Convention de Nantes - CFE-CGC
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Convention de Nantes - CFE-CGC
ACTUALITÉ DOSSIER EXPRESSION SYNDICAT SOCIÉTÉ ➔ convention régionale Convention de Nantes 400 personnes ont suivi les débats publics. Une nouvelle fois, le 3 mars dernier, la Confédération est allée au contact des militants. La CFE-CGC a monopolisé la Cité des congrès, à Nantes… Les ateliers Serge Lanteaume, secrétaire national et organisateur de cette journée, assisté de Sophie Simonpoli, ont fait plancher cent trente militants regroupés en équipes sur des thèmes propres à leurs préoccupations syndicales. Les sujets ont fusé, traduction d’une demande réelle et d’un besoin fort de s’exprimer. • Le devenir des plus de cinquante ans. • La délocalisation de la matière grise. • La responsabilité civile et pénale de l’encadrement. • Les femmes dans l’activité professionnelle. Un des douze ateliers. • Les conditions de travail et la santé. • La formation professionnelle. • Les exigences et les incidences de l’actionnariat. • L’emploi des personnes handicapées. • Le statut du militant en activité. • L’influence des directives européennes sur le droit du travail. • Le recrutement syndical des jeunes. • La formation syndicale. La richesse des travaux a fait l’unanimité : outre le fait de pouvoir s’exprimer, de s’adresser directement aux représentants confédéraux, d’apporter ses idées, ses solutions autour de sujets variés, chacun a apprécié aussi le fait de côtoyer des syndicalistes d’horizons différents. Une rencontre « réconfortante », comme l’a souligné Maurice Blanchet, président de l’Union régionale, et d’autant plus motivante… La Confédération a ainsi poursuivi sa démarche engagée en particulier depuis la campagne prud’homale de 2002. « Aller au contact » du militant, c’est 24 EM 112 - avril 2004 permettre à toute l’organisation de bénéficier de l’apport concret de la mobilisation de ceux qui sont la CFECGC dans l’entreprise. Le meilleur moyen pour les élus nationaux de conserver le fil rouge de l’engagement syndical. Serge Lanteaume. Les apports d’un forum ouvert Les travaux de cette douzaine d’ateliers ne sont pas restés confinés à leur cellule de réflexion. Par le biais de la vidéo, des rapporteurs ont exprimé les conclusions, les interrogations ou les doléances de quelque cent cinquante militants aux représentants confédéraux nationaux avec qui s’est instauré un échange, une bonne partie de la journée. Retenons quelques messages, sans pouvoir être exhaustif compte tenu de la richesse des débats : Les délégués ont fortement insisté sur la « plus-value » que représentent les salariés de cinquante ans et plus pour l’entreprise et pour les jeunes qui bénéficient de leur expérience. Un des ateliers s’est intéressé aux moyens à mettre en œuvre pour assurer « le transfert du savoir » en s’appuyant sur les compétences des « quinquas ». En parallèle, d’autres se sont interrogés sur les risques réels d’une « expatriation des matières grises » et d’une « suppression programmée des emplois qualifiés » au profit des pays à bas coûts de main-d’œuvre. Jean-Marc Icard et Alain Lecanu, secrétaires nationaux ont souligné combien cette préoccupation entrait dans la revendication CFE-CGC d’une meilleure « employabilité » des salariés qui doivent être formés « tout au long de leur vie professionnelle ». L’engagement syndical a bien sûr été au centre de plusieurs débats : la responsabilité civile et pénale de l’encadrement, le statut du militant, le recrutement des jeunes militants, la formation syndicale ou encore la place des femmes dans l’activité professionnelle. Toutes les interrogations posées confirment un besoin réel de clarification. Bernard Valette et Hélios Insa ont souligné l’importance que revêt l’instauration d’un Contrat d’engagement social réclamée par la CFE-CGC. Serge Lanteaume annonce le développement spécifique d’un module de formation pour faire du recrutement, tandis que la CFE-CGC développe une argumentation sur la validation des acquis de Les militants s’adressent à la confédération… l’expérience syndicale pour encourager les jeunes à s’engager tôt dans le cursus militant. Jean-Marc Icard a annoncé une plus grande implication des représentants régionaux en tant que relais en faveur de la formation des militants. Quant à la place des femmes dans la société en général et dans l’entreprise en particulier, elle a fait l’objet de propositions précises mais aussi d’une adresse à la Confédération : « il y a trop peu de femmes dans nos unions territoriales, peu de femmes dans les documents de la CFE-CGC et peu de femmes dans les postes à responsabilités nationales ! » Pour Danièle Karniewicz, secrétaire nationale, plus que d’un «réseau femmes», la CFE-CGC a besoin d’un « réseau équilibre » destiné à faire agir ensemble les hommes et les femmes pour aboutir à une meilleure conciliation entre vie familiale et vie professionnelle. La santé au travail a été également un sujet « fort » de cette journée. Il ne s’agissait pas seulement d’évoquer la pénibilité physique mais aussi – et surtout – les « charges mentales et intellectuelles ». L’atelier concerné a réclamé « le renforcement des relations entre syndicats et médecine du travail ; l’accroissement du rôle du CHSCT dans les entreprises, l’accentuation des formations en la matière ». En parallèle, la question de l’insertion des personnes handicapées a fortement motivé les intervenants ; la CFE-CGC entend être partie prenante au niveau des « maisons du handicap » en cours d’installation. Sur le plan économique, Michel Lamy, secrétaire national, a eu fort à faire : bon nombre de questions ont fusé autour des notions de délocalisation, d’actionnariat, de réglementations européennes… et ont justifié l’investissement de la CFE-CGC dans « l’éthique » économique et sociale. Une demande de formation à l’ensemble de ces questions est largement exprimée : il faut que les délégués CFECGC soient suffisamment armés face aux experts économiques et financiers d’une direction d’entreprise. Jean-Luc Cazettes a conclu cette journée de travail : « Bravo, bon boulot ! (…) quand vous travaillez ensemble, c’est toute l’organisation qui en profite ». C’est une expérience « à recommencer dans d’autres régions… » EM 112 - avril 2004 - 25 ACTUALITÉ DOSSIER EXPRESSION SYNDICAT SOCIÉTÉ ➔ convention régionale La table ronde Après un bel interlude, le film de Philip Plisson sur la construction et le lancement du Queen Mary, vint l’heure de la table ronde : quatre cents personnes emplissent les gradins de l’amphithéâtre. C’est « l’emploi en question », un débat animé par Pascal Leguern (Radio France) avec Jean Arthuis, sénateur, Philippe Bouquet-Nadaud, DRH, Yann Tanguy, professeur des universités et Alain Lecanu, secrétaire national CFECGC. Des orateurs mis devant les faits d’un micro trottoir, témoignage à chaud d’un moral de l’encadrement en baisse, en particulier chez les chercheurs… Pour Yann Tanguy, l’Europe, a déjà perdu ses stars de la science, tandis que la France pénalise ses chances d’avenir. Alain Lecanu estime que ce n’est pas avec la création de postes à très court terme que l’on s’en sortira. Face à cette inquiétude, Jean Arthuis réclame une mission interministérielle pour examiner les moyens à mettre en œuvre en faveur de la recherche. La question de la délocalisation, ensuite, est un sujet « tabou » dit Jean Arthuis. Or, elle « n’est pas nécessairement une chance pour la France car elle entraîne une perte du modèle social et la raréfaction de l’emploi local ». Alain Lecanu rappelle que la CFE-CGC apporte une réponse à la question du coût du travail : la taxe sur la consommation. Pour Philippe Bouquet-Nadaud, le fait d’aller vers de nouvelles formes du partage du travail avec les pays sous-développés, en particulier pour les produits à faible valeur ajoutée, doit nous faire admettre « la nécessité d’abandonner des emplois pour en créer d’autres dans la haute technologie. C’est l’impératif de l’excellence et de la valeur ajoutée ». Autre sujet de débat : le contrat de mission. Alain Lecanu souligne qu’il n’est qu’un contrat précaire de plus, pénalisant pour la retraite, pour la formation… Jean Arthuis met en garde contre ce type de contrat, basé sur des « règles conceptuelles qui sont en fait inefficaces dans la réalité de l’économie», tandis que Philippe BouquetNadaud insiste sur l’utilité des contrats de travail courts, favorables l’embauche. La réponse de la CFE-CGC est de s’orienter plutôt vers le multisalariat ou les groupements d’employeurs et, surtout, de mettre en place une véritable gestion prévisionnelle de l’emploi par la formation. Pascal Leguern, Yann Tanguy, Jean Arthuis, Philippe Bouquet-Nadaud, Alain Lecanu. Un nouveau jeu Le président confédéral a été attentif à ces échanges. Il répond par un message engagé qui n’épargne ni le gouvernement, ni le patronat : « la première exigence pour la croissance comme pour l’emploi, c’est la confiance ». Or, souligne Jean-Luc Cazettes, la politique gouvernementale actuelle, en particulier celle dont François Fillon est à l’initiative, n’inspire guère confiance, encore moins celle prônée par le MEDEF : « c’est une religion de la globalisation et de la mondialisation systématique dont le monde paysan comme le monde industriel sont aujourd’hui les premières victimes. Et à qui fera-t-on croire que la France pourra vivre en étant un pays uniquement consacré aux services, au tourisme et aux loisirs ? ». Jean-Luc Cazettes résume : François Fillon « a inventé un nouveau jeu truqué de pile ou face : si c’est pile, c’est le MEDEF qui gagne et si c’est face, ce sont les syndicats qui perdent. Mais, avec François Fillon une chose est certaine, dans tous les cas de figure ce sont les salariés qui trinquent ». C’est à Nantes que la CFE-CGC a rendu publiques ses « cartes pour l’emploi », une donne gagnante pour lutter contre le chômage. Maurice Blanchet, président de l’Union régionale « L’organisation de cette convention est certes une lourde tâche, confiée en grande partie à des professionnels pour tous les aspects organisationnels et logistiques, ce qui permet de se concentrer sur la mobilisation des militants. J’ai apprécié cette convention comme une récompense pour les militants des Pays-de-la-Loire parce qu’ils ont pu ainsi rencontrer des collègues d’autres branches, d’autres localités, partager d’autres expériences pour le plus grand bénéfice de tous. Nous avons énormément travaillé par contact téléphonique pour informer les adhérents de cette réunion. C’est aussi une occasion de se donner du courage dans ces temps difficiles pour le syndicaliste. Enfin, une telle convention permet à l’organisation d’affirmer sa présence dans le débat social. » ■ 26 EM 112 - avril 2004 Maurice Blanchet.