Analyse du tissu socio-économique de la Région de Bruxelles

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Analyse du tissu socio-économique de la Région de Bruxelles
ANALYSE DU TISSU SOCIO-ÉCONOMIQUE DE LA RÉGION DE BRUXELLES-CAPITALE :
ENTREPRISES, EMPLOI ET CHÔMAGE
Communiqué de presse
Cette étude réalisée par "l'Observatoire bruxellois du Marché du Travail et des Qualifications" analyse
la dynamique socio-économique au niveau local bruxellois. L'étude a pour objet la structure sectorielle
et l'évolution de l'emploi salarié et des établissements et traite également du chômage dans les 19
communes de la Région de Bruxelles-Capitale sur la période 1992-1997 (et également 1998 pour le
chômage). Elle fournit un outil d'informations et d'analyse pour les différents acteurs et décideurs
politiques tant à l'échelon communal que régional en ce qui concerne la situation et l'évolution du
contexte social et économique de la Région. Ce rapport se situe dans une perspective locale dans le
but de soutenir la nouvelle politique du gouvernement régional dans son volet "économie et emploi",
et plus particulièrement en ce qui concerne le maintien de la diversité économique sur le territoire
régional, ainsi que dans les axes relatifs à la lutte contre l'exclusion sociale et la revitalisation des
quartiers, notamment dans les zones urbaines en difficulté. La projection spatiale présente l'intérêt de
mettre en évidence les disparités intrarégionales ainsi que l'aggravation de la dualisation à Bruxelles
en termes de dynamiques de croissance des entreprises, de potentiels d'emplois et de concentration
de populations en demande d'emploi et plus fragilisées.
La première partie analyse l'évolution du nombre d'établissements et de l'emploi salarié dans les 19
communes de la Région de Bruxelles-Capitale. Si entre 1992 et 1997, la Région de Bruxelles-Capitale
enregistre un double recul: réduction de 1.086 établissements (-3,2%) et diminution de 7.880 emplois
salariés (-1,4%), le lien entre créations d'emploi et nombre d'entreprises n'est pas si univoque. Outre
le fait que les évolutions apparaissent certaines années déphasées, l'approche locale montre que sur
la période des mouvements divergents entre le nombre d'établissements et l'emploi se révèlent dans 9
communes bruxelloises. L'approche sectorielle de la Région montre également les mutations qui
apparaissent dans l'économie bruxelloise. Six secteurs sont en croissance aussi bien en termes
d'établissements que d'emplois. Ce sont l'éducation, les transports et communications, les services
collectifs, l'administration publique, la santé et l'action sociale, et enfin les hôtels et restaurants. Les
services aux entreprises ont été relativement stables tant quant au nombre d'établissements qu'à celui
des personnes occupées. Quatre secteurs ont par contre enregistré une évolution doublement
négative puisque tant le nombre d'établissements actifs dans ces domaines que le volume de l'emploi
s'y sont contractés. Il s'agit du secteur des activités financières, des commerces, de la construction, et
des industries manufacturières. Il apparaît très clairement que la présence importante de ces secteurs
en déclin dans certaines communes bruxelloises a eu un impact défavorable sur l'évolution du nombre
global d'unités de production installées en leur sein. L'étude présente ainsi les degrés de concentration
de ces activités "peu porteuses" dans les communes de la Région de Bruxelles-Capitale où elles sont
plus fortement représentées.
La deuxième partie axée sur le profil sectoriel des communes établit pour l'ensemble des 19
communes bruxelloises l'évolution de leur tissu économique et ce à travers onze secteurs d'activités
parmi les plus présents en Région bruxelloise. Cette analyse permet de montrer la forte hétérogénéité
du tissu sectoriel bruxellois. A titre d'exemple, on peut mentionner le fait que le secteur des services
aux entreprises (en légère progression depuis le début des années 90) est le premier secteur
d'activités au sud-est de Bruxelles tandis que le secteur du commerce (en recul important sur cette
même période) domine au nord-ouest de la Région.
La troisième partie de ce rapport analyse la dynamique locale de ce tissu sectoriel hétérogène. Ainsi,
pour chacun des onze secteurs, les 19 communes sont classées par rapport à la moyenne régionale.
On constate ainsi que pour chaque secteur, l'analyse locale réserve des surprises et que le glissement
d'activités entre communes est loin d'être négligeable. Rares sont en effet les secteurs connaissant
une évolution uniforme dans l'ensemble de la Région bruxelloise.
La quatrième partie consacrée à l'attractivité des communes bruxelloises permet de mesurer en
dernier ressort la force du lien ‘population-emploi local'. Bien que basée sur le recensement de 1991,
cette courte analyse n'est pas sans intérêt dans la mesure où elle donne une estimation de l'écart parfois important - entre l'activité économique locale et la participation des habitants de ces
communes à cette activité.
Après avoir analysé le lien ‘activité-emploi' au niveau des communes, la cinquième partie analyse
l'évolution du chômage au sein des communes bruxelloises. A nouveau des éléments intéressants
surgissent de cette analyse, comme - par exemple - la relation complexe entre l'évolution de l'emploi
salarié et du nombre de demandeurs d'emploi inoccupés au sein d'une commune. Les raisons sont ici
aussi multiples. Elles tiennent notamment aux caractéristiques d'une part des emplois existants et
d'autre part des profils des demandeurs d'emploi. La projection spatiale du chômage montre que
l'important volume de chômage infraqualifié plus spécifiquement concentré dans les communes du
centre et de la première couronne, associé à un important réservoir de main d'œuvre d'origine
étrangère, rendent les modalités d'insertion dans ces communes beaucoup plus périlleuses qu'au sudest ou à l'ouest de Bruxelles. Enfin, l'analyse des taux de chômage par commune met en exergue les
fortes disparités entre les communes bruxelloises (voir tableau) : variant de 8,2% pour Woluwé-StPierre à 35% pour St-Josse.
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Taux de chômage au 30 juin 1998 (demandeurs d'emploi inoccupés/population active)
Anderlecht
Auderghem
Berchem-Ste-Agathe
Bruxelles
Etterbeek
Evere
Forest
Ganshoren
Ixelles
Jette
Koekelberg
Molenbeek-St-Jean
St-Gilles
St-Josse-ten-Noode
Schaerbeek
Uccle
Watermael-Boitsfort
Woluwé-St-Lambert
Woluwé-St-Pierre
Région bruxelloise
H
30,8
18,7
23,0
33,2
30,5
21,8
28,6
23,0
29,7
24,6
30,1
40,9
37,3
44,4
37,4
23,1
23,2
20,2
21,0
31,7
- 25 ans
F
33,1
21,3
20,8
30,4
28,0
22,0
31,4
22,4
25,8
25,9
32,3
43,1
37,5
46,5
39,7
22,0
21,1
15,3
16,5
31,4
T
31,9
20,0
21,8
31,8
29,1
21,9
30,1
22,7
27,8
25,3
31,1
42,0
37,4
45,5
38,5
22,5
22,2
17,6
18,7
31,5
H
19,7
9,9
11,6
20,3
18,7
11,7
17,6
11,7
16,1
13,9
20,0
26,6
27,3
34,5
24,1
9,9
8,7
8,8
7,1
18,2
Total
F
22,8
11,9
14,4
18,4
18,0
16,7
20,9
15,0
16,5
17,2
21,1
27,8
26,8
35,6
25,7
13,4
11,1
10,5
9,3
19,1
T
21,1
10,9
13,0
19,4
18,3
14,2
19,3
13,4
16,3
15,5
20,5
27,1
27,1
35,0
24,9
11,6
9,9
9,7
8,2
18,6
Source : INAMI, INASTI, INS (recensement), ONSS, ORBEM, MET, calculs Observatoire.
Le taux de chômage des jeunes de moins de 25 ans (31,5%) est de loin supérieur à la moyenne
régionale (18,6%) alors que la part relative de cette population dans ces communes n'indique pas une
surreprésentation marquée de cette classe d'âge dans le total du chômage régional. Ceci s'explique
par le fait que la Région bruxelloise se caractérise par des taux d'activité des jeunes bruxellois
fortement inférieurs à ceux des autres régions. A cet égard, on constate qu'en matière socioéconomique, les disparités régionales s'expriment fortement au travers du chômage des jeunes qui est
le facteur déterminant de la dualisation qui s'est opérée dans les années 90 au sein de la Région
bruxelloise.
Les nouvelles données 1998 de l'Onss (publiées tout récemment) qui ne font pas partie de l'étude,
confirment le redressement amorcé en 1997 de l'emploi salarié au niveau de l'ensemble de la région.
L'emploi salarié a progressé en 1997 et en 1998 respectivement de 5.889 unités et de 4.362 unités.
De même, les données 1999 sur le chômage confirment l'amélioration déjà observée en 1998. En
comparant la moyenne du premier semestre de 1999 à celui de 1998, on constate une diminution de
3.672 demandeurs d'emploi inoccupés, soit une baisse de 4,8%.
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