90 Perso Culture 5657_24-25 economie lexique
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90 Perso Culture 5657_24-25 economie lexique 9/30/14 4:10 PM Page1 persoculture une expo un livre Muriel Rozelier Et rien d’autre James Salter 89 ans, un homme éprouve souvent le besoin de tirer les conclusions d’une longue vie. Le grand écrivain américain James Salter n’échappe pas à la règle. Mais dans son nouveau roman (et premier depuis 1979), “Et rien d’autre”, il mêle à la nostalgie d’un temps passé, presque périmé, une vitalité adolescente – la soif de vivre – de son personnage principal. Et c’est tout l’art de ce roman d’osciller entre ces deux pôles contraires. Dans ce livre vedette de la rentrée littéraire, James Salter vagabonde dans la vie de Philip Bowman, qui grandit sans père dans une modeste famille du New Jersey. Bowman a deux obsessions, qui l’accompagneront au long de sa vie : la littérature et l’amour. Embauché par un éditeur, il découvre ce milieu très fermé, fait de maisons indépendantes, encore dirigées par ceux qui les ont fondées. Bowman s’y sent comme un poisson dans l’eau et sa réussite s’avère rapide. Reste l’amour, ou plutôt le sexe, dont il camoufle son besoin sous une certaine sentimentalité (il “aime” à chaque fois qu’il rencontre une femme alors que le narrateur ne nous décrit qu’une “attraction physique”). L’échec d’un premier mariage, l’éblouissement de la passion physique et le goût amer de la trahison sont quelques-uns des moments de cette vie, dédiée à la chasse au bonheur. Pourtant, on ne peut que se demander en refermant le livre : tout ça pour ça ? Comme si le héros de “Et rien d’autre” aurait pu réussir mieux son existence. Il lui aura manqué peut-être d’un peu plus d’implications pour réussir sa vie, ses histoires d’amour comme son métier d’éditeur. Et c’est peut-être ce que dit d’entrée de jeu le titre de ce roman : une vie est forcément décevante quand on regarde en arrière. À Breathe is a sculpture Giuseppe Penone ne exposition de Giuseppe Penone (1947) à Beyrouth est une occasion trop belle pour être manquée. L’Italien est peutêtre le benjamin de l’Arte Povera, ce mouvement artistique contestataire, post 1968 “antimoderne”, qui réagit contre “l’art riche” façon pop art. Mais ce “sculpteur de la terre” est aussi l’un des plus talentueux de son mouvement : il expérimente sans cesse un dialogue entre l’homme et la nature à travers souvent des “sculptures-arbres”. À la fin des années 1960, lorsque se constitue l’Arte Povera et qu’il débute, Penone hante déjà les forêts de son Piémont natal, faisant de ces paysages le cadre de premières installations comme “Alpi Marittim” : des images d’une main de bronze – un moule de la main de l’artiste en fait – incrustée dans le tronc d’un arbre, qui grandira avec, modifiant ensuite sa forme. « Toucher, comprendre U une forme, un objet, c’est comme si on le couvrait d’empreintes », explique-t-il dans un entretien accordé en 2013 pour sa grande exposition au Château de Versailles. Aujourd’hui encore, l’arbre est le motif central du travail de Penone. « L’arbre incarne la rencontre de la nature et de la culture. » Ce qui l’intéresse, c’est « quand le travail de l’homme commence à devenir nature ». Ainsi, “Elevazione” (2011), exposée l’an passé en 2013 au Château de Versailles, reproduit un arbre mort (en bronze) qui lévite à un mètre au-dessus du sol, entouré d’arbrisseaux, bien vivants, eux. Une façon pour lui de mettre en lumière son questionnement sur le temps qui passe, les cycles de vie et de mort, la possible transmission. Beirut Art Center, “Breathe is a sculpture solo exhibition”, à partir du 16 septembre jusqu’au 29 novembre, 01/397018.