
données-traitement. Et c’est bien à cette notion que cet enseignement a pour but de sensibiliser
Fin
Ces pages ne sont pas destinées à être un cours autonome : elles ne sont qu’un support de cours, et
beaucoup de choses, qui sont transmises à l’oral pendant les cours, ne sont pas écrites.
Notes
1. (destinés à devenir des rédacteurs de documents, techniques ou pas)
2. (ou des textes)
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