COUP DE CHAUD SUR LE TOIT DU MONDE

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COUP DE CHAUD SUR LE TOIT DU MONDE
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COUP DE CHAUD
SUR LE TOIT DU MONDE
COMMUNIQUÉ DE PRESSE - PARIS – 22 FÉVRIER 2007
www.cnrs.fr/presse
Le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) vient de rendre les
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conclusions de son 4 rapport, réaffirmant l’existence d’un réchauffement climatique moyen de 0,74°C
depuis un siècle. Toutefois, certaines régions du globe, comme l’Asie centrale, demeurent très peu
documentées. Une nouvelle étude menée par des chercheurs français du laboratoire de glaciologie et
géophysique de l’environnement (LGGE, CNRS / Université Joseph Fourier, Grenoble) et du
laboratoire des sciences du climat et de l’environnement (LSCE / IPSL, CEA / CNRS / Université de
Versailles Saint-Quentin), en collaboration avec des chercheurs chinois, russes et américains,
apporte des preuves que ce réchauffement récent a aussi affecté les neiges éternelles du Mont
Everest, au cœur de l’Himalaya. Ce résultat a été publié le 7 février 2007 dans le journal européen
Climate of the Past.
L’Himalaya et le plateau tibétain constituent deux régions dont l’évolution climatique est très mal
documentée : les stations météorologiques y sont fort peu nombreuses et les archives climatiques
prélevées dans les glaciers, les lacs ou les cernes d’arbres sont rares et souvent difficiles à interpréter.
Néanmoins, des scientifiques chinois ont réussi en 2001 et 2002 à forer trois carottes de glace au
sommet du glacier East Rongbuk recouvrant le col nord du Mont Everest, à 6518 m d’altitude. Réalisée
en collaboration avec le LGGE et le LSCE, l’analyse de ces carottes a permis de mettre en évidence
l’existence d’un nouveau traceur climatique, la teneur en gaz de la glace, et ainsi de retracer l’évolution
des températures d’été sur ce site de très haute altitude.
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À ces altitudes, la neige de surface fond en partie durant l'été et l’eau de fonte percole à travers le
manteau neigeux pour regeler en profondeur. Ce processus affecte la densité et la taille des bulles d’air
contenues dans la glace, c’est-à-dire sa teneur en gaz. Cette dernière dépend donc directement de
l’intensité du phénomène de fonte estivale.
En mesurant avec précision la teneur en gaz le long de deux des trois carottes de glace prélevées sur
l’Everest, les chercheurs ont pu suivre son évolution au cours du temps, en remontant jusqu’à 2 000 ans
dans le passé. Ils ont alors pu observer une diminution très prononcée de la quantité de gaz piégée dans
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la glace du 20 siècle, par rapport à celle contenue dans de la glace plus ancienne, un résultat qui reflète
une intensification récente des épisodes de fonte estivale à la surface du glacier. En effet, même si une
quantification précise de l’évolution associée des températures au cours du temps n’a pas encore pu
être réalisée à partir de ce nouveau traceur (le gaz piégé), ces travaux indiquent clairement que le
réchauffement climatique a aussi affecté les neiges éternelles du toit du monde.
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L'eau de fonte circule à travers le manteau neigeux sous l'effet de la gravité.
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Ce travail a bénéficié en France du soutien du programme international de coopération scientifique
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franco-chinois du CNRS (dans le cadre du projet « CLEAH ») et en Chine de celui de l’ambassade de
France.
Expédition de forage glaciologique sur les flancs du Mont Everest,
Himalaya chinois. © S. Hou, CAREERI, Chine
BIBLIOGRAPHIE
Summer temperature trend over the past two millennia using air content in Himalayan ice. Hou S., Chappellaz J., Jouzel J., Chu P.C., MassonDelmotte V., Qin D., Raynaud D., Mayewski P.A., Lipenkov V.Y. et Kang S., Climate of the Past 3, 89-95, 2007.
En ligne sur : http://www.clim-past.net/3/89/2007/cp-3-89-2007.pdf
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CONTACTS
Contact chercheur
Jérôme Chappellaz
T 04 76 82 42 64
[email protected]
Contact communication INSU/CNRS
Dominique Armand
T 01 44 96 43 68
[email protected]
Contact presse
Priscilla Dacher
T 01 44 96 46 06
[email protected]
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CLimat et Environnement en Antarctique et en Himalaya