Intervention Interculturelle : Prendre le temps de mieux comprendre

Transcription

Intervention Interculturelle : Prendre le temps de mieux comprendre
DÉPARTEMENT DE SERVICE SOCIAL
Faculté des lettres et sciences humaines
Université de Sherbrooke
Intervention Interculturelle :
Prendre le temps de mieux comprendre
par
GILLES GOYER
Dans le cadre du cours : Intervention interculturelle et famille
SES-759
Présenté à
Annick Lenoir
Sherbrooke
29 octobre 2010
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Introduction :
Prendre le temps de comprendre pour mieux intervenir! Voilà une phrase qui résume bien, selon
moi, l’intervention interculturelle. Ce travail porte sur une réflexion personnelle de l’intervention
interculturelle suite à quelques lectures effectuées et des notions théoriques vues en classe. Cette
réflexion porte sur ma perception de l’intervention interculturelle, du rôle de travailleur social,
sur les services offerts dans certaines organisations et selon une idéologie précise. Pour terminer,
l’intervention sociale en lien avec les rapports sociaux.
L’intervention interculturelle, selon Cohen-Émérique, (1993), est, d’abord, une interaction entre
deux identités qui se donnent mutuellement un sens, dans un contexte définit. « Une relation
entre deux individus qui ont intériorisé dans leur subjectivité une culture, en fonction de leur âge,
sexe, statut social et trajectoire personnelle » (p.72). De plus, elle mentionne que « lors des
interventions on ne rencontre pas une culture, mais des individus et des groupes qui mettent en
avant une culture, tout comme le professionnel, qui est lui-même porteur de culture et qui met en
premier plan son système de valeurs et de normes dans l’interaction avec la personne aidée. Une
précision fut effectuée par le conférencier Éric Soriano et rappelée par Annick Lenoir lors du
cours du 8 octobre dernier sur le concept de « choc de vision » au lieu de choc culturel qui peut
exister entre des individus. J’aime bien cette précision de concept, car elle me semble plus
appropriée et fait référence aux individus au lieu de la race.
De plus, l’intervention interculturelle implique de partir de l’univers de sens de la personne aidée
et, implicitement, de celui de la société à laquelle appartient l’intervenant. Ainsi, en partant de
cette prémisse, comme mentionne Hernandez (2007), « l’intervenant devient sensible aux
relations entrent les individus, parents/enfants, aux rapports selon le genre, à la dynamique des
rôles familiaux, aux transformations liées au changement des conditions de vie et aux différences
culturelles (p.79). Par cette perspective l’intervenant se permet d’être conscient et en interaction
avec l’autre en plus d’effectuer une traverse des frontières respectives. Par conséquent, permettra
d’aller au-delà des perceptions ou « zone sensible » (note de cours du 17 septembre 2010) et de
rester dans des rapports sociaux (note de cour du 8 octobre 2010) au lieu de se concentrer
uniquement sur les comportements.
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En effet, cette perspective d’intervention permet au travailleur social d’être dans son élément de
travail c’est-à-dire, Vatz-Laaroussi, (1993) « de faire la rencontre de l’autre dans sa spécificité et
dans sa globalité » (p.49). Par conséquent, de ne plus uniquement se concentrer sur une
problématique centrée sur des individus ou sur des groupes (les minorités ethniques, les femmes,
les jeunes, les travailleurs…) mais plutôt sur les stratégies adaptatives que la famille met en
œuvre lors de l’immigration.
L’intervention interculturelle prend en considération l’importance du lien de la famille, en plus,
des personnes à l’intérieur de leur contexte familial et social. Par conséquent, l’approche
écosytémique sous un paradigme interactionnisme semble appropriée pour répondre à l’idéologie
de l’intervention interculturelle. En effet, cette approche permet de voir les familles immigrantes,
Vatz-Laaroussi, (1993) comme « des systèmes en interaction à la recherche d’un nouvel
équilibre » (p.49). D’ailleurs, l’approche écosytémique permet d’intervenir globalement et
conduit à un travail de reconstruction et de renfoncement du lien social, qui s’est effrité avec la
migration, non seulement au sein des familles, Hernandez, (2007), « mais aussi entre celles-ci et
leur environnement telle les services publics et ressources communautaires, les membres de la
famille élargie, communauté ethnoculturelle, autorité morale, prêtre et autres » (p.89-90). Ainsi,
cette approche préconise l’individu et la collectivité.
Par contre, l’utilisation de l’intervention interculturelle qui demande de prendre du temps afin
que la compréhension des codes culturels, parfois lointain des siens, peut être très difficile,
Cohen-Émérique, (1993), « voire impossible, lors des interventions par les professionnels en
situation de crise et/ou lourde de conflits individuels et familiaux » (p.88). En effet, ce type de
situation préconise une urgence pour une évaluation du risque et de la dangerosité auprès des
personnes impliquées dans la situation problématique. Par conséquent, ne laissera pas grand
temps pour les personnes immigrantes d’abandonner leur mode de fonctionnement du pays
d’origine pour prendre les modalités de la société d’accueil et peut permettre, Barudy, (1992), de
« créer une situation de crise liée au processus d’adaptation » (p.59) en plus, d’être contre un
accompagnement, par les intervenants de la relation d’aide, définit par Vatz-Laaroussi, (1993),
« comme un cheminement avec la famille et ses membres, à leur rythme, avec leurs modalités
d’acculturation et leurs objectifs » (p.60).
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Dans un ordre d’idée, l’utilisation d’une approche centrée sur les solutions ou sur la tâche, avec
un maximum d’interventions offertes aux personnes aidées, par certaines structures
organisationnelles, vienne à l’encontre de l’intervention interculturelle. En effet, en sachant que
l’adaptation, des personnes immigrantes, prend plus ou moins un an et que leur acculturation se
produit dans le temps (note de cour du 17 septembre 2010). L’utilisation de l’approche centrée
sur les solutions, lors des interventions, mise sur le comportement de l’individu qui est l’objet
central de la démarche. Ainsi, l’intervention rejette l’engagement à long terme et se concentre
uniquement sur le problème exposé plutôt que sur ses causes. De plus, selon cette intervention il
n’est pas nécessaire de connaitre la cause du problème pour le résoudre. En effet, Mayer, (2002),
« les efforts, ne sont pas dirigés vers le passé, mais plutôt vers le futur, vers le changement
souhaités » (p.362). De plus, cette intervention reste insatisfaisante pour les personnes qui
recherchent, avant tout, une relation de longue durée ou pour les personnes qui veulent avant tout
s’exprimer.
Ce qui va contre les deux paramètres essentiels à l’intervention interculturelle soit la recherche
de sens et l’articulation de ces sens les uns par rapport aux autres. En effet, le sens, ici, se
rapporte aux signes qui organisent le discours ainsi que les actions des personnes aidées et de
leur entourage lorsque ceux-ci décrivent un problème et tentent de le résoudre. De plus,
Bélanger, (2002) « ce sens institue un rapport de logique de référence, d’une compréhension de
la situation problème qui est désigné par un système de « signification » de la personne aidée et
de son entourage » (p.77). Cette recherche de sens va permettre à l’intervenant de suivre et de
conserver une logique lorsque s’élabora le processus d’intervention.
L’intervention interculturelle, avec une approche écosystémique, permet de prendre en compte
autant les facteurs personnels que les facteurs environnementaux. D’ailleurs, ces deux facteurs
sont considérés sur un pied d’égalité, alors que le modèle médical, plus individualiste porte toute
son attention sur les facteurs individuels. En effet, la société actuelle est présentement définie
comme une société individualiste caractérisée par l’indifférence de l’autre, l’irresponsabilité,
l’insécurité, les incivilités, l’irrespect, le régime de l’enfant roi, la sexualité libertine, l’usage de
drogues, le divorce, la famille monoparentale… et bien d’autres choses encore selon l’exotisme
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de chacun. Par contre, il ne faut pas oublier, qu’il y a aussi le « bon » individualisme qui se
retrouve dans la nécessité d’un épanouissement personnel, dans le besoin de l’expression du soi.
De plus, au cours des dernières années, la médicalisation des problèmes sociaux, de plus que la
judiciarisation des problèmes sociaux, s’est accélérée. En effet, Renaud souligne que, pour
diverse raison:
« La médecine a pris en charge une série de problème sociaux et d’états psychosociaux
par rapport auxquels elle n’a pas d’expertise technique » (1985 : 290). De plus, « nous
vivons dans une société ou la médecine à un pouvoir moral extraordinaire […]. Un
nombre de plus en plus grand de problèmes humains sont maintenant expliqués en terme
de santé et de maladie » (Renaud dans Mayer, 2002 p. 393).
Par conséquent, l’intervention interculturelle partage les mêmes fondements épistémologiques
que le travail social, c’est-à-dire la personne en situation d’interaction avec l’environnement.
Enfin, ce modèle d’intervention est dynamique et évolutif, car il considère la personne en
situation de déséquilibre faisant partie de la solution plutôt qu’être uniquement le problème.
Pour terminer, l’intervention sociale doit remettre en place l’importance des rapports sociaux qui
inscrivent les humains dans une trajectoire de vie à travers des interactions et des liens
d'interdépendance. De plus le fait de prendre en considération la socialisation, qu'elle soit
familiale, culturelle, ou sur un lieu de travail, contribue à la construction d'une identité propre. La
déconstruction de ces liens sociaux, suite à un évènement déstabilisant, peut amener l'individu à
entrer dans la spirale de l'exclusion. Ces rapports sociaux peuvent être de plusieurs styles:
hommes/femmes (rapports de genres), dominé/dominant, (rapport de force); ils peuvent être de
type macro ou microsocial. Par conséquent, les rapports sociaux représentent la dimension qui
détermine l'interaction entre les individus et entre les groupes. Cette interaction génère un tissu
social sur lequel sont basées différentes expériences. Cette réflexion est en lien avec les cinq (5)
principes d’intervention interculturelle vue en classe le 17 septembre 2010.
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Conclusion :
L’intervention interculturelle demande au travailleur social de prendre le temps de créer un bon
contact avec la personne aidée, d’adapter la réponse institutionnelle aux besoins particuliers des
immigrants. De plus, elle permet pour l’intervenant d’offrir une écoute empathique, de présenter
de l’intérêt pour les autres cultures et d’être autocritiques par rapport à la sienne. D’ailleurs,
l’intervenant doit adapter ses outils d’intervention afin de tenir compte des particularités de la
personne aidée et lors de l’évaluation psychosociale il doit introduire les éléments liés à la
migration. Tout ceci en respectant un cadre culturel et institutionnel québécois qui proscrit toute
forme de violence et qui s’appuie sur des principes de droits et de liberté individuels. D’ailleurs,
une intervention inspirée de l’approche interculturelle doit justement chercher à prévenir que les
conflits et les crises qui apparaissent en situation d’immigration ne se transforment pas en
violence conjugale ou en éclatement familiale.
De plus, en matière d’offre de services, ceux-ci doivent faire plus de place à l’intervention
sociale en misant sur des activités planifiées pour le développement personnel et social des
personnes, des familles, des groupes ou de la collectivité peut importe leur culture.
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Bibliographie
Barudy, J., (1992) : Migration politique, migration économique : une lecture systémique du
processus d’intégration des familles migrantes, Sante mental au Québec, Vol. 17 numéro 2,
p.47-70.
Belanger, M., (2002) : L’intervention interculturelle : une recherche de sens et un travail du
sens, Service social, vol. 49, numéro 1, p.70-93.
Cohen-Emérique, M., (1993): L’approche interculturelle dans le processus d’aide, Santé
mentale au Québec, vol. 18, numéro 1, p.71-91.
Hernandez, S. (2007) : Les hommes immigrants et leur vécu familial : Impact de l’immigration et
intervention, Centre de sante et de services sociaux de la Montagne, Série de publication centre
de recherche et de formation, numéro 15, 138p.
Jacob, A. (1998) : Facteur de rupture et de continuité chez des couples québécois, salvadoriens
et haïtiens, Presse de l’Université du Québec, 18p.
Mayer, R. (2002) : Évolution des pratiques en services social, Gaëtan Morin Éditeur, 489p.
Vatz-Laaroussi, M., (1993) : Intervention et stratégie familiales en interculturel, Service social,
vol. 42, numéro 1, p. 49-62
Note de cours
SES-759 : Intervention interculturelle, Annick Lenoir du 17 septembre 2010.
SES-759 : Intervention interculturelle, Annick Lenoir du 8 octobre 2010
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