Panorama girondin des pratiques en viticulture biologique
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Panorama girondin des pratiques en viticulture biologique
Panorama girondin des pratiques en viticulture biologique Date de rédaction : mars 2013 Page : 1 / 11 Ludivine Davidou CA33 et Nicolas AVELINE IFV Le millésime 2012 s’est révélé délicat concernant la protection de la vigne. L’objectif de l’enquête menée par le RESAQ Vitibio est de recueillir les pratiques mises en œuvre en viticulture biologique et le ressenti des vignerons face à la gestion des maladies et des ravageurs. Depuis 2011, le RESAQ Vitibio fédère une dizaine de partenaires (organismes de recherche, Chambres d’Agriculture et associations bio) en Aquitaine pour mener des expérimentations et des observations en viticulture biologique. Il est coordonné par le Vinopôle de Bordeaux-Aquitaine et cofinancé par le Conseil Régional d'Aquitaine et FranceAgriMer. Figure 1 : Répartition des réponses à l'enquête en Gironde Panorama girondin des pratiques en viticulture biologique Date de rédaction : mars 2013 Page : 2 / 11 Ludivine Davidou CA33 et Nicolas AVELINE IFV Un panel équilibré Diffusée cet hiver sur l’Aquitaine par les partenaires du RESAQ, l’enquête se compose de questions quantitatives (exemple : doses de cuivre métal par hectare) et qualitatives (exemple : satisfaction de la gestion des maladies). Elle reprend les bases d’Agrobio-Périgord qui mène ce type de sondage avec succès depuis plusieurs années sur la Dordogne. Pour la Gironde, on compte 59 retours sur un peu plus de 200 envois par mail et par courrier. En Aquitaine, le nombre d’enquêtes avoisine les 130 (1). Les secteurs qui ont le plus répondu sont l’Entre-Deux-Mers, le Bourgeais-Blayais et le Libournais. Le Médoc et les Graves sont minoritaires. Cette répartition est assez corrélée avec le nombre de viticulteurs bio dans chaque secteur. Un tiers des viticulteurs qui ont répondu sont en conversion. Les deux autres tiers sont en bio dont un quart en biodynamie. Figure 2 : Proportion des différents profils de viticulteurs du panel girondin (2012) Panorama girondin des pratiques en viticulture biologique Date de rédaction : mars 2013 Page : 3 / 11 Ludivine Davidou CA33 et Nicolas AVELINE IFV Zoom sur les maladies Les dégâts observés sur la campagne 2012 sont faibles à moyens quelle que soit la maladie. Ils sont essentiellement causés par le mildiou dont la gestion a été jugée globalement difficile. Ils sont suivis des dégâts d'ESCA, très visibles cette année, et dont la lutte présente une impasse technique. Les autres maladies (oïdium et botrytis) ont généré en moyenne moins de dégâts mais elles ont pu causer ponctuellement des problèmes de gestion. Globalement, la moitié des viticulteurs interrogés se dit satisfaite de la gestion des maladies en 2012. Un peu moins d’un viticulteur sur cinq n’est pas du tout satisfait. Figures 3 et 4 : Niveaux des dégâts causés par les maladies et appréciation de la difficulté de gestion des maladies (2012) Figure 5 : Proportion de viticulteurs girondins satisfaits de la gestion globale des maladies (2012) Panorama girondin des pratiques en viticulture biologique Date de rédaction : mars 2013 Page : 4 / 11 Ludivine Davidou CA33 et Nicolas AVELINE IFV Le mildiou en tête… Pour la Gironde, 90 % des viticulteurs bio ayant répondu à l'enquête ont estimé que la gestion du mildiou était moyennement difficile à difficile. C’est aussi la maladie qui occasionne le plus de dégâts constatés sur l’exploitation et qui conduit majoritairement à l’insatisfaction globale sur la gestion des maladies. Figures 6 et 7: Proportion de viticulteurs girondins ayant trouvé la gestion du mildiou difficile et niveaux des dégâts de mildiou observés (2012) Même si un grand nombre de viticulteurs a trouvé la gestion du mildiou difficile, la relation avec les dégâts constatés est faible. Ainsi, la gestion du mildiou a été préoccupante et difficile en 2012 mais a été dans certains cas efficace. La lutte contre le mildiou est également un des facteurs qui influent sur le niveau des dégâts observés. Un nombre plus important de traitements de cuivre entraîne moins de dégâts de mildiou. Par contre, la dose de cuivre totale, qu'elle soit faible ou importante, n’a pas d'influence sur les dégâts de mildiou observés. On retrouve ici la préconisation d'optimiser le positionnement de ses traitements tout en raisonnant au mieux sa dose de cuivre. Les dégâts notés, qu’ils soient faibles ou importants, ne sont pas liés à l'utilisation de produits complémentaires, à la combinaison de différentes formes de cuivre ou à l'association d'adjuvants. Face au mildiou, on n’observe pas de différences selon le profil des viticulteurs (ancienneté, biodynamie, conversion ou bio). Seul le secteur géographique semble avoir une influence : on dénombre moins de dégâts de mildiou sur le secteur du Bourgeais-Blayais que sur les autres secteurs. Panorama girondin des pratiques en viticulture biologique Date de rédaction : mars 2013 Page : 5 / 11 Ludivine Davidou CA33 et Nicolas AVELINE IFV …mais un recours au cuivre maîtrisé La dose moyenne de cuivre utilisée pour la Gironde est de 4,5 kg/ha/an (mini : 2,7 et maxi : 6,23). Le nombre de traitements cuivre enregistré est très disparate. En effet, on relève un nombre moyen de 12 traitements (mini : 8 et maxi : 19). Par contre, la dose totale de cuivre métal utilisée durant la saison se répartit de façon harmonieuse autour de la moyenne (4,5 kg/ha/an). A noter qu’un quart des viticulteurs a utilisé de faibles doses, soit moins de 4 kg/ha/an de cuivre métal mais aucun critère ne caractérise ce groupe. Les faibles quantités de cuivre sont corrélées avec la satisfaction générale du viticulteur. On note que 90 % des viticulteurs utilisent 2 ou 3 formes de cuivre différentes pendant la saison. L’hydroxyde de cuivre est systématiquement présent dans l’itinéraire technique, suivi par le sulfate de cuivre. Environ la moitié des viticulteurs utilise de l’oxyde cuivreux dans leur programme anti-mildiou. Enfin, l’oxychlorure est marginal (moins de 10 %). Figures 8 et 9 : Proportion de formes de cuivre utilisées dans la campagne (2012) Panorama girondin des pratiques en viticulture biologique Date de rédaction : mars 2013 Page : 6 / 11 Ludivine Davidou CA33 et Nicolas AVELINE IFV L’oïdium plus discret L’oïdium est la 2ème maladie préoccupante au vignoble. Près d’un tiers des viticulteurs a trouvé sa gestion moyenne à difficile. Pourtant, en termes de dégâts constatés, l’indice reste très faible par rapport aux autres maladies. Dans le cas où les attaques sont présentes, elles ont une incidence forte sur la gestion. Notons que parmi les 3 profils (Conversion, Bio et Biodynamie), les viticulteurs en Biodynamie semblent être moins concernés par les dégâts d'oïdium. Figures 10 et 11 : Proportion de viticulteurs girondins ayant trouvé la gestion de l'oïdium difficile et niveaux des dégâts d'oïdium observés (2012) Le soufre est incontournable En moyenne, 10,5 traitements de soufre (applications de soufre mouillable et poudrages) ont été réalisés. L’ancienneté est un facteur qui explique un nombre plus faible de traitements. Plus l’exploitation présente un fort historique en viticulture biologique, moins elle a recours aux traitements soufre. Près de la moitié des viticulteurs (45 %) utilise le poudrage. Parmi eux, plus de la moitié applique un seul poudrage. Figure 12 : Proportion de viticulteurs girondins ayant eu recours aux poudrages de soufre (2012) Panorama girondin des pratiques en viticulture biologique Date de rédaction : mars 2013 Page : 7 / 11 Ludivine Davidou CA33 et Nicolas AVELINE IFV Les poudrages de soufre sont fortement liés aux dégâts d’oïdium observés. Même si certains viticulteurs bio ont l’habitude d’en réaliser systématiquement, on suppose que le déclenchement des poudrages se fait dans un but curatif. On note que l'importance des dégâts de mildiou est liée à celle des dégâts d'oïdium. De plus, le nombre de traitements cuivre est fortement corrélé au nombre de traitements soufre. En effet, la protection contre le mildiou n'est pas dissociée de celle contre l'oïdium. Donc, on peut supposer que les programmes de traitements présentant une "faille" (renouvellement tardif, mauvais positionnement...) ont engendré des dégâts plus importants pour ces 2 maladies. Les autres maladies Dans cette catégorie, on retrouve principalement les maladies du bois (ESCA- BDA). Celles-ci sont présentes au vignoble et se classent en 2ème position en termes de dégâts constatés juste derrière le mildiou. On ne distingue pas de profils particuliers ou de critères corrélés aux symptômes observés. Les ravageurs Les moyennes des dégâts et les problématiques de gestion des ravageurs sont plus faibles que celles enregistrées pour les maladies. Néanmoins, un tiers des viticulteurs n'est pas totalement satisfait de la gestion des ravageurs en 2012. Le premier facteur qui explique cette insatisfaction est la présence de dégâts tordeuses. Figures 13 et 14 : Niveaux des dégâts causés par les ravageurs et appréciation de la difficulté de gestion des ravageurs (2012) Figure 15 : Proportion de viticulteurs girondins satisfaits de la gestion globale des ravageurs (2012) Panorama girondin des pratiques en viticulture biologique Date de rédaction : mars 2013 Page : 8 / 11 Ludivine Davidou CA33 et Nicolas AVELINE IFV Les tordeuses de la vigne Les tordeuses représentent le ravageur le plus préoccupant en 2012. Un peu plus d’un quart des viticulteurs a trouvé la gestion des tordeuses difficile. Les exploitations concernées par la problématique vers de la grappe sont celles qui mettent en œuvre une lutte contre ce ravageur (traitements aériens et confusion sexuelle). Au vignoble, on retrouve majoritairement Eudémis qui représente trois quarts des populations de tordeuses. Elle est également présente en association avec Cochylis dans la moitié des cas. Les propriétés où Cochylis est seule sont peu nombreuses (10 %). A noter que 14 % des viticulteurs ne sont pas concernés par la problématique vers de la grappe. 39 % des viticulteurs réalisent un piégeage des tordeuses sur leur propriété. Les moyens de lutte mis en œuvre contre les tordeuses sont représentés essentiellement par l'utilisation de produits en pulvérisation et 35 % des viticulteurs du panel disent avoir réalisé au moins 1 traitement contre les tordeuses durant la campagne. Dans une moindre mesure, la confusion sexuelle est employée mais celle-ci reste plus rare (11 % des viticulteurs) et elle est toujours accompagnée de traitements insecticides. Environ 80 % des insecticides utilisés sont à base de spinosad et 20 % à base de Bacillus thuringiensis. La cicadelle de la Flavescence Dorée La cicadelle vectrice de la Flavescence Dorée est le 2ème insecte qui pose des difficultés. Sa gestion, considérée moyenne à difficile, concerne 21 % des viticulteurs. Celle-ci est fortement liée au nombre de traitements et aux symptômes observés. En effet, les exploitations se situant sur des zones à 3 traitements obligatoires et présentant un nombre plus important de symptômes, avouent avoir trouvé la gestion plus difficile. La lutte obligatoire concerne 84 % des viticulteurs interrogés. Le nombre de traitements spécifiques à la lutte obligatoire contre Scaphoïdus titanus varie de 1 à 3. Les stratégies à 1 ou 2 traitements sont majoritaires. Le nombre de traitements dépend chaque année du Plan de Lutte Obligatoire (PLO). Il est donc possible que ce nombre varie sur les prochaines années selon les prospections et les observations des GDON. Le recours aux autres produits dans l’itinéraire technique En dehors des traitements traditionnels à base de cuivre et de soufre, les viticulteurs bio ont recours à d’autres produits complémentaires pour assurer la protection de la vigne. Environ la moitié des viticulteurs interrogés utilise un adjuvant en complément de leur traitement. Les adjuvants cités sont le plus souvent à base de terpènes de pin. 33 % du panel déclarent réaliser des poudrages autres que le soufre. Les produits alors utilisés sont majoritairement de la kaolinite, du carbonate de cuivre déployé et du lithotame. A noter que ces traitements sont majoritairement réalisés par des viticulteurs qui font habituellement des poudrages de soufre. Panorama girondin des pratiques en viticulture biologique Date de rédaction : mars 2013 Page : 9 / 11 Ludivine Davidou CA33 et Nicolas AVELINE IFV Les préparations les plus fréquentes sont les purins puis les tisanes et les décoctions. Les macérations sont minoritaires. Pour les purins, l’ortie est majoritairement utilisée. Les tisanes englobent beaucoup de plantes différentes. Panorama girondin des pratiques en viticulture biologique Date de rédaction : mars 2013 Page : 10 / 11 Ludivine Davidou CA33 et Nicolas AVELINE IFV La plante la plus utilisée est l’ortie. La fougère, la prêle et le saule sont ensuite les plus récurrentes. Enfin, les autres plantes citées ensuite sont plutôt utilisées en biodynamie. Dans 80 % des cas, les préparations à base de plantes sont réalisées de façon artisanale sur l’exploitation. Tableau 1 : Liste des plantes toutes préparations confondues utilisées sur la campagne(2012) Nombre de citations dans Plantes l’enquête (toutes préparations confondues) • Ortie 17 • Fougère 7 • Prêle 5 • Saule, osier 5 • Ecorce de chêne 3 3 Achillée 1 • Consoude 1 Luzerne 1 Valériane 1 Pissenlit 1 Camomille Les préparations biodynamiques sont logiquement utilisées par les viticulteurs en biodynamie. Les préparations 500 et 501 (respectivement bouse et silice de corne) sont les plus fréquemment employées. Conclusion Peu de surprises sont au rendez-vous suite à l’analyse de l’enquête par rapport aux constatations faites en saison : le mildiou a été de très loin la maladie la plus présente en 2012 et a posé le plus de problèmes aux viticulteurs bio (dégâts et gestion). Pour les ravageurs, ce sont les tordeuses qui ont posé ponctuellement le plus de soucis. En termes de protection, les doses de cuivre métal restent raisonnables malgré la forte pression mildiou. Le nombre de traitements cuivre et soufre a été important. Le pourcentage des viticulteurs ayant réalisé des poudrages est lui aussi élevé (46 %). Le recours à des produits complémentaires au soufre et au cuivre est fréquent (75 %) et plutôt orienté pour agir sur le mildiou. La préparation de substances à base de plantes dépasse le cadre de la biodynamie et une part non négligeable (40 %) des viticulteurs a eu recours à ces pratiques en 2012. Enfin, la satisfaction générale des viticulteurs interrogés montre que malgré des gestions difficiles, la protection reste en majorité satisfaisante (52 % pour les maladies). Il ne faut, néanmoins, pas oublier la part des viticulteurs "insatisfaits" de leur gestion (environ 1 sur 5 pour les maladies) qui pour des raisons diverses ont eu de gros problèmes avec le mildiou. Cette enquête sera à replacer dans le contexte Aquitain par l’agrégation de toutes les enquêtes du RESAQ. Si elle ne met pas en évidence de réelles surprises, elle fait le constat des pratiques de protection mises en œuvre sur le millésime 2012. La continuité de cette enquête sur plusieurs années sera précieuse pour analyser l’évolution des pratiques et des problématiques. Panorama girondin des pratiques en viticulture biologique Date de rédaction : mars 2013 Page : 11 / 11 Ludivine Davidou CA33 et Nicolas AVELINE IFV Remerciements : Un grand merci aux viticulteurs bio girondins qui ont pris le temps de répondre à cette enquête. Merci aux partenaires du RESAQ et hors RESAQ qui ont relayé et diffusé l’enquête auprès de leurs réseaux. Ludivine DAVIDOU, Service Vigne et Vin - Chambre d’Agriculture de la Gironde Nicolas AVELINE, IFV Pôle Bordeaux-Aquitaine Pour aller plus loin : Synthèse de l’enquête Gironde 2012 et données des enquêtes pour l'Aquitaine et les autres départements : à télécharger sur la page web www.vinopole.fr/1232RESAQ.htm Enquête Agrobio Périgord : http://www.agrobioperigord.fr/produire-bio/viticulture Fiche Technique IFV - Union Girondine Mars 2013 Les financeurs :