La Géothermie en France n°4
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La Géothermie en France n°4
N°4 a Géothermie FÉVRIER 2009 en rance L’ É N E R G I E D U S O U S - S O L >> S O M M A I R E Focus sur une opération de géothermie : Pessac Formanoir >> p.2 et 3 Favoriser le développement de la géothermie : solutions techniques originales et sensibilisation >> p.4 et 5 É D I T O >> p ar Daniel Beguin, vice-président délégué à la région Lorraine La géothermie : un atout pour le développement économique Régional de la Lorraine Peu de territoires peuvent revendiquer de façon aussi symbolique que la Lorraine un rôle de premier plan dans l’engagement national, et donc européen, pour le développement durable et la maîtrise de l’énergie. La centrale géothermique de Soultz : ses premiers pas vers la production d’électricité >> p.6 et 7 Depuis 2004, la Région Lorraine s’est résolument engagée dans une politique ambitieuse de lutte contre le changement climatique, de maîtrise de l’énergie et de développement des énergies renouvelables notamment au travers de la structuration de filières économiques nouvelles qui ont contribué et qui contribueront à dynamiser son territoire. Le BRGM et les collectivités locales >> p.8 et 9 L’AGEMO : Association des Maîtres d’Ouvrage Publics en Géothermie >> p.10 et 11 Les métiers de la géothermie : Ingénieur conseil en bureau d’études thermiques de « surface » >> p.12, 13 et 14 En bref >> p.15 et 16 Agenda et édition >> p.16 L’un des grands chantiers fut la réalisation d’un atlas du potentiel géothermique lorrain financé par l’ADEME, le BRGM, EDF et la Région Lorraine lequel a été mis en ligne sur le site internet www.geothermie-perspectives.fr. En parallèle, un travail d’animation de la filière a permis d’engager une campagne de promotion auprès des acteurs locaux et d’organiser une formation destinée aux bureaux d’études. Première région de France à soutenir la géothermie dans le logement individuel, la Lorraine compte près de 700 projets réalisés y compris dans les collectivités locales, le logement social et le tertiaire. Dans le même temps, le nombre de sociétés de forage a été multiplié par 5 actant l’intérêt mais aussi la confiance des acteurs économiques dans cette filière. La valorisation du potentiel géothermique pour le chauffage de bâtiments publics et industriels est une des pistes d’action prioritaire de la Région Lorraine à laquelle elle apporte son soutien financier aux côtés de l’ADEME. L’année 2008 s’achève en apportant de nouvelles perspectives avec notamment la réalisation de projets expérimentaux de stockage intersaisonnier d’énergie, le probable lancement d’une étude de faisabilité poursuivant le programme de recherche européen MINEWATER, qui permettrait d’alimenter des réseaux de chauffage urbain avec l’énergie contenue dans les eaux d’ennoyage des mines de charbon ou encore le projet de caractérisation du potentiel géothermique du bassin ferrifère. Je crois fermement au potentiel de la ressource géothermale et la mise en place prochaine du plan climat régional constituera un vecteur de promotion de cette technique auprès des différents territoires lorrains qui auront la charge, à leur niveau, d’engager les actions nécessaires à la réduction des émissions de gaz à effet de serre. >> Par Jean-Pierre Jolibert responsable service ingénierie, Domofrance [email protected] Focus sur une opération : Pessac Formanoir : puits de forage géothermique Domofrance gère un parc locatif de 21 000 logements dont 50 % en chauffage collectif. Nous avons, en permanence, le souci d’optimiser le coût des charges de chauffage pour nos clients et, à ce titre, nous étudions toutes les possibilités techniques qui s’offrent à nous. Une réussite technique et sociale Le site de Formanoir représente 1 500 logements c’est-à-dire environ 6 000 personnes et une surface à chauffer de plus de 95 000 mètres carrés. La puissance instantanée sur cet ensemble est de 14 MW (géothermie + gaz). Le système de géothermie couvre ainsi 60 % des besoins en hiver et 100 % des besoins en été pour la production d’eau chaude sanitaire. C’est un pourcentage qui pourrait être amélioré si le facteur économique n’entrait pas en jeu. 2 En effet, plus on souhaite optimiser la récupération de calories, plus cela coûte cher et nos investissements doivent se répartir équitablement sur l’ensemble du parc locatif. Nous bénéficions d’un droit d’exploitation sur ce puits jusqu’en 2013. Nous sommes au demeurant en pleine réflexion quant aux mesures à prendre pour que l’autorisation de forage soit renouvelée en fin de période. Pour cela, nous travaillons sur la valorisation des eaux de rejet. L’eau de forage est pompée dans l’aquifère du cénomano-turonien à plus de 1 000 mètres de profondeur, à une température de l’ordre de 47 degrés. L’installation d’origine fonctionnait au fioul lourd. Nous avons maintenu deux chaudières en fioul domestique d’appoint ainsi que trois chaudières au gaz, afin de prévenir toute éventualité de panne, notamment au niveau des pompes d’exhaure car celles-ci sont situées à 100 mètres de profondeur. Elles permettent le captage des calories pour une distribution dans le réseau. Nos actions économiques et sociales ne doivent pas être incompatibles avec une politique tenant compte des impacts sur l’environnement. Nous rejetions en effet 650 000 mètres cubes d’eau en moyenne à une température su- CHAUFFERIE VUE EXTÉRIEURE ©Domofrance N ous avons lancé les travaux de réalisation du forage de production en 1983 à Formanoir, l’opération est basée sur un puits unique. C’est aussi à la même époque que nous avons expérimenté des projets de chaufferie collective au bois et au charbon. Ces installations ont, par la suite, été supplantées par le chauffage collectif au gaz. C’est le système le plus répandu. Une seule chaufferie fonctionne au fioul car le site d’Hourtin n’est pas connecté au réseau gazier. Cinq de nos chaufferies sont par ailleurs doublées de cogénération. périeure à 30 degrés. Or, les nouvelles « PAC » ont permis d’optimiser le volume d’eau exploité en le baissant à 450 000 mètres cubes par an et de diminuer la température de rejet à moins de 30 degrés. Nous sommes contrôlés dans la gestion de ce puits par la DRIRE et l’Agence BASSIN ADOUR GARONNE. Nous communiquons ainsi chaque année, voire chaque mois, le volume d’exhaure, les températures ainsi que les analyses de la qualité de l’eau à ces organismes. Notez que cette eau contient très peu de fer et de sel. Suite à des études sur la valorisation de cette eau nous avons pensé que nous pouvions faire des choses plus intéressantes que de les rejeter dans le réseau d’eau pluviale de la CUB. Les enjeux économiques sont par ailleurs no- La géothermie en France > N°4 © BRGM / im@gé LA DIFFICILE VALORISATION DE LA RESSOURCE tables. Le coût du chauffage sur Formanoir est de 235 euros par an, sur la base d’un logement de 68 mètres carrés, alors qu’en moyenne sur l’ensemble du patrimoine il est de 480 euros pour une chaufferie au gaz naturel sans cogénération. Pour notre clientèle, cela représente une économie directe répercutée à 100 %. Le coût de l’eau chaude sanitaire se situe, lui aussi, à la moitié du prix du coût moyen. Un avenir en suspend Nous sommes par ailleurs conscients du fait que le Préfet pourrait ne pas renouveler l’autorisation de prélèvement en 2013 si nous n’agissons pas en vue d’une valorisation de la ressource. C’est pourquoi nous avons confié, voilà 3 ans de cela, à 2 bureaux d’études la tâche d’analyser toutes les possibilités pour valoriser nos 450 000 mètres cubes d’eau à 30 degrés. Le premier bureau d’études n’étant pas spécialisé dans le domaine géologique, il ne s’est absolument pas censuré. Ses suggestions faisaient, par exemple, état de la possibilité d’une piscine municipale alimentée en eau géothermale ou encore, d’une station de lavage à proximité du réseau de tramway. Nous nous sommes également rapprochés des activités tertiaires voisines (clinique, par exemple). Cette eau étant potable, nous avions aussi dans l’idée de la proposer au réseau de la Lyonnaise, mais c’est une démarche complexe qui supposait une cession du puits à la collectivité. Le deuxième bureau d’études, plus spécialisé, a étudié les possibilités de réinjection sans toutefois vraiment tenir compte des dispositions du Code minier. Il proposait en effet des réinjections dans des nappes différentes de la nappe d’origine. C’est alors que nous avons commencé à travailler avec le Syndicat Mixte de Gestion de l’Eau de la Région (SMEGREG). Nous savons que le processus est long et prend du temps puisqu’il se poursuit encore aujourd’hui. Nous assistons à des réunions ; nous faisons également partie des adhérents de l’Agence Locale de l’Energie (ALE). Nous avons, de surcroît, assisté à la soutenance d’une thèse sur la problématique de réinjection. Nous venons, du reste, de mettre en place un budget d’étude conséquent pour 2009 afin de trouver les solutions pour cette revalorisation. Il n’est pas envisageable que ces équipements soient abandonnés pour revenir à un chauffage collectif classique et que nos locataires subissent une augmentation importante de leur facture de chauffage. L’analyse des diagnostics de performance énergétique démontre qu’une résidence raccordée à la géothermie présente de meilleurs résultats. Alors que la moyenne du patrimoine présente Février 2009 Le contexte local : Le Bassin aquitain possède une structure géologique un peu plus complexe que le Bassin parisien. Les formations aquifères sont nombreuses mais moins étendues, les plus profondes se trouvant au pied des Pyrénées, enfouies jusqu’à 10 km dans le soussol. Deux zones particulièrement favorables ont été découvertes dans la région : l’une forme un croissant au nord et au nord-est de Bordeaux, et l’autre descend d’Arcachon à Bayonne avant de s’élargir vers l’est au pied des Pyrénées. Les principales exploitations géothermiques se trouvent dans la région de Bordeaux, de Mont-de-Marsan et de Dax. Les principaux réservoirs géothermaux en Aquitaine possèdent des températures à plus de 60°C : ils sont formés de terrains sédimentaires (Crétacé, Jurassique supérieur, Lias et Trias) qui reposent sur le socle ancien. Les formations sont de type poreux (grès, sables, calcaires oolithiques, dolomies…) ou de type fissuré ou karstique (calcaires poreux ou non). Lorsque les forages ont été réalisés, dans les années 80, le système de réinjection n’était pas prévu, amenant à rejeter l’eau pompée en surface. Cependant, les autorisations d’exploitation de ces forages arrivent à échéance et la règle actuelle en vigueur voudrait, pour le renouvellement des permis, que l’eau captée soit rejetée dans le sous-sol après prélèvement des calories ou que cette eau soit rejetée après une utilisation rationnelle et optimisée pour préserver la ressource. une consommation de 160 à 170 kWh/m²/an suivant les régions, le site de Formanoir est à 135 kWh. Ce constat est le même pour les rejets de GES : 32 kCO2 pour une moyenne de 38 kCO2. C’est donc dans cette perspective que nous allons mener à bien ce dossier en toute confiance dans le respect des objectifs suivants : • le maintien d’un faible niveau des charges pour les locataires de cette résidence à vocation sociale représentant 1 500 familles • le respect de l’environnement car une installation géothermique offre des caractéristiques très intéressantes en matière de rejet de gaz à effet de serre. 3 Favoriser le développement de la géothermie : >> Par Saunier & Associés, Philippe Lentz, [email protected] Nicolas Frechin, [email protected] Solutions techniques originales et sensibilisation Même si la géothermie a démontré toute sa pertinence dans le contexte économique et environnemental actuel, son développement reste encore pénalisé par plusieurs facteurs : méconnaissance de la technique et de ses champs d’application, montant élevé des investissements à réaliser, image ternie par le manque de fiabilité de certains systèmes implémentés par le passé, temps de retour sur investissement jugés trop longs, etc. Certains de ces freins peuvent être levés en proposant des montages d’opérations qui protègent les maîtres d’ouvrage, des solutions techniques originales ou en menant des actions de sensibilisation. Garantie de performances : réalisation d’une installation « clés en main » pour le pôle de santé d’Aiglemont (08) E En phase d’étude, la simulation thermique des bâtiments a montré que la production de chaleur pouvait être optimisée en recourant à une pompe à chaleur eau/eau de 75 kWth, couplée à des sondes géothermiques verticales et à une chaudière d’appoint au gaz de 45 kWth. Pour implémenter ce système, la Mairie d’Aiglemont, soucieuse de maîtriser les coûts, les délais de réalisation et les performances futures de l’installation géothermique, a souhaité recourir à une solution « clés en main ». La phase travaux qui a duré au total moins de trois mois, a intégré les étapes suivantes : • réalisation de 8 sondes verticales de 100 m, mesure in-situ de la conductivité thermique moyenne du sous-sol sur la première sonde mise en place, • adaptation du dimensionnement au cours des 4 Figure 1 – Modélisation thermique 3D des sondes géothermiques travaux de forage grâce à des simulations dynamiques du champ de sondes (figure 1), • r accordement des sondes, • installation des équipements de chaufferie. Un système de télésuivi permet de contrôler les niveaux de performance obtenus (cette quantification pourrait à l’avenir servir de base au calcul de l’aide publique). L’adéquation entre les prévisions et les résultats effectifs a ainsi pu être vérifiée pour la première saison de chauffe et de rafraîchissement. Amélioration des performances : couplage de la géothermie avec de la moquette solaire pour des logements à Fameck (57) LogiEst assisté de BIK Architecture, construit actuellement un programme de 84 logements collectifs sur la commune de Fameck (57). Souhaitant recourir à une solution de géothermie pour les besoins de chauffage et d’eau chaude sanitaire des logements, LogiEst a fait © Saunier & Associés n septembre 2007, la mairie d’Aiglemont ouvre sur sa commune un pôle de santé, regroupant deux cabinets médicaux, une pharmacie, deux kinésithérapeutes, des infirmières, un dentiste et un orthophoniste. La surface totale des bâtiments à chauffer et à rafraîchir est de 750 m². Figure 2 – Moquette solaire mise en place sur le toit des bâtiments, pour recharger thermiquement les sondes géothermiques en été étudier un premier dimensionnement de champ de sondes géothermiques. Les investissements à réaliser étaient prohibitifs car le nombre de sondes déterminé était relativement élevé. LogiEst a donc lancé une expertise sur ce dimensionnement. Une modélisation numérique du système a montré que l’installation envisagée n’était pas pérenne. L’implantation des sondes était telle que celles-ci interféraient thermiquement et que les ratios de dimensionnement usuels ne s’appliquaient pas. L’idée a alors été proposée d’utiliser de la moquette solaire en complément des sondes, afin de recharger thermiquement ces dernières en période estivale (figures 2 et 3). Des simulations thermiques dynamiques du système couplé (géothermie sur sondes verticales et moquette solaire) ont permis de démontrer que la taille du champ de sondes pouvait être réduite de 30% par rapport au dimensionnement initial, tout en garantissant des performances suffisantes. De cette manière, l’option géothermie devenait pertinente d’un point de vue technique et économique. Contribution à la diffusion de la géothermie : projet européen de promotion de la géothermie dans le monde industriel Le monde industriel représente un enjeu énergétique extrêmement important. La géother- Figure 3 – Schéma de principe de l’installation en cours d’implémentation mie est une solution adaptée pour couvrir une gamme variée d’applications. Ceci étant, les exemples concrets d’utilisation de la géothermie pour couvrir des besoins industriels restent relativement isolés. Partant de ce constat, un consortium a été construit (IGEIA – Integration of Geothermal Energy into Industrial Applications), regroupant des bureaux d’étude allemand, estonien, français, portugais et suédois, acteurs dans le domaine de la géothermie. L’objectif est de contribuer à la diffusion des systèmes géothermiques dans le monde de l’industrie. Cette initiative est soutenue par la Commission Européenne (Intel- © Saunier & Associés Février 2009 © Saunier & Associés La géothermie en France > N°4 ligent Energy Europe). Un programme de travail portant sur une durée totale de 30 mois a été établi. Il vise à étudier la faisabilité de la géothermie pour quelques sites représentatifs et à mettre à disposition des décisionnaires industriels, différents outils permettant à ces derniers d’apprécier l’intérêt de la géothermie dans le contexte qui les intéresse. Tous les éléments produits et l’actualité du projet sont accessibles à l’adresse suivante www.saunier-associes.com/igeia. 5 >> Par Daniel Fritsch, Jörg Baumgärtner, Jean-Jacques Graff, Albert Genter (GEIE EMC) [email protected] La centrale géothermique de Soultz-sousForêts : ses premiers pas vers la production d’électricité Après une vingtaine d’années d’exploration et de reconnaissance du sous-sol alsacien par des forages, des mesures thermiques et des essais hydrauliques, le projet expérimental EGS (Enhanced Geothermal System) de Soultz-sous-Forêts (Bas-Rhin) a livré au printemps dernier, ses premiers kilowatt-heures géothermiques sur le réseau électrique métropolitain. U Morizet, en présence notamment de Chantal Jouanno, Présidente de l’ADEME et de Philippe Vesseron, Président du BRGM. Forage et stimulation La partie sous-sol du site se compose de 3 forages déviés profonds de 5 km, les 500 derniers mètres n’étant pas tubés (Figure 1). La température au fond des puits est légèrement supérieure à 200°C. Au cours des deux dernières années, les travaux et études sur le réservoir souterrain ont consisté d’une part, à des stimulations hydrauliques et chimiques des puits et d’autre part, à des essais de circulation © GEIE EMC n consortium d’industriels francoallemands via le GEIE « Exploitation Minière de la Chaleur », est en charge du site qui a été officiellement inauguré le 13 juin dernier par le Premier Ministre, Monsieur François Fillon, le Ministre d’état, Jean-Louis Borloo, la secrétaire d’état, Nathalie Kosciusko- figure 1 - Coupe technique des 3 forages profonds de Soultz-sous-forêts. 6 La géothermie en France > N°4 Février 2009 utilisés pour refroidir le fluide ont été fabriqués et installés par une entreprise italienne de la région de Milan, Turboden. La mise en service de ce type d’exploitation industrielle nécessite également une mise en conformité avec la législation française en vigueur en matière d’environnement. Pour cela, une série de dossiers administratifs a été réalisée comme par exemple la procédure ICPE (Installation figure 2 - La centrale géothermique de Classée pour la Protection de Soultz : Echangeurs de chaleur (à gauche) l’Environnement). De la même et génératrice (à droite) manière, compte tenu des normes inter-puits. Les premiers avaient pour objectif et des procédures à respecter pour se connecd’améliorer la perméabilité globale des puits ter au réseau électrique public de distribution, en minimisant les nuisances associées (micro- il a fallu effectuer des études d’incidence de la sismicité induite notamment) tandis que les centrale pour obtenir le droit de produire des seconds visaient à tester les qualités hydrau- kWh géothermiques. liques et thermiques du réservoir stimulé. Les 2 forages périphériques servent à la produc- L’assemblage des différents composants de tion de fluide géothermal tandis que le forage la centrale ORC et des équipements électricentral est utilisé pour la réinjection du fluide ques (variateurs, transformateurs, ….) a été refroidi. De nombreuses équipes scientifiques finalisé au cours du premier semestre 2008. allemandes, suisses et norvégiennes contri- En parallèle, il a fallu également concevoir et buent à l’étude du site que ce soit pour la partie mettre en place la boucle géothermale de sursouterraine ou les aspects de surface. Pour la face connectée aux 3 puits (Figure 3). Avec France, grâce au soutien financier de l’ADEME, l’appui de nombreux sous-traitants, les difféles principaux partenaires scientifiques impli- rentes tuyauteries et leur isolation thermique, qués dans les études R&D sont le BRGM et le les systèmes de filtration à la production et à CNRS, lui-même regroupant 11 laboratoires la réinjection, le raccordement de la pompe de universitaires français avec notamment l’EOST réinjection, et la boucle froide via un échangeur de Strasbourg et Nancy Université. eau/glycol et des aérocondenseurs ont été installés et connectés aux puits géothermiques. Une premier module d’une puissance nette de 1,5 MWe Depuis septembre 2007, les travaux de surface sur la plateforme expérimentale ont abouti à la construction d’une centrale géothermique avec l’installation d’un premier module d’une puissance nette de 1,5 MWe. Il s’agit d’une centrale mettant en œuvre un cycle de conversion de l’énergie de type binaire fonctionnant avec un fluide organique d’où le qualificatif anglo-saxon de centrale ORC (Organic Rankine Cycle). Après d’importants travaux de génie civil et de préparation de la plateforme, les différents composants de la centrale ont été installés. Les équipements principaux de la partie ORC ont été fournis par des compagnies européennes. En particulier, la turbine de type radial a été fabriquée par Cryostar, compagnie française du Haut-Rhin basée à Hesingue (Figure 2). Les échangeurs de chaleur et les aérocondenseurs Pour atteindre la production électrique requise, en plus des conditions élevées de températures, il faut obtenir des débits suffisants. Il a donc été nécessaire d’installer des pompes de production dans les forages, parce que les débits artésiens sont trop limités. Compte tenu de la nature expérimentale du projet, deux technologies distinctes de production ont été envisagées : une pompe à arbre long ou LSP (Line Shaft Pump) et une pompe électro-submersible ou ESP (Electro-Submersible Pump). Dans le puits GPK2 qui présente une bonne verticalité et qui est le meilleur des 2 puits producteurs, un prototype de pompe LSP, conçu par une entreprise islandaise (IGE Ltd), a été installé en avril 2008 à 350 m de profondeur. Son principal avantage est lié à la position du moteur qui est installé en surface ce qui évite tout contact électrique avec l’eau géothermale salée, donc corrosive. Les inconvénients majeurs portent sur les risques mécaniques dus aux vibrations et la lubrification de l’arbre qui doit se faire avec un fluide adapté. Avec l’ESP, la pompe et le moteur sont installés dans le puits. Cette technologie est bien connue en condition standard, mais le problème consiste à adapter la pompe aux conditions géothermiques ce qui exige une conception particulière réalisée par Reda-Schlumberger. Un autre point essentiel est le refroidissement du moteur, qui, ne peut être assuré que par le fluide géothermal dont la température avoisine les 180°C dans le cas de Soultz-sous-Forêts. Premiers kilowatt-heures d’électricité La centrale ORC, la boucle géothermale de surface et la pompe LSP ont fait l’objet de tests entre mai et août 2008. Ces premiers essais de production électrique ont non seulement permis de produire les premiers kWh mais surtout de tester les différents composants du système grandeur nature. En ce qui concerne la production assistée par la LSP, on a produit sur GPK2 un fluide géothermal ayant une température de 163°C en surface avec un débit de 25 l/s (90 m3 /h). Suite à des problèmes de lubrification de l’arbre de la pompe, le premier élément de l’axe s’est rompu. Depuis la pompe a été enlevée et expertisée. Des améliorations ont déjà été apportées et la pompe a été redéployée fin octobre. © GEIE EMC © GEIE EMC er, GEIE EMC) Figure 3 - La boucle de surface de la centrale ORC de Soultzsous-forêts avec la tête de puits du forage GPK3 (à droite) Les prochains mois vont être consacrés à tester l’ensemble du dispositif en intégrant les éléments de la pompe ESP installée depuis fin novembre 2008 à une profondeur de 500 m dans le puits GPK4, qui est le puits le moins productif. Après la réception de la turbine fin 2008, la vente d’électricité géothermale sur le réseau de ES (Electricité de Strasbourg) devrait démarrer début 2009. 7 >> Par Patrick Scherr, directeur adjoint Service Public, BRGM [email protected] Le BRGM et les collectivités locales Le BRGM est l’établissement public de référence dans le domaine des sciences de la Terre. Sous tutelle des ministères en charge de la Recherche et de l’Environnement, il est mandaté pour mener à bien des missions de recherche et d’expertise relatives à l’utilisation et la protection des ressources (minérales, eaux souterraines, énergétiques), à l’évolution des milieux (naturels, littoraux et urbains), à la prévention des risques géologiques (mouvements de terrains, risque sismique, tsunami,…), à l’évaluation et la mitigation de l’impact des activités humaines sur la géosphère superficielle (sites et sols pollués, gestion des déchets) ainsi qu’à la gestion de l’après-mine. S es 1023 agents dont 657 ingénieurs, cadres et chercheurs sont regroupés dans le centre scientifique et technique d’Orléans et les 27 implantations régionales de métropole et des départements et régions d’outre mer. Cette organisation en réseau, complétée par un dispositif de programmation des actions associant des représentants de l’Etat, des agences d’objectif et des collectivités locales, lui permet d’être en permanence à l’écoute des besoins exprimés par ses partenaires tant au niveau national qu’au niveau régional, départe- mental et local. Elle permet en outre de fournir un appui de proximité aux politiques publiques, de développer la coopération interrégionale et transnationale dans le cadre de programmes européens et de relayer au niveau régional les capacités en Recherche et Développement de l’établissement. Par ailleurs, le BRGM met à disposition ses 50 années d’expérience et l’ensemble de ses compétences en proposant une offre de formation professionnelle continue ouverte notamment aux élus, décideurs et cadres techniques du secteur public, axée sur Avancement des atlas géothermiques régionaux une approche des concepts, du vocabulaire, des connaissances de base et de savoir-faire technique de pointe permettant d’éclairer leurs prises de décision. Le BRGM développe ainsi depuis plus de vingt ans des partenariats avec les collectivités selon diverses modalités contractuelles : actions des contrats de plans Etat-Région, conventions cadre pluriannuelles, conventions de recherche et développement à coûts partagés avec copropriété des résultats, et, le cas échéant, réponses à des consultations dans le cadre de marchés publics. En lien direct avec les compétences et les politiques développées par les collectivités locales en matière de protection et de mise en valeur de l’environnement et des ressources naturelles dans un objectif de développement durable, ces partenariats portent sur les principaux axes suivants : © BRGM Observation du sous-sol, acquisition validation, bancarisation et mise à disposition des informations collectées : levés de géophysique aéroportée et valorisation des données acquises pour une meilleure connaissance de la géologie et de l’hydrogéologie régionales, cartes géologiques, valorisation du patrimoine géologique, inventaires de sites géologiques remarquables, kits pédagogiques, études de terroirs viticoles, expositions géologiques ; 8 Gestion des ressources en eau : connaissance et protection des ressources en eau La géothermie en France > N°4 Promotion de la géothermie en région Centre © BRGM / im@gé Le Service Géologique Régional de Guadeloupe Février 2009 Prise en compte des risques naturels dans l’aménagement : cartographie des aléas mouvements de terrain et cavités souterraines, cartographies multi-risques, études de la sensibilité aux remontées de nappes, identification, caractérisation et hiérarchisation de failles actives, exposition des routes départementales aux risques naturels, mise en sécurité de sentiers, microzonages et scénarios de crises sismiques ; Développement et promotion de la filière Géothermie : inventaires régionaux des ressources géothermales, guides d’aides à la décision pour l’installation de pompes à chaleur, bulletins d’information, actions de formation et d’information à destination des maîtres d’ouvrage, des bureaux d’études, des entreprises de forage et des installateurs, mise en place de chartes et labels qualité, réalisation et exploitation d’une plateforme expérimentale sur les pompes à chaleur géothermales et leurs échangeurs souterrains en vue d’une évaluation globale des performances des équipements ; Gestion des espaces pollués et des déchets : inventaires historiques des anciens sites indus- triels et activités de service aux niveaux départemental et urbain, évaluation et gestion des risques environnementaux à l’échelle d’un territoire, cartographie de sites aptes au stockage de déchets, caractérisation et analyses d’ordures ménagères, modélisation et simulation de la gestion des déchets aux niveaux départemental et communal, plans d’élimination des déchets ménagers et assimilés ; Suivi de l’évolution du littoral : réseaux d’observation du littoral, étude des phénomènes de submersion, cartographie des aléas de stabilité de falaises, synthèses morphodynamiques et sédimentaires ; Gestion des ressources minérales : schémas départementaux de carrière, approches régionales de la gestion des ressources minérales ; Mise en ligne de l’information publique environnementale : actions de sensibilisation – formation des acteurs régionaux sur la directive européenne INSPIRE fixant les règles d’établissement d’une infrastructure d’information géographique aux fins des politiques environnementales communautaires ; Gestion de l’après-mine : gestion des installations de sécurité, surveillances et travaux de mise en sécurité sur d’anciens sites miniers, © BRGM / im@gé souterraine, réseaux de surveillance de l’état quantitatif et qualitatif des nappes, modélisation et scénarios de gestion des nappes, cartographie de la vulnérabilité des aquifères, étude des pollutions diffuses, maîtrise de la qualité de la ressource en eau thermale et minérale, assistance aux plans sécheresse ; aide à la gestion de l’aménagement des sites en prenant en compte le risque minier (mouvements de terrain, ouvrages miniers souterrains, environnemental,…) ; expertise post plans de prévention du risque minier. Les conclusions du Grenelle de l’environnement confirment l’importance du rôle des collectivités de tous niveaux - régions, départements, intercommunalités et communes - en qualité d’acteurs majeurs du développement durable, ainsi que la nécessité pour elles de prendre en compte encore plus que par le passé les problématiques qui s’y rapportent, en intégrant notamment les impacts du changement climatique sur les différents milieux. Cela concerne en particulier les projets d’aménagement et ceux relatifs à la gestion du sol et du sous-sol. L’indépendance, l’expérience et la proximité régionale sont autant d’atouts qui font du BRGM un partenaire privilégié des collectivités pour leur mise en œuvre. 9 >> Par Jean-Luc Nicaise, délégué général de l’AGÉMO [email protected] AGÉMO : Association des Maîtres d’Ouvrage Publics en Géothermie L’AGEMO est une Association de Maîtres d’Ouvrages Publics à l’interface entre les collectivités, les pouvoirs publics et les professionnels de la géothermie. Née dans un climat de contrecoup pétrolier difficile pour la géothermie, l’association, forte aujourd’hui de nouveaux membres, est prête pour accompagner et soutenir les engagements pris au Grenelle de l’Environnement. Un peu d’histoire : D ébut des années 80, le second choc pétrolier fait de nouveau augmenter de façon très importante le prix des énergies fossiles (gaz et fioul domestique). Le poste chauffage est devenu la première dépense parmi les charges récupérables auprès des locataires. La tendance paraît durable. Les pouvoirs publics encouragent fortement le recours à de nouvelles énergies locales, également créatrices d’emplois pour notre pays. La filière géothermique est lancée avec la réalisation de plus d’une cinquantaine d’opérations entre 1980 et 1987. Ce programme ambitieux, d’un coût d’investissement de plusieurs millions d’euros, devant être réalisé en quelques années, est confié aux collectivités locales. Parallèlement les pouvoirs publics mettent en place les instances et les mécanismes techniques et financiers permettant son accompagnement. La première partie de cette décennie est un grand succès puisque plus de 150.000 logements ou équivalents, dont de nombreux logements sociaux, sont raccordés à des réseaux de chaleur géothermiques, permettant de diminuer le coût du chauffage et la dépendance énergétique de plus de 100 000 TEP d’énergie fossile. Les réseaux de chaleur géothermique en île-de-france Les opérations ont été réalisées sur la base d’un prix de vente de chaleur aux usagers permettant sur une durée de 20 années d’abonnement, d’amortir l’exploitation et le remboursement des emprunts, ayant assuré le financement des travaux. Malheureusement la chute brutale du prix du baril de pétrole en 1986 oblige les collectivités à baisser de plus de 30% les prix de vente de l’énergie géothermale pour rester concurrentiel avec les tarifs du gaz et du fioul domestique, déséquilibrant de ce fait les comptes financiers des organismes. Le manque de moyens financiers engendré par cette crise oblige même certains Maîtres d’Ouvrages Publics à fermer leur exploitation, devant la succession de problèmes techniques liés à la jeunesse de la filière, devenus impossibles financièrement à résoudre. © BRGM / im@gé C’est devant cette situation conjoncturelle que les Maîtres d’ouvrage Publics ont décidé d’unir leurs efforts pour permettre de maintenir l’exploitation de leurs installations dans les meilleures conditions possibles. 10 L’AGEMO a donc été créée avec pour mission d’être force de concertation avec les pouvoirs publics et d’aide technique à ses adhérents par la mise en commun des expériences de chacun de ses membres. La première action de l’AGEMO permettra en 1991 le refinancement de la dette de l’ensemble des Maîtres d’Ouvrage. La géothermie en France > N°4 Février 2009 L’AGEMO aujourd’hui : L’Association, dont le siège social est situé au Conseil Général du Val-de-Marne, regroupe la majorité des collectivités territoriales de la région parisienne ayant réalisé une opération de géothermie, ou étant intéressée pour engager un tel projet. Les nouveaux statuts de l’Association, modifiés en 2008, permettent dorénavant l’adhésion de Maîtres d’Ouvrages Privés comme membre associé comme, par exemple Aéroports de Paris qui, pour son opération de géothermie d’Orly, a sollicité récemment son adhésion et bénéficie de l’expérience de l’Association pour l’engagement de son projet. L’AGEMO, Association à but non lucratif intervient : • auprès de ses adhérents pour les assister dans des situations ponctuelles notamment pour l’aide à la décision, • pour permettre, en mutualisant les moyens, de négocier au meilleur prix des contrats communs de fourniture d’énergie comme, par exemple, le gaz d’appoint à la géothermie ou le lancement d’appel d’offres groupés dans des domaines où la concurrence est très faible comme, par exemple, les machines de forage, ©Aéroports de Paris Salle d’embarquement DES AÉROPORTS DE PARIS • auprès des pouvoirs publics et des partenaires professionnels pour la défense des intérêts de la filière géothermique ou des intérêts stratégiques d’un de ses membres. • en participant à différentes instances publiques (ADEME, Comité Technique de la SAFEnvironnement, ARENE, etc) au soutien des projets proposés, • au travers de ses Elus, Parlementaires ou Maires, l’AGEMO défend les intérêts de la filière géothermique comme cela a été le cas pour la décision de diminuer le taux de TVA à 5,5% sur le prix de la chaleur géothermique. Forte de plus de 20 années d’expérience dans l’exploitation de réseaux de chaleur géothermique l’AGEMO se positionne actuellement comme partenaire des collectivités, en parallèle aux professionnels du secteur, pour le conseil et l’élaboration en toute transparence des synthèses indispensables à la prise de décisions. Engagement du Grenelle de l’Environnement : L’engagement national de réaliser une quinzaine d’opérations nouvelles de géothermie durant les 15 prochaines années nous oblige à faire preuve d’un grand professionnalisme. En effet ces projets nécessitent des investissements importants dont les durées d’amortissement sont souvent supérieures à 10 ans, dans un contexte extrêmement volatile du prix des énergies fossiles. Aussi, encore plus qu’il y a 20 ans, les collectivités devront s’engager dans l’aventure pour la réduction de la pollution avec prudence et circonspection. L’AGEMO, avec la même passion qu’autrefois, est prête à faire partager son vécu, ses réussites, et les moyens mis en œuvre au fil du temps pour résoudre les aléas et les échecs d’une filière industrielle devenue fiable et performante. Tout contact peut être pris, soit par courrier, auprès de son Président : Monsieur Jean-Jacques BRIDEY, Maire de Fresnes et Vice-Président du Conseil Général du Val-de-Marne à l’adresse suivante : 15 bis, rue Parmentier 94700 MAISONS-ALFORT ou par mail : [email protected] 11 >> Par Christian Cannet, bureau d’études SERMET [email protected] Les métiers de la géothermie au Dogger Ingénieur Conseil Dans le domaine de la géothermie au Dogger, nous trouvons des spécialistes du « sous-sol » et d’autres de la « surface ». SERMET intervient en tant que bureau d’étude et de conseil pour les installations de surface. Les installations de surfaces comprennent : • la boucle géothermale entre les têtes de puits et la centrale de géothermie, • la centrale de géothermie et les échangeurs de chaleur entre le fluide géothermal et géothermique, • les chaufferies d’appoint et de secours, • le réseau de transport et de distribution jusqu’aux sous-stations d’abonnés, • les installations primaires de livraison de la chaleur en sous-station d’abonnés. réseau de chaleur URBAIN SURFACE SOUS-SOL Le métier de SERMET se compose de 3 types de mission : • études de faisabilité, • la conception des installations et la maîtrise d‘œuvre lors de la réalisation, • la mise en place d’une délégation de service public ou d’un contrat d’exploitation et le suivi d’exploitation des instalations. Les études de faisabilité : Le contexte politique, économique et environnemental actuel est extrêmement favorable aux énergies renouvelables et en particulier à la géothermie. L’étude de faisabilité doit permettre de vérifier la pertinence du recours à la géothermie sur un réseau de chaleur existant ou à créer, que ce soit du point de vue technique, économique et énergétique. Cette phase dans l’élaboration d’un projet à base de géothermie est essentielle. En fonction des données prévisionnelles du 12 © BRGM SERMET est un bureau d’études thermiques spécialisé dans la conception et le suivi des installations dites de « surface », son périmètre d’intervention débutant à partir des têtes de puits de production et réinjection. sous-sol et du potentiel des bâtiments pouvant être raccordés au réseau de chaleur à base de géothermie, le bureau d’études thermiques analyse la faisabilité de l’opération. Les immeubles raccordés sont principalement du type logements (bailleurs sociaux et privés), et bâtiments communaux (scolaire, administratifs, sportif associatifs, culturels…). Nous trouvons également des collèges, lycées, immeubles tertiaires,… Une opération avec un doublet géothermie permet le raccordement de 3 500 à 8 000 équivalents logements. Cette étude de faisabilité doit permettre en fonction du potentiel de la ressource soussol et des immeubles pouvant être raccordés, d’élaborer une ou des solutions techniques et énergétiques présentant une valorisation maxi- male de cette ressource géothermale, et une stratégie énergétique optimisée. Selon les opérations, l’objectif en termes de taux de couverture géothermique peut varier de 60% à 85%. Il s’agit par exemple d’analyser les solutions optimales de raccordement des sous-stations d’abonnés en fonction des niveaux de température, et les éventuelles possibilités de cascade, d’étudier les alternatives pour assurer l’appoint et le secours énergétique par des solutions centralisées ou non selon le périmètre et l’architecture du réseau envisagé. La réalisation de cette étude de faisabilité se traduit par de nombreux calculs et simulations énergétiques, à l’aide d’un logiciel de modélisation. SERMET a développé son propre logiciel spécifique à la géothermie. La géothermie en France > N°4 Février 2009 La mise en œuvre d’une opération de géothermie conduit à des investissements significatifs, de l’ordre de 12 à 15 millions d’euros pour le doublet et la centrale de géothermie, hors réseau et chaufferie d’appoint, ce qui montre toute l’importance de la réalisation d’une étude de faisabilité complète et pertinente. En fonction du type du projet, qu’il s’agisse d’un réseau de chaleur existant ou à créer, il y a lieu de réaliser : • un bilan des besoins, • une analyse technique des ensembles immobiliers à raccorder, • le cas échéant l’audit des outils de production existants et des réseaux de distribution, • la définition d’une ou de plusieurs solutions techniques envisageables, permettant une valorisation énergétique optimale, • l’étude des travaux à prévoir au niveau : > de la boucle géothermale, > de la centrale géothermique, > des chaufferies d’appoint et secours, > des réseaux de transport, > des sous-stations, • le bilan énergétique sans la géothermie, • le bilan énergétique avec la géothermie, • le bilan environnemental global, • un état des subventions envisageables, • un compte d’exploitation prévisionnel. La conception des installations et la maîtrise d’œuvre de réalisation : Une fois validé le recours à un schéma énergétique à base de géothermie, le bureau d’études thermiques définit et conçoit la solution technique définitive. Compte tenu de la spécificité de la ressource, les objectifs clairement recherchés sont la fiabilisation et l’optimisation des installations. En effet, la nécessité de puiser et de réinjecter cette ressource à une profondeur importante, la nature chimique agressive de l’eau géothermale, sa température, imposent des études précises portant à la fois sur des aspects de performance énergétique, mais également de durabilité. La recherche de l’épuisement maximal de la ressource géothermale avant sa réinjection est primordiale. Ceci passe par une optimisation des installations en centrale géothermique mais également de tout le réseau de chaleur, réseau de distribution et sous-stations. POMPE DE RÉINJECTION ÉCHANGEUR GÉOTHERMAL © Géothermie d’Alfortville (SMAG) © SERMET SOLUTION AVEC GÉOTHERMIE ET APPOINT SECOURS CHAUFFERIE 13 © SERMET COUPE DE PRINCIPE SUR TRANCHÉE 2 TUBES Les travaux objets de la solution technique retenue peuvent, selon la configuration du projet, concerner tout ou partie des différentes composantes d’un réseau de chaleur : • la boucle géothermale et la centrale de géothermie, • la ou les chaufferies d’appoint et de secours, • les réseaux de transport et de distribution, • les sous-stations de livraison de la chaleur. Dans l’objectif d’une valorisation maximale de la ressource géothermale, le bureau d’études étudie de façon précise : • l’architecture globale du réseau, • la conception et la mise en œuvre de la centrale de géothermie : > dimensionnement des échangeurs et des pompes, > choix des matériaux, > implantation, > équipements de traitement et de filtration, > etc, • les modifications des installations de production et de livraison existantes, • la conception et la mise en œuvre des nouvelles installations de production et de livraison, • la conception et la mise en œuvre des réseaux de transport, • les systèmes de régulation, de variation de débit. Il s’en suit l’élaboration d’un dossier de consultation des entreprises avec un cahier des charges technique précis puis le suivi de la réalisation des travaux jusqu’à leur parfait achèvement. 14 La mise en place d’une DSP ou d’un contrat d’exploitation et le suivi d’exploitation des installations : Nous l’avons constaté dans les paragraphes ci-avant, une opération de géothermie nécessite un financement et des travaux importants, et sa rentabilité dépend d’une optimisation de l’exploitation au quotidien afin de s’assurer du respect des conditions des études. Le choix du montage contractuel de l’opération est un élément important pour le maître d’ouvrage. SERMET intervient en assistance au maître d’ouvrage pour le conseiller et l’accompagner dans l’élaboration d’une solution contractuelle adaptée. Il peut s’agir d’un investissement propre du maître d’ouvrage qui confie l’exploitation des installations dans le cadre d’un marché d’exploitation ou d’un contrat d’affermage. Cela peut aussi être envisagé dans le cadre d’une délégation de service public type concession, l’investissement étant alors pris en charge par le délégataire. SERMET assiste le maître d’ouvrage jusqu’à la mise en place de l’ensemble des conventions. Les équipements étant en service, SERMET continue son intervention dans le cadre d’un suivi d’exploitation destiné à accompagner le maître d’ouvrage dans la gestion technique, économique et contractuelle des installations. Il s’agit de suivre et de contrôler la performance des outils de production, de distribution et de livraison. Cette mission comprend habituellement : • un suivi technique des installations, • le suivi énergétique global de l’opération et sa performance, • le contrôle de la conformité de l’exploitation aux contrats, • le contrôle des travaux, • la vérification des factures du prestataire, • l’assistance pour le suivi administratif et financier de l’opération, • la faisabilité de nouveaux raccordements, • la mise en place de nouvelles tarifications des polices d’abonnement, • etc. 1, rue Séjourné 94000 CRETEIL Téléphone : 01.43.97.93.49 Télécopie : 01.43.97.47.01 Contact : Christian CANNET [email protected] La géothermie en France > N°4 Février 2009 en ref Présidente depuis février 2008 de l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe), elle remplace Nathalie Kosciusko-Morizet nommée jeudi 15 janvier au secrétariat d’Etat à la Prospective et au développement de l’économie numérique. Conseillère pour le développement durable à l’Elysée auprès du chef de l’État, Chantal Jouanno a suivi la naissance et les premiers pas du «Grenelle» de l’environnement. D’ailleurs, la loi Grenelle 1 est examinée depuis mardi 27 janvier par le Sénat. La loi Grenelle 2, considérée comme la «boite à outils» de la première sera soumise au Parlement courant mars. Enfin, à la fin de l’année, la communauté internationale doit conclure à Copenhague un nouvel accord de lutte contre le changement climatique pour relayer le Protocole de Kyoto. Ainsi, c’est un planning 2009 très chargé qui attend Chantal Jouanno. >> Le Grenelle II ou le projet de loi « Engagement national pour l’environnement » Jean-Louis Borloo a présenté mercredi 7 janvier en conseil des ministres le second volet du paquet législatif issu du Grenelle de l’environnement fin 2007. Alors que le premier texte qui viendra en première lecture au Sénat mi-février après avoir été adopté par l’assemblée nationale le 21 octobre dernier, constitue une loi cadre, le Grenelle 2 intitulé dit d’ « engagement national pour l’environnement a été conçu comme « une boîte à outils » permettant la mise en œuvre des objectifs énoncés dans le Grenelle 1. Au chapitre des énergies, le texte encourage les réseaux de chaleur d’origine renouvelable avec une simplification de la procédure de classement des réseaux. Cette simplification se traduit par une attribution de la décision de classement aux collectivités territoriales au lieu du préfet, une suppression de l’enquête publique et une harmonisation des termes pour la définition des réseaux. Il est à noter que les bâtiments neufs ou faisant l’objet de travaux de rénovation importants devront obligatoirement être raccordés aux réseaux. Néanmoins, des dérogations peuvent être accordées par décision de la collectivité ou du groupement de collectivités. Concernant les plans climat territoriaux, l’adoption est rendue obligatoire pour les régions, les départements, les communautés urbaines, d’agglomérations et les communes de plus de 50.000 habitants. Enfin, les départements et régions (les communes étant déjà autorisées) pourront exercer une activité de production et de vente d’électricité. Selon un calendrier prévisionnel, l’examen du projet de loi «Grenelle 2» devrait avoir lieu entre mars et juin avec pour objectif que «tout soit bouclé avant l’été», a indiqué Jean-Louis Borloo. A noter, le site www.legrenelle-environnement.fr propose un guide simplifié des principales mesures. >> 50 mesures pour les énergies renouvelables au SIREME : Pour relever les enjeux énergétiques d’aujourd’hui et de demain, le BRGM et L’ADEME ont conjointement animé un espace professionnel présentant la géothermie sous un regard nouveau au Salon International des Energies Renouvelables et de la Maîtrise des Energies. A l’occasion de l’inauguration du salon et des différents colloques, le ministre d’Etat du MEEDDAT Jean-Louis Borloo a dévoilé 50 mesures pour soutenir le © BRGM / im@gé >> Chantal Jouanno, nouvelle secrétaire d’État à l’environnement développement des énergies renouvelables. Plusieurs de ces mesures concernent la géothermie. • L e soutien au développement des pompes à chaleur a pour objectif d’équiper d’ici 2020, 2 millions de foyers contre 75 000 aujourd’hui (Mesure 18). • P our aider au développement de ce système, la plate-forme expérimentale d’Orléans développée par le BRGM et la région Centre sera soutenue et un Fonds Chaleur Renouvelable pourra être sollicité dans les projets de pompes à chaleur pour l’habitat collectif, le tertiaire, l’industrie et l’agriculture (Mesure 19). • C e Fonds Chaleur Renouvelable soutiendra la relance de la géothermie pour les réseaux de chaleur en Ile-de-France, Alsace, Aquitaine, Midi-Pyrénées, et en région Centre. Ainsi, ce dispositif de soutien pourra être mobilisable dès 2009 pour les projets de la Courneuve, de Clichy-sous-Bois, de Saint-Cloud et de Val-Maubuée, les bâtiments d’Aéroports de Paris à Orly ainsi que le projet d’alimentation en chaleur de l’entreprise Roquette par la technologie pilote de Soultz-sousForêts (Mesure 20). • C e dernier n’est pas oublié puisque les acquis de ce programme scientifique seront valorisés (Mesure 21) et pour soutenir son développement, le MEEDDAT va mettre à l’étude une révision du tarif d’achat de l’électricité pour cette technologie. Plusieurs mesures sont déjà discutées à l’Assemblée Nationale. Ainsi, afin de favoriser le développement des réseaux de chaleur alimentés à partir de sources d’énergies renouvelables ou de récupération, il est proposé de fixer le seuil minimal d’énergie renouvelable ou de récupération à 50 % (Application de la Mesure 13 des « 50 mesures » par le Projet de loi de finances rectificative pour 2008 en cours de discussion à l’Assemblée Nationale). Une mise en application des Mesures 11 et 12 devraient également faciliter le développement pour des réseaux de chaleur par énergies renouvelables et inciter à l’investissement. >> Le paquet « énergie-climat » à l’européenne : Les dirigeants de l’UE ont trouvé, vendredi 12 décembre, un accord pour mettre en œuvre les objectifs de protection du climat. En 2020, l’Europe devra atteindre un triple objectif: moins 20% de gaz à effet de serre par rapport aux niveaux de 1990, porter sa part des énergies renouvelables à 20% de la consommation, et réaliser 20% d’économies d’énergie. Cet accord devrait placer l’Europe en position de force pour les négociations internationales sur le climat de Copenhague prévues en décembre 2009. Cependant, pour certaines ONG, c’est un accord en demi-teinte car de nombreuses concessions ont été faites. Ainsi, la proportion de permis à polluer que devront acheter les industriels sera très faible en 2013, pour augmenter graduellement d’ici 2020. 15 en ref agenda Financement et croissance de la Géothermie en Europe Ce projet, financé par l’Union Européenne, traite du développement et de la promotion de l’énergie géothermique en Europe. Se composant d’entreprises et d’organismes, GEOFAR souhaite mettre en évidence les difficultés non techniques freinant les investissements pour proposer des montages financiers appropriés et améliorer l’information et la promotion de cette énergie. La première lettre d’information est disponible sur simple demande. Contact : [email protected]. >> Inauguration de la plateforme expérimentale d’échangeurs souterrains : © BRGM / im@gé 15 décembre 2008 - BRGM, Orléans - La Source Une centaine de personnes dont François Bonneau, Président de la Région Centre, Claude Fleurier, Délégué régional à la Recherche et la Technologie ainsi que le président du BRGM, Philippe Vesseron étaient présents ce lundi 15 décembre pour participer à l’inauguration de la plateforme François Bonneau, Président de expérimentale d’échangeurs la Région Centre souterrains. L’ambition de cette plateforme est de permettre aux professionnels de disposer de données scientifiques pour proposer une installation exploitant au mieux l’énergie du sous-sol (chauffage, refroidissement et stockage temporaire de chaleur) en adéquation avec les besoins de chaque projet de géothermie très basse énergie. Contact : [email protected]. >> Journée de la géothermie en Aquitaine : 25 novembre - Bordeaux Conseil régional d’Aquitaine Une journée dédiée à la place de la géothermie en Aquitaine était organisé le 25 novembre 2008 au Conseil régional d’Aquitaine. Cette première manifestation régionale, organisée conjointement par l’ADEME, le Conseil Régional et le BRGM, a été l’occasion de : • partager des connaissances communes : filières, montage de projet… • initier une dynamique en faveur de la géothermie en Aquitaine, • présenter les outils au service du développement de la géothermie: cadre juridique et financement. A cette occasion, une visite du site d’exploitation géothermique de Bordeaux Mériadeck a été organisée. Supports et compte-rendu sur : www.geothermie-prespectives.fr. 16 SEMAINE EUROPÉENNE DE L’ÉNERGIE DURABLE DU 9 AU 13 FÉVRIER GEOTHERMAL REGULATIONS FOR HEATING AND COOLING Promouvoir et encadrer la géothermie pour un développement durable, expériences et perspectives européennes. Workshop animé par l’EGEC. >11 février 2009 - Regione Toscana - Bureau de Bruxelles, Belgique HEAT PUMPS - LOW CARBON SOLUTIONS FOR RE-ENERGIZING THE EU Vue d’ensemble sur les pompes à chaleur incluant une explication technologique, les domaines d’application, ainsi que les aspects financiers. Workshop animé par l’EHPA. >12 février 2009 - Bâtiment Charlemagne de la Commission Européenne Bruxelles, Belgique GEOFUND GEOTHERMAL WORKSHOP A l’initiative d’établissements financiers, cette rencontre a pour objectif de développer des montages financiers favorisant le financement de projets publics de géothermie. > 16-19 février 2009 - Istanbul, Turquie SALON GEOTHERM Ce salon professionnel accompagné de conférences offre la possibilité de s’informer sur le marché de la géothermie. > 5 et 6 mars 2009 - Offenburg, Allemagne Vient de paraître FICHES OPÉRATOIRES DE MISE AU POINT ET DE MAINTENANCE D’INSTALLATIONS DE PAC Depuis quelques mois, Le COSTIC propose, à destination des professionnels, des fiches reprenant pas à pas l’ensemble des points de contrôle pour la mise au point mais aussi la maintenance d’installations de chauffage par pompe à chaleur. Accompagné d’un CD-rom, ces fiches peuvent être personnalisées suivant l’entreprise mais aussi suivant l’installation dans le cas de spécificités. Juin 2008, Edition COSTIC, 116p., 49, 50 TTC. Plus d’informations : www.promotelec.com, rubrique « librairie en ligne » LA GÉOTHERMIE : QUELLES TECHNOLOGIES POUR QUELS USAGES ? Cet ouvrage préfacé par Jean-Louis Borloo et très illustré (schémas, cartes, photos) fait le point des connaissances sur la géothermie, brique du futur mix énergétique dessinée par le Grenelle de l’Environnement. Les différentes applications de cette énergie exemplaire sont détaillées ainsi que les perspectives d’avenir. Ce panorama, complété par la description des utilisations françaises, s’adresse à un large public : professionnels et décideurs, particuliers, étudiants et enseignants. Novembre 2008, Coédition ADEME/BRGM, 2e édition, 64p., 15 Plus d’informations : www.brgm.fr/livre.jsp Vous souhaitez réagir à nos articles, vous voulez annoncer des évènements en rapport avec la géothermie, vous avez des informations ou vous souhaitez écrire un article, contactez C. Chery, e-mail : [email protected] ISSN : 1629 - 887X >> Lancement du Projet GEOFAR : DIRECTEUR DE PUBLICATION : P. Laplaige ADEME RÉDACTEURS EN CHEF : M.-L. Falque-Masset / ARENE Ile-de-France, A. Desplan / BRGM COMITÉ DE RÉDACTION : F. Boissier / BRGM, F. Sovignet / DRIRE Ile-de-France D. Lenoir / AGÉMO - J. Cazas / ARENE Ile-de-France, N. Bommensatt / ADEME Ile-deFrance - M. Amjahdi / ADEME Ile-de-France - SECRÉTAIRE DE RÉDACTION : C. Chery ÉDITION / RÉALISATION : CONNEXITÉS / ISAK 02 38 55 32 70 DIFFUSION : BRGM/DÉPARTEMENT GÉOTHERMIE - BP 36009 - 45060 ORLÉANS CEDEX 2