1 Fiche 8. Critique de la loi de Say I. La monnaie dans la loi de Say

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1 Fiche 8. Critique de la loi de Say I. La monnaie dans la loi de Say
Fiche 8. Critique de la loi de Say
I.
La monnaie dans la loi de Say
« On n’achète des produits qu’avec des produits, et le numéraire n’est que l’agent au moyen
duquel l’échange s’effectue. Il peut être produit une trop grande quantité d’une certaine
denrée, et il peut en résulter une surabondance telle dans le marché, qu’on ne puisse en
retirer ce qu’elle a coûté ; mais ce trop-plein ne saurait avoir lieu pour toutes les denrées »
(Ricardo, Principes, 1817).
Les agents épargnent mais ne demandent pas de monnaie car sans utilité et sans rendement.
La décision d’épargner peut dépendre négativement du taux d’inflation mais le choix de la
forme d’épargne n’en dépend pas.
II.
La demande de monnaie chez Keynes.
La monnaie est une marchandise liquide (permet d’acheter toute autre marchandise) demandée
pour trois motifs :
-
Motif de transaction
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Motif de précaution
-
Motif de spéculation : on demande rationnellement de la monnaie si l’on anticipe une baisse
de la valeur nominale des titres. Remarque : sans lien avec l’inflation. L’inflation affecte
indifféremment la valeur réelle (i.e. le pouvoir d’achat) de la monnaie et des actifs financiers.
La monnaie protège de la baisse de la valeur nominale des actifs financiers.
L’évaluation des actifs financiers
Keynes objecte que la demande de ces actifs obéit à des motifs qui peuvent éloigner la valeur
de marché (observée) de la valeur réelle de l’entreprise, entendue comme somme de ses
revenus futurs :
« La technique du placement peut être comparée à ces concours organisés par les journaux
où les participants ont à choisir les six plus jolis visages parmi une centaine de photographies,
le prix étant attribué à celui dont les préférences s'approchent le plus de la sélection
moyenne opérée par l'ensemble des concurrents. Chaque concurrent doit donc choisir non
les visages qu'il juge lui-même les plus jolis, mais ceux qu'il estime les plus propres à obtenir
le suffrage des autres concurrents, lesquels examinent tous le problème sous le même angle.
Il ne s'agit pas pour chacun de choisir les visages qui, autant qu'il peut en juger, sont
réellement les plus jolis ni même ceux que l'opinion moyenne considèrera réellement
comme tels. Au troisième degré où nous sommes déjà rendus, on emploie ses facultés à
découvrir l'idée que l'opinion moyenne se fera à l'avance de son propre jugement » (Keynes,
Théorie générale de l’emploi, de l’intérêt et de la monnaie, chapitre 12).
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Les acteurs sur les marchés financiers agissent par mimétisme. Comportement rationnel
fondé sur les anticipations de la valeur future du titre.
Or il existe une relation décroissante entre taux d’intérêt courant et demande de monnaie
pour motif de spéculation. Les actifs sont des obligations émises par l’Etat ou les entreprises.
On suppose une obligation à un seul versement, connu, égal à 100 euros. Le prix actuel de
l’obligation est la valeur du versement actualisée par le taux d’intérêt du marché
= 100 / (1=i), où i est le taux d’intérêt.
Il existe une relation décroissante entre valeur des titres et taux d’intérêt.
Le taux d’intérêt résulte de l’offre et de la demande sur le marché des titres. Il est l’envers du
prix des titres. Le prix des titres égalise offre et demande de titres.
D’une période à une autre, taux d’intérêt et prix des titres peuvent varier. Si le taux d’intérêt
augmente, le prix des titres diminue, les détenteurs de titres réalisent une moins-value. Des
agents qui anticipent une baisse du taux d’intérêt sont donc demandeurs de monnaie plutôt
que de titres. Plus le taux d’intérêt est élevé, plus les agents en anticipent la baisse.
III.
L’absence de loi de Say dans la théorie keynésienne
1. Une variation de l’emploi, de la production et des revenus entraîne une augmentation de la
production de moindre ampleur. Car la propension marginale à consommer est égale à 1. Il y
a donc aussi hausse de l’épargne.
2. Rien n’indique que cet écart entre variation de la production et des revenus d’une part,
accroissement de la consommation d’autre part, soit comblé par un accroissement de
l’investissement. La hausse de l’épargne ne donne pas toujours lieu à une hausse de
l’investissement.
Un acte d’épargne individuelle signifie – pour ainsi dire – une décision de ne pas dîner aujourd’hui.
Mais il n’implique pas nécessairement une décision de commander un dîner ou une paire de
chaussures une semaine ou une année plus tard, ou de consommer un article déterminé à une date
déterminée. (…) Il ne consiste pas dans la substitution d’une demande pour la consommation future
à une demande pour la consommation présente, mais seulement dans une diminution nette de cette
dernière demande » (Keynes, 1936, Théorie générale de l’emploi, de l’intérêt et de la monnaie,
chapitre 16).
3. En l’absence de politique de soutien à la consommation (par action sur c) ou à
l’investissement (par politique monétaire ou budgétaire), l’augmentation de la production
n’aura pas lieu, car les revenus distribués ne font pas retour.
Alors, la théorie keynésienne préconise pour relancer l’emploi une politique budgétaire
et/ou monétaire.
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