La croisière du Navigator

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La croisière du Navigator
La croisière
du Navigator
Genre : Comédie burlesque
1924, Etats-Unis
Sortie Etats-Unis : 13 octobre 1924
Sortie France : 13 mars 1925
60 minutes (6 bobines), noir et blanc, muet
Titre original : the Navigator
Réalisation : Donald Crisp et Buster Keaton
Acteurs principaux : Buster Keaton et Kathryn McGuire
Scénario : Clyde Bruckman, Jean C. Havez et Joseph A. Mitchell
Photographie : Elgin Lessley Byron Houck
Production : Buster Keaton et Joseph M. Schenck pour la MGM
Résumé du film
Rollo Treadway, héritier d’une grande famille, un brin demeuré (« preuve vivante que tout arbre
généalogique est pourvu d’un gland », carton d’introduction) décide, après avoir observé un couple
heureux de jeunes mariés, de lui-aussi convoler en justes noces. Il choisit comme future épouse sa riche
voisine Patsy qui rejette sa demande. Rollo, éconduit, se résout néanmoins à faire seul la croisière qu’il
comptait offrir à Patsy. Par erreur, il embarque sur un bateau vide, le Navigator. Ce bateau qui vient
d’être vendu par le père de Patsy est l’enjeu de deux bandes rivales d’espions. Alors que Rollo s’installe
dans une cabine et s’endort, le père de Patsy monte à bord à la recherche de papiers ; il est enlevé par
les espions qui rôdent. Patsy, alertée par les cris de son père se précipite sur le navire dont les amarres
sont détachées par les agents ennemis. Le bateau s’éloigne doucement du quai avec à son bord deux
passagers qui, chacun, ignorent la présence de l’autre…
Au terme d’un long chassé-croisé dans les coursives et sur le pont du navire, Rollo et Patsy finissent par
se trouver et découvrent qu’ils sont seuls à bord : la confection d’un premier repas s’avère bien difficile
et la nuit qui suit est agitée. Les jeunes gens organisent peu à peu leur quotidien : les dispositions qu’ils
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adoptent sont pour le moins originales mais respectent toujours le savoir-vivre en usage dans leur
milieu.
Le bateau qui dérive sur l’océan finit par s’échouer sur un banc de sable face à une île. Rollo équipé d’un
scaphandre entreprend des réparations sur la coque. L’opération vire à la catastrophe lorsque Patsy qui
tourne la pompe à air est enlevée par les cannibales peuplant l’île mais l’apparition de Rollo dans son
scaphandre effraie les sauvages qui relâchent aussitôt la jeune fille. Patsy et son sauveur remontent sur
le bateau mais subissent un nouvel assaut des indigènes ; ils sont contraints de quitter le navire et ne
doivent leur salut qu’à l’apparition soudaine d’un sous-marin. Toutes ces aventures et l’«héroïsme » de
Rollo ont finalement raison des réticences de Patsy qui l’embrasse avec fougue, déclenchant par làmême l’ultime « catastrophe » du film : Rollo bouleversé par ce baiser s’appuie sur une manette,
provoquant le retournement du sous-marin.
Autour du film
Comme dans la plupart des films de Buster Keaton, toutes les scènes extérieures ont été tournées en
décor naturel, y compris les scènes sous-marines très délicates à réaliser. Après plusieurs essais
infructueux (dont la création d’un énorme réservoir en studio qui explosa sous la pression de l’eau),
Keaton filma ces scènes dans le Lac Tahoe à la frontière du Nevada et de la Californie où la clarté et la
limpidité étaient suffisantes, un exploit à cette époque d’autant que la température de l’eau très basse
rendait très pénibles les conditions de tournage. Cette anecdote illustre tout à fait le travail
cinématographique de Keaton dans lesquels toutes les situations acrobatiques et cascades étaient
réalisées par lui-même sans trucage cinématographique en une seule prise ; certaines scènes étaient si
dangereuses que ses collaborateurs lui reprochèrent plus d’une fois les risques insensés qu’il pouvait
prendre et il se blessa gravement un bon nombre de fois.
Ce « cinéma vrai » conduisit Buster Keaton à tourner son film sur un vrai navire, le Buford, tout comme
il utilisera un vrai train dans « La mécano de la Général » en 1927. Ce bateau sur le point d’être détruit
avait été au cœur d’un événement politique tragique en 1919 : l’expulsion de 250 résidents étrangers
lors de première paranoïa anticommuniste américaine (« la peur rouge ») embarqués à destination d’un
port de Finlande. Dans l’espace limité du bateau, microcosme du monde que le personnage doit
conquérir et témoignant de la «disproportion du monde et de l’homme, et l’inexpérience de ce
dernier», Keaton joue avec les structures, les appareillages pour créer pléthore d’effets comiques et de
gags mais également des scènes très esthétiques comme l’enlacement des ombres lorsque Rollo et
Patsy se souhaitent poliment une bonne nuit ou la scène onirique dans laquelle toutes les portes des
cabines dans la coursive s’ouvrent et ferment en même temps au gré du roulis. Il montre une fois de
plus ses talents acrobatiques et ses capacités sportives dans les nombreuses fuites et poursuites du
film qui caractérisent son cinéma : fuites/poursuites face aux «envahisseurs étrangers » (on notera la
vision hollywoodienne caricaturale du « primitif » qui menace la civilisation) et poursuite de l’être aimé
(élément récurrent de son œuvre), « harcèlement » pour qu’elle donne son consentement mais
également poursuite physique dans les coursives du bateau. (cf. l’analyse de la séquence 5 dans le
cahier de notes rédigé par Hervé Joubert Laurencin)
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Proposition 1 : Activités autour du film et sur les conditions de tournage dans les
années 20
Le cinéma muet, les conditions de tournage dans les années 20
Il serait intéressant d’expliquer aux élèves, habitués à un cinéma d’effets spéciaux numériques, les
conditions de tournage dans le cinéma des années 20 : un cinéma totalement artisanal, celui des
pionniers comme Keaton qui inventaient une nouvelle forme d’expression artistique. On pourra
notamment s’appuyer sur l’étude des photographies de cinéma de plateau et de tournage présentées à
la cinémathèque à l’occasion de l’exposition « Tournages, Paris-Berlin-Hollywood, 1910-1939, 10 mars
2010 – 1er août 2010 »
http://www.cinematheque.fr/zooms/femmelune/index_fr.html#
On pourra faire imaginer aux élèves les moyens possibles mis en œuvre pour le tournage de la scène
avec les ouvertures et fermetures en même temps de toutes les portes dans la coursive, une scène en
apparence très simple mais qui nécessita un réglage extrêmement précis à la manière d’un numéro de
magie pour que tous les assistants ouvrent et ferment en même temps les portes.
Les cartons : faire comprendre leurs rôles/ Consulter le site à l’adresse ci-dessous
http://www.crdp.ac-lyon.fr/LES-CARTONS-DU-CINEMA-MUET.html
Activités d’écriture cycle 3 proposées à l’adresse suivante :
http://patrick.straub.free.fr/Site_CPDCM/2009_navigator.htm
L’histoire
• Faire raconter l’histoire à l’oral, à l’écrit pour les plus grands.
• Faire comprendre l’originalité du burlesque de Keaton à partir de l’analyse du personnage de
Rollo. Trois axes peuvent être abordés :
- Le rapport avec les objets qui s’opposent à Buster Keaton et dont parfois il méconnait
l’usage.
- Le rapport du héros avec l’espace. Keaton doit faire preuve de qualités acrobatiques pour
trouver sa place.
- Le comique de répétition.
• Faire comprendre le fonctionnement du gag keatonien à partir d’exemples :
1) l’exposition d’une situation (ex : Rollo s’asphyxie dans son scaphandre)
2) une solution mal appropriée qui souvent aggrave le problème (Patsy enlève le casque mais
le scaphandre se remplit d’eau et Rollo s’enfonce s’asphyxiant à nouveau)
3) nouvelle réponse qui réussit et implique la réflexion du personnage (Rollo fend d’un coup de
couteau sa combinaison)
• Choisir un gag dans le film, le dessiner
• Se remémorer les éléments « décalés » et dessiner la scène (traverser la rue en voiture, prendre
un bain habillé, le poisson-scie, le panneau « danger/travaux, les ustensiles automatisés de la
cuisine, Patsy utilisant Rollo scaphandrier comme un canot…)
• A l’oral ou par écrit pour les plus grands, chaque enfant raconte la séquence qu’il a préférée en
argumentant. Organiser un débat pour confronter les points de vue de chacun.
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Buster Keaton
Né en 1895 à Piqua au Kansas, Joseph Frank Keaton Junior Keaton est le fils de Joseph Hallie Keaton et
Myra Cutler Keaton, un couple de comédiens itinérants (son père est acrobate et sa mère est
musicienne). C’est donc naturellement que très tôt il est initié aux différents métiers du cabaret. Il se
produit sur scène dès l’âge de cinq ans donnant la réplique à son père pour qui il est en réalité « un
accessoire de cascade » : de là vient son surnom « Buster » que lui aurait donné le prestidigitateur
Houdini qui, le voyant se relever prestement après une chute spectaculaire, s’esclaffa : “My God, what a
Buster!” (À la fois “Quel casse-cou !” et “Quel gros malin !”). Cette maîtrise corporelle qu’il acquiert au
music-hall, cascades chorégraphiées, acrobaties millimétrées alimenteront ses performances
cinématographiques à venir. A 17 ans, il quitte la troupe familiale pour se lancer dans le cinéma. Il
rencontre Roscoe « Fatty » Arbuckle « l'obèse au visage de poupon », et tourne avec lui d'hilarantes
comédies à base de poursuites grotesques et de batailles de tartes à la crème. Buster Keaton, apprend
tout du cinéma avec Arbuckle qui est à la fois scénariste, réalisateur, acteur et monteur de ses courtsmétrages. Tout d’abord faire-valoir acrobate à ses côtés, l'acteur du Music-Hall Buster devient
rapidement Keaton, et impose un style à la fois plus subtil et plus personnel. En 1923, Arbuckle rejoint la
Paramount ; Keaton se voit proposer par le producteur Joseph M. Schenck un contrat qui lui permet de
bénéficier d’une totale liberté artistique : il tourne une dizaine de films qui feront date dans l'histoire
du cinéma. Son œuvre est remplie d'optimisme ; il crée un personnage introverti mais téméraire, voire
entêté toujours en quête d'amour pour qui l'immobilisme est source de régression. Il en résulte un
cinéma en perpétuel mouvement, des films construits avec une extrême rigueur et dans lesquels les
gags s’imbriquent et participent à la narration « avec la même précision que les rouages d’une montre
». Keaton est un « mathématicien du gag », ceux-ci sont étudiés et dosés savamment par rapport à la
structure dramatique du récit. Sa troupe d'écrivains-gagmen, notamment Clyde Bruckman et Jean
Havez, écartent avec lui toutes les ruptures que peuvent impliquer certains gags car l’efficacité comique
repose sur le rythme entre la mise en scène et le montage. Les gags physiques (les déplacements, la
lutte contre les machines…) imposent des plans larges plus descriptifs et dans lesquels on peut voir le
corps en entier car c’est dans le mouvement des corps et non pas sur le visage que se traduit la
psychologie des personnages de Keaton. En marge de toute considération politique, loin d'un Chaplin
dont les personnages dénoncent des conditions de classe, les films de Buster Keaton ne sont pas des
satires sociales mais davantage des constats sur les mœurs et coutumes de la civilisation américaine
avec une présence forte des machines modernes qui fascinent Keaton.
En 1930, la MGM modifie le contrat de Buster Keaton qui perd alors le contrôle artistique de ses films,
c’est un coup fatal pour sa carrière d’autant que ses premiers essais pour le cinéma parlant s’avèrent
décevants : la voix dénature son personnage le contraignant à modifier son jeu pour des gags verbaux
qui nuisent à son potentiel comique fondé davantage sur la pantomime. Expulsé du système
hollywoodien, il sombre dans l’alcoolisme. Il ne réapparait au cinéma qu’épisodiquement et dans de
petits rôles (Sunset Boulevard, Limelight). Il est de nouveau embauché comme conseiller comique avant
de devenir clown au cirque Médrano. A la fin des années cinquante, Il est redécouvert grâce à de
jeunes réalisateurs comme Richard Lester qui œuvrent à la ressortie de ses meilleurs films (Le Mécano
de la Général, Sherlock Jr., La croisière du Navigator...). Buster Keaton reçoit un oscar en 1959 pour
l'ensemble de sa carrière. Il meurt le 1er février 1966, à l'âge de 70 ans à Woodland Hills en Californie.
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Proposition 2 : travailler sur le genre du film, le burlesque
La « croisière du Navigator » appartient au genre burlesque, genre fondateur du cinéma, caractérisé par
l'intrusion dans la narration de gags qui jouent principalement de l’inattendu, du décalage, de
l’absurdité dans les réponses à une situation. Avec le parlant, les gags deviendront moins nombreux
mais exploiteront les incongruités du langage, le non-sens, la manipulation de l'image. La comédie
burlesque se transformera alors en comédie loufoque.
Les pionniers du cinéma burlesque
Le burlesque trouvant son origine dans la tradition théâtrale (la commedia dell’arte, le vaudeville…)
« nourrit » le cinéma dès ses débuts et devient une expression favorite du cinéma muet.
On pourra proposer aux élèves le visionnage du « Jardinier (l'Arroseur arrosé), 1895 » des frères
Lumière, considéré comme le premier film burlesque de l’histoire du cinéma et dont le gag unique
deviendra célèbre dans le monde entier et sera repris maintes fois dans les films représentant ce
nouveau genre du cinéma naissant. (Il s'agit là de la première adaptation littéraire de l'histoire
mondiale du cinéma, ce gag visuel étant adapté d'une BD, l'une des ces histoires courtes que l'on
trouvait dans les quotidiens. Pour les lecteurs, un gag éculé. Pour les spectateurs, un gag hallucinant).
http://www.institut-lumiere.org/
Le cinéma muet oblige à imaginer des gags essentiellement visuels et pousse les comédiens à accentuer
leur gestuelle, leurs expressions de visage. Le genre burlesque repose donc sur la personnalité de
l’acteur qui impose un profil de personnage et un style particulier à l’origine de différents courants
dans lesquels s’inscriront les grands maîtres du burlesque.
Certains comédiens créent des personnages récurrents ; un des plus grands burlesques de cette époque,
celui en qui Chaplin reconnaîtra son maître, est d’ailleurs le Français Max Linder qui donne à son
personnage Max, jeune dandy élégant, des attributs fétiches : chapeau haut de forme et canne.
Aux Etats-Unis, l’un des pionniers de ce genre cinématographique est Mack Sennett qui invente la
"slapstick comedy " (slapstick = coup de bâton) se caractérisant par une avalanche de gags souvent très
physiques : chutes, poursuites, cascades, tartes à la crème en pleine figure, coups de pied dans les
fesses, coups de bâton sur la tête...
Harry Langdon invente un personnage lent, lunaire et rêveur à l’opposé des personnages au rythme
frénétique de Sennet. Charlie Chaplin avec Charlot et Buster Keaton créent des personnages qui
deviennent très rapidement des références mais bien que ces deux acteurs proviennent de milieux
artistiques et familiaux sensiblement semblables, ils développent une expression comique différente.
Chaplin opte pour la satire des faits sociaux et mise sur le pathos tandis que Keaton au visage toujours
impassible exploite le corps et l’environnement du personnage plutôt que ses sentiments. L’ennemi
pour Chaplin est la société et son personnage de vagabond représente l’opprimé qui choisit de ne pas se
laisser avoir et qui combat malgré sa faiblesse. Keaton, quant à lui, est plutôt en proie à des forces
extérieures naturelles et ses différents personnages doivent toujours trouver le moyen de s’adapter
dans un univers souvent hostile et déchaîné ; son comportement corporel est au contraire de son
visage, rarement figé mais toujours en mouvement. Oliver Hardy et Stan Laurel forment un duo aux
rapports conflictuels : Oliver Hardy, obèse, suffisant est l’éternelle victime des maladresses de son
chétif partenaire Stan Laurel, grand enfant, naïf ébahi et curieux. Ben Turpin acquiert la célébrité grâce
à sa particularité physique (il louche) dont il joue dans tous ses rôles. Harold Lloyd avec ses lunettes
d’écaille trop grandes se retrouve dans des situations inextricables donnant lieu à pléthore de
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cascades ; son personnage, un jeune homme équilibré, intégré et romantique est atypique dans cette
galerie de héros burlesques qui sont le plus souvent des portraits de l'inadéquation sociale.
L’arrivée du parlant, à la fin des années 1920, marquera un tournant dans ce genre cinématographique
dont beaucoup d’acteurs ne réussiront pas à surmonter l’obstacle du dialogue. Il faudra attendre les
années trente pour assister à un retour en force du burlesque sur les écrans avec Les Marx Brothers et
W.C. Fields qui renouvèleront le genre en utilisant le potentiel comique du langage tout en prolongeant
la tradition d’un comique impertinent et décalé fondé sur le gag visuel et quasi muet. Les générations
suivantes d’acteurs et de réalisateurs burlesques s’inscriront également dans cette tradition tout en
imposant chacun un style particulier : Jerry Lewis, Peter Sellers, Mel Brooks, les frères Zucker aux EtatsUnis et en Europe, Jacques Tati, Pierre Etaix, Louis de Funès, Pierre Richard, les Monty Python, et plus
tard Rowan Atkinson en Mister Bean…
Toutefois, Il ne faudrait pas croire que le burlesque n’est qu’une succession de gags visuels,
d’acrobaties physiques, de poursuites frénétiques, d’évènements incongrus à l’issue de laquelle tout le
décor est démoli. Derrière la grosse farce, il y a presque toujours l’intention politique de malmener les
règles et les valeurs conventionnelles de l’époque en s’attaquant à toutes les formes de l’autorité -la
police, les généraux, les militaires, les uniformes en tous genres – et en tournant en ridicule toutes les
valeurs consacrées : le mariage, la religion, le travail et l’armée.
1. En s’appuyant sur des photographies ou des photogrammes, on demandera aux élèves pour chacun
des acteurs cités ci-dessus d’en faire le portrait physique (à l’écrit pour les plus grands) en n’oubliant
aucun de leurs attributs fétiches et/ou de leurs signes particuliers.
Photographies sur le site : http://www.cafedesimages.fr/IMG/pdf/Le_burlesque-2.pdf
2. Le jeu particulier de certains de ces acteurs pourra être également analysé à partir du visionnage
d’extraits des DVD suivants :
- « Burlesque All Stars » (Le Mécano De La General + Laurel Et Hardy Conscrits + Harold Lloyd)
Editeur : Mk2
- « Les grands burlesques » Editeur Elephant Films
- « Cinq burlesques » collection « Cour(t)s de cinéma », Scéren, CRDP académie de Lyon
3. Profiter de ces visionnages pour constituer un répertoire des différents gags qui composent le
burlesque et essayer de les classer en fonction du comique visé :
- le comique de gestes : chutes, coups de bâtons, grimaces, déplacements etc… (Voir la démarche de
Charlot)
- le comique de situation (en particulier l’irruption de l’absurde et de l’irrationnel ou le rapport avec
les objets du quotidien détournés de leur usage conventionnel, désacralisés…)
- le comique d'intrigue : les attentes, les méprises, les rencontres…
- le comique de caractère : les manies du personnage, les sentiments exprimés
- le comique de répétition
- etc…
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Proposition 3 : travailler sur le portrait et l’expression des émotions
De l’acteur Buster Keaton on connaît les nombreux surnoms qui caractérisent son impassibilité : Stone
Face, Frozen Face, Blank Pan, Hole in the Donut… et en France « L’Homme qui ne rit jamais ». On
amènera les élèves à prendre conscience que l’impassibilité du visage caractérise ce personnage à qui
tout semble pouvoir arriver sans l’atteindre. A contrario, d’autres acteurs révèlent sentiments et
émotions au travers d’expressions exagérées du visage. Constituer une collection de portraits, ceux de
Buster Keaton, ceux d’autres acteurs dans différents rôles permettra d’entamer avec les élèves un
travail oral, écrit, plastique sur le vocabulaire et l’expression des sentiments et des émotions.
On proposera aux élèves différents portraits de Buster Keaton (photogrammes de différents films) et
on les amènera à relever les points communs (visage impassible, regard détaché...). On fera
rechercher un surnom possible pour l’acteur avant de leur révéler le surnom sous lequel on le connaît
« l’homme qui ne rit jamais ».
• Galerie de portraits de Buster Keaton disponible à l’adresse suivante :
http://www.imdb.fr/name/nm0000036/mediaindex?page=1
• Bibliographie :
(cycle 2 et 3) Des larmes aux rires, les émotions et les sentiments dans l’art : Claire d’Harcourt,
Editeur : Seuil, le funambule
(cycle 2 et 3) Quelle émotion ?! : Cécile Gabriel, Mila Editions
Questionnaire possible - Expression orale et/ou écrite
Qualification du portrait :
-Portrait individuel, de groupe ?
-Portrait en pied, en buste, limité au visage ?
-Buster Keaton est-il de face, de profil, de dos, de trois quarts face, de trois quarts dos ?
Description physique :
Il s’agit de passer en revue les caractéristiques physiques de Buster Keaton :
- Les yeux, le regard
- Le nez, la bouche, les traits du visage
- La chevelure,
- La silhouette, la taille,
- L’attitude,
- Les vêtements et son fameux chapeau canotier qu’il inclut parfois dans ses numéros d’adresse…
Analyse psychologique :
L’attitude et l’environnement de Buster Keaton (le décor dans lequel il se trouve, les vêtements, les
autres personnes présentes, l’atmosphère globale, etc…) qui influe sur sa psychologie
Le portrait/Arts Plastiques
A. Choisir un des portraits de Buster Keaton (portrait limité au visage)
Déchirer et/ou découper, combiner avec d’autres portraits (œuvres d’art, publicités magazines…)
- Reconstruire à la façon d’un puzzle un visage avec au moins une partie du portrait de Keaton…
- Plier puis déchirer en suivant l’axe de symétrie le visage de Buster Keaton et recomposer en
mélangeant le portrait de l’acteur avec un autre visage ou en redessinant la partie manquante
- Découper le portrait de Buster Keaton en bandelettes horizontales et/ou verticales,
recomposer en décalé, en alternance, avec interstices vierges ou peints, en tissage…
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Mettre en couleur le portrait photocopié noir et blanc de Buster Keaton
- Reconstituer les couleurs naturelles d’uu visage
- Appuyer quelques éléments constitutifs (yeux, lèvres, sourcils et cheveux) à la craie grasse en
saturant les couleurs
Maquiller, Grimer le portrait de Buster Keaton
- Maquiller avec peinture ou feutre, avec tissu ou laine pour une mise en relief…
- Déguiser par l'ajout d'accessoires peints ou photographiés/collés : chapeau, lunettes…
Collage
- Découpe du portrait et collage sur un fond photographique ou dessiné
Collage d'autres yeux, d'une autre bouche
Composition
Le portrait imprimé du visage de Buster Keaton sert à une représentation en pied, soit par le
dessin et la peinture, soit par le collage (photos magazines, matières symbolisant le
vêtement…)
B. Les émotions et les sentiments
Rassembler des portraits limités au visage (photographies de Buster Keaton, d’autres acteurs, visages
dans des magazines, œuvres d’art, portraits dessinés par les élèves...) pour constituer un « mur » des
émotions.
Proposition 4 : Les objets
Outre la question de l’espace, les films de Buster Keaton traitent tous d’un rapport conflictuel entre
l'homme, son corps et les objets. Né avec l'industrialisation de son pays, avec le cinéma aussi, Buster
Keaton montrera dans son œuvre une fascination pour les objets et les machines du siècle naissant, le
train, le téléphone ou la voiture qui dans ses films, artefacts de la vie moderne échappent à la maîtrise
de son utilisateur. Les objets sont immenses et imposants (le bateau) ou ridiculement petits (le canon)
mais systématiquement leur mécanique s’emballe. Keaton finit par les maîtriser et les adapter à ses
besoins grâce à une obstination aidée par le hasard, et souvent au prix de chocs, de contorsions et
d’acrobaties absolument inhumaines mais vécues toujours stoïquement. Ses gags appliquent un principe
d’égalité entre objets et personnages: les objets peuvent résister jusqu’à adopter un comportement
autonome (cf la poursuite de Rollo par le petit canon) tout comme les êtres deviennent pantins
désarticulés, projectiles…
Dans la croisière du Navigator, comme dans tous ses films, Rollo entretient avec les objets des rapports
particuliers et souvent difficiles : les objets ne sont pas à l’échelle d’un homme seul (le bateau trop
grand, la cuisine avec un matériel de collectivité inadapté à la confection de repas pour deux…) ; Rollo
méconnaît parfois leur fonction (les chaudières du bateau où il installe les cabines…) ou n’en maîtrise
pas le fonctionnement (les objets de navigation, la chaise longue, les ustensiles dans la cuisine dont
évidemment il n’a jamais eu l’usage…). La disproportion entre les objets est à l’origine de nombreux
effets comiques ou gags (l’immense cafetière pour 4 grains de café…). Les objets dans un premier temps
« inadaptés » aux possibilités physiques ou cognitives du héros finissent à force d’opiniâtreté et
d’originalité par être « vaincus » ; Buster Keaton fait preuve d’un esprit d’inventivité qui l’amène à
concevoir des installations dans lesquelles les objets détournés finissent par rendre encore plus de
services que ceux utilisés normalement.
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La cuisine
Pour résoudre l’épineuse question de la préparation des repas à laquelle Rollo n’a jamais eu à réfléchir,
il met au point un ingénieux dispositif mécanique destiné à automatiser la plupart des actions
ménagères. On pourra comparer ce dispositif à d’autres dans les prolongements proposés ci-dessous
(les motivations du créateur, la réussite ou non du dispositif etc…)
Pour revoir l’extrait :
http://www.archive.org/details/Silent_TheNavigator_1924_ClaCinOnl
• Faire dessiner des éléments du dispositif
• Faire lister les objets détournés de leur fonction originale (la hache/ouvre-boîte…)
Prolongements
1. Des films dans lesquels d’ingénieux dispositifs pour « améliorer » le quotidien sont déployés :
- « Alexandre le bienheureux » de Yves Robert avec Philippe Noiret (Alexandre décidé à profiter
de la paresse dont sa défunte femme l’a toujours privée met au point un système lui permettant
de passer ses journées au lit)
http://www.youtube.com/watch?v=or_iTt8Q1aQ
-
Le réveil de Wallace dans « Wallace et Gromit, un sacré pétrin »
http://www.dailymotion.com/video/xap0pk_wallace-et-gromit-un-sacre-petrin-p_fun
Les machines dans « Wallace et Gromit, rasé de près » : machine à réveiller et à habiller
Wallace, à lancer le porridge, machine à laver les carreaux, machine à laver-tondre-tricoter
(« Knit'o'matic »), enfin la même avec la variante à équarrir les gentils moutons ! Rasé de près
expose une véritable galerie de machines baroques et vite infernales, préfigurant la somptueuse
machine à tourtes du long métrage Chicken Run.
2. Du côté de la littérature pour jeunesse : une sélection d’albums traitant de drôles de machines pour le
cycle 2
Choux Nathalie : Les machines de monsieur Albert - Mango jeunesse, 1999
Tout le monde a des soucis, certains ont recours à Monsieur Albert. Celui-ci construit des machines : des
machines à câlins, des machines à faire les lits... Bientôt les gens n'ont plus rien à faire et à penser. Un
jour un enfant se met à sangloter, aucune machine ne peut arrêter ses larmes...
Doremus Gaëtan : Plus Tard - Rouergue (Jeunesse), 2000
Gustave est un doux rêveur. Seule sa maman le rappelle à la réalité en disant "tu vas être en retard à
l'école". Il part avec son cartable et son imagination sur le chemin de l'école en imaginant des inventions
modernes et d'autres qui lui permettraient d'être à l'heure.
Munari Bruno/ Montalant Nathalie : Les Machines De Munari - Cera-Nrs, 1998
L'auteur a imaginé et dessiné des machines ludiques et délirantes pour un usage futile voire inutile :
humour, fantaisie et poésie.
Oubrerie Clément/ Boileve Marianne : La Machine A Rien - Hachette Jeunesse, 1996
Une machine, est-ce que ça sert toujours à quelque chose ? Le professeur Dupontski avait un gros
défaut : il ne concevait que des machines déjà inventées par d'autres depuis belle lurette ! Et voilà qu'un
matin son visage s'illumine : il se met à dessiner les plans très compliqués d'une machine révolutionnaire
: la machine à rien...
Alméras, Arnaud / Martin, Jean-François ill. : Barbichu et la machine à fessées - Nathan, 1996.
Barbichu a déposé une étrange caisse au fond de la classe. Les élèves sont très intrigués : est-ce une
machine pour faire des gâteaux, une machine pour se gratter le dos ? À moins que ce ne soit une
machine à fessées ?
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Alméras, Arnaud / Martin, Jean-François ill. : Barbichu et le confiscator - Nathan, 1996.
La troisième aventure de Barbichu, l’affreux instituteur bricoleur. Il a encore inventé une épouvantable
machine : elle plonge ses bras noueux jusqu’au fond des poches des enfants pour confisquer leurs
trésors !
Poizat, Chloé : Machines - Ed. Du Rouergue, 1999
Des images-machines avec les détails de chaque machine et un texte surréaliste, composé de mots
inventés à partir d’un vocabulaire poético-technique. Chaque machine raconte sa propre histoire
toujours un peu grinçante, comme une sorte de variante du concours Lépine.
3. Du côté de la Bande Dessinée, on trouve également de nombreux héros-inventeurs de dispositifs plus
ou moins ingénieux. Les Zinzin’venteurs par exemple, trois petits génies qui passent leur temps à créer
de folles inventions : robots, produits étranges, bricolages… mais un des plus attachants est sans auciun
doute Gaston Lagaffe dont les inventions témoignent d’une poésie “à part”, d’un regard original sur
un monde qu’il s’emploie à rendre meilleur. Il plaisait sans doute à Franquin, le créateur de Gaston au
travers de ces inventions d’illustrer les paradoxes d’une société parfois inconséquente dans ses choix
autant que dans les remèdes qu’elle leur apporte. Dans un univers de bureaux où tout est rationnel et
tiré à la corde, le gaffophone et autres inventions apportent la fantaisie, le désordre nécessaire. Les
trouvailles de Lagaffe ont en général trois issues possibles : l'échec pur et simple (celui, répété, de la
cire-qui-brille-sans-glisser par exemple), la destruction de l'invention lors du premier essai (les deux
fusées-météo) ou plus rarement le bon fonctionnement (avec la machine à recycler l'encre et le papier
entre autres). Notons cependant que le succès de certaines créations de Gaston ne peut être jugé que
subjectivement (lui seul semble apprécier le son du gaffophone et le goût de sa morue aux fraises).
La cafetière camping à essence: en réalité une cafetière/fusée (Gare aux Gaffes du Gars Gonflé)
Système de classement au plafond : système permettant grâce à un élastique de consulter des
documents classés au plafond et qui reviennent normalement à leur emplacement initial… (Gare aux
Gaffes du Gars Gonflé)
La table révolutionnaire: cette table se rangeant au plafond, permettant ainsi d'améliorer l'aisance
des jambes et le ménage pose un gros problème à cause de son système d’attache… (Gare aux Gaffes
du Gars Gonflé)
Petite cuisinière électrique automatique: dont la programmation est coûteuse en énergie… (Un
Gaffeur Sachant Gaffer)
Expérience pour utiliser l'énergie des gestes machinaux : système unique lié à l’ouverture et à la
fermeture d’une porte qui presse deux oranges, moud vingt-cinq grammes de café et imprime un
portrait de Gaston (Lagaffe nous Gâte)
Consulter le site :
http://www.gastonlagaffe.com/
4. Du côté des arts plastiques : les machines à produire de l’art
De ces machines qui peuvent produire sans la présence de l'artiste mais qui ne peuvent exister sans
son concept, les plus célèbres sont sans doute les Méta-Matics de Jean Tinguely.
« Les Méta-Matics, qui furent exposées pour la première fois à Paris en 1959 et valurent à Tinguely une
renommée internationale, sont des machines à dessiner motorisées sur lesquelles le spectateur peut
produire des dessins abstraits. S'y ajoutent une sélection d'œuvres qui, toutes, possèdent un trait en
commun : l'artiste délègue l'acte créatif à la machine - un procédé qui ne devient vraiment possible
qu'après la Seconde Guerre mondiale, lorsqu'une génération de jeunes artistes entre en scène et
rompt avec un des tabous les mieux gardés de l'art européen : le concept d'originalité de l'œuvre
d'art ». extrait d’un article d’ART aujourd’hui. info
10
•
Avant de faire découvrir aux élèves la Machine à dessiner à travers des photographies
consultables sur le site du musée Tinguely à Bâle :
http://www.tinguely.ch/fr/exhibition/kunstmaschinen_galery_01.html
proposer de représenter une machine à dessiner ou à peindre (technique libre : dessin et/ou collage
d’éléments techniques découpés dans des magazines par exemple des boutons de gazinière, des
jantes, un écran de télévision etc…)
• Consulter le dossier suivant proposant plusieurs pistes pédagogiques en Arts Visuels pour le
cycle 3 sur le thème des machines dans l’art:
http://www.ac-grenoble.fr/artsvisuels26/machines/machines_utopies.htm
Le scaphandre
Le scaphandre et la plongée sous-marine sont à l’origine de nombreux gags du film qu’on fera lister aux
élèves. On les amènera à comprendre que le scaphandre, objet de puissance (avec un tel harnachement,
Rollo, seul dans le cadre, devient un Dieu Vivant) est également un objet limitant et empêchant son
action (déplacements difficiles sur le pont, Rollo /scaphandrier devient malgré lui pirogue…). On peut
voir dans cette dualité un symbole de l’ambivalence caractérisant certains objets et machines de ce
siècle naissant qui ne s’avèreront pas uniquement facteurs de progrès…
Prolongements
1. La BD /Le trésor de Rackham Le Rouge [Scénario & Dessins : Hergé, Date de parution : 1944] à partir
de la Page 62 : Tour à tour, Tintin et le capitaine Haddock utilisent un scaphandre pour explorer l’épave
de La Licorne. Le scaphandre provoque un certain nombre de gags dont certains similaires à ceux vus
dans le film (la circulation d’air interrompue par l’enlèvement de Patsy, par l’étourderie des Dupondt…)
2. Le travail des scaphandriers
- Historique sur l’exploration des fonds sous-marins :
http://vendee-globe-junior.vendee.fr/global/pdf/Fiche19.pdf
-
Consulter le dossier « les scaphandres » sur le site :
http://www.musee-marine.fr/public/virtuel/julesverne/
-
Suggestions pédagogiques à l’adresse suivante :
http://www.musee-marine.fr/public/virtuel/julesverne/fr/autres/pdf/piste1.pdf
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http://www.pbase.com/fabi123/scaphandre
(Les photographies peuvent être utilisées comme des images séquentielles)
-
« De l'air dans l'eau » Christian Granseigne - CRDP Poitou-Charentes, 2005. Cet ouvrage,
composé d'un cahier destiné aux enseignants et de fiches documents pour les enfants,
permet d'aborder les principes technologiques qui ont permis à l'homme de respirer
sous l'eau. Le cahier du maître propose des documents destinés à concevoir des
séquences pédagogiques sur le thème de la conquête subaquatique.
Isabelle Ganon
CP Arts Visuels, IA 76
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-
Le fonctionnement du scaphandre « pieds lourds » en images à l’adresse suivante
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